(Dix heures une minute)
La Modératrice
:
Bonjour à toutes et à tous. Alors, Harold LeBel, porte-parole du Parti
québécois pour les aînés, va faire une déclaration. Ensuite, c'est M. Donald
Tremblay, président de l'AQRP, qui va parler; Mme Lise Lapointe, présidente de
l'AREQ; et enfin, le directeur général du réseau de la FADOQ, M. Danis
Prud'homme, va prendre la parole. M. LeBel, la parole est à vous.
M. LeBel : Merci. Bonjour, tout
le monde. Dans le fond, ici, on est ici aujourd'hui pourquoi? Pour revendiquer
qu'il se tienne, au Québec, un vrai débat sur les conditions de vie des aînés
au Québec, un vrai débat, un vrai moment où on va s'asseoir ensemble, tout le
monde, toute la société québécoise, puis on va discuter sur comment on voit
l'avenir et comment on veut travailler pour avoir un Québec plus respectueux
des aînés, qu'on arrête de voir le vieillissement de la population comme un
problème, mais qu'on voie ça comme une richesse, et comment on va s'ajuster
comme société pour bien vivre, tout le monde ensemble.
Tu sais, on a déjà eu une commission sur
comment mourir dans la dignité. Je pense que, là, on est rendu à savoir comment
on peut bien vivre et vieillir dans la dignité, et c'est un débat qui
appartient à tout le monde. On devrait être capables d'asseoir autour de la
table, les syndicats, les patrons, le monde de la santé, le monde de l'éducation,
les municipalités. Tout le monde est interpelé par ça.
Récemment, Alain Dubuc... Puis, vous
savez, on n'est pas toujours d'accord avec ce qu'écrit Alain Dubuc. Mais là il
avait bien raison quand il parlait que le vieillissement de la population,
cette idée, il ne faut pas voir ça comme un problème, mais il faut s'en
préoccuper puis il faut s'asseoir, comme société, parce qu'il disait : Les
besoins sont énormes en hébergement, en soins de longue durée, transformation
du paysage démographique, l'organisation de la vie collective, transport,
logement, les lieux publics. Tout ça devrait être remis en question, et
discuté, et revu dans le sens d'une population qui vieillit.
Ce sont des enjeux qui sont importants,
qu'on doit discuter dès maintenant, et c'est ce qu'on veut. On veut des états
généraux où l'ensemble de la société québécoise, avec les aînés, avec les
groupes, on discutera ensemble. Actuellement, ce qu'on vit, c'est souvent des
forums où les aînés discutent entre eux autres, mais là, on est rendus plus
loin que ça. Il y a une grande prise de conscience de l'ensemble de la société québécoise
qui doit être faite et ça passe par des états généraux qu'on voudrait organiser
le plus rapidement possible. Merci.
La Modératrice
: Merci.
M. Tremblay.
M. Tremblay (Donald) : Alors,
bonjour. Donald Tremblay, président de l'Association québécoise des
retraité-e-s des secteurs public et parapublic. Alors, tout comme mes collègues
ici aujourd'hui, nous sommes ici pour une seule et unique raison, celle de
réclamer des états généraux sur le phénomène du vieillissement de la population
québécoise en particulier.
On sait qu'en 2031 ça sera plus du quart
de la population qui aura 65 ans et plus. C'est un phénomène mondial, ce n'est
pas uniquement au Québec, mais c'est aussi un phénomène documenté. L'ONU, déjà,
s'est penchée sur la situation du vieillissement de la population mondiale et a
examiné trois grands piliers à considérer face au vieillissement de la
population, notamment la participation des aînés, et là il faut parler de
reconnaissance de la parole des aînés, mais aussi de la contribution des aînés
mais aussi de la contribution des aînés. Le deuxième facteur, c'est celui de la
santé physique et psychologique des aînés et enfin, la sécurité prise dans son
sens large, mais notamment la sécurité financière.
Il est temps qu'au Québec un dialogue
s'ouvre, un dialogue soutenu, ouvert, continu, avec les décideurs, bien sûr,
mais ce dialogue-là doit également s'arrimer autour de trois catégories
principales d'acteurs, soit, évidemment, les aînés, bien sûr, mais aussi les
dispensateurs de services et de soins pris dans son sens large et, enfin, les
experts du domaine des aînés, tel que les chaires de recherche.
Ce qui nous a amenés à réclamer ces états
généraux là, c'est trois constats contre-productifs qui nous ont amenés à faire
cette réflexion-là. Actuellement, au Québec, on peut dire qu'on est dans la politique
de l'autruche face au vieillissement de la population ou, du moins, à un
apparent refus d'embrasser le phénomène. Il est minuit moins cinq. Ce n'est pas
le phénomène qui est inquiétant, mais bien le fait de ne pas s'en occuper. Le
déni d'une situation, nous le savons tous, ne fait pas en sorte que la situation
disparaît comme par magie. C'est le temps d'agir.
Le deuxième constat inquiétant, c'est la
mise en place de réformes successives dans plusieurs secteurs liés au domaine
des aînés, sans qu'aucune véritable évaluation digne de ce nom ne soit faite au
préalable. Cette façon de faire nous amène souvent à réinventer la roue.
Le troisième constat, c'est celui du
traitement à la pièce que nous faisons des différents défis que pose le vieillissement
de la population. Les consultations, les commissions parlementaires, les
réformes, les forums sont si nombreux que des OSBL comme nous, on a de la peine
à suffire à donner des avis, à rédiger des mémoires.
Alors, en terminant, M. le ministre, Mme
la ministre des Aînés, mais aussi tous les parlementaires, on s'adresse à vous,
nous sommes sérieux. Si vous vous sentez interpelés aujourd'hui par notre
demande, fiez-vous à votre senti, vous l'êtes, interpelés. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Mme Lise Lapointe.
Mme Lapointe (Lise) : Alors,
je me nomme Lise Lapointe. Je suis nouvellement élue présidente nationale de
l'AREQ. Notre association représente 58 000 personnes retraitées des
secteurs de l'éducation et des secteurs de la santé partout au Québec.
Ce matin, nous sommes réunis, avec le
porte-parole de l'opposition officielle et d'autres associations de personnes
aînées, pour demander au gouvernement d'entreprendre un vaste chantier afin de
mener une vaste réflexion sur les conditions de vie des personnes aînées. De
mois en mois, on voit des reportages télévisés, on lit des nouvelles, on est
témoins de situations malheureuses dans le réseau de la santé, dans les
résidences privées d'hébergement pour les personnes aînées, dans les CHSLD, des
restrictions budgétaires, des coupures, du nivellement par le bas, de la
maltraitance organisationnelle.
À chaque fois, ça nous arrache le coeur,
mais on passe rapidement à une autre nouvelle. Ce sont souvent des personnes
vulnérables qui en font les frais. Une des réalités qui affectent les
conditions de vie de milliers de personnes aînées en perte d'autonomie et de
proches aidants, c'est le manque de ressources consacrées au soutien à
domicile. Au cours des dernières années, le nombre d'heures de service a
diminué, alors que les besoins ont augmenté. La fusion des établissements de
santé a entraîné un nivellement vers le bas. La tâche des proches aidants
s'alourdit et devient de plus en plus complexe. Plusieurs vivent un
appauvrissement en réponse à leur dévouement.
Les 69 millions de dollars promis par
le ministre de la Santé sont les bienvenus. On veut cependant s'assurer que ces
sommes permettront vraiment une meilleure offre de service. Aussi, durant ces
dernières années, il a été abondamment question des frais accessoires. Il a
fallu mettre beaucoup de pression pour que le gouvernement prenne conscience de
la situation et s'engage à agir. Le ministre de la Santé s'est vanté d'avoir
aboli ces frais, mais il semble qu'ils reviennent par la bande sous une autre
forme. C'est inquiétant car les frais accessoires compromettent carrément
l'accessibilité au système de santé et contribuent à la privatisation. Encore
une fois, ce sont souvent et trop souvent des gens vulnérables qui en
souffrent.
On se questionne. Quelle place pour les
personnes aînées dans les soins de santé? Quelle place pour les personnes
aînées dans notre société. Il est temps de s'arrêter, il est temps de réfléchir
ensemble, de prendre le temps et de le faire, en consultant pour vrai. On doit
proposer des solutions durables qui amèneront une véritable amélioration de la situation
à long terme, pas simplement essayer de boucler un budget.
Notre message à la ministre responsable
des Aînés et au premier ministre est le suivant : on a récemment parlé de
la maltraitance envers les aînés, une loi a été adoptée à l'unanimité, tant
mieux. À l'AREQ, nous y avons contribué et nous l'avons salué. Maintenant, il
est temps de parler de bientraitance et, pour ça, il est temps de tenir des états
généraux sur les conditions de vie des personnes aînées.
La Modératrice
: Merci.
M. Danis Prud'homme.
M. Prud'homme (Danis) : Merci.
Alors, bonjour. Je représente aujourd'hui la Fédération de l'âge d'or du Québec,
comme tout le monde aime l'appeler, le Réseau FADOQavec près de 500 000
membres et je pense que c'est important qu'on considère que toute la population
doit être vraiment sondée au problème qu'on parle aujourd'hui. En fait, je dis
«problème», voyez-vous, on est tellement inculqués de se faire dire problème
que je viens de le dire moi-même. Or, ce n'est pas vraiment un problème.
Bien qu'un exercice productif, le forum
qui se tenait le 1er et 2 juin derniers entourant la politique Vivre et
vieillir ensemble dans sa communauté au Québec a clairement révélé un manque de
transversalité des enjeux des aînés dans les différentes politiques publiques.
Rappelons qu'un exemple de transversalité, notamment en santé, est revendiqué
au Canada par la motion M-106, visant à créer une politique nationale du
vieillissement, ainsi que par la campagne que mène l'Association médicale
canadienne, qui s'appelle Exigeons un plan, qui vise à créer une politique
transversale des enjeux d'accès en santé.
À ce jour, le Réseau FADOQ constate
d'importants manquements dans les consultations publiques et une perte de
représentativité des aînés dans l'élaboration des différentes politiques au
sein des ministères. Pourtant, dans un Québec vieillissant, le gouvernement
devrait nécessairement créer les cadres normatifs en fonction du vieillissement
accéléré de sa population. Effectivement, la situation démographique du Québec
n'est pas l'affaire d'un seul ministère, et le gouvernement se doit d'exiger de
ses différents organes une prise en compte obligatoire quant à cette réalité
particulière au Québec.
Ainsi, à l'aube des consultations pour la
prochaine politique du vieillissement, le Réseau FADOQ demande au gouvernement
du Québec de mener des états généraux sur les conditions des citoyens aînés, et
ce, puisqu'en plus du manque de transversalité, nous pouvons constater aussi un
manque de données claires sur l'accès en santé, l'accès au marché du travail,
sur le degré d'appauvrissement des personnes âgées et etc., j'en passe. En ce
sens, nous demandons une réelle vision de société, c'est-à-dire que les enjeux
soient dépolitisés de manière à planifier non pas aux quatre ans, mais bien
pour les 30, 40 prochaines années.
Finalement, nous demandons au gouvernement
du Québec un appui indéfectible pour une convention internationale pour la
protection des droits des aînés, chose qui se discute actuellement à l'ONU et
pour laquelle le gouvernement canadien n'est pas nécessairement en accord.
Alors, je pense que l'appui de chacune des provinces donnera le poids suffisant
pour que le gouvernement embarque au niveau canadien. Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va maintenant passer à la période de questions. Par respect pour les
gens présents, je vous demanderais de rester sur le sujet du jour. Micro de
gauche, Mathieu Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) : Est-ce que
vous avez l'impression, autrement dit, que, pour le gouvernement Couillard, les
aînés, ce n'est pas une priorité? Est-ce que c'est ça que vous nous dites aujourd'hui?
M. LeBel : Bien, je trouve
souvent, puis je vais vous le dire, là, qu'on infantilise les aînés. On fait beaucoup
d'activités, des médailles, on fait beaucoup d'activités, des forums où on
parle entre nous autres, les aînés. Mais des vrais questionnements sur les aînés
puis faire en sorte que le gouvernement, l'ensemble des ministères travaillent en
fonction de ce nouveau phénomène, je ne suis pas certain...
À l'étude des crédits, l'autre jour, je
posais des questions à la ministre déléguée : Où le Secrétariat des aînés...
dans quel comité ministériel il travaille, dans le gouvernement? Tu sais, les
comités ministériels qui font en sorte de concerter les différents ministères.
Zéro. Le Secrétariat aux aînés, il est derrière le ministère de la Famille, et
ce secrétariat ne participe à aucun... peut-être un ou deux... mais à aucun
comité ministériel. Ça fait que la vision du vieillissement de la population,
comme le disait monsieur ici, on voit que ce n'est pas partie prenante dans
l'appareil gouvernemental.
M. Dion (Mathieu) : Autrement
dit, c'est souvent à des fins électoralistes qu'on va prendre des mesures,
prendre des initiatives. Est-ce que c'est comme ça que vous le voyez quand vous
dites remise de médailles et tout ça, là?
M. LeBel : Bien, je ne dis pas
ça... Puis je veux vraiment... J'essaie d'agir. On vient d'adopter la loi sur
la maltraitance, on l'a fait à l'unanimité, d'une façon non partisane. Je veux
continuer à agir d'une façon non partisane. Moi, quand je revendique des états
généraux, je pense qu'on est capables de faire ça, le gouvernement avec les
partis d'opposition, pour les aînés. On est capables de faire ça.
Ce que je dis, c'est qu'on travaille sur
le dossier des aînés de la même façon depuis 10, 20 ou 30 ans, et la situation
aujourd'hui exige de changer complètement... Le vieillissement de la population
nous amène des nouveaux défis. Il faut changer... il ne faut pas travailler
comme il y a 10 ans ou il y a 20 ans. Et c'est pour ça, des états généraux, qu'on
fasse un appel à la société en général sur comment on voit l'avenir avec une
population qui vieillit, qu'on arrête de voir ça comme un problème mais qu'on
s'adapte.
M. Dion (Mathieu) : Parce que
vous pensez qu'il pourrait y avoir une crise, éventuellement, si on ne fait pas
ça?
M. LeBel : Bien, je pense que
c'est urgent de se poser la question. Quand je parlais de l'éditorial de M.
Dubuc tantôt, il le disait aussi, je pense, c'est urgent qu'on se pose la
question. Il faut s'ajuster dès maintenant. Quand on va arriver, dans 10 ans ou
20 ans, avec une population de plus en plus vieillissante, puis si on n'a pas
vraiment réfléchi là-dessus, on va faire face à un mur qui pourrait être
dangereux.
M. Dion (Mathieu) : Et, états
généraux, là, on pense à quoi, là, juste pour les gens à la maison, là, tu
sais?
M. LeBel : Il y a différentes
hypothèses. Récemment, le gouvernement a fait ce qu'on appelle le rendez-vous
de la main-d'oeuvre, présidé par le premier ministre, avec différents
ministères. L'opposition était là, les partenaires étaient autour de la table.
Ça avait été précédé de plusieurs semaines de discussion en comités. Je trouve
que c'est une hypothèse intéressante.
Certains me parlent de Mme Blais, en 2007,
qui avait fait le tour du Québec à une certaine commission de consultation.
C'est une autre hypothèse qui est intéressante. Les hypothèses... je pense
qu'ici tout le monde est prêt à regarder l'hypothèse avec le gouvernement, avec
les partis d'opposition. Mais ce qui est urgent, c'est qu'on s'assoit tout le
monde ensemble, pas juste les aînés entre nous autres, mais aussi avec les
partenaires de la société, avec les décideurs...
M. Dion (Mathieu) : Et ça
donne vraiment quelque chose, ça?
M. LeBel : Oui. Il faut une
prise de conscience. Il faut vraiment... Il faut arrêter. Les gens, ils
viennent nous le dire dans chacun leur domaine. Il faut une vraie prise de
conscience. Il faut commencer par ça, après ça dire qu'est-ce qu'on fait dans
chacun de nos domaines, qu'est-ce que les... Il y a de plus en plus de
travailleurs aînés. Qu'est-ce que les syndicats et les patrons peuvent faire
pour défendre le droit des travailleurs aînés?
Dans le monde municipal, dans le monde
rural... Les aînés, dans le monde rural, qu'il faut qu'ils fassent une heure
pour aller faire l'épicerie avec une glacière parce qu'il n'y a pas d'épicerie...
Il y a plein de facettes de la société qu'il faut regarder. Dans le monde
urbain, les transports, l'isolement des aînés... Vous voyez, il y a plein de
choses. Et, si on n'arrête pas, si on ne s'arrête pas et si on ne discute pas ensemble,
on n'y arrivera pas. Puis il faut le faire dès maintenant.
La Modératrice
: Caroline
Plante, LaPresse canadienne.
Mme Plante (Caroline) : Bonjour,
M. LeBel. Vous venez un peu de répondre à la question, mais la loi sur la
maltraitance ne répond pas à tout.
M. LeBel : Non, non, non. La
loi de la maltraitance, c'est correct, là. C'est une... Puis je pense qu'il
fallait l'adopter à l'unanimité, puis on l'a bien faite, puis ça donne un
signal aux aînés qu'on ne veut laisser passer aucune maltraitance. Mais je le
disais souvent... puis, dans la façon de faire de la maltraitance, il y a aussi
la maltraitance organisationnelle qu'on appelle, et ça, cette loi-là ne réglera
rien. C'est comment le système, comment le réseau de la santé, entre autres, ou
d'autres réseaux... comment le système va bien traiter les aînés. Ça, on est
rendus... C'est un autre débat, et madame, je pense qu'elle l'a très bien dit
tantôt. C'est ça, la question, comment on va bien traiter nos aînés au Québec
puis comment on va faire en sorte qu'il y a des aînés constituent une richesse
pour la société québécoise?
Récemment, je faisais une rencontre à Rimouski.
Les retraités d'université à Rimouski, ils ont plein de savoir, ils ont plein
de choses à donner. Ils veulent le faire, mais c'est mal organisé. On n'est pas
capable de le faire. C'est toutes ces réflexions-là qu'il faut se donner... considérer
le vieillissement comme une richesse pour l'ensemble de la société dans toutes
les régions du Québec.
Mme Plante (Caroline) : Et
puis vous avez dit Marguerite Blais, dans le fond, a fait des consultations en
2007. Beaucoup a changé depuis ce temps-là, en 10 ans?
M. LeBel : Moi, je pense que
oui. Je ne sais pas si quelqu'un veut répondre.
M. Tremblay (Donald) : Par
rapport à ça, est-ce qu'il y a des choses qui ont changé? Vous savez,
l'économie et la météo, ce sont deux choses qui sont très difficiles à prévoir.
La démographie, cependant, c'est assez juste comme science et on sait qu'en
2031, là, c'est clair, c'est net, c'est précis...
Donc, il y a des choses qui ont changé, effectivement.
Les connaissances se sont améliorées et la question de savoir est-ce que le gouvernement
s'occupe bien des aînés actuellement ou s'en fout... Il ne s'en fout pas
actuellement, sauf qu'il s'en préoccupe petite case, par petite case, par
petite case. C'est ce que je disais tout à l'heure, c'est qu'actuellement on
n'est pas capables d'embrasser suffisamment large et de façon cohérente l'ensemble
du phénomène. Et là on est en train de prendre des décisions dans chacune des
sphères, et souvent, on s'aperçoit que les décisions prises d'un côté nuisent
de l'autre côté. Alors, c'est important qu'on puisse prendre ensemble le
phénomène.
Mme Plante (Caroline) : Qu'est-ce
qui a changé, d'après vous, en 10 ans?
M. Tremblay (Donald) : Bien,
les conditions de vie ont changé. Il y a un paquet de choses qui ont changé sur
le plan technologique. Il y a un paquet de choses qui ont changé sur le système
de santé et des services sociaux. C'est plein de… L'environnement, là,
actuellement, que ce soit au niveau de la santé et des services sociaux ou au
niveau de l'économie, il y a énormément de choses qui ont changé. Il y a plein
de discussions qui sont en branle, qu'on regarde de Régime de pensions du
Canada, qu'on regarde la Régie des rentes du Québec, qu'on regarde actuellement
ce qu'on appelle les crises au niveau des régimes complémentaires de retraite.
Alors, ce sont tous des éléments qui font en sorte que c'est le temps qu'on
regarde ça vraiment dans son ensemble.
M. Prud'homme (Danis) : Je
peux peut-être juste rajouter un petit mot. C'est-à-dire, si on regarde… Vous
demandiez ce qui a changé. Bien, en 10 ans, on augmente à peu près
100 000 65 ans et plus par année. Et, si on regarde ces mêmes
10 ans, le nombre de lits pour ceux qui ont besoin de soins a diminué, les
coupures au niveau des budgets ont diminué.
Quand on parle d'emploi, on veut augmenter
l'âge de la retraite. Par contre, il n'y a pas de mesures mises de l'avant au
niveau des employeurs. Si on regarde les assurances collectives, à 66 ans,
un employé perd une certaine couverture. Alors, pourquoi, du jour au lendemain,
il a changé de statut? Non, c'est demeuré un employé. Donc, ça, c'est quelques
exemples, et il y en a plein d'autres qu'on pourrait vous donner comme ça.
La Modératrice
: Pascal
Dugas, QMI.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Oui. M. LeBel, est-ce que ce qui a été fait en 2007, ce serait suffisant de le
refaire en 2017? C'est un genre de : Il faut qu'on se parle, version
aînés.
M. LeBel : Non. Là, on voit,
là, déjà, les exemples qu'on vient de vous donner, il y a des choses qui ont
changé. Et j'étais au forum la semaine passée, là, où on a fait un genre de
bilan du VVE, là, vivre et vieillir en santé.
La ministre nous dit qu'elle veut arriver
avec un nouveau plan d'action au printemps 2018. C'est ce qu'elle nous
dit. Mais d'ici là, la forme de consultation, il y a eu ce forum de deux jours,
là, où les aînés ont parlé entre eux autres, mais là on veut faire un genre de consultation
sur le Net pendant l'automne, sur le Web. Là, vraiment, c'est correct,
faisons-en, puis on va en faire. Moi, je dis souvent, il y a des villages dans
mon coin qui n'ont pas Internet haute vitesse, les aînés là-bas sont aussi
importants qu'ailleurs, là. Faisons ça, mais on est rendu beaucoup plus loin
que ça.
La situation exige beaucoup plus que ça, beaucoup
qu'une consultation sur le Net, beaucoup plus que des forums entre nous autres.
Il faut asseoir, autour de la table, les décideurs. Et ça fait en sorte que le
prochain plan d'action, il faut qu'il soit vraiment plus musclé, plus fort,
puis qu'il entraîne à ce que les différents aspects de vivre en société soient
intégrés là-dedans. Et il faut vraiment s'arrêter et discuter de tout ça.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Aller plus loin qu'en 2007, si je comprends.
M. LeBel : Oui, oui, aller
plus loin. On vient de nous le dire, là, que la situation a beaucoup changé et
les enjeux sont hyper importants. Si on ne le fait pas là, on va frapper un mur
dans quelques années.
M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce
que vous pensez que culturellement le Québec n'est pas habitué à prendre soin
de ses aînés?
M. LeBel : Non. Moi, je ne
pense pas. On pourrait peut-être… Non, je ne dirais pas ç
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
On sait qu'il y a certaines cultures, à travers le monde, où les aînés, c'est vraiment
vu comme une richesse. Est-ce qu'au Québec on a ce manque-là dans notre
culture, dans notre façon de les voir?
M. Prud'homme (Danis) : En
fait, si on recule dans notre histoire, on a toujours bien pris soin de nos
aînés. Peut-être ce qui a changé et ce qui fait qu'on est peut-être devenu une
société un petit peu plus... bien, pas on est peut-être, on est devenu une
société un petit peu plus individualiste. Pourquoi? Parce qu'on nous demande de
performer davantage, de plus en plus, toujours, souvent au détriment des
conditions de vie, autant de ceux qui sont là-dedans que des parents ou des
enfants qui subissent les contrecoups de ça. Et la mondialisation, c'est super,
mais on a oublié peut-être que nos enfants s'en vont partout dans le monde.
Alors, quand on a besoin de gens près de nous, on n'en a plus, surtout qu'on
est à 1,8 aujourd'hui, alors que, dans le temps, on était à 10, 12 enfants par
famille. Alors, tout ça, ça change.
Puis, pour évoluer de la bonne façon, il
faut en parler, et c'est ce qu'on demande. Si on n'en parle pas, on ne pourra
pas mettre de l'avant les choses. Et on est en retard. On est en retard, ça
fait longtemps qu'on le sait. Ça fait longtemps qu'il y a actuellement des
aînés qui ne vivent pas dignement aujourd'hui parce qu'ils sont dans la
pauvreté, parce qu'ils n'ont pas l'hébergement voulu, parce qu'ils n'ont pas
les soins voulus. C'est assez. Si on a des grands-parents puis ils vivent des
choses comme ça, je ne peux pas concevoir qu'aujourd'hui on ne trouve pas que
c'est important d'en parler.
La Modératrice
: Merci.
(Fin à 10 h 22)