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Point de presse de M. Harold LeBel, porte-parole de l’opposition officielle pour les aînés et en matière de lutte contre l’intimidation et la maltraitance

Version finale

Monday, June 5, 2017, 10 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures une minute)

La Modératrice : Bonjour à toutes et à tous. Alors, Harold LeBel, porte-parole du Parti québécois pour les aînés, va faire une déclaration. Ensuite, c'est M. Donald Tremblay, président de l'AQRP, qui va parler; Mme Lise Lapointe, présidente de l'AREQ; et enfin, le directeur général du réseau de la FADOQ, M. Danis Prud'homme, va prendre la parole. M. LeBel, la parole est à vous.

M. LeBel : Merci. Bonjour, tout le monde. Dans le fond, ici, on est ici aujourd'hui pourquoi? Pour revendiquer qu'il se tienne, au Québec, un vrai débat sur les conditions de vie des aînés au Québec, un vrai débat, un vrai moment où on va s'asseoir ensemble, tout le monde, toute la société québécoise, puis on va discuter sur comment on voit l'avenir et comment on veut travailler pour avoir un Québec plus respectueux des aînés, qu'on arrête de voir le vieillissement de la population comme un problème, mais qu'on voie ça comme une richesse, et comment on va s'ajuster comme société pour bien vivre, tout le monde ensemble.

Tu sais, on a déjà eu une commission sur comment mourir dans la dignité. Je pense que, là, on est rendu à savoir comment on peut bien vivre et vieillir dans la dignité, et c'est un débat qui appartient à tout le monde. On devrait être capables d'asseoir autour de la table, les syndicats, les patrons, le monde de la santé, le monde de l'éducation, les municipalités. Tout le monde est interpelé par ça.

Récemment, Alain Dubuc... Puis, vous savez, on n'est pas toujours d'accord avec ce qu'écrit Alain Dubuc. Mais là il avait bien raison quand il parlait que le vieillissement de la population, cette idée, il ne faut pas voir ça comme un problème, mais il faut s'en préoccuper puis il faut s'asseoir, comme société, parce qu'il disait : Les besoins sont énormes en hébergement, en soins de longue durée, transformation du paysage démographique, l'organisation de la vie collective, transport, logement, les lieux publics. Tout ça devrait être remis en question, et discuté, et revu dans le sens d'une population qui vieillit.

Ce sont des enjeux qui sont importants, qu'on doit discuter dès maintenant, et c'est ce qu'on veut. On veut des états généraux où l'ensemble de la société québécoise, avec les aînés, avec les groupes, on discutera ensemble. Actuellement, ce qu'on vit, c'est souvent des forums où les aînés discutent entre eux autres, mais là, on est rendus plus loin que ça. Il y a une grande prise de conscience de l'ensemble de la société québécoise qui doit être faite et ça passe par des états généraux qu'on voudrait organiser le plus rapidement possible. Merci.

La Modératrice : Merci. M. Tremblay.

M. Tremblay (Donald) : Alors, bonjour. Donald Tremblay, président de l'Association québécoise des retraité-e-s des secteurs public et parapublic. Alors, tout comme mes collègues ici aujourd'hui, nous sommes ici pour une seule et unique raison, celle de réclamer des états généraux sur le phénomène du vieillissement de la population québécoise en particulier.

On sait qu'en 2031 ça sera plus du quart de la population qui aura 65 ans et plus. C'est un phénomène mondial, ce n'est pas uniquement au Québec, mais c'est aussi un phénomène documenté. L'ONU, déjà, s'est penchée sur la situation du vieillissement de la population mondiale et a examiné trois grands piliers à considérer face au vieillissement de la population, notamment la participation des aînés, et là il faut parler de reconnaissance de la parole des aînés, mais aussi de la contribution des aînés mais aussi de la contribution des aînés. Le deuxième facteur, c'est celui de la santé physique et psychologique des aînés et enfin, la sécurité prise dans son sens large, mais notamment la sécurité financière.

Il est temps qu'au Québec un dialogue s'ouvre, un dialogue soutenu, ouvert, continu, avec les décideurs, bien sûr, mais ce dialogue-là doit également s'arrimer autour de trois catégories principales d'acteurs, soit, évidemment, les aînés, bien sûr, mais aussi les dispensateurs de services et de soins pris dans son sens large et, enfin, les experts du domaine des aînés, tel que les chaires de recherche.

Ce qui nous a amenés à réclamer ces états généraux là, c'est trois constats contre-productifs qui nous ont amenés à faire cette réflexion-là. Actuellement, au Québec, on peut dire qu'on est dans la politique de l'autruche face au vieillissement de la population ou, du moins, à un apparent refus d'embrasser le phénomène. Il est minuit moins cinq. Ce n'est pas le phénomène qui est inquiétant, mais bien le fait de ne pas s'en occuper. Le déni d'une situation, nous le savons tous, ne fait pas en sorte que la situation disparaît comme par magie. C'est le temps d'agir.

Le deuxième constat inquiétant, c'est la mise en place de réformes successives dans plusieurs secteurs liés au domaine des aînés, sans qu'aucune véritable évaluation digne de ce nom ne soit faite au préalable. Cette façon de faire nous amène souvent à réinventer la roue.

Le troisième constat, c'est celui du traitement à la pièce que nous faisons des différents défis que pose le vieillissement de la population. Les consultations, les commissions parlementaires, les réformes, les forums sont si nombreux que des OSBL comme nous, on a de la peine à suffire à donner des avis, à rédiger des mémoires.

Alors, en terminant, M. le ministre, Mme la ministre des Aînés, mais aussi tous les parlementaires, on s'adresse à vous, nous sommes sérieux. Si vous vous sentez interpelés aujourd'hui par notre demande, fiez-vous à votre senti, vous l'êtes, interpelés. Merci.

La Modératrice : Merci. Mme Lise Lapointe.

Mme Lapointe (Lise) : Alors, je me nomme Lise Lapointe. Je suis nouvellement élue présidente nationale de l'AREQ. Notre association représente 58 000 personnes retraitées des secteurs de l'éducation et des secteurs de la santé partout au Québec.

Ce matin, nous sommes réunis, avec le porte-parole de l'opposition officielle et d'autres associations de personnes aînées, pour demander au gouvernement d'entreprendre un vaste chantier afin de mener une vaste réflexion sur les conditions de vie des personnes aînées. De mois en mois, on voit des reportages télévisés, on lit des nouvelles, on est témoins de situations malheureuses dans le réseau de la santé, dans les résidences privées d'hébergement pour les personnes aînées, dans les CHSLD, des restrictions budgétaires, des coupures, du nivellement par le bas, de la maltraitance organisationnelle.

À chaque fois, ça nous arrache le coeur, mais on passe rapidement à une autre nouvelle. Ce sont souvent des personnes vulnérables qui en font les frais. Une des réalités qui affectent les conditions de vie de milliers de personnes aînées en perte d'autonomie et de proches aidants, c'est le manque de ressources consacrées au soutien à domicile. Au cours des dernières années, le nombre d'heures de service a diminué, alors que les besoins ont augmenté. La fusion des établissements de santé a entraîné un nivellement vers le bas. La tâche des proches aidants s'alourdit et devient de plus en plus complexe. Plusieurs vivent un appauvrissement en réponse à leur dévouement.

Les 69 millions de dollars promis par le ministre de la Santé sont les bienvenus. On veut cependant s'assurer que ces sommes permettront vraiment une meilleure offre de service. Aussi, durant ces dernières années, il a été abondamment question des frais accessoires. Il a fallu mettre beaucoup de pression pour que le gouvernement prenne conscience de la situation et s'engage à agir. Le ministre de la Santé s'est vanté d'avoir aboli ces frais, mais il semble qu'ils reviennent par la bande sous une autre forme. C'est inquiétant car les frais accessoires compromettent carrément l'accessibilité au système de santé et contribuent à la privatisation. Encore une fois, ce sont souvent et trop souvent des gens vulnérables qui en souffrent.

On se questionne. Quelle place pour les personnes aînées dans les soins de santé? Quelle place pour les personnes aînées dans notre société. Il est temps de s'arrêter, il est temps de réfléchir ensemble, de prendre le temps et de le faire, en consultant pour vrai. On doit proposer des solutions durables qui amèneront une véritable amélioration de la situation à long terme, pas simplement essayer de boucler un budget.

Notre message à la ministre responsable des Aînés et au premier ministre est le suivant : on a récemment parlé de la maltraitance envers les aînés, une loi a été adoptée à l'unanimité, tant mieux. À l'AREQ, nous y avons contribué et nous l'avons salué. Maintenant, il est temps de parler de bientraitance et, pour ça, il est temps de tenir des états généraux sur les conditions de vie des personnes aînées.

La Modératrice : Merci. M. Danis Prud'homme.

M. Prud'homme (Danis) : Merci. Alors, bonjour. Je représente aujourd'hui la Fédération de l'âge d'or du Québec, comme tout le monde aime l'appeler, le Réseau FADOQavec près de 500 000 membres et je pense que c'est important qu'on considère que toute la population doit être vraiment sondée au problème qu'on parle aujourd'hui. En fait, je dis «problème», voyez-vous, on est tellement inculqués de se faire dire problème que je viens de le dire moi-même. Or, ce n'est pas vraiment un problème.

Bien qu'un exercice productif, le forum qui se tenait le 1er et 2 juin derniers entourant la politique Vivre et vieillir ensemble dans sa communauté au Québec a clairement révélé un manque de transversalité des enjeux des aînés dans les différentes politiques publiques. Rappelons qu'un exemple de transversalité, notamment en santé, est revendiqué au Canada par la motion M-106, visant à créer une politique nationale du vieillissement, ainsi que par la campagne que mène l'Association médicale canadienne, qui s'appelle Exigeons un plan, qui vise à créer une politique transversale des enjeux d'accès en santé.

À ce jour, le Réseau FADOQ constate d'importants manquements dans les consultations publiques et une perte de représentativité des aînés dans l'élaboration des différentes politiques au sein des ministères. Pourtant, dans un Québec vieillissant, le gouvernement devrait nécessairement créer les cadres normatifs en fonction du vieillissement accéléré de sa population. Effectivement, la situation démographique du Québec n'est pas l'affaire d'un seul ministère, et le gouvernement se doit d'exiger de ses différents organes une prise en compte obligatoire quant à cette réalité particulière au Québec.

Ainsi, à l'aube des consultations pour la prochaine politique du vieillissement, le Réseau FADOQ demande au gouvernement du Québec de mener des états généraux sur les conditions des citoyens aînés, et ce, puisqu'en plus du manque de transversalité, nous pouvons constater aussi un manque de données claires sur l'accès en santé, l'accès au marché du travail, sur le degré d'appauvrissement des personnes âgées et etc., j'en passe. En ce sens, nous demandons une réelle vision de société, c'est-à-dire que les enjeux soient dépolitisés de manière à planifier non pas aux quatre ans, mais bien pour les 30, 40 prochaines années.

Finalement, nous demandons au gouvernement du Québec un appui indéfectible pour une convention internationale pour la protection des droits des aînés, chose qui se discute actuellement à l'ONU et pour laquelle le gouvernement canadien n'est pas nécessairement en accord. Alors, je pense que l'appui de chacune des provinces donnera le poids suffisant pour que le gouvernement embarque au niveau canadien. Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va maintenant passer à la période de questions. Par respect pour les gens présents, je vous demanderais de rester sur le sujet du jour. Micro de gauche, Mathieu Dion, Radio-Canada.

M. Dion (Mathieu) : Est-ce que vous avez l'impression, autrement dit, que, pour le gouvernement Couillard, les aînés, ce n'est pas une priorité? Est-ce que c'est ça que vous nous dites aujourd'hui?

M. LeBel : Bien, je trouve souvent, puis je vais vous le dire, là, qu'on infantilise les aînés. On fait beaucoup d'activités, des médailles, on fait beaucoup d'activités, des forums où on parle entre nous autres, les aînés. Mais des vrais questionnements sur les aînés puis faire en sorte que le gouvernement, l'ensemble des ministères travaillent en fonction de ce nouveau phénomène, je ne suis pas certain...

À l'étude des crédits, l'autre jour, je posais des questions à la ministre déléguée : Où le Secrétariat des aînés... dans quel comité ministériel il travaille, dans le gouvernement? Tu sais, les comités ministériels qui font en sorte de concerter les différents ministères. Zéro. Le Secrétariat aux aînés, il est derrière le ministère de la Famille, et ce secrétariat ne participe à aucun... peut-être un ou deux... mais à aucun comité ministériel. Ça fait que la vision du vieillissement de la population, comme le disait monsieur ici, on voit que ce n'est pas partie prenante dans l'appareil gouvernemental.

M. Dion (Mathieu) : Autrement dit, c'est souvent à des fins électoralistes qu'on va prendre des mesures, prendre des initiatives. Est-ce que c'est comme ça que vous le voyez quand vous dites remise de médailles et tout ça, là?

M. LeBel : Bien, je ne dis pas ça... Puis je veux vraiment... J'essaie d'agir. On vient d'adopter la loi sur la maltraitance, on l'a fait à l'unanimité, d'une façon non partisane. Je veux continuer à agir d'une façon non partisane. Moi, quand je revendique des états généraux, je pense qu'on est capables de faire ça, le gouvernement avec les partis d'opposition, pour les aînés. On est capables de faire ça.

Ce que je dis, c'est qu'on travaille sur le dossier des aînés de la même façon depuis 10, 20 ou 30 ans, et la situation aujourd'hui exige de changer complètement... Le vieillissement de la population nous amène des nouveaux défis. Il faut changer... il ne faut pas travailler comme il y a 10 ans ou il y a 20 ans. Et c'est pour ça, des états généraux, qu'on fasse un appel à la société en général sur comment on voit l'avenir avec une population qui vieillit, qu'on arrête de voir ça comme un problème mais qu'on s'adapte.

M. Dion (Mathieu) : Parce que vous pensez qu'il pourrait y avoir une crise, éventuellement, si on ne fait pas ça?

M. LeBel : Bien, je pense que c'est urgent de se poser la question. Quand je parlais de l'éditorial de M. Dubuc tantôt, il le disait aussi, je pense, c'est urgent qu'on se pose la question. Il faut s'ajuster dès maintenant. Quand on va arriver, dans 10 ans ou 20 ans, avec une population de plus en plus vieillissante, puis si on n'a pas vraiment réfléchi là-dessus, on va faire face à un mur qui pourrait être dangereux.

M. Dion (Mathieu) : Et, états généraux, là, on pense à quoi, là, juste pour les gens à la maison, là, tu sais?

M. LeBel : Il y a différentes hypothèses. Récemment, le gouvernement a fait ce qu'on appelle le rendez-vous de la main-d'oeuvre, présidé par le premier ministre, avec différents ministères. L'opposition était là, les partenaires étaient autour de la table. Ça avait été précédé de plusieurs semaines de discussion en comités. Je trouve que c'est une hypothèse intéressante.

Certains me parlent de Mme Blais, en 2007, qui avait fait le tour du Québec à une certaine commission de consultation. C'est une autre hypothèse qui est intéressante. Les hypothèses... je pense qu'ici tout le monde est prêt à regarder l'hypothèse avec le gouvernement, avec les partis d'opposition. Mais ce qui est urgent, c'est qu'on s'assoit tout le monde ensemble, pas juste les aînés entre nous autres, mais aussi avec les partenaires de la société, avec les décideurs...

M. Dion (Mathieu) : Et ça donne vraiment quelque chose, ça?

M. LeBel : Oui. Il faut une prise de conscience. Il faut vraiment... Il faut arrêter. Les gens, ils viennent nous le dire dans chacun leur domaine. Il faut une vraie prise de conscience. Il faut commencer par ça, après ça dire qu'est-ce qu'on fait dans chacun de nos domaines, qu'est-ce que les... Il y a de plus en plus de travailleurs aînés. Qu'est-ce que les syndicats et les patrons peuvent faire pour défendre le droit des travailleurs aînés?

Dans le monde municipal, dans le monde rural... Les aînés, dans le monde rural, qu'il faut qu'ils fassent une heure pour aller faire l'épicerie avec une glacière parce qu'il n'y a pas d'épicerie... Il y a plein de facettes de la société qu'il faut regarder. Dans le monde urbain, les transports, l'isolement des aînés... Vous voyez, il y a plein de choses. Et, si on n'arrête pas, si on ne s'arrête pas et si on ne discute pas ensemble, on n'y arrivera pas. Puis il faut le faire dès maintenant.

La Modératrice : Caroline Plante, LaPresse canadienne.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour, M. LeBel. Vous venez un peu de répondre à la question, mais la loi sur la maltraitance ne répond pas à tout.

M. LeBel : Non, non, non. La loi de la maltraitance, c'est correct, là. C'est une... Puis je pense qu'il fallait l'adopter à l'unanimité, puis on l'a bien faite, puis ça donne un signal aux aînés qu'on ne veut laisser passer aucune maltraitance. Mais je le disais souvent... puis, dans la façon de faire de la maltraitance, il y a aussi la maltraitance organisationnelle qu'on appelle, et ça, cette loi-là ne réglera rien. C'est comment le système, comment le réseau de la santé, entre autres, ou d'autres réseaux... comment le système va bien traiter les aînés. Ça, on est rendus... C'est un autre débat, et madame, je pense qu'elle l'a très bien dit tantôt. C'est ça, la question, comment on va bien traiter nos aînés au Québec puis comment on va faire en sorte qu'il y a des aînés constituent une richesse pour la société québécoise?

Récemment, je faisais une rencontre à Rimouski. Les retraités d'université à Rimouski, ils ont plein de savoir, ils ont plein de choses à donner. Ils veulent le faire, mais c'est mal organisé. On n'est pas capable de le faire. C'est toutes ces réflexions-là qu'il faut se donner... considérer le vieillissement comme une richesse pour l'ensemble de la société dans toutes les régions du Québec.

Mme Plante (Caroline) : Et puis vous avez dit Marguerite Blais, dans le fond, a fait des consultations en 2007. Beaucoup a changé depuis ce temps-là, en 10 ans?

M. LeBel : Moi, je pense que oui. Je ne sais pas si quelqu'un veut répondre.

M. Tremblay (Donald) : Par rapport à ça, est-ce qu'il y a des choses qui ont changé? Vous savez, l'économie et la météo, ce sont deux choses qui sont très difficiles à prévoir. La démographie, cependant, c'est assez juste comme science et on sait qu'en 2031, là, c'est clair, c'est net, c'est précis...

Donc, il y a des choses qui ont changé, effectivement. Les connaissances se sont améliorées et la question de savoir est-ce que le gouvernement s'occupe bien des aînés actuellement ou s'en fout... Il ne s'en fout pas actuellement, sauf qu'il s'en préoccupe petite case, par petite case, par petite case. C'est ce que je disais tout à l'heure, c'est qu'actuellement on n'est pas capables d'embrasser suffisamment large et de façon cohérente l'ensemble du phénomène. Et là on est en train de prendre des décisions dans chacune des sphères, et souvent, on s'aperçoit que les décisions prises d'un côté nuisent de l'autre côté. Alors, c'est important qu'on puisse prendre ensemble le phénomène.

Mme Plante (Caroline) : Qu'est-ce qui a changé, d'après vous, en 10 ans?

M. Tremblay (Donald) : Bien, les conditions de vie ont changé. Il y a un paquet de choses qui ont changé sur le plan technologique. Il y a un paquet de choses qui ont changé sur le système de santé et des services sociaux. C'est plein de… L'environnement, là, actuellement, que ce soit au niveau de la santé et des services sociaux ou au niveau de l'économie, il y a énormément de choses qui ont changé. Il y a plein de discussions qui sont en branle, qu'on regarde de Régime de pensions du Canada, qu'on regarde la Régie des rentes du Québec, qu'on regarde actuellement ce qu'on appelle les crises au niveau des régimes complémentaires de retraite. Alors, ce sont tous des éléments qui font en sorte que c'est le temps qu'on regarde ça vraiment dans son ensemble.

M. Prud'homme (Danis) : Je peux peut-être juste rajouter un petit mot. C'est-à-dire, si on regarde… Vous demandiez ce qui a changé. Bien, en 10 ans, on augmente à peu près 100 000 65 ans et plus par année. Et, si on regarde ces mêmes 10 ans, le nombre de lits pour ceux qui ont besoin de soins a diminué, les coupures au niveau des budgets ont diminué.

Quand on parle d'emploi, on veut augmenter l'âge de la retraite. Par contre, il n'y a pas de mesures mises de l'avant au niveau des employeurs. Si on regarde les assurances collectives, à 66 ans, un employé perd une certaine couverture. Alors, pourquoi, du jour au lendemain, il a changé de statut? Non, c'est demeuré un employé. Donc, ça, c'est quelques exemples, et il y en a plein d'autres qu'on pourrait vous donner comme ça.

La Modératrice : Pascal Dugas, QMI.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Oui. M. LeBel, est-ce que ce qui a été fait en 2007, ce serait suffisant de le refaire en 2017? C'est un genre de : Il faut qu'on se parle, version aînés.

M. LeBel : Non. Là, on voit, là, déjà, les exemples qu'on vient de vous donner, il y a des choses qui ont changé. Et j'étais au forum la semaine passée, là, où on a fait un genre de bilan du VVE, là, vivre et vieillir en santé.

La ministre nous dit qu'elle veut arriver avec un nouveau plan d'action au printemps 2018. C'est ce qu'elle nous dit. Mais d'ici là, la forme de consultation, il y a eu ce forum de deux jours, là, où les aînés ont parlé entre eux autres, mais là on veut faire un genre de consultation sur le Net pendant l'automne, sur le Web. Là, vraiment, c'est correct, faisons-en, puis on va en faire. Moi, je dis souvent, il y a des villages dans mon coin qui n'ont pas Internet haute vitesse, les aînés là-bas sont aussi importants qu'ailleurs, là. Faisons ça, mais on est rendu beaucoup plus loin que ça.

La situation exige beaucoup plus que ça, beaucoup qu'une consultation sur le Net, beaucoup plus que des forums entre nous autres. Il faut asseoir, autour de la table, les décideurs. Et ça fait en sorte que le prochain plan d'action, il faut qu'il soit vraiment plus musclé, plus fort, puis qu'il entraîne à ce que les différents aspects de vivre en société soient intégrés là-dedans. Et il faut vraiment s'arrêter et discuter de tout ça.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Aller plus loin qu'en 2007, si je comprends.

M. LeBel : Oui, oui, aller plus loin. On vient de nous le dire, là, que la situation a beaucoup changé et les enjeux sont hyper importants. Si on ne le fait pas là, on va frapper un mur dans quelques années.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce que vous pensez que culturellement le Québec n'est pas habitué à prendre soin de ses aînés?

M. LeBel : Non. Moi, je ne pense pas. On pourrait peut-être… Non, je ne dirais pas ç

M. Dugas Bourdon (Pascal) : On sait qu'il y a certaines cultures, à travers le monde, où les aînés, c'est vraiment vu comme une richesse. Est-ce qu'au Québec on a ce manque-là dans notre culture, dans notre façon de les voir?

M. Prud'homme (Danis) : En fait, si on recule dans notre histoire, on a toujours bien pris soin de nos aînés. Peut-être ce qui a changé et ce qui fait qu'on est peut-être devenu une société un petit peu plus... bien, pas on est peut-être, on est devenu une société un petit peu plus individualiste. Pourquoi? Parce qu'on nous demande de performer davantage, de plus en plus, toujours, souvent au détriment des conditions de vie, autant de ceux qui sont là-dedans que des parents ou des enfants qui subissent les contrecoups de ça. Et la mondialisation, c'est super, mais on a oublié peut-être que nos enfants s'en vont partout dans le monde. Alors, quand on a besoin de gens près de nous, on n'en a plus, surtout qu'on est à 1,8 aujourd'hui, alors que, dans le temps, on était à 10, 12 enfants par famille. Alors, tout ça, ça change.

Puis, pour évoluer de la bonne façon, il faut en parler, et c'est ce qu'on demande. Si on n'en parle pas, on ne pourra pas mettre de l'avant les choses. Et on est en retard. On est en retard, ça fait longtemps qu'on le sait. Ça fait longtemps qu'il y a actuellement des aînés qui ne vivent pas dignement aujourd'hui parce qu'ils sont dans la pauvreté, parce qu'ils n'ont pas l'hébergement voulu, parce qu'ils n'ont pas les soins voulus. C'est assez. Si on a des grands-parents puis ils vivent des choses comme ça, je ne peux pas concevoir qu'aujourd'hui on ne trouve pas que c'est important d'en parler.

La Modératrice : Merci.

(Fin à 10 h 22)

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