(Huit heures trente-deux minutes)
La Modératrice
:
Bonjour à tous! Bon matin, merci d'être là. On va avoir Jean-François Roberge, porte-parole
en éducation, Lise Lavallée, porte-parole en matière de condition féminine et
de santé publique, et André Spénard, porte-parole en matière de sécurité
publique. On va commencer par une allocution et, par la suite, on va prendre
vos questions. Je cède la parole à Jean-François Roberge.
M. Roberge : Merci. Ce
matin, on veut être bien clairs pour dire que c'est totalement inacceptable ce
qu'on a appris dans les médias ce matin, cette idée d'avoir un centre
d'injection supervisé à 200 mètres d'une école. On veut un milieu
sécuritaire pour nos jeunes. 200 mètres, c'est définitivement la zone dans
laquelle les élèves circulent à pied. Les élèves qu'on dit marcheurs, près des
écoles, bien, obligatoirement, marchent et passent devant ce site d'injection
supervisée. C'est extrêmement inquiétant pour les parents. Moi-même, je suis
père de deux petites filles, 11 ans et 13 ans, et ça m'inquiéterait
énormément de savoir qu'il y a un site d'injection supervisée à côté de leur
école.
Comme enseignant aussi, c'est quelque
chose qui m'interpelle. On fait des pieds et des mains, au Québec, pour sortir
la drogue des écoles. C'est une bataille de tous les instants pour les
enseignants, pour les intervenants scolaires, pour les directions d'école. Et
là de savoir qu'il y aurait un site d'injection supervisée à 200 mètres de
l'école, c'est pratiquement dans la cour d'école, c'est quelque chose de très
inquiétant parce qu'obligatoirement ça va amener une affluence de gens qui sont
aux prises avec des problèmes de drogue, des toxicomanes. On peut s'inquiéter
dans quel état ils vont entrer dans cet édifice-là, peut-être dans un état de
manque, c'est très inquiétant pour les jeunes, et dans quel état ils pourraient
en ressortir aussi. Ils ne seront pas nécessairement eux-mêmes. Quels gestes
ils pourraient poser?
Ça pourrait inciter beaucoup, beaucoup de
parents à essayer d'inscrire leurs enfants ailleurs, dans une autre école, ou
même à reconduire leurs enfants à l'école en voiture, alors qu'ils habitent
tout près de l'école. Vous savez, les parents, des fois, on choisit notre
maison, notre appartement en fonction de la proximité de l'école parce qu'on
veut que nos jeunes soient des marcheurs, on veut avoir les saines habitudes de
vie, qu'ils se rendent à l'école à pied.
Mais, avec ce site d'injection supervisée
très, très près de l'école, ça remet en question le sentiment de sécurité, le
choix d'école, le choix d'emplacement pour la famille. C'est quelque chose qui
nous inquiète. On espère que, finalement, ça ne s'avérera pas puis on
interpelle tous les acteurs concernés pour que ça n'arrive pas et qu'il n'y ait
pas un site aussi près d'une école. Je vais maintenant laisser la parole à Mme Lise
Lavallée, qui a quelque chose à dire sur ce sujet.
Mme Lavallée : Donc,
concernant les centres d'injection supervisée, ce matin, je vais présenter une
motion à l'Assemblée nationale, qui va se lire comme suit :
«Que l'Assemblée nationale s'inquiète de
l'implantation de centres d'injections supervisés près des lieux fréquentés par
les enfants;
«Qu'elle demande au gouvernement de
décréter qu'un tel centre ne peut être implanté qu'à une distance minimale
acceptable d'une école, d'un centre de la petite enfance ou service de garde.»
Donc, on souhaite que l'ensemble des parlementaires
adopte à l'unanimité cette motion, et qu'on agisse avant l'entrée scolaire à
l'automne prochain, et qu'une fois la décision prise par les parlementaires
cette règle-là s'applique à l'ensemble des centres d'injection qui seront
installés à la grandeur du Québec.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va passer à la période de questions en commençant par Mathieu
Boivin, Cogeco.
M. Boivin (Mathieu) : M. Roberge,
est-ce que vous n'exagérez pas un peu? Je pense que c'est le genre de chose qui
est examinée en priorité par les intervenants, justement, le danger présumé
pour la sécurité des enfants. Est-ce que ce n'est pas un petit peu crier au
loup pour rien, là?
M. Roberge : Je ne crois
pas. Mais je veux juste préciser que ma formation politique n'est pas contre le
fait qu'il y ait des centres d'injection supervisés qui peuvent être un moyen
intéressant d'assurer la sécurité des gens, autant des toxicomanes que des
non-toxicomanes. Il faut savoir où est-ce qu'on l'installe, et je ne pense absolument
pas que c'est crier au loup. Je pense au contraire que, moi, comme parent,
bien, je suis l'écho de beaucoup de parents qui, en ce moment au Québec,
peuvent s'inquiéter de ce qu'il se passe spécifiquement pour l'école
Marguerite-Bourgeoys, mais qui s'inquiètent aussi du fait que ça pourrait
arriver dans leur cour, dans leur cour d'école, comme je dis, ou pratiquement,
près de leur cour d'école. Non, c'est quelque chose qui est inacceptable. Je
pense qu'il faut tracer la ligne puis ne pas laisser cette décision-là,
finalement, se concrétiser.
M. Boivin (Mathieu) : À
partir de quelle distance, si c'est une école, est-ce que ça deviendrait
acceptable? Là, 200 mètres c'est trop près. 300, ça serait-u trop près
encore? 500, ça serait-u encore trop près? Où est-ce que vous tracez la ligne?
M. Roberge : Je pense
qu'il va falloir qu'on fasse un débat sur la distance acceptable. Une chose qui
est sûre, 200 mètres, c'est vraiment trop près. C'est tout près, tout
près, 200 mètres. Ça se fait en... c'est peut-être 45 secondes, une
minute de marche. C'est vraiment très près.
Peut-être quelque chose qui pourrait nous
donner une balise quand on fera ce débat-là sur la distance, parce qu'il va
falloir peut-être tracer une ligne à un moment donné, peut-être s'inspirer de
la distance de marche. Autour d'une école, il y a une distance, les commissions
scolaires disent... d'habitude c'est autour d'entre un et 1,5 kilomètre,
distance à partir de laquelle les jeunes ont droit au service d'autobus, ceux
qui sont plus loin. Et ceux qui sont tout près de l'école n'ont pas droit au
service d'autobus, ce sont des marcheurs. Peut-être que ça pourrait être cette
distance-là. Ça pourrait servir de base à une discussion. Mais une chose est
certaine ce matin, je pense que tout le monde s'entend que 200 mètres, c'est
trop proche.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va passer à Caroline Plante, LaPresse
canadienne.
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour, M. Roberge.
M. Roberge : Bonjour.
Mme Plante (Caroline) :
Le gouvernement va déposer un projet de loi sur l'éducation aujourd'hui pour
augmenter la fréquentation scolaire. Alors, quelles sont vos attentes par
rapport... Vous avez déjà soulevé l'enjeu des écoles religieuses illégales. Alors,
quelles sont vos attentes?
M. Roberge : Bien, je
rappelle le fait que, la semaine dernière, j'ai déposé au nom de ma formation
politique un projet de loi pour garantir le droit à l'éducation à tous les
jeunes, à tous les Québécois. Un projet de loi qui venait répondre essentiellement
à deux problématiques : les écoles illégales clandestines et le manque
d'encadrement dans certains cas pour les parents qui font le choix de l'école à
la maison. Je réitère que, pour ma formation politique, on est d'accord avec le
fait que les parents peuvent scolariser leurs jeunes à la maison, mais sous
certaines balises.
Notre projet de loi vient combler un trou
très important dans le sens où on garantit qu'il ne pourrait plus y avoir
d'écoles clandestines ou de parents qui font l'école à la maison de manière
clandestine parce que la force de notre projet de loi, c'est de lier la Loi sur
l'instruction publique et la Loi sur la protection de la jeunesse. Donc, un
parent ne pourrait plus décider de faire l'école à la maison sans se rapporter
d'aucune manière aux commissions scolaires et sans respecter le programme.
Nous, on a mis la barre là avec notre projet de loi. Maintenant, on va voir si
le projet de loi de M. Proulx va aussi loin puis garantit aussi bien que
le nôtre le droit à l'éducation des Québécois.
Mme Plante (Caroline) : Est-ce
qu'il y a urgence? Est-ce que vous considérez que c'est un problème, que ce projet
de loi là ne sera pas adopté avant un bon bout de temps?
M. Roberge : Bien, on
voit bien qu'encore une fois le gouvernement a pelleté en avant ce problème-là,
là. Ça fait peut-être 10 ans qu'on en parle. Depuis le début du mandat, ça fait
trois ans que j'interpelle les différents ministres de l'Éducation à ce
sujet-là. Là, il le dépose, mais à la fin de la session. On est certains que ça
ne s'appliquera pas en septembre. Donc, c'est dommage que le gouvernement ait
tardé énormément avant de déposer un projet de loi. Puis on verra s'il va assez
loin. Mais effectivement c'est vraiment dommage de voir qu'ils ont autant
tardé.
La Modératrice
: Merci.
Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Pourquoi ils ont tardé tant que ça, selon vous?
M. Roberge : C'est
difficile à dire. Moi, je ne vois pas de bonnes raisons de ne pas agir. J'ai
interpellé le ministre à de nombreuses reprises. Je me suis tanné. J'ai dit :
Je vais l'écrire, le projet de loi, parce qu'ils ne font rien.
M. Laforest (Alain) : C'est
un lobby qui les empêche d'avancer?
M. Roberge : Écoutez,
c'est possible. Ça va être à eux de se justifier devant les Québécois pour voir
pourquoi ils ont tardé aussi longtemps avant d'agir. Mais il n'y a pas de bonne
raison de ne pas agir. C'est pour ça que je dis : C'est parce que je n'en
pouvais plus de voir l'inaction du gouvernement que, finalement, j'ai rédigé,
avec ma formation politique, un projet de loi.
M. Laforest (Alain) :
...il agit aujourd'hui, selon vous?
M. Roberge : Peut-être
qu'il a senti la pression monter.
M. Laforest (Alain) :
Mais la pression est là depuis... ça fait 20 ans, moi, que j'en entends parler,
des écoles illégales, là.
M. Roberge : Moi, je dis :
On jugera d'abord le projet de loi pour voir s'il est efficace ou pas. Ensuite,
bien, ce sera à lui à vivre avec son bilan à la fin du mandat, lors de
l'élection, de voir pourquoi ils ont tardé aussi longtemps avant d'agir sur un
sujet qui est aussi crucial.
La Modératrice
: Merci.
Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. J'aimerais savoir, sur un autre sujet... Alors, il y a plusieurs femmes
qui se présentent à la frontière canado-américaine qu'on soupçonne d'être
victimes de traite à l'aube du Grand Prix du Canada à Montréal. Est-ce que le gouvernement
du Québec a un rôle à jouer pour identifier et venir en aide à ces femmes-là ou
c'est essentiellement une compétence fédérale et de la GRC?
Mme Lavallée : Je pense
qu'on peut intervenir. Cette semaine, j'ai déposé un mandat d'initiative justement
où je demande qu'il y ait une commission parlementaire. Ce n'est pas un sujet
pour lequel on devrait parler à l'arrivée des grands prix. Le problème, il est
à l'année, tout compte fait. Et je crois que nous, comme parlementaires, nous
devons nous questionner pour savoir si on agit au bon endroit.
Il y a beaucoup d'argent qui est mis dans
tout le phénomène des agressions sexuelles, de la violence faite aux femmes, et
ma question à moi, c'est de dire : Est-ce qu'on agit au bon endroit? Mais,
pour le savoir, il faut parler avec des gens qui, exemple, ont vécu ce
phénomène-là de près, des parents, des jeunes filles qui ont réussi à sortir de
ces réseaux-là, des intervenants, des groupes terrain, des organismes. Puis je
ne pense pas que, comme parlementaires, on peut trouver les solutions sans
avoir eu ces discussions-là, franches.
Moi, ce mandat d'initiative là, je l'ai
déposé, et cette semaine, en période de questions, vous avez vu que le ministre
Coiteux a dit qu'il ne voyait pas la pertinence d'avoir une commission
parlementaire. Je vais revenir sur ce sujet-là. C'est une réponse que je
n'accepte pas. Je pense qu'il faut le régler. On a beau avoir des programmes
quinquennaux, mais, de toute évidence, on revient toujours sur le même sujet.
Donc, il faut... Moi, je suis préoccupée par ce sujet-là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais est-ce que, justement, ce sujet-là ou cet enjeu-là est beaucoup plus
présent lors d'une fin de semaine comme celle du Grand Prix? Et est-ce que,
d'ici à la tenue de cette commission parlementaire que vous souhaitez, là, il y
a des mesures qui doivent être prises ce week-end, là, par le gouvernement du
Québec, selon vous?
Mme Lavallée : Moi, je
pense qu'il faut avoir la discussion. Je veux dire, agir, on ne sait même pas
si ce qu'on fait actuellement porte ses fruits. Oui, il semble avoir une
intensité au niveau du recrutement. On l'a vu avec la sortie de la journaliste,
dans Le Journal de Montréal cette semaine, qui a mis une annonce pour
offrir ses services comme serveuse, puis la vitesse à laquelle elle a eu des
réponses, puis sept sur 10 étaient nettement pour du recrutement. Ce matin,
Monic Néron en parlait, a interviewé une jeune fille qui est arrivée à
l'embouchure d'un métro, elle attendait son père, et ça n'a pas été long
qu'elle a été approchée par une personne, puis c'était nettement pour ces
fins-là.
Donc, il y a comme une intensité qui
augmente probablement autour du Grand Prix, mais, pour moi, le problème n'est
pas que là. Il faut agir. Il faut se questionner parce que le problème est à
l'année. On voit la quantité d'articles qui sortent à l'année longue sur ce
phénomène-là. Puis je pense qu'il y a des gens qui ont des choses à nous dire.
Puis, une fois qu'on aura entendu ces personnes-là, on pourra déterminer si
l'argent qu'on investit à tous nos plans quinquennaux... si on les met au bout
endroit puis si on fait les choses correctement. Mais il va falloir aboutir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Aujourd'hui, vous ne savez pas s'il y a un manque de ressources. Il faut, vous
dites, examiner la question.
Mme Lavallée : Moi, ce
qui me préoccupe, c'est de le régler une fois pour toutes.
La Modératrice
: Merci.
On va passer aux questions en anglais. Ryan Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Mr. Roberge, can you just give us the details that you know of with
respect to this school and the safe injection site? What school is it? Where is
it? And what do you know about the situation?
M. Roberge :
Yes. It's about the Marguerite-Bourgeois School, where
a supervised injection site is supposed to be implanted within 200 meters from
the school. I think it's really scary. We are really, really aware for the security
of children. We think that this is really too close from the school and we
think that parents, and teachers, and principals are really aware about this situation.
M. Hicks (Ryan) : Do you think that there was a... I mean, do you think it was a
mistake, potentially, that people maybe didn't do the right research, didn't
look on Google Maps to see if there was a school nearby?
M. Roberge : I think it's a mistake to implant a supervised injection plan that
close to a school, of course. It's OK to have that kind of space, but we have
to give a secure space around the school. We have to assure the security of our
children within the school. Nearby our school, it's supposed to be a secure
space.
M. Hicks (Ryan) : One of my colleagues asked the question in French, but what is the
distance that you would see as a secure space, and, if there's no specific
distance, what criteria should they be looking at?
M. Roberge : First, I'd say that 200 meters is to close. There's no debate, it's
obvious, it's too close. What's the secure space? I think we we should have a
debate about this, but, just to initiate that debate, I think that the distance
to provide the school bus service might be a secure space and some start to
think about that.
La Modératrice
: Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. Is there any comment that you can make about Bill
122. The PQ said that they proposed a solution for municipalities to be able to
keep referendums. Is that
something that you can comment on?
M. Roberge : I would like my colleague M. Laframboise to
talk about this bill.
Mme Fletcher (Raquel) : Can you speak about the education bill that the minister is going
to table apparently this morning? What would you like to see in that bill?
M. Roberge :
I'm happy that they are awake. Finally, finally they're awake and they do
something about illegal schools. But they are one week later than us. Last
week, my formation, we proposed a deal that, I think,
answered that question. I think
the best move would be to call our bill, but for the bill of M. Proulx,
we'll have to read it and to see it this morning to comment.
Mme Fletcher (Raquel) : And do you speak English, madame?
Mme Lavallée : Not too much.
Mme Fletcher (Raquel) : Not too much. I just wanted to ask one question about the commission that you are calling for on
juvenile prostitution.
M. Roberge : Veux-tu que je le fasse? Yes.
Mme Fletcher (Raquel) : Why is it important
to have this parliamentary commission?
M. Roberge : Because, before to take action, we have to really, really know what
we are talking about. We have to make a social debate about that matter, which
is really, really important for
us. So, to start with a commission is the way to do the things right. We can't make any mistake on
that matter, it's too important.
La Modératrice
:Merci beaucoup.
M. Roberge : Thank you very much.
La Modératrice
: Bonne journée.
(Fin à 8 h 49)