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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle, M. André Villeneuve, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture et d’alimentation, et M. Stéphane Bergeron, porte-parole de l’opposition officielle responsable de la région de l’Outaouais et de la région de la Montérégie

Version finale

Tuesday, June 13, 2017, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures cinq minutes)

Le Modérateur : Bonjour, mesdames et messieurs. Donc, M. Lisée est accompagné du porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture, M. André Villeneuve, et du porte-parole de l'opposition officielle en matière de relations internationales, M. Stéphane Bergeron. Les accompagnent également M. Normand Côté et Mme Madeleine Boivin de la Fromagerie Médard, à Saint-Gédéon. M. Côté est le président de l'Association des fromagers artisans du Québec. Ils sont accompagnés aussi de M. Arsenault, qui est propriétaire de la Fromagerie des Grondines, dans la MRC de Portneuf, et aussi vice-président de l'association. M. Lisée.

M. Lisée : Aujourd'hui, le gouvernement libéral voudrait qu'on signe un chèque en blanc, qu'on signe un chèque en blanc pour qu'Ottawa puisse décider de faire mal à l'industrie fromagère et laitière du Québec. Alors, les épisodes précédents, c'est que le Québec a initié la négociation d'une entente de libre-échange avec l'Europe. C'était une bonne idée, mais à la dernière heure, à la onzième heure, le gouvernement canadien a décidé de faire payer au Québec une concession importante pour favoriser le boeuf de l'Ouest, et ça, c'est inacceptable.

Et, à ce moment-là, j'étais ministre du Commerce extérieur. Mme Marois et Nicolas Marceau, on a dit : Il n'est pas question qu'on accepte, même en principe, cette entente, si ça se fait au prix de dizaines de milliers d'emplois dans l'industrie agricole québécoise. Et nous avons obtenu du gouvernement fédéral, par écrit, l'engagement, et ils nous l'ont envoyé en anglais, alors je vais vous le traduire : Nous estimons que l'approche de compensation sera déterminée avant la ratification formelle par l'Assemblée nationale.

Alors, c'est aujourd'hui que le gouvernement libéral veut nous demander une ratification formelle, mais le processus de compensation, nous ne le voyons pas. En novembre dernier, le gouvernement fédéral a dit : On va peut-être donner 350 millions sur cinq à sept ans. Mais l'évaluation du Québec, c'est que ça va nous coûter 1,5 milliard. On est très loin du 1,5 milliard, et la position de négociation correcte du Québec, c'est de dire au Canada : Nous n'allons pas ratifier tant que nous ne sommes pas satisfaits, et donc ça prend des négociations. Il faut que les gens soient satisfaits. On est flexibles sur la façon dont ça peut se faire, il y a plusieurs hypothèses qui sont avancées, mais, pour l'instant, c'est silence radio d'Ottawa et contentement béat de M. Couillard.       Alors, je vais demander au président de l'Association des fromagers artisans du Québec, M. Normand Côté, de vous dire quelques mots.

M. Côté (Normand) : Bonjour, tout le monde. Moi, en tant que président de l'Association des fromages artisans, on endosse entièrement la position de M. Lisée puis du Parti québécois comme de quoi ce n'est pas prêt, le fédéral n'est pas prêt à mettre ça en place... puis qu'il nous donne des garanties qu'il va y avoir des compensations. Parce qu'on sait que le nerf de la guerre dans tout ça, là, ça va être les quotas d'importation et les compensations.

Je ne veux pas rentrer dans les détails là-dedans, mais c'est sûr qu'à l'heure actuelle, nous autres, on leur a fait des propositions, on n'a eu aucune réponse des propositions qu'on a faites. On leur a dit... même façon de faire, puis là, à l'heure actuelle, il n'y a rien, rien, rien. On ne sait pas à quoi s'en tenir, puis c'est pour ça que, vraiment, on endosse la proposition du Parti québécois et de M. Lisée.

M. Lisée : Merci. M. Arsenault.

M. Arsenault (Louis) : Je pense qu'il faut être conscient d'une chose : au Canada, il se transforme 440 millions de kilos de fromage, et tout ce qui a été présenté voilà un an et demi, et d'ailleurs même, à la limite, le gouvernement fédéral le reconnaît en partie, c'est que le plan d'aide qui a été soumis, c'est des pinottes, ce n'est rien. Alors, ça correspond à peu près à 0,04 $ du kilo produit. Ça, c'est à condition qu'on puisse au moins y avoir accès. Donc, pour une entreprise comme la nôtre, là, on parle d'environ quelques centaines de dollars pour un chiffre d'affaires qui apparente les 1,2, 1,5 million par année. Alors, c'est sûr qu'on ne peut pas accepter ça.

Puis moi, je me permettrais de rajouter juste une petite chose. C'est que, de fait, moi, je suis d'accord avec M. Lisée que des ententes de libre-échange, c'est primordial. Il y en a toujours eu, des ententes d'échanges commerciaux, et ça, je pense que ça va demeurer, et il faut travailler dans ce sens-là, mais pas au sacrifice d'un secteur comme le secteur laitier et le secteur fromager, parce que demain matin, si vous vous retrouvez avec un président de l'Union européenne qui apparente celui qui est au sud d'ici et qui nous amène à tout renégocier dans 10, 15, 20 ans, donc vous allez avoir jeté à terre le secteur fromager... et qui peut-être que, dans 10, 15 ans, on va avoir tout fait ça pour rien. Elle est toujours là, la vulnérabilité. Et d'ailleurs le gouvernement américain, on sent bien qu'il protège le bois d'oeuvre. Donc, nous, on invite fortement le gouvernement fédéral à faire de même, c'est-à-dire à protéger le secteur laitier et le secteur fromager. Merci.

Le Modérateur : Merci. M. Villeneuve.

M. Villeneuve : Oui. Alors, bonjour, tout le monde. Il y a une certitude dans l'accord présentement. Il y a une certitude, c'est que les producteurs laitiers et fromagers, eux, là, ils sont sur la sellette actuellement. Ils sont sur la sellette, et on sait que le gouvernement fédéral a annoncé un plan de compensation de 250 millions pour les productions laitières sur cinq ans et de 100 millions pour les productions fromagères. Ce qu'on ne sait pas, c'est sur quoi il s'est basé pour avancer de tels chiffres, parce que les gens qui sont ici aujourd'hui, eux, ce qu'ils nous disent, ça avoisinerait plus le 1,5 milliard en termes de besoins de compensation. Alors, on aimerait bien savoir d'où le fédéral a pris ces chiffres-là.

Mais je tiens à le préciser encore une fois, dans tout l'éventail de l'accord, avec lequel on est d'accord, soit dit en passant, dans tout l'éventail, dans tous les secteurs que ça va toucher, la certitude qu'on a, c'est celle-là, c'est que les producteurs fromagers et laitiers du Québec vont écoper. Et je pense qu'ils ont le droit de savoir, avant que l'Assemblée nationale donne son accord, ils ont le droit de savoir, ça va être quoi l'avenir pour eux, alors, dans cet accord global là. Voilà. Merci.

M. Bergeron : Alors, bonjour. Comme vient de le signaler mon collègue, on ne peut pas être en désaccord avec cette entente de libre-échange. Vous le savez, le Parti québécois a toujours été en faveur de l'abaissement des barrières tarifaires. Nous l'étions à la fin des années 80, souvenez-vous, Jacques Parizeau, Bernard Landry. Le Québec est une nation commerçante, et puis il est important pour nos PME, nos entreprises exportatrices, de pouvoir bénéficier d'un accès privilégié aux marchés extérieurs, et le marché européen est un marché important.

Mais, ceci dit, on ne peut pas conclure ou ratifier un tel accord sans avoir les garanties qui nous avaient été promises par le gouvernement fédéral pour nos producteurs fromagers. Alors, bien que nous ne puissions être en désaccord avec une telle entente, malheureusement, dans l'état actuel des choses, nous ne pouvons pas non plus être en accord avec une telle entente. Voilà.

M. Lisée : Alors, ce qu'on propose au gouvernement Couillard aujourd'hui, c'est simplement d'accepter notre amendement, de reporter de six mois la ratification de l'accord par l'Assemblée pour se donner un rapport de force, pas envers Berlin, ou Londres, ou Paris, envers Ottawa. C'est envers Ottawa qu'on veut un rapport de force, et la seule façon de le faire, c'est de retenir notre approbation à l'Assemblée nationale jusqu'à ce qu'il y ait compensation qui soit satisfaisante. Et franchement, je ne comprends pas que M. Couillard ne comprenne pas ça.

Le Modérateur : Merci, messieurs, madame. On va aller au micro de droite pour les questions. Merci d'avoir une question, une sous-question. M. Salvet, Le Soleil.

M. Salvet (Jean-Marc) : M. Lisée, bonjour. Bonjour à tous, madame.

Ma compréhension est à l'effet que des libéraux, il y a encore quelques jours, pensaient effectivement comme vous que ce serait peut-être bon, comme monnaie d'échange ou de négociation, de retenir la ratification. Ma compréhension, avec la semaine dernière, le gouvernement a très officiellement fermé la porte à ça. Il y a eu une motion qui a été déposée à l'Assemblée nationale. J'ai parlé également à la ministre Christine St-Pierre qui m'a dit : Non, il n'est pas question de faire ça. Le dossier me paraît clos à l'heure actuelle, donc, dans l'esprit du gouvernement, puisqu'il y a eu cette interrogation à l'interne et qu'ils ont dit non.

M. Lisée : Bien, écoutez, on a réussi à faire voir la lumière au gouvernement sur un certain nombre de sujets pendant cette session puis on a toujours espoir de le faire sur un sujet aussi important que celui-ci. C'est sûr que M. Couillard n'arrive pas à bâtir de rapport de force avec Ottawa. Il a perdu sur la subvention à Bombardier, il a perdu sur la Banque de l'infrastructure, il a perdu sur les transferts en santé et là il s'apprête à perdre sur la compensation des laitiers et des fromagers.

On dit : Écoutez, réveillez-vous, là. Vous êtes à un an d'une élection où, dans tout le Québec, les fromagers, les laitiers, les agriculteurs vont être présents pour vous demander pourquoi vous n'avez pas utilisé le seul instrument de rapport de force que vous ayez à votre disposition, et l'opposition officielle était d'accord. Moi, je pense que M. Couillard devrait dire : Écoutez, l'opposition officielle est d'accord, je ne sais pas où est la CAQ là-dessus. Ça nous prend un rapport de force. Construisons-le ensemble.

M. Salvet (Jean-Marc) : Dans l'état actuel des choses, vous dites non à cet accord, donc?

M. Lisée : S'il refuse notre amendement, on va s'abstenir aujourd'hui. On va s'abstenir, parce qu'effectivement on est pour le principe de l'accord. L'accord va éliminer des tarifs douaniers à l'entrée à l'Europe de 6 % à 15 %. Ça va être très, très bon pour nos PME exportatrices dans tout le Québec. Alors, on va s'abstenir. Mais l'occasion pour le gouvernement, c'est d'accepter le report parce qu'ils n'ont rien à présenter. Et, en fait, il y a un engagement du gouvernement fédéral de présenter l'approche de compensation avant la ratification. Alors, pourquoi est-ce que M. Couillard gaspille son rapport de force?

Le Modérateur : Merci. Mme Richer, La Presse canadienne.

Mme Richer (Jocelyne) : Bonjour. Est-ce que vous avez fixé un montant minimal de compensation qui serait jugé, à vos yeux, acceptable?

M. Lisée : L'UPA dit 1,5 milliard au lieu des 350 millions proposés. Nous, on est prêts à discuter. Alors, on est prêts à ce que le gouvernement québécois fasse une étude. On est prêts à regarder les chiffres du gouvernement fédéral.

Il y a quelque chose d'autre qui peut être dans l'entente, c'est les quotas de contingentement d'importation. Il y a plusieurs solutions possibles. D'ailleurs, l'association des fromagers a proposé des solutions, mais, pour l'instant, on est devant une page blanche. On ne peut pas signer un chèque en blanc. C'est ce que nous demande M. Couillard.

Mme Richer (Jocelyne) : À ma connaissance, le gouvernement Couillard n'a pas fixé de montant minimal de compensation. C'est ça, hein?

M. Lisée : Exact. Lorsque le chiffre de 350 a été avancé, ils ont dit que c'était insuffisant. Et depuis, silence radio. On n'a aucune idée... Je veux dire, un gouvernement responsable aurait créé une coalition face à Ottawa, aurait mis de la pression, aurait négocié, en aurait parlé souvent. Là, on dirait que le gouvernement Couillard se désintéresse de l'affaiblissement de l'industrie agricole au Québec.

Le Modérateur : Merci. M. Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Bonjour, monsieur. C'est une question pour M. Arsenault, s'il vous plaît. Bonjour.

M. Arsenault (Louis) : Bonjour.

M. Laforest (Alain) : Vous n'avez pas confiance en vos produits?

M. Arsenault (Louis) : Je ne comprends même pas qu'on nous pose cette question-là, honnêtement, parce que, si on connaissait la manière que ça fonctionne en Europe puis au prix auquel les fromages rentrent ici, vous comprendriez une chose : c'est qu'on a beau faire les meilleurs fromages du Québec, c'est impossible de compétitionner actuellement le prix auquel ces fromages-là vont rentrer.

Et ça, je vous invite à le faire, c'est un travail qui est très simple. Allez sur Statistique Canada, sortez les variétés de fromages qui existent, ils rentrent en moyenne au port de Montréal à 12 $ le kilo et ils partent à 6 € de l'Europe. Toutes des statistiques qui sont disponibles. D'ailleurs, j'ai fait une conférence là-dessus, INAF, STELA, à l'Université Laval la semaine dernière, et tout le monde est un peu abasourdi de par ces chiffres, mais c'est la pure et simple réalité et c'est les chiffres du fédéral.

Alors, à partir de ce moment-là, comment voulez-vous compétitionner avec des fromages dont les bannières risquent d'en être des détenteurs de quotas et qui vont commercialiser... mettons qu'ils le vendent deux fois le prix, donc de 12 $ à 24 $, quand notre propre fromage part de l'usine à des prix de 27 $, 28 $ le kilo? Alors, c'est fort simple.

M. Lisée : Et vous dites que les fromages européens sont subventionnés à la source.

M. Arsenault (Louis) : À tous les paliers et à tous les niveaux, et il y a différentes formes d'aide qui sont accordées aux fromages.

Alors, nous, on n'a pas de problème. Et là-dessus, vous avez tout à fait raison. Moi, je vais vous accorder... mettez-nous tous sur un même pied d'égalité et ça va nous faire plaisir. Donc, donnez-nous les mêmes programmes d'aide que les Européens reçoivent, et, à partir de ce moment-là, vous allez voir, il va se manger beaucoup plus de fromages québécois que de fromages européens.

M. Laforest (Alain) : Juste pour vous rassurer, je n'ai pas d'opinion, je pose des questions.

M. Arsenault (Louis) : Non, je le sais.

M. Laforest (Alain) : Sur un autre sujet... Je suscite des réactions, surtout.

M. Lisée : Ça, c'est vrai. Il est bon pour susciter des réactions.

M. Laforest (Alain) : Ce que j'ai obtenu. M. Lisée, sur un autre sujet, est-ce qu'on est rendu à l'obligation d'adopter une loi spéciale concernant les ingénieurs?

M. Lisée : Le problème avec le gouvernement libéral et les ingénieurs, c'est qu'ils n'ont pas beaucoup de crédibilité, hein? C'est sous le gouvernement libéral que l'expertise des ingénieurs au sein du gouvernement du Québec s'est complètement désagrégée au profit des firmes d'ingénieurs privées. Ça, c'est le bilan des libéraux face aux ingénieurs. Alors, moi, je ne donne pas beaucoup de crédit à la façon dont ils gèrent ce dossier-là et j'aimerais mieux un bon arbitrage qu'une mauvaise loi spéciale, parce que, dans ce cas-là en particulier, le déficit de crédibilité des libéraux en matière de liens avec l'ingénierie est particulièrement patent.

Là, ces lois spéciales à répétition, ça me fait penser au gouvernement Harper qui avait essentiellement décidé que ça n'existait plus, le droit de grève, que dès qu'il y avait une possibilité de grève, il y avait une loi spéciale. Bien, nous, on pense que, oui, le droit de grève, ça dérange, mais c'est pour ça que ça existe. Et si on doit l'enlever, puis parfois, on peut décider qu'il faut l'enlever pour des raisons d'économie québécoise, bien, on ne peut pas le remplacer par un processus qui est biaisé.

Alors, dans ce cas-ci, les ingénieurs demandent l'arbitrage. Il y a des formes d'arbitrage, qui pourraient être introduites, qui nous permettraient d'éviter la loi spéciale. Retour au travail, arbitrage, pas de loi spéciale, il me semble que c'est raisonnable.

Le Modérateur : Merci. M. Croteau, micro de gauche.

M. Croteau (Martin) : Bonjour à tous. Bonjour, M. Lisée. À quel point tenez-vous à ce que la SQI construise un projet immobilier, un complexe gouvernemental à l'îlot Voyageur?

M. Lisée : Alors, le gouvernement québécois, à plusieurs moments de l'histoire de nos grandes villes, que ce soit à Québec ou à Montréal, a pris des décisions d'investissement pour revitaliser des quartiers. Et dans le cas de l'îlot Voyageur, la décision qu'on avait prise, elle était la meilleure décision coût-bénéfice et, en plus, elle permettait de revitaliser un quartier. Et j'ai lu ce matin, les dernières informations, très détaillées, qui me font conclure que c'est toujours le cas.

Les gouvernements antérieurs ont investi dans le complexe Desjardins pour revitaliser ce coin-la. Ensuite, on a investi dans le Centre de commerce mondial pour revitaliser ça. Puis maintenant, ce serait le temps d'investir à l'îlot Voyageur et ce serait une bonne affaire pour les contribuables, ce serait une bonne affaire pour ce quartier de Montréal.

Alors, évidemment, si le gouvernement libéral, pour eux, ça ne les intéresse pas de revitaliser des quartiers, c'est leur façon de voir les choses. Nous, on en a une autre.

M. Croteau (Martin) : Malgré les dépassements de coûts, donc? Il est question d'un dépassement de coûts d'à peu près 11 millions. La rentabilité du déménagement ne semble pas si évidente que ça aux yeux du gouvernement ou, en tout cas, des décideurs de la SQI. Vous, ce n'est pas le facteur principal, si je comprends bien, qui guide votre point de vue là-dessus.

M. Lisée : Bien, malgré ces informations, ils continuent à dire que, dans ce scénario, ce serait plus rentable pour l'état de posséder que de louer, même avec ces nouveaux calculs. Alors, je ne comprends pas la réticence, quand c'est rentable, de refuser de revitaliser un quartier.

Le Modérateur : Merci. M. Bellerose.

M. Croteau (Martin) : Pardonnez-moi. Juste une question sur un autre sujet, si vous permettez. Que pensez-vous de la fermeture possible de la maison, je crois que c'est Jean-Eudes-Bergeron, à Alma. Je sais que M. Cloutier va nous parler de ça, mais vous, que pensez-vous de...

M. Lisée : Oui. Il va en parler avec Dave. Moi, ça a été mon dossier pendant presque deux ans, ce qu'on appelle les ressources intermédiaires, c'est-à-dire les maisons d'hébergement pour les citoyens handicapés. Ce sont des joyaux, ce sont des milieux de vie, ce sont des endroits où les gens ont de la dignité. Et le gouvernement libéral est en guerre contre ce réseau-là depuis des années, le presse comme un citron, provoque la fermeture de plusieurs d'entre elles. Ce n'est pas digne. Ce n'est pas digne.

M. Croteau (Martin) : Donc, que faire?

M. Lisée : Que faire? C'est les financer correctement. Et, en plus, ce n'est même pas rentable parce que, quand qu'on en ferme une, on est obligés d'envoyer les gens en CHSLD, où ça coûte beaucoup plus cher.

Le Modérateur : Merci. M. Bellerose, micro de droite.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. Lisée. Comment qualifieriez-vous les dépenses à l'OIF dévoilées ce matin par Le Journal de Montréal?

M. Lisée : Excessives. Excessives. On est en présence d'une organisation qui a pour but d'aider certains des plus pauvres d'entre nous, francophones, dans le monde, à se sortir de la misère. Alors, je pense qu'au sommet de cette organisation, on devrait donner l'exemple et faire preuve de modération dans les dépenses.

M. Bellerose (Patrick) : Le porte-parole de l'OIF disait sensiblement qu'on dépense sans compter. Si on est invité à voyager, on y va. Est-ce qu'on doit revoir les règles de gouvernance?

M. Lisée : Je pense que, lorsqu'on dirige une organisation comme celle-là, on doit pratiquer la modération. On ne devrait pas avoir besoin de règles.

Le Modérateur : Merci, micro de gauche.

M. Bellerose (Patrick) : On ne devrait pas avoir besoin de règles?

M. Lisée : Pour se modérer soi-même. On devrait se gouverner de façon modérée et savoir que, bien sûr qu'on est invité partout, mais les ressources de l'organisation sont censées enseigner le français à des Africains, sortir des Africains de l'analphabétisme, et que, bon, ce n'est peut-être nécessaire de répondre à toutes les invitations et que l'argent devrait aller là où elle fait le plus de bien aux gens dont on a la charge.

M. Bellerose (Patrick) : Donc, on devrait prioriser les services plutôt que des grands voyages de la secrétaire générale.

M. Lisée : Absolument.

M. Bellerose (Patrick) : Juste une dernière question sur le sujet. Est-ce que la Vérificatrice générale pourrait se pencher sur le dossier pour voir comment est dépensé l'argent investi par le Québec à l'OIF?

M. Lisée : Il y a déjà eu un rapport du Vérificateur général, si je me souviens bien, sur l'AUF. Vous devriez vérifier ça. Et, de toute façon, nous sommes un des cinq premiers contributeurs à l'Organisation internationale de la Francophonie et nous devrions avoir une position sur la bonne gestion de cet argent-là.

M. Bellerose (Patrick) : ...vérification?

M. Lisée : Je ne suis pas contre.

Le Modérateur : Mme Lamontagne.

Mme Lamontagne (Kathryne) : Bonjour. Est-ce qu'il faut craindre une assimilation du français, en fait, par les minorités anglophones à l'extérieur de Montréal, comme le craint actuellement le gouvernement Couillard? Est-ce qu'il faut s'inquiéter de ça?

M. Lisée : Qu'est-ce qu'il a dit exactement?

Mme Lamontagne (Kathryne) : Ce qu'il a dit, en fait, c'est qu'il craignait pour les minorités anglophones qui vivent à l'extérieur de Montréal, qu'il craint qu'il y ait une assimilation par le français.

M. Lisée : Ah! d'accord, d'accord, d'accord.

Mme Lamontagne (Kathryne) : Vous en pensez quoi?

M. Lisée : Bien, j'aurais aimé ça l'entendre dire qu'il craignait pour l'assimilation des francophones à Montréal et l'assimilation des allophones à Montréal, parce que les études démontrent que, même si on est majoritaires au Québec, les francophones, la force d'attraction de l'anglais, donc sa force assimilatrice est plus grande, en ce moment, que la force d'attraction du français, et que, compte tenu de la mauvaise politique d'immigration de M. Couillard et du Parti libéral, qui a laissé entrer 50 000 personnes par année dont la moitié ne pouvait même pas commander un café en français, les libéraux ont accéléré la fragilisation du français à Montréal.

Alors, moi, comme ancien ministre responsable de la communauté anglophone, je suis très sensible à la nécessité que les communautés anglophones, partout au Québec, aient des droits, aient accès à des services, soient en bonne santé culturelle et identitaire. Mais je trouve un peu fort de café que l'homme qui nous a dit qu'il fallait que tout le monde sur une chaîne de montage parle l'anglais au cas où il y a un acheteur anglophone qui passe, maintenant, lorsqu'il parle de la situation linguistique, ne se préoccupe pas de la situation des francophones.

Mme Lamontagne (Kathryne) : C'est un mauvais combat, donc, selon vous?

M. Lisée : Il faut les mener les deux, et lui, d'après ce que je vois, il n'en mène qu'un.

Mme Lamontagne (Kathryne) : Est-ce qu'il faut les mener, les deux, sur le même pied d'égalité?

M. Lisée : Moi, je pense qu'il faut voir à la qualité de tous nos citoyens, mais lorsqu'on voit qu'il y a un danger... Il y a un danger qui est beaucoup plus grand pour la majorité francophone. On était 82 %, maintenant on est passés à 79 %. Dans la région de Montréal, on sera bientôt minoritaires. Même les francophones, langue d'usage, seront minoritaires, et je pense qu'il faut se préoccuper de ça.

Et, en même temps, la personne qui a enlevé aux institutions anglophones, aux hôpitaux anglophones, le contrôle de la communauté, c'est Philippe Couillard. C'est Philippe Couillard qui a fait ça. La personne qui voulait enlever les commissions scolaires anglophones à la communauté anglophone, c'est Philippe Couillard qui en a parlé. La personne qui refuse d'avoir un ministre responsable de la communauté anglophone, c'est Philippe Couillard.

Alors, franchement, je trouve que son déficit d'attention est très grand. D'ailleurs, il l'a reconnu à la Gazette, en décembre dernier, qu'il y avait eu un bris de contact entre le gouvernement et la communauté anglophone. À mes amis anglophones, je leur ai dit : Prenez-le pas personnel, il y a un bris de contact avec toute la population québécoise.

Mme Lamontagne (Kathryne) : Il est comme responsable de son propre malheur?

M. Lisée : Exactement.

Le Modérateur : Merci. Mme Blais, je crois qu'on a une dernière en français.

Mme Blais (Annabelle) : Oui, je voudrais juste revenir sur les dépenses de Michaëlle Jean. Quand vous étiez au MRI, vous, est-ce que vous aviez accès aux états financiers? Est-ce que le gouvernement actuel… Est-ce que Mme St-Pierre a manqué un peu à son travail pour superviser tout ça, regarder, jeter un oeil? Parce que c'est notre argent.

M. Lisée : Bien, je pense que les principaux contributeurs sont très bien informés de la façon dont ça se fait. Et nous avions un administrateur de l'OIF, qui était Clément Duhaime, qui était remarquable et qui a assaini les finances, et nous avions un secrétaire général, qui était Abdou Diouf, qui avait une haute opinion de la façon dont il devait se comporter.

Alors, je pense que, s'il y a des questions à poser, oui, demandez à Mme St-Pierre pourquoi est-ce qu'il y a un genre de régression dans le travail qu'avait fait Clément Duhaime pour avoir les bonnes priorités aux bonnes places.

Mme Blais (Annabelle) : O.K. Donc, vous, quand vous étiez là, vraiment, vous étiez au fait de ces dépenses-là, vous saviez ce qui se passait. Et donc, là, en ce moment, ce que vous dites, c'est qu'il n'y aurait peut-être pas un travail avec tant de rigueur.

M. Lisée : C'est une question à poser.

Le Modérateur : Merci. On va en anglais. Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Hello, Mr. Lisée. What do you make… What are your impressions of the Liberal Government's concerns about the Anglophone community and, they say, fears that they could be facing assimilation in regions outside of Montréal?

M. Lisée : You know, Philippe Couillard is the one that took away control of the English community from its hospitals. Philippe Couillard is the one who tried to take away control over the school boards. Philippe Couillard is the one who refuses to have a minister responsible for Anglos. Philippe Couillard is the one who cut services across the board for all Quebeckers, including Anglos.

So it's really disingenuous that he comes today and says there's a problem. Well, he created the problem. That's it.

Mme Johnson (Maya) : In French, though, you responded that you would like to see the Government focusing on issues related to Montréal and how it can be difficult to get services or have people respond to you in stores, you know, for example, in French.

M. Lisée : I didn't bring up these subjects, but I say that if, you know, we had a Premier that cared about the identity and the identities of all Quebeckers, he would also be concerned about the fact that Francophones will be a minority on the island of Montréal pretty soon, and that is a trend that we see. He would be more careful in the selection of immigrants that do speak French before coming in Montréal, which he doesn't care for.

So, on all these issues, Anglo's rights and the Francophone identity, he's just nowhere to be seen. At The Gazette, last December, I think, he made an interview saying that… he admitted there was a breech of contact between his Government and the Anglo community. He was right, and I told my Francophone friends and I told my Anglo friends : Don't take it personally, he lost contact with everybody.

Le Modérateur : Merci. On va y aller avec M. Hicks après.

Mme Johnson (Maya) : Juste une dernière question. There is a microbrewery in Shawinigan that is upset, frustrated because they won't have their products sold in Québec. It's part of this case of beer to celebrate Canada's 150th, it's available everywhere across the country, except for in Québec, because of our rules regarding microbreweries. What do you think of that?

M. Lisée : I'm not aware of that, I'll have to get briefed. Brief me later on that.

Le Modérateur : M. Hicks.

M. Hicks (Ryan) : Good morning. Why did you come out here this morning with the dairy producers?

M. Lisée : Well, today, the Couillard Government wants us to sign a blank check to Ottawa for the accord with Europe. Now, we're all for the accord with Europe and we think it's going to help our exporters get into the European market, but the price to pay is that Ottawa decided that the dairy products and the cheese products of Québec would pay for the beef of Western Canada.

And when I was in Government, as the Minister for Trade, we said : We will not ratify the accord unless and until we are satisfied with the compensation that Ottawa will give Québec for its agricultural industry.

Well, today, the Couillard Government wants us to ratify the accord without having a single piece of paper that says anything about compensating the damage they are about to do to our industry. And our only tool, our only lever towards Ottawa is to suspend the ratification until we are satisfied.

So, I know Mr. Couillard is very bad at having «un rapport de force» with Ottawa, and he showed it in so many instances, but why he would want to squander his only lever today by ratifying without compensation is just beyond me.

M. Hicks (Ryan) : Is there anything that the PQ can do procedurally to slow that down?

M. Lisée : Well, we already slowed it down for a week. Today, we are going to table an amendment to suspend ratification for six months to say : Listen, let's give Ottawa six months to come up with something, and then we will reconsider. I think this would be a very prudent thing to do, and we hope Mr. Couillard will see the light today.

M. Hicks (Ryan) : Do any of you speak English? Est-ce que quelqu'un entre vous parle un peu l'anglais? Non? OK.

Le Modérateur : Mme Fletcher.

Mme Fletcher (Raquel) : Good morning, Mr. Lisée. In French, you said you'd rather see a good arbitration than a bad special law. What did you mean by that?

M. Lisée : Well, I think the Liberals, in terms of engineering, and engineers, and engineering firms, have no credibility. I mean, they are the ones who basically weakened terribly the ability of the Québec Government to have expertise in that field, and they'd rather have the expertise in firms that funded the Liberal Party all these years.

So, today, we have a strike and we say : Well, listen, they are asking for an arbiter, and I think it would be better to have an arbiter than to have a bad special law. This is a case where, correctly framed, an arbiter could get us out of this problem, and I don't trust the Liberals on this issue, in particular.

Mme Fletcher (Raquel) : The engineers are saying that the article 23… There's a specific article in the Charbonneau Commission. They are saying that's why… part of the reasons why they are striking is to convince the Government to go ahead with the Charbonneau recommendation.

Do you agree with the stands on that? And if so…

M. Lisée : What's the core of the argument of 23?

Mme Fletcher (Raquel) : The core of the argument is that the Charbonneau Commission recommended that the Transport Ministry or the Government, in general, needs more expertise when it comes to engineering.

M. Lisée : Yes. Of course, of course. I know that's their argument, that is, if you want more expertise, you have to pay more. You know, if these were doctors, they would have gotten it immediately, you know. But they are not doctors, they're engineers, and clearly the Government cannot come to an agreement with them.

So let's take it out of the hands of the negotiators and give it to an arbiter with the proviso that the engineers come back to work of course. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 36)