(Treize heures vingt-neuf minutes)
La Modératrice
: Bon,
alors, on va commencer. M. Alexandre Cloutier, porte-parole du Parti québécois
en matière d'éducation et député de Lac-Saint-Jean, va faire une déclaration; ensuite,
M. Dave Turcotte, porte-parole du Parti québécois en matière de services
sociaux; ensuite, M. Gino Lebel, porte-parole des résidents de la Maison
Jean-Eudes-Bergeron, va prendre la parole. Ils sont accompagnés de résidents de
la maison ainsi que de leurs familles et amis. M. Cloutier, la parole est à
vous.
M. Cloutier : Je vous
remercie. Alors, c'est un immense honneur pour moi aujourd'hui d'être réuni, accompagné
des résidents de la Maison Jean-Eudes-Bergeron ainsi que les parents, les bénévoles
qui les accompagnent.
Écoutez, c'est assez incroyable. Ils sont
partis ce matin du Lac-Saint-Jean, malgré tous les défis techniques que ça
représente pour eux d'être présents avec nous aujourd'hui à l'Assemblée
nationale. Ils sont venus exprimer un souhait, un voeu, une demande au
gouvernement du Québec. Ils ne veulent pas retourner en CHSLD. Ils veulent
continuer à vivre avec leur famille, avec leurs amis, et ça s'appelle la Maison
Jean-Eudes-Bergeron. C'est la seule résidence pour personnes lourdement
handicapées physiquement, au Lac-Saint-Jean, un milieu de vie qu'on peut dire
d'exceptionnel, une maison qui est flambant neuve, digne de tous les meilleurs
critères de notre société d'aujourd'hui. Le hic, c'est qu'il y a un grave
problème de financement récurrent, et ce problème de financement est lié directement
aux enveloppes gouvernementales.
Il faut savoir que la Maison
Jean-Eudes-Bergeron, ce ne sont pas des gens qui se sont improvisés, à la
dernière minute, en fondant cette maison en 2014. C'est en collaboration avec
le ministère de la Santé ainsi que le milieu, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui
s'est pris en main pour trouver les sommes nécessaires à la construction et à
l'offre de services pour les personnes lourdement handicapées. Alors, visiblement,
le financement est inadéquat considérant la lourdeur des cas qui sont présents
à la Maison Jean-Eudes-Bergeron, et malheureusement, ils se retrouvent dans les
mauvaises cases du système. Alors, si les cases sont mauvaises, qu'on les
change pour s'assurer de la dignité des personnes handicapées qui souhaitent
poursuivre à vivre dans un milieu qui est stimulant et qui est carrément leur
milieu de vie à eux.
On demande donc l'intervention du premier
ministre du Québec, qui est aussi le ministre responsable de la région du
Saguenay—Lac-Saint-Jean. Je rappelle que le premier ministre est aussi député
de Roberval et donc, lui aussi, c'est la seule ressource intermédiaire pour
personnes handicapées physiquement sur le territoire. Et on a besoin d'une intervention
financière à court terme jusqu'à ce que nous trouvions une solution alternative
à un financement qui serait suffisant dans le temps pour assurer la survie de
la maison.
Alors, aujourd'hui, ils se sont déplacés à
l'Assemblée nationale dans l'espoir d'avoir une réponse positive de la part du
premier ministre ainsi que de la ministre responsable. Mais ce qui est certain,
c'est que mon collègue et moi n'avons pas l'intention de les laisser tomber.
C'est une aberration du système que de leur dire qu'ils devraient être
transférés dans des CHSLD alors qu'ils vivent des réalités complètement
différentes. Alors, sur ce, je vais céder la parole à mon collègue et
porte-parole national aux services sociaux puis ensuite à Gino Lebel qui est
porte-parole et résident de la Maison Jean-Eudes-Bergeron.
M.
Turcotte
:
Donc, bonjour à vous toutes et à vous tous. Des citoyens du Lac-Saint-Jean, de
la circonscription de Lac-Saint-Jean se sont mobilisés, se sont déplacés ici aujourd'hui
à l'Assemblée nationale. Pourquoi? Pour militer, pour demander, pour exiger, et
avec raison, leur autonomie, leur liberté, leur capacité de choisir. Dans leur
milieu de vie où ils vivent au quotidien, ils ont développé des amitiés, ils
ont créé un attachement sincère et profond à l'endroit de ce lieu de résidence.
On dit que c'est des milieux de vie. Ce n'est pas que des paroles, ça doit
aussi être une réalité, et on le sait, et on le vit au quotidien pour les gens
qui y travaillent, pour les gens qui vivent dans les CHSLD. Malheureusement, la
solution pour eux n'est pas d'être dans un CHSLD.
Combien de cas ça va prendre dans les
médias pour que le gouvernement entende raison et réalise que la solution, elle
est dans des initiatives comme la Maison Jean-Eudes-Bergeron à Alma, comme dans
d'autres régions aussi, ce genre d'initiative? En attendant, donc dans un court
délai, là, en ce moment, là, parce qu'il y a urgence d'agir, le gouvernement
doit assurer un financement temporaire d'urgence pour le maintien de cette
ressource, le temps qu'une solution pérenne pour maintenir ce lieu de vie, ce
milieu de vie pour les 20 résidents demeure, mais aussi, il faut que le gouvernement
prenne à bras-le-corps cet enjeu et règle la question.
Le Dr Barrette a dit récemment que, s'il
fallait sortir toutes les personnes handicapées des CHSLD, il le ferait, mais
on a ici une ressource qui, au quotidien, fait ce que le ministre souhaiterait,
c'est-à-dire s'adapte à leur réalité en tant que personne avec un handicap,
vivant avec un handicap, et malheureusement cette ressource-là est menacée.
Donc, réglons le cas dès maintenant de cette ressource pour que cette
ressource-là puisse continuer à exister, mais aussi faisons en sorte qu'il y
ait des actions concrètes pour l'ensemble des personnes handicapées au Québec
pour qu'ils puissent vivre dans la dignité, et dans leur autonomie complète, et
dans un milieu de vie qui répond à leurs aspirations, à leur âge, à leurs
besoins et à leur condition.
La Modératrice
: Merci.
M. Lebel.
M. Lebel (Gino) : Nous, aujourd'hui,
on s'est déplacé avec le comité de relance, comme on l'appelle, qu'on a formé à
la Maison Jean-Eudes-Bergeron. On est venu demander au premier ministre et à la
ministre de nous donner un soutien, parce que nous, où est-ce qu'on est, on est
bien. On a notre intégrité, puis nous autres, on a besoin de ça pour continuer
à vivre comme on vit, parce que nous autres, on est très bien où est-ce qu'on
est. Puis on désire beaucoup, beaucoup que le gouvernement se mette les mains à
la pâte et décide de donner les fonds adéquats pour les ressources comme la
nôtre puis tout ça.
Puis comme je suis le premier en fauteuil
roulant qui a décidé de, comme on dirait en bon québécois, prendre le
taureau par les cornes et se battre pour la maison, bien, c'est ça, j'ai fait
des promesses à mes amis qui sont derrière moi puis je leur ai dit que tant
puis aussi longtemps que je vais être là, la maison, elle va rester ouverte
puis que, s'il faut, je l'ai dit hier à plusieurs reprises, s'il le faut, je
vais m'enchaîner à la bâtisse, je verrai ce que je ferai. Mais je peux vous
dire que ce que je dis aujourd'hui, c'est le réel, puis ça va se passer s'il
faut qu'il me sorte de mon chez-moi. Merci.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Mathieu Dion, Radio-Canada,
micro de gauche.
M. Dion (Mathieu) : Vous êtes
au gouvernement... puis aujourd'hui, ce serait très raisonnable de le faire, de
faire une exception pour cette maison-là, mais vous êtes au gouvernement puis
vous dites : Si on dit ou à eux, il faut dire oui à d'autres. C'est un peu
ça un peu le dilemme dans lequel est pris le gouvernement aujourd'hui.
M. Cloutier : Absolument pas.
Le gouvernement est pris dans... prétend que c'est un dilemme, alors que ça
coûterait le double de les envoyer dans un CHSLD. Alors, peu importe l'analyse
que vous faites, si vous faites l'analyse plus humaine, vous allez dire :
Mais c'est fou, complètement fou de les retirer de leur milieu de vie, de leur
maison, de leurs amis. Puis, si vous regardez purement sur le plan administratif,
bien, vous dites aussi : C'est fou de payer le double de ce que ça coûte
dans la résidence intermédiaire actuelle.
Alors, si on n'a pas les bonnes cases du côté
gouvernement, qu'on en crée des nouvelles parce que, visiblement, ces nouvelles
cases là vont coûter moins cher que de les envoyer dans un CHSLD qui n'est pas
approprié pour recevoir des personnes lourdement handicapées, mais qui ne sont
pas en fin de vie, là. Ils sont en santé, ils font leur vie, ils sont heureux,
ils ont un milieu de vie. Ça n'a rien à voir avec la réalité d'un CHSLD.
M. Dion (Mathieu) : Est-ce qu'il
faut, à chaque fois, y aller à la pièce?
M. Cloutier : Bien, il faut
éviter ça. C'est qu'il y a du monde qui ont justement... qui ne se sont pas
assurés qu'il y avait des cases suffisantes pour l'ensemble de la société québécoise,
et ça s'adonne que ce sont des personnes lourdement handicapées. Et ça prend
des gens qui les défendent, qui les représentent, et qu'on s'assure que le
financement sera adéquat pour qu'ils soient traités avec toute la dignité
nécessaire.
Mon collègue vous l'a dit tout à l'heure,
on a Gaétan Barrette, la main sur le coeur, qui dit : Les personnes
lourdement handicapées, ce n'est pas leur place dans un CHSLD. Bien, que les
babines suivent les intentions du gouvernement et qu'il prenne l'exemple devant
vous aujourd'hui, où la résidence est flambant neuve, elle vient juste d'être
construite. Elle est fonctionnelle, ils l'aiment, c'est leur milieu de vie. Tout
ce qui manque, c'est 25 000 $ par mois. Je ne peux pas croire qu'on
va fermer une résidence pour 25 000 $ par mois.
M. Dion (Mathieu) : M. Lebel,
je peux vous poser une question?
M. Lebel (Gino) : Oui.
M. Dion (Mathieu) : Qu'est-ce
que ça vous fait quand ce qu'on entend du gouvernement, finalement, c'est qu'il
n'y a pas de case pour vous?
M. Lebel (Gino) : Bien, je
vais vous dire de quoi : on dirait qu'il y a la case où les personnes
âgées ont leur case, et les personnes avec une déficience mentale ont leur
case, mais nous autres, les handicapés, on dirait qu'on est entre deux. On
dirait qu'eux autres, il n'y en a pas de case pour nous autres. On dirait qu'on
n'est pas là, on n'existe pas. C'est ça.
M. Dion (Mathieu) : Ça vous
fait quoi?
M. Lebel (Gino) : Bien, ça
fait que... regarde, je vais vous dire, moi, j'ai habité avec ma mère, ça fait
longtemps, puis le CLSC, dans le temps, disait à ma mère : Bien, si vous
n'êtes pas capable de vous occuper de votre garçon, placez-le. Puis là je me
suis trouvé une place idéale, qui est appropriée à mes soins puis aux soins de
mes amis, puis là on me dit que non, là, ça ne marche plus. Ce n'est pas
normal.
M. Dion (Mathieu) : M.
Cloutier, je peux vous poser une petite question juste sur l'aide alimentaire,
pendant que vous êtes là?
M. Cloutier : Absolument.
M. Dion (Mathieu) : Le
ministre Proulx a dit ce matin qu'ils vont permettre aux écoles de catégorie 8
de recevoir l'aide alimentaire. Pour vous, est-ce que c'est une victoire?
M. Cloutier : C'est clairement
une victoire, clairement un pas dans la bonne direction. Puis on a une
responsabilité au Québec : s'assurer que tous nos enfants n'aient pas faim
lorsqu'ils entrent en classe et qu'ils puissent se concentrer sur
l'apprentissage.
M. Dion (Mathieu) : Est-ce que
c'est encore assez?
M. Cloutier : C'est
certainement un grand pas dans la bonne direction. Il faudra voir les impacts
réels ensuite sur le terrain, mais on salue ce recul gouvernemental qui est
clairement un pas dans la bonne direction pour nos jeunes de Québec.
La Modératrice
: Merci.
On va rester en français avant. Pascal Dugas, QMI.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
On dit qu'à court terme on a besoin d'argent pour garder cette maison-là
ouverte. À long terme, c'est quoi, le plan qu'on devrait mettre sur pied?
M. Cloutier : C'est
hypercompliqué, le plan à long terme, mais on a espoir d'y arriver. Le plan à
long terme implique trois ministères, deux plus directement et le ministère de
l'Emploi également. À moyen terme, ce sur quoi on travaille, c'est une
collaboration entre l'Office municipal d'habitation ainsi que le ministère de la
Santé et des Services sociaux pour créer un office d'habitation sous la
responsabilité de ville d'Alma. Alors, c'est une espèce... Patrick Lagacé
comparait ça, ce matin, à la création de l'univers qu'il trouvait moins
complexe que le montage financier sur lequel on travaille.
Mais, ceci étant dit, on a espoir d'y
arriver. C'est pour ça qu'on demande une aide ponctuelle d'au moins cinq mois
pour se rendre à Noël, le temps de se revirer de bord sur le modèle
administratif. On a espoir quand même de trouver une solution sur le moyen
terme, mais encore faut-il que la résidence soit encore en vie à partir de
juillet.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Mais c'est-u normal que ça soit compliqué comme ça...
M. Cloutier : Absolument pas.
C'est ce que je vous disais tout à l'heure. C'est que malheureusement il n'y a
pas les bonnes cases pour les bonnes personnes. Ce n'est pas normal qu'on ait à
choisir entre une résidence intermédiaire qui coûte la moitié du prix ou un
CHSLD qui est le double. Il me semble qu'entre les deux il y a sûrement moyen
de trouver des alternatives, puis j'espère que ça sera la réponse du premier
ministre, tout à l'heure, en Chambre.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Croyez-vous qu'il y ait des dizaines d'autres maisons comme celle-là au Québec
qui sont dans une situation semblable et qui ont à s'inquiéter d'une éventuelle
fermeture?
M.
Turcotte
:
Bien, l'ensemble des ressources intermédiaires au Québec sont menacées au
quotidien parce que l'argent ne répond pas aux besoins réels sur le terrain.
Donc, que ce soit pour les personnes handicapées, que ce soit à la protection
de la jeunesse, que ce soit pour tous les niveaux, les ressources
intermédiaires sont sous-financées parce que... bon, on pourrait embarquer dans
le détail, là, mais la grille de classification ne répond pas aux réels
besoins, ce qui fait en sorte qu'ils sont sous-financés. C'est très difficile
de maintenir des ressources intermédiaires actuellement au Québec à cause du
manque d'argent, du manque de personnel. Les gens quittent, ce qui fait en
sorte que pratiquement à tous les mois des ressources ferment au Québec. De nouvelles
doivent être ouvertes.
Là, il y en a une qui est ici, là, puis
que ça fonctionne. Les gens sont heureux là. Il manque un peu d'argent, mais c'est
une solution, là, puis, comme Alexandre l'a dit, ça va coûter le double d'être
en CHSLD. Donc, sur le plan financier, il n'y a pas de gain pour le
gouvernement du Québec de laisser fermer cette ressource-là et, sur le plan
humain, encore moins. Donc, il n'y a qu'un seul gain qui peut être permis, qui
est rêvé, qui est accepté puis qui doit être réalisé, c'est de maintenir cette
ressource-là ouverte pour faire en sorte que ces personnes-là puissent
continuer d'être ensemble.
Puis on le voit, là, ils sont heureux de
venir ici, à Québec, malgré dans des situations difficiles pour eux, mais ils
sont heureux parce qu'ils sont ensemble, puis moi, c'est pour ça qu'on doit
continuer à se battre, puis on va continuer à se battre, pour permettre à ces
gens-là de continuer d'être ensemble, mais aussi pour toutes les personnes
handicapées au Québec qui souhaiteraient pouvoir vivre ce privilège-là qui aujourd'hui
est menacé.
La Modératrice
: Merci.
Est-ce qu'on a d'autres questions en français? Oui, Caroline Plante, LaPresse
canadienne.
Mme Plante (Caroline) : Bonjour,
M. Cloutier. Bonjour. Sur les infrastructures scolaires, donc, le ministre
annonce aujourd'hui 400 millions pour 41 projets. Est-ce que vous
êtes satisfait de cette annonce? Je sais que, cet hiver, vous dénonciez le fait
qu'il y avait du retard dans l'entretien des écoles. Alors, aujourd'hui, on
annonce de l'argent pour l'agrandissement et la construction de nouvelles
écoles. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Cloutier : Bien, je
vous dirais qu'on est un peu échaudés par rapport aux annonces du ministre en infrastructures.
Je veux quand même vous rappeler qu'à chaque fois qu'on a annoncé des sommes,
donc des montants globaux, 400 millions, 600 millions, on n'a jamais
dépensé les sommes qui avaient été annoncées. Alors, vous nous permettrez de
douter encore une fois de l'exactitude des montants qui ont été présentés. Et
si, l'année prochaine lors des études des crédits, nous arrivons effectivement
qu'ils ont dépensé la totalité des sommes qu'ils ont annoncées, je serai le
premier qui soulignera cet accomplissement.
Puis, ceci étant dit, le pire ministère
qu'il y a au Québec quant aux atteintes des objectifs en matière
d'infrastructures, c'est le ministère de l'Éducation. 65 % des sommes sont
réellement dépensées par rapport à ce qui a été annoncé. Il y a tout un écart
entre les deux, alors permettez d'exprimer un certain scepticisme. Ceci étant
dit, s'il devait dépenser 400 millions comme il l'a dit, comme il l'a
annoncé, évidemment, les investissements en infrastructures en éducation sont
urgents et réels.
Mme Plante (Caroline) : Vous
doutez que les projets seront réalisés cette année?
M. Cloutier : C'est que le ministère
de l'Éducation n'a jamais été capable de remplir ses promesses. Et, à chaque
fois, on nous a fait des grandes promesses ici, à l'Assemblée nationale, puis,
en bout de course, lorsqu'on... étude des crédits, donc avec la lunette de
l'année précédente, on réalise que seulement 65 %... puis je pourrai vous
donner le tableau tout à l'heure, en étude des crédits, on a, par ministère,
ceux et celles qui rencontrent les objectifs qui ont été annoncés pour les
infrastructures. Et je vous le dis, celui qui réussit le moins bien, c'est le
ministère de l'Éducation, et la réponse du gouvernement, c'est de nous dire :
Bien, c'est normal, ce n'est pas nous autres qui contrôle, ce sont les
directions d'établissement, ce sont les commissions scolaires. Et j'avais
répondu, à ce moment-là, au ministre : Si c'est si compliqué, pourquoi
vous ne changez pas les règles?
Mme Plante (Caroline) :
Qu'est-ce qu'on devrait prioriser : l'agrandissement, la construction de
nouvelles écoles ou la rénovation des écoles vétustes?
M. Cloutier : Bien, c'est
évident, sur l'île de Montréal, c'est 95 % des écoles, ça fait que
choisissez n'importe quelle, les chances que vous vous trompiez sont à peu près
nulles. 95 % des écoles sont à retaper, alors il n'y a pas vraiment de
problème à la commission scolaire de Montréal.
Puis, pour ce qui est des autres écoles,
je vous dirais que les problèmes sont différents. En région, c'est davantage la
rénovation, mais, si vous êtes sur l'île de Montréal, dans le comté de Rosemont
du... du premier ministre, presque... du chef de l'opposition, je suis sûr
qu'il va vous dire d'agrandir, parce que 40 jeunes dans une classe, ce n'est
pas l'idéal non plus.
Mme Plante (Caroline) : Vous
vous êtes déjà prononcé sur l'aide alimentaire?
M. Cloutier : Absolument.
Mme Plante (Caroline) : Oui,
d'accord.
M. Cloutier : Et j'ai souligné
l'importance du recul du ministre, mais que nous allions quand même rester
vigilants pour nous assurer que les écoles qui en avaient obtenu... et qu'il n'y
a pas de jeunes qui, effectivement, ont le ventre vide, malgré cette nouvelle
annonce du ministre.
Mme Plante (Caroline) : Pour
vous, c'est bel et bien un recul.
M. Cloutier : Bien sûr que c'est
un recul important. Écoutez, le ministre avait nié les impacts, finalement
était revenu en Chambre pour dire : Oui, finalement, il y aura des
impacts, vous ferez des campagnes de financement sur le territoire, pour
finalement dire : Oui, on va élargir les critères pour s'assurer qu'il y a
plus de jeunes qui aient accès à de l'aide alimentaire. C'est non seulement un
recul, mais c'est aussi un gain pour nous, pour les jeunes du Québec. On est
très fiers d'avoir mené cette bataille-là.
La Modératrice
: Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres questions en français? Marco? On va donc passer en
anglais. Donc, Raquel Fletcher de Global.
Mme Fletcher (Raquel) :
Monsieur, est-ce que vous parlez anglais? O.K. Bien, je vais poser la question
en français quand même. Vous avez dit au journal ce matin que vous avez été
déplacé à peu près 27 fois.
Qu'est-ce que vous pensez de ce système?
Est-ce que, cette fois-ci, c'est la pire ou... c'est quoi votre impression? Pourquoi
il y a évidemment ce problème qui est plus systémique?
M. Cloutier : Est-ce que c'est
le pire déménagement pour toi, le 27e?
M. Lebel (Gino) : Bien, c'est
plus le 28e, parce que ça fait 27 fois. Je n'ai pas envie de la
28e fois, parce que, présentement, dans ma tête à moi, moi, je me bats
pour mon chez-moi. Puis, dans ma tête, ça va rester encore tout un combat que
je vais mener puis je vais me battre jusqu'au bout toujours. Puis moi, je vois
inconcevable d'être obligé de tout redéménager encore chez ma mère, au travers
de ça, qui a des problèmes de santé, puis ça occasionne des difficultés, tu
sais, un casse-tête qu'on n'aurait pas besoin, qu'on ne pensait avoir plus.
Mais là, tout d'un coup, on nous annonce que la fermeture va arriver. Le
casse-tête est revenu, puis c'est comme si on recommençait à la case zéro
encore.
Mme Fletcher (Raquel) :
Avez-vous une anxiété? Moi, je viens de déménager, je viens d'acheter une
maison, puis moi, je pense que ça va être ma maison pour toujours. Mais, pour
vous, c'est comme, chaque année, chaque mois, il y a toujours une peur d'être
déplacé ailleurs, puis peut-être dans un endroit que vous ne voulez pas aller. Est-ce
qu'il y a toujours une anxiété? Est-ce que vous rêvez d'un soulagement, d'être finalement
chez vous?
M. Lebel (Gino) : Bien, présentement,
c'est oui, c'est sûr, ça apporte, pour moi et les 20 autres résidents, c'est
sûr que ça nous apporte une anxiété qui est toujours là, mais nous autres, quand
même, si on vit ça, on reste heureux. Nous autres, on est ensemble, puis, quand
on est ensemble, c'est ça qui fait notre force. Ça fait qu'en étant réunis, on
est capables de rire puis on est capables de se dire : Regarde, il va y
avoir des développements parce qu'au début, je ne croyais jamais me rendre ici
puis aujourd'hui je suis présentement là en train de parler de la maison que je
ne pensais jamais que ça allait se rendre là. Ça, c'est sûr que l'anxiété est
toujours là.
Mme Fletcher (Raquel) : Le
ministre, ce matin, il a dit qu'ils ont fait un appel d'offres, puis c'était
votre maison qui a répondu, puis finalement ils avaient un plan de business
trop faible, puis ça n'a pas marché, puis c'est les patients qui vont payer
pour ça. Mais il a dit que c'est comme ça. Avez-vous un message pour le
ministre?
M. Lebel (Gino) : Bien,
regarde, le ministre, là, il viendra prendre ma place puis il viendra s'asseoir
dans mon fauteuil avec une machine pour l'aider à respirer. Là, peut-être qu'il
pourra dire : Ah! tu ne peux pas décider de quelque chose quand tu ne vis
pas toi-même la situation. Moi, ma maladie, je la donnerais à n'importe qui,
puis, regarde, je l'ai, puis Dieu a voulu que je l'aie, que je sois comme ça.
Bien, moi, je vis avec ça. Ma vie est ciblée là-dessus, puis je veux bien
continuer à vivre tant que Dieu va décider que je vis sur la Terre. Je vais
rester puis je vais continuer à me battre comme je me bats là, parce que depuis
toute ma vie, je me bats, ça fait que c'est ça présentement qui...
Mme Fletcher
(Raquel) : Mr. Cloutier, in English, because
the Minister made his comments in English, he said they had a tender, this
house responded to that tender, they had a weak business plan. It didn't work in
the end, so he said he's trying to find another solution, other than a CHSLD.
What is your message to him today?
M. Cloutier : Well, my message is : Find the right case for those people,
and stop playing with them, and make sure they will not have to leave their
home, their family, their friends, and it will cost much more to ask them to
move from their house than to keep them safe where they are. You have to
remember, they have build this house with their recommendation, of the Québec
Government, so the Québec Government has also the responsibility to make sure
they have all the money they need to keep their home.
Mme Fletcher (Raquel) : Is there anything else that you would like to say or that you're
going to say in question period directly to the minister about this issue?
M. Cloutier :
Well, I'm asking the Prime Minister, because that's also his riding, to make
sure that the service is offered like everywhere else in Québec and I want him
to make sure that we can keep this house for the next five, six months, the
time that we find a solution that will make sure all the resources they need is
there.
Mme Fletcher (Raquel) : And when is it scheduled to close?
M. Cloutier :
I'm sorry?
Mme Fletcher (Raquel) : When is it scheduled to close?
M. Cloutier :
Well, if we're able to find $25,000 per month until December, we think that we'll
be able to find a permanent solution to the financing problem.
Mme Fletcher (Raquel) : Otherwise, it will close right away.
M. Cloutier :
Yes. Unfortunately, otherwise, it will close July 1st. So it's right now. They
have to find a decision now. We cannot go any further.
Des voix
:
Merci.
(Fin à 13 h 53)