(Quatorze heures trente-six minutes)
Mme Massé : Merci beaucoup.
Alors, bonjour, tout le monde. Heureuse de vous retrouver avec l'équipe
solidaire pour cette nouvelle session qui débute. Alors, je vous dirais que
pour nous, à Québec solidaire, cet automne, c'est d'économie que vous entendrez
parler parce que, comme parti progressiste, nous avons des solutions et nous
voulons les faire entendre haut et fort. Alors, l'économie de dirigeants de M.
Couillard est une économie dont on connaît les résultats, et nous, à Québec
solidaire, ce qu'on veut mettre de l'avant, ce n'est pas une économie de
dirigeants, vous vous en doutez bien, mais bien une économie de travailleurs, travailleuses.
Nous allons proposer, tout au long de
l'automne, des solutions très concrètes pour améliorer les conditions de
travail et les conditions de vie de 60 % des Québécois et Québécoises qui
ne sont pas syndiqués. Donc, ça veut dire des gens qui se lèvent le matin, qui
vont travailler, qui créent de la richesse et qui, par contre, n'ont que pour
seule protection la Loi des normes du travail. Ça veut dire quoi? Bien, bien
sûr que cette loi, le gouvernement libéral nous a annoncé qu'il voulait la
réformer. Parfait, on va être au rendez-vous et on va se rappeler d'une chose,
et entendons-nous bien, si les travailleurs, travailleuses syndiqués ont les
syndicats pour les défendre, si les patrons d'entreprise, de PME ont le
patronat pour les défendre, les non-syndiqués ont Québec solidaire pour les
défendre.
Alors, concrètement, ça veut dire quoi?
Vous ne serez pas surpris, on revient avec le 15 $ l'heure. On va revenir
ici, à l'Assemblée nationale, pour un salaire minimum qui permet aux gens de
sortir de la pauvreté, mais on va être sur le terrain aussi avec les mouvements
sociaux qui, comme nous, ont compris qu'une des façons d'améliorer les
conditions de vie des gens, c'est de leur assurer un salaire minimum décent.
Nous voulons augmenter le nombre de semaines
de vacances à quatre semaines après une année constante... une année continue,
pardon, de travail. Pourquoi? Bien, parce que l'être humain n'est pas né pour travailler
seulement. L'être humain est né pour vivre, et, dans la situation actuelle, nos
gens, notre société, notre monde se retrouvent avec des qualités de vie qui
sont malheureusement... ils vivent beaucoup de détresse, ils vivent beaucoup de
stress, ils et elles vivent beaucoup de burn-outs, comme on le sait,
d'épuisement professionnel, et on pense que quatre semaines par année, c'est
une façon de reconnaître que nos employés, lorsqu'on est gestionnaire
d'entreprise, nos employés sont ceux et celles qui nous permettent de créer de la
richesse.
On veut aussi augmenter le nombre de congés
sociaux. Pourquoi? Bien, justement, quand vous avez un travailleur sur quatre
qui vit de la détresse psychologique, ça nous coûte cher socialement de ne pas
prendre soin de ces gens-là. Et on souhaite augmenter, donc, les congés sociaux
d'une part en augmentant de deux congés fériés la banque des congés fériés ici,
au Québec, et une banque de congés sociaux pour permettre de répondre à
l'ensemble des impératifs que nous avons comme chefs de famille, comme conjoints
et conjointes, comme parents ou comme aidants, aidantes naturels, disent-ils.
On veut aussi faire en sorte, parce que
ça, ça fait partie d'éléments troublants pour les jeunes, on veut faire en
sorte que les jeunes... les gens puissent obtenir leur horaire de travail au
moins cinq jours à l'avance. Alors, c'est majeur, ça, parce qu'actuellement il
y a des employeurs qui, à raison de 24 heures, vont donner l'horaire de
travail aux gens. Comment vous voulez planifier votre vie quand vous ne savez
pas ce qui va arriver demain, après demain, la semaine prochaine? Ce n'est pas
bon pour la famille, ce n'est pas bon pour la communauté, ce n'est pas bon pour
la santé mentale non plus des travailleurs, travailleuses. Donc, on pense que
d'obtenir les horaires de travail cinq jours à l'avance, c'est un minimum.
Un autre élément qui touche
particulièrement les jeunes, mais je dirais les gens qui arrivent à l'emploi, c'est
la fin des clauses de disparité, ce qu'on appelait historiquement les fameuses
clauses orphelin. Il faut que, dans la loi actuelle, il y ait plus de mordant
puisqu'on dit que les clauses de disparité sont interdites, mais, en même temps,
les employeurs se rattrapent au niveau du régime de retraite ou des assurances
collectives. Ils font en sorte que les jeunes travailleurs, travailleuses se
retrouvent donc dans des conditions différentes que ceux et celles qui sont
entrés auparavant dans l'entreprise.
Et finalement, mesure qui nous apparaît
tomber sous le sens dans une société qui respecte ses gens, c'est
l'interdiction aux employeurs d'obliger du temps supplémentaire puisque c'est
ce qui est actuellement au niveau des normes du travail.
Donc, voilà par où Québec solidaire entend
parler d'économie cet automne.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Manon. Bien, ces mesures-là, ce sont des mesures qu'on va défendre tout au long
de l'automne, à chaque occasion qu'on va avoir de le faire, mais c'est aussi
des mesures qu'on va mettre en place si Québec solidaire forme le prochain
gouvernement.
Philippe Couillard répète sans cesse que
l'économie va bien. Mais pour qui est-ce qu'elle va bien vraiment, l'économie
du Québec? Elle va bien, en fait, pour les gens qui profitent des politiques
économiques de Philippe Couillard. Ça, c'est les dirigeants, et les dirigeants,
au Québec, c'est une minorité de personnes. L'économie va bien pour les
dirigeants de Couche-Tard, elle va bien pour les dirigeants de Bombardier;
l'économie va bien pour les cadres de l'ARTM, l'économie va très bien pour
Pierre-Marc Johnson, qui a vu son salaire doubler la semaine dernière. Pour
tous ces gens-là, oui, l'économie va très bien.
Mais, pour la majorité des gens au Québec,
c'est le contraire; l'économie, elle ne va pas bien du tout. Pour le monde
ordinaire, pour les gens qui travaillent au salaire minimum, pour les familles
qui doivent s'endetter pour payer leur épicerie, pour les gens qui... pour des travailleurs,
travailleuses qui s'alimentent dans des banques alimentaires, pour ces gens-là,
l'économie, elle ne va pas bien. Il n'y a jamais eu autant d'épuisement
professionnel au Québec, il n'y a jamais eu autant de burn-out, il n'y a jamais
eu autant d'endettement dans les familles de la classe moyenne. Ça, ce n'est
pas des signes d'une économie en santé, au contraire, c'est les signes d'une économie
qui va mal et c'est les symptômes de l'économie de dirigeants de Philippe
Couillard.
Philippe Couillard parle beaucoup de taux
de chômage. Il nous dit que le taux de chômage est bas et que donc l'économie
va bien. Il faut faire bien attention avec le taux de chômage. Le taux de
chômage, ça ne dit pas tout sur l'état de notre économie. Au temps des
pharaons, il n'y avait pas de chômage, puis ça ne veut pas dire que les
conditions de travail étaient bonnes, bien au contraire. Philippe Couillard
parle aussi beaucoup de création d'emplois. Il nous dit qu'il a créé énormément
d'emplois et que c'est un signe, donc, aussi que l'économie va bien. Depuis
qu'il est au pouvoir, Philippe Couillard a créé à peu près 50 000 emplois
par année. Ça, c'est exactement la moyenne des 25 dernières années. Il n'y
a rien d'exceptionnel dans ces statistiques-là. Ce n'est pas un exploit d'avoir
créé 50 000 emplois, bien au contraire, c'est tout simplement normal.
Bref, en matière d'économie, Philippe
Couillard a choisi son camp. C'est celui des dirigeants de Couche-Tard, c'est
celui du Conseil du patronat du Québec. Bien, ça tombe bien parce que Québec
solidaire aussi a choisi son camp en matière d'économie, c'est celui des
travailleurs et des travailleuses du Québec. Alors, M. Couillard, on se revoit
en élections.
M. Khadir
: Les quatre
semaines de vacances, ce n'est pas pour les journalistes, hein? C'est excluant
les journalistes.
M. Boivin (Mathieu) : Les
années électorales, ça va. On s'en sort bien. Écoutez, bien entendu, la
première critique qui va venir, c'est les gens qui vont dire : Bien oui, c'est
bien beau tout ça, mais vous allez sacrer l'économie à terre. La moitié des
entreprises, qui sont des PME, ne pourront pas offrir ne serait-ce que la
moitié de ce que vous proposez là à leurs employés, et donc vous allez
desservir, au bout du compte, les gens que vous prétendez aider.
Mme Massé : Bien, je commence
puis tu compléteras, hein? Premièrement, on a entendu ces critiques-là de façon
généralisée sur la question du 15 $ l'heure. Ce qu'on extrait, lorsqu'on
ne voit pas que le 15 $ l'heure, ce que ça permet, c'est à des gens qui
n'arrivent pas à répondre à leurs besoins de base. Et mes besoins de base, c'est
le commerce du coin où est-ce que je veux aller m'alimenter, c'est le film que
je vais peut-être aller voir parce qu'avant je n'avais pas l'argent pour aller
le voir. Un dollar qui augmente mon salaire minimum, un dollar de plus, c'est
un dollar directement investi dans l'économie locale. Ça, c'est un premier
élément.
L'autre élément, la question des semaines
de vacances. Vous savez que des employés en santé, en santé physique, en santé
mentale, des gens qui sont disposés, qui sont reposés, qui sont en forme à tous
les niveaux, c'est des gens qui sont beaucoup plus productifs. Et là aussi, les
entreprises vont se retrouver à y regagner. L'enjeu, c'est qu'actuellement on
ne voit l'économie que du point de vue des patrons, desquels... ce qu'ils nous
envoient, c'est le signal que ça va mettre à terre l'économie, alors que dans
les faits, lorsqu'il y a une hausse des conditions de vie et de la qualité de vie
des travailleurs, travailleuses, il y a une hausse de productivité aussi des
mêmes travailleurs, travailleuses.
M. Boivin (Mathieu) : Vous
faites le pari que c'est l'effet que ça va avoir, mais vous ne pouvez pas en
être certains. S'il fallait que l'expérience montre qu'au contraire c'est
néfaste, vous seriez arrivés avez un remède bien pire que le poison.
M. Nadeau-Dubois : Dans tous
les pays où il y a eu une volonté d'augmenter le salaire minimum, les membres
de l'élite ont poussé les hauts cris, ont dit que ça allait être une
catastrophe économique. Et, quand on écoute parler Philippe Couillard, on a
l'impression que l'augmentation du salaire minimum, c'est la 11e plaie
d'Égypte.
Dans les faits, là, les endroits où on
augmente le salaire minimum, parce qu'on l'a fait dans plusieurs endroits en
Amérique du Nord dans les dernières années, la catastrophe annoncée ne s'est
pas produite. Alors, si M. Couillard a si peur de la réaction des
dirigeants québécois, moi, je lui conseille de consulter cette semaine sa
vis-à-vis ontarienne, qui est membre de la même famille politique que lui, pour
lui demander pourquoi Mme Wynne a décidé, elle, d'augmenter le salaire minimum à
15 $de l'heure.
Ce qui manque, c'est le courage politique.
Ce qui manque à M. Couillard, c'est la volonté politique de redonner un peu
d'air aux gens qui font rouler l'économie du Québec. Mais je le répète, dans tous
les endroits où on a augmenté le salaire minimum, la catastrophe qu'on
annonçait ne s'est pas produite, et Manon l'a bien dit pour les vacances, dans
les pays européens où on donne davantage de vacances, on remarque une
augmentation de la productivité. Parce que ça, il faut le rappeler, deux
semaines de vacances par année, là, ce n'est pas la norme dans les pays
développés, c'est l'exception. Le Québec est un des pays développés où on donne
le moins de vacances aux employés, et la conséquence directe de ça, c'est une
perte de productivité liée notamment, mais pas seulement, à l'explosion des
burn-outs depuis quelques années.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Vous critiquez le nombre d'emplois créés par le gouvernement libéral dans les
dernières années. En quoi les mesures que vous annoncez aujourd'hui vont
favoriser une meilleure création d'emplois?
M. Nadeau-Dubois : Ça va créer
de l'emploi parce qu'encore une fois, on le répète, ça fait des années... et
Manon vient de le dire, quand on augmente le salaire minimum, là, cet argent-là
ne s'en va pas aux Bahamas, cet argent-là ne s'en va pas en spéculation
boursière. Quand on augmente le salaire minimum, cet argent-là, il est
directement réinvesti dans l'économie locale et régionale. Les gens qui, en ce
moment, font 12 $, 13 $ de l'heure, là, vous leur donnez 15 $,
là, ils ne se partiront pas un REER. Ils vont s'acheter de la meilleure
nourriture, ils vont se prendre un meilleur logement puis ils vont acheter
peut-être un cadeau de Noël de plus à leurs enfants, et ces dépenses-là, ils
vont les faire dans l'économie du Québec. Et, en faisant rouler l'économie du
Québec, on va créer des emplois.
Ce qui plombe la croissance économique
actuellement, ce n'est pas que les gens ont trop d'argent à dépenser, ce n'est
pas que les ménages ont trop de moyens, c'est, au contraire, l'essoufflement de
la classe moyenne, le fait que le pouvoir d'achat de la classe moyenne stagne.
C'est ça qui ralentit l'économie d'un pays comme le Québec et de d'ailleurs
beaucoup d'autres pays développés. Ce n'est pas que les gens ont trop d'argent,
c'est qu'ils n'en ont pas assez. Si on redonne de l'air à la classe moyenne,
c'est de l'argent qui va être réinvesti dans l'économie.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Donc, pour vous, ça va se faire naturellement, simplement. Il n'y a pas
d'autres mesures à faire que d'augmenter le salaire minimum.
M. Nadeau-Dubois : Moi, ce que
je trouve qui relève de la pensée magique, c'est l'idée selon laquelle, si on
baisse les impôts des plus riches, cet argent-là va magiquement retomber sur
les plus pauvres de la société. Ça, c'est de la pensée magique. Redonner de
l'argent aux gens dont on sait qu'ils vont la dépenser dans l'économie, ce
n'est pas de la pensée magique, c'est de l'économie.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Donc, une baisse d'impôt, avec Québec solidaire au pouvoir, c'est à ne pas
considérer?
M. Khadir
: De
meilleurs impôts.
M. Nadeau-Dubois : En fait,
pour répondre à votre question, la priorité, en ce moment, au Québec, ce n'est
pas de baisser les impôts; la priorité, c'est d'augmenter les salaires des
Québécois et des Québécoises pour qu'ils puissent
Mme Lamontagne (Kathryne) : M.
Khadir, vous avez dit de meilleurs impôts. Je serais quand même curieuse...
M. Khadir
: On a, à
plusieurs reprises, lors des campagnes électorales, montré comment on peut
rééquilibrer les impôts en faveur d'une majorité de la population qui en paient
en partie moins, qui paient le même impôt et surtout faire contribuer mieux les
riches. Ça veut dire au total qu'on a plus d'impôts pour l'État, mais ceux qui
en paient trop actuellement, les faibles salariés de la classe moyenne, voient
leur impôt allégé.
M. Vigneault (Nicolas) :
Donc, est-ce à dire que vous êtes quand même favorables, pour une certaine
partie de la population, à des réductions de fardeau fiscal ou appelons ça
baisses d'impôt?
Mme Massé : Oui, oui,
oui. On l'a toujours dit, justement, dans le rééquilibrage dont Amir vient de
parler, c'est important parce qu'actuellement, avec les quatre paliers
d'impôt... les cinq paliers d'impôt, pardon, ça crée de l'injustice notamment
au niveau de la classe moyenne. Nous, c'est un rééquilibrage là-dedans, ça fait
que oui il y en a qui se verront alléger, mais il y en a d'autres qui se
verront aussi augmenter leur fardeau fiscal.
M. Vigneault (Nicolas) :
Donc, l'idée du gouvernement... par exemple, on annonce déjà, là, qu'au
prochain budget il y aura des baisses d'impôt. La CAQ veut ça aussi. Vous vous
logez moins dans cette... Où vous vous logez exactement dans tout cet
univers-là?
M. Nadeau-Dubois : Le
problème, c'est la logique mur à mur des partis comme le PLQ et la CAQ qui font
de la politique démagogique et qui baissent les impôts pour tout le monde, y
compris des gens dont ils ont... comment dire, des gens qui n'ont pas besoin de
baisses d'impôt.
En allant vers une fiscalité plus
progressive, comme on le propose à Québec solidaire, en ajoutant des paliers
d'imposition, on est en mesure d'avoir une fiscalité plus intelligente où on
s'adapte réellement à la capacité de payer de chaque contribuable, de chaque famille.
Donc, ça, ça veut dire des gens qui paient trop d'impôt puisqu'ils sont dans la
limite supérieure d'un palier. Bien, ces gens-là vont voir leur part d'impôt
diminuer, puis les gens qui ont les moyens d'en payer davantage, à commencer
par les dirigeants des grandes entreprises, bien, ces gens-là, oui, on va leur
demander davantage.
M. Vigneault (Nicolas) :
Il y a un sujet qui va revenir... Je comprends que vous voulez parler
d'économie, mais la laïcité risque d'occuper pas mal le terrain au cours... D'ailleurs,
ça reprend demain, là, le projet de loi n° 62, évidemment l'étude article
par article.
Est-ce que vous êtes ouverts à certaines
propositions? Comment vous trouvez ce qu'il y a sur la table actuellement?
Est-ce que le gouvernement va assez loin? Il y a des gens qui sont venus en
commission, la Fédération des médecins spécialistes notamment qui dit que ça
n'a pas de bon sens actuellement ce qui se passe dans certains hôpitaux de
Montréal. La CSDM, la même affaire, la même chose, c'est-à-dire la commission
scolaire qui dit : Écoutez, on gère des accommodements raisonnables de
façon incroyable et c'est anormal. Est-ce que, par exemple... et la CAQ loge du
côté où on doit défendre l'identité du Québec. De ce côté-là, est-ce que vous
êtes... votre position sur les accommodements...
M. Nadeau-Dubois : La
position de Québec solidaire sur cet enjeu-là, elle n'a jamais changé en
10 ans, et on est probablement le seul parti qui a eu cette cohérence-là
et cette constance-là dans le débat sur le port de signes religieux. La
position de Québec solidaire a toujours été une position de compromis. On pense
que ce débat-là s'est malheureusement éternisé, puis tout ce qui traîne se
salit, comme on dit. Là, il est temps qu'on agisse et, pour nous, il faut que tous
les partis fassent un effort de compromis puis se dirigent vers une solution
qu'on connaît depuis maintenant 10 ans.
M. Vigneault (Nicolas) :
C'est quoi la solution?
M. Nadeau-Dubois : C'est
les recommandations de la commission Bouchard-Taylor qui disait : La
meilleure manière de tourner la page sur le débat, c'est de demander aux
employés de l'État qui sont en position d'autorité coercitive de ne pas porter
de signes religieux. Ce n'est pas la position parfaite et peut-être qu'elle ne
plaît pas a tout le monde, mais elle a le grand avantage, cette position-là,
d'être une position de compromis. Parce que là, après 10 ans de débats, de
commissions, de forums, de projets de loi, là, il faut agir, là.
Et nous, on n'est pas pour rallonger les
travaux de la commission sur le projet de loi n° 62. On veut aller d'un
bon pas, tourner la page, faire les précisions qui doivent être faites dans le projet
de loi puis passer à autre chose, parce qu'il y a beaucoup d'autres enjeux, beaucoup
d'autres débats dont il faut s'occuper au Québec. Là, après 10 ans de
débats sur le port de signes religieux, je pense qu'on est prêts à être en
action.
M. Vigneault (Nicolas) : Donc,
vous n'allez pas aussi loin rapidement que le PQ en disant : Dans les garderies,
par exemple, dans les écoles et tout ça, là, on doit intervenir.
M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne
comprends pas pourquoi le Parti québécois revient avec cette position-là, alors
qu'en janvier dernier, suite aux attentats de Québec, il y a un compromis qui a
commencé à émerger. Et d'ailleurs tout le monde convergeait dans la position de
Québec solidaire à ce moment-là. Et malheureusement, et là, ça, ce sont
aussi les libéraux qui en portent l'odieux, tout le monde est rapidement
retourné sur ses positions partisanes, puis on est passés à côté d'une occasion
historique de tourner la page sur ce débat-là. Nous, on pense qu'il faut
revenir au compromis qui se dessinait suite aux attentats de Québec.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Quelles répercussions appréhendez-vous, si ce débat-là n'est pas terminé, n'est
pas clos lors des prochaines élections générales?
M. Nadeau-Dubois : Bien, le
débat, il s'est déjà trop éternisé, et plus il s'est éternisé, plus il y a des
gens qui en ont fait les frais, notamment les femmes de la communauté
musulmane. Toutes les statistiques montrent qu'il y a eu une augmentation des
actes haineux, qu'il y a eu une augmentation des gestes d'agressivité à leur
égard. Ça, c'est un problème.
Et l'idée n'est pas de blâmer quiconque en
particulier, mais de dire : On a tous une responsabilité à ce stade-ci,
après 10 ans, de tourner la page, de trouver une position de compromis.
Et, en effet, si un ou plusieurs partis politiques décident de relancer le
débat, bien, ça va avoir des conséquences sur la vie des gens. Ça, c'est
certain. Les débats qu'on a ici, à l'Assemblée nationale du Québec, on ne les
fait pas en vase clos. Ces débats-là, ils ont des conséquences sur la vie des
gens, puis il faut en tenir compte quand on mène un débat comme celui aussi
sensible que celui sur les signes religieux.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Je
veux revenir rapidement sur l'utilisation des surplus budgétaires. Bon, on
évoquait le chiffre de 2, 2,5 milliards de dollars. C'est un montant qui
fait rêver certains. Vous avez parlé de classe moyenne. Une question de
sémantique : Qui paie trop d'impôts, selon vous, et qui en paie de façon
insuffisante, juste pour donner un salaire, peut-être, pour que les gens
auxquels vous faites référence s'identifient à la maison?
Mme Massé : Bien, moi, je n'ai
pas le... Peut-être qu'Amir tu te souviens, le «fine tuning», là, 10 paliers.
M. Khadir
: Oui.
Regardez, au Québec, si on se fie sur les dernières statistiques fiscales des
particuliers, le 1 % le plus riche, là, pour prendre cet exemple-là, pour
savoir de quoi on parle, c'est 40 000 contribuables qui gagnent en
moyenne plus que 250 000 $. D'ailleurs, c'est le dernier échelon dans
la table de l'échelle salariale. D'accord? Au-dessus de 250 000 $, il
y en a 40 000 au Québec. Ça, ça forme 1 %, hein? Ça tombe bien,
on est 4 millions de contribuables, il y en a 40 000. C'est sûr que
dans cette catégorie, dans cet échelon, il y a plein de moyens d'éviter de payer
de l'impôt, que ça soit parce qu'une bonne partie, presque la moitié, du revenu
de ces gens-là, vient de dividendes plutôt que d'un salaire. Donc, c'est imposé
à moitié.
Alors, il y a cette catégorie de
contribuables très riches, et on ne parle même pas de ceux qui gagnent
au-dessus d'un million, qu'il va falloir inviter à contribuer plus largement à
l'assiette fiscale. D'ailleurs, il y a des entrepreneurs très responsables. Je
pense à M. Simons, par exemple, qui est intervenu un peu à la manière de Warren
Buffet, de dire : Moi, comme capitaliste, entre guillemets, responsable,
je pense que, dans notre société, il y a un problème, il y a trop d'inégalités,
et je suis prêt à faire ma part. Et je pense que c'est dans cette optique-là
que Québec solidaire chercherait à avoir un régime fiscal plus approprié.
Et, je pense, le pire service qu'on peut
se rendre, c'est prendre ces surplus qu'on a fait sur le dos des services
publics, de dire : Bien là, je vais distribuer, là, des congés d'impôt.
Ça, c'est très électoraliste et ça nuit à notre... et quand tu demandes
d'ailleurs l'opinion des gens, les gens ne veulent pas ça. Même chez les
conservateurs, il y avait eu un... je vous le rappelle, je le répète à qui veut
entendre, notamment M. Couillard, qui est un conservateur en pensée,
l'Institut Broadbent avait fait une large consultation en 2012, avait demandé
aux gens : si vous avez la chance de choisir entre des baisses d'impôt et
de meilleurs services publics, de mieux financer les services publics, qui choisiriez-vous?
Non seulement une majorité de Canadiens, mais une majorité de conservateurs
avaient dit : les services publics.
Alors, nous, on pense, c'est là que
doivent aller ces surplus. Il faut absolument réparer tout le dégât causé par
l'austérité.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
O.K. Donc, si j'ai bien compris, dans un meilleur financement des grandes
missions de l'État, puis vous, en gros, vous souhaitez augmenter les impôts et
les charges fiscales de 1 % des contribuables, ceux qui gagnent
250 000 $ par année.
M. Khadir
: Non,
non. J'ai donné un exemple pour donner où est-ce que se situent les très
riches. On a déjà introduit une table progressive. Plus tu montes dans
l'échelle salariale, à partir de 125 000 $ en montant, plus ta
contribution devient un peu plus grande.
M. Nadeau-Dubois : En
matière de fiscalité, là, le pire ennemi des débats, c'est la démagogie et c'est
de penser qu'il y aurait deux options dans la vie en matière de fiscalité :
soit on baisse les impôts pour tout le monde, soit on augmente les impôts pour
tout le monde. La réalité est plus compliquée que ça. Notre impôt, au Québec,
il est progressif, il y a des paliers. Il y en a déjà eu jusqu'à 16, des
paliers, au Québec. Ça, ça permettait à notre fiscalité de s'adapter à la
capacité de payer de chaque famille. Aujourd'hui, des paliers, il n'y en a plus
que trois.
Alors, nous, une des propositions qu'on a,
une des propositions qu'on a à Québec solidaire, c'est d'ajouter des paliers
d'imposition, pas d'augmenter l'impôt de tout le monde, d'augmenter le nombre
de paliers d'imposition, et ça, ça permet à la fiscalité québécoise, donc, de
s'adapter plus précisément à la capacité de payer de chaque famille.
Donc, il ne s'agit pas de dire : soit
on baisse pour tout le monde ou on augmente pour tout le monde. Il s'agit
d'avoir une fiscalité plus intelligente puis de passer à une fiscalité à cinq,
six, sept, huit paliers. Ça peut se faire d'ailleurs progressivement.
Le Modérateur
: On va
prendre les questions en anglais.
Mme Johnson (Maya) : Bonjour.
Hello. Maya Johnson, CTV News. I would just like to revisit
the allegations concerning Jean-Marc Fournier. He's been making the rounds, he
has denied that any of this is true. He has called into question Mr.
Francoeur's credibility given that he said Mr. Bachand was at this meeting and
apparently Mr. Bachand was not there, it was Claude Béchard. How do you
interpret these explanations from Mr. Fournier?
M. Khadir
: It's too easy to question the
credibility of Mr. Francoeur. How about judge Charbonneau? Can Jean-Marc Fournier question the credibility
of judge Charbonneau? Judge Charbonneau has included the testimony of Paul
Sauvé in her report as being credible, and that testimony incriminates directly
Jean-Marc Fournier in
wrongdoings in relation to the financement of the Liberal Party.
I think Jean-Marc Fournier has no credibility. He's
the suspect number two of the scandalous corruption installed in Public Affairs
by the Liberal Party over the 15 last years. So Jean-Marc
Fournier has just to stop.
Mme Johnson (Maya) : And you expect him to do what in the meantime?
M. Khadir
: To give his resignation. Now,
how can he really come in front of us and maintain that he has nothing to do
with the Charest era? I remind you, we have spent $50 million because we had
problems, because we needed to know who were the responsible of that scandalous
way of financing the Liberal Party by giving extras to construction companies.
And there are of course criminal responsibilities, but there are also political
responsibilities.
I remind you, he was
officer number two in the level of responsibilities of the Liberal Party, and
the way things were organized, it was systematic. These guys who were in
charge, they cannot deny that. So, they bear responsibilities, he has to stop.
Mme Johnson (Maya) : And, as far as you are concerned, is this just a sign of what's to
come in terms of the tone, if you will, at the National
Assembly, where the issues that you want to focus on, the economy, extra
vacation, increase minimum wages, become issues that go under the radar because
of these other distractions?
M. Khadir
: Well, that's a way of putting things, but there is a
solution to that, that Mr. Couillard exert a better judgment in way he
associates people with himself. Mr. Jean-Marc Fournier was in charge doing the
Charest time. Mr. Couillard told us he wants to turn the page. How can he
reconcile these two aspects? He has Jean-Marc Fournier, suspect number two of
the scandalous corruption of the Charest era. So Mr. Couillard can allow us to
get rid of these problems by exerting a better judgement and sacking away Mr.
Jean-Marc Fournier.
Des voix
:
Merci.
(Fin à 15 h 3)