(Treize heures)
M. Lisée
: Bonjour. Je
suis avec ma collègue Agnès Maltais qui est porte-parole en matière de laïcité,
qui est très occupée en ce moment avec le projet de loi n° 62. On veut
aujourd'hui réagir et faire une proposition concernant le visage couvert ou
découvert dans l'espace public au Québec. Pourquoi? Bien, d'abord, parce que
le projet de loi n° 62, avec ses nouveaux amendements, crée une situation
d'interdiction partielle du visage couvert en ayant inclus les municipalités et
les services de transport. Et donc, si le projet de loi était adopté
aujourd'hui, le Québec se joindrait à un certain nombre de nations qui ont
décidé d'une interdiction partielle du visage couvert, en particulier des
niqabs et des burqas.
Évidemment, la façon dont le projet de loi
est écrit est inapplicable. On a vu le maire de Montréal dire avec raison :
Bien, qu'est-ce qui va se passer si une personne en burqa arrive dans
l'autobus? Est-ce qu'on va lui demander de montrer son visage ou non? Est-ce
que c'est le trajet? Est-ce que la prestation de service, qui sont les termes,
est-ce que le service, c'est le trajet ou le service, c'est seulement
l'identification? Donc, ce projet de loi est mal ficelé, mais, en tout cas, le
fait est qu'ils ont introduit cette notion-là.
Deuxièmement, dimanche dernier, le débat
sur le port de masques dans des manifestations s'est réimposé à la société
québécoise, et on a vu des images de manifestants masqués qui intimidaient une
manifestante non masquée, et il y a eu des agressions envers des policiers. Et
le maire Labeaume, cette semaine, a eu le cran de lever le tabou sur une
discussion que le Québec doit avoir comme d'autres sociétés sur l'opportunité
de réglementer le visage couvert ou découvert dans l'espace public. Alors,
déjà, dans le monde, ces derniers 10 ans, un très grand nombre de sociétés ont
eu ce débat et en ont donné des réponses différentes : interdiction partielle
du voile aux Pays-Bas, en Norvège, en Allemagne, au Maroc; interdiction totale
en France, en Belgique, en Suisse, en Afrique de l'Ouest, au Cameroun, en
Bulgarie, en Autriche. Et donc ce sont des sociétés où le tabou a été levé, la
discussion a eu lieu, et nous pensons que le Québec doit en être.
Nous avions pris une position déjà là-dessus
lorsque nous avons annoncé, en novembre dernier, notre position sur les
questions identitaires en disant que le gouvernement du Parti québécois créerait
un groupe d'experts pour voir les expériences étrangères et proposer, à la fin
de ce processus, une mesure qui pourrait s'appliquer au Québec. Le débat étant
en accéléré ces jours derniers et puisqu'on débat d'un projet de loi qui touche
en partie ces questions, nous pensons que les Québécois sont prêts à avoir
cette discussion maintenant et donc nous allons introduire une proposition. Je
laisse la parole à Agnès.
Mme
Maltais
:
Nous proposons au gouvernement de faire une pause dans l'étude du projet de loi
n° 62. À l'évidence, le gouvernement actuellement, et je pense particulièrement
à la ministre de la Justice, n'est pas capable d'expliquer, je pense même ne
comprend pas totalement l'impact, sur les citoyens et citoyennes, sur les
Québécois et Québécoises, de sa loi. Nous proposons donc qu'on prenne une pause
et qu'on entende des experts internationaux, qu'on aille chercher, dans ces
sociétés où il y a eu interdiction partielle ou totale des visages couverts ou
du voile intégral, de les entendre et puis de mieux comprendre comment cela
peut s'appliquer. La difficulté qu'on a, c'est l'application. Et d'autant que
nous sommes dans un pays nordique, nous aurons donc intérêt à bien, bien, bien
cibler comment on va travailler avec cette situation.
Cette pause s'impose d'autant plus que je
vous dirais que, sur trois articles que nous avons étudiés jusqu'ici, deux sont
suspendus parce qu'on n'arrive pas à comprendre l'application. Donc, ce matin,
exemple, on a compris que les élus de l'Assemblée nationale étaient couverts
par le projet de loi sur la neutralité religieuse, donc que ça restreignait
leur liberté politique, leur liberté d'action et leur liberté de parole et même
la façon de gérer leurs bureaux de comté, leur agenda et que même cela... et
même la ministre était incapable d'expliquer et a même amené de fausses
explications sur la manière dont cela devait être géré.
Alors, il faut, de toute façon, prendre
une pause pour cette loi. On vient de le décider ce matin, on prend une pause
encore jusqu'à au moins 10, 15 jours. Il faut absolument prendre une pause pour
aller sur le fond des choses, comme nous l'a demandé d'ailleurs le maire de
Québec. Sur le fond des choses, sur l'application de cette loi en pays nordique,
il faut entendre des experts. On ne peut pas se contenter des explications
confuses de la ministre de la Justice actuellement.
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce que vous dites que, par exemple, le gouvernement Couillard est
responsable de la progression de certains groupes comme des groupes qui sont plus
liés à l'extrême droite?
M. Lisée
: Les gens qui
posent... qui ont des propos racistes ou haineux ou les gens qui posent des
gestes antidémocratiques, comme les gens d'extrême gauche, sont responsables
individuellement de leurs actes. Ce sont des adultes qui posent des gestes qui
ne sont pas acceptables. Il y a des conditions qui sont créées, et lorsqu'un premier
ministre vous dit à répétition depuis trois ans que, si vous êtes en désaccord
avec lui, vous êtes raciste et xénophobe, bien, il y a du monde que ça braque.
Et M. Couillard a, sur des positions où l'immense majorité des Québécois sont
en désaccord avec lui, comme l'interdiction des signes religieux pour les
gardiens de prison et les policiers, il leur a dit : si vous pensez ça,
vous pavez la voie à la xénophobie. Alors, qu'il y ait des gens qui se braquent
dans une situation où le premier ministre leur manque de respect, ce n'est pas
étonnant.
Mme Prince (Véronique) : Vous
le tenez indirectement responsable?
M. Lisée
: Il a créé
une situation où il a manqué de respect à des gens qui n'avaient pas son
opinion. Lorsqu'il a dit que ça prenait 60 000 immigrants par année et que
ça a été mis en question, il a répondu que ceux qui n'étaient pas d'accord
soufflaient sur les braises de l'intolérance. C'est, de sa part, une forme
d'intolérance.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Qu'est-ce que signifie l'interdiction du port du voile intégral dans l'espace
public? C'est la rue, c'est les commerces?
M. Lisée
: Bien, c'est
pour ça qu'on veut poser la question à l'Autriche, à la Suisse, à la France,
aux Pays-Bas. Par exemple, les Pays-Bas ont décidé seulement les édifices
publics et le transport en commun. J'aimerais demander à un représentant des
Pays-Bas : Pourquoi vous avez décidé ça? Pourquoi, vous, l'espace public,
la rue, les commerces, ça ne vous intéressait pas? Puis aux Français : Pourquoi
vous êtes allés jusqu'à la rue et aux commerces? Et à tous les deux : Bien,
comment vous avez appliqué ça? Puis aux Autrichiens puis aux Suisses, je dirais :
Il fait froid, des fois, chez vous. Comment vous appliquez ça dans une situation
nordique? On peut...
M. Salvet (Jean-Marc) : Mais
l'espace public, pardon, n'est pas déjà défini dans votre esprit, là. Ça aussi,
il faudrait le définir, là.
M. Lisée
: Bien,
l'espace public, par exemple, en France, c'est lorsqu'on est à l'extérieur,
selon ma compréhension. O.K.? Maintenant, il y a beaucoup de variables. Il y a
des pays qui ont donné des positions différentes. On est déjà, ce que les gens
ne se rendent pas compte... Le projet de loi n° 62 institue une
interdiction partielle. On a franchi un pas... Elle est inapplicable en ce
moment, de la façon dont c'est écrit. Alors, puisque les libéraux nous ont
amenés là, faisons correctement ce débat-là et apprenons des expériences
étrangères.
Mme Lamontagne (Kathryne) : Ça
fait des années, quand même, là, que ce débat-là se déroule au Québec. Vous êtes
conscients que ça étire encore le processus?
M. Lisée
: Bien, je
veux avoir une bonne loi. Je veux qu'on le fasse correctement. Et là, hier, le
premier ministre a dit, a réaffirmé le tabou, finalement. Il a donné raison à
Régis Labeaume en disant : Moi, je ne veux pas qu'on discute de ça. Notre
position, elle est arrêtée.
Bien, il faudrait peut-être écouter les
autres Québécois, qui sont bien représentés par Régis Labeaume, et par nous
aujourd'hui, et par plein de gens qui disent : Arrêtez de nous dire qu'on
ne peut pas débattre de ces choses-là. Au moins, ayons l'information. Ça se
passe dans d'autres grandes démocraties occidentales. Pourquoi, nous, on
n'aurait pas le droit d'avoir cette discussion-là?
M. Dion (Mathieu) : Il me
semble qu'il y a un peu moins d'un an vous avez dit : Adoptons ce projet
de loi là, réglons ça, puis, après ça, on parlera de d'autres choses puis on
remettra ça à... Non, ça, c'est M. Couillard qui a dit ça, on remettra ça à
l'élection. Mais vous n'aviez pas dit : Adoptons ça puis, après ça, on
verra, au moins pour qu'on puisse enfin avancer?
M. Lisée
: Alors, il y
a deux étapes. En novembre dernier, quand on a annoncé notre position sur
l'identité, les accommodements religieux et tout ça, on a élaboré l'ensemble de
notre position et on s'est dit : On verra ce qu'il y a dans le projet de
loi n° 62. On a déposé des amendements...
Mme Maltais : Et eux devaient
déposer des amendements. On attendait les amendements.
M. Lisée
: Et on
attendait les leurs, on avait les nôtres. On disait : Écoutez, s'ils
adoptent les nôtres, on va voter pour. Pour l'instant, on ne voit pas très bien
ce qui va se passer. Mais aussi, après l'attentat de la mosquée de Québec, il y
a eu un moment de grâce où on a dit... même François Legault était prêt, ce qui
était rare pour lui, de mettre de l'eau dans son vin, puis on a dit : On
pourrait adopter quelque chose unanimement puis chacun fera un pas en avant. La
seule personne qui a refusé de faire le pas, c'est le premier ministre. C'est
pour ça que la loi n'est pas adoptée.
Alors, cette fois-ci, on est à un an de
l'élection. Évidemment, la vraie solution, c'est un gouvernement du Parti
québécois qui pourra correctement légiférer là-dessus, mais notre position
depuis trois ans, c'est : on essaie de faire le maximum pour le Québec en
attendant notre élection où on pourra vraiment agir.
Mme Lévesque (Catherine) :
Qu'est-ce que vous suggérez pour entendre ces experts-là? Est-ce qu'on parle de
consultations? Est-ce qu'on parle d'une commission? C'est quoi que vous
suggérez?
M. Lisée
: Il y a une
commission parlementaire en cours. Il y a des députés qui sont devenus des
experts de ces questions-là.
Mme Lévesque (Catherine) : Vous
suggérez de prendre une pause.
M. Lisée
: Alors, j'ai
dit : On prend une pause dans l'étude article par article du projet de loi,
on fait venir des experts, des experts locaux, mais aussi des experts étrangers
qui viennent nous expliquer comment ça s'est passé dans d'autres pays, pourquoi
ils ont pris une interdiction partielle ou totale, comment ça s'est appliqué,
quelles sont les difficultés, quelles sont les leçons qu'on pourrait en tirer.
Et là on serait éclairés par ces expériences-là et on pourrait proposer une
façon québécoise de faire les choses.
M. Salvet (Jean-Marc) : Le gouvernement
de Pauline Marois avait décidé de ne pas aller dans cette direction-là, celle
de l'interdiction du port du voile intégral. Pourquoi, dans un premier temps...
ou peut-être n'avait-il pas pris de décision à ce sujet-là, peut-être que le
sujet n'est simplement pas tombé sur la table du Conseil des ministres à
l'époque. Donc, ça n'a pas été retenu. En tout cas, on n'a jamais vu ça dans la
charte des valeurs.
M. Lisée
: Effectivement,
bien, sauf le visage découvert pour la prestation et...
M. Salvet (Jean-Marc) : ...du
voile intégral dans la rue.
M. Lisée
: Oui, pour la
prestation et la réception de services, c'était déjà là. Mais moi, j'en ai
parlé dans ma course au leadership, et c'est maintenant la position du Parti
québécois, et donc on est cohérents dans notre volonté d'action.
M. Dutrisac (Robert) : Maintenant,
si je comprends bien l'économie, si on veut, du projet de loi n° 62, c'est
un projet de loi où les accommodements raisonnables s'appliqueraient à cette défense-là
de recevoir les services à visage découvert, des services publics à visage
découvert.
Est-ce que ce n'est pas ce qu'il faut
comprendre? Est-ce qu'il faut comprendre que la démarche du gouvernement, c'est
de dire : Ça va être permis de toute façon puisque ça va faire l'objet d'accommodements
raisonnables qui sont supposément du cas par cas? Mais on sait que, dans le cas
d'une société de transport, par exemple, ce serait quelque chose qui serait généralisé.
On n'aurait pas besoin de demander un accommodement à chaque fois, on se
comprend. Est-ce que ce n'est pas ça qu'il faut comprendre du projet de loi
n° 62?
M. Lisée
:
Écoutez, on peut critiquer pendant une demi-heure la façon dont le projet de
loi est conçu et rédigé, et donc c'est pour ça qu'il y a beaucoup de travail à
faire. Nous, on pense que, sur les accommodements religieux qui pourraient être
invoqués, il faut que le législateur québécois, dans le projet de loi, indique
beaucoup plus clairement les conditions dans lesquelles ce serait accepté et
que ça ne peut pas être pour un motif religieux. On dit : Le législateur
québécois considère qu'on ne peut pas demander à avoir le visage couvert pour
un motif religieux. Alors, déjà, on balise, là, très strictement. Là, on vient
d'enlever une capacité. Ensuite, les juges en débattront, puis on ira débattre
avec eux puis on ira plaider, mais le législateur devrait être clair dans la
façon dont il veut que les choses se passent. Pour l'instant, il ne l'est pas.
M. Dutrisac (Robert) :
La question des élus, moi, j'ai été un peu surpris de voir ça dans les
amendements, là, parce que, bon, vous connaissez très bien la cause qui a
opposé Québecor à l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale, les élus ne
sont pas soumis à la charte des droits, et il y a eu un jugement de la Cour
suprême là-dessus en Nouvelle-Écosse.
Où est-ce qu'on s'en va, là, avec ça, là?
Parce que, là, on leur impose un devoir de neutralité religieuse qui... bon, je
pensais aux budgets discrétionnaires, par exemple, ou des choses comme ça. Où
est-ce qu'on s'en va avec ça, là, avec les élus?
Mme Maltais : Je pense
que ce n'est pas pour rien que c'est à la demande du président même de
l'Assemblée nationale, qui est président de la Commission des institutions, Guy
Ouellette, qu'on a... qu'il a demandé une pause. C'est lui qui a demandé qu'il
y ait une pause. Pourquoi? Parce que, depuis un an, nous étudions le rapport du
Commissaire à l'éthique et à la déontologie, et que nous avons fait des
recommandations, et que, pendant cette année-là, jamais il n'a été question de
soumettre les élus de l'Assemblée nationale ou les élus municipaux, parce que
ça couvre aussi les élus municipaux, au devoir de neutralité religieuse.
Je pense qu'il y a un sérieux problème et
que la ministre, encore une fois, comme dans le cas des sociétés de transport,
n'avait pas du tout évalué l'impact de sa loi. Je lui ai posé la question mardi
dernier à la toute fin de la commission : Si je refuse de rencontrer Raël
ou l'équipe de raëliens, ce que j'ai déjà fait... On n'est pas dans un cas de
figure, là, je ne suis pas dans une hypothèse. Je le dis, je l'ai déjà fait
parce que c'est une secte. Bien, elle m'a dit : Je suis couverte par la
loi.
Donc, la liberté politique, la liberté de déclaration
devient touchée, et je suis non pas blâmable — moi, j'accepte d'être
blâmée — mais je suis poursuivable.
M. Lisée
: C'est-à-dire
elle serait en infraction pour ne pas rencontrer...
Mme
Maltais
:
Avec une loi et non plus avec le code d'éthique et de déontologie parce qu'on
est en train de modifier le code d'éthique et de déontologie sous le couvert
d'une autre loi en donnant des obligations d'un devoir de neutralité à des élus
qui ont le devoir parfois de prendre position.
Alors, c'est terrible, ce qui est en train
de se passer, croyez-moi. Ce n'est pas pour rien qu'il faut prendre une pause
sur cette loi-là. Elle est actuellement non seulement inapplicable, la ministre
ne la comprend pas. Elle n'a pas vu venir ça. Elle ne la comprend pas. Elle m'a
même répondu, puis là je reprends des choses à Jean-François, à M. Lisée, il y
a eu... Je lui ai demandé : Devant qui serais-je poursuivable comme élue?
Elle a dit : Devant le Commissaire à l'éthique. Le Commissaire à l'éthique
ne prend pas les plaintes des citoyens, donc elle erre, et le Commissaire à
l'éthique n'applique que le code d'éthique, il l'a dit maintes fois. Donc, elle
erre deux fois.
Il faut que ça arrête. Il faut qu'on prenne
une pause dans cette loi-là. Elle est incompréhensible pour la ministre de la
Justice.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
on comprend que les libéraux veulent quand même faire adopter leur menu
législatif. S'ils veulent continuer l'étude du projet de loi, vous allez quand
même continuer à collaborer à la commission parlementaire, là.
M. Lisée
: Bien oui. On
est convoqués, on est présents.
M. Bergeron (Patrice) : Donc,
ça serait un cul-de-sac, votre proposition, là.
M. Lisée
: Bien, nous,
on essaie... Des fois, ce qu'on propose est appliqué. Par exemple, pour les
demandeurs d'asile, on a dit : Ça prend un permis de travail le plus vite
possible. Hier, le premier ministre du Canada a dit la même chose que nous.
Donc, nous, on se lève le matin puis on dit : Ça va être difficile de
travailler pour le bien des Québécois, mais, des fois, ça marche : pour Parents
jusqu'au bout!, pour toutes sortes de causes, pour le 500 $ de crédit
d'impôt pour les aînés.
Mme
Maltais
: La
liberté d'expression, 59, scinder la loi.
M. Lisée
: Scinder la
loi pour cette loi incroyable. Donc, on a des victoires. Alors, on se bat tous
les jours. Il y en a qu'on n'aura pas, il y en a qu'on aura, mais on se dit :
Quel est l'intérêt des Québécois sur cette question? Voici ce qu'on propose.
Mme Lévesque (Catherine) :
Pardonnez ma mince expérience politique, mais est-ce que ça s'est vu souvent,
ça, des projets de loi suspendus en pleine étude détaillée?
M. Lisée
: Oui. J'étais
porte-parole des services sociaux, et avec une commission parlementaire de M.
Barrette, avec Diane Lamarrre, on trouvait qu'on manquait d'information sur une
entente qui était intervenue avec la Fédération des médecins omnipraticiens et
on a demandé une pause pour entendre, donc retourner en consultations sur ce
sujet-là. Il nous l'a accordée. On a pu interroger ces témoins-là puis
recommencer le... Voilà.
Mme Lamontagne (Kathryne) : Mais
il reste qu'aujourd'hui, là, ça reprend quand même cet après-midi, là.
Mme
Maltais
: Ça
reprend cet après-midi, mais on fait le point de presse. Il est
1 h 15, peut-être, on a jusqu'à 3 heures. D'autre part, on espère que
la demande sera... étant donné les récents événements aussi, que la demande
sera étudiée sérieusement, et peut-être que la loi sera mise en pause demain.
Écoutez, on n'avance pas vite parce qu'on
découvre des incongruités et des choses incroyables dans cette loi-là, là. Il
n'y a que 18 articles, puis on est déjà dans le trouble depuis deux jours.
M. Lisée
: Puis il faut
prendre le temps d'identifier les experts, de les inviter, de les faire venir.
Je veux dire, sur les modalités, là, on est très, très flexibles, là. On pense
qu'on a un intérêt national québécois à avoir ces informations-là, voir si on
veut introduire, dans cette loi-là, des dispositions qui la rendraient
meilleure. Si les libéraux disent non, bien, comme d'habitude, on dit :
Quand ils disent non, la seule solution, c'est d'élire un gouvernement du Parti
québécois, puis on va attendre un an pour le faire.
M. Dion (Mathieu) : Sur les
demandeurs d'asile, les chèques d'aide sociale seront remis, dans une courte
période de temps, au Palais des congrès. Donc, on utilise le Palais des congrès
qui est une institution reconnue. On a utilisé le Stade olympique.
Est-ce qu'en utilisant des édifices comme
ça, qui sont symboliques, on ne contribue pas à créer un événement au sujet de
ces demandeurs d'asile?
M. Lisée
: J'ai
l'impression que les personnes qui ont proposé ça sont les mêmes qui ont choisi
Eric Tetrault comme candidat dans Louis-Hébert. Il y a un problème de gestion
des symboles et des relations publiques qui commence à être catastrophique au
gouvernement Couillard.
Le Modérateur
:
D'autres questions?
Mme Lévesque (Catherine) :
...revenir sur le Commissaire à l'éthique, là. Vous avez dit que Mme Vallée
s'est trompée. Finalement, est-ce que vous l'accusez d'être incompétente, de ne
pas connaître son projet de loi?
Mme Maltais : Non, non, non. Je
dis qu'elle n'a pas fouillé son projet de loi et qu'elle n'en a pas vu les
impacts. Elle a découvert qu'elle était en train... par mes questions et mes
interventions, celles du Parti québécois, mon ami Maka Kotto qui est là, Marc
Bourcier qui est là, on lui a demandé par qui on était poursuivables, puis elle
a répondu des choses qui, d'après les déclarations du Commissaire à l'éthique
comme tel, sont deux erreurs.
Mme Lévesque (Catherine) : Et
c'est pour ça que vous avez pris une pause.
Mme Maltais : On a pris une
pause, certainement, parce qu'on est en train de modifier le code d'éthique et
de déontologie et on est en train d'attaquer la liberté de parole et la liberté
de gestion décisionnelle des élus sans qu'on le sache.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
dites que c'est un projet de loi qui est éminemment perfectible, vous dites que
vous vouliez faire de l'amélioration, mais que les libéraux, bon, peuvent faire
la sourde oreille. Pour ne pas reprendre un euphémisme qu'on peut entendre des
fois dans l'opposition, est-ce que vous êtes prêts même à faire un travail
parlementaire d'opposition pour qu'éventuellement la loi ne soit peut-être pas
adoptée ou que votre travail s'étire dans ce qu'on appelle l'obstruction ou...
M. Lisée
: On n'est pas
là-dedans. On n'est pas là-dedans. On est dans le bien commun. On est dans le
bien du Québec. Dans le cas de la loi sur les discours haineux, il était
essentiel pour la liberté d'expression au Québec qu'on fasse tout en notre
pouvoir pour que jamais cette loi ne soit adoptée. O.K.? Alors là, la loi
n° 62, c'est trop tôt pour le dire. On attend les amendements, on
attend... Est-ce que nos amendements vont être... C'est trop tôt pour le dire.
Est-ce qu'à la fin ça serait pire avec cette loi-là que sans cette loi-là?
C'est possible. C'est trop tôt pour le dire.
Mme Prince (Véronique) : Si
vous êtes porté au pouvoir, est-ce que vous pourriez ramener, par exemple, la charte
des valeurs? Je sais que ce qui vous dérangeait, c'était la clause des droits
acquis puis tout ça, mais est-ce que, dans le fond, dans tout ce débat-là, vous
finissez par vous dire : Eh! on avait une maudite bonne idée puis on
pourrait la ramener?
M. Lisée
: La
proposition qu'on a faite en novembre dernier, la proposition qui sera débattue
et, j'espère bien, adoptée au congrès du Parti québécois est plus équilibrée.
Elle est plus graduelle, elle est plus respectueuse. Elle a plus de chances
d'être couronnée de succès dans le réel, et donc c'est la position que nous
avons. Nous la préférons à la position antérieure. On a appris de tout le
débat. Il y a des aménagements qui ont été faits et aussi il y a tout un volet
aussi important que l'affirmation de nos valeurs et des repères, c'est des
mesures concrètes pour assurer le succès d'intégration des néo-Québécois, des Québécois
d'adoption, et ça, ce n'était pas visible lors du débat précédent, et cette
fois-ci, c'est très visible.
Les gens dans la diversité, les gens dans
l'immigration savent que, si on était au pouvoir, on aurait déjà pris des
mesures concrètes pour aider leur intégration au travail. Les libéraux refusent
nos propositions sur les C.V. anonymes, sur l'expérience de travail antérieure
qui doit être au Québec plutôt qu'ailleurs dans le monde. Nous avons des
mesures, nous y tenons et nous allons faire ces choses-là de concert, pour
avoir des règles du vivre-ensemble, mais assurer le succès du vivre-ensemble,
et ça, c'est une approche à laquelle je tiens, Agnès, tout le caucus, tout le Parti
québécois, très, très fort, qui est assez distincte de la tonalité, en tout cas,
la perception qui avait été celle de la dernière fois.
M. Dion (Mathieu) : Juste pour
revenir sur les demandeurs d'asile, très rapidement. M. Legault a indiqué ce
matin que les Québécois sont inquiets quant à la capacité financière de
recevoir tous ces demandeurs d'asile là. Avec tout ce qui s'est passé au cours
des dernières semaines, vous, êtes-vous inquiet aussi de la capacité financière
de l'État à donner tout cet argent, notamment avec les chèques qui seront
donnés, là, au Palais des congrès?
M. Lisée
: Bien, écoutez,
le gouvernement nous dit qu'il est incapable de donner un deuxième bain dans
les CHSLD, et ça, ça coûte 30 millions de dollars. Alors, combien ça va
coûter, 8 000, 10 000, 15 000 demandeurs d'asile qui restent au
Québec pendant trois ans? C'est sûr que c'est plus que 30 millions. Est-ce
qu'on a collectivement les moyens? Oui, on a un budget de 100 milliards, mais,
pour l'instant, le gouvernement nous dit qu'on n'a pas les moyens de donner un
deuxième bain. Alors, c'est sûr que cet argent-là, on le prend ailleurs. Où?
Ils ne veulent pas nous le dire.
M. Authier (Philip)
: There's a... I thought you say that you were bringing the charter
back and that would have been a good lead.
M. Lisée
: That would have been, yes. Don't hold your breath.
M. Authier (Philip)
: There's a body of knowledge... First of all, on your proposal to
ban covered faces in public, did I understand you correct that if you propose
such an... if this went through, you would not base it on the grounds of
religion? Is that what you're saying, for all face coverings in public, right?
M. Lisée
: First, we didn't say that we absolutely want the ban. We say that
we want to debate about it. We want a debate...
M. Authier (Philip)
: That's what I mean.
M. Lisée
:OK. Well, that's
not the same thing. We're not announcing today that we propose the ban. OK. We see today that the partial ban is
proposed by the Liberal Government. OK. That's a fact,
and since we're in this debate, let's have it and let's look at what
democracies in Europe have done, some partial, some total, how did it go about,
what were the reasons to do it the way they did it. And of course the reasons
to do it go from an extreme symbol of repression of women on religious grounds
that, you know, Islamic
extremists, jihads… not jihad, Islamic extremists Imams are saying that God
wants that, so that's a part of the problem. There is the question of identity, civility and, for
demonstrations, it's also a question of identity of showing your identity and being…
M. Authier (Philip)
:
But there's a body of law people have commented in
the last few days that this is a danger in mixing up hoodlums wearing hoods to
throw tear gas and rob banks, which is what you do when you're covering your
face, and people wearing face coverings for other reasons.
M. Lisée
: That's right.
M. Authier (Philip)
: And that such a mix is dangerous and confusing for the average
mortal. So how would this work? I mean, how would you counter that? Because a
number of professors have said it's confusing and you can't mix the two.
M. Lisée
: Well, they say that. They are different cases. They are different
cases, but they have a link, it's the decision of the individual not to show
his or her face in public. The link is there, and we could decide that, as a
nation, we want people to show their faces in public or in certain areas and
not other. It's a decision we can take and that would apply. You have a number
of people who wear masks in demonstrations who say that they are not hoodlums,
that they are not throwing rocks, but they want to be anonymous for
professional reasons or others. Those are arguments that were made at the
Superior Court on the Montreal
regulation.
So, you know, a society can make this decision that it wants people to show the face… see
the faces of people in society or it can make the
decision that only in public transports or when you receive a public service.
Other societies have had this debate, and I think Quebeckers are worthy of it.
Des voix
:
Merci.
(Fin à 13 h 27)