(Onze heures cinquante-six minutes)
M. Villeneuve
: Alors,
bonjour. Je tenais à intervenir suite aux présentations de la CAQ d'un plan sur
le cannabis, donc la légalisation du cannabis. Vous dire d'abord que je ne suis
pas ici pour vous présenter un plan précis. D'ailleurs, on a pu le constater...
J'écoutais M. Jolin-Barrette, tantôt, tenter de répondre à une question d'un
journaliste, à laquelle finalement il n'avait pas de réponse. C'était sur :
Est-ce que, dans les logements, vous allez interdire de fumer ou de consommer?
Il n'avait pas la réponse.
Alors, nous, on n'est pas ici pour vous
présenter un plan précis sur le cannabis. On va prendre le temps de décanter
les consultations qui ont eu lieu, on va prendre le temps d'y réfléchir. On ne
le fera pas sur le coin d'une table, on va le faire avec l'ensemble de la
députation et, bien sûr, avec l'ensemble des réflexions et des gens qui ont
participé aux consultations.
Donc, je veux intervenir aujourd'hui
spécifiquement sur un aspect, donc, de la légalisation du cannabis et c'est sur
l'aspect... et là je ne sais pas, vous autres, mais moi, je suis tombé en bas
de ma chaise en entendant cela tantôt. Il semblerait que la CAQ maintenant
considère que la SAQ est une bonne entreprise d'État.
Alors, on sait que M. Legault, pas plus
tard qu'hier, il a six mois, il y a deux ans, il y a trois ans, il y a quatre
ans, a toujours démonisé la SAQ en disant qu'on devait absolument privatiser la
SAQ. Et là j'entends les députés de la CAQ nous dire que, non, non, non, pour
ce qui est du cannabis, pour la vente du cannabis, on irait donc sous le
chapeau de la SAQ.
Alors, écoutez, deux hypothèses. Soit
qu'il y a une incohérence totale de la CAQ, première hypothèse, parce que,
voyez-vous, il n'y a pas plus tard qu'hier il voulait privatiser la SAQ et là
il considère que ce serait une bonne chose que la SAQ s'occupe de la
distribution et donc de la vente du cannabis. Et je reviendrai tantôt dire
pourquoi, nous, nous considérons que ça serait important que ça soit une
société d'État, à ce que ça soit à tout le moins le gouvernement qui s'occupe
effectivement de la vente et de la distribution du cannabis. L'autre hypothèse,
bien, écoutez, ou bien M. Legault garde toujours derrière la tête l'idée de privatiser...
Donc, un coup que le cannabis sera sous le chapeau de la SAQ, garde toujours en
tête l'idée de privatiser, donc, la SAQ éventuellement. Donc là, on parlerait
d'hypocrisie. Alors, on a soit l'incohérence, soit l'hypocrisie, et, dans le
pire des mondes, bien, ce serait les deux en même temps.
Alors, écoutez, je vous dis maintenant
pourquoi, nous, nous considérons que ça doit être le gouvernement du Québec qui
devrait s'assurer de voir à la distribution et à la vente du cannabis, et je
pense que c'est des raisons fondamentales, importantes. D'abord, la sécurité
publique et, deuxièmement, la santé publique. Santé publique au niveau du
contrôle qualité, bien sûr, sécurité publique, il faut que les Québécois,
hein... parce que, là, on se retrouve devant une situation où le fédéral nous
impose un calendrier, donc qui est juillet 2018. Alors, il faut que les
Québécois, ceux qui voudront se procurer du cannabis puissent le faire dans des
conditions de sécurité, et ça, c'est important. Alors, ce n'est pas dans une
ruelle sombre ou dans un endroit, là, peu recommandable que le tout doit se
faire comme c'est le cas probablement aujourd'hui, hier et avant-hier. Donc,
les deux raisons fondamentales, c'est la santé publique, pour les raisons que
je viens de vous donner, et la sécurité publique.
Alors, je veux tout simplement... et je
pense que c'est important de le dire que la CAQ ne peut pas toujours déposer
des plans qui contiennent des lacunes aussi importantes, ne peut pas toujours
dire une chose et son contraire sans que quelqu'un finalement puisse démontrer
à sa face même qu'il y a là une incohérence complètement incroyable.
Alors, moi, sur ce, je suis prêt à
répondre aux questions, s'il y a des questions.
M. Vigneault (Nicolas) : Mais,
sur la distribution, pour vous, vous êtes un peu d'accord avec cette
solution-là, c'est-à-dire que la SAQ, c'est un bon moyen, je veux dire.
M. Villeneuve
: Bien,
moi, ce que je vous dis, là : Est-ce que la SAQ, c'est un bon moyen?
Est-ce que Loto-Québec a de l'expertise dans certains domaines d'équilibre
entre l'offre et la demande? Est-ce que nous avons les outils, comme État, pour
que l'État s'en occupe? La réponse, c'est oui.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bien, pourquoi vous ne vous en réjouissez pas?
Il y a un consensus.
M. Villeneuve
: Pardon?
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Pourquoi vous n'êtes pas heureux de ça? Il y a
un consensus entre vos deux partis.
M. Villeneuve
: Heureux
de quoi?
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bien, les deux, vous favorisez une
distribution par l'État. C'est heureux, non?
M. Villeneuve
: Oui.
Bien, en fait, moi, je suis ici ce matin juste parce que — je pense
que c'est important — il y a une incohérence totale entre... Et je
vous l'ai dit, il y a deux hypothèses par rapport à la CAQ, hein? Soit
aujourd'hui elle admet que la SAQ joue un rôle, un beau rôle, un rôle important
au Québec... Bien sûr, tout est perfectible, hein, et on sera toujours contre
des bonis comme il y a eu dernièrement. Alors, oui, c'est perfectible, la SAQ.
Mais ce n'est pas ce que M. Legault dit depuis des années. Alors, lui, il veut
privatiser et là il mettrait sous le chapeau de la SAQ, donc, la distribution
et la vente du cannabis.
Alors, ce que je vous dis, c'est simple. C'est ou
bien M. Legault vient de découvrir les vertus de la SAQ, hein — ce
serait quand même assez fascinant, mais tant mieux, tant mieux si c'est
ça — ou bien il a un agenda caché et il se dit : Bien, regarde,
on va dire ça aujourd'hui, là, puis demain, quand ce sera rendu que ce sera la
SAQ qui distribuera le cannabis, bien, éventuellement, on pourra penser que ça
sera privatisé.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
dans le fond, vous réagissez pour réagir, parce que vous dites essentiellement
la même chose qu'eux autres, dans le fond.
M. Villeneuve
: Bien,
réagir pour réagir... Moi, je vous donne mon point de vue. À vous de voir si
ça...
M. Lacroix (Louis) : Non,
mais c'est parce que vous ne réagissez pas sur la proposition qu'ils font sur
la vente du cannabis, vous réagissez, dans une réaction politique, sur la
position de François Legault sur la privatisation de la SAQ, là. C'est ça que
vous faites, là.
M. Villeneuve
: Oui.
Écoutez bien, je réagis aussi sur le fait que la CAQ dépose un plan aujourd'hui
qui est totalement, là, à certains égards inapplicable, hein? La CAQ, on le
sait, elle est fédéraliste, et la CAQ nous dit : Il faut qu'on garde
l'espace taxe sur le cannabis. Alors, la CAQ est fédéraliste. Je ne vois pas où
est le rapport de force pour demander à Ottawa de pouvoir abdiquer ce droit-là,
donc, et de permettre au Québec de le faire. Alors, je réagis aussi au fait qu'il
y a des incohérences, il semble y avoir de l'hypocrisie puis il semble y avoir
un plan qui a été écrit sur le coin d'une table.
Alors, moi, je veux bien, là, courir,
courir pour être le premier, mais je pense qu'on se doit de faire les choses
correctement et comme il faut.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Vous critiquez son plain, mais vous, au PQ,
vous n'en avez pas.
M. Villeneuve
: Bien,
il s'en vient.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Au gouvernement non plus, il n'y en a pas.
Comment vous expliquez que l'Ontario soit déjà à annoncer comment ça va se
faire puis que...
M. Villeneuve
: Oui.
Bien, en tout respect...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...ni vous ni le gouvernement, vous ayez de
ligne directrice?
M. Villeneuve
: Les consultations
se sont terminées hier. En tout respect pour les gens qui ont participé à ces
commissions-là... Il y a des gens à qui on doit encore parler. Moi, je pense
que déposer... puis on l'a vu, là, tantôt. J'ai donné l'exemple, un exemple
parmi d'autres du plan de la CAQ, où je ne sais pas lequel d'entre vous,
laquelle d'entre vous a posé la question à M. Jolin-Barrette, en disant :
Vous parlez, dans les logements, qu'on ne pourra pas fumer, mais est-ce qu'on
va pouvoir consommer?, et il a candidement admis qu'il n'avait pas pensé.
Alors, avant de déposer un plan, là, avec
des «je n'y ai pas pensé», là, on va prendre le temps de bien, bien cerner et
entendre, finalement, les gens qui ont participé à cette commission-là. Et
nous, on avait demandé des consultations beaucoup plus larges. Peut-être que
vous ne vous en rappelez pas, là...
Mme Blais (Annabelle) : Mais
il aurait peut-être manqué de temps pour faire ça.
M. Villeneuve
: Peut-être
que vous ne vous en rappelez pas, là, mais on avait demandé des... Quand on
veut, on peut. On avait demandé des... Est-ce qu'une semaine de plus, ça serait
manquer de temps? Pas sûr. Une semaine de plus, on aurait pu...
Mme Sioui (Marie-Michèle) :
Beaucoup plus large, c'est une semaine de plus?
M. Villeneuve
: On
aurait pu avoir des consultations beaucoup plus larges.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Beaucoup plus large, c'est une semaine de
plus.
M. Villeneuve
: Puis il
y a des gens... Bien, écoutez, vous mettrez le nombre de jours que vous voulez.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bien, c'est ce que vous venez de dire.
M. Villeneuve
: Bien, beaucoup
plus larges, on rencontre environ, je vous dirais, six à huit groupes par jour.
Alors, ajoutez cinq jours, ça fait 40 groupes, ça commence à faire du monde. Ça
commence à faire du monde qui ne se sont pas fait entendre, qui auraient aimé
se faire entendre. Vous savez, est-ce qu'on doit... puis là c'est imposé par le
fédéral, hein, la légalisation. Est-ce qu'il y a des gens dans la société, qui
auraient pensé à d'autres avenues, qui n'ont pas pu se faire entendre en commission?
Je pense que oui.
Mme Blais (Annabelle) : Mais
là vous parlez de distribution...
M. Villeneuve
: Donc,
moi, ce que je vous dis ce matin, là, c'est que non, le plan, on va vous le
déposer puis, quand on va vous le déposer, bien, on va avoir respecté et on va
avoir pris en considération, justement, un pan de la société de façon beaucoup
plus large et non pas quelque chose écrit sur le coin d'une table, comme on a
pu entendre il y a quelques instants.
Mme Blais (Annabelle) : Mais
la question de la distribution, il y a la SAQ comme parlait la CAQ, il y a
aussi toute la vente en ligne. Vous, c'est quoi votre position là-dessus?
Est-ce que la SAQ peut quand même avoir une filiale cannabis avec un volet en
ligne?
M. Villeneuve
: Écoutez,
je l'ai dit, moi, je n'entrerai pas dans les détails. On va déposer un plan
sous peu qui ne sera pas un plan écrit sur le coin d'une table et qui répondre
à l'ensemble de ces questions.
M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce
que la CAQ est trop restrictive dans ce qu'elle a annoncé aujourd'hui?
M. Villeneuve
: Bien, écoutez,
moi, je pense que la CAQ n'a pas pris le temps de bien faire le travail. Moi,
c'est ce que je vous dis, là, elle n'a pas pris le temps de bien faire le
travail. Est-ce que le fait que, si elle avait pris plus de temps puis si elle
avait consulté d'autres personnes qui sont passées en commission parlementaire,
d'autres organismes qui n'ont pas pu passer en commission parlementaire,
d'autres représentants d'organismes, est-ce qu'elle serait arrivée exactement
aux mêmes constats dont ils viennent ne nous faire état avec leur plan? Moi, je
pense que poser la question, c'est y répondre. Assurément qu'il y aurait des
aspects importants de leur plan qu'ils viennent de nous déposer qui seraient
nuancés ou qui seraient différents.
M. Vigneault (Nicolas) : Sur
l'âge légal, est-ce que vous penchez pas mal plus vers le 18 ans ou 21 ans?
Certaines personnes... M. Khadir nous disait tantôt qu'à 18 ans on a l'âge de
voter, ils ont l'âge de prendre toutes les décisions nécessaires.
M. Villeneuve
: Oui. Écoutez,
encore là, je vous le dis, on va vous arriver avec des réponses par rapport à
cette question-là. Alors...
M. Vigneault (Nicolas) : Mais,
au sein du caucus, qu'est-ce qui se dégage, grosso modo?
M. Villeneuve
: Nous,
on se rencontre lundi. Alors, c'est certain que c'est un élément qui va être
discuté. On aura aussi d'autres rencontres ultérieures à lundi, donc, qui vont
être discutées... qui vont se rapporter directement, justement, à la
légalisation du cannabis pour juillet 2018.
Alors, 18 ans, j'écoutais M. Jolin tantôt
qui disait : À 25 ans, ça serait l'idéal. Lui, il a choisi 21; 18 ans,
vous le dites, les gens sont majeurs. Alors, moi, ce que je vous dis, c'est
qu'on va en discuter en caucus pour arriver à... Je pense que, par respect
aussi pour les membres du caucus, la question n'a pas été encore... elle a été
discutée, mais on n'a pas encore arrêté la décision.
Donc, en tout respect avec mes collègues,
on va... évidemment, vous comprendrez que quand on parle de sécurité publique,
de santé publique, ce ne sont pas mes dossiers. Alors, en tout respect pour mes
collègues qui nous ont fait des présentations par le passé, et on aura d'autres
présentations, à ce moment-là, on ira de l'avant. Mais je vous le dis, nous, on
va vous présenter un plan.
Mme Blais (Annabelle) : Quand?
Parce que le projet de loi, c'est le début de l'automne.
M. Villeneuve
: Ah! ne
soyez pas inquiets, vous allez l'avoir assez rapidement. On va vous présenter
un plan et ça sera un plan qui sera réfléchi et qui tiendra compte des
consultations et des gens ou des organismes qui n'ont pas été consultés.
Mme Blais (Annabelle) : Avant
le début de l'automne?
M. Villeneuve
: Je ne
vous donnerai pas de date.
Mme Blais (Annabelle) : Mme
Charlebois a dit qu'il y aurait encore des feuilles dans les arbres...
M. Villeneuve
: Oui.
Alors, moi, j'ai des chênes chez nous, hein, et j'ai des chênes et les feuilles
tombent en mars, hein? Et la repousse les pousse et elles tombent en mars.
Alors, non, mais je parlais pour Mme Charlebois, là, je ne parlais pas pour
moi. Je fais juste vous dire que les feuilles, voilà, sont encore dans l'arbre.
Mme Blais (Annabelle) : Sur un
autre sujet, M. Couillard, ce matin, a dit que le départ de M. Dufresne était
attribuable à un désir de transformer le Parti libéral. Comment vous
l'interprétez? Qu'est-ce qui a peut-être pu pousser le parti à vouloir se
transformer?
M. Villeneuve : Bien, écoutez,
les querelles du Parti libéral, là, je vais leur laisser leurs querelles. Alors
qu'ils se querellent entre eux et puis qu'ils s'organisent. Et je ne peux que
déplorer le fait que pendant que ces gens-là se querellent, eh bien, il y a des
sujets drôlement importants de la société québécoise qui probablement n'ont pas
l'attention qu'ils devraient avoir.
Mme Blais (Annabelle) : Donc,
ça vous laisse un peu indifférent, les changements au sein de son cabinet?
M. Villeneuve
: Bien,
écoutez, je pense que mon collègue Pascal Bérubé a répondu à cette question-là.
Je viens de vous répondre. Moi, les querelles du Parti libéral, là, je les
laisse s'arranger, mais je ne peux que déplorer le fait que ces querelles-là
font en sorte que des dossiers... je pourrais parler de l'agriculture, des
dossiers importants, parce que l'agriculture, alimentation, pêcheries, si vous
avez des questions là-dessus, moi, ça va me faire un grand plaisir d'y
répondre, mais je ne peux que déplorer qu'il y a des dossiers comme ça, aussi
cruciaux, qui sont présentement mis de côté parce que, justement, il y a des
querelles à l'intérieur du Parti libéral, et c'est eux qui sont au
gouvernement.
Alors, c'est davantage dramatique, je vous
dirais, pour... et davantage dommageable, je vous dirais, pour les Québécois en
général, la société québécoise.
Une voix
: Merci.
M. Villeneuve
: Ça fait
plaisir.
(Fin à 12 h 9)