(Quinze heures trente minutes)
M. Fournier : Je vous ai
demandé de venir à ce point de presse considérant qu'il y avait quelques
demandes parmi vous de questions et de réponses. Alors, je me rends disponible
à vous tous au même moment. Alors, allez-y avec vos questions. C'est un peu
l'essentiel de ce que je veux vous dire, j'imagine.
M. Vigneault (Nicolas) :
Dans le contexte de ce que l'on sait et, de toute évidence, vous, vous
continuez d'affirmer que c'est M. Béchard qui était là, M. Bachand n'était
pas là, est-ce que vous écartez la possibilité de poursuites dans ce
dossier-là? Comment vous vous sentez actuellement, maintenant que la journée
est un peu passée?
M. Fournier : Bien, je
suis vraiment, là, au même état que ce matin, pour être franc. En ce moment, je
suis à répéter, à réitérer que je n'ai absolument rien à me reprocher et qu'on
ne me reproche rien, soit dit en passant, là. Le cocktail au 1000, de la
Commune date d'il y a neuf ans et demi. Depuis ce temps-là, là, il n'y a jamais
un policier qui m'a approché, qui m'a appelé, qui m'a demandé quelque chose.
Alors, je suis simplement en train de vous dire que... Et je ne sais même pas à
quoi fait référence M. Francoeur. Alors, conséquemment, ce que je peux
vous dire, là je suis dans l'étape de réaffirmer que je n'ai rien à me
reprocher et l'intégrité de tous mes comportements. Oui?
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Quelle est la date du cocktail auquel vous faites
référence?
M. Fournier : C'est en
2008. Je crois que c'est au mois de mai. Bernard Drainville a dit que c'était
au mois de mai.
M. Bellerose (Patrick) :
Juste pour être certain que vous parlez bien de la même chose que
M. Francoeur, est-ce que vous avez assisté une seule fois à un événement
au 1000, de la Commune?
M. Fournier : Oui, je
suis allé une seule fois au 1000, de la Commune. Je peux vous dire que je ne
suis pas à la veille de retourner, à part de ça.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Est-ce que vous avez été avisé, comme c'est la
coutume, du fait que vous avez fait l'objet d'écoute électronique?
M. Fournier : Non, je
n'ai pas été avisé puis je ne pense pas que j'ai fait l'objet d'écoute
électronique non plus.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Donc, on ne vous en a jamais parlé.
M. Fournier : Jamais.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Puis est-ce que vous en avez rencontré, des
enquêteurs depuis 2008?
M. Fournier : Jamais.
Alors, je répète, depuis l'événement en mai 2008, donc près de 10 ans,
aucun policier ne m'a contacté par téléphone ou face à face, rien, jamais
entendu parler.
M. Plouffe (Robert)
:
Alors, est-il possible quand même que vous ayez fait l'objet d'enquête de l'UPAC,
M. Fournier?
M. Fournier : Je n'en ai
aucune idée. Tu sais, moi, honnêtement, je ne peux pas vous répondre ça. Tout
ce que je sais, c'est que M. Francoeur prétend que moi et M. Bachand,
on était à un endroit où on s'est fait offrir de l'argent de financement politique
pour intervenir dans un dossier. Je n'ai aucune idée de quel dossier on parle.
Ce que je sais, c'est que ce n'est jamais arrivé, qu'il y ait eu une proposition
de la sorte. Il n'y a jamais eu d'intervention. Je ne sais pas de quoi on
parle. Et je sais que ce n'était pas M. Bachand parce que l'événement dont
il parle, c'était M. Béchard. Alors, je trouve que les sources sont un peu
erronées.
M. Plouffe (Robert)
:
Si vous me permettez, avec M. Paradis, il y avait protocole, on disait qu'il
y avait un protocole qui existe quand il y a une enquête sur un ministre pour
permettre à la Sûreté du Québec, donc, d'informer le gouvernement qu'il y a
enquête sur un ministre. Dans le cas qui nous concerne, donc vous, est-ce que
vous pensez qu'il aurait pu y avoir des communications du côté du gouvernement
ou avez-vous été averti qu'il y avait eu communication du côté du gouvernement
pour votre situation?
M. Fournier : Non, non, absolument
pas. Moi, je n'ai pas été avisé de rien et, à ce que je sache, là, il n'y a
personne au gouvernement qui a été avisé de quoi que ce soit. M. Francoeur
fait référence à des enquêtes qui datent d'autour des années 2010‑2011. Il
y a eu des habilitations pour mon mandat de ministre, au moins en 2014, et
puis, depuis ce temps-là, il n'y a eu rien.
En tout cas, ce n'est pas moi qui est
maître de ça, là, remarquez bien, là, je ne peux pas vous en parler vraiment,
mais ce que je sais, c'est que je n'ai rien à me reprocher puis que ce matin,
ma face est dans le journal. Ça, c'est tout ce que je sais.
M. Boivin (Mathieu) : Au
net, c'est quoi, cette affaire-là? M. Francoeur dit : Il y a des
ministres qui étaient sous enquête, les enquêtes étaient concluantes, mais il y
a eu un blocage ou quelque ingérence pour protéger ces deux hommes-là.
Aujourd'hui, on apprend que vous seriez un de ces deux hommes-là. Il y a des
petits problèmes avec l'autre, on est bien conscients de ça. Mais le net de
cette histoire-là, c'est quoi, c'est du salissage, des élucubrations?
M. Fournier : Mais, un,
ce n'est quand même pas banal que l'autre, lui, bien, ce n'est pas tout à fait
ça. Ce n'est quand même pas banal dans une affaire où tu salis des réputations.
Deuxièmement, ce que M. Francoeur a
dit, ce n'est pas juste qu'il y avait deux personnes du palier au Parti libéral
du Québec, c'est que des gens à la police et chez les procureurs avaient bloqué
les... Aïe! Ce n'est pas rien. C'est qui? C'est quand? Avez-vous des détails?
Je n'ai rien, je ne sais même pas de quoi on parle, je ne sais pas de quel
événement on parle. Alors, il n'y a comme pas grand-chose, mais c'est ma face qui
est dans le journal pareil.
Journaliste
: ...élucubrations,
des inventions?
M. Fournier :
Demandez-lui à lui, là. Moi, honnêtement, là, je m'offre à vous comme je me
suis offert à tous ceux qui ont demandé des entrevues aujourd'hui pour vous
dire ce que je sais, mais je ne peux pas vous dire ce que je ne sais pas.
Journaliste
: Mais est-ce
qu'on est sûrs des dates, au DGE?
M. Lacroix (Louis) : Maintenant
qu'on sait que vous êtes la cible de M. Francoeur, là, c'est lui qui... Quand
il a fait ses déclarations au mois d'avril, ensuite il a fait une déclaration
aux policiers, il mentionne votre nom, il mentionne le nom de M. Bachand.
Les policiers, à partir de là, ont commencé une enquête qui, semble-t-il, n'est
pas terminée. Compte tenu qu'il y a une enquête qui vous concerne, on le sait
aujourd'hui, est-ce que vous ne devriez pas vous retirer, vous, le temps qu'on
complète l'enquête?
M. Fournier : Je dois
vous avouer que je me pose la question. D'abord, l'enquête, depuis le mois
d'avril ou mai, c'est une enquête sur les allégations qu'il y a eu des
interventions sur le travail des policiers et le travail des procureurs. Je
suis dans la constellation de cette affaire-là. Alors, c'est autre chose.
Ceci étant, je dois vous dire que c'est un
peu plate d'être obligé d'accepter une manoeuvre de déstabilisation. Si je dois
me retirer parce que quelqu'un dit des choses qui sont aussi grosses que :
À l'UPAC et au DPCP, ils ne font pas leur job, puis Bachand, avec Fournier, est
à une place, ils ont parlé de quelque chose — dont je n'ai jamais
entendu parler — je dois vous avouer que je dois penser, si j'accepte
ce que vous m'offrez et de me retirer, je suis en train de lui donner raison
puis à déstabiliser le gouvernement. Mais ceci étant, je me pose la question.
M. Lacroix (Louis) : Vous
vous posez la question, mais est-ce que vous ne devenez pas, à ce moment-là,
une distraction pour le gouvernement?
M. Fournier : Il est évident
que je me pose la question. Je suis obligé de vous le dire, je me pose la
question. En même temps, je trouve que... autant, en même temps, je trouve que
de me retirer alors que non seulement il n'y a rien, et je ne sais même pas de
quoi on parle, mais il y a même des erreurs reconnues... enfin, j'espère qu'il
les reconnaît... Alors, j'ai l'impression de comme répondre à une manoeuvre de
déstabilisation et donc de l'encourager. Alors, je suis un peu divisé entre les
deux, pour être franc.
M. Bellerose (Patrick) :
À quel moment allez-vous décider si vous demeurez en poste ou vous vous retirez?
M. Fournier : Bien, pour
l'instant, là, je suis dans l'étape de dire au monde qu'on n'a aucune idée de
quoi il parle, puis je ne suis pas capable de dire... du sujet. Et, clairement,
en plus — je le dis devant vous, là — jamais on ne m'a
offert du financement pour faire des interventions dans des domaines de zonage.
Je ne suis jamais intervenu dans le domaine de zonage. Alors là, pour le reste,
j'aimerais ça qu'il m'en dise un petit peu plus.
M. Plouffe (Robert)
:
Est-ce qu'aujourd'hui vous avez parlé à votre premier ministre sur cette
réflexion que vous vous faites face à votre avenir à...
M. Fournier : Je ne lui
ai pas parlé. La réflexion n'est pas très, très profonde, j'ai répondu à une
question. C'est la première fois que je le dis, parce que, vous savez, depuis
ce matin, ça roule dans la tête. Je ne suis pas arrêté sur rien. Je lui
parlerai sûrement d'ici la fin de la journée, étant... à la fin de la soirée,
peut-être.
Journaliste
: Mais s'il
vous le demande?
M. Fournier : Bien, on va
commencer par finir la journée, là.
Journaliste
: Ce matin,
vous parliez des îles de Boucherville. Pourquoi vous...
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Vous avez une date et un lieu. Est-ce que vous le
savez s'il était là, M. Pomerantz auquel on fait référence?
M. Fournier : Aucune
idée. Je ne sais même pas c'est qui. Aucune idée.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Vous ne savez pas c'est qui?
M. Fournier : Aucune
idée.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Vous ne l'avez jamais rencontré?
M. Fournier : Bien, honnêtement,
je ne peux pas vous dire, là, je ne sais pas c'est qui, je ne connais pas son
visage. Si je voyais son visage, peut-être que je le saurais. Je ne sais pas
c'est qui.
M. Plouffe (Robert)
:
Donc, vous pourriez l'avoir rencontré sans savoir que c'était lui? C'est ça que
vous nous dites.
M. Fournier : C'est
possible, c'est possible.
M. Plouffe (Robert)
: Dans
des cocktails de financement, on peut... sans rencontrer les...
M. Fournier : Bien,
attendez, là, attendez, là. On parle d'un, là. On parle d'un cocktail qui se
serait tenu au 1000, de la Commune. C'est de ça dont, je pense, parle M. Francoeur.
Alors, est-ce qu'il était là? Je l'ignore. Mais je sais une chose, pour revenir
à la question des îles de Boucherville, depuis que je me pose la question, je
dis : Coudon, y a-tu eu quelque chose? Et je crois qu'il a été question du
dossier sur les îles de Boucherville, pour lequel il y avait une difficulté
d'acceptabilité sociale, mais pour lequel il ne s'est rien dit d'autre. Alors,
je ne sais même pas si c'est à ça que ça fait référence, là. Je ne le sais pas,
mais il faudrait peut-être qu'il nous le dise. Ça m'aiderait, en tout cas.
M. Dion (Mathieu) : Donc,
vous songez vraiment à quitter votre poste? Ça fait partie de la réflexion que
vous avez?
M. Fournier : Alors, on
va y aller tranquillement, là. Ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai répondu à une
question : Est-ce que, puisqu'il y a des possibilités que ça puisse faire
en sorte que le suivi gouvernemental puisse être moins efficace... Alors, à
cette question-là, je me dis : Je dois réfléchir. Mais je n'ai pas de
réponse à ça. Ce n'est pas mon premier réflexe, pour être franc. Mon premier
réflexe, c'est de dire : Ça ne se peut pas. Ça ne se peut pas, quand quelqu'un
fait des accusations comme celle-là, que je ne suis même pas capable de
comprendre, dans laquelle il y a des choses erronées puis pour laquelle et
l'UPAC et à peu près tout le monde est visé... je trouve que le premier
réflexe, si c'est de partir, c'est comme... il y a quelque chose qui me
fatigue.
Mais en même temps je ne suis pas fou non
plus. Je fais de la politique depuis un petit bout de temps, là, puis je sais
bien que demain on va demander des commissions, et des démissions, puis tout ce
que vous voulez, là. J'ai déjà fait ça, moi, dans la Chambre de l'Assemblée
nationale. Maintenant, est-ce que... Je vous dis, il faut que je réfléchisse à
ça. L'objectif de l'Assemblée nationale, ce n'est pas de passer son temps à
demander des démissions, puis à un moment donné il faut faire du travail.
Alors, en même temps, aujourd'hui, je me dis, moi : Si mon premier réflexe,
c'est de quitter, bien, coudon, n'importe qui peut nous déstabiliser, là.
M. Lacroix
(Louis) : Mais, M. Fournier, vous dites, là, que ça ne tient pas
debout, son histoire, etc. Quand il y a des gens qui amènent des choses qui
sont fausses, dont on pense qu'elles sont fausses sur nous puis qu'on les rend
publiques, bien, est-ce que le moyen, ce n'est pas de déposer des poursuites
puis de... Est-ce que vous y pensez, M. Fournier, à ça?
M. Fournier :
On m'a posé la question ce matin. Je ne suis pas à cette étape-là pour
l'instant. Je ne dis pas que ça n'arrivera pas là. Là, je suis dans l'étape de
simplement vous dire ce que je sais et ce que je ne sais pas, de ce qui est dit
dans les documents, que je n'ai pas vus d'ailleurs, mais j'ai lu le journal, de
ce que M. Francoeur dit. Je suis obligé de vous dire : Ça ne
correspond à rien. Alors, moi, je ne sais pas c'est quoi, ses sources.
Mme Prince
(Véronique) : Mais, à ce moment-là, si vous dites que c'est faux, est-ce
que ça serait de la diffamation?
M. Fournier :
Bien, écoutez, lui, il va dire que ce n'est pas lui qui l'a dit. Si j'ai bien
compris, il dit que quelqu'un lui a dit. On ne sait pas c'est qui qui lui a
dit, mais il dit qu'il y a du monde qui lui ont dit. Alors, lui, il va se
défendre en disant que c'est ce qu'on lui a dit. Moi, je fais juste dire que...
En bout de piste, là, moi, ce matin, ce n'était pas qui qui l'a dit, c'était mon
visage et celui de M. Bachand qui étaient dans le journal. Ni lui ni moi,
on n'a aimé ça. Ni lui ni moi ne savons de quoi il parle.
Mme Sioui (Marie-Michèle) :
Est-ce que M. Francoeur est une personne crédible, selon vous?
M. Fournier :
Écoutez, selon moi, là... Il dit que je suis lié à une affaire comme celle-là.
Je peux vous dire, selon moi, il n'est pas crédible du tout parce que je vous
annonce en ce moment que je n'ai jamais été impliqué dans une conversation du
type qu'il évoque pour des interventions du type qu'il évoque en échange de financement
au parti politique. Jamais.
M. Plouffe
(Robert)
: M. Fournier, à quel moment avez-vous appris que
vous faisiez ou vous auriez fait l'objet d'une enquête de l'UPAC?
M. Fournier :
Bien là, je ne sais pas si je fais l'objet d'une enquête de l'UPAC. Je ne le
sais même pas. Là, ce que je sais, c'est qu'il y a une déclaration qui a été
faite par M. Francoeur sur le fait que je serais une personne visée. La
première fois que j'ai eu connaissance de cette déclaration et du contenu de
cette déclaration, c'est vendredi dernier. Il y a eu des rumeurs. Vous-même,
M. Plouffe, m'avez approché au printemps pour me dire : Il paraît que
ce serait M. Bachand et vous, M. Fournier; est-ce que la police vous
a contacté? Ce à quoi j'ai dit : La police ne m'a jamais contacté, et je
ne savais jamais de quoi vous parliez.
M. Plouffe
(Robert)
: Donc, c'est à ce moment-là que vous avez su...
M. Fournier :
Non. À ce moment-là, vous m'avez dit : Est-ce que la police vous a
contacté? Ce à quoi je vous ai dit non. D'ailleurs, aujourd'hui, pas plus. Je
ne savais absolument pas de quoi on parlait à ce moment-là. Aujourd'hui, il y a
une déclaration. Je l'ai appris vendredi dernier de la part du journaliste de Québecor.
Mme Blais (Annabelle) :
Mais là cette déclaration-là se retrouve dans les médias, là. Est-ce que ce
n'est pas, justement, un peu l'illustration qu'il y a une frustration policière
à l'égard du politique?
M. Fournier : Ça vous
tente-tu, aujourd'hui, je vais vous parler de ma frustration à moi? Demain, on
parlera des autres, O.K.? Là, aujourd'hui, je suis frustré, moi.
Mme Blais (Annabelle) : Non,
non, mais ça ne vous inquiète pas...
M. Fournier : Honnêtement,
là, aujourd'hui, là, je ne suis même pas politicien, là, je suis juste citoyen
frustré, là. On va commencer avec ça aujourd'hui.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Mais c'est quoi, l'intérêt derrière ça, d'abord?
Pourquoi? Pourquoi qu'il y aurait des fausses accusations?
M. Fournier : Honnêtement,
là, posez la question, cherchez. Moi, je ne peux pas vous le dire, là.
Journaliste
: Oui, mais
ça pourrait vous inquiéter, là.
M. Fournier : Bien, moi,
ça me frustre, là.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
M. Fournier, vous dites vous-même, là, que, déjà, au mois de mai, vous
aviez entendu...
M. Fournier : Non, au
mois de mai, il n'y avait pas de lien avec cette affaire-là. Tout ce qu'on m'a
demandé...
M. Lacroix (Louis) : Je
comprends, mais vous aviez entendu que votre nom et celui de M. Bachand
circulaient. Ça n'aurait pas été un réflexe normal d'appeler M. Francoeur
puis de lui dire : Bien, c'est quoi, cette histoire-là?
M. Fournier : Je n'ai
aucune idée de quoi parlait M. Francoeur. M. Plouffe m'a dit :
Il y a des rumeurs que la police t'a contacté à propos de ça. Non.
M. Lacroix (Louis) :
Non, mais je comprends, mais, si, moi, quelqu'un me dit qu'une telle personne
dit que la police est après moi, il me semble que je vais l'appeler puis je
vais lui poser la question : C'est quoi, cette histoire-là? Puis vous
n'avez pas eu ce réflexe-là?
M. Fournier : Non, je
n'ai pas eu ce réflexe-là, puis...
M. Lacroix (Louis) :
...alors que ça fait des mois que vous savez que...
M. Fournier : Non, je
n'ai même pas interprété ça comme étant une déclaration de M. Francoeur,
que c'est ce qu'il disait, que des rumeurs circulent puis qu'un journaliste
essayait de faire le tour de tous les députés pour savoir lequel est visé. Moi,
j'ai pris ça comme : Ah! ils font la tournée de tous les députés pour
savoir lequel est visé.
M. Lacroix (Louis) : M. Fournier,
tout le monde savait qui étaient les personnes ici, sur la tribune; j'imagine
que vous aussi, puis le Parti libéral également, là.
M. Fournier : Non, non.
M. Plouffe (Robert)
:
M. Fournier, M. Bachand avait déjà dit à M. Arsenault :
Quelqu'un qui fait l'objet d'une enquête ne peut pas aller siéger sur un
conseil d'administration. Aujourd'hui, si on se fie aux déclarations de M. Francoeur,
vous, vous avez fait l'objet, vous faites peut-être encore l'objet d'une
enquête. Est-ce que vous êtes habilité, compte tenu des
circonstances — c'est probablement votre réflexion que vous
faites — à rester au sein du Conseil des ministres?
M. Fournier : Bien, ma réponse
à ça... et vous avez pris un bon mot, est-ce que je suis habilité? Alors, il y
a des gens qui font des exercices d'habilitation, des habilitations de
sécurité. Et la dernière fois qu'ils l'ont fait, puis ils le font tout le
temps, là, j'étais toujours habilité. Alors, je veux bien répondre à votre
question, mais honnêtement je serais un peu juge et partie, là. Il y a du monde
qui font ça puis ils n'ont pas encore enlevé cet élément-là. Alors, moi, je
suis tout à fait à l'aise de continuer de faire mon mandat. Je n'ai rien à voir
avec ce qui est dit. Je ne sais pas de quoi il parle. Je vais continuer mon
travail.
Mme Prince (Véronique) :
Bien, au niveau, d'abord, de la perception, la perception que ça donne aux
gens, est-ce que vous avez la légitimité, compte tenu de cette perception-là?
M. Fournier : Je pense
que la perception, en ce moment, disons qu'au minimum elle est dans les deux
sens. J'ai passé la journée à faire des entrevues, à voir les commentaires. Il
y a aussi une perception à l'effet que la personne, M. Francoeur, qui
prétend qu'il y a eu des interventions politiques à l'UPAC, au DPCP, que
c'était M. Bachand qui était là, que, moi, c'était, avec M. Bachand,
à propos, dans le domaine immobilier, de contributions, je sais que c'est faux,
alors je suis obligé de vous dire que, dans les perceptions, il y en a une dans
les deux sens. Mais je ne suis pas fou non plus. Je fais de la politique et je
sais quel est le niveau de crédibilité qu'on donne aux politiciens. Mais en
même temps je n'ai pas le goût de dire : Bien, les politiciens sont
croches. Ce n'est pas vrai. Qu'est-ce que c'est que voulez? Honnêtement, il y a
un sérieux dilemme. Ce n'est pas vrai. Alors, oui... Ah bien, oui, bien, je
m'en vais, hein? Ça fait que, la perception, ça va être quoi? La perception, ça
va être : Bien, finalement, il y avait quelque chose, hein, il est parti.
C'est un peu... Bien, tu sais, ce n'est pas facile.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Est-ce que c'est plus difficile de vous défendre comme vous le faites quand les
allégations sont faites par un homme qui est du milieu policier puis, à plus
forte raison, président d'un syndicat?
M. Fournier : Je ne le
sais pas. Je ne le sais pas. Je n'ai pas de réponse à ça. Tout ce que je sais,
c'est que ce matin, je suis visé, c'est sérieux. Et moi, je le sais que je n'ai
rien à me reprocher. Puis, pire que ça, on ne me reproche rien. Ah! M. Francoeur
a dit quelque chose de je ne sais pas qui. Lui, il n'a pas une connaissance
directe, quelqu'un lui a dit quelque chose. Je suis habilité par les forces
policières pour occuper mon mandat. Personne ne m'a dit quoi que ce soit. Moi,
je n'ai rien à me reprocher, on ne me reproche rien, mais là c'est moi qui est
sur la sellette, la photo est dans le journal. Non, ça, ce n'est pas
acceptable. Alors, je vais baisser le ton, là, mais, oui, je suis frustré, je
ne trouve pas ça correct et puis je continuer de défendre mon intégrité.
Journaliste
: C'est
pire parce que c'est un policier?
M. Fournier : Je ne sais
pas si c'est pire. Pour être franc, je ne suis pas capable de dire ça, là. Ce n'est
juste pas correct, et c'est tout. Moi, qu'un policier dise ce qu'il veut, ça ne
me dérange pas, qu'il signe les papiers qu'il veut, mais qu'il mette quelque
chose dans le document. C'est quoi, la preuve? C'est de qui? De quoi on parle?
M. Lacroix (Louis) :
Est-ce que c'est le genre de chose qui pourrait vous faire repenser à votre
avenir politique, M. Fournier?
M. Fournier : C'est sûr
que ça m'est passé par la tête, hein? Mettez-vous dans mes souliers. Imaginez,
là, que ce que je suis en train de vous dire, là... puis vous vivez, vous vivez
ça, là, assez intensément aujourd'hui, je vais vous dire, là, tu te demandes à
quoi ça sert, la politique, tu sais. Oui. Et ça fait partie de ma réflexion sur
est-ce que je devrais me mettre en retrait; puis tu te mets en retrait puis là
tu lui donnes raison.
Moi, j'ai un mandat, je suis supposé faire
mon mandat. Je me suis engagé à faire mon mandat, je vais faire mon mandat. Je
vais-tu en faire un autre après, là? Si vous me l'aviez demandé la semaine
passée, je disais oui. Je ne vous dis pas que je ne dirai pas oui la semaine
prochaine. Mais aujourd'hui je peux vous dire une affaire, là, ça me tente
moins.
M. Plouffe (Robert)
:
Vous parlez de manoeuvres de déstabilisation de la part de M. Francoeur.
C'est-u une vengeance? C'est-u contre le gouvernement Couillard absolument,
contre le gouvernement libéral, contre...
M. Fournier : Bien,
écoutez, en tout cas, je crois bien que, dans ce qu'il dit, dans ce qu'il
affirme, avec rien, il aurait peut-être pu aller voir les policiers.
Journaliste
: Avant. Parce
qu'il est allé après.
M. Fournier : Peut-être,
peut-être, mais il est allé après.
Journaliste
: ...ou
avant.
M. Fournier : Il est allé
après, il est allé après. Non, excusez, mais il est allé après. Il est allé
après, quand le DPCP a demandé une enquête. Minimalement, s'il était dans la
police, il aurait suivi ça, il aurait parlé aux autres policiers, je ne sais
pas, moi. En anglais, peut-être?
Mme Fletcher (Raquel) : So, now you obviously deny these allegations but you say you were never contacted by the police, you have no
idea what this story is of meeting this agent and a zoning favor or whatever,
that it… So, you were completely in the dark. That's what you're saying.
M. Fournier : Yes. And in fact, Mr. Francoeur kept everyone in the dark. He's
just saying that me and Mr. Bachand were at a place where a developer
proposed us funding for the party in exchange for services in… I don't know how
to say…
Journaliste
: Zoning.
M. Fournier : Zoning, zoning. I know that that never happened. I would have
remembered that. But that being said, he doesn't say about what zoning, where.
He talks about Mr. Bachand, who was not there. I know he was not there, it
was Mr. Béchard who was there. I know that. And so I don't know what he's
talking about. But what he said, if had happened in my life, I would remember.
And it never happened. So, what can I say?
Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Lisée says, you know, when Gerry Sklavounos was accused
and Pierre Paradis, the Premier removed them from Cabinet during those
investigations and that he should also remove you. You said that that has crossed
your mind. Where do you stand on that? Should you step down?
M. Fournier : Well, my first reaction was to say no to this situation where
Mr. Francoeur puts us, without any details, without any proof, with errors
in facts that he's putting on the table. I know that what he said is not true.
Answering to that, it's like let him win. And so… not very prepared for that.
On the other hand, I know that we're going to have a question period about
commission, demission and everything like that. And this is not the business of
the Government. So, my first
reaction is not to step down. But, yes, I'm thinking about what's going to happen.
This is not my first reaction.
Mme Johnson (Maya) : And you said that today you're not speaking as a politician, you're
just speaking as a frustrated citizen, but people who were watching the news
today are going to see you as a politician and they're going to have that
perception that, once again, a politician is being accused of wrongdoing, and
I'm sure many will be skeptical about your response.
M. Fournier : Yes. What's the wrongdoing? I'm listening to your question, your
question is good. I'm accused of a wrongdoing. What wrongdoing? Do you know it?
I don't. I don't know I'm accused of what, there is no detail. We don't know
what he's talking about. He makes seven pages of allegations where we don't...
The only thing we know, he says, is a developer, we don't know who, proposed
money against intervention. For what project? For what zoning? We don't know.
One thing I know : it never happened, I never intervened, that conversation
never happened.
So, I understand the
question of perception, I understand your question. But I hope that people are
going to say : Well, he's accused of what, really? What's the problem? And
I don't know what's the problem. That's difficult, you know, to answer to an
accusation of nothing.
Mme Johnson (Maya) : It appears that Mr. Francoeur would be putting his reputation,
his personal reputation, his credibility as the president of the Montréal
Police Brotherhood on the line by making such serious allegations. So, why
would he do that if there was nothing to back it up, as you're saying? What's
his motivation?
M. Fournier : I don't know. It's up to him to answer. It's up to him to answer to
the police who make an investigation on what he has to say. He's just not said
that, he said that there was a political intervention against UPAC, against
DPCP to stop the inquiry. He also made those allegations. It's dramatic. What's
the proof? By who? When? We don't know. So, what's his intention? I don't know.
I cannot answer for… I cannot answer. The only thing I can say is that what he
said about somebody who talked to Mr. Bachand and myself about
intervention in a zoning file against money, it's not true. That's the only
thing I can say. Now, for the rest, well, we'll wait.
Mme Fletcher (Raquel) : We've been reading and hearing, you know, commentators,
journalists, columnists talking about, you know, it smells like regime change.
There was a meme of Couillard's head on Louis XIV. Is this part of a
conspiracy to bring down the Liberal Government?
M. Fournier : It's not for me to answer about that. Let's ask Mr. Francoeur
why he made those allegations at a radio show before going to the UPAC to make
the inquiry? His answer is : I don't believe in UPAC. Well, going back to
your auditors, maybe they don't believe in politicians, but I think that they
believe in policemen. They believe in policemen at the UPAC, I guess. So,
Mr. Francoeur doesn't believe in UPAC. I believe in UPAC, I believe in the
police and I believe that I did nothing wrong. I'm sure of that. So, yes, I'm
frustrated, this morning and today.
Il y avait des questions
de plus, non? Oui?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, juste une question rapide.
M. Fournier : Ce sera la
dernière.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Il y a eu des allégations concernant certains de vos confrères. Il y a eu des enquêtes.
Le dossier, parfois, a été remis au DPCP qui, quelques mois plus tard, a dit qu'il
n'y avait pas de preuve suffisante pour porter des accusations. Le dossier
était clos d'un point de vue juridique. Vous, ces allégations-là ont été faites
au printemps dernier, et le DPCP n'a toujours pas le document entre les mains.
La Sûreté du Québec dit continuer à faire son enquête. Mais est-ce que vous
déplorez, dans le fond, que, justement, il y ait toujours ce flou-là et que, le
dossier, même les forces policières l'ont toujours entre les mains et il ne
peut pas y avoir de... il ne peut être clos, ce dossier-là?
M. Fournier : Bien, si je
me fie, là, à M. Francoeur, bien que j'aie un peu de difficultés, mais, si
je m'y fie, il dit qu'il y avait une enquête dans les années 2010, 2011,
2012, là, qui a été interrompue. Alors, j'imagine qu'il y en a, déjà, des
résultats de ces enquêtes-là. Il y a déjà quelque chose qui a été fait.
L'enquête qui se fait maintenant, si je
comprends bien, c'est plus sur les interventions politiques sur l'UPAC ou sur
le DPCP. C'est de ça dont il entretenait M. Arcand, là, à la radio. Alors,
puis je ne sais pas quand est-ce que ces choses-là vont être faites puis je
n'ai aucune idée de quoi il est question. Moi, je comprends qu'il peut y avoir
des enquêtes. Je n'ai pas de problème qu'il y ait des enquêtes puis que le
monde prenne le temps de... Ce que je trouve, par contre, c'est des accusations
sans fondement, erronées, pour lesquelles je sais très bien qu'il n'y a...
c'est faux, puis il n'y a rien, même pas de détails, rien. Je trouve ça
franchement... Il y a quelque chose qui ne marche pas, là. Il y a quelque chose
qui ne marche pas dans le système, franchement, si on est rendus là, là.
Mme Fletcher (Raquel) :But you don't hold police officers responsible?
M. Fournier : Pardon me?
Mme Fletcher (Raquel) : You say you don't hold the police officers responsible for not
coming to a rapid conclusion of their investigation?
M. Fournier : They've got to do their job. I don't have any problem with that. I
know that I did nothing wrong. So, they make the enquiry that they want, but they
never called me, in 10 years. Maybe that's the way they do, I don't know. But I
even don't know what he's talking about. Where? I don't know. Merci beaucoup.
(Fin à 15 h 56)