(Neuf heures seize minutes)
Mme Lamarre : Bonjour.
Alors, ce matin, on a un peu plus de précisions sur l'entente du Conseil du
trésor avec la FMOQ, qui a été signée en catimini comme toutes ces ententes,
une augmentation, donc, pour les médecins de 10 % sur trois ans avec des
chèques forfaitaires de 40 000 $ à tous les médecins de famille,
incluant ceux qui sont à la retraite. C'est révoltant. Tout le mal fait par
Gaétan Barrette au système de santé, aux patients, aux patients les plus
vulnérables, les personnes âgées, à tout le personnel, à tous les
professionnels depuis trois ans et demi, on le voit, ça ne visait qu'à être
capable de payer la dette qu'il a encourue, la rémunération des médecins. C'est
révoltant. La Vérificatrice générale nous a dit qu'on n'avait pas les moyens de
payer ça.
Alors, M. Barrette, quand il est
arrivé en poste, eh bien, ce qu'il a fait, il a pelleté en avant la négociation
et l'argent qu'il avait promis aux médecins. Et là il se retrouve aujourd'hui
devant la montagne qu'il a pelletée en avant, et cette montagne-là, on le voit
bien, c'est énorme, c'est des sommes d'argent colossales que les Québécois
n'ont pas les moyens de payer, et c'est ça qui est devant nous maintenant, et
c'est ça qui a donné l'entente dont on voit les résultats aujourd'hui. Alors, aujourd'hui,
ces sommes colossales qui sont données aux médecins, c'est le résultat de
l'entente de M. Barrette quand il était chef de la FMSQ qui maintenant se
transpose en dette que le gouvernement doit rembourser, des promesses qu'il a
faites aux médecins.
Alors, 7 % du 10 % qui est donné,
c'est clairement les ententes de M. Barrette quand il était chef de la
FMSQ, et donc un chèque de 40 000 $, même pour les retraités, qui
s'ajoute à cette augmentation de 10 %. Sur un revenu moyen de 280 000 $,
c'est beaucoup 10 %. Et les 40 000 $ en chèques supplémentaires,
bien, c'est, il faut le dire, juste un petit peu moins que le revenu moyen des
citoyens du Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Est-ce que les médecins n'ont pas fait leur part en acceptant de geler le
rattrapage pendant trois ans, justement?
Mme Lamarre : Bien, ils
récupèrent, là, ils récupèrent les sommes. Ils récupèrent les sommes et,
clairement, ils les récupèrent de façon très évidente, alors que la
Vérificatrice générale nous a donné l'alerte dans son rapport 2015‑2016, là. Je
veux dire, vous pouvez le vérifier, elle a clairement dit qu'on n'avait pas les
moyens de rembourser ces étalements-là et que c'était vraiment démesuré par
rapport à la capacité de payer des Québécois. Ça, elle l'a affirmé noir sur
blanc dans son rapport 2015‑2016, vous pouvez aller le voir. Cette entente-là,
le ministre l'a signée en septembre 2014. Alors, il a poussé devant lui quelque
chose que, quand il est arrivé comme ministre, il a bien constaté que c'était
démesuré. Mais là la montagne le rattrape et il est devant quelque chose qui
l'oblige à ramasser tout l'argent pour payer les médecins.
M. Chouinard (Tommy) :
Le gouvernement disait qu'il avait...
M. Bellerose (Patrick) :
Vous auriez voulu un gel pur et simple dès maintenant pour ne pas accorder
l'argent qui est en rattrapage?
Mme Lamarre : Oui. Il
faut geler. Il faut geler ça. D'abord, il faut analyser. Il faut analyser l'équivalent,
la parité au niveau de la rémunération. Vous savez que, quand il y avait eu
cette entente, il y avait un comité qui était prévu. C'est pour ça
qu'aujourd'hui quand on voit qu'il y a encore un comité qui est prévu pour
analyser ça dans un an, là, bien, c'est un mirage parce qu'il y en a un, comité
qui a été conçu, qui était prévu, qui ne s'est jamais réuni, qui n'a jamais
fait l'évaluation pour voir c'est-u vrai que c'est pareil ou ce n'est pas
pareil avec les autres provinces. Mais, je vous dirais, il n'y a personne non
plus qui a décidé que, pour plein d'autre monde, ce serait pareil entre le
Québec et les autres provinces.
M. Bellerose (Patrick) :
Mais cette somme-là en rattrapage, quand même, c'est la signature de l'État. On
aurait dû renier la signature de l'État?
Mme Lamarre : On aurait
dû regarder qu'est-ce qui était possible pour les Québécois de payer
aujourd'hui — c'est ça, la bonne façon de faire les
choses — et qu'est-ce qu'on veut avoir comme retour sur ce qu'on est
capables de payer aussi. Parce que je vous souligne qu'en plus, dans cette
entente-là, le gouvernement a résilié toute sa capacité d'influencer comment
l'enveloppe monétaire va être répartie. Alors, il a laissé ça encore aux deux
fédérations. Ces deux fédérations-là, ce sont deux syndicats. Elles n'ont pas
de mandat social, elles n'ont pas de contrat social à respecter pour garantir
l'accès, pour prioriser la santé mentale, le soutien à domicile, les CHSLD. Ce
n'est pas ça, leur job. Ce n'est pas ça, leur mandat. Alors, le gouvernement
leur confie encore des enveloppes avec pleine... carte blanche pour répartir ça
selon les besoins, les goûts que les médecins pourront bien vouloir remplir, et
ça, on se retrouve dans une situation complètement irresponsable, en termes de
gouvernement.
M. Chouinard (Tommy) :
En lançant les négociations, le gouvernement s'était engagé à limiter l'augmentation
de rémunération des médecins. Considérez-vous qu'il tient parole aujourd'hui?
Mme Lamarre : Bien non, écoutez,
s'il y avait eu la clause remorque, ils auraient eu 5,25 % sur cinq ans.
Là, on leur donne 2,5 % à chaque année pour les trois prochaines années. C'est
ça qu'on redonne finalement, plus le 7 % de rattrapage.
M. Chouinard (Tommy) : Donc,
pour vous, il n'y a rien là-dedans qui vient limiter de quelque façon que ce
soit la hausse de rémunération qui était prévue à l'origine.
Mme Lamarre : Pour
l'instant, c'est exactement ce qui était prévu, c'est-à-dire qu'on donne encore
au moins 2,5 % par année pour les premières années, et on est obligés de payer
l'étalement que Gaétan Barrette a promis de donner en septembre 2014. Alors, il
n'y a rien, il n'y a pas d'effort, là, qui est demandé, à ce moment-ci, aux médecins.
M. Boivin (Mathieu) :
Sur un autre sujet, à moins que j'aie des collègues qui veulent... Ça va?
Dr Barrette va annoncer cet après-midi plus de 30 millions de dollars
pour embaucher des préposés aux bénéficiaires dans les CHSLD afin d'offrir à
ceux qui le désirent deux bains par semaine. Est-ce que vous êtes d'accord?
Est-ce que vous soutenez ça? Est-ce que vous applaudissez?
Mme Lamarre : Bien, le
ministre, il fait de la récupération, là. Il voit bien que son bulletin est
très mauvais, il y a eu 59 % de gens qui ont dit qu'ils étaient complètement
défavorables à ces mesures. Je le répète, regardez le nombre de millions qui va
être donné pour des préposés pour donner un deuxième bain par rapport aux
millions qui sont donnés aux médecins, il y a des disproportions énormes dans
les sommes d'argent.
Il faut que les gens réalisent, là. Quand il
y a des annonces de 30 millions, 69 millions en soutien à domicile,
je veux dire, c'est une poussière dans un budget en santé. Et le ministre, là,
il essaie de faire des cadeaux, il essaie de recompenser sa piètre performance
et d'améliorer sa cote d'amour parce qu'il voit bien que tout ce qu'il a
récolté et ce qu'il a semé, eh bien, c'est de l'insatisfaction et c'est surtout
de l'injustice à l'endroit des gens qui ont le plus besoin de services. Alors,
pour les préposés...
M. Boivin (Mathieu) :
C'est des sommes qui sont quand même pertinentes, c'est quand même des frais...
Mme Lamarre : Bien, écoutez,
moi, je pense que ce qu'il fallait, c'est donner le bon budget aux CHSLD. Quand
il restreint ça au deuxième bain, bien, il limite des choses. Est-ce que c'est
ça qui est la priorité pour tout le monde? Moi, je pense qu'il faut que les
CHSLD récupèrent des budgets qui vont leur permettre de traiter les patients
avec dignité. Dans certains cas, ça peut être le deuxième bain, dans d'autres
cas ça peut être une bonne alimentation, dans d'autres cas ça peut être une
hygiène buccale, brosser les dents après. Moi, j'ai eu des gens qui m'ont
apporté des photos de leur mère qui avait encore de la nourriture dans la
bouche à 3 heures de l'après-midi, après le dîner. Je vais vous dire, il
faut donner la possibilité aux CHSLD de bien gérer.
M. Boivin (Mathieu) :
Vous avez de la misère à dire que c'est une bonne chose, là.
Mme Lamarre : Bien, écoutez,
c'est parce que ce n'est peut-être pas la bonne façon de le gérer. Si on
demandait aux gens qui sont responsables du budget de CHSLD, ils diraient peut-être
que ce qu'ils veulent, c'est un petit peu plus de latitude pour être capables
de mieux gérer eux-mêmes quelles sont les priorités. Un deuxième bain, on n'est
pas contre, mais il y a toutes sortes de façons de le faire, maintenant, qui
font que… Moi, je pense qu'il faut aller vers ça, il faut respecter les besoins
des gens. Je veux dire, quand les gens ont de l'incontinence, ils ont peut-être
besoin de quatre bains par semaine. Je m'excuse, là, mais on n'est pas là pour
arbitrer un nombre de bains. On est là pour dire : Les gens ont besoin de
respect de leur dignité dans des soins de base fondamentaux que sont l'hygiène,
la saine alimentation et briser l'isolement. C'est ça, les objectifs.
M. Robitaille (Antoine) :
...mieux la débarbouillette, alors?
Mme Lamarre : Non, non,
pas à la débarbouillette.
M. Robitaille (Antoine) :
Parce qu'il nous avait fait l'éloge de la débarbouillette.
Mme Lamarre : Oui, oui. Écoutez,
moi, j'ai été témoin, j'ai eu une démonstration cet été... Je ne sais pas si le
ministre, il se permet ce genre de… Mais, quand on vous parlait, dans notre
plan de soutien à domicile et d'aide, de bains qui peuvent se donner au lit des
patients, c'est tout à fait possible. Ça coûte 14 000 $, ce petit
appareil, et on est capables de donner un deuxième, un troisième, un quatrième
bain quand les gens en ont besoin. Ça va avec les besoins des gens, avec leurs
priorités à eux. Et moi, je pense que c'est ça qu'on doit respecter le plus
possible. Quand les gens disent : Je ne me sens pas propre, bien, je pense
qu'au Québec on devrait avoir le droit d'avoir des mesures d'hygiène
appropriées.
M. Bellerose (Patrick) :
Qu'est-ce que vous pensez du fait que cette annonce-là vient à peu près deux
ans après le début de tout ce débat-là sur le deuxième bain?
Mme Lamarre : Je
m'excuse, je…
M. Bellerose (Patrick) :
Qu'est-ce que vous pensez du fait que l'annonce d'aujourd'hui vient deux ans
après le début de tout ce débat-là autour d'un deuxième bain en CHSLD?
Mme Lamarre : Bien, je
pense que le ministre s'est bien rendu compte que ses déclarations étaient une
insulte à la population, là, étaient une insulte au gros bon sens, à ce que les
gens veulent pour leurs aînés, et pas juste pour les aînés. Je rappelle que,
dans les CHSLD, il y a aussi des gens qui ont de la sclérose en plaques, des
gens plus jeunes qui ont des maladies dégénératives. Alors, son attitude a été vraiment
une attitude d'un manque de respect à l'endroit des concitoyens, et je pense
que, là, il essaie de se rattraper.
Mme Prince (Véronique) :
Donc, il a cédé à la pression populaire. C'est ça que vous êtes en train de
dire, là.
Mme Lamarre : Bien, moi,
ce que je dis, c'est qu'il essaie de faire des cadeaux un an avant les
élections.
M. Boivin (Mathieu) : Ce
n'est pas un bonbon, c'est un savon.
Mme Lamarre : Oui, on
peut peut-être dire ça comme ça, mais effectivement, ça ressemble beaucoup à un
bonbon électoral, là, qu'il commence à distribuer. Et c'est triste, c'est
triste parce que, pendant ces années-là, il y a quand même des gens qui ont été
privés de soins de base essentiels. Et on n'est pas encore sûrs de comment ça
va s'articuler, tous ces soins-là après.
Alors, moi, je pense qu'il a eu, depuis le
début, le ministre Barrette, plusieurs déclarations qui s'apparentaient à une
forme, vraiment, de mépris à l'endroit des gens qui vivent des situations
difficiles, que ce soient les gens qui vivent en CHSLD, les gens vulnérables.
Quand je vous disais, au début, qu'ils ont été coupés, ces gens-là, parlez à
des organismes communautaires qui vivent avec les itinérants, avec les gens qui
ont des déficiences, déficiences physiques, des déficiences intellectuelles, ils
vont vous dire comment les services ont été complètement démembrés, ont été
dénaturés. Et là, en fin de mandat, il va redonner un petit peu... C'est sûr,
on s'attend... dans les prochains mois, il va faire des cadeaux à tout le monde,
mais on le sent, ce n'est pas dans ses convictions profondes, intérieures
d'avoir ce souci d'équité, de justice et de compréhension, de compassion envers
les gens.
Mme Fletcher
(Raquel) : In English? You seem disgusted a
little bit with this announcement that he's going to make this afternoon.
Mme Lamarre : Sorry?
Mme Fletcher (Raquel) : You seem a little bit disgusted with this announcement that he's
going to make. Can you just elaborate, like you did in French, on the problems
that you see with this?
Mme Lamarre : You know, the agreement between Conseil du
trésor and the FMOQ implies that they will be
increasing 10% of their remuneration, of the money they will get.
Mme Fletcher (Raquel) : Sorry, I was talking about the second…
Mme Lamarre : Oh! the second part.
Mme Fletcher (Raquel) : Yes.
Mme Lamarre : Sorry. OK.
Mme Fletcher (Raquel) : The announcement that Mr. Barrette is going to make this
afternoon about giving a second bath to people in CHSLD.
Mme Lamarre : Yes. I think that the most important thing is to fulfill the patients' needs. That's the way we should
answer to a patient's requests, a patient's needs. So, for some patients, it
will be necessary to have two baths in a week, it may be three or four for some
others. At the end of the day, I think that each patient should be treated with
respect, with dignity, and this is what we have to work on. And this is not
what Mr. Barrette did during the first years of his mandate. For now, he's
giving a kind of candy to become more popular, I would say.
Mme Fletcher (Raquel) : So, that's why you think he's doing it now?
Mme Lamarre : Sorry?
Mme Fletcher (Raquel) : That's why you think he's making this announcement now?
Mme Lamarre : Yes, yes. I think he's trying to change the way people are looking
at him because, for sure, there is a general insatisfaction of the way he drove
the Health Ministry and most of the people, the patients in Québec. So, he took a lot of decisions
against patient care, against patient needs, and working more on keeping money
for paying physicians, as we can see today.
Mme Fletcher (Raquel) : Do you think he should be shuffled out of the Health Ministry?
Mme Lamarre : I think so. I think he didn't fulfill the requirements of people,
he didn't answer to the need for access and to home care. So, really, I don't
see the impact, the positive impact of any of his measures for now, and that's
what the public recognizes too. He is very unpopular. And this is not because he
has been rough with people, this is because he didn't get any target, any
objective in relation with patient care. He is Health Minister,
he needs to care for patients, and he didn't.
(Fin à 9 h 31)