(Quinze heures quarante-quatre minutes)
M. Paradis (Lévis) : Eh
bien, bonjour à tous. Merci d'être là. Puis c'est une journée importante. C'est
une journée importante parce qu'aujourd'hui c'est, à mon sens, un gain pour les
aînés. Alors, aujourd'hui, on répond, et il y a une décision qui répond à un
besoin exprimé par les aînés du Québec, par la population du Québec, puis c'est
un dossier qui dure depuis longtemps.
Ma première question au salon bleu,
premiers dossiers abordés au salon bleu, trois ans de ça, c'étaient des
dossiers concernant l'hygiène aux aînés. On parlait, à ce moment-là, des bains
au noir. Puis ensuite est venue cette norme, qui n'existe pas chez nous,
c'est-à-dire de se poser la question fondamentalement : Est-ce que nos
aînés méritent un deuxième bain lorsqu'ils le veulent et qu'ils le peuvent?
Puis là c'est bien drôle, ça. Parce que combien de fois le ministre m'a répondu
en disant : Bien, on ne peut pas baigner un aîné de force? Ça a toujours
été sa réplique pour dire non à cette volonté qu'on nous exprimait, à ces
questions que la CAQ posait pour faire en sorte que, dans leur milieu de vie,
ce besoin fondamental d'hygiène soit répondu. Et on a toujours dit, et je le
répète, que les bains soient donnés à ceux qui le veulent et qui le peuvent. Et
aujourd'hui le ministre fait volte-face.
Alors, je vous dirai que c'est un gain pour
les aînés, et, en ce sens-là, bien, je m'en réjouis que ceux et celles qui
veulent un bain, qui le désirent et qui le peuvent, puissent maintenant en
avoir un. Ça a été long. Ça a été très long. Je me suis étonné à de nombreuses
reprises. Je me suis questionné sur le pourquoi de ce délai, qu'est-ce qui
faisait que le ministre de la Santé ne puisse pas comprendre ce que l'ensemble
des Québécois et des Québécoises réclamaient. Pas comme rien, là. Un sondage à
92 %. C'était une évidence. Des aînés qui continuaient à nous écrire
régulièrement en disant : J'aimerais que. Des familles qui s'impliquaient.
Comment se fait-il que ça ait pris tout ce temps-là? Réjouissons-nous; maintenant
la décision est prise. Mais il faut aller plus loin.
Alors, le ministre nous dit : Il y
aura deux bains par semaine pour ceux qui le veulent et qui le souhaitent. Il y
aura des sommes investies et il y aura des gens engagés, mais on n'a pas encore
de norme officielle inscrite. En Ontario, dans un cadre réglementaire, dans la
loi, il est dit qu'on doit assurer deux bains par semaine aux aînés qui le souhaitent
et qui le veulent.
Moi, je ne veux pas que dans un temps x on
puisse dire : Bien, soudainement, on retire cette directive-là; je veux
qu'on en fasse une réalité, je veux qu'on la cristallise par un écrit. On a
besoin d'une norme officielle minimale de deux bains par semaine pour ceux qui
le souhaitent et qui le veulent. C'est ça, le respect de nos aînés. C'est ça
que les aînés réclament, c'est ça que les Québécois et les Québécoises
réclament, c'est ça que les familles réclament également.
Alors, en ce sens-là, on a encore du
chemin à faire. Mais le ministre a bougé, là. Ça a été long. On l'a questionné
à maintes reprises au salon bleu, à travers des entrevues, en rencontres
individuelles. On l'a questionné de nombreuses fois là-dessus, et là, aujourd'hui,
il bouge.
Alors, sur cette erre d'aller là, allons plus
loin avec la norme inscrite, faisons de cette norme-là, de ce respect-là, de
ces besoins fondamentaux là, faisons donc de cette décision une norme qui sera
officielle et qui restera au-delà du passage des gouvernements, au-delà des
budgets, fondamentalement. C'est 36 millions sur un budget global
d'au-delà de 35 milliards. Faisons la proportion. Alors, il y avait des
priorités. Pour nous, c'en était une. Ça en reste une. Aujourd'hui, on répond à
une partie. Allons maintenant plus loin. Et là j'invite le ministre à le faire,
à dire : Regardez, j'y crois tellement que je l'inscris. Alors, on sera
comme les voisins ontariens. Il n'y a pas de raison pour qu'on fasse autrement.
Puis allons plus loin, passons à un autre dossier, sur une erre d'aller.
Le ministre a dit récemment : J'ai de
l'argent supplémentaire, là. Ah! bien, qu'il accepte également, comme on le
souhaite, de doubler les budgets pour l'achat d'aliments des repas de nos
aînés — on est encore à 2 $ et quelques — de faire
grimper ça à 4 $ pour l'achat d'aliments pour les repas de nos aînés,
au-delà de la forme et de la consistance, la matière première, les aliments. Je
pense qu'il est temps qu'on fasse la différence. D'ailleurs, ça a été réclamé,
ça aussi, depuis longtemps par de nombreux organismes, toujours, encore une
fois, en fonction du mieux-être de nos aînés dans leur milieu de vie.
Alors, un pas dans la bonne direction, un
gain. Les choses changeront le plus rapidement possible, j'espère, bien sûr,
mais qu'on l'inscrive et qu'on concrétise, au-delà du temps, une norme puis un
besoin fondamental comme celui-là.
M. Bellerose (Patrick) :
Avez-vous l'impression que c'est seulement une question d'argent pour le
gouvernement, le refus pendant deux ans, trois ans, de donner ce deuxième bain?
M. Paradis (Lévis) : Bien,
c'est une question de priorité. Enfin, ça aurait dû être une question de
priorité fondamentale, à la base. Alors, au-delà de ça, là, le
36 millions, là, à travers un budget de 35 milliards, je vous le
disais, avec des surplus, hein, des surplus de 2,5 milliards... C'est
36 millions sur un besoin fondamental, alors il y a longtemps qu'on aurait
dû agir. Le ministre dit que maintenant il a les marges de manoeuvre, mais
faisons en sorte que ça ne soit pas tributaire de marges de manoeuvre ou
d'aléas économiques. C'est un besoin auquel on doit répondre coûte que coûte.
M. Bellerose (Patrick) :
Ce que je voulais dire, c'est : Avez-vous l'impression que le ministre a
refusé pendant trois ans seulement pour des raisons comptables?
M. Paradis (Lévis) :
Bien, c'est ce qu'il vous dira. Moi, je pense que le ministre ne comprenait pas
ce que les gens disaient. Le ministre a parlé de spectacle; il n'y a pas de
spectacle là. Le ministre a parlé de débarbouillettes, le ministre a parlé que
les soins se faisaient bien. Il n'a jamais été question puis il n'a jamais mentionné
le travail des préposés aux bénéficiaires qui en font plus qu'on leur demande,
jamais ça n'a été remis en question. Mais les préposés eux-mêmes se
questionnaient sur ce qu'ils devaient faire.
Je pense que c'est une notion de priorité.
Ce n'était pas la priorité du ministre. Maintenant il le sent, le
questionnement était là. Le public, les Québécois, les familles, les aînés
eux-mêmes le réclamaient. Mais, à un moment donné, devant l'évidence, tu n'as
pas le choix, là.
Alors, au-delà... beau dire :
Aujourd'hui, j'ai de l'argent dans mes poches, je suis capable de le faire, là,
mais, plus que ça, lorsque la pression citoyenne, puis la pression populaire,
puis la pression de ceux de qui on parle est assez forte... Bien, ça a pris
trois ans pour comprendre, mais là il a compris.
M. Boivin (Mathieu) : Ça
a-tu l'air d'un bonbon électoral? C'est ce que M. Lisée nous disait ce
matin. Il a dit : Bien oui, évidemment, là on se retrouve avec 300 millions
à un an des élections, puis là tchouk, tchouk, tchouk, envoie, tout le monde.
M. Paradis (Lévis) :
Mais, au-delà de la forme que ça peut prendre puis de l'idée qu'on peut s'en
faire, moi, je pense que fondamentalement il était temps qu'on agisse. Puis on
aurait continué à se battre pour que ce besoin fondamental là soit comblé.
Alors, s'il joue ça comme un bonbon
électoral, s'il a l'impression que c'en est un, que ce n'en est pas un, moi,
fondamentalement, à la base, là, au-delà de quelque date sur le calendrier,
moi, l'important, c'est que les aînés aient ce qu'ils méritent puis ce qu'ils
souhaitent. Et ça a été clairement exprimé au fil des mois et des années. Et maintenant,
bon, on est rendus là.
Mme Porter (Isabelle) :
M. Barrette a dit que c'était une question d'arbitrage, dans le fond, que,
un, il n'avait pas les moyens de se le payer avant, tout ça, donc finalement
qu'il avait peut-être probablement d'autre chose à payer. Si on avait eu avant
à faire un arbitrage puis peut-être mettre ça en priorité sur d'autre chose, où
est-ce qu'on aurait dû aller le chercher, le 36 millions?
M. Paradis (Lévis) : Si on
a un budget de 35 milliards en santé, on a des marges de manoeuvre. On
décide d'investir. On a quand même la liberté d'investir, de bouger avec les
moyens qu'on a puis en fonction des priorités qu'on se donne. Le frigidaire est
vide à la maison, là, je veux dire, ma priorité, ça va être de le remplir, si
je veux nourrir ma famille. C'est ma priorité. Je vais choisir puis je vais
faire en sorte de combler ce besoin-là. C'en est un besoin. Il est de base. Il
est fondamental. On en parle depuis trois ans. Tout le monde le réclamait. Mais,
chaque fois, chaque fois qu'on parlait de ce dossier-là, rarement le ministre a
dit : Bien, c'est parce que je n'ai pas les moyens, j'attends l'équilibre
budgétaire, lorsque l'équilibre sera là on le fera. Le ministre a toujours
dit : Bien non, regarde, c'est correct; on lave à la débarbouillette,
c'est correct; on fait les soins d'hygiène de telle façon, c'est correct. Mais,
au-delà de ça, il fallait aller plus loin. On y va maintenant. Priorité du
gouvernement. Besoins budgétaires, capacité financière, mais en fonction de
priorités. Quand on priorise quelque chose, on va chercher l'argent pour
combler ce besoin-là.
M. Vigneault (Nicolas) :
M. Paradis, déjà on a évoqué la possibilité d'avoir des problèmes de
recrutement. Est-ce que ça ne fait pas craindre qu'on se retrouve — et
j'ai posé la question à M. Barrette, il dit : Non, non, non, mais... — dans
un an, bon, on a mis 35 millions de dollars, mais finalement on n'a pas le
personnel pour mettre notre mesure en place?
M. Paradis (Lévis) :
Bien là, il va falloir qu'on ait une vision d'avenir également. Puis c'est
assez étonnant, dans ce dossier-là du manque de ressources en CHSLD. Puis
comprenons bien pourquoi, hein : la lourdeur de la tâche, la
non-valorisation de la profession. Ce n'est pas d'hier qu'on sait que les aînés
en CHSLD, que la population est vieillissante, que les cas seront de plus en
plus lourds, mais soudainement on se rend compte qu'il y a un besoin de
recrutement puis qu'on manque de ressources. On aurait dû penser à ça. Là,
c'est une question de vision. On le savait depuis longtemps qu'on devait faire
face à ça. Mais là ça passe par la valorisation de la profession, la sensibilisation,
l'ajout de ressources, mais ça se bâtit tranquillement.
Le gouvernement du Parti libéral est là
depuis 15 ans, là. On ne vient pas de se réveiller, vous et moi, en se disant
ce matin, là : Il se pourrait qu'il y ait plus d'aînés, puis il se
pourrait que les cas soient plus lourds, puis il se pourrait que les ressources
aient besoin davantage de formation puis soient obligées d'intervenir
davantage. On n'invente rien, là, tout se préparait. Mais là soudainement on
fait face à la crise.
Bien oui, on devrait engager. Puis si on
valorise la profession, puis si on donne le temps aux préposés aux
bénéficiaires, si on les accompagne dans ce qu'ils ont à faire, si on forme
correctement les préposés, on sera en mesure de répondre à la demande. Mais,
s'il y a un besoin urgent aujourd'hui, si on doit répondre à une crise, c'est
qu'on a mal fait sa gestion et on aurait dû le faire bien avant. Merci.
(Fin à 15 h 54)