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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle

Version finale

Monday, October 2, 2017, 10 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures trente-quatre minutes)

M. Lisée : Bonjour. Bien, aujourd'hui, d'abord dire quelques mots sur des événements tragiques qui se sont produits à Edmonton, à Marseille et, en particulier, à Las Vegas, des dizaines de morts dans une tuerie innommable. Alors, évidemment, nos pensées vont aux victimes, aux parents des victimes, aux proches, à tous ceux qui se sont fait happer par la barbarie, qu'elle soit terroriste ou personnelle. C'est un monde dans lequel on vit maintenant et le nombre de fois où on doit faire ces déclarations devient trop nombreux. On est portés à... Il faut résister à la banalisation de cette violence aveugle. Il faut résister à cette banalisation.

Ce qui est pire, c'est la violence d'État, c'est lorsqu'un État décide d'utiliser ses forces policières pour interdire à une partie de son peuple de voter dans une consultation pacifique. C'est de porter le débat politique au niveau de la force brutale. Hier, on a vu des policiers espagnols entrer dans des bureaux de scrutin, perquisitionner des urnes, empêcher des gens de tous âges d'exprimer une opinion par le vote qui est un moment sacré de la vie démocratique. On a vu des policiers matraquer des foules. On a vu des policiers casser les doigts d'une jeune femme, on les a vus faire, là.

Alors, cette violence sanctionnée par l'État espagnol, applaudie par l'État espagnol, doit être dénoncée sans nuance. Pourquoi pensez-vous que le gouvernement espagnol s'est senti autorisé à utiliser la force? C'est parce que pendant l'année qui a précédé la tenue du référendum les grandes puissances démocratiques n'ont pas dit à Madrid que ce serait inacceptable. Le silence des démocrates a donné un chèque en blanc à Madrid. Pendant des mois, le gouvernement catalan a demandé aux puissances démocrates d'Europe et d'ailleurs d'intervenir, de dire à Madrid d'ouvrir un dialogue sur la tenue du référendum, sur les règles du référendum, sur une autre offre que Madrid pourrait faire, qui ne serait pas indépendantiste. Ces appels-là ont eu lieu pendant plus d'un an. Moi-même, j'ai parlé au président Puigdemont, avant de rencontrer le premier ministre français Manuel Valls, qui m'a donné ce message à transmettre au premier ministre français.

Nous sommes prêts à négocier, disaient les Catalans, sur le fond, sur la forme, sur la date. C'était un refus absolu non seulement du gouvernement de Madrid d'ouvrir quelque dialogue que ce soit, mais un refus des autres démocraties d'intervenir pour éviter le pire. Et aujourd'hui, qu'est-ce qu'on voit? À part quelques personnes, le premier ministre belge, le leader de l'opposition travailliste britannique, des partis d'opposition en Norvège et ailleurs, on voit des responsables de grands partis démocrates se taire, se taire, et signifier donc à Madrid que l'usage de la force est accepté par les démocraties et que, dans les étapes suivantes, dans les épisodes suivants, Madrid a carte blanche.

Si les démocrates ne parlent pas aujourd'hui, lorsque l'un d'entre eux utilise la force brutale contre ses propres citoyens qui ne font qu'exercer un droit pacifique de voter, où est notre engagement envers les droits de l'homme? Où est notre engagement envers la démocratie? Quelle crédibilité aura, demain, Justin Trudeau pour reprocher à la Chine ou à la Russie d'emprisonner des dissidents ou de rester muet devant l'assassinat de journalistes, si nous n'avons même pas le cran de dire à un pays démocratique qu'il ne devrait pas user de brutalité contre ses citoyens?

Le Québec n'a pas une voix déterminante dans ce concert, mais il est appelé, comme toutes les autres démocraties, à répondre présent à l'appel des démocrates catalans. Et donc j'ai avisé le bureau du premier ministre Couillard que, demain, nous allions déposer une motion qui va faire deux choses. D'abord, de nommer le responsable de la violence. Hier, M. Couillard a fait un pas en disant que la violence, ce n'était pas une bonne idée. Très bien, mais là c'est la violence organisée d'un État contre le droit d'un peuple à voter. Alors, nous allons demander au premier ministre de nommer qui est responsable de la violence. Donc, nous réprouvons les actions de l'État espagnol.

Et pour la suite, les démocrates doivent saisir la perche tendue par le président catalan qui a demandé une médiation européenne. Et c'est l'heure de la médiation. On ne peut pas faire confiance au gouvernement espagnol pour établir un dialogue ou pour respecter le peuple catalan. Il vient de faire la démonstration que c'est impossible.

Alors, demain, nous allons essayer d'ajouter notre voix à la demande d'une médiation européenne ou internationale pour que la suite des choses ne repose pas sur un genre du chèque en blanc qui est donné par M. Trudeau et les autres leaders de pays démocratiques au gouvernement espagnol, disant : C'est une affaire intérieure, on ne peut pas se mêler de ça.

M. Boivin (Mathieu) : M. Lisée, seriez-vous capable de négocier le texte de cette motion-là, si le gouvernement décidait de ne pas directement incriminer l'État espagnol, mais de dire : Oui, effectivement, une médiation européenne pourrait être appropriée, ou est-ce que c'est tout à prendre ou rien du tout?

M. Lisée : On est prêts à discuter des termes, mais ne pas nommer les responsables de la violence, ce serait comme de dire : On trouve ça dommage qu'il y ait des dissidents emprisonnés en Chine on ne sait pas par qui, on trouve ça dommage qu'il y ait des journalistes assassinés en Russie on ne sait pas par qui. Il faut nommer. Il faut dire qu'on réprouve les gestes posés par l'État espagnol.

M. Boivin (Mathieu) : Vous croyez que M. Couillard va être plus enclin à dénoncer l'État espagnol maintenant qu'il y a des images probantes de violence d'État?

M. Lisée : Je l'espère.

M. Lacroix (Louis) : Que vaut le résultat du référendum d'hier? Il y a quand même des résultats qui sont sortis, de plus de 90 %. Alors, qu'est-ce que ça vaut, selon vous? Est-ce que ça a quelque crédibilité, compte tenu du contexte où ça s'est tenu?

M. Lisée : Alors, je vous pose la question : Si on était au Québec et que, dans la journée, les électeurs voyaient que leurs voisins, leurs cousins se font matraquer pour aller voter, est-ce qu'on aurait 43 % de participation? C'est héroïque, dans les conditions, 43 % de participation, quand on sait qu'on peut se faire matraquer. Et le non a fait le choix de boycotter. C'est son choix.

On ne peut pas dire que le référendum a été mal organisé, qu'il n'était pas ouvert à tous. Au contraire, la commission électorale était ouverte à tous, chacun a pu faire campagne, mais c'est le résultat le meilleur possible dans des conditions de répression maximale. Alors, oui, je trouve ça considérable.

M. Bergeron (Patrice) : Comment on peut accréditer, là, un vote qui s'est déroulé avec beaucoup d'irrégularités?

M. Lisée : Bien, les irrégularités ont été organisées par le camp du Non. C'est comme de dire : Vous n'avez pas pu tenir votre manifestation parce que tout le monde a été arrêté au début de la manif, donc la manif est un échec. La volonté de manifester, elle était là.

M. Lacroix (Louis) : Donc, pour vous, le résultat est valide?

M. Lisée : Moi, je crois que le résultat, il oblige à une action. Alors, on va voir ce que...

M. Lacroix (Louis) : Est-ce qu'il est valide, M. Lisée?

M. Lisée : Je n'en dirai pas plus que les Catalans eux-mêmes, hein? Les Catalans ont donné leurs résultats. Les observateurs internationaux ont indiqué que, sauf pour les cas où les forces policières espagnoles ont empêché le scrutin, le scrutin s'est correctement déroulé. Moi, je trouve ça héroïque qu'il y ait 43 % des gens qui y soient allés. Les gens du Non pouvaient s'exprimer, ils ont été 7 %. Alors, ensuite, on verra ce que le gouvernement catalan va faire.

Mais, clairement, nous, on l'a dit souvent, comme les Français ont dit envers nous : Nous allons accompagner... Les Français ont dit qu'ils allaient nous accompagner dans nos choix, mais moi, je dis que le Québec doit accompagner les Catalans dans leur choix. Mais le choix des Catalans aujourd'hui, c'est d'appeler à une médiation internationale. Alors, accompagnons-les dans ce choix-là.

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce qu'on doit reprendre l'exercice compte tenu, justement, du contexte dans lequel il s'est tenu?

M. Lisée : Bien, reprendre l'exercice, ce serait faire en sorte que la police espagnole vienne encore matraquer les électeurs catalans. Alors, voyons... Les Catalans ont demandé aux Espagnols de collaborer dans l'organisation du référendum. Ils étaient prêts à discuter de la question, ils étaient prêts à discuter de la date, ils étaient prêts à discuter de la nature de la consultation. Ils regardaient ce qui s'est passé en Écosse, en disant : Voici ce qu'un pays démocratique, dans ses affaires intérieures, peut faire.

Alors, voyons ce qu'une vraie médiation internationale pourrait donner, mais, pour l'instant, il est sûr que le dernier mot ne doit pas revenir à la brutalité espagnole.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous considérez que la Catalogne est indépendante aujourd'hui?

M. Lisée : Non, parce que le gouvernement catalan ne l'a pas déclaré tel.

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce que vous avez parlé aux autorités catalanes?

M. Lisée : Stéphane Bergeron, à qui j'ai parlé tout à l'heure, est en rencontre, au moment où on se parle, avec le Secrétariat aux affaires internationales de la Catalogne.

M. Laforest (Alain) : Concernant Louis-Hébert, vos aspirations provisoires?

M. Lisée : Écoutez, notre candidat a réussi à percer de façon très significative. Moi, je faisais encore du téléphone ces jours derniers, et, à toutes les six personnes à qui je parlais, ils disaient : Ah! j'ai vu votre candidat, il est bien, il est intéressant, etc. Je pense que le Parti québécois va faire des gains.

Alors, jusqu'à quel niveau? Je pense que tout... j'entends le spin qui vient des autres partis. Moi, je pense que toute prédiction est très hasardeuse dans Louis-Hébert, entre autres parce que les gens de Louis-Hébert sont très assidus, le taux de participation est très élevé. Il a été élevé au vote par anticipation et il va l'être encore aujourd'hui. Et ça, ça va au-delà de la capacité des machines électorales à faire sortir le vote. Les gens de Louis-Hébert se font une opinion, sortent et votent, et on a un très beau suspense.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que la CAQ pourrait faire un Chauveau à Louis-Hébert?

M. Lisée : Je ne sais pas. Je pense que, comme je dis, toute prédiction est hasardeuse.

M. Laforest (Alain) : Mais vos espoirs, c'est quoi? Vous n'espérez pas aller chercher ce comté-là, là, le Parti québécois, là. Ce serait un peu illusoire, là.

M. Lisée : Toute prédiction est hasardeuse.

M. Vigneault (Nicolas) : Mais le score que vous souhaitez, là... Qu'est-ce qui serait une bonne performance pour le PQ dans votre cas?

M. Lisée : Vous savez comment je suis réfractaire à donner des chiffres, y compris pour mon vote de confiance, parce que ça m'a bien servi. Alors, je vais continuer.

M. Laforest (Alain) : Ça prend plus que 15 % pour aller récupérer la mise de fonds.

M. Lisée : C'est une information exacte. Merci.

(Fin à 10 h 46)

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