(Neuf heures deux minutes)
Mme
St-Pierre
:
Alors, bonjour à vous tous et à vous toutes. Nous avons un différend avec le Parti
québécois ce matin par rapport à une motion sur la situation en Catalogne. Nous
voulons bien sûr que l'Assemblée nationale se prononce sur cette importante question
qui fait la manchette internationale depuis plusieurs jours, comme vous le
savez, et nous avons un différend sur le libellé de la motion. Alors, je suis
venue vous expliquer pourquoi nous proposons une motion différente. Donc, je
pourrais vous lire la motion ou si... je ne sais pas si vous avez déjà le
libellé. Donc, c'est-à-dire que nous, dans notre motion, bien sûr, nous disons :
«Que l'Assemblée nationale déplore l'attitude autoritariste du gouvernement
espagnol, qui a mené des gestes de violence à l'occasion du référendum sur
l'indépendance de la Catalogne et qu'elle déplore le nombre de blessés.» Là-dessus,
sur cette première phrase là, sur ce premier paragraphe là, nous nous
entendons.
Nous, nous continuons en disant : «Que
l'Assemblée nationale appelle à une reprise du dialogue politique et démocratique
entre la Catalogne et l'Espagne afin de résoudre pacifiquement et de façon
consensuelle les différences qui les éloignent dans le respect de la démocratie
et du droit pour conduire les parties à une solution négociée.»
Alors, nous, on considère que ce deuxième paragraphe
là est complet et vient appeler, comme d'autres instances l'ont fait, la
Catalogne et l'Espagne à se lancer dans un dialogue.
Le Parti québécois nous demande… nous fait
la proposition suivante, dans le deuxième paragraphe : «Qu'elle appelle à
la mise sur pied d'une médiation internationale indépendante pour conduire les
parties à une solution négociée.» Alors, la raison pour laquelle nous ne sommes
pas d'accord avec le libellé du Parti québécois, c'est parce que nous
considérons que faire appel à une instance internationale, c'est demander à une
autre partie de venir régler un différend entre deux parties. C'est-à-dire, si,
par exemple… on comprend bien ce que le Parti québécois veut dire, si nous
avions un différend avec Ottawa, bien, la solution, ça serait de demander à une
instance internationale de venir régler notre différend avec Ottawa.
Alors que nous autres, nous considérons
que c'est à la Catalogne et à l'Espagne de reprendre le dialogue et que ça se
fasse de façon pacifique. Et nous considérons que la violence ne peut jamais
être une solution politique. La violence n'est pas une réponse politique. Et je
pense que le libellé que nous proposons est un libellé qui, vraiment, est large,
fait consensus et est en lien avec les appels qui ont été lancés par plusieurs
instances internationales.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais c'est quand même une demande de la Catalogne d'avoir cette
intervention-là. Les gens le demandent eux-mêmes. C'est pour ça que le PQ va de
l'avant avec ça.
Mme
St-Pierre
:
Oui, mais on a vu que…
M. Vigneault (Nicolas) :
Est-ce que ce n'est pas une solution viable? Hier, vous nous disiez : Ça
peut être une solution viable.
Mme
St-Pierre
:
On a vu que l'Espagne l'a refusée. Et on se dit que demander à une instance
internationale de… c'est-à-dire demander une médiation internationale, c'est de
demander à un tiers parti de venir régler une situation entre les deux parties,
soit la Catalogne et l'Espagne. Et, si on voit le raisonnement du Parti
québécois, qu'on va plus loin dans le raisonnement du Parti québécois, ce serait
de dire : Bien, dans un différend avec Ottawa, on demanderait à une
instance internationale de venir régler nos différends avec Ottawa.
Nous, ce qu'on dit… Je pense que la
meilleure réponse, c'est l'appel au dialogue. C'est de répéter, répéter, répéter
que la violence n'est jamais une réponse politique. Et on se joint aux appels
qui ont été faits par le Haut-commissariat aux droits de l'homme des Nations
unies, par la Commission européenne, par le Conseil européen. La grande
majorité des instances demandent à ce qu'il y ait un dialogue entre les deux
parties.
M. Lacroix (Louis) :
Oui, mais vous avez vu la réponse du gouvernement espagnol. Ils ne veulent rien
entendre et puis ils ont utilisé la violence, justement. Alors, est-ce que ce
n'est pas un peu illusoire de penser qu'ils vont s'asseoir avec la Catalogne
puis ils vont négocier avec eux? C'est à peu près…
Mme
St-Pierre
:
Bien, l'appel est lancé par plusieurs pays. La Communauté européenne, la
Commission européenne, le Conseil européen, d'autres pays, la France l'a fait
également. Alors, nous, on se dit que ce que nous avons vu en fin de semaine
comme images et ce que nous avons vu aussi au cours des derniers jours, évidemment,
nous préoccupe énormément. On le dit très bien dans le premier paragraphe, nous
déplorons l'attitude autoritariste du gouvernement espagnol. Je pense que ça,
c'est très clair là-dessus. Nous déplorons le fait qu'il y ait eu 900 blessés.
Un blessé, c'est un blessé de trop, mais 900 blessés, je pense qu'on est dans
une situation qui a vraiment, vraiment dégénéré. Et nous lançons l'appel et
nous réitérons l'appel au dialogue.
Hier, je vous ai dit lors du point de
presse que j'avais moi-même, en fin de semaine, téléphoné au représentant des
Catalans ici, en Amérique du Nord, qui est basé à Washington. J'ai également
parlé au ministre des Affaires extérieures catalan. Nous avons parlé également
à l'Ambassade d'Espagne au Canada et au Consulat d'Espagne au Canada. Donc,
c'est, pour nous, très important de rappeler l'importance d'un dialogue
paisible entre les parties.
M. Lecavalier (Charles) :
Mme St-Pierre, hier, vous ne vouliez pas, disons, vous en prendre
directement à Madrid en les critiquant pour la violence utilisée. Et là
aujourd'hui vous parlez de l'attitude autoritariste du gouvernement espagnol.
Qu'est-ce qui a fait avancer votre réflexion, là, depuis hier?
Mme
St-Pierre
:
Bien, on a eu des discussions entre nous. Nous avons évidemment discuté de ce
que nous avons vu, ce que nous avons lu également, ce que nous avons vu comme
images, et on ne peut rester insensibles à voir des gens qui veulent aller
voter paisiblement. On ne peut rester insensibles à voir des actes comme on a
vu de la part des autorités espagnoles. Ce que nous disons aux autorités tant
espagnoles que catalanes : Reprenez le dialogue, mettez-vous en mode
dialogue, mettez-vous en mode de... revenez à la paix entre vous et discutez de
l'avenir des Catalans.
D'ailleurs, j'ai déjà été en mission en
Catalogne lorsque... depuis que je suis ministre des Relations internationales
et de la Francophonie, j'ai eu des discussions avec des Catalans là-bas, et ce
n'est pas une majorité de Catalans qui est pour l'indépendance de la Catalogne.
M. Lacroix (Louis) :
...le référendum n'est pas valide. Comment pouvez-vous dire ça?
Mme
St-Pierre
:
Bien, dans les sondages...
M. Lacroix (Louis) : Il
n'y a pas eu de... En fait, le référendum...
Mme
St-Pierre
:
Dans les sondages et dans l'élection. Dans l'élection, vous avez vu, l'élection,
il y a eu une majorité de sièges et il n'y a pas eu...
M. Lacroix (Louis) :
Bien oui, mais les sondages... Voyons! Comment pouvez-vous dire ça, Mme St-Pierre,
que ce n'est pas une majorité? Le référendum...
Mme
St-Pierre
:
Ne commencez-pas à me crier après. Je ne vous crie pas après, vous.
M. Lacroix (Louis) :
Bien non, mais c'est incroyable ce que vous dites là.
Mme
St-Pierre
:
Non, mais vous aussi, c'est incroyable, ce que vous dites. Vous n'avez pas vu les
élections? Il y a eu des élections. Il y a une majorité de sièges, mais ce
n'était pas une... ce n'était pas 50 % de la population.
M. Lacroix (Louis) :
...un référendum pour savoir si, justement, s'il y avait une majorité de gens.
Le référendum s'est déroulé dans les circonstances qu'on connaît. Comment
pouvez-vous dire que ce n'est pas une majorité? Pourquoi ils se font un
référendum, dans ce cas-là?
Mme
St-Pierre
:
Ce n'est pas une majorité de Catalans qui sont allés voter au référendum, et on
sait pourquoi ils ne sont pas allés voter au référendum, c'est parce qu'ils ont
été empêchés d'aller voter au référendum. Alors, nous dénonçons, je reviens à
notre...
La Modératrice
:
Dernière question.
M. Croteau (Martin) : Le
gouvernement catalan a annoncé son intention de déclarer l'indépendance hier,
je crois, via BBC. Que fera le Québec à ce moment-là?
Mme
St-Pierre
:
On vous reviendra sur cette question-là. Mais je peux vous dire que ce que nous
considérons, c'est qu'il faut absolument qu'il y ait une reprise de dialogue
entre les parties, entre la partie espagnole et... entre Madrid et la
Catalogne. Alors, c'est terminé. Merci beaucoup.
M. Lecavalier (Charles) :
Mme St-Pierre, est-ce que c'est plus difficile de critiquer un allié européen
qu'un pays, par exemple, africain ou d'Amérique du Sud? Vous ne voulez pas
répondre?
(Fin à 9 h 10)