(Huit heures six minutes)
M. Lisée
: Alors,
depuis une dizaine de jours, on voit que le gouvernement canadien, Mélanie
Joly, Justin Trudeau, n'arrivent pas à présenter une politique culturelle qui
puisse satisfaire le Québec, ses intérêts, ses groupes culturels. On a vu,
cette semaine, l'UDA, l'ensemble des organisations culturelles dire comment ils
sont mécontents de l'approche canadienne en matière culturelle. Ça va de
Netflix, mais aussi de l'ensemble des propositions.
Et, à travers tout ça, ce qui est perdu,
c'est que comment ça se fait que c'est Ottawa qui s'occupe de la culture
québécoise? Ça nous a rappelé qu'il y avait un moment où le gouvernement
libéral du Québec disait que c'est le Québec qui devrait avoir la maîtrise
d'oeuvre de la culture sur le territoire québécois et que le Canada devrait
dégager, devrait respecter l'existence d'une nation québécoise, donc d'une
nation culturelle, et devrait laisser au Québec la gestion des sommes, des
fonds de la politique culturelle. Qui disait ça? Robert Bourassa disait ça,
Jean Charest disait ça. Jean Charest disait, dans son élection en 2008 et dans
des représentations auprès du gouvernement fédéral : Laissez-nous nous
occuper de la culture. Donnez-nous notre part des budgets, on va s'en occuper.
Donnez-nous des pouvoirs supplémentaires, on va s'en occuper.
Et Agnès et moi, on s'est dit : Mais
on n'a pas entendu Philippe Couillard dire ça. On n'a pas entendu le ministre
de la Culture Luc Fortin dire ça, mais pourtant sa voisine de banquette,
Christine St-Pierre, lorsqu'elle était ministre de la Culture sous Jean
Charest, c'est ce qu'elle demandait. Et donc on se rend compte qu'aujourd'hui
il y a une abdication, une démission du gouvernement Couillard sur cette
revendication historique, de dire : Écoutez, la culture, on va s'en occuper.
Alors, aujourd'hui, on demande à M.
Couillard d'être fidèle à la tradition du Parti libéral du Québec et de dire à
Ottawa : O.K., là, vous venez de faire la démonstration que vous ne pouvez
pas vous en occuper, on va s'en occuper. Et on a remarqué aussi que, dans ce
livre quand même assez long, hein, sur... Québécois — Notre
façon d'être Canadiens sur l'affirmation nationale, ils ont complètement
oublié d'en parler, complètement oublié de dire : Bien, comme nous le
faisons depuis une cinquantaine d'années, nous disons que la reconnaissance de
la nation dans le Canada, ça veut dire aussi la reconnaissance que nous allons gérer
nos affaires culturelles.
Alors, c'est plus qu'un oubli parce qu'ils
le savaient, là. Quand ils ont écrit le texte, là, il y avait les textes
précédents, là, et les fonctionnaires qui les aident à faire ça, ils ont tout
ça, hein? Ils n'ont rien oublié, je les connais ces fonctionnaires-là.
Alors, il y a un moment où le premier
ministre Couillard, Jean-Marc Fournier ont décidé d'abandonner la revendication
du Québec d'être maître d'oeuvre de la culture sur le territoire québécois.
Alors, aujourd'hui, je voudrais savoir pourquoi. Est-ce qu'ils sont fiers de
ça? Est-ce qu'ils sont contents de ça, d'avoir délégué à Mélanie Joly la
gestion de la culture du Québec? Est-ce que c'est une bonne idée? Est-ce qu'ils
sont toujours d'accord avec ça?
Alors, j'interpelle le gouvernement québécois,
à la veille d'un remaniement, de dire : Bon, bien s'ils veulent envoyer un
signal, s'ils ont pris la taloche, s'ils comprennent le mécontentement et le
mécontentement que tout le milieu culturel a envers le gouvernement fédéral,
est-ce qu'ils ne peuvent pas avoir retrouvé la colonne vertébrale libérale en
question culturelle et dire : Bon, ça va faire, là, on va s'en occuper.
Le Modérateur
: Merci, M.
Lisée. On va au micro de droite. M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour. C'est une abdication, pour vous, de la part des libéraux, au niveau de
la culture?
M. Lisée
: C'est une
abdication, c'est une démission. Ils ont fait le choix, en écrivant leur
document récent, là, quelles sont les revendications du Québec, on ne demande
plus que le Québec soit maître d'oeuvre de la culture sur son territoire. Ce
qu'a dit Bourassa, ce n'est plus bon; ce qu'a dit Charest, ce n'est plus bon;
ce que disait Christine St-Pierre, ce n'est plus bon. Maintenant, on accepte
que ce soit Mélanie Joly qui soit la responsable de la culture québécoise.
Pour moi, c'est inacceptable, et je leur demande
de ressaisir, là, de se rendre compte de l'ampleur de leur gaffe puis de dire :
Non, non, on revient à ce qu'on a toujours dit : Donnez-nous les budgets,
donnez-nous les pouvoirs. Nous, on sait comment appuyer la culture au Québec.
M. Laforest (Alain) : Sur un
autre dossier, vous vous êtes cassé les dents avec Québec solidaire. Là, il va
y avoir un mariage de raison avec Option nationale. Vous avez failli, ils ont
réussi?
M. Lisée
: Réussi à
quoi? Je reviens toujours à la même question. Si les progressistes et les
indépendantistes veulent avoir un gouvernement à Québec, le seul choix, c'est
le gouvernement du Parti québécois. QS ne formera pas le gouvernement, ON ne
formera pas le gouvernement, séparés ou ensemble. Et on est prisonniers d'un
système électoral vétuste, qui fait en sorte que l'effet net de l'action de QS
et d'ON, c'est d'aider des caquistes et des libéraux à gagner des comtés.
Qu'ils soient ensemble ou séparés, dans le système actuel, c'est le marchepied
de gouvernements fédéralistes de droite.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin, Cogeco.
M. Boivin (Mathieu) : M.
Lisée, vous avez exprimé par Twitter que vous étiez satisfait que M. Lavoie ait
été retiré des ondes. De façon plus globale, avez-vous l'impression qu'il y a
une telle chose qu'un mépris du souverainisme au Québec? Vous avez semblé
laisser entendre qu'on a traité différemment les propos de M. Lavoie... qu'on
les aurait traités s'il était agi de n'importe quel autre groupe victimisé.
Est-ce que vous avez l'impression qu'au Québec les souverainistes, c'est un
peu... on peut s'essuyer les pieds dessus?
M. Lisée
: Je demandais
qu'il soit traité de la même façon et j'ai l'impression qu'ils ont été traités
de la même façon, hein? Le retrait d'un chroniqueur vedette des ondes, c'est
une décision lourde et, je pense, qui était proportionnelle à la lourdeur des
propos tenus, et donc je suis satisfait de ça.
Pour le reste, il y a du vrai dans votre
question, mais je pense qu'hier justice a été rendue.
M. Boivin (Mathieu) : Selon
toute vraisemblance, un remaniement peut-être moins important que ce qu'on
anticipait, mais un remaniement néanmoins, est dans les plans pour les
prochains jours. Qu'est-ce que ça va nous indiquer sur l'état des lieux?
M. Lisée
: Bien, écoutez,
l'effondrement du vote libéral, que ce soit dans Louis-Hébert, ou dans Saint-Jérôme,
ou dans Marie-Victorin, ou dans 10 des 15 partielles qu'on a eues depuis 2014,
montre que les Québécois, lorsqu'ils se concentrent sur un choix puis qu'ils
décident, leur choix, c'est de se débarrasser des libéraux. Alors, moi, je
pense qu'il y a un point de non-retour qui a été franchi puis ils pourront
réorganiser les chaises sur le pont du Titanic de la façon dont ils le voudront
que le sort en est jeté, là.
Et la discussion que les Québécois ont à
partir de maintenant et ont déjà commencée, la discussion, c'est : Qui est
le mieux pour remplacer les libéraux? Est-ce que c'est le Parti québécois ou la
CAQ? Donc, on est dans cette phase-là de l'histoire électorale du Québec.
Maintenant, ça n'empêche pas qu'un
remaniement, c'est intéressant, et moi, je pense que la déception immense des
Québécois face au Dr Barrette et à la réforme de la Santé doit être
enregistrée, doit être intégrée par le premier ministre et il doit se défaire
du Dr Barrette. S'il ne se défait pas du Dr Barrette, il n'a pas compris le
message des Québécois. S'il garde le Dr Barrette, il dit : Je persiste
dans mon erreur. Alors, est-ce qu'il va le faire ou non? C'est à lui à décider,
mais ça, ça serait un signal qu'il a compris l'ampleur de la déception des
Québécois. Alors, à lui de voir s'il donne ce signal ou non.
Le Modérateur
: Merci beaucoup.
M. Pilon-Larose, micro de droite.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Combien pensez-vous pouvoir aller chercher d'Ottawa, si vous rapatriez toutes
les compétences culturelles au Québec? Financièrement, là, combien on peut aller
chercher?
M. Lisée
: Bien, écoutez,
la part québécoise du Conseil des arts, les interventions en musées, là, il
faut faire le détail de ça sur chacun des aspects d'intervention, mais il y a
aussi... Regardez le CRTC qui a pris une décision très mauvaise pour le Québec
récemment. Il a déjà existé au Québec un conseil de la radio et de la
télévision québécoise. C'est la Cour suprême qui a décidé que ça ne pouvait pas
exister. Dans les revendications du Parti libéral du Québec, il y avait un retour
de cette compétence-là, et un CRTC québécois n'aurait pas agi pour réduire la
portion francophone des séries. Alors ça, c'est une décision réglementaire qui
a un impact positif sur le français, alors que les décisions du CRTC vont dans
l'autre sens.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais
vous n'avez pas chiffré combien...
M. Lisée
: Je n'ai pas
de chiffre à vous donner maintenant là-dessus.
Mme
Maltais
: Me
permettez-vous un complément de... Il ne s'agit pas seulement d'argent. La
décision incroyable qui est de rapatrier les artéfacts de l'histoire de la
colonie française ici, en Amérique, de les envoyer à Gatineau, de les sortir de
la ville de Québec, alors que l'utilisation de ces artéfacts, leur
compréhension doit être attachée au territoire est une décision qui aurait...
Ça n'aurait jamais été pris par un gouvernement du Québec.
Alors, il ne s'agit pas seulement
d'argent. Il s'agit véritablement du contrôle du patrimoine et de la culture
vivante à la fois. C'est beaucoup plus qu'une question d'argent, c'est aussi
une question de façons de préserver et de faire rayonner notre identité, de la
comprendre et de la faire rayonner. C'est à la fois la passé et l'avenir qu'il
faut protéger et c'est entre les mains du québécois que cette protection est
assurée.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Pour
la politique culturelle, Mme Maltais, en même temps, là, le ministre Fortin
doit en déposer une au cours de l'automne. On a beaucoup parlé au cours de
l'été du réinvestissement qui était nécessaire dans les milieux culturels.
Est-ce que, vous, vous attendez une cible financière, budgétaire pour donner un
élan à cette politique-là? Et, si oui, avez-vous une idée d'un chiffre, là, en
tête, là? Il faut combien?
Mme
Maltais
:
Écoutez, on connaît la hauteur des demandes des artistes. On n'a pas de cible.
On demande... On sait qu'il manque quelques dizaines de millions de
dollars, effectivement, dans les arts et les lettres, mais il y a plus que ça.
Il y a aussi ce qu'il vient de se passer, par exemple, avec le combat sur
Netflix. C'est qu'aussi les médias sont en danger. Les médias, il faut qu'il y
ait une action au niveau des médias. Il y a aussi la question de, j'allais
dire, sur Netflix et aussi toute la question du Fonds des médias, de notre production
cinéma, notre production télé, qui a besoin de souffle, qui a besoin de...
Il y a la musique qui a un problème, parce
que les artistes qui reçoivent des sous de la vente de leurs disques ne
reçoivent plus rien, parce que les gens vont chercher l'argent sur Spotify,
qui, en passant... avec lequel il va falloir faire une autre entente,
probablement, particulière, avec le gouvernement fédéral, parce qu'ils ont
décidé de ne pas taxer les produits qui sont en vente en ligne. Donc, il y a
beaucoup plus que seulement l'argent du Conseil des arts et des lettres. C'est
difficile de mettre un chiffre, mais il y a des actions précises à faire, à
poser, qui doivent être faites dans de multiples secteurs.
Le Modérateur
: Merci.
M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Lisée
: Bien, je
veux juste dire, par exemple, si le Québec avait la maîtrise d'oeuvre... Et
d'ailleurs, dans le projet de politique culturelle de M. Fortin, c'était
absent. Ils ont pris la décision, dans le projet soumis à la consultation, de
ne pas mettre : Devrions-nous continuer à demander la maîtrise d'oeuvre en
matière culturelle? La question n'est même pas posée. Alors donc, c'est un
retrait total.
Mais, dans le cas de Netflix, par exemple,
bien, c'est le gouvernement du Québec qui aurait négocié pour le Québec avec
Netflix, et je ne pense pas qu'on aurait oublié de demander du contenu
francophone dans une entente.
Le Modérateur
: Merci.
M. Vigneault.
M. Vigneault (Nicolas) : M.
Lisée, cette alliance-là, ON-QS, est-ce qu'elle ne vient pas bousiller, dans le
fond, vos chances de former le prochain gouvernement? Vous l'admettez
vous-même. À partir de ce moment-là, qu'est-ce qu'on fait? Parce que c'est la
réalité, là. Et vous le dites, vous en faites vous-même la propre analyse.
M. Lisée
: Non, non.
Écoutez, regardez les chiffres de vote d'ON. Je veux dire, on n'est même pas
dans la marge d'erreur, là. On est en bas de la moitié...
Mme Maltais : En bas de
1 %.
M. Lisée
: ...la moitié
de 1 %. On est en bas de la moitié de 1 %, bon.
M. Vigneault (Nicolas) : ...ça
favorise.
M. Lisée
: Alors, QS et
ON, séparés ou ensemble, ce qu'ils font, c'est aider des caquistes et des
libéraux à gagner des comtés. Alors, nous, on va faire tout en notre pouvoir
pour minimiser ce risque-là, mais c'est le risque, on gère ce risque-là. Ils
sont... je veux dire, c'est sûr que M. Couillard puis M. Legault sont très
heureux. Ils espèrent qu'ils soient présents dans tous les comtés, ils espèrent
qu'ils nuisent au vote péquiste. C'est une alliance objective, hein? Je
respecte les électeurs de QS et ON, ils ont des convictions, ils pensent que
c'est la meilleure façon de les faire avancer, mais, dans la réalité électorale
du système actuel, ça aide les fédéralistes de droite. C'est ce que je dis aux
électeurs.
M. Vigneault (Nicolas) :
...chance?
M. Lisée
: Je ne dis
pas... Ça augmente la difficulté, hein, mais non, je ne suis vraiment pas d'accord
avec vous. On a gagné Marie-Victorin avec plus de 50 %, on a gagné
Saint-Jérôme avec 46 %. Et d'ailleurs, dans Saint-Jérôme, les électeurs de
QS se sont repliés sur le Parti québécois. On a vu qu'il n'y a pas eu d'effet
QS du tout dans Louis-Hébert, ils sont restés essentiellement stables.
Et moi, j'ai confiance, pas dans les
dirigeants de QS puis d'ON, j'ai confiance dans les électeurs de QS et d'ON qui
vont voir que la question posée au moment de l'élection de 2018, c'est :
Est-ce qu'on veut se débarrasser des fédéralistes de droite? La seule façon de
le faire, c'est de voter pour le Parti québécois.
M. Vigneault (Nicolas) : Mme
Maltais, sur un sujet, oui, un peu plus local. Sur la rue Bouvier, j'ai des
collègues...
Mme
Maltais
:
Sur la quoi?
M. Vigneault (Nicolas) : La
rue Bouvier, je ne sais pas si vous avez vu l'affichage, j'ai des collègues qui
ont fait un texte. Vous ne l'avez pas vu, de toute évidence?
Mme
Maltais
:
Non.
M. Vigneault (Nicolas) : Je
vous reparlerai après.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Bonjour. Est-ce que TransCanada a arraché une page, disons, importante de
votre plateforme électorale en abandonnant son projet Énergie Est ce matin?
M. Lisée
: C'est une
très grande victoire, c'est une victoire des Québécois et c'est une victoire du
Parti québécois parce que, nous, on s'est opposé, depuis le début, très clairement,
à ce projet d'Énergie Est, alors que la CAQ et les libéraux étaient prêts à le
laisser passer à certaines conditions. M. Legault, lui, il voulait avoir de
l'argent. S'il avait de l'argent, il était prêt à mettre aux enchères 860 de
nos rivières.
Alors, mauvaise nouvelle pour François
Legault ce matin, mauvaise nouvelle pour Philippe Couillard, mais pour nous,
c'est une grande nouvelle parce que le Québec n'est plus menacé dans son
intégrité territoriale, dans ses 860 cours d'eau. Alors, c'est très bien. Mais
ne vous inquiétez pas, le gouvernement fédéral, ses actions, que ce soit en
culture, que ce soit pour les banques, que ce soit pour les paradis fiscaux,
nous ne manquons pas de sujets qui démontrent qu'un Québec dirigé par le Parti
québécois ou un Québec indépendant donnerait beaucoup plus de valeur et de
liberté à nos décisions.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mme Maltais, M. Lisée également, on pensait, cette semaine, que le projet de
loi n° 62 sur la neutralité religieuse de l'État serait soumis à un vote
final aujourd'hui. Je ne sais pas si vous avez décidé de faire tout ce que vous
pouviez pour retarder l'adoption de la loi. En fait, si c'est le cas ou si
c'est la semaine prochaine, est-ce que vous allez voter tout en vous bouchant
le nez?
Mme
Maltais
: Je
pense que c'est clair qu'on va voter contre cette loi qui n'a pas vraiment été
modifiée pour en faire une véritable loi faisant avancer le Québec.
Maintenant, ce qui s'est passé, c'est
qu'il ne pourra pas y avoir de vote aujourd'hui parce qu'il y a des... la prise
en considération du rapport n'a pas encore été adoptée. Donc, ça prend un 24
heures, dans nos règlements, mais, étant donné la majorité libérale, ça se
passera probablement dès la rentrée parlementaire. Donc, c'est un très bref
délai qui est dû au fait que beaucoup de députés du Parti québécois, de mes
collègues, ont demandé à prendre la parole. Ce sont des 10 minutes, hein,
dans une prise en considération, techniquement, et ils ont demandé à
parler à leurs électeurs et à leurs commettants parce que c'est un sujet qui
les interpelle dans toutes les régions du Québec. Ce n'est pas seulement... On
en parlait justement hier, ce n'est pas seulement à Montréal, ce n'est pas
seulement à Québec, ça jase à travers tout le Québec. Donc, il y a des députés,
quelques-uns, une dizaine au total, je pense, qui ont dit : J'aimerais ça
prendre la parole. Et puis c'est l'usage, un député qui veut prendre la parole,
il se lève puis il prend la parole. Mais étant donné la majorité libérale, ce
sera adopté probablement à la rentrée.
Un autre élément qu'il faut connaître, c'est
que le projet de loi n° 62 ne s'appliquera pas aux institutions fédérales.
Donc, ça aussi, c'est un des lourds legs que nous laisse le fédéralisme. Les
règles, par exemple, sur le visage découvert ne s'appliqueront pas aux services
fédéraux, ou aux banques, ou au serment de citoyenneté, ou quoi que ce soit du
fédéral.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...ne souhaitiez pas quand même appuyer ce pas en avant là?
M. Lisée
: S'il y avait
un pas en avant, mais là on se rend compte que...
M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien,
est-ce qu'il y a un recul?
M. Lisée
: Bien, sur le
visage découvert, le droit à demander un accommodement religieux est
complètement intégré par la ministre. Et la ministre dit : Bien, écoutez,
il est tout à fait possible que quelqu'un dise : Bien, moi, pour des
raisons religieuses, je veux avoir le visage couvert, et le juge va dire oui,
et la loi n'aura aucun effet.
Alors, nous, on voulait baliser, dans la
loi, le fait qu'on ne peut pas avoir d'accommodements pour motifs religieux. Si
on avait dit ça dans la loi, il y aurait eu un pas là.
Ensuite, il y a le problème de la laïcité.
Ils ne veulent pas dire laïcité, ils veulent dire neutralité.
Ensuite, il y a le problème du refus
d'accepter le compromis, le consensus de Bouchard-Taylor. Alors, il en manque
des grands bouts, puis même, sur ce bout central du visage couvert, il est
possible qu'il n'y ait absolument pas l'effet désiré et que les seuls qui
soient empêchés d'avoir le visage couvert, c'est Spider-Man.
Le Modérateur
: M.
Gagnon.
M. Gagnon (Marc-André) : Mme
Maltais, M. Lisée, bon matin.
M. Lisée
: Bonjour.
M. Gagnon (Marc-André) :
Comment expliquer que lors d'élections partielles récentes, on n'a qu'à penser
à Chauveau, à Louis-Hébert, le fait que le candidat ou la candidate réside dans
le comté soit devenu un enjeu électoral, alors qu'on voit ce matin qu'il y a
près de la moitié des députés qui, dans le fond, n'habitent pas dans leur
circonscription, y compris vous?
M. Lisée
: Oui. Bien,
ça tient beaucoup aux comtés eux-mêmes. Il y a des comtés pour qui c'est absolument
essentiel que le candidat ou le député réside là, il y a des comtés pour qui la
personnalité est plus importante. Dans Rosemont, qui est le comté que je
représente, lorsque j'ai demandé aux gens s'ils étaient intéressés, ils
disaient : Ce n'est pas un enjeu dans Rosemont. Ils ont eu Louise Beaudoin
qui n'habitait pas dans le comté, ils ont eu Rita Dionne-Marsolais qui
n'habitait pas dans le comté. L'important, pour les gens de Rosemont, c'est la
personnalité. Lucien Bouchard n'habitait pas dans son comté, ça allait. Il y en
a plusieurs autres. Pauline Marois n'habitait pas dans Charlevoix, ça allait.
Alors, il faut coller à la personnalité du
comté et c'est variable selon les comtés. Il faut respecter, disons, la volonté
des électeurs des comtés. Et là, par exemple, on est en train de recruter des
candidats pour l'élection de 2018. Nous savons que dans certains comtés, ce
n'est même pas la peine de proposer une figure nationale, parce qu'ils sont
très, très attachés à l'idée de l'ancrage local, et d'autres comtés nous disent :
Non, non, nous, on préfère avoir une figure nationale. Donc, il faut respecter
ça.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
avez parlé de remaniement tout à l'heure. C'est dans l'air, semble-t-il.
Croyez-vous que Robert Poëti, par exemple, devrait revenir au ministère des
Transports? Est-ce que ça serait un bon signal que M. Couillard pourrait
envoyer s'il faisait ça?
M. Lisée
: Oui, ce
serait un bon signal. Je le demande depuis deux ans, que Robert Poëti devienne
ministre des Transports. Ça, s'il faisait ça, je saluerais ça, oui.
M. Gagnon (Marc-André) : Une
petite question rapide pour Mme Maltais. Si on revient encore une fois sur
l'élection partielle dans Louis-Hébert, on a entendu hier M. Couillard répéter
qu'il tiendrait parole sur deux engagements qu'il a pris lors de cette campagne
avec sa candidate libérale, c'est-à-dire de régler le dossier Anacolor, mais
aussi d'aller de l'avant avec le prolongement de l'autoroute Félix-Leclerc.
Est-ce que ça vous inquiète?
Mme
Maltais
:
Sur Anacolor, j'en suis très contente. C'est une bataille qu'on a menée. Sur le
prolongement de l'autoroute 40, nous étions nous aussi dans le sens du
prolongement, mais en demandant que la portion qui est sur le territoire de L'Ancienne-Lorette
soit en boulevard urbain pour éviter les expropriations et tout. Je ne serais
pas étonnée qu'il aille, encore une fois, vers la solution du Parti québécois.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Plante.
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour, M. Lisée.
M. Lisée
: Bonjour.
Mme Plante (Caroline) : Donc,
sur l'abandon du projet de pipeline par TransCanada, pourquoi dites-vous que
c'est une victoire du PQ? Avez-vous eu un rôle à jouer là-dedans? Avez-vous eu
une influence là-dedans?
M. Lisée
: Bien, c'est
une victoire du Parti québécois parce que politiquement, le seul grand parti
qui s'est opposé à Énergie Est, c'est le Parti québécois. Ce n'était pas le cas
du Parti libéral, ce n'était pas le cas de François Legault. C'est évidemment
une victoire de l'ensemble de la mobilisation québécoise, les groupes
environnementaux, les municipalités, la fédération des municipalités, la ville
de Montréal.
Je veux dire, nous étions partis d'une
très grande coalition qui disait non. Le degré de difficulté, donc, était très
élevé, puis nous, on a dit que, si on est élus, on allait faire une guérilla
normative, réglementaire à chaque kilomètre. Et donc, je pense qu'on n'est pas
le seul élément. Évidemment, les changements qui ont été apportés par Ottawa
aux critères d'évaluation sont aussi un élément. Je suppose que TransCanada
regarde aussi les prix du pétrole à court, moyen et long termes.
Donc, c'est sûr que ce n'est pas nous tout
seuls qui avons fait ça, mais, moi, je suis content, je faisais partie de cette
coalition, nous faisions partie de cette coalition, nous lui donnions une voix
ici, à l'Assemblée nationale. Et donc, c'est une victoire.
Mme Plante (Caroline) : Vous
avez pesé dans la balance.
M. Lisée
: Oui.
Mme Plante (Caroline) : O.K.
Sur le racisme systémique, la discrimination systémique, seriez-vous satisfait
d'une consultation, disons, en ligne?
M. Lisée
: Écoutez, je
ne sais pas trop, là. Tu sais, ce n'est pas à moi de dire comment le gouvernement
doit se dépatouiller de ça. Moi, ce qui me satisferait, c'est l'adoption de
mesures d'application concrètes pour faire reculer le racisme et la
discrimination. C'est ce qu'on propose depuis le mois de février et avant. Nous
allons déposer un projet de loi en ce sens. C'est des actions. C'est des
actions qu'il faut. Améliorer la vie des Québécois d'adoption qui sont victimes
de discrimination et de racisme, c'est ça qui pourrait me satisfaire.
Mme Plante (Caroline) : Une consultation
en ligne, ça pourrait aller.
M. Lisée
: Je ne dis ni
oui ni non à ça. Ça, c'est le problème du gouvernement qui s'est embarqué dans
un processus qui allait envenimer le débat. Comment ils vont s'en sortir, c'est
un peu à eux de le voir.
Le Modérateur
: Merci.
En anglais.
Mme Montgomery (Angelica) : Mr. Lisée, I have heard, le Parti québécois mentioned many times
the idea that Energy East is a reason for sovereignty, the groups of
Anglophones for sovereign Quebec has mentioned that this is one of the issues
that they can bring to the tables to convince Anglophones to come to the
sovereigntist party. So the fact that this is now being abandoned does that not
pull away one of your most arguments for…
M. Lisée
:
Well, the basic argument is that Québec did not have a say into whether or not
the pipeline would come through. That didn't change. What changed is that the
promoter of the pipeline decided not to do it. So it was not our decision it was
the decision of the pipeline.
Of course, the fact that
they were trying to build a pipeline against our will made this lack of power
of Québec more salient but we have a great number of other issues where the
absence of freedom of Québec to make decisions is salient. Marijuana time table
is one of them, the fact that the federal Government does not want to close the
loopholes of the tax heavens is another. I mean, the number of issues where a
sovereign Québec could make better decisions is simply almost endless.
Mme Montgomery
(Angelica) : Now we're hearing from Mayor
Denis Coderre that he is elated about this news. Whose work do you think could
be credited for the fact that this project is now done?
M. Lisée
:
I think it's a common work. A lot of variables are in there. We were the only
important party in Québec, at the National Assembly, to say that this should
never pass. And we announced that, if we're elected, we
will make, you know, a daily work of trying to solve that. But of course there
is a big coalition, the mayor of Montréal, the mayor of Laval, other mayors, variables that are out of our
control, of course, played a role. I mean, they… just the price of oil, also
the federal Government's
decision to modify the terms of evaluation, this all played a role of course.
But clearly, for those who wanted to protect Québec territory, it is a win.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lisée
: C'est tout? Merci beaucoup.
Mme Fletcher (Raquel) : I was waiting for Maya. Good morning. A number of community groups
are saying that the systemic racism consultations need to go ahead. So is there
a way that we could, I don't know, reform at them, or change the name, or do
something in order to, you know, please these community groups who feel like
they need an outlet, but, at the same time, you know, not divide the province
and add to the tension?
M. Lisée
: Well, our position's been clear since the outset. People in good
faith are asking for this consultation. I respect their beliefs, but we think
that the consultation would have ill effects on the well-being and just the
debate within Québec. At the
end of the mandate, in an electoral year, that's not a good time to have that
debate for a number of reasons. But it's a good time to act, to pass legislation and have measures that better protect the rights of
Quebeckers that came from abroad and that are victims of discrimination and
racism.
We have been trying all
this year to convince the Liberal Government to adopt some of these measures.
When we come back from recess, we'll table a bill that does exactly that :
Let's act to have less discrimination and racism. That's the best thing we can
do.
Mme Fletcher (Raquel) : I guess we would… if they did that, if they tabled bills, they
would still have public consultations on those bills, right?
M. Lisée
:
Yes, that would be… Absolutely. We would have a bill that says : These are
20 measures that would help. What do you think of these measures? Should we add
some, should we tweak some? But we would be in action, not in consultation. And
what people need is action.
Mme
Fletcher (Raquel) : OK. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 8 h 33)