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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle, et Mme Agnès Maltais, porte-parole de l’opposition officielle en matière de culture et de communications

Version finale

Thursday, October 5, 2017, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures six minutes)

M. Lisée : Alors, depuis une dizaine de jours, on voit que le gouvernement canadien, Mélanie Joly, Justin Trudeau, n'arrivent pas à présenter une politique culturelle qui puisse satisfaire le Québec, ses intérêts, ses groupes culturels. On a vu, cette semaine, l'UDA, l'ensemble des organisations culturelles dire comment ils sont mécontents de l'approche canadienne en matière culturelle. Ça va de Netflix, mais aussi de l'ensemble des propositions.

Et, à travers tout ça, ce qui est perdu, c'est que comment ça se fait que c'est Ottawa qui s'occupe de la culture québécoise? Ça nous a rappelé qu'il y avait un moment où le gouvernement libéral du Québec disait que c'est le Québec qui devrait avoir la maîtrise d'oeuvre de la culture sur le territoire québécois et que le Canada devrait dégager, devrait respecter l'existence d'une nation québécoise, donc d'une nation culturelle, et devrait laisser au Québec la gestion des sommes, des fonds de la politique culturelle. Qui disait ça? Robert Bourassa disait ça, Jean Charest disait ça. Jean Charest disait, dans son élection en 2008 et dans des représentations auprès du gouvernement fédéral : Laissez-nous nous occuper de la culture. Donnez-nous notre part des budgets, on va s'en occuper. Donnez-nous des pouvoirs supplémentaires, on va s'en occuper.

Et Agnès et moi, on s'est dit : Mais on n'a pas entendu Philippe Couillard dire ça. On n'a pas entendu le ministre de la Culture Luc Fortin dire ça, mais pourtant sa voisine de banquette, Christine St-Pierre, lorsqu'elle était ministre de la Culture sous Jean Charest, c'est ce qu'elle demandait. Et donc on se rend compte qu'aujourd'hui il y a une abdication, une démission du gouvernement Couillard sur cette revendication historique, de dire : Écoutez, la culture, on va s'en occuper.

Alors, aujourd'hui, on demande à M. Couillard d'être fidèle à la tradition du Parti libéral du Québec et de dire à Ottawa : O.K., là, vous venez de faire la démonstration que vous ne pouvez pas vous en occuper, on va s'en occuper. Et on a remarqué aussi que, dans ce livre quand même assez long, hein, sur... QuébécoisNotre façon d'être Canadiens sur l'affirmation nationale, ils ont complètement oublié d'en parler, complètement oublié de dire : Bien, comme nous le faisons depuis une cinquantaine d'années, nous disons que la reconnaissance de la nation dans le Canada, ça veut dire aussi la reconnaissance que nous allons gérer nos affaires culturelles.

Alors, c'est plus qu'un oubli parce qu'ils le savaient, là. Quand ils ont écrit le texte, là, il y avait les textes précédents, là, et les fonctionnaires qui les aident à faire ça, ils ont tout ça, hein? Ils n'ont rien oublié, je les connais ces fonctionnaires-là.

Alors, il y a un moment où le premier ministre Couillard, Jean-Marc Fournier ont décidé d'abandonner la revendication du Québec d'être maître d'oeuvre de la culture sur le territoire québécois. Alors, aujourd'hui, je voudrais savoir pourquoi. Est-ce qu'ils sont fiers de ça? Est-ce qu'ils sont contents de ça, d'avoir délégué à Mélanie Joly la gestion de la culture du Québec? Est-ce que c'est une bonne idée? Est-ce qu'ils sont toujours d'accord avec ça?

Alors, j'interpelle le gouvernement québécois, à la veille d'un remaniement, de dire : Bon, bien s'ils veulent envoyer un signal, s'ils ont pris la taloche, s'ils comprennent le mécontentement et le mécontentement que tout le milieu culturel a envers le gouvernement fédéral, est-ce qu'ils ne peuvent pas avoir retrouvé la colonne vertébrale libérale en question culturelle et dire : Bon, ça va faire, là, on va s'en occuper.

Le Modérateur : Merci, M. Lisée. On va au micro de droite. M. Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Bonjour. C'est une abdication, pour vous, de la part des libéraux, au niveau de la culture?

M. Lisée : C'est une abdication, c'est une démission. Ils ont fait le choix, en écrivant leur document récent, là, quelles sont les revendications du Québec, on ne demande plus que le Québec soit maître d'oeuvre de la culture sur son territoire. Ce qu'a dit Bourassa, ce n'est plus bon; ce qu'a dit Charest, ce n'est plus bon; ce que disait Christine St-Pierre, ce n'est plus bon. Maintenant, on accepte que ce soit Mélanie Joly qui soit la responsable de la culture québécoise.

Pour moi, c'est inacceptable, et je leur demande de ressaisir, là, de se rendre compte de l'ampleur de leur gaffe puis de dire : Non, non, on revient à ce qu'on a toujours dit : Donnez-nous les budgets, donnez-nous les pouvoirs. Nous, on sait comment appuyer la culture au Québec.

M. Laforest (Alain) : Sur un autre dossier, vous vous êtes cassé les dents avec Québec solidaire. Là, il va y avoir un mariage de raison avec Option nationale. Vous avez failli, ils ont réussi?

M. Lisée : Réussi à quoi? Je reviens toujours à la même question. Si les progressistes et les indépendantistes veulent avoir un gouvernement à Québec, le seul choix, c'est le gouvernement du Parti québécois. QS ne formera pas le gouvernement, ON ne formera pas le gouvernement, séparés ou ensemble. Et on est prisonniers d'un système électoral vétuste, qui fait en sorte que l'effet net de l'action de QS et d'ON, c'est d'aider des caquistes et des libéraux à gagner des comtés. Qu'ils soient ensemble ou séparés, dans le système actuel, c'est le marchepied de gouvernements fédéralistes de droite.

Le Modérateur : Merci. M. Boivin, Cogeco.

M. Boivin (Mathieu) : M. Lisée, vous avez exprimé par Twitter que vous étiez satisfait que M. Lavoie ait été retiré des ondes. De façon plus globale, avez-vous l'impression qu'il y a une telle chose qu'un mépris du souverainisme au Québec? Vous avez semblé laisser entendre qu'on a traité différemment les propos de M. Lavoie... qu'on les aurait traités s'il était agi de n'importe quel autre groupe victimisé. Est-ce que vous avez l'impression qu'au Québec les souverainistes, c'est un peu... on peut s'essuyer les pieds dessus?

M. Lisée : Je demandais qu'il soit traité de la même façon et j'ai l'impression qu'ils ont été traités de la même façon, hein? Le retrait d'un chroniqueur vedette des ondes, c'est une décision lourde et, je pense, qui était proportionnelle à la lourdeur des propos tenus, et donc je suis satisfait de ça.

Pour le reste, il y a du vrai dans votre question, mais je pense qu'hier justice a été rendue.

M. Boivin (Mathieu) : Selon toute vraisemblance, un remaniement peut-être moins important que ce qu'on anticipait, mais un remaniement néanmoins, est dans les plans pour les prochains jours. Qu'est-ce que ça va nous indiquer sur l'état des lieux?

M. Lisée : Bien, écoutez, l'effondrement du vote libéral, que ce soit dans Louis-Hébert, ou dans Saint-Jérôme, ou dans Marie-Victorin, ou dans 10 des 15 partielles qu'on a eues depuis 2014, montre que les Québécois, lorsqu'ils se concentrent sur un choix puis qu'ils décident, leur choix, c'est de se débarrasser des libéraux. Alors, moi, je pense qu'il y a un point de non-retour qui a été franchi puis ils pourront réorganiser les chaises sur le pont du Titanic de la façon dont ils le voudront que le sort en est jeté, là.

Et la discussion que les Québécois ont à partir de maintenant et ont déjà commencée, la discussion, c'est : Qui est le mieux pour remplacer les libéraux? Est-ce que c'est le Parti québécois ou la CAQ? Donc, on est dans cette phase-là de l'histoire électorale du Québec.

Maintenant, ça n'empêche pas qu'un remaniement, c'est intéressant, et moi, je pense que la déception immense des Québécois face au Dr Barrette et à la réforme de la Santé doit être enregistrée, doit être intégrée par le premier ministre et il doit se défaire du Dr Barrette. S'il ne se défait pas du Dr Barrette, il n'a pas compris le message des Québécois. S'il garde le Dr Barrette, il dit : Je persiste dans mon erreur. Alors, est-ce qu'il va le faire ou non? C'est à lui à décider, mais ça, ça serait un signal qu'il a compris l'ampleur de la déception des Québécois. Alors, à lui de voir s'il donne ce signal ou non.

Le Modérateur : Merci beaucoup. M. Pilon-Larose, micro de droite.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Combien pensez-vous pouvoir aller chercher d'Ottawa, si vous rapatriez toutes les compétences culturelles au Québec? Financièrement, là, combien on peut aller chercher?

M. Lisée : Bien, écoutez, la part québécoise du Conseil des arts, les interventions en musées, là, il faut faire le détail de ça sur chacun des aspects d'intervention, mais il y a aussi... Regardez le CRTC qui a pris une décision très mauvaise pour le Québec récemment. Il a déjà existé au Québec un conseil de la radio et de la télévision québécoise. C'est la Cour suprême qui a décidé que ça ne pouvait pas exister. Dans les revendications du Parti libéral du Québec, il y avait un retour de cette compétence-là, et un CRTC québécois n'aurait pas agi pour réduire la portion francophone des séries. Alors ça, c'est une décision réglementaire qui a un impact positif sur le français, alors que les décisions du CRTC vont dans l'autre sens.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais vous n'avez pas chiffré combien...

M. Lisée : Je n'ai pas de chiffre à vous donner maintenant là-dessus.

Mme Maltais : Me permettez-vous un complément de... Il ne s'agit pas seulement d'argent. La décision incroyable qui est de rapatrier les artéfacts de l'histoire de la colonie française ici, en Amérique, de les envoyer à Gatineau, de les sortir de la ville de Québec, alors que l'utilisation de ces artéfacts, leur compréhension doit être attachée au territoire est une décision qui aurait... Ça n'aurait jamais été pris par un gouvernement du Québec.

Alors, il ne s'agit pas seulement d'argent. Il s'agit véritablement du contrôle du patrimoine et de la culture vivante à la fois. C'est beaucoup plus qu'une question d'argent, c'est aussi une question de façons de préserver et de faire rayonner notre identité, de la comprendre et de la faire rayonner. C'est à la fois la passé et l'avenir qu'il faut protéger et c'est entre les mains du québécois que cette protection est assurée.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Pour la politique culturelle, Mme Maltais, en même temps, là, le ministre Fortin doit en déposer une au cours de l'automne. On a beaucoup parlé au cours de l'été du réinvestissement qui était nécessaire dans les milieux culturels. Est-ce que, vous, vous attendez une cible financière, budgétaire pour donner un élan à cette politique-là? Et, si oui, avez-vous une idée d'un chiffre, là, en tête, là? Il faut combien?

Mme Maltais : Écoutez, on connaît la hauteur des demandes des artistes. On n'a pas de cible. On demande... On sait qu'il manque quelques dizaines de millions de dollars, effectivement, dans les arts et les lettres, mais il y a plus que ça. Il y a aussi ce qu'il vient de se passer, par exemple, avec le combat sur Netflix. C'est qu'aussi les médias sont en danger. Les médias, il faut qu'il y ait une action au niveau des médias. Il y a aussi la question de, j'allais dire, sur Netflix et aussi toute la question du Fonds des médias, de notre production cinéma, notre production télé, qui a besoin de souffle, qui a besoin de...

Il y a la musique qui a un problème, parce que les artistes qui reçoivent des sous de la vente de leurs disques ne reçoivent plus rien, parce que les gens vont chercher l'argent sur Spotify, qui, en passant... avec lequel il va falloir faire une autre entente, probablement, particulière, avec le gouvernement fédéral, parce qu'ils ont décidé de ne pas taxer les produits qui sont en vente en ligne. Donc, il y a beaucoup plus que seulement l'argent du Conseil des arts et des lettres. C'est difficile de mettre un chiffre, mais il y a des actions précises à faire, à poser, qui doivent être faites dans de multiples secteurs.

Le Modérateur : Merci. M. Vigneault, Radio-Canada.

M. Lisée : Bien, je veux juste dire, par exemple, si le Québec avait la maîtrise d'oeuvre... Et d'ailleurs, dans le projet de politique culturelle de M. Fortin, c'était absent. Ils ont pris la décision, dans le projet soumis à la consultation, de ne pas mettre : Devrions-nous continuer à demander la maîtrise d'oeuvre en matière culturelle? La question n'est même pas posée. Alors donc, c'est un retrait total.

Mais, dans le cas de Netflix, par exemple, bien, c'est le gouvernement du Québec qui aurait négocié pour le Québec avec Netflix, et je ne pense pas qu'on aurait oublié de demander du contenu francophone dans une entente.

Le Modérateur : Merci. M. Vigneault.

M. Vigneault (Nicolas) : M. Lisée, cette alliance-là, ON-QS, est-ce qu'elle ne vient pas bousiller, dans le fond, vos chances de former le prochain gouvernement? Vous l'admettez vous-même. À partir de ce moment-là, qu'est-ce qu'on fait? Parce que c'est la réalité, là. Et vous le dites, vous en faites vous-même la propre analyse.

M. Lisée : Non, non. Écoutez, regardez les chiffres de vote d'ON. Je veux dire, on n'est même pas dans la marge d'erreur, là. On est en bas de la moitié...

Mme Maltais : En bas de 1 %.

M. Lisée : ...la moitié de 1 %. On est en bas de la moitié de 1 %, bon.

M. Vigneault (Nicolas) : ...ça favorise.

M. Lisée : Alors, QS et ON, séparés ou ensemble, ce qu'ils font, c'est aider des caquistes et des libéraux à gagner des comtés. Alors, nous, on va faire tout en notre pouvoir pour minimiser ce risque-là, mais c'est le risque, on gère ce risque-là. Ils sont... je veux dire, c'est sûr que M. Couillard puis M. Legault sont très heureux. Ils espèrent qu'ils soient présents dans tous les comtés, ils espèrent qu'ils nuisent au vote péquiste. C'est une alliance objective, hein? Je respecte les électeurs de QS et ON, ils ont des convictions, ils pensent que c'est la meilleure façon de les faire avancer, mais, dans la réalité électorale du système actuel, ça aide les fédéralistes de droite. C'est ce que je dis aux électeurs.

M. Vigneault (Nicolas) : ...chance?

M. Lisée : Je ne dis pas... Ça augmente la difficulté, hein, mais non, je ne suis vraiment pas d'accord avec vous. On a gagné Marie-Victorin avec plus de 50 %, on a gagné Saint-Jérôme avec 46 %. Et d'ailleurs, dans Saint-Jérôme, les électeurs de QS se sont repliés sur le Parti québécois. On a vu qu'il n'y a pas eu d'effet QS du tout dans Louis-Hébert, ils sont restés essentiellement stables.

Et moi, j'ai confiance, pas dans les dirigeants de QS puis d'ON, j'ai confiance dans les électeurs de QS et d'ON qui vont voir que la question posée au moment de l'élection de 2018, c'est : Est-ce qu'on veut se débarrasser des fédéralistes de droite? La seule façon de le faire, c'est de voter pour le Parti québécois.

M. Vigneault (Nicolas) : Mme Maltais, sur un sujet, oui, un peu plus local. Sur la rue Bouvier, j'ai des collègues...

Mme Maltais : Sur la quoi?

M. Vigneault (Nicolas) : La rue Bouvier, je ne sais pas si vous avez vu l'affichage, j'ai des collègues qui ont fait un texte. Vous ne l'avez pas vu, de toute évidence?

Mme Maltais : Non.

M. Vigneault (Nicolas) : Je vous reparlerai après.

Le Modérateur : Merci. M. Bélair-Cirino, Le Devoir.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui. Bonjour. Est-ce que TransCanada a arraché une page, disons, importante de votre plateforme électorale en abandonnant son projet Énergie Est ce matin?

M. Lisée : C'est une très grande victoire, c'est une victoire des Québécois et c'est une victoire du Parti québécois parce que, nous, on s'est opposé, depuis le début, très clairement, à ce projet d'Énergie Est, alors que la CAQ et les libéraux étaient prêts à le laisser passer à certaines conditions. M. Legault, lui, il voulait avoir de l'argent. S'il avait de l'argent, il était prêt à mettre aux enchères 860 de nos rivières.

Alors, mauvaise nouvelle pour François Legault ce matin, mauvaise nouvelle pour Philippe Couillard, mais pour nous, c'est une grande nouvelle parce que le Québec n'est plus menacé dans son intégrité territoriale, dans ses 860 cours d'eau. Alors, c'est très bien. Mais ne vous inquiétez pas, le gouvernement fédéral, ses actions, que ce soit en culture, que ce soit pour les banques, que ce soit pour les paradis fiscaux, nous ne manquons pas de sujets qui démontrent qu'un Québec dirigé par le Parti québécois  ou un Québec indépendant donnerait beaucoup plus de valeur et de liberté à nos décisions.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mme Maltais, M. Lisée également, on pensait, cette semaine, que le projet de loi n° 62 sur la neutralité religieuse de l'État serait soumis à un vote final aujourd'hui. Je ne sais pas si vous avez décidé de faire tout ce que vous pouviez pour retarder l'adoption de la loi. En fait, si c'est le cas ou si c'est la semaine prochaine, est-ce que vous allez voter tout en vous bouchant le nez?

Mme Maltais : Je pense que c'est clair qu'on va voter contre cette loi qui n'a pas vraiment été modifiée pour en faire une véritable loi faisant avancer le Québec.

Maintenant, ce qui s'est passé, c'est qu'il ne pourra pas y avoir de vote aujourd'hui parce qu'il y a des... la prise en considération du rapport n'a pas encore été adoptée. Donc, ça prend un 24 heures, dans nos règlements, mais, étant donné la majorité libérale, ça se passera probablement dès la rentrée parlementaire. Donc, c'est un très bref délai qui est dû au fait que beaucoup de députés du Parti québécois, de mes collègues, ont demandé à prendre la parole. Ce sont des 10 minutes, hein, dans une prise en considération, techniquement, et ils ont demandé à parler à leurs électeurs et à leurs commettants parce que c'est un sujet qui les interpelle dans toutes les régions du Québec. Ce n'est pas seulement... On en parlait justement hier, ce n'est pas seulement à Montréal, ce n'est pas seulement à Québec, ça jase à travers tout le Québec. Donc, il y a des députés, quelques-uns, une dizaine au total, je pense, qui ont dit : J'aimerais ça prendre la parole. Et puis c'est l'usage, un député qui veut prendre la parole, il se lève puis il prend la parole. Mais étant donné la majorité libérale, ce sera adopté probablement à la rentrée.

Un autre élément qu'il faut connaître, c'est que le projet de loi n° 62 ne s'appliquera pas aux institutions fédérales. Donc, ça aussi, c'est un des lourds legs que nous laisse le fédéralisme. Les règles, par exemple, sur le visage découvert ne s'appliqueront pas aux services fédéraux, ou aux banques, ou au serment de citoyenneté, ou quoi que ce soit du fédéral.

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...ne souhaitiez pas quand même appuyer ce pas en avant là?

M. Lisée : S'il y avait un pas en avant, mais là on se rend compte que...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien, est-ce qu'il y a un recul?

M. Lisée : Bien, sur le visage découvert, le droit à demander un accommodement religieux est complètement intégré par la ministre. Et la ministre dit : Bien, écoutez, il est tout à fait possible que quelqu'un dise : Bien, moi, pour des raisons religieuses, je veux avoir le visage couvert, et le juge va dire oui, et la loi n'aura aucun effet.

Alors, nous, on voulait baliser, dans la loi, le fait qu'on ne peut pas avoir d'accommodements pour motifs religieux. Si on avait dit ça dans la loi, il y aurait eu un pas là.

Ensuite, il y a le problème de la laïcité. Ils ne veulent pas dire laïcité, ils veulent dire neutralité.

Ensuite, il y a le problème du refus d'accepter le compromis, le consensus de Bouchard-Taylor. Alors, il en manque des grands bouts, puis même, sur ce bout central du visage couvert, il est possible qu'il n'y ait absolument pas l'effet désiré et que les seuls qui soient empêchés d'avoir le visage couvert, c'est Spider-Man.

Le Modérateur : M. Gagnon.

M. Gagnon (Marc-André) : Mme Maltais, M. Lisée, bon matin.

M. Lisée : Bonjour.

M. Gagnon (Marc-André) : Comment expliquer que lors d'élections partielles récentes, on n'a qu'à penser à Chauveau, à Louis-Hébert, le fait que le candidat ou la candidate réside dans le comté soit devenu un enjeu électoral, alors qu'on voit ce matin qu'il y a près de la moitié des députés qui, dans le fond, n'habitent pas dans leur circonscription, y compris vous?

M. Lisée : Oui. Bien, ça tient beaucoup aux comtés eux-mêmes. Il y a des comtés pour qui c'est absolument essentiel que le candidat ou le député réside là, il y a des comtés pour qui la personnalité est plus importante. Dans Rosemont, qui est le comté que je représente, lorsque j'ai demandé aux gens s'ils étaient intéressés, ils disaient : Ce n'est pas un enjeu dans Rosemont. Ils ont eu Louise Beaudoin qui n'habitait pas dans le comté, ils ont eu Rita Dionne-Marsolais qui n'habitait pas dans le comté. L'important, pour les gens de Rosemont, c'est la personnalité. Lucien Bouchard n'habitait pas dans son comté, ça allait. Il y en a plusieurs autres. Pauline Marois n'habitait pas dans Charlevoix, ça allait.

Alors, il faut coller à la personnalité du comté et c'est variable selon les comtés. Il faut respecter, disons, la volonté des électeurs des comtés. Et là, par exemple, on est en train de recruter des candidats pour l'élection de 2018. Nous savons que dans certains comtés, ce n'est même pas la peine de proposer une figure nationale, parce qu'ils sont très, très attachés à l'idée de l'ancrage local, et d'autres comtés nous disent : Non, non, nous, on préfère avoir une figure nationale. Donc, il faut respecter ça.

M. Gagnon (Marc-André) : Vous avez parlé de remaniement tout à l'heure. C'est dans l'air, semble-t-il. Croyez-vous que Robert Poëti, par exemple, devrait revenir au ministère des Transports? Est-ce que ça serait un bon signal que M. Couillard pourrait envoyer s'il faisait ça?

M. Lisée : Oui, ce serait un bon signal. Je le demande depuis deux ans, que Robert Poëti devienne ministre des Transports. Ça, s'il faisait ça, je saluerais ça, oui.

M. Gagnon (Marc-André) : Une petite question rapide pour Mme Maltais. Si on revient encore une fois sur l'élection partielle dans Louis-Hébert, on a entendu hier M. Couillard répéter qu'il tiendrait parole sur deux engagements qu'il a pris lors de cette campagne avec sa candidate libérale, c'est-à-dire de régler le dossier Anacolor, mais aussi d'aller de l'avant avec le prolongement de l'autoroute Félix-Leclerc. Est-ce que ça vous inquiète?

Mme Maltais : Sur Anacolor, j'en suis très contente. C'est une bataille qu'on a menée. Sur le prolongement de l'autoroute 40, nous étions nous aussi dans le sens du prolongement, mais en demandant que la portion qui est sur le territoire de L'Ancienne-Lorette soit en boulevard urbain pour éviter les expropriations et tout. Je ne serais pas étonnée qu'il aille, encore une fois, vers la solution du Parti québécois.

Le Modérateur : Merci. Mme Plante.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour, M. Lisée.

M. Lisée : Bonjour.

Mme Plante (Caroline) : Donc, sur l'abandon du projet de pipeline par TransCanada, pourquoi dites-vous que c'est une victoire du PQ? Avez-vous eu un rôle à jouer là-dedans? Avez-vous eu une influence là-dedans?

M. Lisée : Bien, c'est une victoire du Parti québécois parce que politiquement, le seul grand parti qui s'est opposé à Énergie Est, c'est le Parti québécois. Ce n'était pas le cas du Parti libéral, ce n'était pas le cas de François Legault. C'est évidemment une victoire de l'ensemble de la mobilisation québécoise, les groupes environnementaux, les municipalités, la fédération des municipalités, la ville de Montréal.

Je veux dire, nous étions partis d'une très grande coalition qui disait non. Le degré de difficulté, donc, était très élevé, puis nous, on a dit que, si on est élus, on allait faire une guérilla normative, réglementaire à chaque kilomètre. Et donc, je pense qu'on n'est pas le seul élément. Évidemment, les changements qui ont été apportés par Ottawa aux critères d'évaluation sont aussi un élément. Je suppose que TransCanada regarde aussi les prix du pétrole à court, moyen et long termes.

Donc, c'est sûr que ce n'est pas nous tout seuls qui avons fait ça, mais, moi, je suis content, je faisais partie de cette coalition, nous faisions partie de cette coalition, nous lui donnions une voix ici, à l'Assemblée nationale. Et donc, c'est une victoire.

Mme Plante (Caroline) : Vous avez pesé dans la balance.

M. Lisée : Oui.

Mme Plante (Caroline) : O.K. Sur le racisme systémique, la discrimination systémique, seriez-vous satisfait d'une consultation, disons, en ligne?

M. Lisée : Écoutez, je ne sais pas trop, là. Tu sais, ce n'est pas à moi de dire comment le gouvernement doit se dépatouiller de ça. Moi, ce qui me satisferait, c'est l'adoption de mesures d'application concrètes pour faire reculer le racisme et la discrimination. C'est ce qu'on propose depuis le mois de février et avant. Nous allons déposer un projet de loi en ce sens. C'est des actions. C'est des actions qu'il faut. Améliorer la vie des Québécois d'adoption qui sont victimes de discrimination et de racisme, c'est ça qui pourrait me satisfaire.

Mme Plante (Caroline) : Une consultation en ligne, ça pourrait aller.

M. Lisée : Je ne dis ni oui ni non à ça. Ça, c'est le problème du gouvernement qui s'est embarqué dans un processus qui allait envenimer le débat. Comment ils vont s'en sortir, c'est un peu à eux de le voir.

Le Modérateur : Merci. En anglais.

Mme Montgomery (Angelica) : Mr. Lisée, I have heard, le Parti québécois mentioned many times the idea that Energy East is a reason for sovereignty, the groups of Anglophones for sovereign Quebec has mentioned that this is one of the issues that they can bring to the tables to convince Anglophones to come to the sovereigntist party. So the fact that this is now being abandoned does that not pull away one of your most arguments for…

M. Lisée : Well, the basic argument is that Québec did not have a say into whether or not the pipeline would come through. That didn't change. What changed is that the promoter of the pipeline decided not to do it. So it was not our decision it was the decision of the pipeline.

Of course, the fact that they were trying to build a pipeline against our will made this lack of power of Québec more salient but we have a great number of other issues where the absence of freedom of Québec to make decisions is salient. Marijuana time table is one of them, the fact that the federal Government does not want to close the loopholes of the tax heavens is another. I mean, the number of issues where a sovereign Québec could make better decisions is simply almost endless.

Mme Montgomery (Angelica) : Now we're hearing from Mayor Denis Coderre that he is elated about this news. Whose work do you think could be credited for the fact that this project is now done?

M. Lisée : I think it's a common work. A lot of variables are in there. We were the only important party in Québec, at the National Assembly, to say that this should never pass. And we announced that, if we're elected, we will make, you know, a daily work of trying to solve that. But of course there is a big coalition, the mayor of Montréal, the mayor of Laval, other mayors, variables that are out of our control, of course, played a role. I mean, they… just the price of oil, also the federal Government's decision to modify the terms of evaluation, this all played a role of course. But clearly, for those who wanted to protect Québec territory, it is a win.

Le Modérateur : Merci.

M. Lisée : C'est tout? Merci beaucoup.

Mme Fletcher (Raquel) : I was waiting for Maya. Good morning. A number of community groups are saying that the systemic racism consultations need to go ahead. So is there a way that we could, I don't know, reform at them, or change the name, or do something in order to, you know, please these community groups who feel like they need an outlet, but, at the same time, you know, not divide the province and add to the tension?

M. Lisée : Well, our position's been clear since the outset. People in good faith are asking for this consultation. I respect their beliefs, but we think that the consultation would have ill effects on the well-being and just the debate within Québec. At the end of the mandate, in an electoral year, that's not a good time to have that debate for a number of reasons. But it's a good time to act, to pass legislation and have measures that better protect the rights of Quebeckers that came from abroad and that are victims of discrimination and racism.

We have been trying all this year to convince the Liberal Government to adopt some of these measures. When we come back from recess, we'll table a bill that does exactly that : Let's act to have less discrimination and racism. That's the best thing we can do.

Mme Fletcher (Raquel) : I guess we would… if they did that, if they tabled bills, they would still have public consultations on those bills, right?

M. Lisée : Yes, that would be… Absolutely. We would have a bill that says : These are 20 measures that would help. What do you think of these measures? Should we add some, should we tweak some? But we would be in action, not in consultation. And what people need is action.

Mme Fletcher (Raquel) : OK. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 8 h 33)

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