(Treize heures dix-huit minutes)
M. Roy
: Bien,
bonjour à tous. Écoutez, je suis accompagné de mes collègues
Lorraine Richard et Martin Ouellet, qui m'accompagnent dans ce point
de presse sur la faune.
Je vais faire une certaine rétrospective des
enjeux et de ce que le domaine faunique a vécu dernièrement.
25 mars 2015, Laurent Lessard a annoncé une modernisation de la
tarification pour les permis de chasse et pêche qui s'est exprimée par une
augmentation de 42 % pour les permis de pêche et de plus ou moins
20 % pour les permis de chasse, ce qui devait rapporter au gouvernement
environ 5 millions de dollars par année, argent qui devait servir entre
autres à l'amélioration de la protection de la faune, de la mise en valeur de
la faune et de la conservation et à l'embauche d'agents.
Ce que l'on constate actuellement, c'est
que c'est exactement le contraire qui se passe, c'est que le gouvernement a
coupé de manière importante dans les budgets de fonctionnement des bureaux des
agents de la faune au Québec. On parle d'une coupe d'environ
460 000 $ qui s'est effectuée dans les 10 bureaux, et ce que ça
veut dire concrètement... et ça, sans compter l'inflation. Donc, si on calcule
2 % d'augmentation de frais de fonctionnement de bureau qui devraient
s'ajouter à ça, bien on a une perte significative de moyens pour la mission des
agents de la faune.
Ça s'exprime comment? Ça s'exprime par une
interdiction d'aller sur le terrain, de mettre du pétrole dans les véhicules,
de faire l'entretien du matériel roulant pour aller vérifier sur le terrain ce
qui se passe réellement et émettre des constats d'infraction puis pogner les
braconniers. Et là le ministre nous dit qu'il va embaucher des agents de la
faune. Là, il y a vraiment une contradiction dans son discours. Parce que
comment on va organiser tout ça, si on coupe dans les moyens et dans les budgets
de déplacement des agences? Ça, c'est une aberration, et il n'est pas
capable de répondre à ça.
Ce matin, à la période de questions, j'ai
demandé au ministre ce qu'il avait fait avec les 1 200 constats
d'infraction qui ont été rejetés et s'il les avait mis dans son bilan. Il n'a
pas été capable de nous répondre. Bon, il a dévié vers des attaques
personnelles, sur lesquelles je n'ai pas réagi, je voulais rester sur le picot
des 1 200 infractions qui n'ont... on ne sait pas ce qu'ils ont fait
avec. Est-ce qu'ils les ont mis dans le bilan de 5 500 infractions?
Il semble que oui. Ce que ça veut dire concrètement, c'est que le ministre a
tronqué la réalité des chiffres de son bulletin en tant que ministre de la
Faune dans le cadre de la protection de la faune.
Dans le cas, je dirais, des infractions
liées au braconnage, il a... je ne veux pas dire menti, on n'a pas le droit,
mais je peux vous dire qu'il a travaillé les chiffres pour se donner un très
bon bulletin. Et ce que ça fait en réalité, c'est que nous n'avons pas une
image précise du rôle des agents de la faune au Québec actuellement sur leurs
interventions, sur les constats d'infraction, parce que nous n'avons pas les
données réelles. Et les 1 200 constats qui ont été abandonnés se
retrouvent probablement dans son bulletin. Et, encore une fois, ce
gouvernement-là vient jouer avec les notes, hein, avec son bilan pour se donner
une bonne figure et avoir l'air de quelqu'un qui s'occupe de la faune au
Québec.
Donc, c'est une situation qui est extrêmement
dommageable pour l'ensemble du secteur faunique. On voit une déstructuration globale
via les coupes de budgets de fonctionnement, via aussi les pertes de postes
d'agents de la faune.
Depuis 2011, on aurait... Bon, en 2011
nous avions 426 agents de la faune et, en 2016, 374; une baisse de 52 agents
en cinq ans. Le ministre a annoncé la réembauche de 40 agents sur cinq
ans, mais ça ne comble même pas les pertes d'effectifs des cinq dernières
années. Et, si on rajoute à ça les coupures de budgets de fonctionnement des
différents bureaux, bien c'est une anesthésie, une atrophie de la capacité
d'aller sur le terrain des agents, et ça, ça va s'exprimer par une augmentation
du braconnage, qui est visible, qui nous est exprimée par beaucoup d'acteurs
sur le terrain. Parce qu'actuellement on est entourés de faune partout au
Québec, et les gens sont extrêmement inquiets, il n'y a pas d'agents de la
faune qui... ou ils n'en voient à peu près pas sur le terrain. Qui plus est, le
ministre, encore une fois, a obligé les agents à passer 50 % de leur temps
assis dans leur bureau à faire de la bureaucratie, ce qui est une aberration.
Donc, juste pour rappeler un peu le rôle
des agents de la faune, ce sont des régulateurs de l'État qui permettent la
protection d'un des plus grands actifs collectifs au Québec, qui est celui du
domaine faunique, de son patrimoine naturel et écologique. Donc, ils protègent
les espèces, l'environnement et le climat social en forêt. Parce que, quand on
a beaucoup de chasseurs qui s'accaparent le territoire public et qu'on n'a pas
les agents de la faune pour pacifier les comportements, bien on assiste à des
petites guerres de tranchées, à de l'accaparement du territoire, à des... je ne
dirais pas des menaces, mais, à tout le moins, à un système de pression qui
fait que les gens essaient d'évacuer des nouveaux chasseurs du territoire. Donc,
l'absence des agents de la faune signifie : augmentation des actes de
braconnage, intimidation entre chasseurs, mauvaises expériences initiatrices
pour la relève, accaparement du territoire public. Donc, on voit que
l'occupation du territoire, le secteur faune, dans un contexte comme celui-là,
vit des problématiques majeures.
Et, en conclusion, avant de céder la
parole à mes collègues, je tiens à vous dire que la faune au Québec, c'est un
1,6 milliard de retombées économiques. Ce sont 300 000 chasseurs
et 700 000 pêcheurs qui méritent qu'on s'occupe d'eux et que le
gouvernement prenne en considération un des plus vieux loisirs de l'humanité,
qui est la chasse et la pêche.
Donc, je céderais la parole à ma collègue
Lorraine.
Mme Richard : Merci,
Sylvain. Bonjour. Cette situation concernant les agents de la faune, entre
autres sur la Côte-Nord, est extrêmement problématique. Et ce que le ministre
Blanchette nous dit, c'est complètement faux.
Je vais vous donner l'exemple. Moi, j'ai
17 agents qui font du terrain sur un immense territoire, c'est
250 000 kilomètres carrés. La ville de Schefferville, nous n'avons aucun
agent. L'île d'Anticosti, que M. le premier ministre veut faire... ce joyau — vous
vous souvenez, il a qualifié l'île d'Anticosti de joyau — eh bien, on
n'a qu'un seul agent qui est à demi-temps.
Donc, le gouvernement libéral, encore une
fois, comme dans différents domaines, ne passe jamais de la parole aux actes. Et
il y a un manque flagrant, sur le terrain, d'agents de la faune, et ça entraîne
tous les inconvénients que mon collègue Sylvain vient de vous faire part. Et je
demande, je demande au ministre Blanchette de bien vouloir corriger cette situation
le plus rapidement possible parce que ça n'a aucun sens.
Et je pense que Martin veut renchérir
aussi sur la situation qui se vit particulièrement auprès des agents de la
faune.
M. Ouellet : Oui. Merci,
Lorraine. On est présentement en période de chasse sur la Côte-Nord et très prochainement
en Gaspésie. Vous avez rapidement compris que c'est un moteur économique
important.
Lorraine en faisait mention tout à
l'heure, juste moi, dans ma circonscription, sur 55 000 kilomètres
carrés, j'ai trois agents du côté de Baie-Comeau et deux du côté de Forestville
avec un lieutenant. Donc, grosso modo, là, c'est à peu près 6 000 personnes...
six personnes, pardon, sur 55 000 kilomètres carrés. Vous avez
compris que le territoire est très grand à couvrir.
Sylvain en a fait mention tout à l'heure,
le prix des baux de villégiature a augmenté, le prix des permis a augmenté, et
là ce qu'on s'attendait, effectivement, c'est qu'on ait plus de ressources pour
assurer une pratique sécuritaire, mais surtout qu'on s'assure que les
braconniers, les criminels sur notre territoire soient pris en chasse et qu'ils
paient des amendes.
Là c'est rendu... puis on commence à le
voir apparaître, là, vu qu'on n'a pas d'agents de la faune sur le territoire,
c'est rendu à coups de Facebook puis à coups de Twitter qu'on fait de la
dénonciation de braconnage. Est-ce qu'on est rendus à faire de la loi sur les
réseaux sociaux? Moi, je pense que non.
Le ministre nous a annoncé ce matin 40 nouveaux
agents. On a hâte de les voir, mais on a hâte surtout de voir ceux et celles
qui sont limités présentement à être sur le terrain. On veut les voir sortir.
C'est la période de la chasse. Sylvain en
parlait tout à l'heure, il y a de l'intimidation qui se fait aussi sur le
terrain. Alors, il est temps, M. le ministre, s'il vous plaît, d'arrêter les
grands discours en disant : On réinvestit. Vous ne réinvestissez pas, vous
ne faites que raccourcir le manque à gagner. Et ce manque à gagner là... Le
collègue Sylvain le disait tout à l'heure, nous sommes 300 000 chasseurs
au Québec, ce n'est pas juste un loisir, c'est une activité économique qui mérite
la plus grande appréciation de la part du ministre, et cette appréciation-là,
c'est à coups de millions qu'on veut, mais surtout d'agents actifs sur le
terrain.
Donc, lâchez les réseaux sociaux, M. le
ministre, ce qu'on veut, c'est du monde sur le terrain. Merci beaucoup.
(Fin à 13 h 27)