(Onze heures huit minutes)
Mme Lamarre : Bonjour. Alors,
on a un problème au niveau de notre système de santé, et il se répète encore
cette fois-ci. Les ententes qui sont signées par le gouvernement avec les fédérations
médicales sont secrètes. Et demain, on nous annonce qu'on va pouvoir nous en
parler, mais nous, ce qu'on veut, c'est avoir le texte détaillé complet rendu
public dès demain. On veut l'avoir au complet.
Pourquoi? Parce que, depuis des années, ce gouvernement-là
nous a habitués à faire des chèques en blanc, à ne pas s'assurer d'avoir les
garanties qui permettent à la population d'être sûre qu'elle va avoir les
services auxquels elle a droit.
Ce n'est pas compliqué, au lieu de payer
après, nous, on paie avant. On paie, on donne de l'argent, après ça, on croise
les doigts, on ferme les yeux, ont dit : J'espère que ça va marcher puis
que les citoyens vont avoir accès à des services. Et on se rend compte, 15 ans
plus tard, qu'on n'en a pas de services, on n'a pas le retour sur l'investissement,
on n'a pas les garanties de services. Alors, nous, on demande clairement le
dépôt de l'entente complète entre la FMOQ et le gouvernement.
La Modératrice
:
Questions?
M. Boivin (Mathieu) :
Excusez-moi, j'ai manqué le début de votre point de presse, madame. J'imagine
que vous croyez qu'on donne encore de l'argent sans qu'il n'y ait le moindre
résultat puis on fait à l'aveugle.
Mme Lamarre : Exactement. On a
255 millions, là, qui sont officiellement donnés, sur la table. On le
sait, c'est ça qui a été consenti, le 10 % sur trois ans, et on n'a rien
en retour. On n'a pas de garantie de service. Alors, ça fait 15 ans qu'on
donne, qu'on donne, qu'on donne et qu'on n'a pas le retour sur l'investissement,
qu'on n'a pas la garantie d'accès qui est promise de fois en fois.
M. Boivin (Mathieu) : Et
pourquoi, selon vous? Est-ce que c'est, comme on le dit souvent, parce que
c'est un gouvernement de médecins pour les médecins?
Mme Lamarre : Oui, parce que
c'est un gouvernement qui n'est pas capable de prendre ses responsabilités puis
de dire : Attention, moi, je détermine qu'est-ce que j'ai besoin pour la
population et je vais m'assurer qu'après ça on répartira l'argent, quand les
services auront été rendus. Nous, on donne l'argent d'abord puis on espère que
ça va donner des résultats. Et un qui est très éloquent là-dessus ce matin,
c'est Claude Castonguay, c'est le père de l'assurance maladie, et je le cite :
«Le gouvernement a cédé à la FMOQ — la Fédération des médecins
omnipraticiens — la répartition des enveloppes de rémunération et
aucune modification n'a été apportée à la rémunération à l'acte.»
Alors, on cède des montants astronomiques.
255 millions, là, il faut bien entendre que pour le soutien à domicile,
l'augmentation, c'est 69 millions, et on donne 255 millions sans rien
n'avoir attaché avec ça comme garantie. On le donne avant. La même chose, on a
donné des inscriptions avant d'avoir les résultats d'accès puis de prise en
charge. Alors, c'est ça qu'on dénonce aujourd'hui et on dit : Nous, là, ça
devrait être fini, cette époque-là. Les ententes, on devrait avoir au moins des
éléments d'entente préliminaires qui sont rendus publics avant que les ententes
soient signées et dans le cas de l'entente que le ministre a consenti...
M. Boivin (Mathieu) : Mais
vous ne savez pas, madame... Vous demandez qu'elle soit publiée, cette
entente-là. Vous ne le savez pas s'il y a pas des contreparties aux 255
millions.
Mme Lamarre : Ce qui est sûr,
c'est que l'argent est servi, est promis avant d'avoir les résultats. L'argent
est promis, on a 255 millions qui est promis. Ce n'est pas... et c'est un
10 % d'augmentation sur une rémunération qui est déjà importante, mais
c'est promis, peu importe ce qui va arriver après.
L'exemple, là, de 2017, de décembre 2017,
pour le taux d'inscriptions, bien, l'argent, il a été donné aux médecins, puis
on n'aura pas notre cible. On est à 76 %, on voulait avoir 85 %. Mais
il est parti, cet argent-là. Il est parti, il n'est plus disponible pour le
soutien à domicile, pour la première ligne, réparti auprès d'autres
professionnels.
M. Boivin (Mathieu) :
Excusez-moi de vous reposer la question, mais, si c'est un aussi mauvais geste
que ça, ça s'explique comment, au départ? Je vous ai soumis l'hypothèse…
Mme Lamarre : Par une espèce
de naïveté, complicité d'un gouvernement de médecins envers les médecins plutôt
qu'envers les citoyens.
M. Bellerose (Patrick) : Est-ce
qu'on devrait retirer la gestion de ces enveloppes-là des mains des
fédérations?
Mme Lamarre : Excusez-moi, je
n'ai pas entendu.
M. Bellerose (Patrick) :
Est-ce qu'on devrait retirer la gestion de ces enveloppes-là des mains des
fédérations?
Mme Lamarre : Absolument. Je
pense qu'il faut qu'un gouvernement qui… ce n'est pas son argent, au
gouvernement, c'est l'argent des citoyens. Et, à partir du moment que, à
répétition, on n'a pas rencontré les cibles d'accès que le gouvernement s'est
fixées… Aujourd'hui, on le voit, les cibles de chirurgie en cancer,
là — on ne parle pas d'enlever un ongle incarné, là, on parle de
cibles de chirurgie en cancer — ce n'est pas atteint. Il y a quelque
chose qui fait qu'à l'intérieur de cette autonomie qu'on donne aux fédérations
de gérer des enveloppes astronomiques, les résultats pour la population ne sont
pas là.
Alors, il faut faire autrement, et donc,
nous, on va scruter attentivement les engagements que le gouvernement a pris ou
n'a pas pris, compte tenu qu'il a avancé une somme très importante de
255 millions et qu'il donne des miettes pour la population, entre autres
pour le soutien à domicile. Merci.
(Fin à 11 h 14)