(Onze heures vingt-cinq minutes)
M. Fournier : Merci
beaucoup de venir prendre des nouvelles. Dans le fond, je voulais faire un état
des lieux de la situation suivant le lancement, le 1er juin dernier, de la
Politique d'affirmation du Québec et de relations canadiennes. Vous savez que,
dans le document, en ce qui concerne, je dirais, la bureaucratie québécoise,
nous voulions lancer des unités de relations canadiennes dans tous les ministères.
C'est chose faite maintenant. D'ailleurs, j'ai participé à une rencontre le 27 septembre
dernier avec les représentants de ces unités dans chacun des ministères.
L'autre élément concernait, en fait, ce
qui peut paraître anodin, là, le changement de nom, mais ce n'est pas anodin dans
la mesure où ça signifie quelque chose, ce changement de nom. Donc, la semaine
dernière, il y a un décret qui a été adopté pour appeler dorénavant ce qui
était le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes... qui
s'appelle dorénavant le Secrétariat québécois aux relations canadiennes. Donc,
le décret est adopté.
Je voulais revenir, donc, sur ces
éléments-là pour souligner que, notamment, le 8 juin dernier, j'avais
rencontré les sous-ministres un peu pour leur demander ou leur parler de ces
changements à venir. Le 12 juin, j'ai rencontré les délégués du Québec à
l'étranger pour leur partager le contenu de la politique. Je vous ai parlé du
27 septembre, lorsqu'on a rencontré les gens du réseau des unités. Et ce
matin même je rencontrais le cercle de la haute fonction publique pour les
entretenir, justement, sur les éléments essentiels de la politique qui les
concerne parce qu'eux-mêmes participent à des relations canadiennes.
Je vous rappelle les trois grands piliers de
ce changement entre relations intergouvernementales et relations canadiennes.
C'est qu'au-delà des relations de gouvernement à gouvernement, notamment, dans
le premier pilier d'action, parlons... appelons ça plutôt la sphère politique
plutôt que juste la sphère gouvernementale, donc les relations du gouvernement
du Québec avec la sphère politique, qui est le premier pilier; les relations du
gouvernement du Québec avec la société civile canadienne, le deuxième; et le
troisième, c'est — sans le gouvernement, jusqu'à un certain
point — l'encouragement au rapprochement citoyen, c'est-à-dire de
société civile québécoise à société civile canadienne, si vous le voulez, on
peut l'appeler ainsi.
Depuis le lancement, je voulais aussi vous
parler un peu de cela, si on regarde la sphère politique, parce que, bon, c'est
le premier volet, donc, au-delà des gouvernements, on veut aller parler à tous
ceux qui sont dans la sphère politique, ça veut dire des gens qui sont soit
dans l'opposition, soit des sénateurs, soit des députés qui ne sont pas membres
d'un gouvernement. Alors, commençons par faire une petite tournée de ce qui
s'est fait. Je pense que le moment le plus important à noter, c'est la visite
de Mme Wynne, qui est venue ici lors d'une première historique. C'était la
première fois qu'à l'Assemblée nationale, au salon bleu, on recevait une première
ministre ou un premier ministre d'une province ou du Canada. À cette occasion,
vous vous souviendrez que Mme Wynne avait signalé la politique, signalé
qu'elle voulait participer à ce dialogue. Elle en profitait aussi pour
reconnaître la société distincte et aussi pour partager ce que la politique
présente comme la valeur de l'asymétrie, qui n'est pas une valeur
d'éloignement, mais plutôt un moyen pour le Québec, compte tenu de la nation québécoise,
d'atteindre des buts communs, mais avec les moyens et les outils qui sont les
nôtres.
Vous notez aussi... vous avez noté que,
dans le lancement de la politique, de nombreux premiers ministres se sont
exprimés : Brad Wall, Dwight Ball et Rachel Notley. Je vais vous laisser
me poser la question sur M. Trudeau, c'en est un autre qui est intervenu
aussi.
J'ai
eu des rencontres, toujours dans la sphère politique, le 31 août dernier,
avec le caucus québécois du Parti libéral du Canada; le 25 septembre, avec
le caucus québécois du NDP; le 26 septembre, j'ai rencontré des sénateurs
du Québec; je devrais rencontrer le caucus québécois du Parti conservateur au
cours des prochaines semaines. Donc, ça, c'est le tour un peu de la classe politique.
Par
ailleurs, dans les rapprochements face à la société civile canadienne, comme je
l'avais noté lors du lancement, ce qu'on veut favoriser au maximum, c'est les
liens avec les universitaires, les académiciens, ceux qui réfléchissent, pour
sortir un peu du tabou des 20 dernières années et réanimer cette question-là.
Le 17 juin, j'étais à l'Institut des relations intergouvernementales de l'Université
Queen's; la semaine dernière, j'étais au campus Glendon de l'Université York;
je suis demain à McGill et l'Université de Montréal; la semaine prochaine, à
Concordia, à l'Université de l'Alberta, à l'Université de Calgary; plus tard, à
l'Université de Regina. Tout ça pour dire que, chez les penseurs, il y a un
intérêt pour reprendre la réflexion sur le sujet.
Je
ne suis pas en train de vous dire que la population canadienne ni même la
population québécoise est au courant du contenu de la politique, mais là où
j'investis de l'énergie, c'est de faire revivre la réflexion sur les enjeux,
notamment celle de la nation québécoise, je dirais, de la composante de la
diversité collective au Canada, ce qui peut inclure aussi les Premières Nations,
de remettre ça de l'avant pour qu'il y ait des échanges et que, de plus en
plus, on puisse donner la couleur québécoise à l'ensemble du Canada. Ça, c'est
un volet dans lequel on va s'investir beaucoup.
Je voulais terminer en vous rappelant que,
la semaine dernière, j'en ai profité pour participer à la première braderie de
la mode québécoise à Toronto. Vous allez dire : Pourquoi vous allez me
parler de la mode quand on parle de rapprochement en termes d'asymétrie, et
tout ça? Mais le rapprochement, c'est comment les gens font des contacts
ensemble, comment ils se font connaître pour se faire reconnaître. Et ce qu'on
a comme objectif, c'est de faire ce qui se fait à l'international, c'est-à-dire
de mener, au Canada, des missions économiques, des missions académiques, de
pouvoir ne pas oublier que, sur le territoire canadien dans lequel nous sommes
partie, il y a des opportunités économiques, il y a des avantages à se faire
connaître, et donc aussi d'utiliser des moyens comme ceux-là pour nous faire
connaître, expliquer qui on est, à développer plus de solidarité.
On a souvent l'habitude de se définir
comme étant, dans nos relations canadiennes, deux solitudes, et il y a, à
certains égards, des éléments de différence qui peuvent évoquer cette idée de
solitude. Par contre, on oublie trop souvent qu'il y a beaucoup de solidarité
et que cette solidarité, si on la développe, si on la raffermit, sert les
intérêts notamment économiques, ou sociaux, ou environnementaux des Québécois.
Alors, voilà. C'était un état de situation
que je voulais faire. Sans doute que vous aurez des questions sur le sujet. Ça
va me faire plaisir d'y répondre.
Mme Richer (Jocelyne) :
...après quatre mois, qu'est-ce qui passe et qu'est-ce qui ne passe pas, selon
vous, dans la nouvelle volonté du Québec réaffirmée de voir la différence
québécoise reconnue à travers le Canada?
M. Fournier : Oh! on est loin
de faire un constat sur qu'est-ce qui passe ou qu'est-ce qui ne passe pas. Je
suis plus en tournée de promotion, à la limite, une tournée de promotion d'un
livre, parce qu'il faut leur faire découvrir, il faut leur montrer ce qu'il y a
dedans et puis, après ça, permettre aux penseurs... permettre à ce que toutes
ces idées percolent dans la société civile elle-même pour...
Mme Richer (Jocelyne) :
Vous avez eu des réactions jusqu'à maintenant?
M. Fournier : Bien, les
réactions...
Mme Richer (Jocelyne) :
Quel est l'accueil?
M. Fournier : Je ne veux
pas vous le mettre trop haut, là. Je ne suis pas en train de vous dire que la
population canadienne ou québécoise est au courant, mais chez ceux qui ont un
intérêt pour la chose. Alors, notamment chez les... on a beaucoup d'invitations
dans le monde académique, l'accueil est très bon. Mais là je ne veux pas avoir
l'air de me péter les bretelles. Je vais vous laisser vous-même poser les
questions aux gens que je rencontre, si vous le voulez, puis ils vont vous dire
pourquoi ils y trouvent un intérêt. J'étais à Glendon la semaine dernière,
Peter Russell, Stevenson, McRoberts, des gens qui ont fait les années
constitutionnelles, des années 80, 70, 80, 90, reçoivent le document avec
beaucoup d'enthousiasme. Mais, encore une fois, on parle de lancement, on parle
de début, alors on est là. Je vous dirais que, jusqu'à un certain point, si je
reviens au discours de Mme Wynne, je pense qu'on y trouvait là-dedans un
écho à l'égard de la politique qui était intéressant.
Comme j'ai dit lors du lancement, on ne
cherche pas à ce que tout ça soit partagé en un an ou en deux ans. En fait, le
coeur de la différence date des années 30. On est bientôt à une centaine
d'années où on a un peu perdu sur le sens de la fédération. Ça va prendre un
certain temps avant qu'on puisse le reconstruire.
Mme Richer (Jocelyne) :
C'est parce que c'est vous qui nous convoquez pour faire un bilan après quatre
mois.
M. Fournier : Oui. Oui, oui,
mais je fais le bilan de ces choses-ci. Mais je ne suis pas en train de... Je
ne fais pas un bilan de... Ce n'est pas un point final. On pourrait faire des
bilans comme cela longtemps. Je pensais que c'était important de vous le dire.
Mais, si ça... pour votre intérêt, relatif, peut-être.
M. Boivin (Mathieu) :
Vous venez essentiellement de nous faire la nomenclature de votre agenda des
derniers mois.
M. Fournier : C'est
intéressant, hein?
M. Boivin (Mathieu) : Qu'est-ce
qu'il y aurait là-dedans de très concret pour un nationaliste québécois qui a
hâte que le Québec revienne, dans l'honneur et l'enthousiasme, dans la
fédération canadienne? Une seule chose bien concrète, là.
M. Fournier : Bien, je
pense que la chose la plus concrète, c'est de dire que les Québécois, qui, à
75 %, ont une très forte allégeance québécoise, et à 75 %, récente,
une appartenance canadienne, de pouvoir dire : On veut travailler à ce
qu'on ait plus de solidarité, à ce qu'on ait plus de liens, à ce qu'on puisse
se faire mieux comprendre. Et l'opération dans laquelle on est, c'est celle-là,
et pas simplement au plan, je dirais, de l'angle constitutionnel. Il y a aussi
celui-là, mais pas uniquement celui-là.
J'avais déjà fait référence, lors du lancement,
à Steven Guilbeault, qui était avec Mme Notley lors du lancement de sa
politique environnementale, de voir que la couleur québécoise peut partager,
peut participer à des politiques publiques. J'étais aussi à la braderie à
Toronto...
M. Boivin (Mathieu) : ...quelque
chose de bien concret — excusez-moi de vous
interrompre — de bien concret? Est-ce que, ce que vous me dites là, c'est
ce que vous avez de plus concret à livrer comme résultats à offrir à un
nationaliste québécois qui serait pressé que le Québec revienne dans l'honneur
et l'enthousiasme?
M. Fournier : Alors, s'il
est pressé, je lui dirais que la démarche qu'on fait est une démarche qui est
positive pour l'ensemble des citoyens. Elle va peut-être prendre un peu plus de
temps qu'il ne le souhaite, mais l'autre choix, c'est de rester chez soi,
d'être dans un état de solitude, de ne pas multiplier les possibilités
d'avancements économiques, environnementaux, culturels, sociaux. J'ai noté,
lorsque Mme Wynne est venue ici, que les partis, par exemple
souverainistes, étaient heureux de noter... D'ailleurs, on a encore eu écho
aujourd'hui que Mme Wynne avançait avec le projet pour le 15 $ de
l'heure. Voilà des éléments pour des milieux — qui n'est pas
nécessairement la position du gouvernement — de découvrir qu'il y a
des alliés potentiels juste de l'autre côté de la frontière. C'est à ces
groupes et tous les autres de voir comment ces rapprochements peuvent aider
leur cause. Je ne parle pas juste du gouvernement. Quand je dis qu'un des
piliers, c'est le rapprochement citoyen, il y a des avantages pour eux de
travailler à l'avancement de leur cause.
J'ai noté que — et ça, c'est
intéressant — cette visite a permis à tous les partis politiques de
trouver quelque chose d'inspirant l'autre côté de la frontière du Québec, en
Ontario. Bien, à la grandeur du Canada, on peut redécouvrir des points qui sont
à notre avantage.
M. Dion (Mathieu) : Et
l'accueil est comment chez les proches de Trudeau? Vous faites des rencontres à
l'occasion avec des membres du cabinet québécois, si on veut, là. L'accueil est
comment quand vous en parlez?
M. Fournier : Alors, lorsque
le caucus québécois m'a invité à cette rencontre, je pensais que c'était important
de vous en parler parce que c'est assez concret de ce côté-là — je
fais un clin d'oeil en même temps — c'est assez concret de pouvoir
s'assurer qu'il n'y a pas eu juste une réponse de M. Trudeau sur un aspect
très particulier qui était la Constitution. Les membres de son équipe au Québec
ont voulu aller plus loin dans la compréhension du document, et la réponse a
été une réponse... un accueil positif.
Et ce qu'on veut, c'est continuer de parler
dans le sens de la politique. Vous allez voir, dans la politique, beaucoup
d'éléments qui sont au coeur de ce que nous demandons au quotidien à l'égard
d'Ottawa. Et donc on espère que c'est... plus on va les présenter, plus ça va être
compris, plus ça va être facile. Alors, voilà.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Pensez-vous que votre démarche manque d'attention
médiatique?
M. Fournier : Je ne
m'attendais pas à ce qu'il y ait beaucoup d'attention médiatique. Je ne
sollicite pas beaucoup d'attention médiatique. Disons que je voulais le faire
par transparence pour vous dire on était rendus où, dans la mesure où là on
vient de changer le nom, les unités sont là. Peut-être que vous m'auriez posé
la question à un moment donné, peut-être pas, mais je trouvais utile de vous
dire l'état d'avancement des lieux au Québec, je dirais. La structure s'est
mise en place, tel qu'on l'avait dit, maintenant on commence à livrer le
contenu, à espérer d'attirer des gens. L'idée, au départ, c'est de relancer la
capacité de réfléchir à cet élément-là qui est la distinction québécoise au
Canada.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : La dernière fois qu'on vous a vu ici, vous avez
remis en question votre avenir politique. Est-ce que c'est encore le cas?
M. Fournier : Évidemment,
si je réponds à ça, j'ai l'impression que tout ce que j'ai dit jusqu'ici va
être plus ou moins couvert. Votre question va peut-être susciter plus d'intérêt
que ce que j'ai voulu soulever, mais...
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Donc, vous souhaitez qu'il y ait plus d'attention
médiatique apportée à votre politique.
M. Fournier : Bien, je
souhaite au moins que vous sachiez qu'est-ce qu'on fait, mais vous en ferez ce
que vous voulez. Pour le reste, je fais mon travail puis je suis très heureux
de le faire.
M. Lecavalier (Charles) :
Lorsque vous avez rencontré le caucus de M. Trudeau... Bon, on sait qu'il
y a différents points d'accrochage avec son gouvernement, vous avez eu les
transferts en santé, là vous allez faire un nouveau front commun de provinces
sur la question de la taxe d'accise sur le cannabis, il y a le fait que le
gouvernement fédéral refuse de taxer Netflix. Est-ce que c'est aussi des sujets
que vous avez abordés ou vous vous êtes concentré uniquement sur l'aspect de
votre démarche constitutionnelle?
M. Fournier : Au mois
d'août, on était avant Netflix, donc on n'a pas abordé ça, mais lorsque je le
fais... ce n'est pas la première fois, hein, soit dit en passant. C'était
peut-être annonciateur de la politique, mais j'avais déjà commencé avec une
rencontre de certains membres du caucus québécois, en février, du Parti libéral
et certains membres du caucus conservateur aussi. Je pense qu'on était plus au
niveau du mois de mars à ce moment-là. Alors donc, cette démarche, qui n'était
pas juste intergouvernementale, commençait déjà à s'annoncer.
Et, lorsqu'on fait ces rencontres-là,
évidemment qu'on aborde des sujets. Bon. À la dernière, l'invitation était
essentiellement pour parler de la politique, mais, dans la politique, il y a
des éléments qui concernent la vie de tous les jours. Par exemple, lorsqu'on
évoque la question de l'asymétrie dans la politique, lorsqu'on évoque la
question des aérodromes, des difficultés dans les chevauchements, sur comment
on peut les travailler ensemble, bien, évidemment qu'on aborde ces
questions-là.
Sur la question de la santé, j'ai déjà eu
l'occasion de leur en parler. Il y a deux éléments dans la santé. Un élément
qui était les montants d'argent que nous ne trouvions pas à la hauteur de ce
qu'on voulait, et ça, c'est très clair. Par contre, il faut aussi se rappeler — ça,
c'est un des côtés intéressants — que la question de l'asymétrie n'a
pas été remise en question lorsqu'a commencé la discussion.
Donc, sur l'aspect de la différence
québécoise et des moyens donnés au Québec pour atteindre des buts communs, mais
à sa façon dans le respect de ses compétences, je dirais qu'il y a plus de
progrès maintenant qu'il n'y en avait il y a 20 ans. Est-ce qu'il faut toujours
la soulever? Oui, parce qu'on a encore un besoin d'exprimer pourquoi on est
comme ça, de s'affirmer pour qu'on se fasse comprendre.
Mais je vous invite à relire le passage de
Mme Wynne dans son discours à Québec, notamment sur la question de
l'asymétrie. C'est exactement ce que le Québec a toujours plaidé, mais on
n'avait pas toujours des échos. Et là on a eu un écho vraiment très fort qui
explique très bien ce que doit être l'asymétrie, qui n'est pas vue comme un
outil pour prendre ses distances, mais un outil pour accomplir du progrès, mais
à notre façon, en tenant compte de ce que nous sommes.
Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce
que M. Lisée n'a pas raison quand il dit que vous avez renoncé à
revendiquer la maîtrise d'oeuvre en matière culturelle, un enjeu tellement
important pour le Québec?
M. Fournier : J'ai trouvé
ça intéressant qu'il remonte à plusieurs années. D'abord, ça fait quelques
années moi-même que je suis ici. Je veux rappeler un peu ceci : pour
commencer, la maîtrise d'oeuvre, on l'a. Si on n'avait pas de maîtrise d'oeuvre,
on n'aurait pas de politique en matière culturelle.
Mais, si on ne va pas plus loin, je vais
prendre le choix d'aller moins loin que lui et aller plus loin que lui. Dans la
première période, j'irais moins loin que lui. Je vous rappellerais, par
exemple, le 26 novembre 2014 — c'est le moins loin que
partout où il est allé dans ses questions — il y avait une motion qui
a été présentée à l'Assemblée nationale, adoptée à l'unanimité. La députée de
Joliette a parlé, et je crois bien que M. Lisée a voté aussi. C'était
l'unanimité. Je n'ai pas vérifié s'il était présent ce jour-là, mais le Parti
québécois a voté pour ça. Alors, je vous redis rapidement ce qu'était la motion :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse le
rôle essentiel de Radio-Canada en matière d'information, de contenu culturel et
de divertissement destinés aux francophones du Québec et aux 2,6 millions
de francophones et francophiles hors Québec;
«[...]Que l'Assemblée nationale réitère la
pertinence d'un diffuseur public francophone fort et l'importance de
l'information régionale;
«Que l'Assemblée nationale presse le
gouvernement fédéral d'appuyer la Société Radio-Canada dans la réalisation de
son mandat et de lui fournir les moyens nécessaires afin qu'elle puisse
respecter ses obligations en vertu des lois fédérales.»
Ce n'était pas de retrait dont il était
question, c'était d'ajout de ressources. Et moi, je me battais pour ça, j'étais
content que l'Assemblée nous appuie, et en plus je suis content qu'il y ait eu
plus de ressources qui aient été mises.
Alors, si on remonte à moins longtemps, on
va s'apercevoir que le Parti québécois partageait l'idée qui était celle — et
là je vais remonter beaucoup plus loin — de Serge Turgeon, qui était
alors président de l'UDA, aux auditions de Bélanger-Campeau. L'UDA, M. Turgeon,
qui était un souverainiste, venait expliquer à l'ensemble des commissaires que,
s'il y avait un élément qu'on ne pouvait pas reprocher au Canada, c'étaient les
gestes qui avaient été posés en culture, et il disait : Sans Radio-Canada
et sans l'ONF, le Québec ne serait pas ce qu'il est.
Réponse, donc, plus courte : Manque
de cohérence de la part du PQ; maîtrise d'oeuvre, nous l'avons. Ce que nous
devons faire, c'est de nous assurer que les gestes qui sont posés par les uns
et les autres soient dans le même sens, soient valides et bons pour les
créateurs, les gens de la culture. De toute évidence, on les entend, en ce
moment, soutenir le gouvernement du Québec et mon collègue dans les démarches
qu'il fait et chercher une écoute plus attentive à Ottawa. Ça fait partie de la
vie de tous les jours pour des gouvernements qui travaillent ensemble. On veut
voir, s'assurer qu'on va pouvoir amener la culture plus loin, protéger,
promouvoir notre culture. Et ce n'est certainement pas en prétendant aujourd'hui
qu'il faut s'en retirer alors qu'il y a peu... M. Lisée lui-même souhaitait qu'il
y ait plus d'investissements fédéraux.
M. Lecavalier (Charles) :
Est-ce que vous avez l'impression que la ministre Mélanie Joly travaille dans
le même sens que vous?
M. Fournier : L'impression
qu'on a, c'est : il faut s'assurer que des bons gestes soient posés, et il
y en a qui manquent pour l'instant, et ça, je vous réfère à mon collègue, là,
il l'a dit abondamment.
M. Authier (Philip)
: Did you see any... We know, when your policy came out, that Prime
Minister Trudeau sort of very quickly said : We're not going to talk about
the Constitution. Now, you met the federal Liberal caucus. Did you... What was
the atmosphere in that caucus? Is it any different from what Justin Trudeau was
saying?
M. Fournier : In fact, they read the paper and they know that we were not for a
meeting at a constitutional table. It is not in the book. Mr. Trudeau
answered a question that we didn't ask ourselves. So, we are not asking for
that. What we are asking for is that we can be closer, more closer together,
that we can express our vision of Canada as Quebeckers and we want to be more present and promote the way we
see the development of our
future, common future. And, by that, if we can have more and more ties between
Quebeckers and Canadians, well, we'll be better known and recognized, and a
point will come where it will not need a negotiation to look at the Québecsituation but a constatation of what Québec is, without any crisis and any problem.
As we said, I said
probably 10 times on June 1st, when we launched the policy : It is
not a constitutional policy, it's a policy where we want to promote the vision
of Canada that we've got and
have the more links that we can so that everybody can better understand one and
the other, and a point will come where one of the issues, the constitutional,
will be settled. But it's not just about Constitution, it's also about economy.
I just said that I was in
Toronto with designers last Friday, and the talk was — they were there for the first time : Why not go to the West?
Why not trying to have an economic mission? Not just with them, in fact, with
many aspects. Why Québec would
promote our economy everywhere in the world but don't do so often missions in
B.C. or in Alberta? Why not going to where our partners are? And so, that is
one way of be better known and at the same time make the development of the country as we see it. And
the title is We are Quebeckers,
it's our way of being Canadian,
so we've got a right to say what we see as the future of Canada.
M. Authier (Philip)
: At your level, at the ministerial level, did you meet one on one
with Mr. Trudeau or would that be Mr. Couillard would meet Mr. Trudeau?
M. Fournier : Well, it's always to Premier to Prime
Minister, it's always like that.
M. Authier (Philip)
: So, you just… you met the Liberal caucus, not…
M. Fournier : In August, in August.
M. Authier (Philip)
:OK, but not
Mr. Trudeau alone.
M. Fournier : No. In August, it was the caucus. I had meeting with Ministers in
the past, Ministers of Québec
in the Government of Canada and we talked, and things like that.
But, when there is a meeting of Premier and Prime
Minister, it's with the Premier.
M. Authier (Philip)
: You described it in French a little bit like a book tour, like
you're taking the book…
M. Fournier : It is a launching tour.
M. Authier (Philip)
: …a launching tour, book launching, and you've got to explain the content
of the book. What in your… Briefly, what is the feedback you are getting? Like
you went on campuses, you've been to various…
M. Fournier : Yes, and just to be clear…
M. Authier (Philip)
: What is the reaction?
M. Fournier : The reaction is good, it's like : Well, Québec is coming to us, why is Québec coming to us? And they listen to what
we have to say. And you know it because you read the book. So, I present that
and, at the end, I told them : I am not here for you to say to me :
Good, then, good luck! I am not waiting for : Good, good luck, I am
waiting for : Oh! I want to do that, I want to be part of it. The main objective of our policy is what? Of course, it's bringing to
Quebeckers an acceptance of them by the rest of the country, but at the same
time it is for First Nations to be better recognized as their component of
collective diversity as Québec is. So, it's good for Quebeckers, it's good for
First Nations, but more than that, it's good for all Canadians. Why? Because,
if you look at the world now and the kind of relations we see there, if we can
build a type of federalism where everyone have the place he's asking for, we
will have a better country.
And just look at Spain
right now, if you… I have got to take an example, but we can take many
examples. How can we bring together senses of belonging that are not the same? Do
we have to forget about a sense of belonging or we can have multiple senses of
belonging? Can I be Quebecker
and Canadian? And, if the
answer is yes… and you know that 75% have that feeling, well, if it's yes, why
not promote that so we can have a better common sense of belonging by
acceptancy of the particular sense of belonging?
And this answer that Canada can make, you know, it's like when
Mr. Trudeau said, at the United Nations : What the world needs is
more Canada. Well, I will say
that what the world needs is more Canada who makes more place to the collective diversity. We already know
that they make a place for individual diversity. It is a strength of Canada. But, if we want to have all our
strengths, we must recognize not just the individual diversity, but the
collective diversity. In sense of Québec, this is the national sense. So, if we do that, I think the country will be better and probably an inspiration for the world. Thank you. Merci.
(Fin à 11 h 50)