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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Tuesday, October 17, 2017, 10 h 20

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures vingt-six minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour. Bienvenue à ce point de presse de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, Manon Massé, accompagnée de personnes du Front commun des personnes assistées sociales du Québec. Donc, on va commencer avec Mme Massé. Suivra M. Yann Tremblay-Marcotte ainsi que Mme Monique...

Une voix : Toutant.

Le Modérateur : Toutant.

Mme Massé : Monique Toutant, oui, voilà. Alors, bien, bonjour, tout le monde. Vous savez, aujourd'hui, 17 octobre, Journée internationale d'élimination de la pauvreté, ce n'est pas une mince affaire dans cette période où le Québec crée de la richesse, où mondialement on se retrouve dans des situations où les inégalités entre les gens en bas de l'échelle et ceux en haut de l'échelle s'agrandit, et c'est pourquoi qu'annuellement c'est fondamental de se rappeler qu'on est capables de s'en sortir si on fait les choix politiques de le faire.

Alors, aujourd'hui, j'ai donc invité des gens qui vivent la situation, parce que souvent on parle pour eux autres, alors des gens qui vivent la situation, de venir nous dire qu'est-ce qu'ils ont à exiger de nos différents gouvernements. Et je vais donc, de ce pas, laisser la parole à Yann Tremblay du Front commun des personnes assistées sociales du Québec.

M. Tremblay-Marcotte (Yann) : Merci, tout le monde. Effectivement, aujourd'hui, c'est le 17 octobre, hein, la journée sur l'élimination de la pauvreté. C'est une journée internationale, qu'il est important de se rappeler que les gouvernements ont la responsabilité de faire mieux pour aider les personnes qui vivent des parcours fragilisés, qui ont besoin de plus d'aide de la part du gouvernement.

Aujourd'hui, on veut particulièrement... Vous le savez, le programme Objectif emploi, on s'est opposés à ça. On veut particulièrement solliciter le ministre Blais qui a, depuis le début, vraiment évité de répondre à une question fondamentale, c'est-à-dire qu'est-ce qu'il va faire avec les personnes qui vont se retrouver avec 404 $ par mois. Parce qu'essentiellement son programme Objectif emploi, c'est ça, c'est un programme d'employabilité comme on a vu, avec un parcours un peu plus individualisé, bon, voir s'il va y avoir les ressources pour ça, mais essentiellement, c'est de baisser la barre d'aide sociale, baisser le minimum, le passer de 628 $ à 404 $ par mois. Et là le ministre Blais, depuis le début, a sans cesse évité de répondre à la question, hein? Qu'est-ce qu'il va faire avec les personnes qui vont se retrouver avec 404 $ par mois, qui ne seront plus en mesure de payer leur loyer, qui seront handicapées, qui vont développer des maladies? Qu'est-ce que le ministre va faire avec ça? Parce que c'est important de se rappeler que c'est lui qui est responsable, justement, de cette condition-là, c'est lui qui va adopter ce projet de loi là et c'est lui qui va faire diminuer le minimum d'aide sociale à 404 $.

Donc, on va finir... Je vais passer la parole à Monique, puis, après ça, on veut vraiment dire qu'il existe d'autres solutions pour aider les personnes à l'aide sociale que couper le minimum dans lequel elles peuvent se retrouver.

Mme Toutant (Monique) : Alors, bonjour, tout le monde. Mon nom est Monique Toutant, militante dans un groupe de défense des droits qui s'appelle l'Association pour la défense des droits sociaux, Québec métropolitain, qui est l'ADDS-QM. Je suis une prestataire d'aide sociale. Je ne peux pas travailler... plutôt dire que le marché du travail n'a pas pu me faire de place.

Je pourrais dire que ma situation n'est pas enviable pour plusieurs, à cause de mes problèmes de santé et mes problèmes académiques. Pour d'autres, c'est le contraire. Pour certains, ils m'envient. J'ai la chance, comme on dit dans la rue, là, d'avoir le gros chèque. Je suis contraintes sévères. C'est donc par solidarité avec les prochains demandeurs que je prends la parole. Déjà, l'aide accordée est insuffisante. Comment faire pour arriver avec un chèque d'aide sociale? Je dois faire plusieurs choix constamment entre manger ou la passe d'autobus. Il ne faut surtout pas que j'aie un petit pépin dans le mois : un bris, un problème de santé inattendu, un manteau d'hiver à acheter. Alors, mon budget est foutu pour ce même mois.

Déjà, avec une pleine prestation, la vie n'est pas facile. Imaginez qu'est-ce qu'il advient pour les nouveaux demandeurs, un maigre 628 $, avec des menaces de coupures. Le ministre nous fait accroire que dorénavant, il aidera des personnes. Je ne vois pas comment il fera dans le système actuel. Ce qu'on a toujours vu et ce que moi, j'ai vécu, c'est faire accroire au monde qu'on les aide. Le résultat est souvent déplorable. Si on n'a pas encore perdu espoir, on recommence. Oui, on recommence, pour résultat de retourner toujours à la case départ.

Comment, à partir de mon expérience et ce que j'ai vu autour de moi… Je vois Objectif emploi, un paquet de pièges de coupures de chèques, une belle main-d'oeuvre toute prête, sans avoir à former les gens. Ces personnes seront abandonnées une fois de plus pour le bénéfice du marché du travail. Pour les nouveaux demandeurs, le ministre avouera-t-il un jour que le p.l. n° 70 n'est qu'un exercice de récupération d'argent sous la couverture de fausses promesses?

M. Tremblay-Marcotte (Yann) : Je veux juste terminer. Actuellement, ce que le ministre Blais a fait depuis le début qu'il est en poste, hein, puis le ministre Sam Hamad avant, c'est constamment des coupures, hein? Ils veulent diminuer le chèque d'aide sociale. On sait que c'est plutôt le contraire. Ce qu'il faut, c'est améliorer le revenu des personnes à l'aide sociale pour qu'elles puissent répondre à l'ensemble de leurs besoins de base et se trouver en meilleure posture pour l'emploi, hein?

Si le ministre veut être sérieux, justement, pour éliminer la pauvreté, il y a des mesures assez simples qu'il peut faire, hein? Nous, au Front commun, ce qu'on demande, c'est un revenu social universel garanti, donc que ça soit un revenu qui permet aux personnes de sortir de la pauvreté. Mais il peut faire aussi d'autres choses en attendant comme, par exemple, les gains de travail permis, hein? Les personnes à l'aide sociale peuvent seulement gagner 200 $ par mois, et ça, ça n'a pas été indexé depuis 1994. Donc, ça, c'est un montant qui n'a pas été changé.

Et une autre aussi aberration importante à l'aide sociale, c'est les pensions alimentaires, hein? Quand un parent reçoit une pension alimentaire, il peut juste garder 100 $ par mois là-dessus. Ça fait que c'est encore une mesure pour essayer de garder l'aide sociale basse. Et là ce qu'il nous a proposé, c'est seulement Objectif emploi, hein, de faire encore une coupure, de baisser le minimum à 404 $ par mois. Donc là, il est temps que le ministre propose d'autres choses pour les personnes à l'aide sociale. Il a encore le temps de changer son règlement, et c'est important qu'il nous réponde, qu'est-ce qu'il va faire avec les personnes qu'il va condamner à vivre avec 404 $ par mois. Merci.

Le Modérateur : Merci. On va prendre la période de questions sur le sujet.

M. Vigneault (Nicolas) : Vous parlez notamment d'augmenter le revenu. Est-ce que ça ne risque pas justement d'amener des gens à dire : On se trouve dans une situation confortable, et donc je n'irai pas nécessairement en emploi? Comment vous voyez ça? C'est un argument que certains pourraient être tentés d'amener. Vous parlez d'un revenu minimum garanti, c'est un peu ça votre solution. Comment vous réagissez à ça, si les gens disent : Bien, écoutez, ça risque de conforter les gens dans leur position et de ne pas les amener à l'emploi?

M. Tremblay-Marcotte (Yann) : Je peux te laisser répondre.

M. Vigneault (Nicolas) : Oui, allez-y, Mme Toutant. Allez-y.

Mme Toutant (Monique) : Moi, je crois que c'est plutôt le contraire, ça va aider les personnes, parce que les personnes avec 628 $ par mois n'ont pas assez d'argent pour se nourrir, se vêtir, se transporter. Une passe d'autobus présentement, c'est 85,50 $. Ça fait qu'imaginez-vous, sur un budget de 628 $ par mois, quand il faut que tu t'habilles, il faut que tu manges. Pour être en santé, il faut manger. Si la personne n'a pas suffisamment d'argent pour bien se nourrir, donc elle tombe malade.

Ça fait qu'en ayant un peu plus, bien, cette personne-là serait un peu plus en santé. Elle aurait envie d'aller sur le marché du travail parce qu'elle serait capable de subvenir à ses besoins. C'est ce que je crois.

M. Vigneault (Nicolas) : ...Mme Massé, peut-être pour convaincre le gouvernement d'aller dans ce sens-là plutôt que la proposition qui est sur la table actuellement?

Mme Massé : Oui, bien, c'est sûr, je pense qu'on a travaillé très fort pour essayer de le convaincre dans le temps de l'étude du projet de loi, etc. Je pense que M. Blais doit reconnaître que c'est une position idéologique qu'il a, point barre. Ce n'est pas logique. Les gens qui vivent la situation, les chercheurs, les gens qui interviennent avec ces personnes-là, les gens des groupes qui font de la défense de droits nous disent tous, toute la gang, que c'est en améliorant les conditions de vie des gens qu'on aide les gens à sortir de l'aide sociale.

Alors, M. Blais, c'est idéologique, son choix. On va continuer de le décrier. Et ensuite, bien, des propositions, Québec solidaire est une solution pour améliorer les conditions de vie des gens les plus défavorisés de notre société. Notre programme en pullule. Alors, on va continuer de les mettre de l'avant puis essayer de les faire adopter.

D'ailleurs, le premier projet de loi que moi, j'ai déposé en tant que députée, c'est le projet de loi pour éliminer cette injustice flagrante, ce vol qu'on fait aux enfants les plus pauvres, c'est-à-dire qu'à partir du moment où la cour a statué, où il y a une entente de pension alimentaire, de paiement de pension alimentaire, à partir du premier 100 $ par enfant, cet argent-là est coupé au parent gardien. On s'entend, c'est les femmes. Un projet de loi, deux articles. Comment ça se fait qu'il traîne encore dans les oubliettes? C'est parce que M. Blais ne se préoccupe pas des personnes défavorisées.

Le Modérateur : Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Oui. Dans un sujet connexe, mais... actuellement, Montréal traverse une crise du fentanyl. Est-ce que le gouvernement est suffisamment préoccupé? Est-ce que les organismes de santé publique en font suffisamment pour limiter, là? On parle de 60 cas de surdose depuis le début de l'année, en deux mois.

Mme Massé : M. Laforest, si ça ne vous dérange pas, on va terminer les questions avec les gens, par respect, puis, après ça, bien, je vous donnerai même un scoop en individuel. C'est-u bon, ça?

M. Laforest (Alain) : Bon. Moi, j'aimerais mieux qu'on le fasse...

Mme Massé : Au micro?

M. Laforest (Alain) : Oui.

Mme Massé : Parfait. On fera ça comme ça, mais terminons avec les gens pour pouvoir les libérer aussi.

Le Modérateur : Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le sujet? Non?

Mme Massé : Bien, en fait, je voulais juste vraiment remercier ces gens extrêmement courageux, extrêmement articulés, qu'on arrête de me dire que les gens à l'aide sociale, c'est des parias, c'est des exclus. Oui, ils vivent de l'exclusion, mais pas parce que c'est des gens qui veulent s'exclure. C'est parce qu'on a des préjugés, parce que quand j'entends l'articulation de ces gens-là, quand j'entends ce que ces gens-là ont à dire pour la dignité humaine, je peux vous dire qu'ils font la barbe à bien des gens qui occupent l'espace public. Alors, merci de votre courage. Merci d'être là.

Des voix : Merci.

Mme Massé : Merci, Alain.

M. Laforest (Alain) : Qu'est-ce que vous en pensez, de cette crise du fentanyl à Montréal, où on parle d'une accélération des cas de surdose en deux mois, là?

Mme Massé : Oui, oui. Bien, déjà, hein, on sait ce qui s'est passé en Colombie-Britannique. On sentait que ça allait arriver au Québec. Depuis le printemps, particulièrement dans mon comté, on est très vigilants, vigilantes. Les groupes communautaires nous le disent depuis le début. Je pense qu'il y a eu des pas intéressants de faits, mais il en reste de façon urgente à en faire.

Les overdoses, on est capables d'agir et de sauver des vies avec la naloxone. Présentement, elle est disponible seulement en pharmacie. Les groupes communautaires ont la responsabilité de former les utilisateurs, utilisatrices de drogues injectables, mais ils n'ont pas le pouvoir de leur donner le kit nécessaire pour leur sauver la vie à eux-mêmes ou à quelqu'un d'autre, parce que souvent ils sont avec des gens dans la rue. Alors, moi, je pense qu'on peut continuer d'agir en équipant mieux les groupes communautaires, en équipant mieux les utilisateurs, utilisatrices, et je pense que le bon pas qui a été fait mérite d'en faire un deuxième.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que le gouvernement prend cette crise-là à la légère actuellement au Québec?

Mme Massé : Bien, je pense que les réactions qui ont eu lieu cet été étaient adaptées à cet été, mais là, quand on voit l'accélération, qui était prévue et prévisible, je pense qu'il faut augmenter les actions, et, dans ce sens-là, le gouvernement du Québec doit permettre l'accès, parce que c'est ça qui sauve la vie, l'accès à la naloxone, aux gens qui vivent la situation, donc utilisateurs, utilisatrices des drogues injectables, aux groupes communautaires, aux premiers répondants et à toute personne, dans le fond, qui a un lien direct avec ces gens qui ne se déplacent pas pour aller à la pharmacie parce qu'ils sont stigmatisés. Alors, il faut leur donner le matériel. Merci.

Le Modérateur : Merci.

(Fin à 10 h 41)

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