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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, October 17, 2017, 10 h 40

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures quarante-deux minutes)

M. Khadir : Merci beaucoup, tout le monde. Il y a quelques semaines, M. Couillard proclamait que, maintenant, le monde entier sait que Bombardier fabrique les meilleurs avions au monde. Bien, hier soir on a appris que, pour le meilleur ou pour le pire, ce meilleur avion, là, c'est dorénavant Airbus qui le possédait sans avoir à débourser un seul rond. Le meilleur avion au monde, là, maintenant, malgré tout ce qu'on a investi pendant des années de toutes sortes de manières, donc, les brevets, le savoir-faire, la technologie de pointe, Airbus vient de l'avaler sans casquer un seul sou. Est-ce qu'on doit s'en réjouir? Bien, regardez dans la situation désastreuse dans laquelle les décisions de dirigeants incompétents de Bombardier et la décision mal avisée du gouvernement Couillard d'investir dans la CSeries plutôt que dans la compagnie, dans l'entreprise dans son ensemble que ces personnes-là nous ont mise... Bon, on était pris à la gorge, puis là on nous offre une bouée de sauvetage. Certains me disent : Il ne faut pas cracher dans la soupe. Je suis tout à fait d'accord. Nous sommes très solidaires des travailleuses et des travailleurs, des employés, des ingénieurs, qui sont soucieux de savoir que leurs emplois sont préservés. Mais il faut quand même regarder la soupe, il ne faut pas l'avaler de travers, il ne faut pas que ça soit empoisonné, il faut que ça soit nourrissant. Est-ce que c'est au rendez-vous? Est-ce qu'il y a une garantie pour que tout ça ne soit pas une opération comme on l'a vue si souvent avec ces gros joueurs pour mettre CSeries sur la voie de contournement? Ça peut être ça aussi, un concurrent qui avale un autre pour se débarrasser. Bon. Ça, c'est l'hypothèse la pire. Mais une réalité quand même qu'on peut dire aujourd'hui, c'est que l'argent des contribuables québécois, là, le 1 milliard de dollars US qu'on a investi, là, ça a servi à subventionner des jobs... à subventionner Airbus pour créer des jobs en Alabama. Et, dans cette opération, ce n'est pas le Québec qui gagne des jobs, c'est Donald Trump.

Le Modérateur : On va passer à la période de questions. Micro à ma gauche.

M. Khadir : À votre gauche, c'est ici.

Le Modérateur : Nicolas Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : Et voilà. M. Khadir, est-ce que vous diriez que le gouvernement s'est fait rouler, là-dedans?

M. Khadir : J'ai l'impression que c'est pire. Le gouvernement n'avait pas d'autre choix que de, dans sa logique à lui, là, et après l'erreur commise... pour éviter le désastre, le gouvernement a plié le genou, a accepté n'importe quoi. Puis où est-ce que ça va finir, cette logique-là? On n'a aucune garantie. Si ça ne va pas très bien, maintenant, avec plus que la majorité — 50 % plus 0,1 ou 50 % plus 0,01, on ne sait plus comment faire le calcul — bien, Airbus pourrait décider de mettre fin aux opérations de CSeries. C'est eux qui ont le bout du bâton.

Ensuite, comment se fait-il qu'alors qu'on était à 50-50 avant, le gouvernement versus les détenteurs d'actions de Bombardier, là, tout d'un coup, on est rendus à 19 % pour le gouvernement et 31 % pour la famille Bombardier et les actionnaires de Bombardier? Je ne comprends pas. Il y a toute une série de choses qui témoignent de l'incompétence de son gouvernement d'avoir une vision à long terme pour faire en sorte que les décisions qu'on prend sont structurantes en l'avenir pour avoir des emplois ici pour développer nos capacités économiques. Et tout ça, là, ça témoigne de tous les dangers contre lesquels on mettait les gens en garde il y a bientôt 25 ans lorsque l'ALENA a été signé. Regardez le bois d'oeuvre, on sait ce que ça a donné. Bombardier... Cette décision, dans le fond, ça montre que l'ALENA ne nous protégeait contre rien, hein? Les mesures protectionnistes américaines ont entraîné des conséquences qu'on sait, et maintenant on nous parle même de la fin de la gestion de l'offre en agriculture. Donc, il faudrait que, collectivement, on soit capables... que les gouvernements, que les élites économiques qui nous ont enfoncé ça dans la gorge il y a 25 ans admettent qu'ils ont commis des erreurs.

M. Vigneault (Nicolas) : Sur le siège social, est-ce qu'il n'y a pas là un danger que, justement, ça devienne une coquille vide?

M. Khadir : Bien oui. Écoutez, quand on sait de quoi ces grandes multinationales sont capables, de toutes les entourloupettes. Vous savez qu'Airbus, qui a pris naissance en France, son siège social était à Amsterdam. Pourquoi vous pensez? Comme Uber, n'est-ce pas? C'est un endroit pour échapper à l'impôt. Donc, ces gens-là, là, ne sont pas fiables d'un point de vue politiques publiques, donc les décisions qu'ils vont prendre, ce n'est pas avec une conscience sociale minimum. S'ils avaient une conscience sociale, ils ne seraient pas empêtrés dans autant de scandales de corruption, hein? Vous savez, Airbus, comme Bombardier, ne serait pas enregistré à Amsterdam, serait enregistré dans le pays qui a vu naître Airbus, c'est-à-dire en France. Donc, demain, je ne pense pas qu'aucun souci d'emplois, aucune conscience de ce que le Québec lui offre sur un plateau d'argent, là, gratis, ne les motive à garder un siège social ici, là. On en a vu d'autres qui ont fait des promesses, les Rio Tinto Alcan de ce monde, et les promesses ne sont pas au rendez-vous.

Le Modérateur : Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Donald Trump a remporté son pari.

M. Khadir : C'est ça qui est le malheur, c'est que le gouvernement canadien et le gouvernement du Québec, par leur erreur, par leur absence de vision, par leur absence de combativité, ont donné raison à Donald Trump. Maintenant, le Québec et l'argent du fédéral financent directement Airbus pour créer des emplois où? Dans le pays de Donald Trump, dans les territoires où Donald Trump a gagné son élection. C'est ça qui est arrivé.

M. Laforest (Alain) : Concernant toujours cette transaction, il y a quand même des garanties, là, jusqu'en 2041, que la ligne d'assemblage principale va rester à Mirabel. Ces garanties-là, vous ne les croyez pas?

M. Khadir : Est-ce que vous avez vu des chiffres, M. Laforest? S'ils ne respectent pas ces garanties, qu'est-ce qu'ils vont donner au Québec? Qu'est-ce qu'ils vont donner aux travailleurs? Est-ce que vous avez vu des chiffres? Est-ce que vous avez vu le contrat? Combien de fois des grandes compagnies comme Airbus ont fait des promesses de cette sorte, d'investissements par milliards — un an et demi plus tard, on apprend que rien n'a été investi — de garanties de préserver les emplois? Il faut que ces garanties-là, pour que ça vaille quelque chose, ça ne soit pas une conférence de presse, que ça soit des documents qui engagent financièrement ces compagnies-là.

M. Laforest (Alain) : Mais vous ne l'avez pas vu, le contrat, M. Khadir...

M. Khadir : Moi non plus. Non, non, mais, si on se fie…

M. Laforest (Alain) : Mais sur foi de quoi vous vous dites : Non, ils ne respecteront pas leur engagement?

M. Khadir : Sur la foi de quoi je devrais les croire? Sur la foi de quelles bonnes pratiques de ces multinationales? Quelle responsabilité sociale? Quel engagement réel envers la société? Comment puis-je faire confiance à une multinationale qui s'enregistre à Amsterdam pour échapper à l'impôt alors que tant d'argent public sert à les financer?

Le Modérateur : Marco Bélair-Cirino.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Comment expliquer que le syndicat des employés de Bombardier, notamment ceux qui sont à pied d'oeuvre à Mirabel, était présent hier lors de la conférence de presse et appuyait l'entente?

M. Khadir : Bien, le désespoir mène à beaucoup de choses. Je ne dis pas que, dans la situation actuelle, c'est vraiment possible pour les employés, les travailleurs pour faire autre chose que, disons, de se réjouir que, dans l'immédiat, dans l'immédiat, il y a des garanties à court terme, à tout le moins, que leur activité va continuer. Mais la question se pose : Elle est où, la responsabilité des dirigeants de Bombardier, qui ont si mal réfléchi à tout ça? Elle est où, la responsabilité de notre gouvernement, qui a si mal réfléchi dans son…

Rien de tout ça ne serait arrivé si le gouvernement Couillard avait investi ses 1,3 milliard de dollars canadiens dans l'entreprise Bombardier plutôt que dans la CSeries directement, puisque les lois qui permettent à Boeing de loger même cette plainte n'auraient pas été… ne lui auraient pas permis de le faire si la subvention du gouvernement canadien était dans l'entreprise dans son ensemble.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Très clairement, est-ce que…

M. Khadir : C'était même… Je parle de subventions, mais l'investissement, c'est-à-dire, oui, sa prise de parts.

M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est enregistré, ces points de presse là, oui.

M. Khadir : Très bien.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce qu'un gouvernement de Québec solidaire se serait opposé à l'entente intervenue hier entre Bombardier et Airbus?

M. Khadir : Ça, c'est une question hypothétique. Un gouvernement de Québec solidaire n'aurait pas agi de la sorte dans le soutien sans contrôle dans une entreprise comme Bombardier, n'aurait pas commis les erreurs qui sont là.

Maintenant, si vous me dites que le gouvernement veut nous rendre responsables de ses malheurs et nous donner l'opportunité d'agir, je n'ai pas toutes les informations pour dire quelle autre mesure on aurait pu prendre, mais il faut qu'à tout le moins le gouvernement québécois actuel admette les erreurs et les insuffisances fondamentales des accords de libre-échange et demande au gouvernement canadien de prévoir quelque chose pour le futur. Combien d'autres malheurs comme ça on se prépare? Combien d'autres bradages, combien d'autres, disons, renoncements à notre souveraineté économique?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Une dernière question. Il y a deux semaines environ, M. Couillard était devant les employés de Bombardier à Mirabel, il leur a dit : Lorsqu'on va faire sortir des avions de la CSeries de Mirabel, ça va être un message fort au président des États-Unis, Donald Trump. Quel message a-t-il envoyé, hier soir, en donnant son feu vert, ni plus ni moins, à l'aménagement d'une ligne d'assemblage à Mobile, en Alabama?

M. Khadir : C'est malheureux, mais le message, c'est que moi, Philippe Couillard, j'ai fait patate.

Le Modérateur : Charles Lecavalier.

M. Lecavalier (Charles) : Bonjour, M. Khadir. Sur un autre sujet, je ne sais pas si vous avez vu ça ce matin, mais qu'est-ce que ça vous dit que le président du RTM, qui est un ancien de Bombardier à l'époque, faisait beaucoup de cadeaux au président de l'AMT, Joël Gauthier?

M. Khadir : Ça illustre parfaitement ce à quoi je faisais illusion. Ces entreprises n'ont aucune éthique, aucun sens de l'éthique, depuis des années se sont empêtrés, on l'a vu dans plusieurs endroits dans le monde, dans des scandales similaires de pots-de-vin.

Et ça, ça ressemble très bien, bien sûr, à l'époque libérale. On rappellera que celui qui était bénéficiaire, là, M. Gauthier, est un ancien président du Parti libéral du Québec. Et, s'il faut faire des liens, j'entends bien poser la question cette semaine, quand M. Lafrenière sera là, sur savoir comment ça se fait que ça traîne encore, tout ça, là. Ça fait des années qu'on connaît ces dossiers-là, ça fait des années que les actuels dirigeants de l'Agence métropolitaine des transports ont transmis ces informations, et il n'y a rien qui bouge parce que tout ça, bien sûr, si ça devait bouger, bien, ça rapprocherait différentes enquêtes, différentes accusations du centre de cette corruption structurelle alentour du Parti libéral, c'est-à-dire Jean Charest, l'ancien premier ministre du Québec.

M. Lecavalier (Charles) : Puis, pour revenir sur le sujet de Bombardier, il semble qu'effectivement Donald Trump a remporté son pari, c'est-à-dire qu'il va y avoir des emplois créés aux États-Unis. Est-ce que vous croyez, donc, dans ce sens-là, que le Québec devrait s'en inspirer puis lui aussi mettre en place des mesures protectionnistes? Je pense aux autres transports, le train électrique à Montréal, qui n'a pas de pourcentage de production au Québec. Est-ce que ça devrait... justement, on devrait dire : Bien, on va faire comme eux, on va créer des emplois ici?

M. Khadir : Tout à fait. Là, on est dans une période, on est dans une remise en question fondamentale par le principal joueur. S'il fallait une ultime preuve... Parce que cette preuve-là aurait pu être, disons, visible à tous, déjà dans l'histoire du bois d'oeuvre, depuis des années. Mais, s'il fallait une preuve ultime, voici que cette preuve est faite coup sur coup dans la même semaine : Bombardier avec la subvention directe des emplois dans l'Alabama et la demande des États-Unis de mettre fin à la gestion de l'offre. Donc, il faut que le Québec pense à une stratégie industrielle autonome, indépendante tablant sur ses propres capacités et soutienne sa propre industrie par diverses mesures, et je ne pense pas que quiconque de l'autre côté puisse, dans les circonstances, nous le reprocher. Est-ce que c'est un repli sur soi? Non, mais c'est un renforcement des capacités pour pouvoir survivre à une économie dominée par des requins, par des prédateurs politiques et économiques tels que Donald Trump.

Le Modérateur : On va prendre les questions en anglais.

Mme Montgomery (Angelica) : Mr. Khadir, first off, what do you think should have been done differently? Are you suggesting that they should not have tried to do the CSeries?

M. Khadir : Because of the important errors committed by the Couillard Government, the most important of which being investing not in Bombardier as a whole company but in CSeries project… has put us in that difficult situation where the company had real difficulties because of the U.S. decision to close up its market. But apart that, there is… of course, I have the… knowing this Government, knowing its total inability… we have seen it with Uber, we have seen it in so many cases, with Netflix, all these governments now in power, in Ottawa and Québec, their inability to deal with corporate business, I see there another indication that they have — comment on dit, courber l'échine? — they have put their knees on the ground in front of Airbus. Because, I remind you, Airbus now holds important technology, innovation in the name of Airbus… in the name of Bombardier CSeries with zero payment. For just nothing, we have offered them all that — years of efforts, years of public money, public funding — for nothing. So, our money, actually, will provide jobs in Alabama to Donald Trump to come out and say he has won.

Mme Montgomery (Angelica) : ...the Québec Government maintains a 19% share in the CSeries. What do you think the chances are that it will be able to get its money back as a result of that?

M. Khadir : There will be a bigger chance to have its money back but suddenly, why… nobody has explained why 19%. Before the Airbus operation, we were 50-50. Investissement Québec, on behalf of the Government was 50% of the shares. So, from the remaining 50% of shares left now with the Airbus deal, why suddenly Bombardier family will have 31% and us just 19%? Nobody has explained that we should have had 25%. That's really the kind of Government we have, totally in the hands of big corporate elite and business.

Le Modérateur : On va prendre une dernière question en anglais.

Mme Fletcher (Raquel) : Bombardier says that it is keeping jobs in Québec, it's keeping its plant in Mirabel open, but you said : There is no guaranty. Can you elaborate on that?

M. Khadir : There is no guaranty, no guaranty. These are just promises. And we know how these big corporations, in the past, here in Québec, have failed to their promises. So, until we have some document where they are financially bound to do so, who can really guaranty reasonably that they will do so if there are other difficulties? They can even scrap it if they wish. They're now majority stakeholders. And we have seen it so many times. And in the mean time, what happens is that our money will provide an opportunity to create jobs in Alabama. Thank you for your attention.

(Fin à 10 h 59)

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