(Treize heures onze minutes)
M. Charette : Bon après-midi.
C'est un plaisir de vous retrouver aujourd'hui pour aborder un sujet qui est
bien important, celui des crues printanières de mai dernier. Ça fait déjà plus
de cinq mois que les événements sont derrière nous, mais malgré tout, malgré
tout, on voit que le gouvernement a tardé à donner le suivi approprié aux
sinistrés eux-mêmes. Et j'ai le plaisir d'être aux côtés du maire de Deux-Montagnes,
de ma collègue de Mirabel, Sylvie D'Amours, deux personnes qui pourront
témoigner des lacunes observées au cours des dernières semaines.
Dans le cas de Deux-Montagnes, c'est
particulier : une ville qui a été durement touchée, on parle de plus de
300 ou environ 300 résidences. Quelques dizaines de résidences ont été
affectées au point où elles sont considérées aujourd'hui perte totale. Donc, on
devine bien, pour les citoyens, le drame que ça implique. Surtout que plusieurs
d'entre eux sont toujours tenus à l'écart de leur résidence. Plusieurs sont
encore à l'hôtel. Bref, des drames humains qui se sont vécus au cours des
dernières semaines. Et ce qui est dommage dans le suivi accordé au niveau du gouvernement,
c'est qu'on ne se donne pas les outils pour éviter que pareille situation se
reproduise.
Dans le cas de la ville de Deux-Montagnes,
une demande formelle a été adressée au gouvernement il y a plusieurs semaines,
sinon quelques mois de ça, pour venir renforcer, sinon compléter, sinon
rehausser à certains endroits la digue qui vient protéger la ville. Et
malheureusement, après plusieurs mois d'attente, on n'a toujours pas de réponse
du gouvernement. On a tous senti, ces derniers jours, un changement de
température, on se rapproche de l'hiver, et les citoyens aujourd'hui sont très
inquiets de voir cet hiver s'amorcer, une fonte des neiges, au printemps, qui
risque de reproduire exactement les mêmes effets que l'année dernière sans
qu'aucune intervention du gouvernement du Québec n'ait eu lieu. Donc, c'est
inquiétant.
Donc, aujourd'hui, notre demande, elle est
fort simple, fort raisonnable : permettre à la ville de Deux-Montagnes de
compléter cette digue pour éviter que des citoyens subissent le même malheur
qui les a frappés le printemps dernier avec les conséquences que l'on connaît
sur des vies humaines, c'est bien certain, mais aussi tous les frais engendrés.
Donc, si on devait reproduire le même cycle par manque de prévoyance, ce serait
tout simplement inexcusable. Donc, sans plus tarder, je vais laisser la parole
à mon collègue et ami maire de Deux-Montagnes pour qu'il puisse davantage illustrer
la situation propre à sa ville. Merci.
M. Martin (Denis) :
Merci, M. Charrette. Merci de votre présence. J'aimerais présenter le
projet au niveau de la digue et faire un petit historique de qu'est-ce qu'il s'est
passé à la ville de Deux-Montagnes, quand même, depuis le printemps.
Donc, à la suite des crues printanières de
2017, la ville de Deux-Montagnes a subi, à l'instar d'autres villes
québécoises, des crues des eaux records. Les 6 et 7 mai, la crue des eaux
a monté, dans le lac des Deux Montagnes, jusqu'à 24,79 mètres,
fracassant un record vieux de plus de 100 ans. La ville de Deux-Montagnes
a particulièrement été touchée avec plus de 275 résidences affectées par
cette inondation. Plusieurs dizaines de résidences sont perte totale. Pendant
l'opération de nettoyage qui a suivi ce triste événement, ce sont près de
2 000 tonnes de déchets qui ont été envoyées dans les sites
d'enfouissement. Ce tonnage ne comprend pas les maisons qui seront démolies au
cours des prochaines semaines. Les infrastructures municipales ont également
durement été affectées, la station de pompage des eaux usées, etc. Sans l'intervention
de l'armée pour sécuriser l'une de nos stations, une catastrophe écologique
majeure aurait eu lieu.
Considérant que la ville de Deux-Montagnes
est une municipalité de banlieue fortement urbanisée, il est impératif de
trouver une solution en vue de contrer les risques d'une inondation. Le secteur
inondé est situé tout près d'une aire TOD, «transit-oriented development», au
niveau du nouveau... qui comprend la future gare du train, le REM. Il est donc impensable
de dévitaliser ce secteur en le laissant à la merci d'une autre catastrophe
appréhendée.
La solution permanente est la construction
d'une digue sur le bord du lac des Deux Montagnes, dans une zone qui reste
à définir. Ce type de digue permet de prévenir ou, à tout le moins, de diminuer
les conséquences des crues des eaux. Une digue a déjà été aménagée, il y a plusieurs
années à Deux-Montagnes, en bordure du parc Aimé-Struthers, en face du chemin
du Grand-Moulin. Cette digue a permis de protéger, lors des récentes
inondations, un vaste secteur de la ville en dépit du fait que la rivière des
Mille Îles a atteint des niveaux records également.
La ville de Sainte-Marthe-sur-le-Lac,
voisine, possède aussi une digue. Ce printemps, en ajoutant quelques sacs de
sable, cette digue a peu affecté l'ensemble des citoyens au niveau des
inondations. Ces éléments permettent de conclure de l'efficacité de digues pour
protéger des zones urbanisées. Par ailleurs, l'aménagement de digues peut être
fait, de nos jours, en respect de l'environnement. Il ne s'agit pas ici de
construire une digue en béton armé, mais bien plutôt d'une digue végétalisée.
La ville de Deux-Montagnes a obtenu la
signature de plusieurs citoyens. Donc, 2 200 ont signé une pétition. Ça
représente 25 % de la population d'âge adulte. C'est pris très au sérieux,
au niveau de la ville de Deux-Montagnes, pour l'aide au niveau de leurs
concitoyens. La ville est en contact avec le ministère du Développement durable,
Environnement et Changements climatiques en vue d'obtenir des autorisations en
vue d'ériger une digue.
Plus spécifiquement, en vertu de l'article
31.6 de la Loi de la qualité de l'environnement, une municipalité peut faire la
demande d'un décret de non-assujettissement puisque les travaux sur les berges
du lac des Deux Montagnes sont requis pour prévenir une catastrophe
appréhendée. Le gouvernement du Québec a d'ailleurs accordé un décret, le
462-2017, à la région de la Mauricie cette année pour les mêmes motifs que ceux
invoqués par Deux-Montagnes. La ville de Deux-Montagnes a également transmis
une demande de subvention pour la digue au gouvernement fédéral, projets d'infrastructures,
une aide du gouvernement du Québec sera également pertinente. La ville de
Deux-Montagnes a requis les services d'une firme spécialisée en environnement
pour effectuer une analyse sur les impacts environnementaux et la faisabilité
de la future digue à Deux-Montagnes. Une étude sur les impacts hydriques a également
été commandée auprès d'une firme de génie spécialisé.
Conséquemment de ce qui précède, la ville
de Deux-Montagnes désire obtenir les autorisations nécessaires, décrets, certifications
d'autorisation en vue de construire une digue et de hausser certains murets
existants de manière à prévenir, voire même contrer une catastrophe
appréhendée. Les études démontrent très bien que c'est seulement quelques
endroits, au niveau de la ville de Deux-Montagnes, qui serviraient à protéger
l'ensemble du secteur. Contrairement à ce qu'on peut penser, ce n'est pas que
les riverains, ce n'est surtout pas les riverains, qui sont affectés par cette
inondation du printemps, mais l'ensemble du centre de la ville qui a subi les
dommages les plus importants.
Donc, une telle digue est prête à
construire, et nous demandons l'autorisation immédiate du gouvernement pour que
des travaux puissent être débutés dès l'automne. Il faut se mettre à la place
des citoyens qui présentement sont en rénovation et qui se demandent vraiment
si ça va valoir la peine en vue d'une catastrophe appréhendée qui pourrait se
prévenir le printemps prochain. Donc, mettez-vous à la place de ces citoyens-là.
La demande est urgente, et je fais appel à vous... d'y remédier rapidement.
Merci.
Mme D'Amours : Bien,
merci, M. le maire de Deux-Montagnes. Comme vous l'avez entendu comme moi, c'est
criant, c'est alarmant. C'est un endroit, à Deux-Montagnes, où on doit
sécuriser cette ville-là justement parce que ce n'est pas les riverains qui ont
été touchés, c'est le centre de la ville qui a été touché. Donc, il y a un problème
qui est majeur là.
Moi, je vais revenir au problème de la
digue qu'il y a à Pointe-Calumet. J'ai assisté à une réunion avec des
fonctionnaires, et, lorsqu'ils parlaient, c'était très, très pointu comme information.
Et, lorsqu'ils parlaient, ils parlaient de temps. Ils parlaient de monter dans
la sphère, là, du gouvernement pour savoir... bon, bien, pour avoir les
autorisations. Et, lorsque je calculais en les écoutant, ça prenait deux ans.
La digue est fragilisée à Pointe-Calumet.
Là, on me dit que ça suit son cours. Mais ça suit son cours à quelle vitesse? À
grand V ou à petit v? Moi, je pense que c'est à petit v, et ça devrait être
avec un grand V parce que, si on a une crue des eaux comme on a eu cette année,
l'année prochaine, au printemps prochain, la digue peut, à tout moment,
flancher. Et là on ne parle pas de rebâtir des maisons, on parle de vies
humaines. Alors, c'est des projets, c'est des choses qu'on doit faire rapidement.
Et on ne doit pas suivre les échelons qu'on devrait faire quand c'est un projet
qui n'est pas... quand c'est un problème, c'est-à-dire, qui n'est pas criant.
Le problème de la ville de Deux-Montagnes,
c'est aussi criant que la ville de Pointe-Calumet. Les citoyens de Deux-Montagnes
devraient être autant pris avec un très grand intérêt que ceux de
Pointe-Calumet. Et le ministère devrait travailler à la même vitesse que les
villes ont travaillé pour leurs citoyens parce qu'avant tout ce sont les
citoyens qui sont pris avec ce problème-là. Les villes ont été au rendez-vous,
les villes ont fait ce qu'il y avait à faire. Maintenant, c'est au gouvernement
de travailler avec la vitesse grand V et de mettre en sécurité tous les
citoyens, peu importe leur lieu de résidence.
Le décret que M. le maire parlait, on
devrait l'avoir. On devrait sécuriser les lieux, autant Pointe-Calumet que
Deux-Montagnes, et à la vitesse grand V. Moi, je ne peux pas comprendre que le ministère...
que plusieurs ministères ne puissent pas s'asseoir à une table et puis dire :
On va dire tous ensemble : Oui, ça se fait, et, oui, on y va, on donne le O.K.
aux villes pour qu'elles puissent faire les travaux nécessaires pour qu'enfin,
avant que la neige, avant que la glace arrivent, ce soit réparé.
Donc, c'est très, très important que le gouvernement
entende le message du maire de Deux-Montagnes, qu'il entende le message de tous
les citoyens qui sont là, qui sont alarmés parce qu'à à Pointe-Calumet la digue
est fragilisée, et, à Deux-Montagnes, on pense qu'il va y avoir un autre
problème l'année prochaine si la crue des eaux augmente. Et ce ne sera pas
juste de la réparation qu'on va devoir faire, ça va être peut-être des vies
humaines qui seront consacrées à autre chose que leur noyau villageois ou leur
noyau de ville.
Donc, c'est très, très important, et le
gouvernement doit absolument prendre ça très au sérieux et être à l'écoute des
maires, qui sont les porte-parole de tous les citoyens de ces villes-là. Merci.
Pardon, vas-y.
M. Charette : C'est
complet.
Mme D'Amours : Tu ne voulais
pas compléter?
M. Charette : Non, ce
serait terminé.
Mme D'Amours : Bien,
merci. Merci.
(Fin à 13 h 23)