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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Wednesday, October 18, 2017, 9 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt et une minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour. Mais, comme vous le savez, ce matin je vais déposer une motion en Chambre à l'effet d'inviter l'ensemble de la classe politique, mais de façon toute particulière la ministre de la Condition féminine, à nous aider à trouver des façons de pouvoir se sortir, je dirais, de ce merdier dans lequel, les femmes, nous sommes prises depuis des décennies, c'est-à-dire l'incapacité de nous faire entendre lorsqu'il est question de comportements inadéquats, de comportements inacceptables, de harcèlement, d'agressions, ce qu'on nomme comme étant la culture du viol.

Alors, ma motion, deux grands temps, je dirais. Un premier, qui est : Le système de justice doit absolument améliorer son système de plainte, on le sait, c'est nommé, c'est identifié, il doit le faire, et ça presse. Et deuxièmement : Tout ce qui n'est pas judiciarisable, mais qui fait partie de cette culture du viol, mais qui sont des éléments qui retirent aux femmes leur sentiment de sécurité et d'intégrité physique et psychologique, souvent, dans leur milieu de travail, au niveau de leurs loisirs, etc., ça, il faut trouver un moyen de permettre aux femmes de pouvoir dévoiler ce qu'elles vivent et ensuite de pouvoir trouver des chemins pour faire en sorte qu'il y ait des amendes honorables qui soient faites. Alors donc, la motion est au jeu. Pour le moment, je pense que l'ensemble des partis vont l'appuyer, et voilà où nous en sommes.

Mme Mathieu (Annie) : Vous parlez des femmes. Ce matin, voilà, il y a M. Salvail... Donc, il y a des hommes, je vous dirais... J'imagine que vous englobez les deux sexes, là.

Mme Massé : Oui. Bien, en fait, ce qui est d'une évidence crasse quand on regarde les statistiques, c'est principalement les femmes. Le rapport de force est principalement entre les hommes et les femmes. Mais, ceci étant dit, les abus de pouvoir, le harcèlement sexuel, ça peut être ou ça peut aussi viser un homme, ça peut être fait par des hommes, ça peut être fait par des femmes. L'enjeu n'est pas là. Moi, mon point, c'est que, si on s'adresse à la majorité et qu'on trouve des méthodes qui vont permettre pas seulement la judiciarisation — ce qui est nécessaire, on doit l'améliorer — mais aussi toute cette zone qu'on a vue notamment dans différentes séquences de dénonciation, dont notamment dans #moiaussi... Alors, c'est cette zone-là où il faut faire un pas de plus. Il faut innover. Ça ne doit pas appartenir nécessairement aux mains de la justice. Mais on le sait nous, les femmes, que c'est cette addition de comportements qui fait en sorte qu'à un moment donné notre intégrité est ébranlée.

M. Croteau (Martin) : Qu'est-ce que vous pensez du comportement allégué de M. Salvail?

Mme Massé : Bien, écoutez, pour moi, ce qui est allégué présentement me laisse voir tout à fait des comportements que j'entends beaucoup quand je lis #moiaussi, quand j'ai lu #agressionnondenoncee. C'est très difficile pour une victime de se faire entendre, de se faire croire, d'être reconnue que son propos est vrai. Et donc ça illustre pour moi, la situation de M. Salvail, exactement ce que multitudes de femmes et d'hommes vivent dans leur quotidien. Et c'est pourquoi il faut que, là, on s'y attaque sérieusement, tant dans le criminel, le formel que dans le non-criminel, mais qui est tout aussi irréprochable.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que, selon vous, le climat à l'Assemblée nationale est favorable aux dénonciations sur les questions de harcèlement, sexuel ou non, là?

Mme Massé : Partout où il y a des relations d'autorité, de pouvoir — et dans un Parlement, il y en a beaucoup — c'est particulièrement difficile. On l'a vu l'an dernier, par exemple, ou l'année d'avant, au niveau des universités, hein? C'est difficile parce que, là, tu as des professeurs, tu as des étudiants et étudiantes. Tu dénonces, bien, tu n'auras peut-être pas accès à la bourse pour faire tes études, ta maîtrise. Alors, ici, on est aussi dans un système qui est complexe parce qu'il comporte beaucoup d'autorité. Et, tant et aussi longtemps qu'on n'arrivera pas à, collectivement, réellement décider que c'est assez, qu'on n'aura pas identifié des méthodes où les femmes et les hommes victimes pourront réellement, disons, trouver réparation lorsqu'ils dénoncent des comportements inacceptables, irréprochables, bien, je me dis : On est pris dans quelque chose où, comme aujourd'hui, ça ne change pas. Alors, il faut y arriver.

M. Laforest (Alain) : Il y a un an, vous aviez dénoncé la culture du mononcle cochon à l'Assemblée nationale. Est-ce que ça a changé?

Mme Massé : Bien, je pense qu'il y a des gens qui ont fait des pas. Parce que c'est ça, hein, cheminer. Changer une culture, ça ne se fait pas en un coup de ciseaux, un tour de chapeau. Non, je suis en train de faire du hamadisme. Ça ne se fait pas en un…

M. Laforest (Alain) : En criant ciseaux. En criant lapin.

Mme Massé : En criant lapin, tiens. Et par contre je pense qu'à chaque fois il faut faire un pas de plus. Alors, pour moi, quand j'invite, dans ma motion, la ministre de la Condition féminine à trouver des méthodes alternatives pour accueillir et traiter le dévoilement des plaintes, je pense que... Je lui demande à elle parce qu'elle est ministre de la Condition féminine, parce que, si on règle ce problème-là et on trouve des méthodes pour les femmes, on va les trouver pour tout le monde. Mais, ceci étant dit, il faut que ça se fasse dans un bref laps de temps pour qu'ici et partout on puisse ensemble, et les hommes et les femmes, mettre fin à ce fléau qui est les abus de pouvoir des uns par rapport aux autres.

M. Laforest (Alain) : Seriez-vous prête à aller... à donner une entrevue à Éric Salvail aujourd'hui?

Mme Massé : Non, non, non, je ne serais pas prête. Mais je serais prête à aller, comme je l'ai toujours dit, m'asseoir pour discuter des gens de qu'est-ce que ça fait, ce type de comportement sur la victime, sur l'estime de soi. Je crois à une forme de justice qui fait en sorte qu'on va finir par guérir tout le monde. Alors, dans ce sens-là, passer une entrevue publique où on va discuter de tout ça, non. Je ne pense pas qu'il serait intéressé, ceci étant dit. Mais par contre de m'asseoir et de pouvoir aller sur le fond et l'impact et d'amener, dans le fond, les gens à cheminer pour reconnaître qu'ils ont commis des gestes reprochables, des erreurs... Et là on verra, parce que, là, il pourrait y avoir poursuite criminelle, hein? Il y a toujours ça dans ce jeu-là.

Mais je vous ramènerais, entre autres, à #moiaussi. Une des choses qui me fascinent, c'est qu'on arrive, à mon sens, dans cette nouvelle vague de dénonciation à une espèce d'étage un peu plus profond où on commence... et notamment on peut lire plusieurs témoignages sur #moiaussi où des hommes, en lisant et en entendant ce que des femmes victimes témoignent de ce que sont les gestes inappropriés et l'impact que ça l'a sur leurs vies, prennnent conscience que, sans le vouloir, de façon tout à fait intégrée, ils ont contribué à cette culture du viol, et donc ils vont, à travers ça, j'espère, faire des prises de conscience et ensuite agir.

M. Gagnon (Marc-André) : Ce phénomène-là est très viral en ce moment, le #moiaussi, etc. On n'a pas tous la même définition de ce qu'est un harceleur, hein? Est-ce que ça n'ouvre pas la porte à un glissement où des gens risquent de se retrouver injustement traités de porcs sur la place publique et de vieux cochons?

Mme Massé : Oui, bien, voyez-vous, c'est ça, l'enjeu. Notre système de justice est basé sur la reconnaissance qu'une victime, jusqu'à preuve du contraire, est innocente, O.K., on s'entend là-dessus. Puis c'est super, puis c'est correct, on ne veut pas changer ça, nous autres.

Ceci étant dit, à partir du moment où on sait qu'à peine entre 2 % et 4 %, selon les études, des victimes de harcèlement et d'agression sexuelle, seulement 2 % à 4 %, ont fait de fausses déclarations, comment se fait-il que, dans notre système de justice, il n'y a pas plus de poursuites en matière d'agression ou de harcèlement sexuel? C'est parce que de crimes parfaits avec un témoin, en matière d'agression sexuelle, ça n'existe pas. Bien, ça existe, mais si peu.

Alors donc, il faut... Et c'est là qu'il y a le système de justice. Lui, il doit faire sa job parce que, dans les faits, c'est un crime, mais il y a un paquet de comportements qui ne relèvent pas du criminel, mais qui sont, en bout de ligne, très dommageables pour les femmes, leur intégrité, leur sécurité. Et c'est ça qu'il faut aller travailler. C'est ça qu'il faut, ensemble, hommes et femmes, faire en sorte qu'on trouve les moyens pour que ça arrête parce que ça nous coûte des millions par année, ça.

M. Gagnon (Marc-André) : Mais, il y a quelques mois, justement, comme mon collègue disait tout à l'heure, vous dénonciez la culture de mononcle ici même, à l'Assemblée nationale. Et, quelques mois plus tard, êtes-vous encore à l'aise de siéger tout près de Gerry Sklavounos, malgré tout ce qui a été dit sur lui, même s'il se fait un peu plus discret, disons?

M. Laforest (Alain) : Vous l'aviez dénoncé.

Mme Massé : Bien oui, bien, tout à fait, je l'ai...

M. Gagnon (Marc-André) : Êtes-vous encore à l'aise? C'est ça, ma question.

Mme Massé : De?

M. Gagnon (Marc-André) : De siéger tout près de lui?

Mme Massé : Je n'ai jamais été à l'aise. Je n'ai jamais été à l'aise. Il est toujours derrière moi. On n'a jamais eu de communication. Écoutez, je réitère et je réitère vraiment, pour moi, ce qui est important, c'est qu'on trouve ensemble une façon de faire en sorte qu'on puisse guérir nos femmes, de toutes petites à grandes, à aînées. Plusieurs de nos hommes sont victimes d'abus quotidiens qu'on finit par banaliser. Il faut la trouver ensemble, la solution.

Mme Mathieu (Annie) : En même temps, ce que vous faites, c'est que vous dites qu'il faut changer la culture du viol, mais tous les moyens que vous proposez sont évidemment mis sur l'emphase du système de justice qu'il faut améliorer. Mais, à la base, y a-tu quelque chose que vous proposez pour changer cette culture-là qui... Je veux dire, deux ans après une première vague, il ne semble pas qu'il n'y ait rien qui ait été changé.

Mme Massé : Écoutez, puis là vous parlez de vague, mais moi, comme féministe, je vais vous parler de 30, 40, 50 ans, hein, c'est... Mais rappelons-nous que, jusqu'en 1984, un conjoint pouvait violer sa femme sans avoir... la femme n'avait aucun recours. Alors, c'est du travail de longue haleine.

Ce que je vous dirais, en réponse directe à votre question, c'est que — je le dis depuis très longtemps — en amont, ce qu'il faut, c'est... il faut avoir des cours d'éducation aux saines relations, ce qu'on appelait éducation sexuelle. On l'a arrêté au Québec depuis 2002, 2003, et ça fait deux ans qu'on est encore en projet pilote au niveau du gouvernement du Québec. Alors, comment on peut aborder les questions de consentement? Ce n'est sûrement pas avec la porno sur Internet. Bien, actuellement, là, nos enfants, là, c'est par là, essentiellement, que c'est le plus simple d'apprendre les relations entre les hommes et les femmes et les relations entre, peu importe, les personnes de même sexe. Alors, il y a ça et bien d'autres choses.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mme Massé, j'aimerais vous parler d'un autre sujet. Hier, on a pris connaissance d'un courriel pour solliciter des fonds que soit Québec solidaire soit votre collègue Gabriel Nadeau-Dubois a envoyé, là, je ne suis pas certaine qui l'a écrit. Ce courriel-là rabroue le travail des médias. Est-ce que Québec solidaire respecte la liberté de presse, la liberté d'expression, même quand les opinions qui sont exprimées ne correspondent pas aux valeurs du parti?

Mme Massé : Bien oui, tout à fait. Alors, je vous rappelle, c'est un courriel qui a été envoyé à nos membres.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Par qui?

Mme Massé : Bien, par... Je pense que c'est notre parti, là, c'est le parti qui, régulièrement, envoie des courriels aux membres pour faire une demande de financement, etc., et on essaie, comme n'importe qui, de faire en sorte que ces courriels-là expriment un certain nombre d'éléments, dont parfois des positions de politique, etc.

Le courriel dont vous me parlez, j'en ai pris connaissance, je pense c'est hier, et effectivement, là-dedans, comme vous le dites, on nomme... Mais ce n'est pas à moi de reprendre tout ça. En fait, ce que je veux vous dire, c'est que, des fois, il arrive qu'on peut grossir un peu l'impact que ça nous fait, le mal que ça nous fait quand on se ne sent pas entendus, quand on ne se sent pas bien repris, quand on sent que... Mais de remettre en cause l'ensemble du travail journalistique, je ne pense pas que c'était le cas. Je pense que c'est... On a l'impression, des fois, parce qu'on porte une volonté de changer le monde, que notre rayonnance est peut-être moins grande que ce qu'on pourrait espérer.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais, quand on dit que les grands médias encouragent un certain mépris, de qui on parle? Puis qu'est-ce qu'on veut dire?

Une voix : Est-ce que c'est ça que disait le courriel?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : C'est ce qui est écrit.

Mme Massé : Je n'ai pas le courriel devant moi. En fait, moi, ce n'est pas que je ne veux pas répondre à vos questions, mais j'aurais besoin de revoir clairement parce que...

M. Laforest (Alain) : Mais est-ce que vous cautionnez ça?

Mme Massé : Je l'ai lu... Bien, j'ai besoin de le revoir. Moi, le parti envoie régulièrement plein de choses. J'aimerais ça le revoir, et ça me ferait plaisir de répondre à vos questions.

M. Croteau (Martin) : Mais vous parlez de frustrations par rapport à la... Qu'est-ce que vous voulez dire? Racontez-nous. Qu'est ce que vous ressentez, vous, par rapport à la couverture médiatique qui est faite de votre parti?

Mme Massé : Bien, c'est relatif, c'est vraiment relatif. C'est dur de dire x ou y. Moi, je vous dirais que, personnellement, j'ai vraiment une très bonne couverture médiatique. Je me suis sentie bien reprise, j'ai senti que... bon, regarde, mais est-ce que dans ma vie, depuis deux, trois ans que je suis députée, où est-ce que j'ai fait une multitude de conférences de presse parfois seule avec la caméra de l'Assnat, où j'ai dénoncé des choses terribles par rapport au gouvernement libéral et que, dans le fond, on me ramenait sur autre chose parce que c'était le sujet du jour... des fois, peut-être que j'ai ce sentiment-là, mais, de façon globale, ce n'est pas mon sentiment.

Mais sur la question du courriel, s'il vous plaît, laissez-moi aller. Je veux honnêtement pouvoir vous répondre et bien m'approprier ce qui est là-dedans, notamment des questions spécifiques comme la tienne.

M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce que vous avez de la difficulté avec ce que certains chroniqueurs peuvent dire de Québec solidaire?

Mme Massé : Bien, comment dire, des fois, ça ne me fait pas plaisir, mais c'est ça, la liberté de presse, hein? Mais, des fois, j'aimerais bien mieux apparaître fine, bonne, qu'on va gagner en 2018, qu'on est ci, bon. Mais, écoutez... Ça fait que j'y vais.

M. Laforest (Alain) : ...les médias devraient être fins avec tout le monde, là?

Mme Massé : Bien non, bien non...

(Fin à 9 h 38)

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