(Quatorze heures trente-trois minutes)
Mme Poirier
:
Bonjour. Nous venons d'apprendre que le ministre de l'Immigration, le nouveau ministre
de l'Immigration, David Heurtel, recule et a finalement entendu l'appel de tous
les groupes, de tous les journalistes, de tous les chroniqueurs, mais tout particulièrement
de l'opposition officielle, qui, depuis le mois de février, répète, répète
inlassablement qu'il faut mettre fin à cette consultation sur le racisme systémique
des Québécois. Et nous sommes heureux de voir ce recul.
Mais, dans un deuxième temps, il faut
interpeler le gouvernement sur plusieurs questions, maintenant. Qu'est-ce qui
arrive avec le mandat aux 31 groupes? Qu'est-ce qui arrive avec les coûts
qui avaient déjà été dépassés du double? Qu'est-ce qui arrive sur la
gouvernance de cette consultation et qu'est-ce qui va arriver aussi tout
particulièrement au niveau de la Commission des droits de la personne? Et je
vais laisser Véronique vous en parler.
Mais, pour ce qui est de la consultation,
nous, on a une proposition à faire au ministre, une proposition concrète. On
l'a dit depuis le début, c'est dans l'action qu'on va trouver les solutions. On
a 20 propositions qu'on a déposées au mois de février. On va déposer un
projet de loi la semaine prochaine. On lui demande de convoquer la commission
parlementaire et qu'on puisse discuter de vraies actions à mettre en place pour,
justement, répondre à l'intégration des nouveaux arrivants.
Mme
Hivon
:
On comprend donc de cette nouvelle décision du gouvernement que le mandat est
retiré à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
C'est pour nous un désaveu supplémentaire, bien entendu, de la présidence de la
commission. Vous avez vu au cours des dernières semaines et encore hier à quel
point la crise interne à l'intérieur, donc, de la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse est grave. Nous avons demandé hier, à la
lumière de ces faits très, très, très troublants et du climat toxique qui règne
en ce moment à la commission, que la présidente soit suspendue. Nous avons
demandé à la présidente, en fait, de se retirer de ses fonctions et nous avons
demandé au gouvernement d'appuyer cette demande, ce qu'ils ont refusé de faire.
Mais force est d'admettre que c'est désaveu sur désaveu. Il y a, d'une part,
une enquête de la Protectrice du citoyen, mais la ministre de la Justice hier,
responsable du fonctionnement de la commission, a demandé la venue d'un
vérificateur externe à l'intérieur, donc, de la commission, et aujourd'hui on
voit qu'on retire le mandat des mains de la commission.
Donc, tout ça milite à nouveau pour que
nous demandions à Me Thermitus de faire la chose qui doit être faite dans
les circonstances, c'est-à-dire de se retirer le temps que les enquêtes
puissent être faites. Nous demandons à nouveau à la ministre de la Justice et
au gouvernement d'appuyer notre demande, qui est aussi formulée par la
Coalition avenir Québec. Et aussi nous demandons à la ministre de la Justice
des précisions sur le moment où le vérificateur va entrer en poste, la durée du
mandat, parce qu'on n'a aucune de ces indications-là. Et force est d'admettre que
ça peut être long. Et, pendant ce temps-là, c'est une crise qui ne se résorbe
pas, une autorité qui est complètement minée. Merci.
Mme Richer (Jocelyne) :
Est-ce que vous n'avez pas peur qu'on fasse juste jouer sur les mots quant au
mandat de la consultation, puisqu'on parle de racisme puis... Bon, c'est plus
controversé, là on va parler de la diversité. Est-ce que c'est... Vous n'avez
pas peur qu'on fasse juste jouer sur les mots?
Mme Poirier
:
Bien, ça, c'est une crainte valable, c'est une crainte très valable, mais j'ose
espérer que la montée de boucliers qu'on a vécue depuis l'annonce de cette
fameuse consultation donne des fruits et va faire entendre raison au
gouvernement. Dans le nouveau libellé, on ne parle plus de racisme, on parle
beaucoup plus de valorisation de la diversité, alors on vient complètement
d'inverser la volonté de cette consultation-là. Et, pour valoriser la diversité
et la lutte à la discrimination, quoi de mieux que de l'action? Et je pense que
ce qu'on propose, nous, au Parti québécois, les 20 actions que nous avons
déposées, pour lesquelles nous allons déposer le projet de loi, bien, il y a là
un premier terrain sur lequel... Et les débats, ça doit se faire ici à l'Assemblée
nationale. Et nous, on invite le ministre à faire ce débat-là, et que les
groupes puissent venir ici à l'Assemblée nationale de façon transparente, pas
de huis clos, que ce soient des individus... Allons-y donc pour avoir une vraie
consultation dans nos murs, dans la maison du peuple.
Mme Prince (Véronique) :
Donc, vous seriez toujours ouverts à ce type de formule là, mais, en changeant
de nom, en ne donnant pas le mandat à la commission, finalement, ça peut
passer, là.
Mme Poirier
: Ce
sur quoi on est tout à fait d'accord, c'est d'avoir une commission
parlementaire sur un projet de loi qu'on va déposer ici, à l'Assemblée
nationale, dans lequel on parle d'action. Nous, on l'a dit depuis le début, le
but n'est pas de faire un procès aux Québécois, le but est de mettre en action
des propositions qui vont faire en sorte qu'on va changer nos façons de faire
parce qu'on a besoin de les changer, les façons de faire. Il faut parler aux
entreprises, il faut parler aux dirigeants, il faut parler à l'ensemble de la société
pour faire en sorte que l'intégration des immigrants, ce soit vraiment une
réussite et non pas un échec comme c'est présentement.
M. Chouinard (Tommy) :
L'annonce n'a pas encore été faite, là, mais, disons, advenant le cas où il y
ait toujours des consultations locales menées par 31 groupes, mais que ce
soit sur le thème de la valorisation de la diversité et la lutte contre la
discrimination, ça, est-ce que vous êtes d'accord avec une formule comme
celle-là?
Mme Poirier
: Si
on fait juste changer le nom de la commission pour nous faire du maquillage, on
va continuer à être contre. Ça, c'est clair.
M. Chouinard (Tommy) :
O.K. Donc, pour vous, ça, ça passe par l'Assemblée nationale, la commission
parlementaire.
Mme Poirier
: Pour
nous, les consultations, ça doit se faire ici, à l'Assemblée nationale. Je ne
vois pas pourquoi on a honte de notre maison pour accueillir la population du
Québec et l'ensemble des groupes qui, justement... Il y a 31 groupes qui
ont été choisis pour faire cette consultation. On a déjà dénoncé trois de ces
groupes. Alors, une des questions qu'il faudra poser au ministre : Est-ce
qu'il va maintenir ces trois groupes-là qui sont controversés et qui ont déjà,
ici même, dénoncé que les Québécois étaient des xénophobes? Merci.
Mme Hivon : Merci.
(Fin à 14 h 39)