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Point de presse de Mme Hélène David, ministre responsable de la Condition féminine, et Mme Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie

Version finale

Thursday, October 19, 2017, 11 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trente minutes)

Mme David : Alors, merci. Merci à tout le monde d'être ici, avec ma collègue Lucie Charlebois, qui est ministre, donc, responsable entre autres Santé publique et Réadaptation. Et je pense qu'on est tout à fait une bonne équipe pour vous annoncer qu'effectivement on est dans une semaine très particulière.

Je pense que vous l'avez bien remarqué, il se passe quelque chose d'important. Et pas seulement au Québec, il se passe quelque chose d'important sur la planète actuellement. Il y a comme une sorte de parole qui se libère due à, je dirais, une solidarité dans les réseaux sociaux. J'ai parlé de grandeur et de misère des réseaux sociaux; je pense qu'une des grandeurs qui se manifeste depuis quelques jours, c'est la solidarité entre les différentes victimes, je le répète, qu'elles soient femmes, hommes, communauté LGBT, handicapés, communauté autochtone. Je pense que c'est très important, cette solidarité.

Il est arrivé, au Québec, des événements que vous savez. Des gens en position, très connus, etc., qui sont des gens qui font l'objet de très sérieuses dénonciations. Je ne me prononcerai pas plus là-dessus. Mais, quand il arrive des événements comme ça... Il y a eu des bourrasques, les dernières années, vous vous souviendrez. Il y a eu #agressionnondénoncée, il y a eu des histoires liées à des gens très connus qui ont donné, à chaque fois, lieu à des vagues de dénonciations. Je pense que cette fois-ci, depuis l'affaire Weinstein et d'autres qui se rajoutent, nous sommes vraiment passés non pas d'une bourrasque... je dirais minimalement... on pourrait parler de tornade, sinon d'ouragan — le mot est à la mode, de façon climatique — disons qu'on pourrait dire que c'est une sorte d'ouragan social auquel on fait face. Et cet ouragan social apporte généralement, et ça a déjà commencé, donc, des demandes et des dévoilements.

Puis c'est quelque chose, de dévoiler, de faire un hashtag; c'est une autre chose que d'être accompagné. Alors, il faut accompagner les gens qui le souhaitent. Tous et toutes ne le souhaitent pas, mais, ceux qui le souhaitent, il faut les accompagner dans les services d'aide, qui peuvent aller du simple accompagnement avec une relation d'aide ou quelque chose comme ça à des mesures qui vont les amener beaucoup plus loin.

Alors, devant l'ampleur, évidemment, de ce phénomène, les organismes nous demandent un peu plus d'aide. Alors, nous avons décidé de pouvoir accorder immédiatement un montant de 1 million de dollars à ces organismes pour répondre immédiatement, pas dans un mois, deux mois, trois mois, immédiatement à cette augmentation appréhendée du nombre de dévoilements et de demandes d'aide suite aux dévoilements. 1 million de dollars pour immédiatement aider ces organismes-là. Je vais, tout à l'heure, laisser la parole à ma collègue, parce que c'est sous sa responsabilité, le grand nombre d'organismes qu'il y a de ce côté-là.

Maintenant, je peux vous dire qu'en ce qui concerne les dévoilements dans le domaine que je connais plus, des collèges et des universités, on a annoncé il n'y a pas longtemps, le 21 août, 23 millions de dollars pour accompagner les victimes de violences à caractère sexuel dans les collèges et les universités. Et je le répète à ceux qui m'écouteraient dans les réseaux collégiaux et universitaires, parce que là aussi ce sont des étudiantes, des étudiants qui sont à risque, on le sait, et qui ont besoin d'être accompagnés, puis on ne veut pas que nos jeunes de 17, 18, 19, 20 ans restent pris et prises, laissés à eux-mêmes face à des violences qu'ils ou elles pourraient subir. Donc, nous avons déjà, pour l'année 2017‑2018, je le répète, 3 millions de dollars de disponibles pour aider les collèges et les universités à accompagner nos étudiants. Ça, c'est dans le secteur qui me concerne.

Par ailleurs, il y a eu une stratégie pour contrer les violences sexuelles, gouvernementale, donc dans tous les différents aspects, dont le ministère de la Santé et Services sociaux, qui, pour les prochaines cinq années, investira 200 millions de dollars, dont 44 millions pour des actions nouvelles. Tout ça sur la thématique des violences à caractère sexuel. Alors, on ne part pas de rien. Nous sommes devant une situation exceptionnelle, et, à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles pour répondre immédiatement à ce qu'on pense être une augmentation des besoins par rapport à l'accompagnement.

Je vais laisser ma collègue Lucie pouvoir vous expliquer un peu les ressources qui pourront bénéficier de cette mesure-là, que nous allons élaborer dans les prochains jours, rapidement. On dit que les gens ont accès rapidement, alors nous aussi on va travailler rapidement.

Mme Charlebois : Alors, merci, Hélène. Effectivement, on vient vous réitérer qu'on est là pour le soutien aux victimes d'agression et que notre position, je veux que vous compreniez qu'elle est claire, que nous faisons en sorte que nous disons aux gens qui sont victimes d'agression à caractère sexuel que c'est inacceptable, et on les invite à dénoncer. Mais, pour ça, ce qu'Hélène vient de dire, nous ajoutons 1 million parce que nous prévoyons une hausse d'aide qu'on doit déployer pour ces personnes-là, notamment lors des signalements.

Parce que ça peut paraître simple, quand on en parle comme ça devant la télé, de dire «dénoncez», mais, pour une personne qui est victime d'agression à caractère sexuel, ce n'est pas si simple que ça. Ce n'est pas si simple que ça. Alors, ils ont souvent besoin d'accompagnement, ces personnes-là.

Mais je veux vous rappeler, comme ma collègue vous l'a dit, qu'il y a 200 millions dans la stratégie gouvernementale pour prévenir et contrer les violences sexuelles. Et, elle vous en a parlé dans le domaine scolaire, etc., mais, dans le domaine de la santé, nous avons déjà un 100 millions d'investi. Et tout ça, c'est avec les organismes communautaires qui viennent en aide à des personnes.

Mais il faut faire attention. Aujourd'hui, nous ne pourrons pas vous dire dans quel organisme. Nous allons évaluer d'abord où seront faites les demandes, parce que ça peut être des femmes, des hommes, des gens de la communauté LGBT, il peut y avoir des gens de tous horizons. Alors, nous allons prendre le temps de voir où seront les hausses des demandes et nous pourrons déployer les sommes. Et c'est ce qu'on va s'employer à faire dans les prochains jours en fonction des demandes qui seront faites, mais on est déjà là pour plusieurs organismes communautaires.

Et je veux rappeler aux gens qu'il y a toujours, toujours, toujours des services disponibles dans les services de proximité, notamment les CLSC. Il ne faut pas se gêner pour demander de l'aide quand on en a besoin. Parce qu'on est conscientes, Hélène et moi — elle, comme ministre à la Condition féminine, et moi, comme ministre responsable des Services sociaux — que ce n'est pas facile de dénoncer. On a souvent besoin d'accompagnement pendant, avant, pendant et après. Et on a des services de proximité qui sont dans les CLSC, qui sont disponibles justement pour venir en aide aux gens. Il y a plusieurs regroupements, plusieurs centres. On pourra les diriger vers les places où ils en ont besoin.

Mais retenez qu'aujourd'hui, outre le 100 millions qu'il y a au ministère de la Santé, et les 100 autres millions qui sont dans le réseau, et le 23 millions dans le réseau de l'éducation... Parce que tout ça s'additionne. Vous avez compris que le 23 n'est pas dans le 200, puis le 1 n'est pas dans le 223. Alors, tout ça pour vous dire qu'on réagit rapidement parce qu'on anticipe une hausse des signalements et on ne veut pas laisser les personnes à eux-mêmes. Alors, on va être là pour répondre présent à leur demande.

Mme Richer (Jocelyne) : Les groupes d'aide aux victimes d'agression sexuelle se plaignent souvent de sous-financement chronique et de devoir, année après année, toujours présenter des demandes. Est-ce qu'une crise comme celle-là ne vous invite pas, au lieu d'être ponctuels, de revoir à la hausse de façon stable et récurrente le financement de ces organismes-là?

Mme Charlebois : Mais les centres d'aide aux victimes d'actes criminels, comme vous le dites, en fait les CALACS, là, les centres d'aide aux personnes qui luttent contre les agressions sexuelles et à caractère sexuel aussi, je dois vous dire qu'ils font partie du Programme de soutien aux organismes communautaires. Et on vient d'annoncer une augmentation du budget, là. Vous vous souvenez que cette année on a annoncé 10 millions de plus dans l'ensemble du gouvernement. On est à 1 milliard dans les groupes communautaires. Ça fait partie de l'ensemble des demandes des groupes communautaires.

Effectivement, en ce moment, bien, les gens nous font part de, peut-être, d'une appréhension en regard de la hausse. On va prendre le temps d'évaluer ça correctement. Aujourd'hui, ce qu'on dit, c'est : On va répondre à la hausse présumée de ce que pourraient être les signalements, ensuite on reverra.

Pour ce qui est du financement des organismes communautaires, j'ai déjà annoncé un 80 millions sur cinq ans, et ça fait partie des hausses budgétaires. Ceci étant dit, si on s'aperçoit que la hausse est si significative que nous devrions revoir l'enveloppe spécifique à ces gens-là, on verra.

Mme Prince (Véronique) : À la période de questions, Jean-François Lisée disait : C'est 43 organismes, actuellement, qui sont en demande, pour un total de 5 millions. Est-ce qu'on doit comprendre que le 1 million ne va peut-être pas suffire?

Mme David : Écoutez, on parle d'aide immédiate, de pouvoir immédiatement donner aux organismes dont on soupçonne... Et vous avez raison de dire qu'il y a déjà des organismes qui ont levé la main en disant : Il y a une hausse de demandes. Donc, on s'est dit : Il faut absolument agir rapidement. Oui, ce sont des mesures à court terme, on est très conscients de ça, mais on ne le ferait pas qu'on se le ferait évidemment très reprocher, avec raison.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais est-ce que ça ne vous amène pas à revoir le mode de financement?

Mme David : Bien, ça, c'est une autre question, ma collègue l'a bien dit. On va pouvoir, après ça, faire le bilan de tout ça puis repenser, pour le prochain budget, cette question-là de façon plus large. Mais je pense qu'en ce moment il y a une situation exceptionnelle qui mérite des mesures exceptionnelles immédiates, pas dans trois mois, dans quatre mois, dans cinq mois.

M. Croteau (Martin) : Mais s'agit-il d'une situation exceptionnelle, comme vous dites, ou — vous y avez fait référence tantôt — est-ce que quelque chose de plus large est en train de se produire? Vous avez parlé d'un ouragan social. Ce n'est pas exceptionnel, là. Il semble y avoir eu un tournant décisif, selon ce que vous nous dites.

Mme David : Bien, écoutez, c'est ça. C'est-à-dire que l'ouragan, il va durer un certain temps, comme les ouragans, mais ils peuvent laisser un certain nombre de dégâts sur leur passage. Et les dégâts peuvent être de différents ordres.

Mais une des conséquences que l'on appréhende et que l'on sait, parce qu'il y a quand même eu d'autres événements sociaux qui ont amené à ce genre de situation, on appréhende une augmentation, effectivement, des demandes immédiatement.

Est-ce que dans un mois, dans deux mois, dans trois mois, dans quatre mois la situation, effectivement... si ce changement social semble être plus installé, plus permanent, ce que nous souhaitons, quelque part, qu'il y ait un changement social qui fasse en sorte qu'on n'ait plus besoin de dénoncer parce qu'il n'y en aura plus, de violences à caractère sexuel. Ça, on peut rêver, on peut se dire : Ça n'existera plus, mais on peut certainement souhaiter très, très fort qu'il y ait de moins en moins de ce genre de situation à dévoiler.

Mme Charlebois : Il faut dire qu'il faut analyser les besoins. Parce qu'il y a des gens qui s'affirment actuellement publiquement qui ont déjà reçu de l'aide et des soins appropriés. Alors, il faut vraiment prendre le temps d'évaluer correctement entre la hausse significative des demandes d'aide et la hausse appréhendée.

On va avoir le temps de voir tout ça se décliner puis on va pouvoir réagir plus correctement. Mais là, ce qu'on est venues vous dire aujourd'hui, comme femmes, toutes les deux, c'est qu'on est là, à l'écoute de l'ensemble des personnes qui pourraient être victimes d'agression à caractère sexuel et on veut répondre à la demande.

Alors là, il y a 1 million qui s'ajoute, je vous rappelle, là, à 223 millions qui est déjà dans le réseau et de l'éducation, et de la santé, et à travers l'ensemble des activités gouvernementales. Est-ce que ça sera suffisant? On va l'évaluer.

M. Croteau (Martin) : Mme David, est-ce que vous pensez que le système de justice doit repenser ou réviser la manière dont il traite les cas des allégations, des accusations d'agression ou de comportement à nature sexuelle?

Mme David : Bien, premièrement, je ne suis pas ministre de la Justice et je ne suis pas juriste non plus, même si j'ai travaillé pas mal dans le milieu juridique comme psychologue experte. Mais, ça, c'est une autre chose.

Par ailleurs, dans la motion qui a été déposée hier, le troisième paragraphe demandait à la ministre que je suis de regarder en amont de ces procédures juridiques. On le répète, c'est, pour l'instant, une infime minorité qui va jusqu'au système de justice. Est-ce qu'il devrait y en avoir plus qui vont au système de justice parce que le système de justice est plus accueillant, est plus fluide, est plus rapide et moins traumatisant pour les victimes? Ça se peut. Et ma collègue la ministre Vallée est tout à fait au courant de ça et travaille là-dessus.

Ce sur quoi nous voulons travailler, et nous nous sommes engagés, tous les députés à l'Assemblée nationale, c'est de travailler aussi en amont de ça, de cette situation. En amont, ça veut dire que, pour revenir aux collèges et universités, la personne qui se sent victime, qui se dit victime, qui fait un dévoilement doit être accompagnée dès le jour 1 et doit savoir où aller.

Et, je vous réponds par le biais, ce qu'on demande au système de justice, d'être plus accessible, plus fluide, etc., bien, moi, je vais essayer de l'installer de façon très sérieuse, très rigoureuse dans les collègues et les universités. Ils ne se substitueront jamais au système de justice, parce que là on parle de jeunes qui voudraient aller porter plainte au criminel. Ça, c'est une autre partie, c'est une autre frange de cette population qui porte plainte, qui est la minorité, je le répète, mais une minorité dont on doit s'occuper.

M. Gagnon (Marc-André) : Donc, je comprends que vous ne pouvez pas nommer aujourd'hui les organismes qui vont se partager le fameux million de dollars, mais est-ce que vous avez au moins une idée du nombre d'organismes qui pourraient se partager cette somme-là?

Mme David : Écoutez, il y a plusieurs organismes. Et, quand on parle de communautés LGBT... Lucie les connaît, les rencontre aussi, et puis les CALACS, et puis il y a d'autres organismes... CRIPHASE, ce matin, était dans la revue de presse, il faut penser aux hommes victimes. Et, dans mes consultations sur les violences à caractère sexuel, je me souviens, entre autres, à Sherbrooke, où il y avait des hommes qui nous disaient : Attention! Ne nous oubliez pas.

Mme Charlebois : Et les enfants.

Mme David : Oui. La communauté LGBT nous a dit : Ne nous oubliez pas. Et donc il faut... Plus vite on s'occupe de ces victimes, moins ça fait de ravages et de drames dans la vie, après.

M. Gagnon (Marc-André) : Donc, des organismes communautaires qui ont peut-être des besoins pour être en mesure de bien répondre à la demande, à cette hausse de dénonciations que vous appréhendez, donc ils ont à lever la main, à contacter le gouvernement puis à se manifester?

Mme Charlebois : Le ministère de la Santé, effectivement. Ils relèvent tous ou à peu près tous du ministère de la Santé et des Services sociaux. Déjà, on est en lien avec eux. L'équipe du ministère est déjà en lien.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais on parle de combien d'organismes environ, là? C'est une dizaine?

Le Modérateur : Une dernière question en français, peut-être?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Non, mais c'est important, là. Je veux dire, si on envoie 1 million à 100 organismes, c'est autre chose que d'en envoyer à 10. On est dans quel...

Mme Charlebois : Oui, mais ça ne veut pas dire que les demandes vont être faites dans 100 organismes. On vous l'a dit tantôt, on va évaluer où seront les demandes et ensuite on va déployer les sommes. On va pouvoir vous revenir dans les jours qui viennent, mais ça serait erroné de notre part, ce matin, de vous dire x organismes. On ne sait pas où les gens vont se diriger. On sait qu'on prévoit une hausse. Ceux qui seront dans cette hausse-là, où ils vont diriger leurs demandes, nous allons les accompagner avec le million de dollars.

M. Bovet (Sébastien) : Mais, concrètement, qu'est-ce que ça veut dire concrètement, dépenser 100 millions… 1 million de dollars? Ça veut dire plus de monde, plus d'heures d'ouverture? Concrètement, ça veut dire quoi?

Mme Charlebois : Bien, ça veut dire répondre à la demande. Ça veut dire… Est-ce que... Plus de monde… On a déjà des gens dans le réseau de la santé et des services sociaux. Si on sent qu'on a besoin de plus de monde, on va devoir revenir puis évaluer. C'est ce que je vous dis. Là, on veut répondre à la demande immédiate.

M. Bovet (Sébastien) : Mais, en même temps, ces gens-là nécessitent d'être formés, non, pour répondre aux demandes? Donc, le délai d'application du 1 million va être…

Mme Charlebois : Oui, mais on a des travailleurs sociaux et des gens qui sont formés qui sont déjà dans le réseau, qui sont capables de répondre. Je pense aux enfants, le centre Marie-Enfant, il y a déjà des intervenants qui sont là qui sont capables d'interagir avec des enfants. Bon. Dans chacun des organismes il y a des personnes susceptibles d'aider, et dans le réseau de la santé et des services sociaux aussi.

Alors, en fonction des demandes que nous aurons eues, quand les gens vont avoir levé la main puis qu'ils seront allés dans les centres et/ou dans le réseau de la santé, on va être en mesure d'évaluer où sera la hausse des demandes et on va pouvoir répartir les sommes en fonction des besoins. À la suite de tout ça, si on s'aperçoit qu'on a besoin de réévaluer parce que la hausse est permanente et significative, comme vous l'a dit Hélène, on va se rasseoir les deux ensemble et on va réévaluer la situation.

Le Modérateur : En anglais, Maya...

M. Gagnon (Marc-André) : Comme il y a des centaines d'organismes communautaires au Québec, là, plusieurs centaines, au fond, ce n'est pas tant le montant, pour vous, qui est important aujourd'hui, comme gouvernement, c'est d'envoyer le signal, de dire aux gens : Il y a des organismes qui peuvent vous aider.

Mme David : Bien, je vais vous donner l'exemple des… Le montant est quand même important. Le montant est très important, parce qu'on parle de court terme, on parle de demandes à court terme. On ne sait pas combien de gens, à la suite de leur propre dénonciation, hashtag, etc., vont aller...

Et je reviens à l'exemple des collèges, des universités. Admettons qu'il y a une étudiante qui dit : Bien oui, mais moi, là, j'ai besoin d'aide — c'est comme des vagues qui peuvent venir — bien, ils pourraient justement, un collège en particulier où il y aurait eu beaucoup plus de demandes, nous appeler et dire : Écoutez, aidez-nous, là, parce que ça ne fonctionne pas, on n'arrive pas.

Alors, qui sont ces gens-là? Oui, il faut qu'ils soient formés. Ils ne prendront pas des gens qui... Ils sont responsables. Alors, il y a des psychologues, des travailleurs sociaux, des psychoéducateurs, il y a toute une équipe qui est là, psychosociale. Ça existe, ça, dans les collèges et les universités, mais ça existe ailleurs aussi.

Alors, ces gens-là vont avoir plus de demandes, vont lever la main, vont dire : Bien, écoutez, là, moi, je ne suis pas capable de répondre. Alors, tu engages, des fois, des contractuels, tu engages des gens, comme il se fait dans des moments, j'imagine, dans votre métier où il y a des moments où vous êtes très, très, très occupés puis vous êtes obligés de faire appel...

Mme Mathieu (Annie) : Hier, on a pu parler à des organismes communautaires justement qui disaient que ça fait un an qu'ils ont une hausse de 40 %. Il y a un an, il y a eu aussi une grosse vague comme celle-ci. Ce n'est peut-être pas un ouragan, mais, quand même, ils ont levé la main, ils ont dit qu'ils avaient besoin davantage d'argent. C'est au même moment où vous avez annoncé la stratégie. Pourquoi ne pas avoir donné cet argent-là à ce moment-là? Pourquoi c'est plus important maintenant?

Mme David : C'est-à-dire qu'il y a eu 44 millions de plus d'argent dans des nouvelles actions, il y a eu 200 millions d'annoncés au total, et il y avait...

Mme Mathieu (Annie) : Mais ils n'ont pas vu la couleur de cet argent-là.

Mme David : Bien, écoutez, là, on parle du MSSS, là.

Mme Charlebois : Oui, mais il y a 80 millions qui a été annoncé à l'ensemble des organismes communautaires, 10 millions cette année. Moi, je comprends que vous me dites qu'il y en a eu, des demandes supplémentaires. Je jase régulièrement avec ces gens-là. Jusqu'à maintenant on a bien expliqué... Parce que, vous le savez, il y a des revendications dans les organismes communautaires, et ils en font partie. Je ne suis pas en train de minimiser, par contre, l'importance de ce qu'on discute en ce moment. Alors, c'est pour ça qu'on annonce 1 million aujourd'hui. On va étudier la question à fond.

M. Croteau (Martin) : Juste une précision, puis pardonnez-moi si j'ai mal compris, corrigez-moi, là. Mais, ce que je comprends, c'est que l'essentiel de ce 1 million de dollars va servir à embaucher davantage de travailleurs soit sur une base temporaire ou pour faire face à...

Mme David : Bien, quand les gens portent plainte, c'est toujours lié à : Aidez-moi, mais aidez-moi...

M. Croteau (Martin) : Mais c'est clairement pour embaucher du personnel. C'est ça, l'idée du million de dollars?

Mme Charlebois : Ça va dépendre des demandes que vont nous faire les organismes communautaires. Ça va dépendre de la hausse que nous présumons, ça va dépendre qu'est-ce qu'elle sera... Est-ce qu'ils auront les effectifs, puis ils auront besoin de les faire travailler plus d'heures? On ne peut pas vous répondre en ce moment. Mais ce qu'on dit, c'est que nous sommes présentes et que nous allons réévaluer tout ça dès qu'on va avoir la hausse significative qu'on pense qu'il y aura. On va la réévaluer et ensuite on va voir comment on peut déployer des services si la hausse est réelle et dépendamment de l'ampleur de cette hausse-là, tu sais? En ce moment, là, ni vous ni moi, on n'est pas capables de dire à quelle hauteur ça va être, cette hausse-là, là.

M. Croteau (Martin) : Et est-ce que le caractère non récurrent...

Le Modérateur : Une dernière en français.

M. Croteau (Martin) : Juste une petite précision, s'il vous plaît. Le caractère ponctuel du million, est-ce que ça ne risque pas de peut-être faire résister certains organismes qui pourraient hésiter à afficher un poste, par exemple, sachant que ce million de dollars là ne sera peut-être pas là l'année prochaine?

Mme Charlebois : Bien, ce qu'on leur dit, c'est : Nous sommes à l'écoute, nous vous demandons de répondre à l'appel urgent et nous allons évaluer leur situation pour la suite des choses.

Le Modérateur : En anglais, maintenant.

Mme Montgomery (Angelica) : Why add this money now?

Mme Charlebois : Well, because, you know, there's a lot of people that seems to... — well, «seem» is not the right word — that are, at this moment, saying that they are victims. So we've got to help a lot of new people that we think are going — comment qu'on dit «dénoncer»? — …

Mme David : To denounce.

Mme Charlebois : …to denounce their situation. So we are there to help all the organisms to give some good services to the people that are declaring that they're victims, you know?

Mme Montgomery (Angelica) : Is this a reaction to the allegations against Rozon or was this already planned?

Mme Charlebois : Well, it's a reaction to the hashtag.

Mme David : To the hashtag, and it's the reaction of everything that's going on now for the past few days. But we know that there will be an increase of not only the hashtags, but they will ask — some of them, not of all of the people — for help. And we want to say OK to the organisms, and they can help, and they can have a short waiting list because they will have more people or more services in order to answer all those demands.

Mme Montgomery (Angelica) : What do you say to the community groups… Like, there is one in Abitibi that has been dealing with an influx especially of victims who are indigenous, ever since the allegations that came out of Val-d'Or, that are saying they are overwhelmed  with the amount of people coming in already.

Mme Charlebois : Well, yes, but we were there when all those things happened, if you remember. We announced, for organisms over there, a lot of money to help people over there. It's another situation that you're talking about. And we were there, with my colleague Geoff Kelley, to assure that we're going to listen and respond to the services that they need. Like there are a lot of organisms over there that receive more money, like La Piaule, like... I don't remember the other group that are telling us that they want to talk to us. But that's another organism over there that...

Mme Montgomery (Angelica) : Nigan? En fait, Chez Willie? Non?

Mme Charlebois : Non... Non, c'est un autre. And we're going to respond to the future. But you know what? We were there when they needed services.

We're talking about another matter, that's about the hashtag and about what's going on around the world. It's not only in Québec. And now we see that people — women, men, children, people of the community that we call in French LGBT — are more able to talk, but they need to have people that are next to them to make sure that they've got the right services.

Because it seems easy to declare that you've been a victim of a sexual act… assault, but, you know what, it's not easy to do it. And we understand that and we want to be there before they make the denunciation, during the denunciation and after.

But now we think that there is going to be an increase of declarations, and that's why we're here. And we're going to analyse how much more declarations that we've got and we are going to be there to assure good services for those people.

Mme Johnson (Maya) : Mme David, as the Minister responsible for the Status of Women, how would you characterize all that's happened in recent days, starting with Harvey Weinstein in the States, and we make all the way here, to Éric Salvail and Gilbert Rozon?

Mme David : I won't comment on specific people, you know, Weinstein, Salvail, Rozon. But there is something going on in the society, and we see that in Hollywood, we see that all over the world with all the different hashtags. Not only #moiaussi, but there is in English, in Turkish, in different languages. So there is something happening where most of the people who are doing the hashtags say: This happened to me also. All kinds of situations, not only rape and very, very difficult and very important situations, but there is also people who say: They did that to me, they did that, or he did that, or she did that.

Mme Charlebois : At work, at home…

Mme David : Yes, at work, at home, everywhere. So we have to look at that and say: What is going on? And I will let all the sociologists and the psychologists and… because now I'm a politician. I just want to take act that there is something happening, something very important.

And we don't know where we will be in one year from now, but we know that we have to do something today. We have to listen to the people. Because it is something to say: OK, I will write the hashtag, but what do you do when you are doing that? There can be an aftermath, and we have to answer to those consequences.

Mme Johnson (Maya) : And, I know, you said you're not a sociologist, you're a politician, but I'm just asking, you know, for your personal take on what this signifies. Because it seems there is a generational shift, the use of social media that empowers women to speak of something we would not have seen even, you know, 20 years ago…

Mme David : 20 years ago, you're right.

Mme Johnson (Maya) : So what does that mean to you?

Mme David : It's the solidarity of perhaps just to say: This happened to me. And you have short stories, sometimes it's two lines, sometimes it's a long, long text that they are writing, and because they can read other, and other, and other, and other things that happened to other people all over the world. This is new also, because of the social media.

So I think this kind of solidarity says: Did something happen to me? And you saw, yesterday in Québec and the day before, people well-known who said: This happened to me, and all kinds of different situations. But there's one common denominator that is something about sexual relation… not any relationship, not a sexual act, but something that can happen, you know, just in the relationship between two persons.

Mme Charlebois : The way you talk, the way you interact…

Mme David : The way you talk, the way you act, the way you interact.

Mme Johnson (Maya) : Men in positions of power…

Mme Charlebois : And women. There are also women, and there are some parents, and there are some uncles. And I hear a lot of those things. Now, everybody sees it because there are some people that are known, but there are some unknown people that are living the same thing and they're on… at the hashtag now.

Mme David : Yes. But it's not finished. We have to think about what's happening. And I hope that a lot of researchers from universities, college people, all the people I'm listening in the media say: OK… I heard Francine Pelletier, this morning... I heard many people. I listen to that and I say: OK, we are just beginning to try to understand what's going on.

So we try to do something this morning. We will continue. We will stay there and we will listen to the people. And it's a matter of the society, so everyone can add his own expertise in that situation.

Le Modérateur :Merci.

Mme Charlebois : Thank you. Merci.

(Fin à 11 h 59)

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