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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, October 31, 2017, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures deux minutes)

M. Khadir : J'ai appris que M. Ouellette était déjà à l'Assemblée nationale. M. Ouellette a réclamé une opportunité pour expliquer les faits qui le concernent. J'ai une inquiétude, j'espère qu'on aura l'occasion de pleinement l'entendre, avec sincérité, avec, je dirais, la plus grande transparence et avec le souci de s'en tenir aux faits.

Il y a de graves allégations qui fusent de part et d'autre. Mon ami Guy Ouellette doit savoir qu'il a toute notre oreille s'il veut bien parler de ce qu'il sait et qu'il dit déranger des gens qui ne voudraient pas que ça se sache. Il va avoir totale impunité. Nous sommes prêts à nous battre pour qu'il ait plus d'espace. Mais, ça, il va falloir, à ce moment-là, de sa part, toute, je dirais, la volonté et la détermination de ne pas s'en tenir à des professions de foi, une profession de foi sur l'intégrité, là. On a besoin des faits, et on va en avoir le coeur net.

Ensuite, il y a toutes sortes de questionnements qui sont soulevés par l'attitude un peu désinvolte et, je dirais, qui frise l'irresponsabilité de M. Coiteux d'offrir son blanc-seing et sa totale confiance sans questionnement au travail de l'UPAC. Le problème, c'est que, si c'est le cas, M. Coiteux saisit mal qu'il est vraiment, vraiment tout seul dans son coin avec le gouvernement libéral. Toute la population se demande pourquoi les choses traînent, pourquoi tant d'enquêtes n'aboutissent pas, pourquoi tant d'enquêtes à l'UPAC n'aboutissent pas. On a investi dans cette institution, on a des espoirs, on a des attentes et on a surtout une attente majeure, c'est que M. Lafrenière s'explique enfin, non seulement sur les raisons de l'arrestation de Guy Ouellette... et ça a besoin d'être convaincant, vu les circonstances dans lesquelles ça s'est fait, vu que c'était la première fois qu'un député en exercice de ses fonctions se faisait arrêter par l'UPAC, ça a besoin d'être convaincant, autrement il y a de sérieuses questions à se poser. Parce que, nous, ce qu'on veut c'est qu'on ne jette pas le bébé avec l'eau du bain. Il faut sauver l'UPAC, il faut s'assurer que l'UPAC, une fois pour toutes, puisse mener à bien sa mission, sa mission première. Et, là-dessus, s'il faut remettre en question le travail de qui que ce soit, y compris M. Lafrenière, bien, on le fera puis on remerciera M. Lafrenière de ses services s'il n'est pas capable de démontrer qu'il est l'homme de la situation. Parce que, pour le moment, ce qu'on sait... que ça fait six ans et ça piétine. Merci de votre attention.

Le Modérateur : Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : M. Khadir, qu'est-ce que vous pensez du processus de reddition de comptes que veut mettre en place M. Coiteux? Il reporte le projet de loi, là, pour créer, de l'UPAC, un corps de police spécialisé. Qu'est-ce que vous pensez, là, hier, là, lorsqu'il a dit : On va mettre un processus de reddition de comptes?

M. Khadir : J'en pense tout ce que ça dit. Il exprime une volonté qu'il y ait un processus de reddition de comptes, mais on ne sait pas c'est quoi. Et ça part très mal parce que, les dernières semaines et les derniers mois, le gouvernement libéral, dans une obstination qui ressemble à l'obstination de Jean Charest, qui ressemble malheureusement aux obstinations et dénégations de Jean Charest, refuse d'accepter qu'il faut au minimum que le commissaire de l'UPAC soit nommé aux deux tiers. Alors, ça commence très mal si ça commence par ce genre d'obstination.

Mais je dis à M. Coiteux : Le problème de l'UPAC, ce n'est pas la reddition de comptes, pour le moment, c'est bien au-delà. Le problème de l'UPAC, c'est le piétinement. Ça fait six ans, puis on n'est pas avancés.

M. Laforest (Alain) : Vous avez dit tout à l'heure que vous vouliez que M. Ouellette se rende au-delà d'une profession de foi, vous voulez des faits. Est-ce que, pour lui... Il a dit que c'était le discours de sa vie, est-ce qu'il doit prouver que c'est le discours de sa vie?

M. Khadir : C'est sûr qu'en une minute c'est très limité, mais on peut quand même dire des choses, on peut mettre la table, on peut faire en sorte que ça soit insupportable pour le Parti libéral. Parce que vous savez que le Parti libéral a encore échoué ce matin en refusant de donner son consentement pour donner plus de temps à M. Ouellette. Le Parti libéral du Québec sous Philippe Couillard a encore échoué au test de la vérité et de la transparence, sans ça ils auraient accepté que M. Ouellette parle. Mais M. Ouellette peut parler de bien des choses sans compromettre le travail de l'UPAC. M. Ouellette peut dire ce qu'il sait et qui dérange sur le Parti libéral.

Le Modérateur : Mathieu Boivin, Cogeco.

M. Boivin (Mathieu) : M. Khadir, au-delà de l'indépendance existante ou non entre l'UPAC et le pouvoir politique, il y a aussi une question un peu embêtante de proximité familiale entre le patron de l'UPAC, qui se trouve à être le beau-père du directeur général de la Sûreté du Québec. Est-ce que c'est le genre de chose qui vous met mal à l'aise comme votre homologue Pascal Bérubé au PQ?

M. Khadir : C'est tout à fait secondaire. Ça peut faire partie du tableau. Ce qui est important, c'est qu'il faut se questionner pourquoi le travail de l'UPAC piétine, pourquoi ça traîne, tant d'enquêtes. Maintenant, est-ce que c'est parce que les méthodes de travail de M. Lafrenière, ses obsessions, ses priorités sont mal placées, font en sorte que tout ça traîne? Bien, il faut se questionner.

Maintenant, le reste s'ajoute à l'ensemble, mais l'essentiel, c'est qu'on a besoin d'une UPAC fonctionnelle. Il faut enlever les entraves, les entraves au fonctionnement de l'UPAC pour que l'UPAC accomplisse sa mission.

Pour le moment, en six ans, l'UPAC n'a pas accompli sa mission première, c'est-à-dire d'identifier les grands patrons, les grands responsables du financement illégal du Parti libéral. C'est ça, le rôle de l'UPAC. Et il faut que M. Lafrenière nous dise pourquoi ça piétine.

M. Boivin (Mathieu) : Donc, la question des liens familiaux, pour vous?

M. Khadir : Ça peut faire partie de l'ensemble, mais ça, c'est tellement un détail par rapport au reste. Là, là, il ne faut pas perdre le nord. On questionne les priorités de l'UPAC. J'espère que, comme classe politique et journalistique, on ne perdra pas les priorités. Moi, je ne veux pas qu'on jette le bébé avec l'eau du bain.

Maintenant, tous ces trucs familiaux, tous ces détails s'imbriquent dans un ensemble, dont le principal motif d'inquiétude, c'est que : Est-ce que l'UPAC, actuellement, est entravée dans sa mission de poursuivre, d'identifier, d'épingler, de ramener menottes à la main les grands responsables du financement illégal du Parti libéral?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que M. Lafrenière, M. Ouellette et Mme Trudel doivent comparaître en commission parlementaire afin de répondre aux questions des parlementaires?

M. Khadir : Il faut trouver toutes les possibilités, et celle-là... On les appuie toutes, les possibilités, de donner du temps pour qu'on... Parce que ça fait beaucoup d'énergie, depuis neuf ans, que l'ensemble du Québec place dans ces enjeux-là. Là, il ne faut pas être pingres et oublier que c'est une priorité majeure, hein? C'est lassant, à la fin. Ça épuise la classe politique de devoir retourner sempiternellement parce qu'on ne débloque pas. Alors, pour le débloquer, ça passe par des situations d'exceptions. Et on est dans une situation d'une rare gravité, d'accord? C'est tout à fait exceptionnel. Moi, je trouve qu'on doit donner le plein temps à M. Ouellette d'abord, et, si ça peut être complémentaire — M. Ouellette pourra nous le démontrer — Mme Trudel de s'expliquer. Puis ensuite on voudrait entendre M. Lafrenière, et ça presse, il a des explications à donner.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que les critères de perquisition pour accorder une demande de surveillance d'un député de l'Assemblée nationale ou encore... en vue de la perquisition de son matériel, notamment son ordinateur ou son téléphone cellulaire, doivent être rehaussés, selon vous, voire même est-ce qu'on pourrait rendre insaisissable le matériel des députés de l'Assemblée nationale?

M. Khadir : Dans les démocraties, ce n'est pas pour rien qu'on confère l'immunité aux parlementaires, c'est pour éviter qu'il y ait des règlements de comptes politiques contre des adversaires en utilisant des procédures abusives et en utilisant l'appareil judiciaire, comme ça peut arriver, et on l'a déjà vu, d'accord? Et, dans le Québec d'aujourd'hui, qui à maints égards dans ce qu'on apprend dépasse tout à fait toutes les fictions les plus invraisemblables d'Hollywood, il faut faire attention, tout est possible, et donc il faut augmenter le niveau d'immunité pour qu'on ne puisse pas, à la légère, porter atteinte à l'immunité des parlementaires dans leur travail. Ceci ne les mettra pas à l'abri de poursuites lorsqu'ils ont mal agi aux vues de la loi criminelle, la loi pénale.

M. Gagnon (Marc-André) : Mais qu'est-ce qui vous dit que M. Ouellette n'a pas mal agi? On ne le sait pas encore.

M. Khadir : Bien, il faut que — mais dans les procédures appropriées — le pouvoir policier démontre aux yeux d'un juge, dans une procédure non pas expéditive, mais appropriée, la gravité des éléments de preuve à l'appui pour mener ce genre de chose là. Et j'espère qu'au moment où on se parle l'UPAC pourra nous démontrer qu'il a obtenu, en vertu de faits accablants, une autorisation d'un juge.

M. Gagnon (Marc-André) : Vous parlez de six ans de piétinement. Après ces six ans, est-ce que vous croyez donc qu'il est venu temps de songer, d'envisager à remplacer M. Lafrenière à la tête de l'UPAC?

M. Khadir : On n'est pas loin de ça. Je ne me mettrai pas la tête dans le sable. Je le questionne sérieusement. Puis ce n'est pas une question de malice. Je ne prête pas des intentions à M. Lafrenière. Je ne pense pas... Je ne recours pas à la théorie du complot ou de la collusion. Le seul fait qu'en six ans on n'a rien, là... Puis je vais vous donner l'exemple d'aujourd'hui et d'hier. Mueller, en moins de 10 mois, le procureur aux États-Unis est arrivé à encercler les éléments les plus proches du pouvoir de M. Trump, en moins de 10 mois. Là, ça fait six ans plus trois autres années d'une intense campagne de mise en relief des éléments. Là, il y a une démesure incroyable dans les résultats obtenus par M. Mueller puis dans le piétinement et les retards pris dans toutes les enquêtes. Puis ce n'est pas juste Charest et Bibeau. Charest et Bibeau, je peux comprendre, ils sont protégés par des familles puissantes puis par toutes ces nominations de toutes ces années, de tous ces postes partout dans le pouvoir public qui doivent leur poste et leur position aux nominations de MM. Bibeau et Charest. Je peux comprendre que ces éléments-là oeuvrent partout pour bloquer, mais il y en a d'autres, il y a la SIQ, il y en a d'autres. Donc, là, on a besoin qu'on sorte de ce piétinement qui fait honte à l'ensemble de la classe politique au Québec.

M. Gagnon (Marc-André) : Hier, en toute fin d'après-midi, donc, trois ministres effectuent une sortie et annoncent une vérification du côté de l'AMF. Est-ce que c'est de la diversion que de braquer les projecteurs vers l'AMF alors qu'il y a énormément de questions et de pressions qui se font sentir maintenant sur l'UPAC?

M. Khadir : D'abord, là, je dois vous dire, j'ai eu l'impression hier, en les écoutant et en les regardant, d'assister à, disons, une réaction sous anesthésie générale au niveau émotionnel, au niveau intellectuel. Il y avait comme une dissociation cognitive entre ces trois ministres. L'espèce de révulsion dans la population, la révolte mentale à laquelle on assiste chez les gens, puis ces trois ministres-là, qui agissaient comme : Bon, tout va bien, Madame la Marquise. Le cheval est mort, l'étable est brûlée, le château s'effondre, le marquis est tombé... je ne me rappelle plus de quoi dans la chanson, mais ces trois ministres-là s'employaient à dire : Tout va bien, on a confiance.

Mme Cloutier (Patricia) : M. Khadir, vous dites qu'il faut sauver l'UPAC. Est-ce qu'il faudrait que M. Lafrenière quitte ou... Qu'est-ce que vous pensez qu'il faudrait pour sauver l'UPAC, là, sauver le bébé avec l'eau du bain?

M. Khadir : Si, pour sauver l'UPAC, il faut remercier M. Lafrenière de ses services, il faut qu'on le fasse. Pour savoir s'il faut faire ça, il nous doit des explications. S'il se refuse à ces explications, là il faut tirer des conclusions. En tout cas, tout le monde se demande s'il est l'homme de la situation. Ça fait six ans que ça piétine, puis là on se réveille puis on entend que le seul député en exercice qui a été arrêté au cours des 10 dernières années, c'est un député qui n'a jamais été ministre à 100 000 $.

Le Modérateur : Dernière question.

M. Lavallée (Hugo) : Est-ce que ça ne constituerait pas une forme d'ingérence politique que de dire : Bien là, si vous n'êtes pas capables de faire déboucher telle enquête à l'intérieur de tel délai que nous, les députés, on choisit, on va vous congédier? Est-ce que ça ne serait pas mieux de laisser l'UPAC complètement indépendante réaliser le travail au rythme où elle est capable de le faire?

M. Khadir : Non, non. Comme députés, comme politiques, on a la responsabilité de s'assurer que des institutions qu'on met en place sont fonctionnelles, font le travail pour lequel ils sont prévus.

Évidemment, jusqu'à tout récemment, moi et vous, on pouvait être naïfs et dire : Bien oui, c'est long, ça prend du temps. C'est des preuves, des justifications qu'on nous a apportées, et on a eu la gentillesse, la naïveté, je dirais la magnanimité de les accepter. Mais est-ce qu'on peut continuer à être aussi indolents et insouciants? Je vous le demande. Comme politicien, vous me reprocheriez d'être indolent, quand je vois qu'aux États-Unis, en moins de 10 mois, un enquêteur mène une enquête tambour battant, sans faire attention à aucune considération du genre qu'on nous a servie ici, incrimine trois des hauts responsables proches de M. Trump dans une stratégie bien ciblée pour forcer des gens à collaborer.

Aujourd'hui, on a Coretti, Luigi Coretti, qui dit à l'UPAC, qui dit au DPCP : Emmenez-moi en cour devant un juge, je vais vous raconter ce qui s'est passé, il y a Lino Zambito qui dit : J'ai besoin d'une immunité, je vais collaborer, je vais vous dire comment ça s'est orchestré, tout ça, puis on ne leur donne aucune possibilité de faire ça. Comment ça se fait?

M. Lavallée (Hugo) : Quel est le niveau de confiance que vous accordez à Mme Trudel?

M. Khadir : Bien, écoutez, elle jouit d'une bonne réputation. Et, bien sûr, dans ce contexte très délicat et juridiquement, disons, glissant qui est devant nous, il faut faire attention, mais je n'ai aucune raison de mettre en doute ce qu'elle a fait. Après tout, c'était suffisamment sérieux, son travail, pour forcer le gouvernement à bouger et même changer de ministre pour ne pas aggraver les choses pour sa réputation, d'accord? Et, lorsqu'on l'a entendue ici, en commission parlementaire, avec l'autre dame qui l'accompagnait, les deux ont fait un témoignage d'une rare sincérité, d'une rare limpidité, d'accord, que je ne peux pas me permettre... je n'ai rien pour mettre en doute. Donnez-moi un argument qui puisse... Bon. Là, on parle de toutes sortes de rumeurs, mais, au-delà de rumeurs, elle a des faits qu'elle a allégués en commission parlementaire. J'espère qu'on pourra avoir le témoignage de M. Ouellette, qui aurait été mis au courant, qui a motivé toutes ces propositions pour «ISO gouvernement», «ISO UPAC» et «ISO intégrité». On verra. Merci.

(Fin à 11 h 17)

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