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Point de presse de M. Sylvain Roy, porte-parole de l’opposition officielle en matière de forêts, de faune et de parcs, et Mme Lorraine Richard, porte-parole de l’opposition officielle en matière de développement nordique

Version finale

Thursday, November 2, 2017, 9 h 31

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente et une minutes)

M. Roy : Bonjour à tous. Je tiens à saluer ceux et celles qui m'accompagnent ce matin : ma collègue Lorraine Richard et deux pourvoyeurs de l'association des pourvoyeurs du Nord-du-Québec, M. Alain Tardif et Richard Hume, ainsi que M. Jean Tremblay d'Air Saguenay.

J'ai demandé mardi en Chambre au ministre de la Faune, Luc Blanchette, les raisons pour lesquelles aucune solution n'a été mise en place par son ministère pour aider les pourvoyeurs du Nord affectés par la fermeture de la chasse au caribou, qu'il a annoncée par téléphone le 21 décembre dernier. Il a complètement ignoré ma question. Or, ce que l'on peut vous dire ce matin, c'est que, depuis août dernier, un rapport de son propre ministère, qui dort sur les tablettes, dit, et je cite : «La Fédération des pourvoiries du Québec propose un plan d'affaires original, mais ambitieux, qui mérite d'être étudié attentivement.» Et ce rapport, M. Tardif l'a entre ses mains.

M. Tardif (Alain) : Je l'ai entre mes mains, là, M. Roy.

M. Roy : Oui. Donc, la question, c'est : Qu'a fait le ministre depuis un an pour aider les pourvoyeurs du Nord? Rien. Pourquoi le ministre a-t-il ignoré son propre rapport? Nous avons ici ce matin avec nous deux pourvoyeurs et un avionneur qui craignent pour leur entreprise si le ministre Blanchette n'agit pas immédiatement. J'interpelle donc le ministre ce matin afin qu'il prenne ses responsabilités, au moins une fois, là, dans son mandat, et qu'il sauve l'industrie des pourvoiries dans le Nord-du-Québec. Donc, il faut qu'il annonce qu'il mettra en place un plan spécial d'aide et de diversification économique pour les pourvoiries.

En conclusion, je tiens à vous dire que les pourvoiries, ce sont 13 millions de chiffre d'affaires, ce sont 250 emplois et ce n'est pas rien pour l'économie faunique du Québec. Et maintenant, je céderais la parole à ma collègue Lorraine.

Mme Richard : Merci, Richard. Moi, j'interpelle également le ministre, nouveau ministre responsable du Plan Nord, que celui-ci intervienne auprès de son collègue parce que la situation est vraiment inacceptable. Vous savez que, dans le fameux Plan Nord, on parlait, bon, qu'on voulait investir au niveau touristique, on voulait développer nos régions du Québec. Mais on voit ici un problème flagrant, là, d'un manque d'écoute gouvernementale.

M. Tremblay, qui est ici, qui est propriétaire d'Air Saguenay, écoutez, bientôt devra fermer ses portes parce que les pourvoiries eux-mêmes vont fermer leurs portes. Vous comprenez que c'est toute une diversification économique qui est extrêmement importante pour le Nord-du-Québec. Et on parle de toutes les autres infrastructures, là. Les pourvoiries vont fermer, des bâtiments laissés à l'abandon. Si Air Saguenay ferme ses portes, c'est des infrastructures aéroportuaires.

Donc, moi, je demande à M. le ministre Moreau d'intervenir le plus rapidement possible auprès de son collègue. Celui-ci a un rapport entre les mains et ne bouge pas. Il ne fait rien et tout ce temps-là, là, la situation se détériore. Et dans des régions comme le Nord-du-Québec, chaque petite entreprise qui peut aider à diversifier l'économie est importante. Donc, vous voulez réellement vous occuper des régions du Québec? Vous avez un problème aujourd'hui. Réglez-le le plus rapidement possible. C'est le message que je lance ce matin.

M. Tardif (Alain) : Moi, je suis représentant... Alain Tardif, représentant de l'association des pourvoyeurs du Nord-du-Québec. Depuis le 21 décembre 2016, depuis que le ministre nous a annoncé la fermeture du caribou, on a travaillé très fort avec le ministère pour trouver des solutions. On a fait des propositions au ministère, dans le genre de travailler avec les peuples autochtones. Il y a même le rapport qui suggère, ici, plusieurs façons de travailler, de continuer de travailler avec nous, mais on est encore... On est rendus au mois de novembre, le rapport est rendu public depuis le mois d'août, et on n'a toujours rien reçu.

Moi, j'ai une business, mais j'ai un confrère ici qui a la même entreprise que moi, puis il y a d'autres pourvoiries qui ne sont pas ici. Si on n'a pas d'aide... Ils nous ont demandé aussi d'essayer de trouver des solutions pour pouvoir continuer même s'il n'y avait plus de chasse au caribou, mais là, si on n'a pas d'aide financière, si on n'a pas aucun signe du gouvernement, du ministère, bien, c'est bien de valeur, mais on ne pourra pas continuer. C'est rendu, là... On est rendu à la date limite, au mois de novembre, là. On a étiré autant qu'on a pu, mais là, il faut que quelqu'un prenne... il faut que le ministre prenne connaissance de son rapport puis qu'il nous dise qu'est-ce qu'il fait avec, parce que c'est bien spécifié dans le rapport, il y a des solutions, mais personne ne nous donne aucun signe de vie de ça.

M. Tremblay (Jean) : Bonjour. Moi, je suis Jean Tremblay, propriétaire d'Air Saguenay. Écoutez, Air Saguenay, c'est un joyau de l'économie du Québec. On est le deuxième transporteur aérien le plus gros en Amérique du Nord. Je pense que ce n'est pas rien. On offre du service de transport dans plus de 10 endroits à partir du Québec. On est au Saguenay, on est à Chute-des-Passes, on est à Baie-Comeau, à Manic-5, Havre-Saint-Pierre, Sept-Îles, Natashquan, Caniapiscau, Wabush, Schefferville.

Ça a un effet domino, la fermeture de la chasse, M. le ministre, je vous le dis. Nous, on devient les dommages collatéraux de la fermeture de la chasse. En perdant la chasse au caribou, Air Saguenay perd 35 % de son chiffre d'affaires. Je lance un défi au gouvernement, si vous perdriez 35 % de votre chiffre d'affaires au gouvernement, vous seriez un petit peu dans la merde. Bien, c'est un petit peu ce qu'on vit, nous, Air Saguenay. Il y a quand même 150 emplois dans notre organisation. C'est des gens qui sont passionnés puis c'est un service essentiel, je vous dirais, le service qu'on offre de transport aérien.

On fait du transport pour 70 autres pourvoyeurs à travers la province de Québec. Ces gens-là vont transporter leurs clients comment? Et puis ces gens-là, les particuliers qui ont des camps dans le bois, tous les aviateurs privés qui viennent chercher de l'essence chez nous, ils vont faire comment? C'est quoi, les solutions? Je pense qu'on a travaillé activement à proposer un rapport, mais là le facteur temps est super important. Là, on manque de temps, là. Il s'est écoulé presque un an depuis la décision. Moi, je considère que la décision qui était prise, c'est une décision politique, mais maintenant il faut prendre une autre décision politique pour contrecarrer l'effet domino néfaste que ça va avoir chez nous.

Je vous remercie puis j'espère que mon message va être entendu. Merci.

M. Roy : Juste en conclusion, ce que M. Tremblay vient de dire, c'est extrêmement important. Au Québec, on a 700 000 pêcheurs, 300 000 chasseurs qui sont des amants de la nature et qui aiment leur territoire. Et ce que M. Tremblay nous dit, c'est que la fermeture de son entreprise va empêcher les Québécois d'avoir accès à leurs camps de chasse et à la chasse et à la pêche dans tout le Nord-du-Québec. C'est, pour ainsi dire, le début de la fin de l'accès au territoire nordique pour l'ensemble des Québécois. Merci beaucoup.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour. M. Tremblay, excusez-moi, je suis arrivé un petit peu en retard, vous dites que l'entreprise pourrait fermer carrément?

M. Tremblay (Jean) : Bien, écoutez, en perdant 35 % de notre chiffre d'affaires... il ne faut pas oublier qu'en 2010 on était en pleine activité du Plan Nord et tout ça. On a déjà, depuis 2010, perdu 50 % de notre chiffre d'affaires depuis 2010. On a eu à se réinventer, mais là, avec la décision du 22 décembre dernier, 2016, on perd encore 35 % de notre chiffre d'affaires. On est déjà fragiles, mais là, écoutez, c'est beau de réinventer la roue, là, mais, à un moment donné, on a des frais fixes, on a des choses qu'on ne peut pas réinventer, là. Donc, oui, ça met en péril l'entreprise au complet.

M. Bellerose (Patrick) : Vous avez dit que c'était une décision politique. Est-ce que vous croyez que le moratoire sur le caribou est pertinent? Est-ce que vous croyez que...

M. Tremblay (Jean) : Bien, il n'ay pas de moratoire sur le caribou, c'est une fermeture de la chasse sportive. Le moratoire est sur le caribou forestier. On parle de deux choses différentes, là, en fait, là.

M. Bellerose (Patrick) : Donc, l'arrêt de la chasse sportive, pour vous, est-ce que c'est une décision qui est légitime quand même? Est-ce que c'est une décision qui est pertinente?

M. Tremblay (Jean) : Écoutez, on ne peut pas vraiment argumenter, mais je pense qu'on a proposé des très bonnes solutions. Écoutez, on parle même, avec la chasse sportive, de remettre le produit de la chasse, donc remettre la viande aux communautés autochtones. Ce qu'on demande en fait, c'est, de leur attribution, les Autochtones, et je pense qu'ils ont le droit à 6 500 caribous, les pourvoyeurs demandent d'avoir 300 permis, mais, de ces 300 permis-là, nous, on va remettre la viande aux Autochtones. Donc, il n'y a pas de perte, il n'y a pas rien, là, mais on continue de générer une activité économique qui va continuer puis perdurer à travers le Québec.

Nous, on est préoccupés par la ressource. C'est définitif, s'il n'y a pas de ressource... on est autant préoccupés que le gouvernement de la ressource. Mais il y a une chose : Pourquoi les Autochtones ont droit d'avoir 6 500 permis d'allocution qui viennent de la Convention de la Baie James? Ce que, nous, on leur demande de cette attribution-là, de nous en donner une partie. Je pense que ce n'est pas malsain, je pense qu'on travaille avec les Autochtones pour continuer une activité économique qui est super importante.

M. Bellerose (Patrick) : M. Tardif, M. Hume, un des deux, peu importe, donc, pour la survie des troupeaux, est-ce que vous croyez que la fin de la chasse au caribou est une décision pertinente de la part du gouvernement?

M. Tardif (Alain) : On ne peut pas vraiment... comme M. Tremblay, l'a dit, on ne peut pas vraiment discuter le nombre de caribous parce qu'il y a une étude biologique qui dit qu'il reste 199 000 têtes, 199 000 caribous. À notre point de vue, là, si vous me demandez mon point de vue à moi, là, je pense qu'il y aurait lieu peut-être de refaire un recomptage. Mais ça, là, on n'a pas de preuve, on ne peut pas discuter de ça.

Mais, comme M. Tremblay l'a dit, il y a des allocations qui se donnent présentement pour les Autochtones. On a fait des approches avec certains Autochtones qui ont vu l'idée comme pas mauvaise, mais il faudrait qu'il y aurait une volonté politique de la part du ministre de mettre ce monde-là ensemble puis qu'on puisse trouver une solution. Là, nous autres, on a tiré à droite, à gauche. On a fait des approches auprès des Naskapis de Kawawachikamach, on a rencontré les Inuits, on a rencontré les Cris, mais c'est toujours... tu sais, ça n'a pas la force d'un ministère puis ça n'a pas la force d'un ministre.

M. Bellerose (Patrick) : Quel pourcentage déterminé, réservé aux Autochtones vous souhaiteriez avoir?

M. Tardif (Alain) : Nous, là, n'importe quoi qu'ils vont nous donner, là. Présentement, là, on est rendus à ça, là, si on... On a demandé 300 permis pour l'ensemble des pourvoyeurs d'automne qui restent, là. Ce n'est pas beaucoup, là, 300 permis, puis on est même prêts, comme Jean l'a dit tantôt, à remettre la viande, s'il le faut, aux Autochtones.

Si c'est une question de survie alimentaire, on va leur redonner la viande. On a déjà fait, dans le passé, là, des dons importants à des communautés. On leur a renvoyé la viande que les clients... qu'on avait demandée poliment à nos clients; si tu ne prends pas la viande, on va la donner aux Autochtones. On l'a fait encore cette année, on a envoyé 30 caribous à Kawawachikamach, puis ça va nous faire plaisir de le faire.

Mais tout ça, là, il faut qu'il y ait quelqu'un qui opère ce mécanisme-là. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui soit capable de mettre ça sur pied. Puis nous, on n'a pas les capacités puis on est rendus, là, à bout de souffle. On n'est plus… Tu sais, on ne peut pas engager du monde pour prendre soin de nos affaires, là. On est rendus au temps, là, où est-ce qu'il faut décider si on ferme ou si on reste en vie, là. C'est…

M. Bellerose (Patrick) : Le printemps dernier, M. Blanchette a évoqué la chasse au loup comme une alternative.

M. Tardif (Alain) : Bien, regarde, c'est justement... Il a évoqué plein de choses, la chasse au loup, la pêche, mais il n'y a rien. Il n'y a rien.

M. Bellerose (Patrick) : Justement, est-ce que la chasse au loup est une alternative qui est viable?

M. Tardif (Alain) : Pas vraiment. Pas vraiment. Dans le rapport, là, ils en font mention dans le rapport, là. Ce n'est pas une chasse qui pourrait sauver nos entreprises, là.

M. Bellerose (Patrick) : …ça n'intéresse pas les chasseurs?

M. Tardif (Alain) : C'est trop dispendieux, là. C'est les coûts. Vous pouvez aller à une chasse au loup, dans d'autres provinces, qui va coûter peut-être 2 000 $. Chez nous, tu ne pourras pas faire ça en bas de 4 000 $, 5 000 $, puis peut-être bien même plus à cause des coûts de transport puis de la logistique de tout ça. L'accessibilité, ce n'est pas pareil, là.

Des voix : Merci.

(Fin à 9 h 43)

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