(Quinze heures trois minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Québec
solidaire souhaite réagir aux derniers développements en Catalogne. Ça fait déjà
un moment que la situation est inquiétante en Catalogne, mais, depuis les
dernières heures, la situation est devenue démocratiquement intolérable. On
vient d'apprendre donc qu'il y a un mandat d'arrestation d'émis visant les
dirigeants du gouvernement catalan. Pour nous, c'est la goutte qui fait
déborder le vase s'il n'avait pas déjà débordé. Et ce qui est d'autant plus
inquiétant, c'est de voir ici, au Québec et au Canada, des gouvernements qui
soit ne réagissent pas, soit réagissent de manière extrêmement timide.
M. Trudeau aime bien jouer au
superhéros, mais là c'est le temps de vraiment défendre les principes qu'il
prétend défendre, de défendre les droits humains, de défendre la démocratie et
de s'adresser à ses homologues européens pour vraiment demander qu'on se mette
à respecter les droits démocratiques des Catalans et de leurs représentants
démocratiquement élus. Ce n'est pas normal qu'en 2017, au coeur d'une
démocratie, des élus qui souhaitent tout simplement accomplir le mandat pour
lequel ils ont été mis en fonction soient arrêtés et soient menacés de prison.
M. Boivin (Simon) :
M. Nadeau-Dubois, pensez-vous que ça pourrait être une bonne idée que
d'offrir l'asile aux dirigeants qui sont visés par les mandats d'arrestation?
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas une mauvaise idée du tout. Ce n'est pas du tout une mauvaise idée. Je pense
qu'il faut tout envisager à l'heure actuelle parce qu'il y a une situation qui,
pour tout démocrate, est insupportable, là. Qu'en 2017, au coeur de l'Union
européenne, qui se prétend démocratique, qui se prétend une championne des
droits humains, de voir une situation comme celle-là, c'est difficilement
tolérable. Et s'il faut les accueillir ici, les dirigeants catalans, bien, à
Québec solidaire, on va appuyer cette initiative-là, c'est sûr.
M. Boivin (Simon) :
Est-ce que c'est des choses qui sont du jamais-vu, à votre point de vue, là,
que d'en arriver à une situation comme celle-là dans un contexte d'un pays
jusqu'ici démocratique?
M. Nadeau-Dubois : Je
n'ai aucun souvenir de quelque chose de comparable. Ma mémoire n'est pas
infaillible, bien sûr, là, mais je n'ai pas souvenir d'une stratégie aussi
soutenue et cohérente contre des élus légitimes du peuple. C'est vraiment
impressionnant, là. Il y a eu, bon, l'arrestation de gens de la société civile.
C'était déjà problématique. Mais là qu'on s'en prenne à des élus qui sont
démocratiquement mis en place, c'est vraiment... c'est le bout du bout, comme
on dit en québécois.
M. Boivin (Simon) : Ça
vous rappelle peut-être la Loi sur les mesures de guerre ici, au Québec?
M. Nadeau-Dubois : C'est
du même ordre certainement que la crise d'Octobre. C'est le même type de mépris
pour la démocratie, mais on pourrait même dire que c'est encore pire. Il n'y a
eu aucun blessé en Catalogne par le camp indépendantiste. Il n'y a pas personne
qui a été kidnappé. Je veux dire, il n'y a même pas de prétexte, là, pour s'en
prendre comme ça à des élus. En octobre 1970, l'armée s'en était prise au
peuple, l'armée s'en était prise à la société civile et, bon, les opérations du
FLQ étaient le prétexte, à l'époque, pour cette opération-là.
Aujourd'hui, en Catalogne, on peut même se
poser la question si ce n'est pas pire parce qu'il n'y a pas de prétexte, il
n'y a pas de raison pour s'en prendre à des gens qui sont démocratiquement
élus.
(Fin à 15 h 6)