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Point de presse de Mme Catherine Fournier, porte-parole de l’opposition officielle en matière de condition féminine et M. Alexandre Cloutier, député de Lac-Saint-Jean

Version finale

Wednesday, November 8, 2017, 9 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-quatre minutes)

La Modératrice : Alors, bonjour à toutes et à tous. Catherine Fournier, porte-parole du Parti québécois en matière de condition féminine va faire une déclaration. Elle est accompagnée de Mme Manon Monastesse qui est directrice de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes. Elle va également parler. Ensuite, M. Alexandre Cloutier, député de Lac-Saint-Jean va faire une déclaration. Mme Fournier, la parole est à vous.

Mme Fournier : Oui. Merci. Donc, on est très heureux d'être là aujourd'hui pour souligner le 30e anniversaire de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes. Donc, nous sommes accompagnés de plusieurs directrices de maisons, des gens de la fédération aussi parce que ce sont des gens qui oeuvrent en première ligne auprès des femmes victimes de violence. Et chaque année les maisons d'hébergement pour femmes hébergent plus de 3 000 femmes et 1 500 enfants, et même que cette année ils ont dû en refuser 9 000, faute de place. Donc, c'est la preuve à quel point la violence faite aux femmes est encore un fléau dans notre société, et la violence conjugale aussi est un sujet qui malheureusement revient périodiquement dans l'actualité. Il y a plusieurs drames auxquels on assiste. Juste cette année, il y a eu 12 homicides dans le cadre de violence conjugale.

Donc, c'est vraiment un enjeu qui demeure extrêmement préoccupant, et la lutte contre la violence conjugale a toujours été une priorité du Parti québécois. Donc, je suis très fière que notre formation politique ait été la première, en 1995, à déposer une politique interministérielle en matière culturelle de lutte contre la violence conjugale. Et lorsque nous étions au gouvernement, en 2012, ma collègue Agnès Maltais avait déposé un plan d'action 2012‑2017 pour lutter contre la violence conjugale qui avait trois axes : celui de la prévention, du dépistage et de l'intervention.

Et donc, depuis cinq ans, donc les libéraux sont arrivés au pouvoir, et malheureusement il n'y a pas eu la campagne de sensibilisation qu'il devait y avoir, qui était un élément fondamental, donc, du plan d'action gouvernemental du Parti québécois. Et force est d'admettre que, depuis cinq ans, il n'y a pas non plus de bilan d'étape de la Politique gouvernementale en matière de violence conjugale, et là le plan arrive à terme dans un mois, et on est vraiment dans le néant le plus total. Il n'y a pas de bilan final qui a été fait du plan d'action, et surtout on ne sait pas ce qui va arriver, donc, après 2017.

Est-ce que le gouvernement libéral prévoit l'adoption d'un nouveau plan? Donc, c'est la question que l'on se pose, surtout que les groupes dont fait partie, bien évidemment, la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes, n'ont pas été consultés. Donc, ils sont dans le noir le plus total, alors que ça demeure un enjeu criant d'actualité. Donc, je vais céder la parole à Mme Monastesse, de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes, qui va nous parler, donc, de la situation que les maisons vivent actuellement.

Mme Monastesse (Manon) : Alors, nous sommes très heureuses d'être ici ce matin et d'avoir l'appui du député Cloutier et de Mme Fournier.

La fédération représente 36 maisons d'hébergement pour femmes partout au Québec. Je suis accompagnée de plusieurs directrices. Nous sommes ici en tant que porte-parole des milliers de femmes et d'enfants victimes de violence conjugale, de violence familiale, d'agression et d'exploitation sexuelle, de violence basée sur l'honneur, de traite, qui chaque année trouvent refuge dans nos maisons d'hébergement pour être enfin en sécurité. Depuis 40 ans, nous offrons des services essentiels 24 heures sur 24, 365 jours par année, et jamais nous n'avons fermé nos portes.

Pourtant, force est de constater que les violences envers les femmes et les enfants existent toujours au Québec. Une femme sur quatre est victime de violence conjugale dans sa vie. Près de 12 femmes par année sont tuées par leur ex ou leur conjoint. La première cause de mortalité de nos filles entre 18 et 24 ans est l'homicide par leur ex ou leur partenaire intime. De 11 % à 23 % des enfants canadiens seront exposés à la violence conjugale.

Seules 22 % des femmes... des victimes porteront plainte à la police. Nos ressources débordent, avec des taux d'occupation à presque 100 %. Les listes d'attente s'allongent, et les maisons refusent entre 6 000 et 10 000 demandes d'hébergement chaque année, faute de places disponibles au moment de l'appel. Une directrice nous confiait hier qu'au cours des deux dernières semaines elle avait dû refuser deux familles, dont quatre enfants, et deux femmes.

Nous sommes les porte-parole de ces femmes et enfants qui ne peuvent être présents pour témoigner de ce qu'ils vivent. Nous sommes en première ligne. Nous répondons à leurs besoins au quotidien. Le plan d'action actuel en violence conjugale vient à échéance le 6 décembre prochain, dans moins d'un mois. Nous attendons toujours le bilan, nous attendons toujours les consultations, nous voulons être partie prenante de l'élaboration du prochain plan d'action afin qu'il réponde aux besoins de plus en plus complexes des femmes et des enfants. Le prochain plan doit être assorti des moyens à la hauteur des besoins. Il faut nous permettre d'assurer leur sécurité, il faut nous permettre d'offrir les services auxquels ils et elles ont droit.

C'est toute la société qui doit être mobilisée pour que les violences cessent. N'oublions pas les hommes qui doivent faire partie de la solution. D'ailleurs, nous invitons tous les députés à participer au déjeuner des hommes alliés contre les violences faites aux femmes, qui aura lieu à Montréal le 24 novembre prochain. C'est important pour nous d'être ici ce matin parce que nous ne voulons pas être ici encore dans 40 ans. Alors, je laisse la parole à M. Cloutier, qui est très heureux d'être notre homme allié contre les violences faites aux femmes.

M. Cloutier : Merci. En fait, vous avez entièrement raison, c'est un honneur immense que vous me faites d'avoir pensé à moi comme homme allié pour l'élimination des violences faites aux femmes.

C'est vraiment terrible qu'une femme sur quatre soit victime de violence conjugale au cours de sa vie. Les hommes font clairement partie du problème et les hommes doivent donc faire partie de la solution. Les hommes doivent s'investir pour leurs enfants, pour leurs amis, pour que nos femmes puissent s'émanciper pleinement, sans limite, sans violence, en toute liberté. Et quand on m'a demandé de signer ce Manifeste des hommes alliés, j'étais honoré qu'on me le demande, mais je pense que c'est une responsabilité que nous portons.

Et aujourd'hui je vais demander à mes collègues de l'Assemblée nationale de signer avec moi ce manifeste qui réclame haut et fort de dénoncer toute forme de harcèlement, de manifestation de violence, toute forme d'intimidation qu'ils pourraient être témoins, dans leurs fonctions, dans leurs activités ou dans tout contexte, de ne pas se taire, de dénoncer des comportements qui sont inacceptables, de lever la main et de dénoncer les situations qui doivent être dénoncées, et de ne pas se taire devant des comportements qui seraient inappropriés.

Alors, je suis très fier aujourd'hui, comme parlementaire québécois, de signer ce manifeste et ensuite de demander à mes collègues de l'Assemblée nationale de procéder eux aussi à la signature de ce manifeste.

La Modératrice : Merci. On va maintenant passer à la période de questions. Je vous demanderais de poser les questions sur le sujet du point de presse, et, si jamais vous avez des questions sur d'autres sujets, par respect pour nos invités, on va les poser après peut-être à l'extérieur. Merci. Micro de droite, Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à vous trois. Deux questions. Premièrement, est-ce que vous avez sollicité une rencontre avec le gouvernement et, si oui, est-ce que le gouvernement a accepté?

Mme Monastesse (Manon) : Nous attendons des nouvelles de Mme David qui est la responsable de la condition féminine et, oui, nous tentons d'avoir des contacts avec plusieurs ministres. C'est dans notre quotidien. On le fait de façon régulière.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais pour aujourd'hui ce n'est pas prévu.

Mme Monastesse (Manon) : Non, pas pour aujourd'hui.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : O.K. Deuxième question : Dans la politique gouvernementale... J'ai oublié le nom, là, mais enfin, celle qui vient bientôt à échéance, dans la nouvelle, quels sont les enjeux ou les priorités qui, selon vous, devraient absolument faire partie, là, de cette politique-là?

Mme Monastesse (Manon) : Bien, c'est toujours les mêmes enjeux. C'est toujours les mêmes enjeux au niveau de la prévention, au niveau de la sensibilisation, au niveau de l'intervention sociojudiciaire. On sait que, comme je l'ai dit, il y a seulement 22 % des femmes qui portent plainte pour violence conjugale. Alors, il y a tout un travail à faire. Il y a beaucoup qui a été fait, mais il y a encore beaucoup de travail à faire au niveau de la réponse du système judiciaire aux besoins des victimes.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bien, si je peux le formuler autrement, pourquoi on ne peut pas juste reprendre cette vieille politique là puis la réappliquer à nouveau? Qu'est-ce qui doit être modifié?

Mme Monastesse (Manon) : Bien, dans un... Oui, il y a plusieurs éléments qui pourraient être repris, effectivement. Là, on parle d'un plan d'action, le dernier plan d'action qui a 100 engagements. Quand on avait été consultés pour ce plan d'action là, on avait soumis au gouvernement 700 engagements. Alors, il y en a déjà 600 qui ne sont pas dans le plan d'action.

Alors, il y a toujours matière à amélioration, mais les axes demeurent les mêmes effectivement en prévention, en sensibilisation, en intervention à la fois sociale et judiciaire. Et toute la question aussi de la concertation des acteurs sociaux qui sont concernés, qui doit être améliorée pour assurer un filet de sécurité pour les femmes ou les enfants qui sont victimes de violence.

Mme Fournier : Si vous me permettez juste d'ajouter, oui, il y a eu la politique en 2012, mais le problème, c'est qu'on n'a pas de bilan. Donc, on ne sait pas ce qui a vraiment été accompli par le gouvernement. Et comme je l'ai mentionné dans ma déclaration au départ, il y avait une campagne de sensibilisation très large qui était prévue à l'origine dans le plan d'action, qui n'a pas été réalisée. Donc...

Une voix : ...

Mme Fournier : C'est ça, sur l'enjeu spécifique de la violence conjugale. Donc, c'est certain qu'on pourrait reprendre la politique. Ce serait déjà une bonne chose de la faire appliquer puis vraiment d'avoir un bilan ensuite tout en consultant les groupes pour la mettre à jour, mais surtout aussi la doter de moyens concrets pour pouvoir réaliser les engagements qui sont contenus dans la politique.

La Modératrice : Merci. Est-ce qu'on a d'autres questions? C'est tout? Merci.

(Fin à 9 h 45)

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