(Neuf heures vingt-neuf minutes)
M. Barrette : Alors, mesdames
et messieurs, bonjour. Bienvenue à ce point de presse aujourd'hui par lequel
nous annonçons formellement la mise en place de nouvelles mesures qui traitent
de la situation qui met en cause évidemment de façon dramatique certaines
situations, notamment les surdoses d'opiacés, d'opioïdes, lesquels peuvent
malheureusement entraîner le décès des personnes concernées.
On sait évidemment qu'au Québec la
situation n'est pas aussi critique que dans d'autres provinces, mais on ne veut
pas que ça se rende à ce niveau-là, d'une part. Et d'autre part, moi et ma
collègue Mme Charlebois, on travaille de façon très étroite pour mettre en
place des mesures de prévention. Et on sait que la problématique de la
surdose... de la consommation et des surdoses d'opiacés est un enjeu qui met en
cause tant le ministère de la Santé à proprement parler, mais aussi les
services sociaux. Et c'est la raison pour laquelle nous sommes tous les deux
ici aujourd'hui pour vous adresser cette annonce.
Alors, à l'instar de ce qui s'est fait dans
les autres provinces, nous avions annoncé, en septembre dernier, lors de notre
caucus du Parti libéral à Val-d'Or, que nous allions rendre disponible et de
façon gratuite, l'utilisation et donc l'administration de la naloxone. Aujourd'hui,
nous confirmons que ce médicament sera rendu disponible à la population dans
les 1 900 pharmacies communautaires du Québec, et ce, de façon gratuite.
D'ailleurs, permettez-moi de remercier l'Association québécoise des pharmaciens
propriétaires de leur collaboration dans ce dossier, et c'est ce qui nous
permet aujourd'hui de confirmer qu'à partir de demain ce médicament sera rendu
disponible à quiconque en a besoin et il sera disponible gratuitement.
Essentiellement, le médicament sera offert
à toute personne qui a plus de 14 ans, de façon gratuite, qui est éligible à la
couverture de l'assurance maladie du Québec, donc qui a une carte d'assurance
maladie. Cependant, des personnes qui se présenteraient à la pharmacie sans
carte d'assurance maladie, mais dont l'état clinique pourrait faire soupçonner
au pharmacien que le patient est en détresse sur ce plan, se verra octroyer
l'accès à ce médicament-là de façon gratuite, et on parle ici particulièrement
des personnes itinérantes qui sont, dans certains quartiers, plus sujettes à
présenter de tels problèmes.
Le nombre de fioles — ce sont
des fioles injectables qui sont fournies au patient — sera d'un
maximum de huit, et il sera accompagné des seringues nécessaires pour
l'administration du médicament. Un registre sera mis en place, et une révision
de ce programme-là sera faite à tous les trois ans. Et on prévoit un budget
global de 200 000 $, compte tenu des analyses statistiques qui ont
été faites au Québec quant à la possibilité d'avoir besoin de ce médicament-là.
Donc, c'est un accès qui est gratuit dans
les 1 900 pharmacies du Québec, et c'est sans question, c'est sans enquête,
et on invite tous les gens, évidemment, à tenter de ne pas consommer de façon
abusive ce type de médicament, mais de façon sécuritaire et pour éviter des
décès. Nous rendons donc, à partir de demain, l'accès gratuit à ce médicament.
Comme je l'ai dit dans le début de cette
allocution-là, c'est un travail étroit entre le ministère de la Santé et ma
collègue Mme Charlebois. C'est un ensemble de mesures que nous devons mettre en
place. Aujourd'hui, ce n'est qu'un élément, et je vais maintenant passer la
parole à ma collègue Mme Charlebois pour la suite de cette présentation.
Mme
Charlebois
:
Merci, Gaétan. Juste rappeler aux gens ce que nous avons déjà fait en matière
de prévention de surdose, notamment l'ouverture de trois sites d'injection. Il y
en a un qui reste à venir, mais Dopamine, CACTUS et L'Anonyme , nous avons
investi 12 millions dans les trois sites d'injection supervisée. Pourquoi?
Justement pour bien encadrer les personnes qui consomment des drogues
injectables et pour nous assurer que c'est fait dans un environnement
sécuritaire et très, très convenable à l'administration de ces drogues-là, mais
aussi pour mieux saisir ce que s'injectent les personnes et, s'il y avait cas
de surdose, pouvoir agir immédiatement.
Alors, ça, c'est vraiment une avancée
spectaculaire, dans le sens où nous avions besoin de ça, parce qu'on veut justement,
comme le disait mon collègue le ministre de la Santé, prévenir, pour ne pas
arriver à la destination que d'autres provinces ont en ce moment, c'est-à-dire
d'avoir des crises. On n'en a pas encore au Québec, on n'en veut pas, alors on
prend les moyens pour ne pas que ça arrive.
On a aussi formé des usagers, mais aussi
des proches et des intervenants pour administrer et enseigner aux autres
comment administrer la naloxone. On a déjà fait des programmes de prévention,
mais on a aussi fait en sorte que nos paramédics, pour la plupart... Il y a
au-dessus de 90 % des ambulanciers qui sont formés maintenant et qui ont
les trousses à l'intérieur des ambulances.
Alors, moi, je veux juste vous dire qu'en
prévention et en traitement de la dépendance au Québec, on a investi 113 millions,
et c'est justement pour, un, instruire les gens sur la prévention face à ces
drogues-là, mais aussi pour faire le traitement de la dépendance.
Je veux vous rappeler ici que l'accès à la
naloxone, la prévention dans les sites d'injection supervisée que nous faisons,
ça nous permet d'épargner ces personnes-là, mais aussi d'autres personnes qui
pourraient être infectées parce que des seringues traînent dans le chemin et
tout. Alors, on vient là circonscrire l'environnement des injections.
Mais je veux surtout vous rappeler, en
terminant, que nous, ce que nous vous annonçons ce matin, c'est que toute
personne qui veut aller chercher de la naloxone à la pharmacie — ça
pourrait aussi être un membre d'une famille qui sait qu'il y a une personne qui
pourrait éventuellement souffrir d'une surdose — peut aller faire
l'acquisition de la naloxone, et ce, tout à fait gratuitement. Je veux vous
dire aussi que nous travaillons sur une stratégie à mettre en place, autant le ministre
de la Santé que moi, pour faire en sorte que nous puissions mieux encore
encadrer pour éviter que nous nous trouvions dans des situations difficiles.
Ce qu'il faut ici, là, c'est se souvenir
que chaque vie que nous sauvons, c'est une vie importante pour l'ensemble de la
société, mais aussi pour les membres de la famille. Je pense qu'on fait aujourd'hui
un grand pas pour éviter de nous retrouver dans la situation, comme l'indiquait
le ministre de la Santé, dans des situations que vivent certaines autres
provinces. Alors, on a été proactifs depuis le début, mais il faut quand même
être vigilant, et on aura notre stratégie qui vise à prévenir toutes les
surdoses dans la société québécoise. Alors, je me dis : Félicitations, nous
avons fait un bon travail, parce qu'il faut aider ces personnes-là.
M. Dion (Mathieu) : S'il y a
une surdose, là, il faut absolument que ce soit un membre de la famille qui
aille chercher la naloxone?
Mme
Charlebois
:
Non, pas nécessairement.
M. Dion (Mathieu) : O.K. Ça
peut être...
Mme
Charlebois
:
Ça peut être lui-même, ça peut être quelqu'un d'autre dans son environnement,
ça peut être un organisme communautaire qui... ils ont des travailleurs de rue
qui en ont sur eux, mais...
M. Dion (Mathieu) : Ils ont-u
besoin d'une preuve, quelque chose pour...
M. Barrette : Non. Si vous me
permettez, une personne qui est en surdose, je ne pense pas qu'elle soit dans
un état pour aller chercher le médicament.
La raison pour laquelle on rend le
médicament disponible, c'est particulièrement pour les gens qui savent qu'ils
consomment de façon démesurée, qui sont à risque de surdose, qui savent, par
leur utilisation, qu'ils sont à ce niveau-là, et on le rend disponible de façon
à ce que, si ça survenait, la surdose, soit la personne — et on peut
imaginer que ça soit très difficile pour la personne de se rendre compte de ça,
quoiqu'il y a toujours une période présurdose — soit une personne de
l'entourage qui soit là, le constate et l'administre.
Il faut comprendre que la naloxone, ce n'est
pas un médicament qui est dangereux en soi. C'est un antidote. Alors, si une personne
est témoin d'une autre qui est en surdose, qui connaît une personne, bien là,
si elle est à côté, elle peut administrer le médicament.
Le problème de la surdose des opiacés,
comprenons-le, ça, on appelle ça un... c'est un dépresseur respiratoire. Ça
agit sur le centre de la respiration, puis la respiration ralentit, ralentit,
ralentit. On tombe en baisse d'oxygène, en hypoxémie, et là, bien, là, le coeur
arrête et on décède.
M. Chouinard (Tommy) : Et
pour bien comprendre, là, les gens qui se retrouvaient en surdose, évidemment,
on ne leur donnait pas une facture pour payer la naloxone si on avait à
intervenir.
M. Barrette : Exactement.
M. Chouinard (Tommy) : Bon.
Là, vous dites : C'est simplement qu'on donne accès à ça à tout le monde pour
les gens qui sont à risque, là. Donc, l'idée étant d'éviter...
M. Barrette : Le décès.
Exactement.
M. Chouinard (Tommy) : ...la
surdose et les conséquences.
Mme
Charlebois
:
Tout à fait.
M. Chouinard (Tommy) : Bien,
c'est ça, les conséquences d'une surdose.
M. Barrette : Et on peut imaginer
tous les cas de figure. Ça peut être un conjoint avec son partenaire, ça peut
être un parent avec son enfant. On peut imaginer tous les cas de figure, et il
y a aussi, sur le terrain, lorsqu'on le constate.
La naloxone, c'est un médicament qui est
présent dans la trousse médicamenteuse depuis toujours dans les ambulances. Là,
ce qui change, c'est qu'on forme les ambulanciers pour le donner, eux, alors
qu'avant il y avait des médecins sur la route qui, eux, l'administraient.
M. Chouinard (Tommy) : Dans
le cas des personnes qui sont... les itinérants, est-ce que je comprends qu'il
y aura distribution de la naloxone gratuite? Parce que ces gens-là n'iront
peut-être pas, justement, en pharmacie chercher le produit.
M. Barrette : Non. Vous avez
tout à fait raison. Alors, il n'y aura pas de distribution, au sens que je
comprends de votre question. On ne va pas distribuer des fioles de naloxone
avec des seringues. Par contre, actuellement, nous sommes en train de voir en
place… de mettre en place des règles qui vont permettre à certains intervenants
communautaires d'avoir accès à ce médicament-là. Mais là il y a une question de
responsabilité avec les pharmaciens, et c'est ce qu'on est en train d'établir
avec eux, et ça fait partie de la réflexion que Mme Charlebois est en
train de faire aussi.
Mme
Charlebois
:
On en a quelques-uns qui en ont déjà, des kits de naloxone, autour de huit par…
mais ce n'est pas dans tous les organismes communautaires. C'est ça qu'on est
en train de regarder.
M. Barrette : Ce n'est pas
systématisé et c'est ça qu'on est en train de regarder. Puis là il y a des
questions légales, tout simplement. Alors…
M. Chouinard (Tommy) : Des
questions légales? Lesquelles?
M. Barrette : Bien, de
responsabilité, parce que, quand on parle aux pharmaciens, eux, c'est eux qui
le distribuent. Alors, eux, ils ont une responsabilité, là, qui vient avec le
fait… eux, légalement, quand ils distribuent un médicament, ils ont une
responsabilité qui leur est imputée. Mais, dans la mécanique qu'on est en train
de mettre en place, que Mme Charlebois travaille actuellement, on est en train
de regarder tous ces aspects-là.
M. Bellerose (Patrick) : Quelles
sont les prochaines étapes de la stratégie pour éviter une crise des opioïdes?
Mme
Charlebois
:
On va vous le dévoiler quand on va vous dévoiler la stratégie, parce qu'il y a
des choses qui sont en réflexion. Alors, quand on va dévoiler la stratégie que
nous travaillons ensemble... bien, parce que ça touche tant santé que services
sociaux, comme le disait mon collègue, c'est pour ça qu'on travaille ensemble.
Je suis la ministre déléguée aux Services sociaux... parce que c'est imbriqué,
la santé et les services sociaux. Alors, quand on va dévoiler… mais ça va être
fait d'ici très peu de temps, là.
M. Barrette : C'est ça. Par
contre, si on…
M. Bellerose (Patrick) : …peu
de temps avant Noël?
M. Barrette : Oui, bien, ça,
je ne peux pas vous dire, là. Mais, si on remonte en amont, rappelons quand
même ce qui mène à la surdose. Il y a deux voies, et ça, il faut toujours s'en
rappeler. Il y a la voie médicale, il y a les gens qui arrivent à la surdose
parce qu'ils se sont habitués au médicament qui a été prescrit. Alors, ça, c'est
la voie médicale, et il y a beaucoup de travaux qui ont été faits avec le
Collège des médecins pour resserrer les règles de pratiques médicales quant au
suivi et à la prescription des opiacés de façon tout à fait normale. Et il y a
le côté illégal. Le côté illégal, on comprend la problématique, ce sont des
substances non contrôlées, où on retrouve toutes sortes de choses, et c'est là
qu'on se rejoint, moi et Mme Charlebois. Moi, je m'y adresse de la façon
particulièrement médicale; évidemment, Mme Charlebois, du côté plus
social. Et il y a un côté policier aussi là-dedans, hein?
Et juste, peut-être, un commentaire que je
dois faire, parce que c'est rarement souligné, quand je… Moi, j'arrive d'une
conférence fédérale-provinciale, et, quand on fait les analyses d'une province
à l'autre, on constate qu'il semble y avoir un lien entre le taux de
prescription d'opiacés et la crise que l'on voit dans diverses provinces. Et
encore, dans le rapport de l'ICIS, qui est sorti hier, sur l'utilisation des
opiacés, bien, on constate que la province qui prescrit le moins d'opiacés est
le Québec.
Alors là, tout le monde regarde ça, puis
on se dit : Ah! bien, peut-être que le Québec a un meilleur score parce
que nous, les médecins ont des guides de pratiques qui sont plus serrés, et
qu'on resserre actuellement pour éviter ça. Il faut réaliser que des opiacés,
en général, dans la littérature et dans l'expérience de l'Amérique du Nord, en
général, ça a commencé par une prescription. Les gens se sont habitués, en ont
pris plus, en ont pris plus, en ont pris plus, parce que c'est un médicament
auquel on s'habitue, puis on a besoin d'une dose plus grande pour avoir le même
effet, et là on tombe dans les surdoses.
M. Chouinard (Tommy) : J'ai
une question sur un autre sujet. Est-ce que la fermeture...
M. Barrette : Peut-être finir
ce sujet-là?
Journaliste
: Est-ce
qu'on peut faire l'anglais avant parce que...
M. Chouinard (Tommy) : Vous
voulez faire l'anglais d'abord puis revenir après? Parfait.
Mme
Charlebois
:
Oui. Peut-être finir ce sujet-là avant.
Journaliste
: Mais moi,
j'ai une question en anglais sur un autre...
M. Barrette : Alors, vous
voulez qu'on fasse un petit bout en anglais?
Mme Fletcher
(Raquel) : Well, I have a question on this... you can just start
with...
M. Barrette : A brief...
Mme Fletcher (Raquel) : Yes, a brief explanation of what you're doing.
M. Barrette :OK. Well, today, I
am here today for this press conference with my colleague Mrs. Charlebois to
announce that, as of tomorrow, naloxone will be rendered available in all 1,900
pharmacies in this province for free. Anyone over 14 will be allowed to go to a
pharmacy and ask to be provided a vial of naloxone with the syringes that are
necessary for it to be injected. A maximum of eight vials will be delivered to
anyone who would come up and ask for it. It's going to be delivered to someone over
14 with a RAMQ medicare card. But if a person, a citizen comes out with
symptoms, but doesn't have any identification, the medication will be provided
as well. It's going to start as of tomorrow and again it's going to be for free
in all 1,900 drugstores in this province.
Mme Montgomery
(Angelica) : But what do you mean by with
symptoms? Because you're saying that somebody who's overdosing is probably not
going to be going to... So what do you mean?
M. Barrette : Yes, but, if someone comes in, especially homeless people, who most
of the time do not have their own medicare card, actually, they never have one,
but those specifically who are more subject to use IV drugs will be provided
the naloxone vials and the syringes that are needed to be administered.
Mme Fletcher (Raquel) : What you are saying is it's 14, there are some rules, but if the
pharmacists feel that it's necessary, they are not going to pull back.
M. Barrette : Exactly. It's about saving lives, it's not about regulations. There
has to be some form of regulations as always, but it's about saving lives. So
we have built in exceptions that are obvious, so that if there is any doubt,
the medication will be provided for free in all 1,900 pharmacies.
Mme
Charlebois
: Just to remind you that we have already done some things to prevent
overdose of drugs and we already injected $12 million for three injection
sites that are safe for people that go there. And it's going to be safer for
the people outside because there is going to be less syringes outside, around
the fields.
So we are investing there
because we think that every life is very important. And there are three in Montréal, that are called Dopamine, CACTUS and L'Anonyme. There is one more
to come… the authorization from the federal Government.
Also, we know that in Québec City they are working on a project. So we are
waiting for all the work that has to be done before they present it to us and
that we can authorize the demand for the federal Government.
So we are working on a
strategic plan for the overdose and we are going to announce it…
M. Barrette :
Soon.
Mme
Charlebois
:
Soon, yes. I'm sorry.
Mme Montgomery
(Angelica) : ...the only pregnant women home,
care home in Montréal, is closing down. There are some people who are saying
that is a result of Bill 10 and the reform of the healthcare system. How do
react to that?
M. Barrette : Well, if that... if one thing is not a case, it's that this is a
result of Bill 10. It has nothing to do with Bill 10. This is a local decision
and this is a question that we need to address to the local administration. We do not, did not and will
never ask to close anything. It's a choice that they are making on the basis of
utilization, but this is an issue that we are looking to, because proximity
care of that type is something that I'm working very hard to develop.
So those are questions
that are to be asked. I will ask those questions, but those are not a result of
Bill 10. It has nothing to do with that.
M. Chouinard (Tommy) : Mais est-ce justifié, cette fermeture?
Mme
Charlebois
:
Bien, si je peux me permettre, parce que c'est un dossier qui me touche de
près, parce que ça relève aussi de la protection de la jeunesse, aider ces
jeunes mères là, avec leurs enfants, on peut se poser des questions.
Ce que je peux vous dire, c'est que, pour
le moment, il n'y avait personne dans le centre. Ce n'est pas la réponse à la question.
Nous allons questionner certainement le CIUSSS pour savoir c'est quoi qui nous
motive à se rendre là. Moi, ce qui me préoccupe, c'est que je ne veux pas que
ces jeunes mères là perdent des services, parce qu'il y a une question d'enjeu
pour elles et leurs enfants.
Alors, autant le ministre de la Santé que
moi allons questionner le CIUSSS, et je vous invite à le faire aussi pour avoir
les réponses appropriées. Mais moi, ce que je vais m'assurer, c'est qu'il n'y a
aucun service qui est échappé pour ces jeunes mères là et leurs enfants.
M. Chouinard (Tommy) : Est-ce
qu'il y a un risque, avec cette fermeture-là, qu'il y ait justement un bris de
service?
Mme
Charlebois
:
Bien, en ce moment, il n'y en a pas de bris de service. Au niveau des services sociaux,
ils peuvent se rendre.
M. Chouinard (Tommy) : …mais
éventuels?
Mme
Charlebois
:
Non, parce qu'ils y vont déjà, puis il n'y en avait pas personne dedans. Puis
toute…
M. Chouinard (Tommy) : O.K.
Donc, c'est justifié. Vous allez poser des questions, mais c'est justifié.
Mme
Charlebois
:
Bien, je veux m'assurer qu'on n'échappe personne. C'est ça que je vais
questionner. Je ne veux pas vous répondre si c'est justifié ou pas justifié. Je
vais obtenir les réponses au préalable, avant.
M. Barrette : L'enjeu, M.
Chouinard, il est très simple, hein? Il est très, très simple. Ce type de
service là doit être rendu disponible.
Maintenant, est-ce qu'il doit être rendu
disponible sous la forme actuelle? Ce que j'ai comme information à cette
heure-ci, ce matin, est à l'effet que les services sont rendus disponibles,
mais actuellement, dans les points de service… où la façon de rendre ces
services-là est telle que ce n'est pas optimal. Alors, l'enjeu premier, ce
n'est pas le point de service. L'enjeu premier, c'est le service.
Alors, ce qui nous importe à nous deux,
c'est que le service soit rendu pour cette population locale là et c'est tout à
fait justifié. Maintenant, est-ce qu'il y a lieu de revoir l'organisation de la
dispensation du service? Bien, ça, c'est de la gestion normale. Alors,
commençons par poser la bonne question : Est-ce que le service est rendu?
L'information que j'ai à ce moment-ci est que oui, et il y a un ajustement
organisationnel. Alors, mettons les choses dans le bon ordre. Le bon ordre,
c'est : Le service est-u rendu?
Alors, si le service n'est pas rendu,
bien, si j'ai cette réponse-là aux questions que je vais poser, il y a un
problème, et je vais intervenir. Ce qui m'importe, moi, c'est la dispensation
du service.
M. Chouinard (Tommy) : Quand
on dit que c'est la faute à la réforme Barrette...
M. Barrette : Bien, écoutez,
au Québec, ce n'est pas compliqué, là, à chaque fois que quelqu'un n'est pas
content, c'est la faute à la réforme Barrette. Non, puis des fois, ce n'est
même pas la réforme Barrette, c'est Barrette tout court. Alors, on le sait, là,
c'est l'état de la situation du discours public au Québec. Tout le monde est
habitué.
Mais moi, ce que je constate, et tout le
monde le constate, vous voyez les reportages, les choses s'améliorent au
Québec. Alors, j'attends juste que quelqu'un dise que c'est de la faute à
Barrette que ça s'améliore, là. Moi, je peux vous le dire, par exemple.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
juste une précision. Donc, je comprends que le Centre jeunesse de Montréal vous
a dit : Ne vous en faites pas, les services sont rendus. C'est bien ce que
je comprends? Mais vous, vous allez poser d'autres questions…
Mme
Charlebois
:
Le centre jeunesse relève du CIUSSS, là.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.
Oui, c'est ça. Donc, le CIUSSS... Excusez-moi. Donc, le CIUSSS vous a dit :
Le service, il est rendu, là. Ce n'est pas parce qu'on a fermé ça qu'il n'est
pas rendu, là. C'est ce que je comprends?
M. Barrette : L'information
que j'ai à cette heure-ci, parce que vous comprendrez...
M. Chouinard (Tommy) : Vient
du CIUSSS.
M. Barrette : ...vient du
CIUSSS. L'information que j'ai à cette heure-ci, que je vais préciser, parce
qu'évidemment vous avez le plaisir de générer chez nous un certain nombre de
questions que l'on a à poser nous aussi dans le réseau, et je vous en remercie.
Les questions seront posées, l'information que j'ai à ce moment-ci est à
l'effet que les services sont rendus, mais dans un mode qui fait en sorte qu'il
y a un point de service qui est extrêmement sous-utilisé.
M. Chouinard (Tommy) : Et ça,
c'est ce matin que vous avez eu cet avis-là.
M. Barrette : Exactement.
M. Chouinard (Tommy) : Donc,
avant, il n'a pas avisé qui que ce soit de la fermeture de ce centre-là.
Mme
Charlebois
:
C'est leur responsabilité.
M. Barrette : Exactement. Je
vais vous dire une chose, M. Chouinard, la réforme que je fais, c'est une
réforme qui met la responsabilité de la gestion locale sur les épaules des
gestionnaires locaux. Je ne fais pas et ne ferai pas de microgestion. Mais,
oui, je vais intervenir, comme je l'ai fait récemment en Abitibi, lorsqu'une
décision n'est pas la bonne. Alors, c'est comme ça que la réforme fonctionne,
puis je pense que c'est la bonne chose.
Mme
Charlebois
:
Puis moi, comme ministre déléguée aux Services sociaux, Protection de la
jeunesse, c'est clair que je vais questionner. C'est clair. Je pourrai vous
revenir, mais, à ce moment-ci, ce qui m'importait, c'est de m'assurer qu'ils
n'ont pas pris des femmes, des jeunes femmes, des jeunes mères, les mettre
dehors avec leur bébé. Il n'y en avait pas de personne à l'intérieur. Ce qu'on
m'indique, c'est que le taux d'utilisation était très, très, très peu utilisé,
à moins de 50 %.
Mais moi, je veux aller plus loin que ça.
Je veux m'assurer, comme le disait le ministre de la Santé, en tant que
ministre responsable de la Protection de la jeunesse, je veux m'assurer que ces
jeunes mères là, parce que c'est souvent des jeunes mères mineures, ont les
services adéquats et qu'elles ont l'ensemble des services, pas juste un
service, mais l'ensemble des services nécessaires. Moi, ce que je ne souhaite
pas, c'est que ce soient des jeunes mères qui se retrouvent à la rue avec leur
bébé, là, hein?
Journaliste
: Sorry,
just one more question about…
M. Bellerose (Patrick) :
...sur la marijuana. Si j'ai bien compris, M. Barrette, ce matin, vous
avez affirmé qu'il n'y a pas assez d'études de Santé Canada pour homologuer les
produits?
M. Barrette : Ce que je...
Pardon? Mais ce n'est pas ce que j'ai dit ce matin, là.
M. Bellerose (Patrick) : ...
M. Barrette : Non, non, non.
La question qui m'a été posée ce matin en mêlée de presse faisait le lien,
faisait la comparaison entre la nocivité de la marijuana et celle du tabac.
Alors, ce que j'ai dit, c'est que le monde médical a fait, depuis des années,
des années, des années, des analyses prospectives, des études prospectives sur
la nocivité du tabac, et cette nocivité-là, elle est archidémontrée et
incontestable.
Je vous ai dit aussi qu'il y avait
beaucoup moins d'études à large spectre, de façon aussi bien organisée pour le
cannabis. Et je vous ai dit aussi que Santé Canada n'était pas un organisme qui
faisait des études, mais Santé Canada reprenait les études, en faisait une
analyse pour autoriser ou non l'utilisation de tel ou tel médicament. C'est ce
que j'ai dit essentiellement.
M. Bellerose (Patrick) : Je
n'étais pas présent.
M. Barrette : Ah! vous n'étiez
pas présent? Je m'excuse. Excusez-moi.
Alors, c'est simplement ça que j'ai dit,
mais aussi j'ai dit que, compte tenu du fait qu'on entre dans une ère de
légalisation, au Québec et dans de plus en plus d'États, je pense qu'il y a
lieu à ce que ceux qui font la recherche, des universités, des chercheurs et
même des organismes subventionnaires gouvernementaux... le Canada a un organisation
subventionnaire, et les instituts de recherche, là, que l'on connaît. Bien là, je
pense qu'on arrive à une époque où, sans aucun doute, il y aura de plus en plus
d'études qui vont se faire pour déterminer la nocivité biologique, là, du
cannabis.
Et je réagissais à une question qui m'a
été posée. Je ne l'avais pas vu, là, on m'indiquait qu'une compagnie de tabac
se plaignait de voir son marché diminuer, ce à quoi j'ai répondu : Bien,
moi… c'est une bonne nouvelle, là. Moi, si le tabagisme baisse, là, ce n'est
pas moi qui vais pleurer, là.
Mme
Charlebois
:
C'est pour ça qu'on a resserré la loi en 2016, pour justement réduire le taux
de tabagisme, puis on a un objectif de ça. Ça fait qu'on fait bien notre
travail, finalement.
M. Bellerose (Patrick) : …étude
sur la nocivité, est-ce qu'on va trop rapidement en légalisant?
M. Barrette : Bien, écoutez,
moi, je l'ai dit, là, puis je vais me répéter encore aujourd'hui, dans le
dossier du cannabis, dans tous les cas de figure, on est toujours allés trop
vite.
Rappelez-vous, il y a, je pense, maintenant
deux ou trois ans, plus peut-être un peu... bien, pas plus que cinq ans, là,
quand le gouvernement fédéral, le gouvernement précédent, avait mis sur les
épaules des médecins la responsabilité de faire la gestion de l'administration
et de la prescription du cannabis médical, j'avais moi-même pris position
publiquement, dans ma vie précédente, sur ça. Comment Santé Canada ou...
Comment le gouvernement canadien peut-il dire à Santé Canada : Allez-y, on
y va pour le thérapeutique, alors que Santé Canada doit autoriser, sur la base
de la démonstration de la nocivité, des effets secondaires, de l'effet
recherché en fonction, par exemple, d'une posologie? Santé Canada, ce n'est pas
compliqué, là, vous avez…
M. Chouinard (Tommy) : …vous
aviez dit que c'était du charlatanisme aussi.
M. Barrette : Bien, j'avais
dit ça, effectivement, parce que du charlatanisme, là, c'est de l'à-peu-près puis
ce sont des gestes qui touchent la santé qui sont posés sur une base non
scientifique. En santé, là, ce n'est pas compliqué, lorsqu'on utilise une
substance qui est censée avoir un effet biologique, hein, et il y a un effet
biologique pour le cannabis, bien, il y a une démonstration qui doit être faite
hors de tout doute, ou hors de tout doute raisonnable, que telle posologie de
telle substance va donner tel effet, et ça a tel, tel, tel effet secondaire.
Elle est où, la dernière étude que vous
avez vue sur le lien entre la posologie et les effets secondaires? Moi, là, je
n'en ai pas bien vu de littérature comme ça, d'une part, et, d'autre part, je n'ai
même pas parlé des indications, hein, dans le cannabis thérapeutique, là. C'est
ça, une étude. Est-ce que ça marche pour telle indication? Quel est le lien
entre la posologie, la quantité de médicament administrée? Quels sont les
effets secondaires? J'attends ça. Si vous ajoutez à ça la nocivité à long
terme, là, on est dans du mou, là.
Alors là, aujourd'hui, on n'est plus dans
la science, on n'est plus dans le thérapeutique, on est dans le
non-thérapeutique. Bon, voilà. Quand vous me demandez : Ça va-tu trop
vite?, bien…
Mme Fletcher (Raquel) : …two minutes, and I have another question about the naloxane. I just
want to know…
M. Barrette :
Naloxone.
Mme Fletcher (Raquel) : Naloxone. Police officers and first responders, are they also going
to be carrying naloxone?
M. Barrette :
Not yet. It might happen. I'm not telling you that it will happen, but for the
moment, under the current regulation, it's for citizens that would come to a
drugstore and have access to it, period. But we are reflecting on what you're
talking about, but that is…
Mme Fletcher (Raquel) : Québec City police is already doing that, right?
M. Barrette :
Well, I think I have answered your question.
M.
Bellerose (Patrick) : Mme Charlebois, désolé, juste d'un point de vue
santé publique, considérez-vous aussi qu'on avance un petit peu à l'aveugle,
sans toutes les études nécessaires, avant de légaliser?
Mme
Charlebois
:
Honnêtement, vous avez entendu la réponse du ministre de la Santé, c'est lui
qui a le point de vue médical, hein? Moi, je suis celle qui s'occupe du dossier
du cannabis, comme vous le savez. On va déposer bientôt un projet de loi.
Moi, ce que j'en sais, c'est que le
gouvernement fédéral a dit, c'est qu'au plus tard le 1er juillet 2018 le
cannabis allait être légalisé. Alors, mon rôle à moi, comme ministre de la
Santé publique, c'est de m'assurer qu'on va bien encadrer cette pratique de
consommation, de vente, etc. Et c'est ce que j'entends déposer très bientôt,
pour ne pas dire très, très bientôt.
M. Bellerose (Patrick) : Par
exemple, est-ce qu'on a étudié les effets sur… l'impact sur la santé publique?
M. Barrette : Moi, je vais
vous répondre très précisément à ça puis je pense qu'on est tous les deux
exactement sur la même page là-dessus, à la lettre près; pas juste à la virgule,
tout. On l'écrit ensemble. On nous l'impose, cette situation-là. On réagit à
quelque chose qui nous est imposé. Les questions que vous me posez sont toutes
très pertinentes. Elles devraient être posées à M. Justin Trudeau.
Mme
Charlebois
:
D'une part, et, d'autre part, j'ai le goût de vous dire que les études,
notamment, entre autres, sur le tabac, se poursuivent d'année en année. Puis le
cannabis est une nouvelle affaire qui va arriver sur le marché. Alors, c'est
sûr que c'est une nouvelle pratique qui va arriver. C'est sûr qu'il va se
développer des nouvelles recherches. Bon, c'est comme ça aussi pour le tabac,
c'est évolutif, parce que les produits changent, parce qu'il y a toutes sortes
de raisons. Mais, pour le cannabis, on part de loin et on aura besoin de plus.
Mais, comme il l'a dit, adressez-vous au bon palier de gouvernement.
M. Barrette : Il y a un
déclencheur. Il y a un déclencheur. Les questions que vous posez, qui sont…
M. Chouinard (Tommy) :
…tolérance zéro au volant, la tolérance zéro…
Mme
Charlebois
:
Bien là, je n'ai pas de réponse à vous donner là-dessus parce que vous
comprenez que ce serait un petit peu faire offense à mes collègues députés de
l'Assemblée nationale. Je vais pouvoir vous donner les réponses quand j'aurai
déposé le projet de loi, très bientôt.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.
Mais est-ce que, donc, on va avoir les ressources matérielles ou humaines pour
faire respecter…
Mme
Charlebois
:
Je ne peux pas vous répondre à ça parce que c'est outrage au Parlement.
M. Barrette : Vous savez que
nous, on est habitués à être outrés, mais on ne fait pas d'outrage.
Mme
Charlebois
:
Je ne veux pas que vous veniez me porter des...
(Fin à 10 heures)