(Neuf heures vingt-deux minutes)
M.
Turcotte
:
Bonjour à vous toutes et à vous tous. Il me fait plaisir, comme porte-parole
aux services sociaux et protection de la jeunesse pour le Parti québécois, de participer
à ce point de presse aujourd'hui, qui ouvre une série. Les organismes
communautaires de la Montérégie... de différents enjeux pour notre population
seront présents dans les prochaines semaines ici, à l'Assemblée nationale.
Donc, on débute aujourd'hui avec les
organismes qui vont aborder davantage les... les organismes qui sont davantage
en matière d'enfance, de famille et de jeunesse. On a d'ailleurs la présence de
la Maison des jeunes des Quatre-Vents, la Maison des jeunes «Le Dôme», la
Maison des jeunes Sympholie, la Maison des jeunes Rigaud, Espace Châteauguay,
Macadam Sud et la Maison de la famille Le Fablier, qui sont ici aujourd'hui
présents pour témoigner de leur réalité au quotidien, du sous-financement du
gouvernement et des conséquences néfastes que ce sous-financement représente
pour notre population.
Donc, avant d'aller plus loin, j'aimerais
vous présenter Mme Corbeil, coordonnatrice de la Maison des jeunes des
Quatre-Vents, qui va faire son premier témoignage.
Mme Corbeil (Annick) : Merci,
M. Turcotte. Donc, ça fait des années qu'on dit que ça prend un village pour
élever un enfant. Les organismes communautaires sont ce village, et
présentement il y a une perte majeure du tissu social.
Les organismes pallient aux besoins de
base pour les citoyens. L'augmentation des demandes, l'augmentation de
l'immigration, l'aide alimentaire, l'aide aux achats scolaires, le soutien en
alphabétisation ne sont que quelques-uns des services qui sont offerts par nos
organismes. Les personnes qui fréquentent ces organismes sont en mode survie.
La capacité limitée des organismes fait que ça devient de plus en plus
difficile de les supporter. On a beau vouloir donner un soutien aux familles,
augmenter le lien d'attachement mère-enfant, l'accompagnement dans le soutien
de leurs enfants au niveau scolaire, donner de l'«empowerment» aux familles...
Les organismes communautaires font un
travail en amont. Ils sont la porte d'entrée pour les familles dans le besoin,
pour les adolescents et les enfants. On prévient les dépendances, les
dépendances affectives, alcool, drogues, boissons énergisantes, nourriture,
santé mentale. On travaille beaucoup dans ce domaine pour permettre aux gens de
s'en sortir. Nous travaillons aussi en persévérance scolaire, en aide aux devoirs,
l'aide à la lecture, l'estime de soi qui est augmentée par la fréquentation des
pairs. Nous travaillons sur l'intimidation, les saines habitudes de vie. On
augmente la conscience sociale des jeunes, des familles. On augmente
l'ouverture aux autres, de ces gens qui nous fréquentent.
Et présentement le manque de financement
fait que les baisses d'impôt qui sont promises par le gouvernement actuel, si
elles étaient réinvesties dans nos organismes, nous permettraient de desservir
une plus grande clientèle, qui sont hautement dans le besoin. Puis je passe la
parole à Mme Goulet qui va vous entretenir.
Mme Goulet (Danielle) :
Bonjour. Je vais d'abord commencer par vous lire un petit témoignage d'une
jeune qui fréquente notre organisme, Macadam Sud, qui est avec nous aujourd'hui.
Je commence avec ça.
«Lors de ma première journée d'inscription
à l'école CAPAB, je n'avais aucune confiance en moi et je faisais de l'anxiété
sociale. Un intervenant d'espace-jeune a été capable de capter cette anxiété.
Il a été d'une grande aide pour m'intégrer aux autres.
«Ce que j'aime de Macadam Sud, c'est que
tu te sens soutenu dans les bons comme dans les moins bons moments. Je me
rappelle d'un après-midi plutôt difficile au niveau émotif. Un travailleur de
rue m'a alors écoutée, comprise et encouragée. Il m'a aidée à passer à travers
l'échec que je vivais.
«Cette année, j'ai effectué un retour à
l'école. Ce retour à l'école m'a permis de cheminer tant du côté personnel que
scolaire. J'ai grandement avancé en mathématiques et en français. Je me permets
de montrer mes émotions. Je dis également que je suis fière de moi, ce qui
était une phrase pratiquement bannie de mon langage.
«Pour moi, Macadam était le dernier espoir
et heureusement il a fonctionné. Cela me donne une raison de me lever chaque
jour. Je me sens comme dans une famille. Je me sens en confiance et surtout en
sécurité. Macadam m'a permis de briser et de sortir de mon isolement social. On
se sent aimée et surtout appréciée à notre juste valeur. Cela nous aide à nous
redonner les ailes qui nous ont été coupées.» Marie-Ève, qui est une jeune qui
fréquente notre organisme.
En Montérégie, il y a 90 % des
organismes communautaires qui doivent composer avec un financement insuffisant
pour remplir leur mission et un organisme sur deux a vu sa situation économique
se détériorer au cours de la dernière année. Ce sous-financement a des
répercussions importantes sur le fonctionnement des groupes. Plusieurs doivent,
entre autres, cesser ou diminuer certaines activités et/ou projets. De plus, le
sous-financement affecte grandement les équipes de travail qui sont, pour la
plupart, surchargées, qui vivent de l'épuisement professionnel et qui doivent
composer avec un roulement de personnel élevé. Le faible taux d'indexation
octroyé aux organismes en santé et services sociaux — on parle du 0,7 % — et
l'absence d'indexation pour les organismes des autres secteurs fait en sorte
que les organismes s'appauvrissent année après année.
La ministre Charlebois a déjà annoncé
qu'ils ne recevront aucuns nouveaux crédits pour l'année à venir. Pour les
organismes famille, la situation n'est pas meilleure. Ils ont reçu
20 millions sur deux ans, mais ces sommes n'étant pas récurrentes, comment
consolider ou développer un organisme? Les problèmes sociaux ne se régleront
pas par la pensée magique.
Est-ce que ça existe, un gouvernement qui
ne pense pas seulement aux quatre ans auxquels il est au pouvoir comme objectif
de se faire réélire et/ou faire plaisir à ses amis, mais un gouvernement qui
prendra la décision d'investir de façon significative aujourd'hui en prévention
pour que ça coûte moins cher aux contribuables dans les années à venir? Il me
semble que c'est le gros bon sens.
C'est bien beau, les baisses d'impôt, mais
ce n'est pas ça qui va aider les plus démunis de notre société. Même si je suis
loin de gagner le salaire moyen d'une directrice générale, je peux facilement
me passer d'une baisse d'impôt qui représenterait, quoi, 100 $ ou
200 $ de revenu annuel pour que cet argent serve à soutenir nos
concitoyens les plus vulnérables. Il serait beaucoup plus rentable d'investir
cet argent en prévention et que nous tous, nous puissions en profiter dans les
années à venir.
Le gouvernement doit faire preuve de
maturité et y travailler sérieusement. Pour ça, ça prend, et urgemment, des
nouveaux crédits significatifs dès le budget 2018‑2019 pour les organismes
communautaires qui sont sur le terrain, qui travaillent directement et avec
coeur auprès des familles et des jeunes. Venez nous voir, vous verrez le
travail qu'on réalise. Le gouvernement doit garantir des nouveaux crédits
récurrents et une indexation annuelle décente pour permettre la consolidation
de ces groupes dont le travail est indispensable; parce qu'en investissant dans
le communautaire, on vient en aide aux enfants, aux jeunes et aux familles;
parce que mieux financer les organismes communautaires, c'est bâtir un avenir
solide pour notre jeunesse. Merci.
La Modératrice
: Merci.
M. Turcotte.
M.
Turcotte
:
Bien, je vous remercie beaucoup, Mme Corbeil, Mme Goulet, pour vos témoignages,
mais aussi votre discours. Vous lancez un message clair au gouvernement. Le gouvernement...
on apprend, là, que la prochaine mise à jour économique, mardi prochain, pourra
avoir lieu et avoir un impact, soi-disant, là, avec le plan de lutte à la
pauvreté.
Mais les organismes communautaires qui
sont ici, les organismes communautaires qui sont partout au Québec en ce moment
attendent avec impatience la réponse du gouvernement à ce cri du coeur qui est
lancé : faire en sorte que le gouvernement prenne l'engagement sérieux et
d'investir dès maintenant de l'argent neuf dans les organismes, mais à la
mission, dans le respect de leur mission, pour faire en sorte que, un, les
organismes puissent répondre aux réels besoins des populations qui sont
desservies par les organismes communautaires partout sur le territoire du Québec,
dans toutes les régions du Québec, mais aussi qu'on respecte l'autonomie des
organismes communautaires. Il y a une politique de reconnaissance de
l'autonomie de l'action communautaire autonome au Québec, bien, il faut la
respecter.
Puis il faut faire en sorte que ce financement-là,
bien, soit indexé année après année pour l'ensemble des organismes
communautaires et qu'on puisse faire aussi une révision du mode d'indexation
pour tenir compte d'autres facteurs que juste l'IPC, qui est bon pour
l'indexation pour les ménages, mais, pour les organismes, qui peut avoir
d'autres conséquences, comme l'augmentation du salaire minimum, comme l'augmentation
des prix d'essence, des tarifs d'électricité à des moments où l'indexation
actuelle n'en tient pas compte. 0,7 % cette année d'indexation pour les
organismes, quand on voit que le coût augmente partout, que les services sont
criants, que la population attend, que le gouvernement, avec l'austérité
libérale, a complètement saccagé les services publics. Bien, qui ramasse les
pots cassés du gouvernement? C'est les organismes qui tentent de le faire avec
peu, avec trop peu.
Donc, le gouvernement libéral, dans sa
prochaine mise à jour économique de mardi prochain, si c'est le cas, doit
investir dès maintenant davantage à la mission dans les organismes
communautaires, et sinon, dans son prochain budget. Sinon, on comprendra le
message que, pour le gouvernement libéral, les organismes communautaires, ce
n'est pas important, et servir notre population, faire en sorte que notre
population puisse s'en sortir, ce n'est pas assez important pour eux.
S'il n'y a pas d'autres questions ou
d'autres commentaires, bien, on... Je vous remercie beaucoup.
La Modératrice
: Merci.
(Fin à 9 h 32)