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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d’opposition, Mme Nathalie Roy, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’intégrité, et M. Éric Caire, leader parlementaire adjoint du deuxième groupe d'opposition

Version finale

Wednesday, November 15, 2017, 12 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures cinquante minutes)

M. Legault : Oui, bonjour, tout le monde. Bien, encore une fois, les Québécois se sont réveillés ce matin avec encore plus d'informations sur le système d'influence libéral. On savait déjà que Marc Bibeau en menait large. On savait déjà que les pratiques de financement du Parti libéral étaient revues par l'Unité permanente anticorruption. Mais là, au-delà des sushis puis des kimonos, moi, ce qui m'a le plus inquiété ce matin, c'est de voir le nombre de coups de téléphone de Marc Bibeau. Ce n'est pas rien, là, Marc Bibeau a fait 574 appels à Jean Charest, ancien premier ministre libéral; Marc Bibeau a fait 1 241 appels à un administrateur d'Hydro-Québec — qu'est-ce qu'ils pouvaient bien jaser? On aimerait le savoir, ça n'a pas l'air d'inquiéter Philippe Couillard; 423 appels à un administrateur de la SAQ — on sait que Marc Bibeau avait beaucoup de baux de signés pour des locaux de la SAQ, mais, quand même, 423 appels; 122 appels à la Société immobilière du Québec. Ce qui est aussi très inquiétant, Marc Bibeau a fait 53 appels à Michelle Courchesne, qui a été ministre de l'Éducation, hein? Est-ce que ça avait rapport avec les baux des commissions scolaires? On sait que plusieurs commissions scolaires avaient des contrats avec Marc Bibeau. Michèle Courchesne a été aussi présidente du Conseil du trésor. Est-ce qu'il y avait un lien avec certains contrats?

Donc, moi, je ne comprends pas la réaction de Philippe Couillard. D'abord, il a fallu insister auprès de Philippe Couillard pour qu'il donne un mandat à la Vérificatrice générale pour analyser tous les baux de Marc Bibeau. Mais ce n'est pas suffisant, ce n'est pas suffisant. Il faut que la vérification soit plus étendue. Est-ce que Marc Bibeau avait un mot à dire dans toutes les nominations des dirigeants des sociétés d'État? Est-ce que Marc Bibeau avait un mot à dire dans les politiques gouvernementales qui auraient pu profiter à des amis de Marc Bibeau ou à lui-même?

Si aujourd'hui j'étais premier ministre du Québec, j'ordonnerais au Conseil exécutif de faire des vérifications immédiates dans tous les organismes où il y a eu des centaines d'appels de faits par Marc Bibeau. Or, au lieu d'accepter cette proposition, Philippe Couillard essaie de se défendre en disant : Tous les partis faisaient ça. Bien, voyons donc, là! À ce que je sache, il n'y a aucun parti qui est enquêté actuellement par l'Unité anticorruption, sauf le parti libéral, et je ne connais pas de donateurs qui ont fait des milliers d'appels à des dirigeants du gouvernement ou des dirigeants de sociétés d'État dans les autres partis politiques.

L'autre chose que Philippe Couillard a essayé de faire ce matin, c'est de dire : Ah! tout ça, c'est du passé, ce n'est pas moi, c'est Jean Charest, ce n'est pas de ma faute. Bien, il faut rappeler à Philippe Couillard qu'il y a 17 ministres, 17 de ses ministres qui étaient ministres avec Jean Charest. Donc, qu'est-ce qu'il y a de changé? On a déjà déposé aussi plus de 50 nominations politiques qui ont été faites, donc des donateurs libéraux qui ont été nommés, pas par Jean Charest, par Philippe Couillard depuis trois ans. Donc, qu'est-ce qui nous assure que Marc Bibeau n'a plus d'influence avec le gouvernement de Philippe Couillard?

Moi, je redemande à Philippe Couillard de mandater le Conseil exécutif pour faire des vérifications étendues sur tous les liens de Marc Bibeau dans les différentes sociétés d'État, dans les différents ministères.

Et je termine en disant ceci aux Québécois : Toutes ces histoires qui viennent hanter régulièrement le gouvernement libéral, ça va arrêter seulement avec un changement de gouvernement. Dans 10 mois et demi, on va avoir une élection, on va pouvoir élire un nouveau gouvernement et tourner la page sur 15 années de gouvernement libéral.

La Modératrice : Merci. On va passer à la période de questions en commençant par Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : M. Legault, je comprends qu'on n'est pas dans les mêmes eaux, là. Est-ce que vous convenez qu'à une certaine époque il y avait du financement douteux qui se faisait dans plusieurs partis politiques?

M. Legault : Non. Écoutez, de collecter des fonds dans des activités politiques, c'est une chose; de donner des contrats en échange, moi, je n'ai pas vu ça, et c'est incomparable. Puis, quant à moi, Philippe Couillard essaie de faire de la diversion quand il compare au financement des autres partis politiques. Parce que ni au Parti québécois ni à la CAQ... Moi, je n'ai jamais vu ça, ce système-là qu'on a au Parti libéral.

M. Laforest (Alain) : Donc, c'est un mauvais titre lorsqu'on a écrit que vous étiez embarrassé d'avoir fait un repas à 1 000 $ avec des pharmaciens?

M. Legault : Écoutez...

M. Laforest (Alain) : Étiez-vous embarrassé ou vous ne l'étiez pas?

M. Legault : Pas vraiment. Je veux dire, je n'ai jamais donné de contrats à qui que ce soit. Donc, des compagnies d'asphalte, des compagnies pharmaceutiques, quand j'étais au PQ, il y en avait dans les cocktails, mais ça ne veut pas dire qu'on leur donne des contrats. Là, ce qu'on voit, là, un donateur... Le gars qui était en charge, le grand argentier du Parti libéral qui fait des milliers d'appels au premier ministre, à la ministre de l'Éducation, aux administrateurs de sociétés d'État, moi, je n'ai jamais vu ça, jamais vu ça. C'est incomparable.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous avez toujours confiance que, d'ici, je dirais, la fin des temps, on va connaître le fin fond de l'histoire?

M. Legault : Bien, il faut espérer que les enquêtes de police aboutissent. Et, oui, il faut faire confiance aux policiers, mais ça n'empêche pas le premier ministre de prendre certaines mesures, parce que, bon... Est-ce que les contrats qui sont signés... Est-ce que les nominations politiques qui sont faites, qui ont été faites, là, depuis trois ans et demi, au Conseil des ministres ont été faites parce que les gens sont compétents ou parce que ce sont des libéraux? Je pense que, déjà, là, on pourrait faire du travail. Puis Philippe Couillard, là, moi, j'aimerais ça que, comme premier ministre, il prenne ses responsabilités puis qu'il vienne nous dire, disons, d'ici quelques semaines, d'ici quelques mois : J'ai fait toutes les vérifications et je vous assure que Marc Bibeau n'a plus d'influence sur les décisions du gouvernement ou des sociétés d'État. Actuellement, ce n'est pas ce qu'il dit. Il ne répond pas à la question.

M. Laforest (Alain) : Vous demandez un Bastarache deux, là?

M. Legault : Bien, moi, ce que je demande, là, c'est qu'à l'interne il y ait des enquêtes de faites, que Philippe Couillard se convainque lui-même que Marc Bibeau n'a plus d'influence. Mais, en parallèle, les policiers doivent continuer leur enquête de police, et j'ai hâte que ça aboutisse.

La Modératrice : Charles Lecavalier, Le Journal de Québec.

M. Lecavalier (Charles) : Êtes-vous déçu que la commission Charbonneau, qui était au courant de ça, n'ait pas choisi de le révéler, c'est-à-dire des rencontres, des partys comme ça, d'une grande ampleur, entre Marc Bibeau puis des membres du Conseil des ministres de Jean Charest?

M. Legault : Bien, écoutez, la commission travaille avec l'information qui est donnée par les policiers. Ce que je comprends, là, c'est qu'on vient, ce printemps, de gagner... les policiers viennent de gagner en Cour suprême pour pouvoir utiliser les informations avec Marc Bibeau. Donc, il faut voir, là. Moi, j'ai confiance que la commission, compte tenu des informations qu'elle a reçues des policiers, elle a fait le maximum qu'elle pouvait.

M. Lecavalier (Charles) : Je veux être bien sûr de comprendre votre pensée. Dans le fond, vous, ce que vous croyez, c'est que Marc Bibeau a reçu des baux en cadeau.

M. Legault : Bien, ce qu'on sait, c'est qu'il y a beaucoup de baux d'entreprises de Marc Bibeau avec des magasins de la SAQ, avec des commissions scolaires, puis là on voit qu'il faisait des milliers d'appels. Tu sais, il y a une différence entre faire quelques appels puis des milliers d'appels. En tout cas, il y a une perception. Moi, je comprends les Québécois, aujourd'hui, d'être choqués, découragés. Ça n'aide pas la politique, là, la première page du Journal de Montréal de ce matin, là. C'est décourageant.

M. Lecavalier (Charles) : Mais, pour vous, est-ce que c'est clair qu'il a reçu ces baux-là? Parce que vous dites que la différence entre votre financement au Parti québécois puis les libéraux, c'est que vous, vous n'avez pas donné de contrats en échange. Donc, vous, vous croyez que ça, ces baux-là ont été donnés en échange du financement.

M. Legault : Bien, il faut avoir cette réponse-là. Moi, je pense qu'on a le droit de se poser cette question-là. Et, pour l'instant, disons qu'il y a un grand doute.

La Modératrice : Merci beaucoup. Gilbert Lavoie, Le Soleil.

M. Lavoie (Gilbert) : Bonjour, M. Legault. La vérification que vous demandez au premier ministre, ça portera aussi, par exemple, sur les appels à Hydro-Québec, les appels... Mais c'est une assez grande vérification que vous demandez là, vous ne trouvez pas? Vous ne pensez pas que, déjà, la Sûreté du Québec, qui a les numéros de téléphone, qui connaît sûrement les gens qu'on a appelés, que la Sûreté du Québec, l'UPAC est beaucoup mieux équipée que...

M. Legault : Mais qui est responsable, ultimement, de la saine gestion puis de l'intégrité des contrats gouvernementaux? C'est le premier ministre. Il ne peut pas se cacher derrière la police. Je veux dire, la saine gestion, là, le responsable, c'est le premier ministre du Québec. Le premier ministre du Québec doit prendre aussi des mesures pour aller voir qu'est-ce qui est arrivé pour avoir 1 200 appels chez Hydro-Québec, là. Il me semble que les questions se posent. En tout cas, il n'est pas très curieux. Disons que moi, je voudrais savoir.

M. Lavoie (Gilbert) : Oui, mais j'imagine que l'UPAC ne donnera pas à des gens du gouvernement les noms des gens à Hydro-Québec qui ont été appelés par Marc Bibeau. Encore faut-il avoir ces informations-là pour faire les vérifications, vous ne pensez pas?

M. Legault : Bien, moi, je pense que, si on regarde qui était à la direction d'Hydro-Québec à l'époque, il doit y avoir moyen de voir quels étaient les sujets discutés entre Marc Bibeau puis ces personnes-là.

M. Lavoie (Gilbert) : Vous pensez que c'était toujours la même personne qu'il appelait?

M. Legault : Bien, c'est ce qu'il semble dire, oui.

M. Lavoie (Gilbert) : Bien, je n'ai pas vu ça.

M. Legault : Oui, bien, qu'il y en ait une, qu'il y en ait cinq, qu'il y en ait 10, il faut aller voir quel était le sujet des discussions, là. Je ne connais pas beaucoup de monde, au Québec, qui appelle 1 200 fois, chez Hydro-Québec, un administrateur, là.

La Modératrice : Mathieu Dion, Radio-Canada.

M. Dion (Mathieu) : Un peu pour revenir sur ce que M. Lavoie disait, pourquoi faire des enquêtes en parallèle, des vérifications en parallèle? Pourquoi ne pas attendre l'enquête de l'UPAC puis après ça voir ce qui doit être fait?

M. Legault : Parce que c'est deux choses, la saine gestion... La saine gestion, ça, c'est la responsabilité du premier ministre. Lui, il doit s'assurer qu'aujourd'hui, là, Marc Bibeau n'a plus d'influence chez Hydro-Québec, n'a plus d'influence à la SAQ, n'a plus d'influence dans les différentes sociétés d'État. Les enquêtes policières qui sont faites, là, ça n'empêche pas le premier ministre d'agir. Puis même le premier ministre, il a une responsabilité. Des Québécois qui se demandent, là : Est-ce qu'actuellement il y a des contrats qui se signent encore avec des entreprises de Marc Bibeau? Je pense que le premier ministre doit faire un minimum de vérifications. Il ne peut pas attendre les policiers. Surtout que l'enquête, on le voit, c'est une longue enquête.

M. Dion (Mathieu) : Ce qu'ils évoquent beaucoup, c'est : Autres temps, autres moeurs. Pourquoi vous ne lui donnez pas le bénéfice du doute... vous ne leur donnez pas le bénéfice du doute?

M. Legault : Bien, s'il veut vraiment nous prouver que la page a été tournée, il ne devrait pas hésiter à faire les vérifications nécessaires. Puis, honnêtement, quand je vois le système de nominations politiques, il n'y en a pas eu, de changement. Les 17 ministres qui sont là puis qui étaient là avec Jean Charest, ce sont les mêmes personnes. Donc, est-ce qu'il y a eu vraiment un changement? Pourquoi, Philippe Couillard, ça ne l'intéresse pas de savoir pourquoi Marc Bibeau a appelé 1 200 fois chez Hydro-Québec? Pourquoi ça ne l'intéresse pas? Je veux dire, s'il était le moindrement sérieux de tourner la page sur les années Jean Charest, il me semble qu'il en ferait un petit peu plus.

La Modératrice : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres questions en français?

M. Lavoie (Gilbert) : Une petite vite. Mais les 17 personnes qui sont encore de l'époque Charest, il y a Jacques Chagnon là-dedans. Est-ce que ça diminue votre confiance envers le président de l'Assemblée nationale?

M. Legault : Écoutez, on ne sait pas, là. Ce qu'on sait, là, c'est que c'est à peu près la même équipe qu'il y avait à l'époque de Jean Charest. Maintenant, quelles sont les personnes? Bon, on sait que Michelle Courchesne a été appelée 53 fois. Bien, qu'en est-il des autres ministres du temps de... Il me semble que je les passerais au confessionnal, moi, les 17 ministres, si j'étais à la place de Philippe Couillard.

M. Lavoie (Gilbert) : Pour des fins d'impartialité ou à cause de son poste, est-ce que M. Chagnon devrait s'expliquer là-dessus également?

M. Legault : Je pense que chacun des 17 ministres, incluant M. Chagnon, devrait s'expliquer.

La Modératrice : Merci beaucoup. Raquel Fletcher, Global.

Mme Fletcher (Raquel) :Good afternoon. I have a question about marijuana. We're learning, kind of bit by bit, as the days go on, a little bit more about this bill that they're going to be tabling, I guess, tomorrow. We now know that they want to control it somehow through an affiliate of the SAQ. Is that a good idea?

M. Legault : To control what?

Mme Fletcher (Raquel) : They want to control distribution, sales through an affiliate of the SAQ.

M. Legault : We were the first party to table an action plan regarding marijuana. We think that the distribution must be restricted as much as we can. First, it must be sold only to people over 21 years old. Second, I think that, right now, with the reaction of policemen, it should be delayed by one year. We're asking for a delay of one year. I think that, right now, we're not ready. We're not ready for a so important change in our society.

Mme Fletcher (Raquel) : What kind of influence do you think that it will have if the National Assembly pleads to Trudeau to give us one more year? Do you think that that could work?

M. Legault : If we are all together asking Justin Trudeau to postpone this bill by one year, I think that we may have a chance to convince Justin Trudeau. He's got many MNAs in the province of Québec. So, I think we have at least to try.

Mme Fletcher (Raquel) : And just on the public… how would you call it, the public ownership of it, like the public has to control it, are you in favor of that?

M. Legault : Yes. I agree that it must be a subsidiary of the SAQ. It must not be sold in the same stores as the SAQ because it's not comparable, selling wine and selling marijuana, but I think it has to be controlled by the Government, by the SAQ in order to restrict as much as possible those sales.

Mme Fletcher (Raquel) : OK. Merci.

M. Legault : Merci. Merci, tout le monde.

(Fin à 13 h 5)