(Onze heures trois minutes)
M. Nadeau-Dubois :
Bonjour, tout le monde. Bien sûr, du côté de Québec solidaire, on va attendre
d'avoir les chiffres exacts de la mise à jour économique du gouvernement
libéral avant de réagir en détail, en bonne et due forme aux annonces qui vont
être faites cet après-midi. Mais déjà, d'entrée de jeu, il y a quelques informations
qui ont filtré, et déjà ça nous fait réagir, bien sûr.
De toute évidence, ça sent la panique, du
côté du gouvernement libéral. C'est un gouvernement usé, un gouvernement
impopulaire. Les libéraux voient la CAQ monter dans les sondages, et donc ils ont
ressorti le petit manuel de la vieille politique, c'est-à-dire utiliser les
surplus qu'on a accumulés sur le dos des gens pour les redistribuer en baisses
d'impôt à la veille des élections. Il n'y a rien de nouveau dans cette stratégie-là,
il n'y a rien d'original, c'est la vieille méthode. C'est le niveau zéro de
l'électoralisme.
Il faut rappeler d'où viennent les montants
qui vont être redistribués cet après-midi. Le magot sur lequel est assis le gouvernement
libéral, il a été créé en coupant dans les écoles, en coupant dans le réseau de
la santé. Ce magot-là, il vient du fait que nos aînés ont eu seulement un bain
par semaine. Ce magot-là, il vient du fait que les listes d'orthophonistes
étaient rendues à deux, trois ans d'attente. Ce magot-là, il vient du fait
qu'on a augmenté les tarifs en service de garde. Ce n'est pas de l'argent qui
est tombé du ciel, c'est de l'argent qui a été pris aux familles québécoises
durant les politiques d'austérité de la première moitié du mandat libéral.
Deuxième rappel : il faut se
rappeler, quand les libéraux ont annoncé ces coupures-là, quand ils ont plongé
le Québec dans une vague d'austérité sans précédent, Québec solidaire l'a dit
que ce n'était pas nécessaire de couper autant, que ce n'était pas nécessaire
de viser l'équilibre budgétaire aussi rapidement. Et pourtant les libéraux
n'ont écouté rien ni personne. Ils ont foncé droit devant, ils ont imposé des
mesures d'austérité sévères au Québec. Et aujourd'hui, alors que c'était tellement
prévisible, ils vont annoncer des baisses d'impôt. C'est classique, c'est
triste tellement que c'est prévisible comme stratégie électorale de la part des
libéraux.
Le Modérateur
: Des
questions?
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Oui, sur un autre sujet, M. Nadeau-Dubois. M. Ouellette qui demande
de réintégrer le Parti libéral et de retrouver sa place à la tête de la Commission
des institutions, est-ce que vous êtes en faveur d'une telle mesure?
M. Nadeau-Dubois : Ce
n'est pas l'habitude de Québec solidaire de commenter qui est à l'intérieur ou à
l'extérieur du caucus du Parti libéral. Ça appartient à M. le premier ministre,
ça appartient au Parti libéral de décider s'il veut ou non intégrer M. Ouellette.
Ce que je constate, c'est qu'il n'y a pas
encore eu d'accusations portées à son égard, et c'est ça, le vrai problème. Et
ça, ce n'est ni la faute de M. Ouellette ni la faute des libéraux, c'est
la faute de l'UPAC, qui a arrêté un député, et plusieurs semaines plus tard il
n'y a toujours pas d'accusations. C'est ça, le problème fondamental, pour nous.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Mais seriez-vous confortable à revoir M. Ouellette à la tête de la Commission
des institutions?
M. Nadeau-Dubois : Personnellement,
comme député, je n'aurais aucun problème à participer à une séance de la Commission
des institutions avec M. Ouellette comme président.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Et, sur un autre sujet aussi, il y a Mme Hivon, tout à l'heure, qui nous a
parlé des services de garde privés non régis par l'État. Ça commence à être
compliqué, tout ça.
M. Nadeau-Dubois : Oui.
C'est un des problèmes, d'ailleurs, la complexité du réseau des garderies, oui.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Est-ce qu'on doit les inclure au projet de loi n° 143 tel que réclamé?
M. Nadeau-Dubois : Bien
sûr, bien sûr. Pour nous, c'est une question d'égalité des chances. Il n'y a
aucune raison qu'il y ait deux catégories d'enfants au Québec : des
enfants qui ont droit à des services de qualité, des services éducatifs
encadrés par l'État, et des enfants qui évoluent dans un régime parallèle. Ça
ne veut pas dire que, dans ce régime parallèle, il n'y a pas de qualité. Il
peut y en avoir, il y en a même souvent. Le problème, c'est qu'on ne peut pas
donner des crédits d'impôt, donc subventionner indirectement des services de
garde et refuser d'encadrer. Ce n'est pas logique, ne serait-ce que parce que,
comme vous l'avez vous-même témoigné dans votre question, pour beaucoup de
parents, là, c'est de plus en plus complexe de savoir quelle garderie est
régie, quelle ne l'est pas, régie, qu'est-ce qui est un service de garde
encadré, qu'est-ce qui ne l'est pas. Quand les parents reçoivent un crédit
d'impôt, ils prennent pour acquis, avec raison, que ça vient en contrepartie
d'un encadrement.
Alors, pour nous, la première version du
projet de loi n° 143 était la bonne. Et c'est rare que Québec solidaire
dit ça, mais là on invite le ministre Fortin à ne pas modifier son projet de
loi, à rester sur ses intentions initiales, qui étaient déjà un pas dans la
bonne direction parce qu'elles permettaient de rentrer plus d'enfants dans le
système des services de garde régis.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Mais quels sont les dangers ou les impacts si cet amendement-là était accepté?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
pour nous, c'est une question d'égalité des chances. Ce n'est pas un projet de
loi qu'on doit écrire en pensant aux prestataires de services de garde, c'est
un projet de loi qu'on doit écrire en pensant aux enfants, et ça, ça veut dire
faire en sorte que les garderies, au Québec, il y ait de moins en moins de
garderies non régies, de plus en plus de garderies régies.
M. Dion (Mathieu) :
Est-ce que le Québec est prêt à accueillir davantage de réfugiés provenant des
États-Unis? Parce qu'on peut s'attendre maintenant, avec la décision de Donald
Trump, à ce qu'il y ait davantage de réfugiés qui arrivent ici, au Québec.
Est-ce qu'on est prêts à en accueillir davantage?
M. Nadeau-Dubois : Le
Québec est tout à fait prêt à recevoir davantage de réfugiés haïtiens, il faut
simplement bien faire les choses. Il faut s'assurer qu'il y ait les ressources
nécessaires pour les accueillir à la frontière. Il faut avoir les ressources
nécessaires pour les intégrer à la cité québécoise. Il faut leur donner
rapidement des permis de travail pour qu'ils puissent contribuer à la société.
Parce que c'est ce que veulent ces gens-là. Ce n'est pas des gens qui viennent
ici faire du tourisme ou du loisir, c'est des gens qui fuient la détresse. Ils
cherchent une société à laquelle s'intégrer puis à laquelle contribuer. Et
Québec solidaire, on a toujours été du côté des gens qui disent : Il faut
ouvrir les portes, bien faire les choses, les intégrer à la société québécoise.
M. Dion (Mathieu) : Mais
est-ce qu'on les fait bien, les choses, présentement?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
il y a eu des ratés à la fin de l'été, hein? Le gouvernement fédéral et
provincial, les deux gouvernements ont improvisé. On a manqué de ressources, et
ça a créé des images qui ont alimenté les craintes des gens, hein? Il y a eu
des perceptions d'une crise, il y a eu la perception d'une perte de contrôle. Et,
pour éviter cette perception-là, ce qu'il faut faire, c'est mettre les
ressources pour intégrer convenablement ces gens-là. Pour nous, ce n'est pas
un... que des gens cognent à notre porte et demandent l'asile, ça impose un
devoir, celui de les accueillir dans le cadre du processus légal qui existe,
d'examiner leurs demandes, de le faire de l'ordre, de le faire de manière à ce
que les gens soient rassurés. Mais on ne fait pas partie des gens qui vont
faire de l'alarmisme ou raconter des histoires de peur en faisant croire qu'il
y a une invasion ou quoi que ce soit. Il faut faire très attention, il faut le
dire clairement, ces gens-là sont bienvenus au Québec, et leurs demandes
d'asile vont être traitées dans le cadre des délais puis des lois qui sont
prévus.
M. Dion (Mathieu) : Et,
sur le cannabis au volant, qu'est-ce qu'on fait avec ça? On n'a pas la
technologie pour détecter quelqu'un qui est gelé — j'imagine, là, c'est
comme ça qu'on doit le dire — ...
M. Nadeau-Dubois :
J'imagine que c'est le terme technique, oui.
M. Dion (Mathieu) : ...bon,
et la science ne nous dit pas comment faire exactement. Alors, qu'est-ce qu'on
fait le jour où ça rentre en vigueur pour détecter les gens qui conduisent dans
un autre état?
M. Nadeau-Dubois : Dans
un état second, oui. Bien, nous, notre position, à Québec solidaire, c'est
qu'il faut trouver une manière efficace de dépister la présence du cannabis
sans ratisser trop large, hein, parce que, ce qu'on sait, c'est qu'à l'heure actuelle
les tests salivaires, par exemple, comme les tests sanguins font en sorte qu'on
peut détecter du cannabis même chez des gens qui en ont consommé il y a
plusieurs jours. Et ça, pour nous, c'est un problème parce que, là, on risque
d'attraper des gens qu'on ne devrait pas attraper.
Il y a le test de sobriété normalisé. Nous,
c'est ce qu'on propose à Québec solidaire. Et, si on n'a pas toutes les
réponses, notre seconde proposition, c'est de référer à un comité d'experts,
qui pourra, d'ici le 1er juillet, faire des recommandations au
gouvernement. Mais, pour nous, là, déjà, un test de sobriété normalisé, qui est
déjà utilisé dans d'autres pays, ça pourrait permettre de dépister, disons, de
détecter des gens qui sont sous l'effet du cannabis.
M. Dion (Mathieu) :
Lorsque ça deviendra légal, qu'est-ce qu'on fait, là? Est-ce qu'on laisse les
gens pouvoir conduire parce qu'on n'a pas les outils nécessaires, conduire sous
l'effet du cannabis — excusez, ça me fait rire — ou encore on
arrive plus tard avec des mesures strictes? Il ne faudrait pas arriver plus tôt
avec des mesures strictes au moment où ça devient légal?
M. Nadeau-Dubois : Oui, c'est
sûr qu'il faut que, d'ici le 1er juillet, on ait trouvé. Nous, on croit
déjà que, le test de sobriété normalisé, ça peut fonctionner. Et on a quand
même plusieurs mois, là, on a quand même plusieurs mois pour continuer à faire
de la recherche. Nous, ce qu'on a proposé la semaine dernière, c'est la mise
sur pied d'un comité d'experts pour trouver les réponses, pour faire des
recommandations à la ministre Charlebois.
Mme Plante (Caroline) : Juste
une petite question, M. Nadeau-Dubois. C'est le congrès, si je ne me trompe
pas, des libéraux en fin de semaine. Quelles sont vos attentes par rapport à ce
congrès et qu'est-ce qui devrait être discuté? Est-ce qu'on devrait remettre en
cause, par exemple, le leadership de M. Couillard?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
si je peux faire une invitation aux militants libéraux, c'est d'avoir une
réflexion sur l'éthique au sein de leur parti, d'avoir une réflexion sur leur
projet de société, sur le fait qu'ils ont coupé pendant trois ans au Québec,
qu'ils ont mis à mal, comme peu de gouvernements dans les dernières années, le
réseau de la santé, le réseau de l'éducation, le réseau des garderies, qu'ils
ont mis à mal le développement régional, qu'ils ont mis à mal l'intégration des
nouveaux arrivants. Et la question que j'ai pour eux, c'est : Est-ce que
toutes ces coupures-là, ça vaut 200 $ de baisses d'impôt?
Mme Plante (Caroline) :
Et pour le leadership?
M. Nadeau-Dubois : Ah!
pour le leadership, moi, je pense que le problème au Parti libéral du Québec,
ce n'est pas le leadership, c'est les idées. Merci.
(Fin à 11 h 13)