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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin

Version finale

Tuesday, November 21, 2017, 16 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Seize heures trente et une minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Ce qu'on apprend aujourd'hui, c'est que la récompense pour trois ans de coupures aux services à la population, c'est 278 $ de baisse d'impôt. Ça, c'est à peu près, là, 11 $ par chèque de paie. Donc, la question que les gens doivent se poser ce soir en analysant le budget, le mini budget qui a été déposé, c'est : Est-ce que ça vaut la peine? Est-ce que 11 $ par chèque de paie, ça vaut des écoles en ruine? Est-ce que ça vaut un bain par semaine? Est-ce que ça vaut des files d'attente pour voir un médecin? Pour Québec solidaire, la réponse, c'est non. Le jeu n'en vaut pas la chandelle.

On nous parle de bonnes nouvelles aujourd'hui. En fait, ce que les libéraux ont fait depuis leur élection, c'est prendre de l'argent dans les écoles, dans les CHSLD, et aujourd'hui ils annoncent qu'ils en remettent la moitié et que l'autre moitié s'en va en baisse d'impôt. Il n'y a donc aucune raison de se réjouir. La vision du gouvernement, c'est une vision électoraliste, c'est le régime du yoyo où, en début de mandat, on est pris de panique, on coupe, on coupe, on coupe et ensuite on prétend réinvestir.

La question que je me pose, et je pense qu'il y a de plus en plus de gens au Québec qui se posent cette question-là, c'est : C'est quoi, la vision? Comment on veut construire au Québec des services publics qui fonctionnent à long terme si on impose des cures d'austérité, ensuite on remet de l'argent, et, à la prochaine perturbation économique, on sait exactement ce qu'il va se passer, on va encore une fois couper? Cette vision-là électoraliste, où on met, en fait, la viabilité des services publics à la remorque des ambitions électorales d'un parti politique, ce n'est pas vivable. On ne peut pas construire au Québec des services publics qui marchent si on leur impose des cycles d'investissement et de désinvestissement aussi brutaux. Donc, pour nous, cette manière-là de gérer les fonds publics, c'est de l'incompétence.

Les libéraux sont arrivés au pouvoir, ont été pris de panique, ont décidé de couper de manière frénétique, et aujourd'hui ils se rendent compte qu'ils sont allés trop vite, qu'ils sont allés trop loin. Pourtant Québec solidaire le disait, des économistes le disaient, des groupes de la société civile le disaient il y a quelques années : Les mesures d'austérité étaient inutiles, elles étaient exagérées, elles étaient trop rapides. Aujourd'hui, les libéraux s'en rendent compte, et ça paraît à peu près à chaque page de la mise à jour économique qu'ils ont déposée.

Le Modérateur : Questions? Pas de questions?

Mme Lévesque (Catherine) : Oui, oui, il y a des questions. Excusez, j'ai manqué le début. Mais, au lieu de donner, dans le fond, un petit montant à chaque individu, qu'est-ce qu'ils auraient dû faire avec l'argent? Est-ce qu'ils auraient dû le donner à des groupes qui en auraient eu plus besoin?

M. Nadeau-Dubois : La vérité, c'est que la mise à jour économique d'aujourd'hui, c'est un aveu d'échec de la part des libéraux. Ils se rendent compte aujourd'hui qu'ils ont trop coupé, qu'ils ont coupé trop rapidement et que la société civile avait raison de sonner l'alarme il y a quelques années, que les économistes avaient raison de dire que c'était inutile et exagéré de couper autant et aussi vite. Là, aujourd'hui, ils se réveillent, ils nagent dans l'argent et là ils distribuent les cadeaux dans l'espoir d'acheter des votes. Mais cette manière-là de gérer les fonds publics, non seulement, pour nous, c'est de l'incompétence, mais ça met en péril les services publics, parce que ça plonge les services publics québécois dans un cercle vicieux où, dès qu'il y a une perturbation économique, on manque d'argent, alors là on coupe, on génère des surplus. Dès qu'on a des surplus, qu'est-ce qu'on fait? On baisse des impôts, donc on se prive de capacité fiscale et, à la prochaine perturbation économique, on va rejouer dans le même film. Donc, ce régime de yoyo, là, il ne permet pas de construire des services publics qui fonctionnent.

Là, M. Leitão annonce des investissements, par exemple en éducation. Or, le système d'éducation, actuellement, il est dysfonctionnel, parce que les vagues successives de coupures ont littéralement mis le bordel dans le système : les gens qui font vivre ce système-là sont épuisés, les conditions de travail sont devenues, on le sait, difficiles. Alors, on ne peut pas construire des écoles qui fonctionnent comme ça, en coupant et ensuite en réinvestissant.

Et je peux vous le dire tout de suite, là, si les libéraux sont réélus en 2018, là, ils vont faire exactement la même chose. Ils vont commencer par couper en prétextant que la dette est inquiétante, et à la veille des élections ils vont s'être constitué un magot, et là ils vont diminuer les impôts. C'est le cercle vicieux dans lequel le Québec est plongé depuis maintenant plusieurs décennies. Et c'est cette vision-là des services publics, qui est à la fois électoraliste et néolibérale, qui fait en sorte que nos services publics, ils ne fonctionnent pas.

Puis c'est ça que nous on veut dire aujourd'hui aux gens. C'est que si vous vous demandez pourquoi les services publics fonctionnent mal, pourquoi il y a des files d'attente dans les hôpitaux, pourquoi les tarifs de transport en commun n'arrêtent pas d'augmenter mais que, pourtant, le service est de moins en moins bon, si vous vous demandez pourquoi les écoles fonctionnent mal, bien c'est à cause de cette manière-là de gérer les services publics, où on investit et on désinvestit. Quand il y a des chocs comme ça, successifs, ce n'est pas vrai qu'on peut construire un filet social puis des services publics qui fonctionnent. C'est une gestion à la petite semaine, puis ça fragilise l'ensemble des missions de l'État.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Juste...

Mme Lévesque (Catherine) : Vos attentes pour le... Non, vas-y.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bien, c'est que j'aimerais une réponse à sa question. En fait, vous avez 2,4 milliards entre les mains. Vous faites quoi avec?

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, si on était sous un gouvernement de Québec solidaire, il n'y aurait pas 2,4 milliards de surplus parce qu'on n'aurait pas imposé des mesures d'austérité inutiles. Première chose.

Maintenant, la question, je la trouve drôlement posée, parce que les libéraux se sont dégagé un magot en appliquant des mesures d'austérité qui ont été parmi les plus agressives, hein, dans les pays développés. C'est l'économiste Pierre Fortin qui a démontré que durant l'année 2015‑2016 les politiques d'austérité au Québec ont été les troisièmes plus sévères parmi les pays développés, là. Ce n'est pas rien, ce qui s'est passé au Québec dans les dernières années.

Donc, une fois que ce traitement de choc a été appliqué aux services publics, là on se ramasse avec de l'argent, et là, en effet, les libéraux ont tout le loisir d'en réinvestir une moitié puis de donner l'autre moitié en baisses d'impôt. À Québec solidaire, on n'aurait pas, dans un premier temps, appliqué les mesures d'austérité.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais êtes-vous mal à l'aise avec la question? Pourtant, c'est bon d'avoir 2,4 milliards…

M. Nadeau-Dubois : Je ne suis pas du tout…

Mme Lévesque (Catherine) : Si demain matin vous arrivez au gouvernement, vous faites quoi?

M. Nadeau-Dubois : C'est le fun d'avoir 2,4 milliards de surplus, mais pas quand on les a acquis sur le dos des gens. Il n'y a rien de réjouissant d'avoir des surplus en soi, ça dépend comment on les a générés, les surplus. Si on génère…

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais qu'est-ce qui vous empêche de répondre à la question?

M. Nadeau-Dubois : Mais je réponds tout à fait à la question.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Qu'est-ce que vous feriez avec ce... ça irait où…

M. Nadeau-Dubois : Qu'est-ce que ferait un gouvernement de Québec solidaire avec 2,4 milliards de dollars? Bien, on investirait massivement en éducation, massivement en santé. On investirait en environnement pour diminuer le prix du transport collectif, pour construire des infrastructures de transport collectif partout au Québec. On investirait pour stimuler le développement économique des régions en remettant sur pied des structures de concertation régionale.

Il y a plein de choses qu'on ferait. Sauf que cette question-là, elle est théorique, dans la mesure où, actuellement, le 2,4 milliards de dollars, il a été pris dans les services publics, et aujourd'hui on le réinvestit. Donc, on appelle ça des surplus; dans les faits, ça n'en est pas vraiment.

Mme Lévesque (Catherine) : Donc, juste pour être clair, demain matin vous arrivez au pouvoir, pas de baisse d'impôt? Vous auriez donné cet argent-là, finalement, dans des secteurs bien précis?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on pense que la priorité, actuellement, au Québec, ce n'est pas de baisser les impôts, c'est de faire en sorte qu'on puisse bien financer nos services publics, c'est d'aller faire payer leur juste part aux grandes entreprises en ligne, par exemple. Une fois qu'on a fait ça, une fois qu'on sera dans un Québec où tout le monde paie ses impôts, peut-être que là on aura des marges de manoeuvre, en effet, pour diminuer les impôts, par exemple, de la classe moyenne inférieure. Mais ce n'est pas vrai qu'en 2017 la priorité, là, l'urgence, c'est de baisser les impôts. Pas dans le contexte où on a des écoles qui tombent en ruine. Ça, pour nous, c'est irresponsable, comme vision des finances publiques.

Une voix : Merci.

(Fin à 16 h 40)

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