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Conférence de presse de M. Carlos J. Leitão, ministre des Finances et M. François Blais, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale

Mise à jour du Plan économique du Québec

Version finale

Tuesday, November 21, 2017, 15 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Quinze heures vingt-sept minutes)

M. Leitão : Alors, bonjour à toutes et à tous. Merci d'être là. Comme le veut la tradition, j'ai le plaisir de vous présenter aujourd'hui la mise à jour économique et financière de l'automne. Et, avant de commencer, bien sûr, je vais vous présenter les personnes qui sont ici avec nous : à ma gauche, bien sûr, mon collègue M. François Blais, ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale; à sa gauche...

(Interruption)

M. Leitão : Tout va bien? O.K. À sa gauche, sa sous-ministre, c'est ça? Merci. Et puis, à ma droite, M. Luc Monty, le sous-ministre aux finances, que vous connaissez très bien aussi.

Je veux aussi remercier tout le monde de mon cabinet, du ministère des Finances, pour tout le travail qui a été fait. C'est quand même un travail impressionnant, et, comme vous avez peut-être remarqué, dans les derniers jours, dernières semaines, il y avait ça, il y avait le plan d'action sur l'évasion fiscale, il y avait le projet de loi sur la révision... la réforme de Retraite Québec, la Régie des rentes. Il y avait aussi un petit projet de loi de réforme financière. Donc, on a été très occupés au ministère et au cabinet. Je veux remercier tout le monde pour la collaboration, le travail, la dédication et le professionnalisme de toute l'équipe.

Alors, voilà, je serai bref et sans détour. Écoutez, les nouvelles sont bonnes. En ce qui concerne notre situation économique et financière, les nouvelles sont très bonnes, et la mise à jour présentée aujourd'hui comporte de bonnes nouvelles pour toutes les Québécoises et tous les Québécois. Le contexte favorable dans lequel nous nous trouvons n'est pas le fruit du hasard. Le chemin parcouru, depuis 2014, mérite d'être souligné. Nous avons fait exactement ce que nous avons dit que nous ferions. Nous avons posé des gestes importants pour remettre la maison en ordre. Nous avons posé les bons gestes au bon moment pour redresser les finances publiques, rétablir la confiance et relancer l'économie.

We are doing exactly what we said we would do. We have put the house in order and by doing the right things at the right time. And this resulted in increase confidence in the Québec economy.

Notre plan fonctionne, et cette mise à jour confirme qu'avec nos actions le Québec consolide encore un peu plus une situation économique et financière très favorable. Le produit intérieur brut, le PIB du Québec, devrait enregistrer une croissance de 2,6 % en 2017, soit presque un point de pourcentage de plus que nous avions prévu au mois de mars. Avec la croissance économique la plus forte des 15 dernières années, le Québec est désormais reconnu comme une des économies les plus performantes au Canada. La vigueur de l'économie se reflète aussi sur le marché du travail. Nous avons le plus bas taux de chômage de notre histoire.

Avec les emplois créés, ce sont plus de 200 000 personnes qui ont vu la situation financière s'améliorer de manière importante au cours des trois dernières années. Les salaires et le pouvoir d'achat des travailleurs augmentent plus rapidement au Québec que dans le reste du Canada. La confiance des consommateurs et des entreprises atteint des sommets. Les exportations et les investissements repartent aussi à la hausse.

Alors, nos finances publiques sont solides et l'effet combiné de tous ces éléments me permet de conclure sans hésitation que le Québec va bien. Cette vigueur retrouvée va permettre à toutes les Québécoises et tous les Québécois de bénéficier de cette croissance économique. Nous disposons désormais et de manière durable de moyens plus importants. Avec plus de moyens, nous allons pouvoir faire plus pour améliorer, aujourd'hui et dans les années à venir, le niveau de vie et la qualité de vie des familles du Québec et de nos enfants.

Dans ce contexte favorable, la mesure économique que je présente aujourd'hui nous permet d'accélérer la mise en oeuvre de notre plan et de respecter les engagements que nous avons pris envers les Québécois. Premièrement, améliorer le niveau de vie de tous les Québécois en réduisant significativement le fardeau fiscal des particuliers et en mettant en place un plan de lutte pour sortir plus plus de 100 000 personnes de la pauvreté. Deuxièmement, investir davantage dans la réussite scolaire et pour améliorer l'accès et la qualité des services de santé. Et troisièmement, appuyer le développement des régions.

Ces nouvelles mesures représentent en moyenne des investissements additionnels de 2 milliards de dollars par année. Nous poursuivons donc notre engagement de réduire de manière responsable le fardeau fiscal des particuliers en y consacrant 50 % des surplus dégagés et d'augmenter le revenu disponible de tous les Québécois. Le taux d'imposition des premiers dollars gagnés sera réduit de 16 % à 15 %. Cette mesure correspond à une réduction supplémentaire du fardeau fiscal de près de 1 milliard de dollars pour 4,2 millions de contribuables.

Ajoutons aux autres mesures de réduction fiscale annoncées dès le budget de mars 2015, puis en 2016, et aussi en mars 2017, les contribuables bénéficieront dès cette année, dès 2017, d'une réduction de 2,3 milliards de dollars par année. De plus, afin de soutenir les familles pour les dépenses liées à l'achat de fourniture scolaire, une allocation de 100 $ par enfant d'âge scolaire sera versée aux familles chaque année, en juillet. Au total, une famille avec deux enfants dont chaque conjoint gagne un revenu de 45 000 $ par année profitera d'une réduction permanente du fardeau fiscal de 1 200 $ par année dès 2017.

So, as I said, all in all, the family with two school age children and with a combined family income of $90,000, two times $45,000, will benefit from a permanent tax reduction of $1,200 this year and in the following years.

Je vais maintenant céder la parole à mon collègue le ministre de l'Emploi pour qu'il vous présente les grandes lignes du plan de lutte à la pauvreté.

M. Blais : Merci beaucoup, Carlos. Bonjour. Alors, comme l'a souligné mon collègue, les mesures annoncées pour diminuer le fardeau fiscal des Québécois et le troisième plan de lutte à la pauvreté forment un tout cohérent visant à améliorer le niveau de vie de tous les Québécois. Bien que j'aurai, dans les prochains jours, le plaisir de vous présenter en détail le troisième plan de lutte à la pauvreté et à l'exclusion sociale, je me permets aujourd'hui de mettre en lumière quelques grandes lignes.

Tout d'abord, ce plan sera le tout premier du genre à présenter un objectif chiffré, vérifiable, de sortie de la pauvreté. Tel qu'annoncé, je vous confirme qu'il permettra à plus de 100 000 Québécoises et Québécois de quitter de manière permanente leur situation de pauvreté. Ces 100 000 nouvelles personnes permettront au Québec d'atteindre pour la première fois la cible fixée en 2002 par les parlementaires, lors de l'adoption à l'unanimité de la loi-cadre visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale, c'est-à-dire placer le Québec parmi les sociétés industrialisées comptant le moins de personnes pauvres.

Pour y arriver, ce plan s'articulera autour des axes suivants. Tout d'abord, bonifier le revenu disponible des personnes en situation de pauvreté notamment en majorant des prestations des aides financières de dernier recours et du programme Objectif emploi. Ensuite, assurer un accompagnement et favoriser l'intégration au marché du travail. Finalement, faciliter la participation sociale et l'inclusion économique.

En ce qui concerne le premier axe, c'est-à-dire la bonification de l'aide financière de dernier recours, nous allons porter une attention particulière aux personnes qui sont piégées dans la pauvreté due notamment à des contraintes sévères à l'emploi. On sait que le travail représente la meilleure façon de se sortir de la pauvreté, mais celles-ci sont moins susceptibles d'améliorer leur situation financière par l'emploi. Bien entendu, pour les personnes aptes au travail, nous allons continuer de privilégier encore les mesures d'accompagnement et d'incitation au travail dans un contexte historique où les besoins de main-d'oeuvre sont criants dans toutes les régions du Québec.

Rappelons que, si les deux premiers plans ont été bénéfiques pour les familles, ce nouveau plan mettra l'accent sur les personnes seules et les couples sans enfant, qui demeurent, de loin, le groupe le plus fortement représenté au sein de la population pauvre au Québec et pour lequel trop peu a été fait jusqu'ici. J'aurai donc le plaisir de vous présenter, dans les prochains jours, l'ensemble des mesures et les détails de ce troisième plan québécois de lutte à la pauvreté et à l'exclusion sociale.

Je remercie, par ailleurs, mon collègue pour sa grande collaboration et je lui cède la parole pour la suite de sa présentation.

M. Leitão : Très bien. Merci, François. Alors, notre mise à jour prévoit également des investissements additionnels en santé et en éducation. Des sommes additionnelles de 444 millions pour la réussite éducative et l'enseignement supérieur viennent s'ajouter aux investissements de 3,4 milliards déjà prévus pour la politique de la réussite éducative lancée en juin dernier. Ces investissements additionnels seront principalement consacrés à la stratégie sur les services éducatifs aux jeunes enfants de zéro à huit ans. Ils permettront notamment de recruter 500 professionnels, des orthophonistes, des orthopédagogues, dès septembre prochain, pour bonifier les services aux élèves, favoriser l'égalité des chances et améliorer la qualité éducative, notamment pour les enfants ayant des besoins particuliers.

Nous annonçons également notre intention d'apporter des modifications importantes au régime de la taxe scolaire. La dernière révision de ce régime date de 25 ans, et des ajustements s'avèrent nécessaires, notamment pour régler la problématique liée aux écarts de taux. La marge de manoeuvre dont nous disposons nous permet d'envisager aujourd'hui des solutions constructives, qui seront gagnantes à la fois pour les commissions scolaires et pour les contribuables. Mon collègue le ministre de l'Éducation consultera les commissions scolaires pour proposer une réforme dans les prochaines semaines.

Le gouvernement poursuit, par ailleurs, son plan afin d'améliorer l'accès et la qualité des services de santé, notamment pour les personnes vulnérables. Des investissements additionnels de 630 millions, soit 105 millions par année, dès cette année, permettront d'améliorer les services auprès des aînés, d'améliorer les services en santé mentale, notamment auprès des clientèles vulnérables, et de prévenir les dépendances, par exemple, au cannabis. Avec ces mesures, le portefeuille de la santé augmentera de 4,2 % en 2017‑2018.

Enfin, et dans un autre registre, depuis 2014, nous agissons sur plusieurs fronts pour stimuler la croissance économique dans toutes les régions du Québec en créant un environnement favorable au développement des entreprises, à l'émergence de nouveaux projets et à la création d'emplois. Les résultats parlent d'eux-mêmes. La mise à jour de l'automne prévoit des investissements additionnels de 667 millions pour des nouvelles initiatives qui auront un impact important sur l'ensemble du territoire québécois. En particulier, le gouvernement consacrera 367 millions pour déployer des infrastructures numériques performantes et accessibles dans toutes les régions du Québec. Ces montants additionnels — parce que c'est additionnel, ce n'est pas ce qui a été annoncé hier, c'est additionnel à cela — permettront d'accélérer la mise en oeuvre et d'ajouter de nouveaux projets à ceux annoncés hier, qui démontrent le besoin et l'importance de connecter rapidement toutes nos régions afin de soutenir leur inclusion économique et sociale. Avec ces nouveaux investissements, c'est plus de 90 % des Québécois qui auront accès à l'Internet à très haute vitesse.

Alors, en conclusion, nous nous étions engagés à équilibrer les finances publiques et à relancer l'économie pour mieux financer et améliorer les services à la population, notamment en santé et en éducation. Le contexte favorable que nos actions ont contribué à créer nous permet maintenant d'accélérer la mise en oeuvre de notre plan pour alléger le fardeau fiscal des Québécois de manière responsable, tout en contrôlant notre dette, afin d'assurer l'équité intergénérationnelle.

Contrairement à certaines formations politiques, nous ne proposons pas un plan improvisé ou fictif faisant miroiter des promesses qui ne pourront se réaliser ou être viables financièrement. Ces politiques, qui consistent à faire des promesses, dépenser d'abord et réfléchir ensuite, sont néfastes et dangereuses pour l'avenir du Québec. Les Québécois ont eu un avant-goût de ces politiques en 2013, et on a vu ce que ça a donné. Il a été difficile de redresser les finances publiques, et on ne veut certainement pas revivre ça.

Maintenant, les baisses d'impôt exigées souvent par d'autres formations politiques dès le début d'un mandat n'ont pas plus de sens. Moi, j'ai une question pour ceux qui proposent cela : Avec quel argent les aurait-on financées en 2015? Le Fonds des générations, peut-être, des déficits additionnels, des coupures massives dans les services? Cette approche, qui consiste à se payer des baisses d'impôt tout de suite sans en assurer le financement, c'est comme partir avec la caisse et laisser nos enfants payer la note. Non, merci. Nous, on ne fait pas ça. Soyons clairs, il n'est pas question de financer nos services publics sur la dette ni de payer des baisses d'impôt en laissant la facture aux générations suivantes. Avant de partager la richesse, il faut la créer. Il ne s'agit pas ici d'un conservatisme, ou d'un excès de prudence, ou de calcul électoraliste, mais juste du gros bon sens. On baisse les impôts avec l'argent qu'on a. C'est ce que nous faisons et c'est ce que nous allons continuer de faire.

Now, to share the wealth, one needs to create it first, and this is not ideological, but rather simple common sense, and that is what we should do when we kept taxes only with the funds that we have on hands and not by going further into debt.

Alors, nous allons donc poursuivre la mise en oeuvre de notre plan, un plan qui est structuré, qui est équilibré et qui est réaliste au bénéfice des familles du Québec et de nos enfants. Merci beaucoup.

Je suis maintenant prêt... nous sommes maintenant prêts à répondre à vos questions.

Le Modérateur : Alors, il y aura une période de questions en français, ensuite en anglais. C'est Alain Laforest de TVA Nouvelles qui donne le coup d'envoi.

M. Laforest (Alain) : Bonjour, messieurs dames. M. le ministre des Finances, certains pourront dire que vous avez un surplus accumulé depuis 2015 de 4,6 milliards que vous avez engrangé sur le dos des contribuables.

M. Leitão : C'est une question, ça? Écoutez, oui, j'ai entendu ces arguments-là. Écoutez, notre mandat en 2014 était très clair, c'était un mandat de remettre la maison en ordre et d'inverser la tendance qui était présente à ce moment-là. C'est ce que nous avons fait. Ce faisant, nous avons remis donc la maison en ordre et maintenant nous avons les marges de manoeuvre suffisantes pour adresser les questions importantes auxquelles le Québec fait face. N'oublions pas non plus que, dans ces années-là, au début, il y avait des déficits qu'il fallait résorber. Une fois que cela a été fait, nous avons accéléré considérablement la croissance des dépenses de programmes. Donc, les surplus qu'on génère, on les génère après avoir accéléré la croissance des dépenses, en santé et éducation surtout.

Alors, c'est la bonne tenue de l'économie et les 200 000 personnes de plus au travail maintenant qu'en 2014, c'est ça, en fin de compte, qui nous permet de faire ce que nous faisons aujourd'hui.

M. Laforest (Alain) : Donc, vous réfutez les allégations à l'effet qu'en coupant... en limitant les hausses en santé et en éducation, vous avez réussi à vous dégager une marge de manoeuvre qui vous permet d'annoncer 1 milliard de baisses d'impôt à 10 mois de l'élection?

M. Leitão : C'est comme si c'était en période de questions au salon bleu. Mais, écoutez, nous n'avons pas coupé les dépenses. Nous avons ralenti, oui, nous avons ralenti la cadence, nous avons ralenti le rythme de croissance des dépenses en santé, en éducation aussi, mais nous n'avons pas fait de coupure absolue. En fin de compte, aujourd'hui, quand on regarde les dépenses des grandes missions de l'État en proportion de notre économie, nous sommes à 23 %. On était à 23 % du PIB aussi avant la récession en 2008‑2009.

Donc, il n'y a pas eu de réduction absolue ni de réduction relative des dépenses de programme, parce qu'elles constituent aujourd'hui le même niveau, en proportion du PIB, qui est d'ailleurs beaucoup plus élevé que n'importe où ailleurs au Canada et aussi plus élevé que c'était le cas dans les années 90 et au début des années 2000. Au début des années 2000, les dépenses de mission au Québec étaient à peu près 20 % du PIB. Elles sont à 23 % maintenant. Je pense qu'à un moment donné il faut être réaliste, il faut être capable de vivre à l'intérieur de nos moyens, et c'est ce que nous faisons.

Le Modérateur : Merci. Véronique Prince, Radio-Canada.

Mme Prince (Véronique) : Oui, bonjour. Alors, aidez-nous à comprendre. Est-ce que vous y êtes allé trop fort avec les réductions de dépenses ou vous avez mal prévu la croissance économique lorsque vous êtes arrivé au début de votre mandat?

M. Leitão : Écoutez, comme j'ai dit à votre collègue, en ce qui concerne notre rigueur budgétaire, il fallait faire ça. Il fallait ralentir le rythme de croissance des dépenses, pas couper, mais ralentir, ce que nous avons fait. Et c'est essentiellement l'économie, la bonne tenue de l'économie en 2016 et en 2017, qui nous a permis de dégager, de consolider ces marges de manoeuvre là.

Nous avons cette année, 2017, une croissance économique qui est prévue par nos collègues du secteur privé qui va approcher 3 %. Nous, dans notre plan économique, nous avons mis 2,6 %. Nous sommes prudents, nous sommes conservateurs. Mais 2017, c'est une excellente année pour la croissance économique au Canada en général, au Québec en particulier. Donc, c'est ça qui a généré et consolidé cette marge de manoeuvre là.

Mme Prince (Véronique) : Vous savez quand même que c'était une promesse de la Coalition avenir Québec aussi depuis le départ de dire : On va s'organiser pour réduire le fardeau fiscal des familles de 1 000 $ par année. Là, c'est sûr qu'aujourd'hui, à un an des élections, les gens vont se dire : Bien, soit qu'il essaie de coiffer la CAQ ou alors il se prend pour le père Noël.

M. Leitão : Ni l'un ni l'autre, même si j'ai une petite barbiche blanche. Mais non, je ne me prends pas pour le père Noël parce que ce qui serait électoraliste, ce qui serait farfelu, ce serait de promettre des choses, des réductions d'impôt ou des dépenses additionnelles sans en avoir les moyens.

Donc, nous le faisons... nous continuons à le faire aujourd'hui, parce qu'aujourd'hui nous avons les moyens de le faire. L'année passée, on avait annoncé le devancement de l'élimination de la taxe santé. On ne pouvait pas, de façon responsable, aller plus loin que ça. Cette année, on peut aller plus loin que ça.

Donc, nous, notre approche, c'est une approche équilibrée et très responsable. L'approche de nos collègues de l'opposition, vous avez mentionné la CAQ, eux, je pense que c'est : Réduis aujourd'hui puis tu verras demain comment tu vas payer. Nous, on ne joue pas à ce jeu-là.

Le Modérateur : Merci. Catherine Lévesque, Huffington Post

Mme Lévesque (Catherine) : Oui. Bonjour. Deux questions un petit peu plus précises. Tout d'abord, sur l'Internet haute vitesse, la plus grande partie du montant, en fait, qui est promis, c'est dans les quatre prochaines années, donc pour un deuxième mandat. Est-ce qu'il s'agit, en fait, d'une promesse préélectorale, dans le fond?

M. Leitão : Non. Écoutez, il s'agit donc... d'abord, on reconnaît l'importance de cet enjeu-là. D'ailleurs, ma collègue, hier, la ministre du Développement économique, avait annoncé sa première partie, là, de Québec branché. On commence déjà, avec le gouvernement fédéral et la participation des entreprises de télécommunications, à avancer dans ce domaine-là.

Maintenant, nous allons rajouter à ce qui a déjà été annoncé hier, donc c'est un montant additionnel. Encore une fois, on le fait de façon raisonnable, de façon responsable, sur quelques années. Je pense, c'est la façon de faire ces choses-là.

Mme Lévesque (Catherine) : Ensuite, sur le marché résidentiel, petite question, vous dites que vous allez apporter des changements législatifs par rapport à ça. Vous avez déjà dit que vous n'alliez pas imposer des taxes, là, sur les investisseurs étrangers. Donc, on parle de quoi exactement dans les changements?

M. Leitão : C'est une très bonne question, parce que, oui, je n'ai toujours pas l'intention de sortir une taxe de mon chapeau, mais il faut avoir l'information, il faut suivre ce marché-là. Il faut vraiment avoir l'information nécessaire pour juger si, en effet, le nombre d'acheteurs étrangers est vraiment significatif ou pas, parce que tout ce qu'on a maintenant, c'est des anecdotes ou alors des sondages très ponctuels.

Nous, ce qu'on compte faire, en termes de changements législatifs, c'est d'inclure l'obligation, dans les contrats d'achat d'une propriété, de déclarer la résidence, le lieu de résidence de l'acheteur. Ce n'est pas une question de citoyenneté ou... non, une résidence. Est-ce que le nombre d'acheteurs non résidents, au Québec ou à Montréal, est-ce que c'est important ou pas? Avec cette obligation de le déclarer, nous allons savoir.

Ça, c'est quelque chose qu'on a vu très, très bien à Toronto et à Vancouver. Quand ils ont commencé à se rendre compte qu'il y avait quelque chose qui était un peu problématique dans le marché immobilier, ils n'avaient pas ces informations et donc ils se sont arrangés pour l'avoir. Nous, on fait la même chose. Donc, dorénavant, une fois qu'on aura passé ces changements législatifs, on va savoir exactement combien de non-résidents achètent une propriété au Québec.

Le Modérateur : Merci. Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à vous tous. M. Leitão, en juin, sauf erreur, en juin, vous avez dit que les Québécois préféraient avoir des services mieux financés plutôt que des baisses d'impôt. Est-ce que les Québécois ont changé d'avis?

M. Leitão : Honnêtement, je ne me rappelle pas d'avoir dit cela dans ces termes-là. Ce que je présume à quoi vous faites allusion, c'est que les Québécois veulent aussi avoir des services publics bien financés, et nous sommes engagés à bien financer les services, en santé et en éducation notamment, les autres aussi, mais santé et éducation à l'intérieur de notre marge de manoeuvre.

Donc, nous n'allions pas, à ce moment-là, nous engager dans des réductions d'impôt très agressives à ce moment-là, parce qu'on ne voulait pas mettre toute notre marge de manoeuvre entièrement de ce côté-là. Depuis le début, on voulait avoir une approche équilibrée, c'est-à-dire faire trois choses en même temps : financer les services publics convenablement; réduire le fardeau fiscal, parce que c'est quand même le plus élevé au Canada; et continuer de bien gérer la dette du Québec. Nous faisons ces trois choses en même temps et, pour nous, les trois sont également importantes.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Quelques mois plus tard, en septembre, quand vous avez commencé à parler de baisses d'impôt, vous avez évoqué des baisses d'impôt pour les particuliers, ce que vous faites aujourd'hui, mais aussi pour les PME. Où sont passées ces baisses d'impôt?

M. Leitão : Non, on n'a jamais dit... pour les PME, qu'on considérait des mesures... et on considère des mesures, probablement au budget qui viendra en mars. On voulait mettre l'accent maintenant sur le fardeau fiscal des particuliers. On voulait rajouter à ce qu'on faisait déjà en termes d'allègement fiscal, qui avait annoncé en 2016.

N'oublions pas non plus que du côté des PME, dans les deux budgets précédents, mars 2015 et mars 2016, on avait déjà mis en place plusieurs mesures très importantes pour les PME, notamment la réduction de l'impôt des entreprises. L'impôt corporatif passait de 8 % à 4 %. On avait déjà fait ça dans le dernier budget. Donc, on est déjà là. On avait aussi, chose que l'Ontario vient de faire, donc cette réduction, la cibler aux 500 000 $ de profits. Donc, nous, on était déjà là.

Maintenant, en mars prochain, il y aura un autre budget. Probablement qu'il y aura d'autres... des mesures additionnelles. On s'est déjà engagés, parce qu'il va y avoir un ajustement, une bonification du régime de pensions, Régie des rentes. On va trouver des moyens d'atténuer un peu l'impact pour les PME du Québec.

Le Modérateur : Merci. Rémi Nadeau, Le Journal de Québec.

M. Nadeau (Rémi) : M. Leitão, quand vous parlez du fait qu'il n'y a pas eu de coupures de dépenses, vous avez raison, mais les très faibles augmentations de dépenses en santé et en éducation n'ont pas couvert les coûts de système. Donc, il y a eu des réductions de services. Ça a été documenté régulièrement, là, ne serait-ce que par la Vérificatrice générale, la Protectrice du citoyen.

Donc, est-ce que vous admettez quand même qu'il y a eu un impact, qu'il y a eu un prix à payer pour les Québécois avant de pouvoir leur offrir ce qu'on leur offre aujourd'hui?

M. Leitão : Écoutez, encore une fois, ce que nous avons fait en 2014‑2015, il fallait le faire. On était dans une tendance qui n'était pas soutenable. Et ça, je me rappelle qu'on a discuté ça longuement, en 2014, pendant la campagne électorale et après aussi. On ne voulait surtout pas se trouver dans une situation comme certains de nos confrères, de nos pays connus, en Europe par exemple, se sont trouvés... où on a laissé aller le côté dépenses, et puis soudainement il fallait mettre en place la vraie austérité.

Nous, on ne voulait pas aller là et on n'a pas été là. Et pour éviter cela, il fallait, dès 2014, s'assurer que les revenus de l'État augmentaient plus rapidement que les dépenses de l'État, et c'est essentiellement ce que nous avons fait pendant deux ans. Nous nous sommes donné la chance à ce que les revenus rencontrent et même dépassent légèrement les dépenses. Et puis une fois qu'on a retrouvé cet équilibre-là, par la suite, on a recommencé à accélérer, de façon raisonnable, les dépenses des missions. Mais il fallait absolument faire ça en 2014-2015, et, écoutez, je ne regrette rien parce qu'il fallait faire ça. Ç'aurait été illusoire de promettre à la population : Non, non, tout va bien, ne vous en faites pas, et puis de se retrouver dans une situation extrêmement... beaucoup plus précaire deux ou trois ans plus tard.

M. Nadeau (Rémi) : En campagne électorale, les libéraux avaient promis d'abolir la taxe santé et de consacrer la moitié des surplus à des baisses d'impôt. Aujourd'hui, vous fusionnez comme les deux ensemble pour dire qu'on a consacré la moitié de nos surplus à des baisses d'impôt. Mais ce n'est pas un peu tordu? Parce que c'était les deux séparément.

M. Leitão : Non, non. Écoutez, nous, ce qu'on avait dit, c'est que 50 % des surplus accumulés ou des surplus générés iraient à la baisse du fardeau fiscal, et c'est ce qu'on fait. Avec la taxe santé, mais aussi dans le budget de mars dernier, nous avions aussi changé les montants de base. C'était un autre 200, presque 300 millions.

Maintenant, c'est le changement dans les taux d'imposition du premier palier. Donc, tout ensemble, c'est, pour l'année 2017, c'est 2,3 milliards de dollars d'allégement fiscal, ce qui représente quelque chose qui n'est pas très loin de la moitié de nos surplus accumulés. Donc, moi, je trouve qu'on est à peu près... on est tout à fait à l'intérieur de notre engagement.

Le Modérateur : Sébastien Bovet, Radio-Canada.

M. Bovet (Sébastien) : Bonjour, madame. Bonjour, messieurs. Vous baissez donc les impôts sur le revenu de 16 % à 15 %, si j'ai bien compris, là, pour la tranche de 44 000 $ et quelques et moins. Qu'est-ce qui vous fait croire que dans quelques années, le gouvernement du Québec, votre successeur, ne sera pas obligé d'augmenter les impôts quand le cycle de l'économie qui va bien et la rareté des travailleurs sur le marché du travail fera en sorte que finalement l'économie roulera moins bien qu'elle roule actuellement?

M. Leitão : Bonne question, M. Bovet. Ça mérite une réponse d'économiste qui peut durer longtemps, mais je ne vais pas vous garder ici trop longtemps, parce que sinon ça ne serait pas juste pour vous, hein? Moi, j'aimerais bien ça, mais ça ne serait pas juste pour vous.

Écoutez, dans notre plan économique, nos prévisions économiques à moyen terme pour l'année 2018, 2019, 2020 sont très conservatrices. Donc, nous partons déjà d'une base qui est de croissance économique... on arrive même à 1,3 %, 1,4 %, quelque chose comme ça, pour le PIB réel. Donc, c'est déjà très conservateur. Donc, on prend déjà en compte un ralentissement qui pourrait venir surtout d'un manque de main-d'oeuvre. Donc, l'effet démographique est déjà pris en considération. Si on avait gardé la croissance économique au-delà de 2 % à moyen terme, là, oui, on s'exposerait à toutes sortes de critiques très bien fondées. Maintenant, c'est la loi économique qui comprend déjà ce ralentissement dû essentiellement au facteur démographique.

Donc, nos prévisions sont toujours conservatrices, prudentes, et puis en plus de ça, parce que ce n'est pas tout, en plus de ça, il y a deux autres facteurs qui sont importants à tenir en considération. D'abord, nos paiements de dette, paiements d'intérêts sur la dette, présentement, sont beaucoup moins élevés qu'il y a cinq ans ou qu'il y a 10 ans, moins élevés, je veux dire, en termes de proportion de nos revenus. Donc, ça, c'est déjà un changement structurel qui a été mis en place. Notre dette nous coûte moins cher en termes de proportion de nos revenus parce qu'on a réussi à contrôler la croissance de la dette.

Et puis troisièmement, et le plus important, c'est que nous allons maintenir toujours notre réserve, la réserve de stabilisation va avoir toujours un minimum de 1,8 milliard de dollars. Donc, même si nos prévisions très conservatrices s'avéraient... même si quelque chose d'autre arrivait, qui serait encore pire que ça, avec une réserve qui a encore 1,8 milliard, on pourrait faire face à un ralentissement additionnel du PIB de l'ordre de trois points de pourcentage de croissance du PIB.

Donc, je pense qu'on est bien protégés à moyen et à long terme avec un cadre financier qui est très robuste. Et d'ailleurs, ce n'est pas rien, récemment, au mois d'octobre, je pense, le directeur parlementaire du budget à Ottawa avait fait une analyse de la robustesse des finances publiques au Canada, et les seules deux provinces où les comptes publics étaient soutenables à long terme étaient le Québec et la Nouvelle-Écosse. Donc, on est vraiment dans une situation qu'on n'a jamais vu ça chez nous.

M. Bovet (Sébastien) : Merci pour votre réponse relativement courte. Je comprends que le surplus budgétaire pour 2016‑2017 est de 2,4 milliards... 2 361 000 000 $. Quelle est la partie, en termes de montants, qui est un surplus structurel et quelle est la partie, en termes de montants, qui est un surplus contextuel?

M. Leitão : O.K. Pour ce qui est du... la partie qui est récurrente, c'est, parce que c'est ce à quoi vous voulez arriver, donc, du côté des revenus, pour l'année 2016‑2017, il y a... pas tout à fait, mais il y a peu près presque 500 millions de dollars que nous pensons qui sont récurrents du côté des revenus. Donc, ça démontre une amélioration de l'emploi, une amélioration du nombre de personnes au travail. Donc, il y a ça. Il y a aussi un autre 100 et quelques millions, 150 millions, 160 millions qui proviennent de paiements du service de la dette moins élevés que prévu, comme je vous ai dit tantôt. Ça aussi, il y a une certaine récurrence à ces choses-là.

Maintenant, du côté des dépenses, il y a quand même deux éléments importants qui ne vont probablement pas se répéter, mais qui sont importants dans le processus du surplus, mais qui ne concernent pas les dépenses directes de la population. Il y a presque 500 millions, 480 millions, qui proviennent d'un certain retard dans les travaux d'infrastructures, et ce retard est arrivé parce qu'il y a eu un certain délai dans les négociations, dans les conversations avec le gouvernement fédéral pour la phase I du programme d'infrastructures. Donc, il y a eu un certain retard de ce côté-là, et aussi, au Fonds de développement économique, il y a eu un autre 200 et quelques millions. Ce sont des provisions pour pertes qui étaient trop élevées, et donc on a renversé une partie de ça.

Alors, ce ne sont pas des éléments qu'on peut dire qu'ils sont structurels, mais ce sont, en fin de compte, des ajustements qui devraient se faire et qui ont été faits. Mais, du côté des revenus, il y a quand même un bon 500 et quelques millions qui, à notre avis, sont récurrents.

Le Modérateur : Merci. Charles Lecavalier, Le Journal de Québec.

M. Lecavalier (Charles) : M. Leitão, concernant, là, le chèque de 100 $ par enfant, on peut voir qu'il va être versé en juillet, en même temps que le programme d'aide de soutien aux enfants. Pourquoi ne pas juste avoir bonifié ce programme d'aide là? Pourquoi faire un deuxième programme plutôt que de simplement bonifier le programme d'aide de soutien aux enfants, puisqu'ils vont être versés en même temps, là, aux parents?

M. Leitão : Oui, ils vont être versés en même temps et versés par le même organisme, mais ce sont deux choses différentes. Comme vous le savez, le programme de soutien aux enfants est universel, mais il est modulé, donc ça dépend du revenu… Tous les enfants le reçoivent, mais le montant dépend du revenu familial. Le 100 $, c'est pour les enfants en âge scolaire, donc de quatre à 16 ans. Donc, ce n'est pas tous les enfants, c'est les enfants d'âge scolaire, parce que c'est vraiment ciblé pour les fournitures scolaires. Et il n'est pas imposable. Il ne dépend pas du revenu des parents. C'est 100 $ par enfant en âge scolaire. Donc, c'est pour ça qu'il devait être fait différemment. On ne pouvait pas l'inclure dans le programme existant.

M. Lecavalier (Charles) : O.K. Puis peut-être… Bien, justement, deuxième question : Pourquoi ne pas l'avoir modulé en fonction du salaire des parents, comme vous l'avez fait, par exemple, pour les tarifs de garde, hein, pour une question de justice sociale?

M. Leitão : Écoutez, étant donné le montant en question, ça aurait été, à notre avis, très complexe à mettre ça en place, à le rendre… à aller concrétiser. Ça aurait été assez complexe pour 100 $ une fois par année. Donc, c'est beaucoup plus simple, beaucoup plus efficace de le faire comme ça. C'est universel pour tout le monde, indépendamment du revenu.

Le Modérateur : Merci. Mathieu Dion, Radio-Canada.

M. Dion (Mathieu) : Il y a un mouvement démographique où il y aura de moins en moins de payeurs de taxes sur le marché du travail dans l'avenir, je parle, dans 10 ans, là. Vous baissez les impôts aujourd'hui. On ne sait jamais ce qui peut arriver avec l'économie. Vous dites, oui, que ce sont des prévisions conservatrices que vous avez aujourd'hui. Êtes-vous en mesure aujourd'hui de nous dire que, si votre gouvernement est encore en place, je ne sais pas, dans 10 ans, que vous n'allez pas augmenter les impôts, que ces impôts-là, que cette baisse-là, aujourd'hui, ne sera pas payée par les jeunes qui sont dans la trentaine aujourd'hui et qui formeront le grand bassin de travailleurs plus tard?

M. Leitão : Écoutez, d'abord, une chose, on n'anticipe pas une diminution du nombre de payeurs de taxes. Il y a un enjeu démographique. On anticipe que la population active va probablement diminuer un petit peu ou, en tout cas, stagner pendant un certain nombre d'années pour se remettre, par la suite, à accélérer. Mais il y a un autre élément que vous avez omis de mentionner, il y a aussi de l'immigration. Donc, de dire catégoriquement que le nombre de travailleurs d'ici cinq ans va être moins élevé qu'il ne l'est aujourd'hui, pas sûr que ça va être le cas.

Nous, on aimerait bien avoir une main-d'oeuvre en croissance. Une croissance de la main-d'oeuvre de 1,5 %, 2 % par année, ce serait extraordinaire. On n'est pas là, mais je ne suis pas prêt à dire que ça va être négatif que ça. Ça va dépendre en partie de qu'est-ce qu'on fait avec l'immigration, qu'est-ce qu'on fait avec les migrations interprovinciales. Comme vous savez, là, au Québec, on a un solde négatif, traditionnellement. Si on arrive, dans les années à venir, puisque notre économie va bien et puisque nous gérons bien les finances publiques, à convaincre les Québécois de rester et même, qui sait, à d'autres Canadiens de venir s'installer au Québec, ça pourrait aussi contrer ces effets démographiques.

Je ne suis pas en train de vous dire que la démographie n'a pas un effet. Ça va avoir un effet, bien sûr, mais je ne vois pas cet effet-là comme étant un effet tellement négatif qu'on aura une réduction du nombre de travailleurs et de payeurs de taxes. Mais il y en a un autre facteur qui peut et qui a été construit comme ça, fait un contrepoids à ces enjeux-là, c'est le Fonds des générations. Nous avons les Fonds des générations qui a présentement... en mars, à la fin de l'année fiscale, en mars 2018, on va être rendus presque à 13 milliards de dollars, et les contributions au Fonds des générations sont de plus en plus significatives. Donc, le Fonds des générations permet aussi d'amortir un peu les effets néfastes d'une baisse de la croissance économique. Mais la croissance économique dépend, oui, donc, du nombre de travailleurs, mais dépend aussi de la productivité. Et donc, si on est capable d'accélérer la productivité, même avec un nombre de travailleurs qui reste stable, on peut continuer à avoir un taux de croissance qui est élevé. Donc, il y a beaucoup de facteurs dans la réponse.

Une très longue réponse à une courte question, mais tout ça pour vous dire qu'en tous les cas, nous, avec le cadre financier que nous avons ici, on ne va pas augmenter les taxes et impôts. Un futur gouvernement... Je ne peux pas garantir qu'est-ce qu'un futur gouvernement fera, mais je vois, quel que soit ce gouvernement à l'avenir, de penser qu'on peut augmenter le fardeau fiscal au Québec quand on a déjà un écart considérable vis-à-vis nos voisins, c'est extrêmement périlleux, pour quelque gouvernement que ce soit à l'avenir, de songer à une telle chose.

M. Dion (Mathieu) : Une petite précision sur les 105 millions par année ajouté en services auprès des aînés en établissement. Est-ce que vous avez des mesures très, très précises à cet égard-là ou c'est… Est-ce que c'est, par exemple, les ressources intermédiaires? Est-ce qu'il y a quelque chose…

M. Leitão : Bon, ça, ça va être précisé par mon collègue le ministre de la Santé et des Services sociaux. Dans le plan, oui, nous avons… Vous savez, ce n'est pas qu'on a ajouté juste ça dans le très budget de la santé de 36 milliards, et puis ça disparaît un peu. Donc, il y a certains critères, mais, pour la mise en oeuvre de ces mesures, c'est le ministère de la Santé qui va le faire.

Le Modérateur : Merci. Robert Dutrisac, Le Devoir.

M. Dutrisac (Robert) : Oui. Donc, essentiellement, là, vous décidez de réduire le fardeau fiscal des Québécois. Vous accordez certaines sommes relativement modestes, là, par exemple, aux grandes missions que sont la santé, l'éducation. Est-ce à dire que vous considérez qu'il y a suffisamment d'argent, que, finalement, les services, à l'heure actuelle, en santé en particulier, sont suffisamment développés pour être satisfaisants, là, et que, là, on peut véritablement faire des baisses d'impôt?

M. Leitão : O.K. Ce que nous annonçons dans la mise à jour, pour la santé, éducation, sont des sommes additionnelles. Dans le budget de mars dernier, on avait déjà annoncé un réinvestissement significatif en santé et en éducation. 3,4 milliards sur cinq ans en éducation, c'était déjà dans le budget de l'année... mars dernier. En santé, on était, je pense, à deux milliards, sur deux ans, additionnels. De telle façon que les dépenses en santé et services sociaux, pour cette année qui est en cours, elles vont être de 4,5 %. Donc, le budget du ministère de la Santé, en 2017‑2018, va augmenter de 4,5 %. C'est considérable.

M. Dutrisac (Robert) : Et combien de centaines de millions vont aller aux augmentations, là, pour les médecins?

M. Leitão : Bon, ça, on est encore...

M. Dutrisac (Robert) : Deux milliards... Vous êtes à combien, là, un milliard? Un milliard? La moitié de ça?

M. Leitão : On est encore en train de... Les négociations se poursuivent avec les fédérations médicales, particulièrement les spécialistes. Nous, ce qu'on a inclus dans notre cadre financier, c'est une augmentation de 3 %, mais le final devra se faire... Les négociations se poursuivent, mais...

M. Dutrisac (Robert) : 3 % de la masse, oui.

M. Leitão : C'est ça, mais les ordres sont donnés.

M. Dutrisac (Robert) : La baisse d'impôt de 2,3 milliards, évidemment, ce n'est pas ce que ça va coûter au Trésor québécois, parce que ça va générer de l'activité économique.

M. Leitão : Ah! une autre question économique.

M. Dutrisac (Robert) : Et je voulais savoir, M. Monty, par exemple, M. Monty, vous évaluez à combien au net le coût pour l'État, le Trésor québécois? Autrement dit, quelles sommes vous allez récupérer de cette somme qui va être injectée dans l'économie?

M. Monty (Luc) : C'est une autre chose, mais ce que ça coûte, c'est 2,3 milliards.

M. Leitão : Ça, ça coûte 2,3 milliards. Cette année...

M. Dutrisac (Robert) : Oui, mais ça va générer de l'activité.

M. Monty (Luc) : Si les déclarations étaient demeurées identiques ou demeuraient identiques, on aurait 2,3 milliards de plus.

M. Dutrisac (Robert) : Oui, mais justement, vos calculs en fonction de la stimulation de la demande, de l'activité économique, ça vous donne combien? Combien va retourner dans les coffres de l'État, là, là-dessus?

M. Leitão : Il y a une partie... bien sûr que le modèle nous dit qu'il va y avoir un effet positif, mais étalé sur un certain nombre d'années. Ce n'est pas immédiat. Les réductions d'impôt ne se paient pas d'elles-mêmes, là. Le «supply-side», je ne crois pas à ça.

M. Dutrisac (Robert) : Oui, d'accord.

Le Modérateur : Merci. Francis Vailles, LaPresse. Est-ce que vous aviez des questions?

M. Vailles (Francis) : ...médecins spécialistes, 3 %, ça, c'est 3 % de plus par année? Juste une précision là-dessus.

M. Leitão : C'est une augmentation de 3 % de la masse salariale. C'est ce qui est prévu dans le cadre financier. Maintenant, pour les détails de cela, il va falloir que les négociations se fassent entre le Conseil du trésor et la Fédération des médecins spécialistes.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Une petite question, M. le ministre, si vous me le permettez.

M. Leitão : Vous avez le droit, vous aussi?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui. En 2014, le premier ministre Philippe Couillard participait au Conseil de la fédération puis, comme ses homologues, il disait que le gouvernement fédéral devait aller à la rescousse des provinces, à défaut de quoi elles seront aspirées dans la folle spirale de l'endettement. Ça, c'était basé sur un rapport du Conference Board du Canada. Et les premiers ministres provinciaux ont tour à tour dénoncé, dans le fond, le retour du déséquilibre fiscal. Est-ce que le déséquilibre fiscal existe toujours aujourd'hui?

M. Leitão : Une autre question où un économiste va vous donner une très longue réponse. Je vais essayer d'être bref.

Je pense que vous faites allusion au... le contexte de cette citation, c'était les transferts en santé. Donc, le fait que les provinces, à très long terme… à long terme, allaient faire face à une pression forte sur leurs dépenses publiques en santé pendant que ce qui était prévu pour le gouvernement fédéral était des transferts très, très, très modestes. Et donc, de ce point de vue là, oui, à long terme, on reverrait se créer un déséquilibre fiscal entre les provinces et le gouvernement fédéral, pas cette année ou pas l'année passée, mais, si rien ne changeait, à long terme, ce déséquilibre se manifesterait à nouveau.

Depuis cette étude du Conference Board et ces réunions-là, il y a eu l'accord... bon, l'accord, c'est un gros nom. Il y a eu une entente, enfin, de transfert, fédérale-provinciale, pour la santé. Nous avons quand même réussi à négocier des éléments un peu additionnels, mais je ne vous cache pas qu'on est déçus. Ce n'était pas ce à quoi on s'attendait. Et on reviendra, on reviendra à la charge. Pour cette année, l'année prochaine, enfin, pour les cinq prochaines années, ça ne nous cause pas de problème. Je pense que les transferts fédéraux en santé pour les cinq prochaines années sont convenables, mais le problème de fond n'a pas été réglé, et donc il va falloir retourner à la table de négociation pour régler le long terme.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Merci. M. Blais, dans la mise à jour économique et financière du gouvernement, il y a 40 millions de dollars qui sont prévus pour l'année en cours. C'est essentiellement afin de bonifier les prestations d'aide financière de dernier recours?

M. Blais : Non, je pense que, pour l'essentiel, c'est pour la prime au travail, donc, qui est identifiée. C'est une mesure fiscale, donc elle devait être nécessairement être présentée aujourd'hui. Les autres mesures vont être présentées un peu plus tard.

Le Modérateur : Très bien. Est-ce qu'il y a d'autres questions en français? Non? Alors, Maya Johnson, CTV.

Mme Johnson (Maya) : Hello, Mr. Leitão. What do you say to those critics who are arguing that this surplus was built on the backs of Quebeckers who had to endure painful cuts over the past three years, cuts to services such as health and education, in order to have this surplus so that you could be giving out goodies, essentially, with less than a year before an election?

M. Leitão : Well, if we are… not if, we are announcing today for the tax reductions, because we started doing that already last year, this year we add another billion dollars to it. And if we do it now, it's because we can do it now, because now we have the sufficient margin to do that.

Now, did we built this margin on the back of, you know, massive cuts to public services? No, we did not. In fact, I had a little chart here that shows that, in health and social services, the budgets never really declined. Year after year, there was always an increase in the budget for health care, for example. What we did is we slowed the pace of growth in program spending in 2014 and in 2015. Why did we do that? We did that because, at that time, we were facing what was, you know, a situation of structural deficits. Spending was on a trend that, if left alone, would be extremely difficult to contain.

So we had to take aggressive measures, which we did, to slow the pace of spending growth, which we did. And by the way, the most important component of our task to slow spending growth was controlling the number of people that work for the government.

We really put, you know, put a stop to hiring temporarily and then, after that, we made sure that the increases in the total number of people working for the government were, you know, much more modest than in the previous five year period.

So it was through a more, you know, rigorous management of public spending that we were able to build some margins and then, on top of that, the economy started to perform very well, particularly in 2016, 2017, and there is a good fraction of the economy, the employment very strong, a lot more people at work, a lot more people paying taxes that the Government revenues have been taking off as well.

Mme Johnson (Maya) : If I could just ask one more question. Earlier, in French, you suggested that the other parties had come up with improvised or fictionalized plans. Can you just give us some examples? What did you mean by that?

M. Leitão : Well, there is one… on one hand, you have some political parties that are, you know, hell-bent on spending more. Anything, any reason, any pretext is good to increase spending. And they would, you know, increase spending in health and education by billions and billions of dollars, never telling us exactly how that would founded, where would that money come from. Just spend more. On the other side, you had another political party that was also hell-bent on much more, you know, rapid tax cuts and cutting taxes already back in 2015. How would they have done that? With what money would they have cut taxes back in 2015?

So our approach is a much more balanced approach. We reduce taxes when we have the means to do that and we maintain the funding of public services at what we consider to be an appropriate level because that is what people want. People want particularly health care and education to be properly funded. And this year, for example, the total budget of health care increased by 4.2%. When you start, you know, to get into these areas and health… no, sorry, health is 4.2%, education is almost 5%. These are big numbers, they are big increases in the budgets of those two big missions of the State.

Le Modérateur : Merci. Philip Authier, The Gazette.

M. Authier (Philip) : Good afternoon, sir. Are these tax cuts going to help you win the next election?

M. Leitão : Well, these tax cuts are intended to give the population some breathing space. It's something that we said we would do, something that we started doing already in 2015. In 2015, that was when we first alluded that the health tax would be eliminated very gradually. Then, as time went by, we were able to accelerate that and then now, we're able to give it one more shot with the reduction in income tax rate.

We do it now because now we can do it. Last year, I wouldn't have been able to do that, it would not have been the responsible thing to do. This year, right now, we can do it and therefore, since Quebeckers have the highest tax burden in Canada and we can lighten their burden, then yes…

M. Authier (Philip) : But a cynic would say, this close to the next election, you're doling out the candy.

M. Leitão : Well, we are 10 months away or 11 months away from an election and, as you know, 11 months in politics is a lifetime. Who knows what's going to happen in the next 11 months? But the thing is now we can do it, so we do it.

M. Authier (Philip) : My third subquestion, since some media have asked 12 — just kidding — the reform you're proposing here of the school tax system, are you proposing to eliminate the English tax system from the French tax system in the school board system or... You talk about creating a regional rate. Does that mean there will not be a difference between the two... I see Mr. Monty shaking his head, so...

M. Leitão : It's not like that. You can imagine... You know the Montreal system quite well, where there's one unified tax rate for the whole island of Montreal, different school boards but one tax rate. It's something like that that we want to have in different regions. So there'll be a regionalization of the tax rate and it will be unified at the lowest tax level in that particular region, but there will still be different regions.

Une voix :

M. Leitão : Yes, we don't tax school boards. We're not going to play that movie .

M. Authier (Philip) : You tried that already. Yes, yes.

M. Leitão : No, no, school boards stay as they are. This is just on the tax, on the school tax system.

M. Authier (Philip) : OK. How big of a problem is it? Is this…

M. Leitão : It's a big problem because you have a great deal of inequity. As things stand now, people can switch from an English… people that don't have children in school can choose to pay their school taxes in one school board or the other, depending on whichever is more attractive to them on a… purely on financial terms, and this creates a great deal of inequity because you can have people in the same city or the same village, the same town, that have similar properties, but pay very different school taxes because they send their tax money to the English school board or to the French school board. So we are going to unify, on a regional basis, the tax rate at the lowest level in that region.

Le Modérateur : Merci, M. Authier, pour vos quatre questions. Raquel Fletcher, Global News.

Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon, everyone. I just have a question about your plan where you say you want to lift 100,000 people out of poverty. So you're putting aside $2.6 billion over six years. However, according to the numbers that you provided us, I think it's about 2.4 million people who file their income tax, don't pay any taxes. I think that works out to about 37%.

So I don't want to ask you from, like, a moral perspective, I want to ask you more from an economic perspective, is that the reason that those 37% of people aren't paying tax, because they don't make enough money to pay tax? So what kind of impact would that be if you could get them to earn enough to pay tax? Like, I'm just wondering why… So, if we have 2.4 million people who are not paying tax, but then your anti-poverty plan is to get a 100,000 people out of poverty, it doesn't seem to add up.

M. Leitão : There's a couple a things. The people that don't pay any income tax is because they have a relatively low income. It doesn't necessarily mean that they are poor, it means that their income from work is relatively low. They may work part-time, for example, but if they are, you know, a single mother or they have children, there's a whole bunch of other, you know, Government programs that address their issues. So their disposable income is relatively high, relatively… it's not high, but their disposable income allows them to have, you know, a reasonable standard of living, even if their income from work is relatively low.

Now, we have another group of people that don't work at all because they can't or, for whatever other reason, that they're on social assistance, and those people are really, really poor. The amount on social assistance are low and that's the population we are trying to target. So we want to get a 100,000 people out of poverty. It's especially those that don't participate in the labor market for whatever reason, that are not working, that are only relying on social assistance, on welfare, and that is very low.

Mme Fletcher (Raquel) : And that will have… Have you been able to calculate what kind of economic benefit that will have to have those 100,000 people working?

M. Leitão : Well, it's more… The issue for us is more one of equity, one of social justice, because, you know, it's very difficult for anyone to live with, you know, just the amount on social assistance. So we want to help people get out of that trap, of the welfare trap, and then, eventually, as they get out to welfare trap, they get back into the labor market and then, you know, they have a chance to start contributing, and eventually they'll start paying taxes, but that's down the road. We're not making any sort of assumptions about that right now.

Eventually, they'll work and pay taxes, but, for now, the objective is to give them a more decent standard of living by increasing the help that the State gives them.

Mme Fletcher (Raquel) : OK. Thank you.

M. Leitão : J'ai bien fait?

M. Blais : ...some occasion to speak about the plan in the next days.

Mme Fletcher (Raquel) :OK. You're offering now a 500 $ tax cut to each Quebecker, which is essentially what the CAQ has been calling for for a while now, I think a couple of years. Now that we're approaching the election, do you hope to basically be able to cut that out of their election platform, they can't campaign on that aspect anymore because you've already done it?

M. Leitão : Well, that's a good question for you to ask them. I don't know, but I think the cue word is, to me… that you mentioned, is that they have been talking about this now for a couple of years, but it wasn't properly, you know, fought out on their side, how they have done it. In 2015, if they were going to do that, 2.3 billion, where would that have come from? Maybe of the Generations Fund. So, it was never very, very clear on their part, how they would have financed such a relatively large tax cut back in 2015.

We are doing it now because now we can, because now we have the sufficient fiscal room to do that. You should only… one should only cut taxes with the money one has on hand. One should not cut taxes by either, you know, taking money out of the Generations Fund, which is our children savings account, or going further into that. So the question I would have for them… sure, you were promising that two years ago, but it wasn't serious, it wasn't properly fought out, it wasn't provided. We can do it now, so we are doing it.

Mme Fletcher (Raquel) : Merci.

Le Modérateur : Merci. Y a-t-il d'autres questions? Oui?

Mme Page (Julia) : I'll only have one, since it's getting late. CBC News, Julia Page. I'm wondering, given chronic underfunding that some groups are still reporting, whether it be women shelters, any kind of support groups, wouldn't investing in them and having that $2.3 million surplus be better invested than that meager 278 $ that I'll get as a citizen? In other words, my question is : Did we really have that room to give this tax cut?

M. Leitão : Well, I think we do. I think we do because, in terms of, you know, in terms of social services, again the budget of that ministry have been increased significantly both in the last budget of March 2017, a little bit more in this update, and there will be one other budget in March 2018, we'll see what we can do about that at that time.

As you know, we've also had a significant restructuring of the entire health care system with Bill 20, with Bill 10. There has been the creation of the CIUSSS, there has been the merger of a lot of many different agencies. So that has consumed a lot of time and effort on the part of the «gestionnaires», on the part of the managers. And I think now that this is settling, and I think now we're beginning to see the benefits of these significant structural changes, and so now I think, as we improve the funding of that ministry, I think there's a much greater chance that those additional funds will be put to good use.

Le Modérateur : Merci beaucoup. Bonne fin de journée.

M. Leitão : Merci à vous. Merci beaucoup et bonne journée.

(Fin à 16 h 32)

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