(Onze heures vingt-huit minutes)
M. Jolin-Barrette :
Alors, bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, j'ai déposé deux projets de loi à l'Assemblée
nationale. Le premier projet de loi, le projet de loi n° 994, la Loi
modifiant la Loi sur la distribution de produits et services financiers dans le
but d'instaurer un registre des assurances individuelles sur la vie pour
assurer le paiement des produits d'assurance-vie aux bénéficiaires concernés,
ainsi que le projet de loi n° 995, Loi modifiant la Loi sur les
arrangements préalables de services funéraires et de sépulture afin que les
contrats d'arrangements préalables de services funéraires soient inscrits au
registre des droits personnels et réels mobiliers. Alors, deux projets de loi
qui visent, dans un premier temps, les assurances vie, dans un deuxième temps,
les arrangements préalables de services funéraires.
Pourquoi
est-ce que j'ai déposé ces deux projets de loi là actuellement? Eh bien, c'est
pour faciliter la vie des Québécois parce que, dans un premier temps au niveau
des assurances vie, au Québec, les Québécois s'assurent, mais par contre il
n'existe pas de registre des assurances vie. Il y en a un qui est prévu dans la
Loi sur la distribution des produits et services financiers, mais il n'est pas
encore en vigueur. Alors, nous, on veut le rendre obligatoire pour faire en
sorte que, lorsqu'une personne décède, bien, sa famille, ses héritiers, ses
enfants puissent bénéficier du produit d'assurance vie associé à l'assurance
vie qui avait été contractée par la personne parce qu'actuellement il y a des
centaines de milliers de dollars, voire des millions, qui se retrouvent dans
les coffres de l'État, ultimement, parce qu'ils ne sont pas réclamés.
Alors, si on
souscrit une assurance vie pour le bénéfice de nos proches, il faut que
l'argent, au moment de notre décès, serve à nos proches. Et actuellement il n'y
a pas de moyen de savoir si votre parent qui est décédé avait une assurance
vie. Ce n'est pas comptabilisé, ce n'est pas inscrit dans un registre. Donc, on
veut modifier ça pour faciliter la vie des gens, surtout que, lorsqu'on a un
proche qui décède, on est dans une situation de vulnérabilité, c'est difficile,
parfois on ne sait pas où s'adresser.
Alors, dans ce
cas-ci, ce qu'on fait, c'est qu'on crée un registre des assurances vie. Donc, à
partir du moment où vous achetez une assurance vie, bien, elle va être inscrite
au registre, et vous allez pouvoir la consulter. Et même, parfois, vous ne vous
souvenez pas que vous avez vous-même souscrit à une assurance vie il y a 30
ans, il y a 40 ans. Donc, on se retrouve avec des cas, des gens qui sont chez
le notaire, qui ne s'en souviennent pas et qui ne l'inscrivent pas dans leur
testament.
Alors, la mesure qu'on propose, c'est un
registre pour les assurances vie individuelles qui va faire en sorte que vous
allez pouvoir savoir, un, si vous en avez une, qui sont les bénéficiaires de
l'assurance vie que vous avez contractée, et, deuxièmement, les héritiers vont
pouvoir s'adresser à ce registre-là pour recevoir le paiement et pour être
payés, bénéficier du produit d'assurance vie.
Le deuxième projet de loi que j'ai déposé aujourd'hui,
qui va de pair avec le registre des assurances, est celui sur les arrangements
préalables de services funéraires. Lorsque les gens vont aux maisons funéraires
et qu'ils contractent un préarrangement funéraire, à ce moment-là, il n'y a pas
de traces, il n'y a pas de registre. Vous avez votre facture, vous avez votre
contrat, mais votre famille n'est pas nécessairement au courant. Et, lorsqu'arrive
un décès, la famille, généralement, procède aux funérailles dans la semaine qui
vient. Mais, dans la semaine qui vient, vous n'avez pas été chez le notaire et
vous n'avez pas nécessairement eu accès au testament. Même si le préarrangement
était inscrit dans le testament, le testament, à cause de la recherche
testamentaire, ça prend plusieurs semaines avant de l'obtenir, et les
funérailles sont déjà passées.
Donc, ce qu'on veut faire, c'est, lorsque
vous payez un préarrangement funéraire, bien votre famille, vos proches, quand
vous décédez, vont pouvoir aller à la maison funéraire, et la personne à la
maison funéraire va devoir consulter un registre pour voir s'il n'y a pas déjà
un préarrangement qui a été vendu dans le passé au défunt. Et là vous allez
pouvoir vous adresser à cette maison funéraire là. Dans le fond, l'idée, c'est
de ne pas payer en double et surtout de faciliter la vie des familles
endeuillées au niveau des préarrangements funéraires.
Donc, dans les deux cas, on veut la
création d'un registre qui est déjà existant, le Registre des droits
personnels, réels et mobiliers, au niveau du préarrangement funéraire, et le
registre des assurances, qui existe déjà et qui est géré par l'AMF. Donc, on ne
crée pas de nouvelles structures. C'est vraiment pour faciliter la vie des gens
dans cette épreuve qui est difficile et surtout pour que l'argent des
assurances vie retourne aux gens qui sont les bénéficiaires, pour lesquels on a
placé de l'argent de côté, on a acheté une assurance vie pour nos proches, pour
ne pas qu'ils soient dans le trouble au moment où on décède, et, deuxièmement,
pour les arrangements préalables funéraires, pour faire en sorte que vos
dernières volontés soient respectées et que ce registre des arrangements
préalables funéraires, ça vous évite de... à votre famille de payer une
deuxième fois pour quelque chose que vous avez déjà payé.
M. Lavallée (Hugo) : Et
ça va coûter combien mettre en place ces deux registres-la?
M. Jolin-Barrette : Il
s'agit de coûts minimes, en fait, parce que les deux registres existent déjà. Au
niveau des assurances vie, vous avez déjà, lorsque vous êtes un assureur... à
l'AMF, c'est géré par l'AMF, il y a le registre des assureurs. Donc, il s'agit
simplement de rajouter des données à ce registre-là, qui est déjà existant, qui
est géré par l'AMF.
Et, au niveau des arrangements préalables
de services funéraires, alors là c'est le Registre des droits personnels, réels
et mobiliers, qui existe déjà. Exemple, si vous êtes marié, votre régime
matrimonial, il est publié déjà sur ce registre-là. Si vous achetez une auto à
crédit, bien, le droit réel, il est publié à ce niveau-là.
Donc, il s'agit uniquement d'ajuster ces
deux registres-là. C'est la proposition législative que l'on fait. D'ailleurs,
il y a plusieurs intervenants qui sont en faveur de la création de ces nouveaux
registres là. Les professionnels du droit, les notaires, nous le disent que,
lorsqu'ils règlent une succession, bien, parfois, ça arrive qu'ils ne
réussissent pas à retracer les assurances vie, puis, dans le fond, le contrat
de préarrangement funéraire, bien, il est déjà passé puis il n'est pas
remboursable. On se retrouve dans une situation où l'obligation n'a pas été
exécutée.
Alors, c'est vraiment par souci
d'accompagner les gens et un souci de protection du consommateur parce qu'en
matière d'assurance vie il y a des sommes importantes qui sont laissées auprès
des assureurs parce que la formule, la façon que ça fonctionne, c'est que l'assureur
doit payer à partir du moment où elle est informée du décès, mais elle ne sera jamais
informée du décès si vous ne savez pas que votre parent ou votre proche a
acheté une assurance vie.
Et sinon, l'assureur garde l'argent
jusqu'à l'âge de 100 ans de la personne qui était assurée, et ensuite c'est
versé au Registre des biens non réclamés pour une période de 10 ans, et ensuite
c'est versé au fond consolidé. Alors, on demande au ministre des Finances, M. Leitão,
ou d'appeler notre projet de loi ou d'incorporer dans son projet de loi sur les
produits financiers ces deux projets de loi.
M. Lavallée (Hugo) : O.K.
Donc, si les projets de loi ne sont pas appelés, on comprend que ça va faire
partie de votre programme électoral pour les prochaines élections? Vous allez
revenir avec ça?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est une proposition, effectivement, que l'on fait et qui se retrouvera très certainement,
là, dans notre plateforme électorale. L'idée, c'est de protéger les
consommateurs québécois et surtout de faire en sorte, quand vous invertissez
des centaines, des milliers de dollars pour assurer la santé financière de
votre famille, s'il vous arrive quelque chose, si vous décédez, bien, c'est important
que vos bénéficiaires, dans le fond, vos proches, votre famille, vos enfants
puissent bénéficier de l'argent de l'assurance vie et qu'on puisse retracer
cette assurance vie là. Actuellement, il n'y a pas de mécanisme, et c'est une
grosse lacune.
Une voix
: Merci
beaucoup.
M. Jolin-Barrette :
Merci à vous tous.
(Fin à 11 h 35)