(Douze heures quarante-sept minutes)
M. Legault
: Oui,
bonjour, tout le monde. Bien, d'abord, un mot sur la mise à jour économique
d'hier.
Vous avez été plusieurs à dire que le gouvernement
libéral s'était beaucoup inspiré de la CAQ. C'est ce qui m'a amené à féliciter
le premier ministre. Il faut quand même le féliciter les rares fois où ils font
un bon coup.
Écoutez, ça a pris quand même deux ans. Ça
fait deux ans qu'on demandait que l'argent qui était pris dans le portefeuille
des familles soit remis aux familles. Donc, on est contents, même si c'est deux
ans en retard. Je pense qu'on peut dire que c'est une victoire de la CAQ, une
victoire des Québécois. À force d'insister, le gouvernement libéral a reculé.
Donc, si on est capables de faire ce genre de gain dans l'opposition, imaginez-vous
ce qu'on va être capables de faire, une fois rendus au gouvernement.
Évidemment que la mise à jour économique
d'hier n'efface pas 15 années de gouvernement libéral où on a
continuellement pigé dans les poches des Québécois, mais, bon. Évidemment, on
se dirige rapidement vers l'élection du 1er octobre 2018. C'est important
de vous répéter que la CAQ va avoir un programme économique, va avoir un programme
en santé, en éducation, donc va faire des nouvelles propositions en plus des
propositions qu'on a déjà faites et qu'on va maintenir. Je comprends que M. Couillard
aimerait connaître nos propositions de 2018. Vous allez nous laisser le temps
de compléter notre plateforme, de bien s'assurer que tout balance.
Mais la remarque que j'ai faite ce matin à
M. Couillard, c'est qu'on a un gouvernement qui est résigné à ce que le Québec
paie toujours plus de péréquation. Lorsque le gouvernement libéral est arrivé
au pouvoir en 2003, au moment où je venais de faire les finances d'un Québec
souverain, c'était 4 milliards, la péréquation. Dans deux ans, on va être
rendus à 12 milliards. Donc, la péréquation a triplé avec les libéraux.
Puis M. Couillard a l'air de se
réjouir de ça. M. Couillard a l'air heureux d'être content de la
croissance économique. Pourtant, je vous rappelle, quatre prochaines
années : 1,8 %, 1,5 %, 1,4 %, 1,2, ce sont les prévisions
et du ministre des Finances et les prévisions des économistes privés. Évidemment
que ce n'est pas avec ça qu'on va faire le rattrapage qui est nécessaire pour
éliminer l'écart de richesse entre le Québec et le reste du Canada. Ce n'est
pas comme ça qu'on va éliminer la péréquation.
Évidemment, M. Couillard voudrait nos
recettes. Je l'invite d'abord à lire mon livre sur le projet Saint-Laurent. Il
y a déjà beaucoup de recettes pour éliminer une bonne part de l'écart avec le
reste du Canada et éliminer la péréquation. Évidemment, il y aura d'autres
mesures qui seront annoncées. Il y aura un programme économique complet, mais
ça sera fait en temps et lieu.
La Modératrice
: Merci.
On va passer à la période de questions. Commençons par Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : M. Legault,
M. Couillard vous a donné 24 heures pour donner votre recette pour
éliminer la péréquation.
M. Legault
: Bien,
je lui demande de lire mon livre Projet Saint-Laurent. Déjà, il en
aurait un gros bout de fait. Moi, je suis prêt à débattre avec lui. Je suis
prêt à avoir un débat, là, devant une audience, en public.
Je suis content qu'il s'intéresse à la
péréquation, parce que M. Couillard n'arrête pas de dire que l'économie du
Québec va bien. Comment peut-il dire que l'économie du Québec va bien, alors
qu'on va passer de 11 à 12 milliards de dollars de péréquation par année? Je
rappelle, la péréquation, c'est un montant que le Québec reçoit parce qu'on est
plus pauvre que le reste du Canada. Ce montant-là n'arrête pas de grandir. Moi,
j'ai l'ambition de l'éliminer.
Évidemment, il peut lire mon livre, il
peut attendre, être patient, là, de voir tout notre programme économique, mais
en temps et lieu.
La Modératrice
: Merci.
Marc-André Gagnon...
M. Laforest (Alain) : Je
peux-tu en poser une deuxième?
La Modératrice
: Oh! Bien
oui, excusez-moi! Pas de problème.
M. Laforest (Alain) : J'aimerais
ça, si ça ne vous fait rien.
M. Legault
: Bien
oui!
M. Laforest (Alain) :
Est-ce que vous avez l'impression qu'il vient de vous déclarer la guerre? Il
semble nerveux, là.
M. Legault
: Bien,
je pense que oui. Je pense que Philippe Couillard est un peu en panique, là. On
le voit, là. Toutes les réponses aux questions, que ça soit des questions de
Québec solidaire, des questions du PQ, les réponses ont toujours un lien avec
la CAQ. Donc, il y a peut-être une obsession, une panique du côté de
M. Couillard, mais c'est son problème.
La Modératrice
:
Marc-André Gagnon, Le Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) :
M. Legault, bonjour.
M. Legault
: Oui!
M. Gagnon (Marc-André) :
De la mise à jour économique, beaucoup de gens ont dit que c'était à saveur
préélectorale. Quand on vous entend aujourd'hui et qu'on vous voit débattre
avec M. Couillard, tant en Chambre que sur Twitter, on a l'impression que
la campagne électorale est bel et bien commencée.
Il y a toute, aussi, la question de la
publicité gouvernementale. M. Lisée disait ce matin que c'est pratiquement
un détournement de fonds publics que les Libéraux font. Qu'en pensez-vous?
M. Legault
: Bien,
je pense que ça n'a pas de bon sens, la publicité, là, hein? On essaie
d'écouter un match de hockey ou une émission à la télévision, puis à toutes les
deux minutes : On était là, on s'en va là... Puis toutes les pubs du
gouvernement libéral — je n'en ai jamais vu autant que ça — c'est
des pubs, souvent, qui s'intéressent aux entrepreneurs, hein, des pubs, entre
autres, d'Investissement Québec. Je ne sais pas ce que ça fait comme grand
public, mais, de toute évidence, là, les Libéraux ont décidé de dépenser des
millions pour essayer d'aller chercher plus de support. Mais, de toute évidence,
ça ne marche pas. Mais, moi, je pense que ces dépenses de publicité là
devraient être calculées dans des dépenses électorales du Parti libéral.
M. Gagnon (Marc-André) :
Donc, est-ce qu'on doit resserrer les règles? Est-ce que vous demandez à ce que
le DGE se penche sur la question? C'est un des effets pervers un peu aussi des
élections à date fixe.
M. Legault
: Oui.
Je pense que c'est une question de jugement. Ce n'est pas une question de loi.
Évidemment, quand un gouvernement propose des mesures puis veut expliquer ces
mesures-là à la population, il peut le faire par publicité. Mais là, d'être en
train de se vanter d'un supposé bon bilan en santé, en éducation, en économie,
alors que ce n'est pas vrai, je trouve que oui, c'est un peu du détournement de
fonds publics.
La Modératrice
: Merci.
Mathieu Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) : Hier,
dans la mise à jour économique, on apprenait qu'une des prochaines baisses
d'impôt qui allait survenir, notamment dans le budget provincial, ce sera la
taxe scolaire. Il va y avoir du mouvement à ce niveau-là. Avez-vous
l'impression que le gouvernement de Philippe Couillard va vous voler une
autre idée?
M. Legault
: Bien,
écoutez, Philippe Couillard avait promis, durant la campagne électorale de
2014, qu'il n'y aurait aucune augmentation de taxe scolaire de plus que
l'inflation. Philippe Couillard a menti, il a rompu cette promesse-là. Cette
fois-ci, il nous en fait une autre, promesse. Ça fait que vous allez me
permettre d'attendre de voir les propositions avant de les commenter.
M. Dion (Mathieu) : Mais,
quand même, il y a une diminution... en tout cas, rendre le taux de taxation
uniforme de façon régionale et également de diminuer le taux de base de façon
générale. Bref, on en comprend que ça pourrait représenter une importante
baisse du fardeau fiscal des contribuables.
M. Legault
: On va
attendre. On va attendre de voir la mesure, là, parce que sincèrement ce n'est
pas clair comment ça va se passer du côté francophone, anglophone. On sait qu'à
Montréal les taxes sont plus basses; dans certaines régions elles sont plus
élevées. Comment il va gérer tout ça? Ce n'est pas juste à l'intérieur d'une
région, là. Je vais attendre de voir la proposition, parce qu'il nous avait
promis la même chose en 2014 puis il ne l'a pas livrée.
M. Dion (Mathieu) : Mais
vous, vous aimeriez voir quoi?
M. Legault
: Ça va
être dans notre programme économique, ça va être dans nos propositions pour
notre plateforme 2018. Pour l'instant, on n'a pas encore décidé.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Mathieu Boivin, Cogeco.
M. Boivin (Mathieu) : M. Legault,
vous avez dit que vous élimineriez la péréquation en quatre ans. C'est bien ce
que vous avez dit?
M. Legault
: Non,
ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit qu'on aurait un programme de péréquation
zéro, je n'ai pas dit le nombre d'années. Il y aura donc un programme
économique pour éliminer toute la péréquation. Mais on ne parle pas de quatre
ans. Il n'a jamais été question de ça, là. Allez revoir les transcripts.
Mais soyez un petit peu patient, là. On va
déposer notre document, puis vous allez voir c'est sur combien d'années, puis
comment on va le faire.
M. Boivin (Mathieu) : La
péréquation, si on ne se donne pas d'échéancier, je veux dire, ça semble...
M. Legault
: Ah! il
faut se donner un échéancier. Il faut se donner un échéancier.
M. Boivin (Mathieu) :
Lequel?
M. Legault
: Vous
allez le voir, soyez patient. Vous allez voir notre programme économique. Ça va
être déposé maximum d'ici 10 mois.
M. Boivin (Mathieu) :
Mais vous pensez pouvoir réduire... ou augmenter les revenus ou réduire les
dépenses du Québec de 12 milliards de dollars?
M. Legault
:
Absolument. Il n'y a aucune raison que le Québec soit plus pauvre que l'Ontario
ou que le reste du Canada. On a tout pour réussir : on a des bonnes universités,
on a du monde créatif, innovant. Il n'y a pas de raison qu'on ait cet écart,
là, d'à peu près 20 % avec le reste du Canada.
Oui, il faut se donner comme objectif
d'éliminer la péréquation. Il faut être ambitieux. Il ne faut pas faire comme
Philippe Couillard et être résigné à ce qu'on soit toujours plus pauvres que le
reste du Canada puis qu'on soit toujours de plus en plus dépendants de la
péréquation canadienne.
La Modératrice
: Merci.
M. Boivin (Mathieu) : Mais
ce sera une question de mandat? Un mandat, deux mandats ou...
M. Legault
: Je
vous le dirai en temps et lieu. Je sais que vous êtes anxieux de voir le
programme de la CAQ, là, mais ça va venir. Ça va venir. Il reste 10 mois
maximum.
La Modératrice
: Merci.
Gilbert Lavoie, Le Soleil.
M. Lavoie (Gilbert) :
Oui. Bonjour, M. Legault. On comprend pourquoi vous avez applaudi ou
félicité, à tout le moins, hier, Philippe Couillard pour les baisses d'impôt.
Est-ce que vos félicitations portaient aussi sur la mesure la plus
électoraliste de cette mise à jour là, c'est-à-dire les chèques de 100 $
envoyés en janvier et en septembre... en juillet, pardon?
M. Legault
: Écoutez...
Oui. Bien, vous savez que c'était une mesure de la CAQ aussi, de donner
100 $. Nous, on aurait préféré que ça soit donné à l'école, pour que
l'école achète tous les cahiers, les Duo-Tang, les séparateurs. Il y aurait
même eu des économies de volume à faire. Donc, de soulager les familles des
frais en début d'année, on était d'accord avec ça. On l'avait déjà proposé.
Donc, je peux juste applaudir.
M. Lavoie (Gilbert) :
Mais, comme ce n'était pas exactement ce que vous aviez proposé, est-ce qu'un
gouvernement de la CAQ reverrait cette mesure-là?
M. Legault
: Non.
Je pense que l'important, c'est de donner un répit aux familles, puis ça donne
un répit aux familles.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Bonjour, M. Legault.
M. Legault
:
Bonjour.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que les Québécois devraient être gênés de toucher autant de péréquation
des autres provinces canadiennes?
M. Legault
: Bon,
écoutez, le Québec, malheureusement, a un niveau de richesse, un niveau de vie
plus bas que l'Ontario, plus bas que la plupart des provinces sauf trois
provinces maritimes. On peut faire mieux.
Moi, en tout cas, je prends ça un peu
comme de l'orgueil. Je me dis : Il me semble qu'on devrait se donner comme
objectif de ne pas recevoir de péréquation, d'être aussi riche que le reste du
Canada. Puis on devrait se donner un plan pour y arriver.
Malheureusement, depuis 15 ans de
régime libéral, l'écart n'a pas diminué, il a même augmenté. Donc, je trouve ça
malheureux que les libéraux ne soient pas plus ambitieux que ça.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Estimez-vous que l'État québécois a la marge de manoeuvre nécessaire pour
alléger encore le fardeau fiscal des Québécois d'ici aux prochaines élections?
M. Legault
: Bien,
ça dépend de la croissance. C'est certain qu'avec des croissances de 1,8 %
à 1,2 %, ça ne sera pas possible. Mais, avec un gouvernement de la CAQ, on
va avoir des croissances qui vont être bien meilleures que ça, là. Donc, si on
n'est pas plus ambitieux que ça, on n'en aura pas, de marge de manoeuvre. Mais,
avec un gouvernement de la CAQ, ça va être possible, il y aura des mesures pour
soulager le portefeuille des familles.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, vous dites que le gouvernement libéral est allé le plus loin qu'il
pouvait avec les mesures qui ont été annoncées, hier, d'allégement du fardeau
fiscal?
M. Legault
: Bien,
le gouvernement libéral a profité d'une année exceptionnelle, hein? Quand vous regardez
la croissance économique en 2016, mauvaise année, 1,4 %; en 2017,
2,6 %. Pourquoi? À cause des baisses d'impôt de Justin Trudeau. Même au
Canada ça a été 3,1 %. Mais, tout de suite, l'année prochaine, en 2018, on
retombe à 1,8 %, puis après on retombe à 1,5 %, 1,4 %,
1,2 %. Donc, ils ont profité d'une année exceptionnelle où on a soufflé
sur la consommation des ménages avec les baisses d'impôt du gouvernement
fédéral. Je ne pense pas qu'ils puissent s'attribuer ça. Mais ce n'était pas
comme ça en 2016, puis ça ne sera pas comme ça à partir de 2018. C'est vraiment
une année exceptionnelle, puis ce n'est pas de la faute du gouvernement
libéral.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Michel David, Le Devoir.
M. David (Michel) : Bonjour,
M. Legault.
M. Legault
:
Bonjour. De la grande visite à Québec!
M. David (Michel) : Bien
oui! Bien oui, et je suis content de vous voir. Vous venez de répondre à mon
collègue que, sur le plan, disons, de la baisse d'impôt résultant de la
croissance des revenus, étant donné les prévisions pour les prochaines années,
ça va être difficile d'alléger...
M. Legault
: Avec
les libéraux.
M. David (Michel) :
...avec les libéraux. Mais je crois comprendre que vous ne ferez pas de
promesse là-dessus au cours de la prochaine campagne électorale?
M. Legault
: Oh
non! Il va y avoir des mesures pour aider le portefeuille des familles dans un
programme de la CAQ, mais la croissance économique va être bien supérieure avec
un gouvernement de la CAQ qu'avec un gouvernement libéral.
M. David (Michel) :
Maintenant, revenons un peu en arrière, au moment de la dernière campagne
électorale. En 2012 aussi, vous aviez beaucoup de projets d'abolition de
structures, là : Hydro-Québec, commissions scolaires. Est-ce que vous avez
encore de ces types de projets là qui pourraient vous permettre d'alléger le
fardeau des contribuables non pas en tablant sur la croissance, mais en tablant
sur une réduction des dépenses?
M. Legault
: Bien,
il y a entre autres un projet important pour moi, c'est toute la question des
dépenses informatiques. Éric Caire a déjà expliqué que ça serait possible
d'économiser au moins 500 millions de dollars avec l'informatique si on
arrêtait d'avoir un bar ouvert à des compagnies externes qu'on ne contrôle pas.
Donc, ça, ça fera partie, effectivement, des mesures qu'on va continuer de
proposer. Il y en aura probablement d'autres, mais on veut surtout tabler sur
l'augmentation des revenus.
M. David (Michel) : Mais
ces revenus-là, qui résulteraient de coupures de dépenses, finalement, est-ce
qu'ils iraient aux contribuables ou si ce serait réinvesti dans les services?
M. Legault
: Là,
vous allez me donner la chance de vous présenter une plateforme puis un
programme complet dans les prochains mois pour vous expliquer, effectivement,
quelles seront les marges de manoeuvre qui vont être dégagées, quelle partie
sera pour des nouveaux services, entre autres en éducation, puis quelle partie
sera pour le portefeuille des familles.
M. David (Michel) :
Dernier détail. Les commissions scolaires, est-ce qu'il est toujours dans votre
intention de les abolir?
M. Legault
: Oui.
On a toujours dans la tête d'abolir les élections scolaires, remplacer les commissions
scolaires par des centres de services qui vont être au service des écoles
plutôt que le contraire, donc transférer un certain nombre de pouvoirs. D'ailleurs,
Jean-François Roberge, au cours des prochains mois, va déposer un document
complet pour expliquer comment ça va fonctionner maintenant, les centres de
services.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Martin Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour à tous.
M. Legault
:
Bonjour.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Vous
ne ferez pas de farce aujourd'hui, vous, là?
M. Croteau (Martin) : Eh
là! Ça, c'est cheap.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Croteau (Martin) : C'est
un peu en filigrane de beaucoup des questions et des réponses depuis le début
de cette séance. Je voudrais juste vous poser la question directement :
Est-ce que vous avez l'impression de vous être fait voler votre programme par
le Parti libéral?
M. Legault
: Bien,
écoutez, on parle de la baisse d'impôt qu'on demandait de 1 000 $ par
famille depuis deux ans. Ça a pris deux ans avant qu'ils annoncent à peu près
l'équivalent. Mais ça serait très réducteur de dire qu'ils ont tout volé nos
idées, là. Allez relire le document de la CAQ : la maternelle quatre ans
pour tout le monde, l'école de 9 à 5, de l'aide de d'autres types aux familles,
puis il va y avoir d'autres mesures qui vont très annoncées.
Donc, ils ont pris effectivement une
mesure, ça leur a pris deux ans. Donc, pendant ces deux ans là, ils ont pu
accumuler un surplus, qu'ils utilisent, d'ailleurs, hein? Je vous invite à
aller voir comment ils utilisent la réserve de stabilisation, là. Ils en
prennent quand même 1,4 milliard cette année, qui est des surplus des
années passées. Donc, c'est une partie.
Et puis, bien, moi, je m'en félicite. Moi,
je dis bravo à notre équipe. On les a talonnés semaine après semaine, puis
Philippe Couillard a fini par reculer puis accepter la proposition de la CAQ.
Tant mieux.
M. Croteau (Martin) : Ça
vous enlève une proposition aux Québécois, là. Ça vous empêche d'aller en
campagne sur votre plateforme pour laquelle vous êtes connus, là.
M. Legault
: Écoutez,
il y aura d'autres propositions pour aider le portefeuille des familles. Tant
mieux s'il y a une partie du travail qui est faite, mais nous, on le fait par
conviction, on ne le fait pas par opportunisme comme les libéraux.
Donc, notre programme puis nos objectifs
vont rester les mêmes : soulager, entre autres, le portefeuille des
familles. Même, si vous venez en fin de semaine, je vais peut-être avoir un
petit scoop pour vous.
M. Croteau (Martin) : Juste
une question sur un autre sujet, si vous permettez. Le port du kirpan dans les
avions. Le gouvernement a appuyé une motion qui avait été proposée...
M. Legault
: Bien
oui.
M. Croteau (Martin) :
Êtes-vous surpris de l'appui du gouvernement? Et pourquoi devrait-on se
préoccuper, là, de l'autorisation qui est faite par Ottawa d'autoriser le port
des lames de plus de six centimètres dans les avions?
M. Legault
: Bien,
écoutez, là, on ne peut pas permettre à des gens d'avoir un couteau pour des
raisons religieuses dans un avion, là. Je peux vous dire que, pour avoir été
dans ce domaine-là, ça a toujours été plus sécuritaire qu'ailleurs. Puis, avec
ce qui s'est produit dans les dernières années, je ne vois pas comment le
gouvernement fédéral accepte des couteaux dans les avions, là. Ce n'est pas
acceptable, même si c'est pour des raisons religieuses.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Dernière question en français. Charles Lecavalier, Le Journal de
Québec.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour, M. Legault. En vous critiquant, ce matin, M. Couillard, il a
repris, là, la fameuse histoire de la taxe sur les produits sur Internet, là,
en disant que vous aviez changé...
M. Legault
: Sur
les?
M. Lecavalier (Charles) :
Sur les produits vendus sur Internet. La fameuse histoire... Vous avez changé
d'idée trois fois dans la même journée. Est-ce que vous avez l'impression, dans
ce dossier-là, d'avoir fait preuve d'amateurisme?
M. Legault
: Bien
non. Écoutez, ce qu'on dit, nous, à la CAQ, là, c'est que ça doit être
équitable. On le dit depuis le jour un. Si on charge la taxe dans un magasin,
il faut la charger en ligne, que ce soit avec une entreprise québécoise ou
étrangère. Maintenant, au total, les Québécois ne doivent pas payer plus de
taxes.
Donc, une des possibilités qu'on regarde,
c'est d'exempter certains produits ou services pour qu'au total les Québécois
ne paient pas plus cher. Mais tout le monde doit être traité de façon
équitable. Pour le même produit ou le même service, qu'il soit vendu en magasin
ou en ligne, il doit être taxé de la même façon.
M. Lecavalier (Charles) :
Puis ça, à quel moment vous allez le chiffrer, ça, cet engagement-là?
M. Legault
: D'ici
10 mois.
M. Lecavalier (Charles) :
Dernière question. Est-ce qu'il y a d'autres organismes, à part les commissions
scolaires — juste me rafraîchir la mémoire — que vous
souhaitez peut-être abolir? Non? La SAQ, est-ce que... privatiser ou...
M. Legault
: Non. On
veut introduire plus de compétition à la SAQ, là, mais il n'y a pas... non.
Hydro-Québec, j'aime mieux un monopole public qu'un monopole privé, là, donc
ça, il n'en a jamais été question. Mais les commissions scolaires, il y a 3 %
des gens qui vont voter. Je ne comprends pas à combien il va falloir baisser
pour que les libéraux puis les péquistes comprennent.
M. Lecavalier (Charles) :
Est-ce que vous avez l'impression que vous retombez dans le piège du «on
verra»?
M. Legault
: Bien,
pas du tout. Parce que, écoutez, là, nous, on propose que tous les enfants
aient accès à la maternelle quatre ans. On propose que toutes les écoles secondaires
soient ouvertes de 9 à 5. On propose de changer la rémunération, le mode de
rémunération des médecins de famille, etc. Donc, notre programme est très clair.
Il y aura d'autres mesures, puis c'est
normal, puisqu'on parle de l'année 2018 jusqu'à l'année 2022. Donc,
dans ces quatre ans, les marges de manoeuvre qu'on va être capables de
dégager... Mais il va falloir expliquer ce qu'on va faire de plus que ce qu'on
a déjà annoncé. Mais c'est juste normal.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va passer aux questions en anglais, en commençant par Maya
Johnson, CTV.
Mme Johnson
(Maya) : Good afternoon, Mr. Legault. Should
Quebeckers be thanking the CAQ for the tax breaks they are getting from the
Liberals?
M. Legault
: I think so. I think that, week after week, you saw us asking for
those tax cuts of about $1,000 per family. So, we got them, but we have to
remember, Quebeckers, even if
they should thank CAQ, that it's their money, hein? This money has been taken
before in their pockets by the Liberal Government, so it's not money coming from the Liberal Party, it's coming from
pockets of tax payers.
But, yes, I think Mr.
Couillard wasn't in agreement before, even if he had a surplus last year to do
so. Because he's doing that retroactively, so it means that he had the money
for the full year 2017.
Mme Johnson
(Maya) : Doesn't this steal your thunder, so
to speak, now that the Liberals have done something that you were proposing to
do for Quebeckers?
M. Legault
: Not at all, because our program is more than only those tax cuts. And,
of course, we will add some proposals in the next 10 months. And we already
have many proposals, for example in health care and in education. So, so
far, the Liberal Party, they don't agree with these proposals.
La Modératrice
:
Merci. Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good afternoon. I wanted to ask you
about the equalization payments. This is something that you've mentioned
before, but now you are saying that you are really aiming for zero equalization
payments. For people at home who, I think, it's hard to understand how much $20
billion is, can you put that in more concrete terms of, like, how will we get
there, how will we get $20 billion? That's a huge part of our budget.
M. Legault
:
OK. First, in 2003, when the Liberal Party came into power, the total amount
for equalization payments was $4 billion; today, it's $11 billion. And
yesterday the Liberal Government told us that, in two years from now, it will
become $12 billion. So, it's three times the size we had in 2003. Why do we
receive equalization payments? Because we are not as
rich as the rest of Canada.
So, what I want and what
the CAQ Government want is to have a target for equalization zero, to have a
GDP per capita in Québec equal to the one in the rest of Canada. And we'll
table a program for that. And, of course, if you want to have some preview
about how we will do that, just read the book Projet Saint-Laurent. It's
all included. But we'll add some measures.
But one thing is clear;
it's that Mr. Couillard doesn't have any ambition. He's happy with the economy,
he's happy with the increase of equalization payments, he's happy with low
growth. We're talking about 1.8% only next year, 1.5% the year after, 1.4%, and
1.2% only in 2021. He's happy with that. I'm not happy with that.
Mme Fletcher
(Raquel) : In question period today, he said : The question for the population is whether or not we can trust
this person, meaning you. How did you feel when he said that?
M. Legault
: I think that, of course, the Liberals are there since 15 years, so
they have to defend what they did or what they didn't do in the last 15 years.
We propose something, especially in economy. I think it's something I control
well, personally, and people will have to decide: do they believe that it will
be better with the Liberals or with the CAQ?
La Modératrice
: Merci. Angelica Montgomery, CBC.
Mme Montgomery
(Angelica) : Yes. So, Mr. Legault, could you
explain your reasoning behind the motion regarding Transport Canada allowing
six centimeter knives?
M. Legault
: Yes. I think it's very dangerous to have a knife in an aircraft.
And I don't understand, even for a religious reason, why they accept that. And
that's why we tabled this motion. Everybody voted with us, except Québec solidaire. So, for me, it's clear
that, for security reason, you must not accept knives in an aircraft.
Mme Montgomery
(Angelica) : Now, Transport Canada is allowing
any kind of knife, even… it might be a little blade that is on people's
fingernail clippers.
M. Legault
: Yes.
Mme Montgomery
(Angelica) : So, why is it that you would
connect it necessarily with a religion?
M. Legault
: You know, when I started Air Transat, we had some metal knives. We
don't have that anymore. So why should we do a compromise for a religious
reason? I think the security must be the best.
Mme Montgomery
(Angelica) : Why do we connect it with the
religious... Why do we think it's religious?
M. Legault
: It's not connected with the religion, but it's only used... The
reason why they want to wear this knife is for religious reasons.
La Modératrice
:
Merci.
M. Legault
:
Merci, tout le monde.
(Fin à 13 h 12)