To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de M. Sylvain Gaudreault, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, et Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de M. Sylvain Gaudreault, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, et Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Tuesday, December 5, 2017, 10 h 20

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures quarante et une minutes)

M. Gaudreault : Oui, alors, bonjour à tous et à toutes. Ça me fait extrêmement plaisir d'être ici, mais surtout je veux souhaiter la bienvenue à l'Assemblée nationale à des représentants de groupes de citoyens, de groupes environnementaux parce qu'aujourd'hui c'est une journée importante. Imaginez, il y a le dépôt d'une pétition de plus de 31 000 noms, autour de 31 500 signatures, dont 3 000 signatures dans les deux derniers jours. Cette pétition a été lancée à la mi-octobre, donc en un mois et demi, 31 000 signatures. Pourquoi? Pour demander clairement, sans équivoque au gouvernement libéral de refaire ses devoirs et de retirer les quatre projets de règlement sur l'exploration, l'exploitation des hydrocarbures.

Alors, on a ici... ils ont eu le plaisir de me donner la moitié des 30 000 signatures, donc autour de 15 000 signatures dans cette boîte, et Manon aura, tout à l'heure... bien, a maintenant déjà... c'est l'autre partie des signatures. Également, à l'Assemblée nationale tout à l'heure, on aura l'occasion de déposer officiellement le texte de la pétition.

Maintenant, il y aura également à midi une manifestation, un rassemblement symbolique devant l'Assemblée nationale sur le sujet du dépôt de la pétition de plus de 31 000 signatures demandant au gouvernement de retirer sans délai ces quatre projets de règlement.

L'autre chose également qui est demandée, et nous l'appuyons, au Parti québécois, sans réserve, c'est de demander incessamment, rapidement au gouvernement de déposer un véritable plan de sortie de la filière pétrolière et gazière. L'avenir du Québec, comme l'avenir de la planète, ne réside pas dans les hydrocarbures, ne réside pas dans les énergies fossiles, il réside, cet avenir, dans une transition claire vers les énergies renouvelables, vers une économie sans pétrole.

Je termine, avant de laisser la parole à Manon, sur l'absence de la ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, qui, depuis qu'elle est arrivée en poste, n'a pas dit un seul mot sur ces quatre projets de règlement. Puis là ce n'est pas quatre projets de règlement qui sont tirés de nulle part, c'est des projets de règlement du gouvernement dont elle fait partie. Si elle est sérieuse, au retour de la COP23, de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, elle doit mettre le pied à terre, elle doit mettre son poing sur la table et refuser que le gouvernement dont elle est membre signe et entérine ces quatre projets de règlement. Alors, moi, je l'appelle également, je l'interpelle aujourd'hui à se tenir debout face à ses collègues au Conseil des ministres. Merci.

La Modératrice : Merci. Maintenant, Mme Massé.

Mme Massé : Oui, merci, Sylvain. Alors, effectivement, je pense que le dépôt de cette pétition-là, aujourd'hui, indique quelque chose de clair. Lorsqu'en un mois et demi tu ramasses plus de 31 000 signatures, ça signifie quelque chose, ça signifie que les gens, en matière d'exploitation... d'exploration et exploitation gazière et pétrolière, ont déjà fait leur nid. Ils ont fait leurs devoirs, ils ont compris que cette filière-là faisait plus de tort à l'économie du Québec, mais je dirais même à la planète, que de bien.

Alors, chez le gouvernement libéral, ils n'ont pas l'air à comprendre que la population a compris, a compris que, d'une part, ils soutiennent la filière hydrocarbures au Québec, gazière et pétrolière du Québec. Ils la soutiennent. Pourquoi je l'affirme avec autant de clarté? C'est parce que, d'une part, les gens, les citoyens et citoyennes qui se préoccupent de ces questions-là l'affirment aussi de façon très claire. Mais, lorsqu'on regarde dans les trois dernières années, qu'est-ce qu'on a eu devant nous? Premièrement, on a eu une loi qui était supposée de nous amener une transition énergétique. Ce n'est pas ça du tout, c'est une loi qui incluait clairement une loi sur les hydrocarbures. Ensuite on a ces règlements-là qui viennent vraiment donner tous les outils qu'ont besoin les pétrolières et gazières pour pouvoir réaliser leurs projets d'exploration et d'exploitation. Et finalement il y a une autre pièce législative, avec le projet de loi n° 150, qui vient, encore là, donner plus de leviers avec le financement des projets d'hydrocarbures, plus seulement au niveau de l'exploration, mais aussi au niveau de l'exploitation et du stockage.

Alors, ça pue les hydrocarbures, si je peux me permettre, tellement ce gouvernement-là est complaisant envers les compagnies pétrolières et gazières. D'ailleurs, la semaine dernière, je demandais en Chambre au ministre Moreau de m'expliquer combien d'argent avait été investi... En fait, je demandais à la ministre de l'Économie, mais je ne sais pas pourquoi, à chaque fois qu'on se lève pour parler de changements climatiques et hydrocarbures, qu'on s'adresse à la ministre de l'Environnement, qu'on s'adresse, comme je l'ai fait la semaine dernière, à la ministre de l'Économie, et donc d'Investissement Québec, woups!, c'est le ministre des Ressources naturelles qui se lève. Ça aussi, ça donne une indication où loge ce gouvernement-là.

Bref, ce qu'il me dit, ce qu'il me répond en Chambre, ce qu'ils nous ont répondu en commission parlementaire l'an dernier sur le projet de loi n° 106, c'est : Vous êtes alarmistes, il n'y a pas de projets au Québec. Bien, si on est alarmistes, ils peuvent-u m'expliquer pourquoi toutes ces pièces législatives là sont là? Et, deuxièmement, il nous dit que le filet de sécurité, c'est l'acceptabilité sociale. Bien, M. Moreau, l'acceptabilité sociale, quand, en six semaines, on réussit à dénicher 31 500 signatures, ça envoie encore, 10 ans plus tard après les gaz de schiste, le signal qu'au Québec la fracturation hydraulique, le développement de la filiale hydrocarbure, on n'en veut pas.

La Modératrice : Merci. Maintenant, M. Simard.

M. Simard (Christian) : Oui, bonjour. Tout à l'heure, on a soulevé deux boîtes de pétitions qui semblaient légères de poids, mais qui sont lourdes, ces pétitions qui ont été signées sur Internet, qui sont lourdes de l'opinion du poids des citoyens qui disent non un an, pratiquement, après l'adoption sous le bâillon de la loi n° 106, qui est une loi sur la transition énergétique, mais, on ne se trompe pas, sur l'encadrement des hydrocarbures, sur l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures. Donc, il y a un poids, c'est un poids citoyen qui va être grandissant. On est dans une année électorale, on le voit de plus en plus, donc c'est un poids qui est majeur.

Le ministre a dit : On ne peut pas retarder l'adoption des règlements, ce matin, on dit : Il va y avoir un vide juridique. Vous savez, on dit souvent : La nature a horreur du vide. Eh bien, je pense que la nature aime le vide juridique, c'est-à-dire que… Quelle est l'urgence d'avoir cette réglementation pour faire des projets avec fracturation? Le ministre a dit qu'il n'était pas favorable à ça, qu'il n'y avait pas une épidémie de projets de fracturation. Quelle est l'urgence? Il y a plein de lobbyistes dans les coulisses, il y a plein de projets qui attendent de se réaliser? On ne nous le dit pas, on nous dit : Non, non, s'il n'y a pas d'acceptabilité sociale, il n'y en aura pas, on fait ça parce qu'on aime légiférer, on aime présenter des règlements.

Le chat sort du sac. Il y a une certaine urgence corporative qui est de réglementer. Mais comment concilier cette urgence-là de retourner vers le gaz de schiste, de retourner vers le pétrole de schiste, d'aller menacer les cours d'eau, les lacs, les rivières du Québec, les milieux naturels? Même une réserve faunique va pouvoir être forée, hein, qui va pouvoir être utilisée pour de l'exploration. Il n'y a pas cette urgence-là.

Il n'y a aucune cohérence. Il y a un projet de politique énergétique qui dit qu'on doit se libérer des produits pétroliers. On parle d'une réduction de 40 % de l'utilisation des produits pétroliers et, par ailleurs, on va encourager la production d'hydrocarbures au Québec.

Donc, face à ça, on dit non à ces règlements-là, retirez-les de façon définitive et amorcez demain la véritable transition. Et ça commence peut-être par cet arrêt… sûrement par cet arrêt, l'arrêt de ces règlements. Merci.

La Modératrice : Merci. Maintenant, M. Bonin.

M. Bonin (Patrick) : Bonjour. J'aimerais revenir rapidement... Il y a deux ans, on était à Paris, les pays étaient là pour signer l'Accord de Paris. M. Couillard a dit : «Je n'ai aucun enthousiasme pour les hydrocarbures. [...]L'avenir du Québec ne réside pas dans les hydrocarbures. Absolument pas.» C'était il y a deux ans à Paris.

Suite à ça, le gouvernement a littéralement fait un virage à 180 degrés. Il a adopté sous bâillon la Loi sur les hydrocarbures il y a un an. Par la suite, il a même augmenté le financement pour les pétrolières et les gazières au Québec à coups de dizaines de millions de dollars que les Québécois ont envoyés directement par l'entremise de M. Couillard aux pétrolières et aux gazières.

Le gouvernement ne s'est pas arrêté là, il s'est même rendu à mettre en place un projet de règlement sur les hydrocarbures qui est taillé littéralement sur mesure pour les pétrolières et les gazières, qui permet la fracturation hydraulique, qui permet des forages à 150 mètres des habitations, près des écoles, près des hôpitaux, dans les plans d'eau, littéralement un projet de règlement que les pétrolières et les gazières ont applaudi, et ce n'est pas pour rien.

On l'a vu par la suite, nouvelle conférence des Nations unies, les scientifiques, 15 000 qui sortent, qui nous disent que les changements climatiques sont urgents, qu'il faut absolument agir, que, si on veut respecter l'Accord de Paris, on ne peut plus rajouter d'infrastructures pétrolières, gazières ou même exploiter des nouveaux gisements pétroliers et gaziers sur la planète. Eh bien, que fait M. Couillard? Il persiste et signe à vouloir adopter ces projets de règlement pétroliers et gaziers qui ouvrent littéralement le territoire pour les pétrolières, qui déroulent le tapis rouge clairement pour les gazières. Et elles le savent, elles sont déjà à pied d'oeuvre. Donc, maintenant, on demande à M. Couillard d'être cohérent avec ses engagements dans la lutte contre les changements climatiques. On ne peut pas, au Québec, rajouter des infrastructures pétrolières et gazières, ouvrir le territoire comme ça aux pétrolières et aux gazières et respecter nos cibles de réduction de gaz à effet de serre, respecter l'Accord de Paris.

M. Couillard doit choisir son camp. Il doit nous dire clairement : Est-ce qu'il est là pour travailler à défendre l'intérêt de la population à lutter contre les changements climatiques ou il est là pour travailler pour les pétrolières et les gazières? Aujourd'hui, M. Couillard a le dos tourné à la population. On lui demande de regarder ce que la population demande. Elle demande le retrait de ces projets de règlement pétroliers et gaziers et on demande un plan de transition rapide vers les énergies vertes et pas de choses à moitié comme on est habitués, maintenant, d'avoir de M. Couillard. On veut de la cohérence, on ne veut plus de demi-mesures. La population exige la même chose et M. Couillard doit écouter la population. Merci.

La Modératrice : Merci. Maintenant, Mme Dupuis.

Mme Dupuis (Carole) : Bonjour. Je représente le Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec, des groupes citoyens, 130 groupes citoyens, des Îles-de-la-Madeleine à l'Outaouais. Ça va être très bref.

Si on décode la situation aujourd'hui, ce qu'on voit, c'est que ce gouvernement, dans sa version antérieure, a vendu, pour quelques sous, 53 000 kilomètres carrés du territoire québécois à des intérêts privés. Aujourd'hui, on nous dit : Il faut une loi, il faut des règlements pour encadrer ces gens-là à qui on a donné le sous-sol, qui sont devenus les copropriétaires de nos terres agricoles, qui sont devenus les copropriétaires de nos terres publiques, de nos forêts en Gaspésie qui sont ciblées particulièrement, la forêt de Joly dans Lotbinière, etc. On nous dit : Ça nous prend une loi pour ça, mais il n'y aura pas de projets s'il n'y a pas d'acceptabilité sociale.

Alors, quand on décode tout ça, ce que ça nous dit, c'est qu'il n'y a qu'une seule chose qui va arrêter ces projets-là, c'est la désobéissance civile, et les citoyens l'ont compris. Les citoyens, les membres du RVHQ, en grand nombre, nous disent : On a besoin de formation, on a besoin de savoir comment faire ça, de la résistance citoyenne. Comment on s'attache à des foreuses? Comment on se couche dans la rue pour empêcher les transports de passer? Comment on va faire ça? Quand est-ce qu'on va le faire? À quel endroit? Où est-ce qu'ils vont passer? C'est devenu très concret pour les groupes membres du RVHQ et pour de nombreux citoyens qui sont à l'écoute de ce qui se passe et qui comprennent le double langage et les mensonges.

Alors, soyons clairs, ce qu'on demande, ce qu'on demande, c'est le retrait des projets de règlement, c'est la révision de la loi pour empêcher le développement de la filière et non pas l'encadrer, l'empêcher, et que le gouvernement qui nous a mis dans ce guêpier-là sorte ces parasites qui viennent nous forer, à nos propres frais en plus, nous, les citoyens du Québec. Merci.

La Modératrice : Merci. Maintenant, M. Dumont.

M. Dumont (Philippe) : Donc, bonjour, je me présente, Philippe Dumont, de Boréalisation. Boréalisation, c'est une jeune et petite organisation basée au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Puis Boréalisation a été spécialement interpelée à l'annonce des projets de règlement sur les hydrocarbures, puisque, directement sous le lac Saint-Jean, se trouvent deux licences d'exploration pétrolière et gazière. Et, au moment de l'annonce, on a remarqué vraiment un vent d'indignation dans la région lorsque cette annonce a été faite par le gouvernement Couillard, et on a décidé par conséquent de s'impliquer dans le collectif de la pétition. Et la pétition ne pourrait être plus claire, c'est un non aux forages, un non bien senti, plus de 30 000 signataires. C'est aussi un non catégorique, donc un refus clair, net et précis des projets de règlement sur les hydrocarbures proposés par le Parti libéral du Québec.

Vous savez, l'industrie pétrolière et gazière, c'est une industrie lourde. Et, devant une industrie qui est aussi de plus en plus invasive sur le territoire, le gouvernement du Québec propose, de façon un peu simpliste, des distances réglementaires lesquelles font aussi peu, par exemple, que 150 mètres entre la tête d'un puits et une habitation. Or, là où on devrait plutôt instaurer des distances sécuritaires, c'est entre le gouvernement du Québec et le lobby pétrolier et gazier parce que, visiblement, ils sont très près l'un de l'autre. Et, lorsqu'il y a une proximité entre le gouvernement du Québec et le lobby pétrolier et gazier, bien, il y a aussi une proximité entre les forages et nos maisons, il y a des forages à proximité des aires protégées, il y a des forages dans nos milieux naturels et il y a des forages dans nos milieux de vie.

Donc, la demande pourrait être formulée de la façon suivante : On demande au gouvernement du Québec de prendre ses distances avec le lobby pétrolier et gazier et de se rapprocher de la voix populaire, de la volonté populaire, celle qui est exprimée ici aujourd'hui, c'est-à-dire de s'engager dans un plan de sortie rapide et complet de la filière pétrole et gaz au Québec.

La Modératrice : Merci. Finalement, Mme Simard.

Mme Simard (Alice-Anne) : Donc, ces projets de règlement là, en fait, doivent être retirés tout simplement parce qu'ils vont permettre la fracturation hydraulique et qu'ils vont être une menace réelle pour nos lacs, nos rivières, nos nappes phréatiques. Même si le ministre dit, en fait, qu'il n'y aura pas de fracturation hydraulique, il n'y aura pas de forage qui va se faire sous les cours d'eau s'il n'y a pas d'acceptabilité sociale, pourquoi alors ne pas tout simplement interdire la fracturation hydraulique dans ces règlements-là? Pourquoi ouvrir la porte à cette technique-là dans les projets de règlement s'ils ne veulent pas, finalement, le faire?

Ces projets-là posent vraiment des graves risques pour notre eau. Les citoyens et les citoyennes s'en sont rendu compte, c'est pour ça qu'il y a eu une vague d'opposition et de mobilisation importante dès l'annonce de ces projets de règlement, qu'il y a eu des manifestations qui s'appelaient L'eau du Québec, c'est sacré! Les gens sont vraiment outrés, les gens sont vraiment inquiets. Ils ne sont pas alarmistes, ils ont raison d'être inquiets parce qu'en fait ces projets de règlement là vont ouvrir la porte à des forages pétroliers et gaziers, et il y a de réels risques de contamination de notre eau.

Par exemple, partout en Amérique du Nord, quand il y a eu des projets comme ça de pétrole et de gaz, il y a eu de l'eau qui a été contaminée, tout simplement. On n'a qu'à penser en Pennsylvanie, où est-ce qu'il y a des contaminations des nappes souterraines à cause de la fracturation hydraulique et des gaz de schiste; la rivière Kalamazoo au Michigan aussi, qui, sept ans après le déversement, contient encore du pétrole, est encore contaminée. En Alberta aussi, il y a des rivières qui avaient des eaux cristallines avant qui sont maintenant contaminées au pétrole des sables bitumineux.

Puis on a eu un avant-goût aussi, au Québec, avec la saga du gaz de schiste. Donc, en 2011, en fait, le ministre des Ressources naturelles de l'époque avait évalué, en fait, tous les puits de gaz de schiste et il a trouvé que 60 % d'entre eux fuyaient, avaient des fuites. Et on ne sait pas, comme ça, combien de méthane, qui est un puissant gaz à effet de serre, s'est retrouvé dans l'environnement, s'est retrouvé dans notre atmosphère.

De la même façon, en fait, les projets de fracturation hydraulique sont vraiment dangereux, puisque l'EPA, l'agence de protection environnementale des États-Unis, a prouvé en 2016 que la fracturation hydraulique est directement liée à des risques de contamination des nappes souterraines.

Présentement, là, en Gaspésie, il y a un projet qui s'appelle le projet Bourque, qui, au départ, devait être un projet de gaz naturel pour lequel le gouvernement investit plus de 20 millions de dollars parce que c'était supposément un projet de transition énergétique. Puis on se rend compte, finalement, que c'est du pétrole et qu'il va y avoir de la fracturation hydraulique qui va être faite à cet endroit-là. Donc, il faut vraiment tourner nos yeux vers la Gaspésie. Il y a d'autres projets comme ça qui vont arriver.

Et en terminant, en fait, je voudrais rappeler au gouvernement que, si ces règlements-là sont adoptés et que le Québec, finalement, devient un État pétrolier et gazier, on va bientôt se retrouver avec les mêmes problèmes de contamination de nos lacs, de nos rivières, de nos nappes phréatiques que ce qui s'est fait, finalement, dans d'autres États qui ont fait ce choix-là. Et il faut rappeler, en fait, que cette contamination-là, en plus, elle est souvent irréversible. Présentement, là, les lagunes de Mercier, dans Châteauguay, sont contaminées aux hydrocarbures depuis plus de 50 ans, il n'y a personne qui est capable de les décontaminer. Puis la même chose aussi à Lac-Mégantic après la tragédie, en fait, cinq ans... bien, quatre ans, en fait, après la tragédie, bientôt cinq, la rivière Chaudière est encore contaminée, et les poissons ont encore des taux d'anormalité énormes.

Donc, il faut retirer ces projets de règlement là, c'est bien important, parce que l'eau est vraiment menacée. C'est sérieux, ce n'est pas alarmiste. Et je continue à croire, finalement, que de pouvoir faire flamber notre eau comme en Pennsylvanie, ce n'est vraiment pas le genre de projet de société auquel on devrait aspirer. Merci.

La Modératrice : Merci. On va maintenant passer à la période de questions. Est-ce qu'on a des questions? Martin Croteau, LaPresse.

M. Croteau (Martin) : Bonjour. M. Gaudreault, Mme Massé, pourquoi demander le retrait complet de ces projets de règlement plutôt que de demander au gouvernement de présenter une version plus sévère et contraignante?

M. Gaudreault : Bien, c'est parce qu'on pense que c'est la philosophie même de ces... en tout cas, en ce qui nous concerne, là, du côté de l'opposition officielle et du Parti québécois, on pense que c'est l'architecture elle-même des règlements qui ouvre la porte à l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures. La philosophie qui est derrière cette action réglementaire, c'est d'ouvrir la porte et de permettre la fracturation hydraulique. Vous savez, on s'est battus ardemment pour empêcher la fracturation hydraulique lors de l'adoption du projet de loi n° 106, qui a été adopté sous le bâillon. Alors, on demande au gouvernement d'arrêter, finalement, de tenir un discours public, hein, quand le premier ministre se promène sur la scène internationale... Moi, j'étais à la COP23 avec la ministre Melançon, qui se pète les bretelles pour dire que le Québec est un leader mondial dans la lutte contre les changements climatiques. Ça, c'est le vernis. Mais, dès qu'on gratte un peu, là, bien là on tombe sur Pierre Moreau, qui, lui, permet la fracturation hydraulique, qui, lui, a des règlements qui permettent cela et qui encadrent l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures. Alors, on dit : C'est non, non, non, et de les retirer, les quatre, de refaire ses devoirs au complet.

M. Croteau (Martin) : ...Mme Massé, justement, mais est-ce que l'absence de règlements ne permet pas, justement, par la porte d'en arrière, l'extraction de pétrole par fracturation hydraulique? Je veux dire, quand il n'y a pas de règlements...

Mme Massé : Absolument pas. Absolument pas, et c'est pour ça que la nature aime le vide de ces règlements, parce que la nature sait qu'elle serait protégée par ce vide de règlements.

Vous savez, ça fait très longtemps qu'on le dit, que cette loi-là, la loi n° 106, il y avait énormément de vices dans cette loi-là, mais notamment l'ouverture, la porte ouverte, grande ouverte aux pétrolières et gazières pour venir s'abroger, pour venir sauter sur notre sous-sol collectif par la fracturation hydraulique. Les règlements sont venus le confirmer que c'est vers là que s'en allait le gouvernement de M. Couillard. Et on n'en parle pas aujourd'hui, mais la pièce législative du projet de loi n° 150 vient rajouter une couche parce que maintenant on dit : En plus, on va les financer encore plus.

Alors, comprenez-vous que ne pas avoir de règlements, c'est de ne pas appliquer la loi? Et ça, ce n'est peut-être pas une mauvaise idée, pas dans sa... Parce que les règlements dont on parle ici ne concernent pas Transition énergétique Québec, ça concerne spécifiquement le chapitre IV, c'est-à-dire la Loi sur les hydrocarbures.

Alors, il y a... je pense, l'acceptabilité sociale... Ça fait plus de 10 ans que les Québécois et Québécoises, de toutes sortes de façons, disent non à la fracturation hydraulique. Et, même quand on questionne le... une ministre mais, en tout cas, ou M. Moreau se lève en Chambre pour répondre, il a l'art oratoire de ne jamais prononcer le mot «fracturation hydraulique», mais les gens qui ont un minimum de connaissance du dossier savent très bien que ce qu'il dit, c'est : Inquiétez-vous pas, il n'y aura pas fracturation s'il n'y a pas d'acceptabilité sociale. Aujourd'hui, les gens, là, le front, là, c'est quand même... beaucoup de Québécois et Québécoises viennent lui dire, encore une fois : En matière de fracturation, au Québec, il n'y a pas d'acceptabilité sociale.

M. Croteau (Martin) : Est-ce que vos partis vont appuyer des actes de désobéissance civile s'il devait y en avoir dans la foulée de l'acceptation... la confirmation de ces projets de règlement?

M. Gaudreault : La situation dans laquelle nous sommes plongés présentement, c'est le gouvernement libéral qui nous a mis dedans, hein? Il faut être bien conscients de ça, là. S'il y a des gens qui réfléchissent à des actes de désobéissance civile, c'est de la faute du gouvernement libéral, qui n'écoute pas, justement, entre autres, 30 000 pétitionnaires, qui n'écoute pas cette volonté clairement exprimée, au Québec et à travers le monde, qu'il faut avoir un plan clair de sortie du pétrole vers des énergies renouvelables. Alors, nous, c'est pour ça qu'on dit au gouvernement : Vous avez le temps, retirez ni plus ni moins les quatre projets de règlements.

M. Croteau (Martin) : ...désobéissance civile...

M. Gaudreault : Bien, c'est ça, on dit : Il faut…

M. Croteau (Martin) : Est-ce que votre parti va approuver ou appuyer des gestes de désobéissance civile s'il devait y en avoir?

M. Gaudreault : Notre parti réclame, depuis longtemps d'ailleurs, de retirer les quatre projets de règlement. On pense que c'est la meilleure façon d'assurer le suivi, d'assurer la paix sociale au Québec, et c'est ce qu'on demande au gouvernement, de retirer les quatre projets de règlement. Évidemment, le Parti québécois n'est pas pour la désobéissance civile, mais ce qu'on dit, c'est que le gouvernement peut agir dès maintenant en retirant les quatre projets de règlement.

M. Croteau (Martin) : Mme Massé.

Mme Massé : Oui, bien, tout à fait d'accord avec Sylvain. Qu'est-ce que c'est que ça va nous prendre? Qu'est-ce que c'est que ça va prendre à ce gouvernement-là pour comprendre que ça n'a pas de bon sens, que, depuis 10 ans, on répète, de toutes sortes de façons, avec toutes sortes de moyens, qui vont dans le sens de ce qu'on a dans notre démocratie, de moyens pour dire : On n'en veut pas? Quand tu te fais passer un projet de loi sous bâillon, là, entre vous et moi, qu'est-ce qu'il vous reste? Qu'est-ce qu'il nous reste comme parlementaires, premièrement? Et ensuite qu'est-ce qu'il vous reste comme citoyens? Ça fait des décennies, des décennies que nous disons : Nous ne voulons pas de fracturation hydraulique au Québec.

Et, vous savez, la désobéissance civile, là, ce n'est pas de la violence, c'est une… Gandhi… Est-ce qu'on dirait que Gandhi avait tort d'appeler son peuple à la désobéissance civile? Non, on ne dirait pas ça. Quand il n'y a plus aucun moyen… la démocratie… Ce gouvernement-là a à peine eu 43 %… 46 % de l'expression du vote en 2014 et il agit comme s'il était roi et maître de nos terres, de notre souterrain, de nos sources d'eau.

À Québec solidaire, la désobéissance civile, ce n'est pas quelque chose à laquelle on dit non, dans le sens où… lorsque les citoyens le décident. Ce n'est pas nous qui va faire ça, là. Nous, on a choisi un moyen qui s'appelle un moyen parlementaire. Mais, si les citoyens sentent que c'est… Et, comme on l'a entendu avec les 130 comités de citoyens, pas deux, trois têtes écervelées à droite puis à gauche, là, 130 comités de citoyens qui y réfléchissent parce qu'ils sentent que la démocratie ne leur permet plus d'atteindre l'objectif de protéger leurs cours d'eau, protéger leur planète, bien, on ne va pas dénoncer ça, là, on ne va pas dénoncer ça.

La Modératrice : Merci. Ça termine le point de presse.

(Fin à 11 h 9)

Participants


Document(s) Related