(Dix heures quarante et une minutes)
M. Gaudreault : Oui, alors,
bonjour à tous et à toutes. Ça me fait extrêmement plaisir d'être ici, mais
surtout je veux souhaiter la bienvenue à l'Assemblée nationale à des
représentants de groupes de citoyens, de groupes environnementaux parce
qu'aujourd'hui c'est une journée importante. Imaginez, il y a le dépôt d'une
pétition de plus de 31 000 noms, autour de 31 500 signatures,
dont 3 000 signatures dans les deux derniers jours. Cette pétition a
été lancée à la mi-octobre, donc en un mois et demi, 31 000 signatures.
Pourquoi? Pour demander clairement, sans équivoque au gouvernement libéral de
refaire ses devoirs et de retirer les quatre projets de règlement sur
l'exploration, l'exploitation des hydrocarbures.
Alors, on a ici... ils ont eu le plaisir
de me donner la moitié des 30 000 signatures, donc autour de
15 000 signatures dans cette boîte, et Manon aura, tout à l'heure...
bien, a maintenant déjà... c'est l'autre partie des signatures. Également, à
l'Assemblée nationale tout à l'heure, on aura l'occasion de déposer
officiellement le texte de la pétition.
Maintenant, il y aura également à midi une
manifestation, un rassemblement symbolique devant l'Assemblée nationale sur le
sujet du dépôt de la pétition de plus de 31 000 signatures demandant
au gouvernement de retirer sans délai ces quatre projets de règlement.
L'autre chose également qui est demandée,
et nous l'appuyons, au Parti québécois, sans réserve, c'est de demander
incessamment, rapidement au gouvernement de déposer un véritable plan de sortie
de la filière pétrolière et gazière. L'avenir du Québec, comme l'avenir de la planète,
ne réside pas dans les hydrocarbures, ne réside pas dans les énergies fossiles,
il réside, cet avenir, dans une transition claire vers les énergies
renouvelables, vers une économie sans pétrole.
Je termine, avant de laisser la parole à
Manon, sur l'absence de la ministre de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques, qui, depuis qu'elle est arrivée en poste, n'a pas
dit un seul mot sur ces quatre projets de règlement. Puis là ce n'est pas
quatre projets de règlement qui sont tirés de nulle part, c'est des projets de
règlement du gouvernement dont elle fait partie. Si elle est sérieuse, au
retour de la COP23, de la Conférence des Nations unies sur les changements
climatiques, elle doit mettre le pied à terre, elle doit mettre son poing sur
la table et refuser que le gouvernement dont elle est membre signe et entérine
ces quatre projets de règlement. Alors, moi, je l'appelle également, je
l'interpelle aujourd'hui à se tenir debout face à ses collègues au Conseil des
ministres. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, Mme Massé.
Mme Massé : Oui, merci,
Sylvain. Alors, effectivement, je pense que le dépôt de cette pétition-là,
aujourd'hui, indique quelque chose de clair. Lorsqu'en un mois et demi tu
ramasses plus de 31 000 signatures, ça signifie quelque chose, ça
signifie que les gens, en matière d'exploitation... d'exploration et
exploitation gazière et pétrolière, ont déjà fait leur nid. Ils ont fait leurs
devoirs, ils ont compris que cette filière-là faisait plus de tort à l'économie
du Québec, mais je dirais même à la planète, que de bien.
Alors, chez le gouvernement libéral, ils
n'ont pas l'air à comprendre que la population a compris, a compris que, d'une
part, ils soutiennent la filière hydrocarbures au Québec, gazière et pétrolière
du Québec. Ils la soutiennent. Pourquoi je l'affirme avec autant de clarté?
C'est parce que, d'une part, les gens, les citoyens et citoyennes qui se
préoccupent de ces questions-là l'affirment aussi de façon très claire. Mais,
lorsqu'on regarde dans les trois dernières années, qu'est-ce qu'on a eu devant
nous? Premièrement, on a eu une loi qui était supposée de nous amener une
transition énergétique. Ce n'est pas ça du tout, c'est une loi qui incluait clairement
une loi sur les hydrocarbures. Ensuite on a ces règlements-là qui viennent
vraiment donner tous les outils qu'ont besoin les pétrolières et gazières pour
pouvoir réaliser leurs projets d'exploration et d'exploitation. Et finalement
il y a une autre pièce législative, avec le projet de loi n° 150, qui
vient, encore là, donner plus de leviers avec le financement des projets
d'hydrocarbures, plus seulement au niveau de l'exploration, mais aussi au
niveau de l'exploitation et du stockage.
Alors, ça pue les hydrocarbures, si je peux
me permettre, tellement ce gouvernement-là est complaisant envers les
compagnies pétrolières et gazières. D'ailleurs, la semaine dernière, je
demandais en Chambre au ministre Moreau de m'expliquer combien d'argent avait
été investi... En fait, je demandais à la ministre de l'Économie, mais je ne sais
pas pourquoi, à chaque fois qu'on se lève pour parler de changements climatiques
et hydrocarbures, qu'on s'adresse à la ministre de l'Environnement, qu'on
s'adresse, comme je l'ai fait la semaine dernière, à la ministre de l'Économie,
et donc d'Investissement Québec, woups!, c'est le ministre des Ressources
naturelles qui se lève. Ça aussi, ça donne une indication où loge ce
gouvernement-là.
Bref, ce qu'il me dit, ce qu'il me répond
en Chambre, ce qu'ils nous ont répondu en commission parlementaire l'an dernier
sur le projet de loi n° 106, c'est : Vous êtes alarmistes, il n'y a
pas de projets au Québec. Bien, si on est alarmistes, ils peuvent-u m'expliquer
pourquoi toutes ces pièces législatives là sont là? Et, deuxièmement, il nous
dit que le filet de sécurité, c'est l'acceptabilité sociale. Bien, M. Moreau,
l'acceptabilité sociale, quand, en six semaines, on réussit à dénicher
31 500 signatures, ça envoie encore, 10 ans plus tard après les
gaz de schiste, le signal qu'au Québec la fracturation hydraulique, le
développement de la filiale hydrocarbure, on n'en veut pas.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, M. Simard.
M. Simard (Christian) :
Oui, bonjour. Tout à l'heure, on a soulevé deux boîtes de pétitions qui
semblaient légères de poids, mais qui sont lourdes, ces pétitions qui ont été
signées sur Internet, qui sont lourdes de l'opinion du poids des citoyens qui
disent non un an, pratiquement, après l'adoption sous le bâillon de la loi
n° 106, qui est une loi sur la transition énergétique, mais, on ne se
trompe pas, sur l'encadrement des hydrocarbures, sur l'exploration et
l'exploitation des hydrocarbures. Donc, il y a un poids, c'est un poids citoyen
qui va être grandissant. On est dans une année électorale, on le voit de plus
en plus, donc c'est un poids qui est majeur.
Le ministre a dit : On ne peut pas
retarder l'adoption des règlements, ce matin, on dit : Il va y avoir un
vide juridique. Vous savez, on dit souvent : La nature a horreur du vide.
Eh bien, je pense que la nature aime le vide juridique, c'est-à-dire que… Quelle
est l'urgence d'avoir cette réglementation pour faire des projets avec
fracturation? Le ministre a dit qu'il n'était pas favorable à ça, qu'il n'y
avait pas une épidémie de projets de fracturation. Quelle est l'urgence? Il y a
plein de lobbyistes dans les coulisses, il y a plein de projets qui attendent
de se réaliser? On ne nous le dit pas, on nous dit : Non, non, s'il n'y a
pas d'acceptabilité sociale, il n'y en aura pas, on fait ça parce qu'on aime
légiférer, on aime présenter des règlements.
Le chat sort du sac. Il y a une certaine
urgence corporative qui est de réglementer. Mais comment concilier cette
urgence-là de retourner vers le gaz de schiste, de retourner vers le pétrole de
schiste, d'aller menacer les cours d'eau, les lacs, les rivières du Québec, les
milieux naturels? Même une réserve faunique va pouvoir être forée, hein, qui va
pouvoir être utilisée pour de l'exploration. Il n'y a pas cette urgence-là.
Il n'y a aucune cohérence. Il y a un
projet de politique énergétique qui dit qu'on doit se libérer des produits
pétroliers. On parle d'une réduction de 40 % de l'utilisation des produits
pétroliers et, par ailleurs, on va encourager la production d'hydrocarbures au
Québec.
Donc, face à ça, on dit non à ces
règlements-là, retirez-les de façon définitive et amorcez demain la véritable
transition. Et ça commence peut-être par cet arrêt… sûrement par cet arrêt,
l'arrêt de ces règlements. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, M. Bonin.
M. Bonin (Patrick) :
Bonjour. J'aimerais revenir rapidement... Il y a deux ans, on était à Paris,
les pays étaient là pour signer l'Accord de Paris. M. Couillard a dit :
«Je n'ai aucun enthousiasme pour les hydrocarbures. [...]L'avenir du Québec ne
réside pas dans les hydrocarbures. Absolument pas.» C'était il y a deux ans à
Paris.
Suite à ça, le gouvernement a
littéralement fait un virage à 180 degrés. Il a adopté sous bâillon la Loi
sur les hydrocarbures il y a un an. Par la suite, il a même augmenté le
financement pour les pétrolières et les gazières au Québec à coups de dizaines
de millions de dollars que les Québécois ont envoyés directement par
l'entremise de M. Couillard aux pétrolières et aux gazières.
Le gouvernement ne s'est pas arrêté là, il
s'est même rendu à mettre en place un projet de règlement sur les hydrocarbures
qui est taillé littéralement sur mesure pour les pétrolières et les gazières,
qui permet la fracturation hydraulique, qui permet des forages à
150 mètres des habitations, près des écoles, près des hôpitaux, dans les
plans d'eau, littéralement un projet de règlement que les pétrolières et les
gazières ont applaudi, et ce n'est pas pour rien.
On l'a vu par la suite, nouvelle
conférence des Nations unies, les scientifiques, 15 000 qui sortent, qui
nous disent que les changements climatiques sont urgents, qu'il faut absolument
agir, que, si on veut respecter l'Accord de Paris, on ne peut plus rajouter
d'infrastructures pétrolières, gazières ou même exploiter des nouveaux
gisements pétroliers et gaziers sur la planète. Eh bien, que fait M. Couillard?
Il persiste et signe à vouloir adopter ces projets de règlement pétroliers et
gaziers qui ouvrent littéralement le territoire pour les pétrolières, qui
déroulent le tapis rouge clairement pour les gazières. Et elles le savent,
elles sont déjà à pied d'oeuvre. Donc, maintenant, on demande à M. Couillard
d'être cohérent avec ses engagements dans la lutte contre les changements
climatiques. On ne peut pas, au Québec, rajouter des infrastructures
pétrolières et gazières, ouvrir le territoire comme ça aux pétrolières et aux
gazières et respecter nos cibles de réduction de gaz à effet de serre,
respecter l'Accord de Paris.
M. Couillard doit choisir son camp.
Il doit nous dire clairement : Est-ce qu'il est là pour travailler à
défendre l'intérêt de la population à lutter contre les changements climatiques
ou il est là pour travailler pour les pétrolières et les gazières? Aujourd'hui,
M. Couillard a le dos tourné à la population. On lui demande de regarder
ce que la population demande. Elle demande le retrait de ces projets de
règlement pétroliers et gaziers et on demande un plan de transition rapide vers
les énergies vertes et pas de choses à moitié comme on est habitués, maintenant,
d'avoir de M. Couillard. On veut de la cohérence, on ne veut plus de
demi-mesures. La population exige la même chose et M. Couillard doit
écouter la population. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, Mme Dupuis.
Mme Dupuis (Carole) :
Bonjour. Je représente le Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec, des
groupes citoyens, 130 groupes citoyens, des Îles-de-la-Madeleine à
l'Outaouais. Ça va être très bref.
Si on décode la situation aujourd'hui, ce
qu'on voit, c'est que ce gouvernement, dans sa version antérieure, a vendu,
pour quelques sous, 53 000 kilomètres carrés du territoire québécois
à des intérêts privés. Aujourd'hui, on nous dit : Il faut une loi, il faut
des règlements pour encadrer ces gens-là à qui on a donné le sous-sol, qui sont
devenus les copropriétaires de nos terres agricoles, qui sont devenus les
copropriétaires de nos terres publiques, de nos forêts en Gaspésie qui sont
ciblées particulièrement, la forêt de Joly dans Lotbinière, etc. On nous dit :
Ça nous prend une loi pour ça, mais il n'y aura pas de projets s'il n'y a pas
d'acceptabilité sociale.
Alors, quand on décode tout ça, ce que ça
nous dit, c'est qu'il n'y a qu'une seule chose qui va arrêter ces projets-là, c'est
la désobéissance civile, et les citoyens l'ont compris. Les citoyens, les
membres du RVHQ, en grand nombre, nous disent : On a besoin de formation,
on a besoin de savoir comment faire ça, de la résistance citoyenne. Comment on
s'attache à des foreuses? Comment on se couche dans la rue pour empêcher les
transports de passer? Comment on va faire ça? Quand est-ce qu'on va le faire? À
quel endroit? Où est-ce qu'ils vont passer? C'est devenu très concret pour les
groupes membres du RVHQ et pour de nombreux citoyens qui sont à l'écoute de ce
qui se passe et qui comprennent le double langage et les mensonges.
Alors, soyons clairs, ce qu'on demande, ce
qu'on demande, c'est le retrait des projets de règlement, c'est la révision de
la loi pour empêcher le développement de la filière et non pas l'encadrer,
l'empêcher, et que le gouvernement qui nous a mis dans ce guêpier-là sorte ces
parasites qui viennent nous forer, à nos propres frais en plus, nous, les
citoyens du Québec. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, M. Dumont.
M. Dumont (Philippe) : Donc,
bonjour, je me présente, Philippe Dumont, de Boréalisation. Boréalisation,
c'est une jeune et petite organisation basée au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Puis
Boréalisation a été spécialement interpelée à l'annonce des projets de
règlement sur les hydrocarbures, puisque, directement sous le
lac Saint-Jean, se trouvent deux licences d'exploration pétrolière et
gazière. Et, au moment de l'annonce, on a remarqué vraiment un vent
d'indignation dans la région lorsque cette annonce a été faite par le
gouvernement Couillard, et on a décidé par conséquent de s'impliquer dans le
collectif de la pétition. Et la pétition ne pourrait être plus claire, c'est un
non aux forages, un non bien senti, plus de 30 000 signataires. C'est
aussi un non catégorique, donc un refus clair, net et précis des projets de
règlement sur les hydrocarbures proposés par le Parti libéral du Québec.
Vous savez, l'industrie pétrolière et gazière,
c'est une industrie lourde. Et, devant une industrie qui est aussi de plus en
plus invasive sur le territoire, le gouvernement du Québec propose, de façon un
peu simpliste, des distances réglementaires lesquelles font aussi peu, par
exemple, que 150 mètres entre la tête d'un puits et une habitation. Or, là
où on devrait plutôt instaurer des distances sécuritaires, c'est entre le
gouvernement du Québec et le lobby pétrolier et gazier parce que, visiblement,
ils sont très près l'un de l'autre. Et, lorsqu'il y a une proximité entre le
gouvernement du Québec et le lobby pétrolier et gazier, bien, il y a aussi une
proximité entre les forages et nos maisons, il y a des forages à proximité des
aires protégées, il y a des forages dans nos milieux naturels et il y a des
forages dans nos milieux de vie.
Donc, la demande pourrait être formulée de
la façon suivante : On demande au gouvernement du Québec de prendre ses
distances avec le lobby pétrolier et gazier et de se rapprocher de la voix
populaire, de la volonté populaire, celle qui est exprimée ici aujourd'hui, c'est-à-dire
de s'engager dans un plan de sortie rapide et complet de la filière pétrole et
gaz au Québec.
La Modératrice
: Merci.
Finalement, Mme Simard.
Mme Simard (Alice-Anne) :
Donc, ces projets de règlement là, en fait, doivent être retirés tout
simplement parce qu'ils vont permettre la fracturation hydraulique et qu'ils
vont être une menace réelle pour nos lacs, nos rivières, nos nappes
phréatiques. Même si le ministre dit, en fait, qu'il n'y aura pas de fracturation
hydraulique, il n'y aura pas de forage qui va se faire sous les cours d'eau
s'il n'y a pas d'acceptabilité sociale, pourquoi alors ne pas tout simplement
interdire la fracturation hydraulique dans ces règlements-là? Pourquoi ouvrir
la porte à cette technique-là dans les projets de règlement s'ils ne veulent
pas, finalement, le faire?
Ces projets-là posent vraiment des graves
risques pour notre eau. Les citoyens et les citoyennes s'en sont rendu compte,
c'est pour ça qu'il y a eu une vague d'opposition et de mobilisation importante
dès l'annonce de ces projets de règlement, qu'il y a eu des manifestations qui
s'appelaient L'eau du Québec, c'est sacré! Les gens sont vraiment
outrés, les gens sont vraiment inquiets. Ils ne sont pas alarmistes, ils ont
raison d'être inquiets parce qu'en fait ces projets de règlement là vont ouvrir
la porte à des forages pétroliers et gaziers, et il y a de réels risques de
contamination de notre eau.
Par exemple, partout en Amérique du Nord,
quand il y a eu des projets comme ça de pétrole et de gaz, il y a eu de l'eau
qui a été contaminée, tout simplement. On n'a qu'à penser en Pennsylvanie, où
est-ce qu'il y a des contaminations des nappes souterraines à cause de la
fracturation hydraulique et des gaz de schiste; la rivière Kalamazoo au
Michigan aussi, qui, sept ans après le déversement, contient encore du pétrole,
est encore contaminée. En Alberta aussi, il y a des rivières qui avaient des
eaux cristallines avant qui sont maintenant contaminées au pétrole des sables bitumineux.
Puis on a eu un avant-goût aussi, au
Québec, avec la saga du gaz de schiste. Donc, en 2011, en fait, le ministre des
Ressources naturelles de l'époque avait évalué, en fait, tous les puits de gaz
de schiste et il a trouvé que 60 % d'entre eux fuyaient, avaient des
fuites. Et on ne sait pas, comme ça, combien de méthane, qui est un puissant
gaz à effet de serre, s'est retrouvé dans l'environnement, s'est retrouvé dans
notre atmosphère.
De la même façon, en fait, les projets de
fracturation hydraulique sont vraiment dangereux, puisque l'EPA, l'agence de
protection environnementale des États-Unis, a prouvé en 2016 que la
fracturation hydraulique est directement liée à des risques de contamination
des nappes souterraines.
Présentement, là, en Gaspésie, il y a un
projet qui s'appelle le projet Bourque, qui, au départ, devait être un projet
de gaz naturel pour lequel le gouvernement investit plus de 20 millions de
dollars parce que c'était supposément un projet de transition énergétique. Puis
on se rend compte, finalement, que c'est du pétrole et qu'il va y avoir de la
fracturation hydraulique qui va être faite à cet endroit-là. Donc, il faut vraiment
tourner nos yeux vers la Gaspésie. Il y a d'autres projets comme ça qui vont
arriver.
Et en terminant, en fait, je voudrais
rappeler au gouvernement que, si ces règlements-là sont adoptés et que le Québec,
finalement, devient un État pétrolier et gazier, on va bientôt se retrouver
avec les mêmes problèmes de contamination de nos lacs, de nos rivières, de nos
nappes phréatiques que ce qui s'est fait, finalement, dans d'autres États qui
ont fait ce choix-là. Et il faut rappeler, en fait, que cette contamination-là,
en plus, elle est souvent irréversible. Présentement, là, les lagunes de
Mercier, dans Châteauguay, sont contaminées aux hydrocarbures depuis plus de 50 ans,
il n'y a personne qui est capable de les décontaminer. Puis la même chose aussi
à Lac-Mégantic après la tragédie, en fait, cinq ans... bien, quatre ans, en
fait, après la tragédie, bientôt cinq, la rivière Chaudière est encore
contaminée, et les poissons ont encore des taux d'anormalité énormes.
Donc, il faut retirer ces projets de
règlement là, c'est bien important, parce que l'eau est vraiment menacée. C'est
sérieux, ce n'est pas alarmiste. Et je continue à croire, finalement, que de
pouvoir faire flamber notre eau comme en Pennsylvanie, ce n'est vraiment pas le
genre de projet de société auquel on devrait aspirer. Merci.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Est-ce qu'on a des
questions? Martin Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour. M. Gaudreault, Mme Massé, pourquoi demander le retrait
complet de ces projets de règlement plutôt que de demander au gouvernement de
présenter une version plus sévère et contraignante?
M. Gaudreault : Bien,
c'est parce qu'on pense que c'est la philosophie même de ces... en tout cas, en
ce qui nous concerne, là, du côté de l'opposition officielle et du Parti
québécois, on pense que c'est l'architecture elle-même des règlements qui ouvre
la porte à l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures. La philosophie
qui est derrière cette action réglementaire, c'est d'ouvrir la porte et de
permettre la fracturation hydraulique. Vous savez, on s'est battus ardemment
pour empêcher la fracturation hydraulique lors de l'adoption du projet de loi n° 106,
qui a été adopté sous le bâillon. Alors, on demande au gouvernement d'arrêter, finalement,
de tenir un discours public, hein, quand le premier ministre se promène sur la
scène internationale... Moi, j'étais à la COP23 avec la ministre Melançon, qui
se pète les bretelles pour dire que le Québec est un leader mondial dans la
lutte contre les changements climatiques. Ça, c'est le vernis. Mais, dès qu'on
gratte un peu, là, bien là on tombe sur Pierre Moreau, qui, lui, permet la
fracturation hydraulique, qui, lui, a des règlements qui permettent cela et qui
encadrent l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures. Alors, on dit :
C'est non, non, non, et de les retirer, les quatre, de refaire ses devoirs au
complet.
M. Croteau (Martin) : ...Mme
Massé, justement, mais est-ce que l'absence de règlements ne permet pas,
justement, par la porte d'en arrière, l'extraction de pétrole par fracturation
hydraulique? Je veux dire, quand il n'y a pas de règlements...
Mme Massé : Absolument
pas. Absolument pas, et c'est pour ça que la nature aime le vide de ces
règlements, parce que la nature sait qu'elle serait protégée par ce vide de
règlements.
Vous savez, ça fait très longtemps qu'on
le dit, que cette loi-là, la loi n° 106, il y avait énormément de vices
dans cette loi-là, mais notamment l'ouverture, la porte ouverte, grande ouverte
aux pétrolières et gazières pour venir s'abroger, pour venir sauter sur notre
sous-sol collectif par la fracturation hydraulique. Les règlements sont venus
le confirmer que c'est vers là que s'en allait le gouvernement de M. Couillard.
Et on n'en parle pas aujourd'hui, mais la pièce législative du projet de loi n° 150
vient rajouter une couche parce que maintenant on dit : En plus, on va les
financer encore plus.
Alors, comprenez-vous que ne pas avoir de
règlements, c'est de ne pas appliquer la loi? Et ça, ce n'est peut-être pas une
mauvaise idée, pas dans sa... Parce que les règlements dont on parle ici ne
concernent pas Transition énergétique Québec, ça concerne spécifiquement le
chapitre IV, c'est-à-dire la Loi sur les hydrocarbures.
Alors, il y a... je pense, l'acceptabilité
sociale... Ça fait plus de 10 ans que les Québécois et Québécoises, de
toutes sortes de façons, disent non à la fracturation hydraulique. Et, même
quand on questionne le... une ministre mais, en tout cas, ou M. Moreau se
lève en Chambre pour répondre, il a l'art oratoire de ne jamais prononcer le
mot «fracturation hydraulique», mais les gens qui ont un minimum de
connaissance du dossier savent très bien que ce qu'il dit, c'est :
Inquiétez-vous pas, il n'y aura pas fracturation s'il n'y a pas d'acceptabilité
sociale. Aujourd'hui, les gens, là, le front, là, c'est quand même... beaucoup
de Québécois et Québécoises viennent lui dire, encore une fois : En
matière de fracturation, au Québec, il n'y a pas d'acceptabilité sociale.
M. Croteau (Martin) :
Est-ce que vos partis vont appuyer des actes de désobéissance civile s'il
devait y en avoir dans la foulée de l'acceptation... la confirmation de ces
projets de règlement?
M. Gaudreault : La
situation dans laquelle nous sommes plongés présentement, c'est le gouvernement
libéral qui nous a mis dedans, hein? Il faut être bien conscients de ça, là.
S'il y a des gens qui réfléchissent à des actes de désobéissance civile, c'est
de la faute du gouvernement libéral, qui n'écoute pas, justement, entre autres,
30 000 pétitionnaires, qui n'écoute pas cette volonté clairement
exprimée, au Québec et à travers le monde, qu'il faut avoir un plan clair de
sortie du pétrole vers des énergies renouvelables. Alors, nous, c'est pour ça
qu'on dit au gouvernement : Vous avez le temps, retirez ni plus ni moins
les quatre projets de règlements.
M. Croteau (Martin) :
...désobéissance civile...
M. Gaudreault : Bien, c'est
ça, on dit : Il faut…
M. Croteau (Martin) : Est-ce
que votre parti va approuver ou appuyer des gestes de désobéissance civile s'il
devait y en avoir?
M. Gaudreault : Notre
parti réclame, depuis longtemps d'ailleurs, de retirer les quatre projets de
règlement. On pense que c'est la meilleure façon d'assurer le suivi, d'assurer
la paix sociale au Québec, et c'est ce qu'on demande au gouvernement, de
retirer les quatre projets de règlement. Évidemment, le Parti québécois n'est
pas pour la désobéissance civile, mais ce qu'on dit, c'est que le gouvernement
peut agir dès maintenant en retirant les quatre projets de règlement.
M. Croteau (Martin) :
Mme Massé.
Mme Massé : Oui, bien, tout
à fait d'accord avec Sylvain. Qu'est-ce que c'est que ça va nous prendre?
Qu'est-ce que c'est que ça va prendre à ce gouvernement-là pour comprendre que
ça n'a pas de bon sens, que, depuis 10 ans, on répète, de toutes sortes de
façons, avec toutes sortes de moyens, qui vont dans le sens de ce qu'on a dans
notre démocratie, de moyens pour dire : On n'en veut pas? Quand tu te fais
passer un projet de loi sous bâillon, là, entre vous et moi, qu'est-ce qu'il
vous reste? Qu'est-ce qu'il nous reste comme parlementaires, premièrement? Et
ensuite qu'est-ce qu'il vous reste comme citoyens? Ça fait des décennies, des
décennies que nous disons : Nous ne voulons pas de fracturation
hydraulique au Québec.
Et, vous savez, la désobéissance civile,
là, ce n'est pas de la violence, c'est une… Gandhi… Est-ce qu'on dirait que
Gandhi avait tort d'appeler son peuple à la désobéissance civile? Non, on ne
dirait pas ça. Quand il n'y a plus aucun moyen… la démocratie… Ce
gouvernement-là a à peine eu 43 %… 46 % de l'expression du vote en
2014 et il agit comme s'il était roi et maître de nos terres, de notre
souterrain, de nos sources d'eau.
À Québec solidaire, la désobéissance
civile, ce n'est pas quelque chose à laquelle on dit non, dans le sens où…
lorsque les citoyens le décident. Ce n'est pas nous qui va faire ça, là. Nous,
on a choisi un moyen qui s'appelle un moyen parlementaire. Mais, si les
citoyens sentent que c'est… Et, comme on l'a entendu avec les 130 comités
de citoyens, pas deux, trois têtes écervelées à droite puis à gauche, là,
130 comités de citoyens qui y réfléchissent parce qu'ils sentent que la
démocratie ne leur permet plus d'atteindre l'objectif de protéger leurs cours
d'eau, protéger leur planète, bien, on ne va pas dénoncer ça, là, on ne va pas
dénoncer ça.
La Modératrice
: Merci.
Ça termine le point de presse.
(Fin à 11 h 9)