To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, M. Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, M. Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Friday, December 8, 2017, 14 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures deux minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. En cette fin de session, on est très heureux et heureuses de se retrouver parmi vous pour faire notre bilan de cette session-ci.

Alors, je vous dirais que, si nous avions à illustrer notre bilan dans une phrase, cet automne, Québec solidaire a fait des propositions pragmatiques qui ont bousculé les autres partis. Nos propositions, elles étaient simples, efficaces. Elles n'avaient qu'un objectif, c'est d'améliorer la condition de vie des gens, de faire en sorte que les travailleurs et les travailleuses s'en trouvent avec une condition de vie améliorée.

Je vous donne quelques exemples. Par exemple, le projet de loi anti-burnout qu'a déposé Gabriel parce que, vous le savez comme moi, les Québécois et Québécoises sont épuisés. Le taux d'épuisement professionnel est élevé, et, dans le fond, une solution simple comme le projet de loi de Gabriel anti-burnout, c'est-à-dire d'augmenter le nombre de vacances, d'augmenter le nombre de jours fériés, de faire en sorte que les congés sociaux soient des congés rémunérés, s'assurer que les gens puissent avoir leur horaire de travail en temps pour être capable de planifier leur vie. Ce n'était pas compliqué, et Gabriel nous l'a proposé.

Il y a Amir aussi qui, cet automne, a proposé son projet de loi de baliser le commerce électronique. Pourquoi? Bien, parce que ça aussi, c'est des emplois, c'est des commerces, c'est des Québécois et Québécoises qui, malheureusement, voient leurs possibilités ébranlées parce que les grands conglomérats électroniques ne veulent pas faire leur juste part.

Alors, vous savez, la justice fiscale, là, ça aussi, ça existe. La justice fiscale, c'est ce qu'Amir a proposé dans son projet de loi de commerce électronique. Et je vous rappellerai que ce projet de loi là a bousculé les trois autres partis, parce que d'une part, bien, il y a des gens où on n'a pas trop su, ça a pris du temps avant qu'on sache exactement quelle était leur position par rapport à ça. Même M. Leitão nous a dit qu'il devait considérer. On attend d'ailleurs toujours une réponse concrète, mais on continue de dire que le projet de loi d'Amir était un projet de loi de justice fiscale qui permettait en plus de faire une rentrée d'argent dans notre portefeuille collectif. Et puis ça, c'est toujours utile quand on veut s'occuper des services publics.

Et moi, de mon côté, aussi par pragmatisme... vous savez, on a eu un automne qui, encore une fois, nous rappelait qu'en matière d'agressions sexuelles on a beaucoup de chemin à faire. Et, dans un plan que j'ai déposé, une de nos propositions était le modèle Philadelphie, c'est-à-dire de porter un regard critique sur le processus de plainte et d'enquête pour nous assurer que nous avons la meilleure façon de faire pour assurer aux femmes qu'elles seront entendues et respectées dans ce processus-là. Et, bien sûr, le ministre a décidé de faire un projet pilote. On aurait pu espérer mieux, parce que les données probantes, il y en a partout, bien, à tout le moins à Philadelphie et aussi à Calgary. Mais, ceci étant dit, il y a déjà ce pas-là.

Alors, c'est ce que je voulais dire par QS, propositions pragmatiques qui bousculent les autres partis, parce qu'avec ces trois exemples-là je vous dis qu'on a senti que notre place ici était de déranger, était de faire en sorte que les autres partis soient obligés de se pencher sur des questions sur lesquelles ils ne se pencheraient pas si nous n'étions pas là pour pousser un peu avec notre épaule.

M. Nadeau-Dubois : Merci, Manon. Ce matin, j'ai écouté le bilan du premier ministre et j'ai été assez surpris de constater qu'il a passé l'essentiel de son temps à critiquer la CAQ. Et c'est assez extraordinaire, c'est même un peu savoureux, parce qu'à force de critiquer la CAQ M. Couillard en arrive à se critiquer lui-même. Parce qu'il ne faut pas l'oublier, le programme de la CAQ, bien, le gouvernement libéral l'a amplement mis en œuvre dans les derniers mois. La dernière mise à jour économique, les baisses de taxes scolaires, qui vont bénéficier surtout aux très grands propriétaires, et le fameux troisième lien entre Québec et Lévis, tout ça, ce sont des propositions caquistes reprises maintenant par le Parti libéral.

Alors, il y a quelque chose d'ironique à entendre M. Couillard parler des propositions caquistes comme étant du grand n'importe quoi, parce que, ce faisant, il reconnaît qu'il y a une portion de son action politique qui est donc aussi du gros n'importe quoi, parce que, de son aveu même, il a repris toute une série de propositions de la CAQ.

Un autre élément que le premier ministre a soigneusement évité ce matin, un autre fait saillant de la session parlementaire qui a été complètement passé sous silence, c'est la crise de confiance majeure actuelle à l'égard de nos institutions politiques. Il y a eu des révélations dans les médias concernant les somptueuses fêtes organisées par Marc Bibeau, il y a eu toutes les tribulations autour du travail de l'UPAC. On pourrait continuer longtemps à donner des exemples, mais ce qui se dégage, c'est une crise de confiance à l'égard de nos institutions.

Prenons l'exemple de l'UPAC, le mauvais climat de travail, la mauvaise gestion, le manque de transparence, la difficulté à expliquer ses propres arrestations. L'UPAC a accumulé une série de mauvaises décisions, et ce qui se dégage, c'est un constat clair : de toute évidence, l'UPAC n'est pas en mesure de remplir la part la plus fondamentale de son mandat, c'est-à-dire mettre la main au collet des gens qui ont été responsables du financement illégal des partis politiques au Québec; bien sûr, le Parti libéral du Québec au premier chef, mais les trois autres partis également, qui ont tous, à leur manière… les deux autres partis, qui ont tous, à leur manière, trempé dans le financement illégal.

Ce que les gens veulent et ce que Québec solidaire demande depuis maintenant des années, c'est des résultats. Il faut avoir des résultats sur le plan judiciaire d'ici les prochaines élections, en 2018. De manière générale, ce qui se dégage au Québec depuis quelques semaines, c'est une vague de changement, c'est une soif de changement.

Le message de Québec solidaire, dans les prochains mois, il va donc être très clair. Ce message, ça va être de dire : Bien sûr qu'il faut du changement, nous sommes d'accord avec vous, sauf que ce dont le Québec a besoin, ce n'est pas seulement d'un changement de gouvernement, c'est aussi d'un changement de vision. On ne peut pas changer le Parti libéral pour son petit frère caquiste. Il faut changer la vision dont on développe le Québec et son économie, et, pour nous, une véritable vision alternative, ce serait celle de Québec solidaire. Merci beaucoup.

Le Modérateur : On va passer à la période de questions. Donc, Hugo Pilon-Larose, La Presse.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Un électeur québécois qui s'identifie à la gauche du spectre politique, qui ne se dit pas souverainiste, peut-il voter pour Québec solidaire?

M. Nadeau-Dubois : Il peut tout à fait voter...

M. Pilon-Larose (Hugo) : Doit-il voter pour Québec solidaire?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est un choix qui lui appartient, mais un électeur qui vote pour Québec solidaire sait, depuis maintenant 12 ans, qu'il vote pour un parti indépendantiste. Ce n'est pas à nous de dire qui a le droit ou pas de voter pour Québec solidaire. Nous, on souhaite qu'il y ait le plus de gens possible qui le fassent, mais ils votent pour un parti indépendantiste, et ce, depuis 12 ans, et ils le font...

M. Pilon-Larose (Hugo) : M. Khadir, vous qui êtes le doyen parlementaire de votre formation politique, la perspective qu'un gouvernement de la CAQ ou des libéraux prenne le pouvoir en octobre prochain, est-ce que vous allez rester pour un autre quatre ans de plus à l'Assemblée nationale, à continuer à siéger pour Québec solidaire?

M. Khadir : Bien, ce n'est pas en fonction de qui va prendre le pouvoir. Moi, je suis avec Québec solidaire, je vais le demeurer. Je vais me présenter en 2018 parce que nous voulons le plus rapidement offrir aux Québécois la possibilité d'avoir un gouvernement de Québec solidaire. Ça pourrait être en 2018.

Personne n'aurait pu deviner les événements qui se sont produits en France, aux États-Unis, je veux dire les élections, les résultats des élections, à la ville de Montréal; les uns malheureux, les autres heureux. Souhaitons que pour le Québec, ça puisse être un résultat heureux, comme on l'a constaté à Montréal, c'est-à-dire le fait que les gens se disent, une fois pour toutes, les vieilles cliques politiques, la classe politique au service des dirigeants puis des millionnaires, là, on met ça de côté puis on se donne la chance de véritablement débloquer l'impasse que nous imposent le Parti québécois, le Parti libéral puis la CAQ, dans une certaine mesure.

La CAQ est sortie de la fesse droite du Parti libéral et de la fesse droite du PQ, en quelque sorte. Si on regarde la réalité des choses, là, de Mario Dumont jusqu'à François Legault, c'est une combinaison à la baisse du PL plus le Parti québécois. Et je ne pense pas que, si les résultats sont ce qu'on voit aujourd'hui, les gens, en y faisant la réflexion, qu'il y a quelque chose de bon pour le Québec en votant pour la CAQ. La seule chance pour le Québec d'évoluer sur le plan politique, c'est Québec solidaire.

Mme Prince (Véronique) : Bonjour. Je me rappelle les bilans de session précédents. Souvent, Françoise David disait, à la blague, qu'il n'y avait pas eu suffisamment de couverture médiatique puis que c'était son combat de tous les jours d'avoir une couverture médiatique.

On peut dire peut-être que cette session-ci aura été la session où vous aurez eu le plus de visibilité médiatique, justement, mais pourtant ça ne se reflète pas, par exemple, dans les appuis. C'est la première session complète aussi de Gabriel Nadeau-Dubois.

Est-ce qu'il y a une stagnation actuellement à Québec solidaire?

M. Nadeau-Dubois : Si on regarde la croissance, en termes de nombre de membres, qu'on a connue cette année, pas du tout. Si on en croit nos chiffres de financement, non plus. Plus de 60 % de ces nouveaux membres là, d'ailleurs, sont à l'extérieur de Montréal. Donc, ça me semble indéniable que Québec solidaire est sur une lancée.

Le travail qu'on a, dans les prochains mois, c'est de convertir cette énergie militante et organisationnelle en appuis électoraux. Et ça, oui, le défi, il est réel, on ne va pas le nier, mais les élections sont dans neuf mois. On va continuer tout le printemps à les multiplier, les propositions concrètes et pragmatiques du style de celles qu'on a proposées cet automne, et on a encore du travail à faire, on en est bien conscients.

Mais moi, je suis très fier. Vous le disiez, c'est ma première session complète à l'Assemblée nationale. Je suis terriblement fier du travail qu'à trois nous sommes capables d'accomplir, des enjeux qu'on est capables de mettre dans le débat, des propositions qu'on est capables d'articuler. C'est ça, le Québec solidaire de 2017 et de 2018. C'est un Québec solidaire qui, plus que jamais, fait des propositions concrètes puis provoque des débats. C'est ce qu'on va continuer à faire, et le pari qu'on fait, c'est que ça va se traduire en appuis dans les prochains mois puis, bien sûr, également en 2018.

Mme Prince (Véronique) : Vous voyez aussi actuellement qu'il y a une bataille, là, qui est en train de se faire entre le Coalition avenir Québec puis le Parti libéral pour la prochaine victoire. Avez-vous l'impression que les Québécois désirent davantage que ce genre de formation là a à offrir, comme s'ils voulaient que vous continuiez de faire partie du paysage, mais peut-être pas comme gouvernement?

Mme Massé : Bien, je pense que Gabriel le nommait clairement, le besoin de changement, il est là, il est réel. On comprend, regardez ce qui arrive avec nos services publics. Ça fait que moi, je comprends les gens qui disent : Ouf! ce gouvernement-là, on n'en veut plus.

Ce qu'ils oublient, par contre, devant la poudre aux yeux que peuvent nous laisser transparaître les caquistes, ce n'est pas parce qu'on emploie le mot «changement» qu'on change les choses. Par chez nous, il y a une expression : quatre trente-sous pour une piastre. Ça fait la même piastre en bout de ligne.

Alors, le programme et ce que met de l'avant... la vision qui est mise de l'avant par la CAQ est la même vision que le gouvernement libéral. Alors, c'est c'est ça, le travail qu'on a à faire, c'est de déconstruire cette poudre aux yeux qui nous est lancée et qui est lancée au peuple québécois.

Mme Lévesque (Catherine) : Bonjour. Vous avez parlé de votre rôle en début d'allocution. Est-ce qu'on peut dire que vous avez été la conscience de l'Assemblée nationale cette année?

Mme Massé : Bien, moi, je pense que ça, pendant les premières années de Québec solidaire, c'était quelque chose qu'on se plaisait à dire de nous, mais regardez ce qu'on a mis sur la table, là. Quand M. Simons était ici, à côté de nous autres, là, il ne parlait pas de conscience. Il parlait de nécessité pour les commerçants, pour les entreprises du Québec, pour les travailleurs et travailleuses des commerces de voir cette justice fiscale là se réaliser à travers le projet de loi sur le commerce électronique.

Alors, je pense que Québec solidaire est beaucoup plus que ça, et il faut… Nous sommes en train, en fait, je pense, de faire mentir qu'on est là seulement que pour être la bonne conscience du Parlement.

Mme Lévesque (Catherine) : Donc, que vous êtes bel et bien un parti d'opposition, là, au même titre que la CAQ et le Parti libéral…  Parti québécois.

M. Khadir : Oui, et c'est là toute la difficulté, quand on est un petit parti qui fait son travail et qu'il y a de grands partis qui miroitent la possibilité de former le gouvernement. Tout à l'heure, on se posait des questions.

Moi, écoutez, j'ai vraiment Québec solidaire tatoué sur le front, alors je suis un bon sondage, à moi-même, ambulant. Je peux vous dire que beaucoup plus que les 10 %, 12 %, 13 %, 15 % de gens que vous voyez dans les sondages appuient, embrassent nos propositions, sauf que c'est le malheur des systèmes politiques coincés comme celui qu'on a. Pour se débarrasser d'un gouvernement qu'on ne veut pas, l'appui des gens va à celui que les gens ont la perception qu'il est le seul à même de le renverser. Sans ça, ça serait incompréhensible de voir comment le peuple québécois, d'un coup, vote pour le NPD à une élection, ensuite, l'élection suivante, pour les libéraux.

C'est des mouvements destinés à se débarrasser du parti au pouvoir. Ça ne dispose pas, ça n'indique en rien le véritable appui, le choix réel des gens en termes de contenu. Parce que je peux vous dire, bien plus de gens, je ne pourrais pas le chiffrer, mais certainement beaucoup plus que les 10 %, 15 % qu'on a dans les sondages, dans un système électoral où ils auraient une certitude que leur vote n'est pas gaspillé par notre mode de scrutin déficient, nous appuieraient.

Mme Lévesque (Catherine) : Juste sur un autre sujet, rapidement. À quel point est-ce que vous êtes confiant qu'Option nationale va entériner la fusion en fin de semaine?

M. Nadeau-Dubois : Nous, au comité de négociation de Québec solidaire, si on a signé cette entente-là, c'est qu'on avait confiance qu'elle serait acceptée par les membres de Québec solidaire, et ça a été le cas à bien plus que 80 % de notre congrès. Si les représentants d'Option nationale l'ont signée, c'est qu'ils avaient la même confiance.

Alors, moi, je ne connais pas les membres d'Option nationale. C'est difficile pour moi de juger de ça, mais ce que j'entends de la part de Sol Zanetti, ce que j'entends de la part de la direction d'Option nationale, c'est qu'ils sont confiants parce qu'ils savent qu'ils ont signé une entente de principe qui est à l'avantage, pas seulement d'Option nationale et de Québec solidaire, mais à l'avantage de la gauche indépendantiste.

Donc, oui, on est confiants, mais, en même temps, ce n'est pas nous qui avons l'information sur comment le débat se déroule puis va se dérouler en fin de semaine.

Le Modérateur : Patrick Bellerose, Journal de Québec.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour à tous. M. Nadeau-Dubois, avec le recul, en rétrospective, est-ce que le refus, par votre parti, de la convergence souverainiste a été bénéfique pour Québec solidaire?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je pense que le congrès de Québec solidaire a pris la bonne décision parce que ce qui s'est passé depuis ce vote a été très révélateur. Ce qui s'est passé depuis ce vote, d'une part, du côté du Parti québécois, ça a été, dans les semaines suivant le congrès, des attaques extrêmement dures du Parti québécois envers Québec solidaire. Et, quand on veut s'unir à quelqu'un et que dès que la personne dit non, on se met à la traiter de tous les noms, ça illustre quand même le niveau de sincérité de la courtisanerie qui précédait.

Ensuite, moi, je suis resté marqué par les commentaires de M. Lisée lors de l'épisode de l'afflux de demandeurs d'asile haïtiens et je ne pense pas être le seul indépendantiste et le seul progressiste au Québec à avoir été marqué par ce moment-là. Ça fait déjà quelques mois, on a tendance à l'oublier, mais c'est sur ce débat-là que s'est ouverte la saison politique au Québec. Et moi, je me souviens d'un Jean-François Lisée qui avait des propos profondément divisifs et je me rappelle de l'effet que ça a eu chez les gens qui, au sein de Québec solidaire, appuyaient un projet de convergence, et je me rappelle d'avoir entendu ces gens-là dire : Oui, finalement, on a peut-être bien fait de ne pas s'unir à une direction politique, celle du Parti québécois, dont la stratégie, comme ça a été démontré lors de cet épisode-là, c'est de diviser les Québécois.

M. Bellerose (Patrick) : Et vous, personnellement, considérez-vous que c'était une bonne chose de ne pas s'unir au Parti québécois voyant tout ce qui a suivi?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je suis d'accord avec le jugement de ces gens-là. Je suis d'accord que les événements qui se sont produits depuis le vote du congrès ont largement donné raison aux membres de Québec solidaire qui ont décidé de battre ce projet d'alliance électorale.

M. Bellerose (Patrick) : Si vous me permettez une autre question, Mme Massé, vous avez beaucoup mis l'emphase tantôt, dans votre préambule, sur le côté pragmatique. Vous avez aussi rappelé les projets de loi qui ont été déposés. Est-ce que c'est le principal défi de Québec solidaire pour les prochains mois, de démontrer que vous n'êtes pas des pelleteux de nuages, entre guillemets, si vous permettez l'expression?

Mme Massé : Oui, oui, expression consacrée, hein? Mais d'ailleurs je nous rappellerai toujours que, pour voir le soleil, il faut pelleter quelques nuages quand même.

Je pense, Québec solidaire a toujours été pragmatique. C'est que là on prend nous aussi le rythme préélectoral. Regardez le projet de loi sur le commerce électronique. Ça faisait des mois qu'on travaillait là-dessus, là. Ce n'est pas juste cet automne qu'on est devenus propositionnels et que nos propositions sont pragmatiques, mais c'est évident qu'avec les ressources qu'on a, des fois, ça prend un peu de temps, mais je pense que ce pragmatisme-là était là et surtout il va continuer d'être là. Notre objectif, c'est d'améliorer...

M. Bellerose (Patrick) : Mais c'est un défi de le démontrer.

Mme Massé : Bien, c'est de déposer des projets de loi, des plans comme je l'ai fait. Je pense qu'on a quelques outils parlementaires.

M. Bellerose (Patrick) : Je pense que vous avez un défi à le démontrer.

Mme Massé : À le démontrer... Si moi, le projet de loi, par exemple, anti- burnout est dur à comprendre qu'il est pragmatique, je ne sais pas pourquoi. Ça fait que je n'ai pas de misère à le démontrer, là. On l'explique, on descend, mais oui il faut, je dirais, nous faire entendre pas seulement à travers les médias, concrètement sur le plancher avec les gens, directement en contact avec les gens. Il faut qu'on prenne le temps d'expliquer ça parce que les gens finissent peut-être par croire qu'on est des pelleteux de nuages, alors que, quand on regarde au niveau économique, ce qu'on met de l'avant depuis notre création, c'est souvent des solutions qui sont juste au service d'autres mondes que les dirigeants. C'est ça qui est pragmatique de notre côté, le service des gens.

M. Khadir : Là, où il y a un défi, à mon avis, là, c'est la classe politique et le commentaire politique médiatique qui a de la difficulté à reconnaître les vertus pragmatiques de nos propositions. Pharma-Québec, là, c'est depuis 2006. M. Barrette en a appliqué une partie récemment devant les évidences. La transition énergétique, l'investissement massif dans les transports publics, nous, ça fait au moins huit ans qu'on en parle. Un train à haute vitesse qui relie les régions et la métropole et la capitale nationale, ça fait des années. Bon. La classe politique dominante, les libéraux, les médias n'ont pas saisi immédiatement l'importance de ces propositions et le côté pragmatique des leviers économiques formidables que c'étaient. Je pourrais en nommer d'autres.

Je veux un petit peu rejeter la responsabilité sur vous aussi. C'est une responsabilité partagée entre nous qui avons ce défi-là et, je dirais, un certain, comment je pourrais dire, conservatisme politique chez tout le monde qui n'entendent ces choses-là que lorsque ça vient des élites, des chambres de commerce, etc. Donc, peut-être on pourrait apprendre ensemble dorénavant, de dire : Aïe! Québec solidaire, bien, dans le fond, toutes les propositions qu'ils ont faites, avec le temps, elles se sont avérées, la plupart, sinon la totalité, non seulement pragmatiques mais réalisables et souhaitables.

M. Dion (Mathieu) : Depuis le début, je vous écoute puis, tu sais, au niveau électoral, un, votre adversaire, c'est un peu le Parti québécois. Pourquoi parler autant de la Coalition avenir Québec?

M. Nadeau-Dubois : Mais moi, je ne suis pas d'accord quand vous dites que notre adversaire est le Parti québécois. La fonction d'un rôle... La fonction d'un parti politique, comme je le dis souvent, ce n'est pas d'organiser des pique-niques ou des bingos. La fonction d'un parti politique, c'est de gagner des élections puis de viser à former le gouvernement.

Donc, nous, nos adversaires, c'est soit le parti au pouvoir ou le parti qui a des chances d'être au pouvoir. Le Parti québécois n'entre dans aucune de ces catégories-là. Alors, nous, on s'attaque au parti au pouvoir puis au parti qui peut former le prochain gouvernement. Et donc, nous, on veut convaincre et nous, on veut... et donc, c'est normal que ce soit à ces gens-là qu'on s'attaque quand on formule des critiques, tout simplement.

M. Dion (Mathieu) : À quel point on écarte complètement ou presque le Parti québécois du discours?

M. Nadeau-Dubois : Il ne s'agit pas de l'écarter. Vous savez, on m'a posé une question juste là sur le Parti québécois, j'ai dit ce que j'en pensais.  

M. Dion (Mathieu) : ...qu'on pose une question?

M. Nadeau-Dubois : Mais nous, ce n'est pas vrai qu'on va mettre notre énergie à lutter contre le parti qui est en troisième position en ce moment au Québec. Notre énergie, on va la mettre pour dénoncer les impostures du gouvernement et du parti qui est en avance. C'est ça, un parti politique. Ce n'est pas se battre pour la troisième place, c'est se battre pour la première. Puis à Québec solidaire, on est peut-être plus loin de la première place que d'autres, mais c'est néanmoins ça notre objectif.

M. Khadir : Je m'inscris en faux sur le propos de mon collègue sur le bingo parce que j'y vais ce soir à un bingo du temps des fêtes, là.

Mme Massé : Avec de la dinde.

M. Nadeau-Dubois : Il croyait qu'il y avait quelque chose...

M. Khadir : ...le bingo, j'y vais à soir.

Mme Biron (Martine) : Excellente façon de célébrer la fin de session. Bonjour à vous trois. Je veux poursuivre sur la lancée de la question de ma collègue Véronique. C'est vrai qu'il y avait quand même un buzz quand vous êtes arrivés. Votre élection dans l'élection partielle est quand même éclatante. En haut de 70 %, c'est quelque chose. Il y avait beaucoup... le membership a monté. M. Khadir en a fait état.

Comment ça se fait... C'est quoi l'erreur? Vous devez être déçus de ne pas avoir réussi à capitaliser davantage au cours de cette session-ci.

M. Nadeau-Dubois : C'est sûr qu'on préférerait être encore en meilleure posture, bien sûr. On ne va pas nier une telle évidence.

Mme Biron (Martine) : ...une posture stable, même légèrement en baisse, là.

M. Nadeau-Dubois : Je pense que globalement, si on fait les moyennes, tout ça, je pense qu'on peut dire que Québec solidaire aujourd'hui est à un nouveau palier que celui qui était le sien il y a quelques années. Je pense qu'en toute objectivité, c'est ce qu'on peut dire. On a atteint un nouveau palier.

Mme Biron (Martine) : Bien là, vous vous comparez à quelques années, là. Moi, je vous parle de votre arrivée. On a senti, là, qu'il y avait un renouveau, là. On pensait que vous vous rapprocheriez presque du PQ.

M. Nadeau-Dubois : Je ne sais pas quelles étaient vos attentes, mais, en tout cas...

Mme Biron (Martine) : Mais vous êtes restés stables. Ce que je veux dire, c'est que vous êtes restés stables.

M. Nadeau-Dubois : Oui, bien, globalement, Québec solidaire, aujourd'hui, je pense, est à un niveau d'appui plus élevé que, par exemple, si on prend lors de la dernière élection. Il y a eu une progression, mais est-ce qu'on est... et donc c'est ce que je veux dire quand je dis qu'on est à un nouveau palier, et oui, il reste du travail à faire. Bien sûr qu'il reste du travail à faire. Bien sûr qu'on n'est pas encore rendus là où on voudrait l'être à la veille de l'élection. La bonne nouvelle, c'est qu'on n'est pas à la veille de l'élection.

Les propositions qu'on a faites cet automne, là, les trois dont Manon a parlé, en matière de commerce électronique, en matière de normes du travail, en matière d'agressions sexuelles, ces propositions-là, on va les multiplier dans les prochains jours et on va faire... disons, dans les prochains mois, et la prochaine campagne électorale va se faire sur la base de ce genre de propositions là. Et je pense que c'est comme ça qu'on peut percer l'imposture du changement, soi-disant, proposé par la CAQ.

Et donc, oui, il reste du travail; oui, on veut être en bien meilleure posture puis on va redoubler d'ardeur dans les prochains mois pour y arriver. Nous, il y a des choses qu'on contrôle puis il y a des choses qu'on ne contrôle pas. Les sondages, on ne les contrôle pas, mais nos propositions, notre plan, nos mesures, ça, on le contrôle. Puis l'agenda politique, on veut continuer à le marquer dans les prochains mois parce qu'on l'a bien fait, cette session-ci.

Et peut-être que ça prend un peu de temps avant de se matérialiser en appuis électoraux, certes, mais moi, si je suis à Québec solidaire, c'est que je pense que notre démarche, pour le Québec, c'est la bonne. Je n'aurais pas choisi ce parti-là, il y a six mois, pour une autre raison que ça. Si j'avais voulu monter facilement dans les sondages, je n'aurais pas choisi Québec solidaire. Si j'avais voulu une voie politique facile, toute tracée d'avance, j'avais d'autres options. J'en avais, d'autres options, et je suis allé à Québec solidaire parce que c'est des gens qui sont là pour les bonnes raisons. C'est des gens qui se battent pour le monde ordinaire, c'est des gens qui ont des propositions pragmatiques qui vont améliorer le Québec. Puis je vais continuer, avec mes deux collègues puis nos dizaines de milliers de membres, à travailler là-dessus.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que vous mettriez ça un peu sur le compte de la courbe d'apprentissage de la nouvelle équipe qui est arrivée à Québec solidaire?

M. Nadeau-Dubois : Pour moi, personnellement, bien sûr, qu'il y a une courbe d'apprentissage, d'apprendre le travail de député, mais notre équipe ici, à l'Assemblée, elle est expérimentée. J'ai été très bien accueilli. Mes deux collègues, maintenant, sont des députés aguerris. Donc, je pense que, comme collectif, nous avons une bonne expérience parlementaire. Moi, je suis encore en apprentissage, c'est certain.

M. Khadir : Mais moi, je vous mets au défi de me montrer un exemple d'un député ou d'une députée qui a appris plus vite que Gabriel. Là, je ne veux pas faire dans la... C'est sûr que c'est mon collègue, mais vraiment je ne pense pas que ce soit de ce côté-là. Je pense qu'il faut se rappeler, tout au cours des années, à chaque fois qu'il y a une polarisation politique, bien, c'est les deux premiers qui aspirent. D'accord? Puis on est là-dedans, mais nous, on est là pour rester.

Quand j'ai commencé, là, en 2003, on faisait 1 %. Quand je suis rentré ici, ils ont dit : Exception, ça ne marchera pas, vous allez rester marginal, c'est l'exception qui confirme la règle. Nous vous avons rappelé qu'il faut être patient. Québec solidaire, c'est exigeant. Ce n'est pas facile, Québec solidaire, d'accord? Et les gens ont peur, en plus, parce qu'ils se disent : Mon vote pourrait être gaspillé. Je les aime, mais pas capable... Je suis sûr que vous avez eu ces mêmes dilemmes quand vous êtes allés voter à de nombreuses reprises. On a souvent voté pas pour ce qu'on considérait le meilleur choix, mais simplement la seule possibilité de battre celui qui est le sortant, celui qui est au pouvoir. Donc, avec le temps, vous allez voir, on va surmonter tout ça.

Le Modérateur : Questions en anglais.

Mme Johnson (Maya) : Good afternoon.

M. Nadeau-Dubois : Good afternoon.

Mme Johnson (Maya) : First of all, can you tell us what you think your most important accomplishment was of this past session as a party?

M. Nadeau-Dubois : I think Manon gave three very good examples of our work here, but, if I had to choose one of them, I would say the bill that was put forward by my colleague Amir Khadir with the support of Peter Simons, a very pragmatic bill, a real and complete solution to that huge challenge that represents, you know, the emergence of electronical businesses, you know. It's a huge issue all over the world, and I'm so proud to be a member of a party that has put forward the best solution to that challenge. And that's not only my personal opinion. Ask to the economists, ask to Mr. Simons, ask to all the specialists of that field, they will tell you : Québec solidaire's bill is the best solution for that challenge. And, if I had to choose only one thing, it would be, without any hesitation, that one.

Mme Johnson (Maya) : In English, we have a saying that… the little train that could, you know, based on a story. Are you the little party that could, the little party that is able to achieve big things?

M. Nadeau-Dubois : You know, I like to say that Québec solidaire is like the Paul Byron of politics, you know. We're small, but we're quick and we're going to create a lot of surprises this year.

Mme Johnson (Maya) : And what about the CAQ, because your party has also been very focussed on François Legault and his party lately.

M. Nadeau-Dubois : Well, of course, because, like I was telling earlier, I mean, any serious politically party has to concentrate its efforts, not on the party that is in third position, but on the Government and on the party that has reasonable chances to form the next government.

So of course we want to challenge Mr. Legault and we want to do that because we know that people are intelligent enough to realize that what we need in Québec is not only a government change, it's a vision change. We need a new vision for Québec, and, at the rhythm at which Mr. Couillard is stealing Mr. Legault's ideas, the two platforms are probably going to be identical in a few months.

So what we're saying is, you know, we agree with the majority of Quebeckers that want change. But we're saying that the work that we need to do is… you know, what we need is not only to change one party for another party. We need to change one vision for another vision. Thank you. Merci.

Le Modérateur : Merci, tout le monde.

(Fin à 14 h 32)