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Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole de l’opposition officielle en matière de sécurité publique

Version finale

Wednesday, December 6, 2017, 16 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Seize heures seize minutes)

M. Bérubé : Bonjour. Alors, je veux réagir à la décision du ministre de la Sécurité publique quant à la direction du SPVM. J'ai parlé ce matin d'un test de leadership, c'est un test échoué et c'est même une erreur importante qui est commise par le ministre. Au Parti québécois, on aurait préféré un civil pour des raisons évidentes. Il y avait un corps de police déstabilisé quant à sa direction, il y en a maintenant deux. On décide de transférer le directeur de notre police nationale au SPVM sans se soucier des rivalités historiques et actuelles entre les deux corps de police. Il y a quelques semaines à peine, j'ai l'impression que le ministre ne se souvient pas de la perquisition dans les murs du SPVM de la Sûreté du Québec.

On arrive difficilement à croire ce qu'on entend aujourd'hui. D'abord, soyons clairs, mettons fin à l'hypocrisie. Si on ne veut plus de Philippe Pichet, qu'on lui dise maintenant. Si on ne l'aime plus, c'est comme dans une relation, si c'est une rupture, qu'on lui annonce maintenant. On ne me fera pas accroire qu'on pourra ramener Philippe Pichet avec de l'autorité au terme de l'exercice. On repousse le moment de la décision qui est inévitable. On nous promet un ménage, on ne fait que déstabiliser pour un an la direction de la Sûreté du Québec, et Dieu sait qu'on a besoin de stabilité présentement dans le domaine de la police. C'est une tutelle déguisée. Ça a quatre pattes, ça a une moustache, ça miaule, ça ressemble pas mal à un chat. Alors, c'est une tutelle déguisée. Déjà, on entend le ministre s'en défendre. Manifestement, le malaise est installé, y compris parmi ses collègues du Conseil des ministres, à ce qu'on comprend déjà ici même, à l'Assemblée nationale.

Donc, pourquoi avoir refusé de choisir un civil à la tête du SPVM? C'est incroyable. Et ça n'a rien à voir avec les capacités de M. Prud'homme. J'ai eu l'occasion à maintes reprises, à titre de ministre et de député, de saluer le fait que le premier policier du Québec, M. Prud'homme, est quelqu'un d'exceptionnel. J'ai eu l'occasion de travailler avec lui au gouvernement du Québec, ça n'a rien à voir. Mais moi, j'aime Martin Prud'homme à la tête de la Sûreté du Québec. C'est là qu'on veut le voir.

Alors, de rendre plus vulnérable la direction de la Sûreté du Québec à un moment clé pour l'envoyer au SPVM, où je sais comment cette culture du SPVM, qu'il faut changer, va quand même l'accueillir de façon particulière... Cette rivalité-là n'est pas dans les émissions de fiction, là, entre la Sûreté du Québec et le SPVM. Elle est réelle et elle est parfois la source de plusieurs des égarements qu'on a vus.

Je pose également une autre question, qui est assez grave, pour le ministre. Là, on a un rapport commandé par le ministre, qui est rendu public, où on parle d'égarements, on parle de problème de ressources humaines, on parle de sources. Bien, c'est exactement la même chose qu'à l'Unité permanente anticorruption, et là on a deux rapports qui sont déjà présents, et le ministre refuse de les rendre publics. C'est quoi, la différence entre les égarements qu'on retrouve au SPVM et ceux qu'on retrouve à l'UPAC? Alors, pour le chemin qui le sépare de Montréal à Québec pour son retour, je l'invite fortement à réfléchir à ses paroles de tout à l'heure et nous indiquer en quoi c'est différent, la situation de l'UPAC que celle du SPVM.

Alors, aujourd'hui, on aurait aimé une annonce significative où on engage un civil pour faire le travail jusqu'à temps qu'on nomme un autre directeur, mais on a le pire des scénarios. On n'a pas un civil, il y a une instabilité quant à l'avenir de M. Pichet. On ne veut pas vraiment lui dire qu'on ne veut plus de lui pour l'instant, on laisse planer le doute. On déstabilise la direction de la Sûreté du Québec et puis on fait, dans un cas, ce qu'on ne veut pas faire dans l'autre, dans une semaine où l'actualité démontre hors de tout doute qu'on a besoin de deux rapports pour statuer de l'avenir d'une organisation qui veut devenir un corps de police aussi, alors comme si ça devait toujours être les mêmes personnes.

M. Prud'homme, je vous le répète, c'est quelqu'un pour qui j'ai énormément de respect, je le dis en public et je lui ai dit en privé à maintes reprises. Mais là il me semble qu'il y a d'autres personnes au Québec qui sont capables d'assurer le leadership au SPVM. J'ai bien hâte d'entendre les réactions, notamment de la fraternité des policiers, là-dessus, mais c'est un test manqué. Et je ne sais pas comment le ministre est arrivé avec cette idée, mais je vous invite à consulter ses collègues du Conseil des ministres. J'ai l'impression qu'ils ne seront pas nombreux à la défendre.

M. Laforest (Alain) : Le fait que M. Prud'homme est un ancien du ministère de la Sécurité publique, donc a eu à négocier, discuter avec la police de Montréal, avec la fraternité des policiers, est-ce que ça ne va pas faire passer la pilule plus facilement, compte tenu que c'est quelqu'un même qui, même s'il arrive de la Sûreté du Québec, a déjà eu beaucoup de contacts avec la police de Montréal?

M. Bérubé : Martin Prud'homme, on en a besoin à la tête de la Sûreté du Québec. C'est une police d'envergure, c'est notre police nationale. Alors, si Martin Prud'homme a travaillé à la fois avec le gouvernement du Parti libéral et le gouvernement du Parti québécois, bien, vous voyez bien qu'il a des qualités exceptionnelles, mais à la Sûreté du Québec.

La solution, ce n'est pas de faire en sorte que deux directions de corps de police majeurs au Québec soient, pour une période d'un an, dans l'instabilité. Alors, je pense qu'il fallait d'abord sécuriser la Sûreté du Québec. On est dans le débat sur l'UPAC, qui aura une incidence sur le SPVM, parce qu'il y a une relation étroite quant à la conduite des enquêtes. J'ai de la difficulté à croire qu'on a... de un, que le ministre nous ait proposé, c'est une chose, mais qu'on ait accepté ça au Conseil des ministres, c'est dur à croire. Et je pense que les prochaines heures démontreront des réactions de la nature de celle que je vous présente aujourd'hui.

M. Croteau (Martin) : Pourquoi est-ce que ça prenait absolument un civil à la tête du SPVM?

M. Bérubé : Parce que, pour beaucoup des conflits dans le domaine de la police, il y a des luttes de pouvoir. Et vous savez, la police, à certains égards, c'est parfois quasi militaire, hein? Il y a des grades, il y a des luttes de pouvoir. Il y a des affinités naturelles, il y a des ambitions personnelles, et parfois elles se manifestent entre corps de police.

Et je vous le dis, il y a quelques semaines à peine, vous avez été stupéfaits certainement comme moi de voir, et ça, c'est une scène qui se passe au Québec, que la Sûreté du Québec procède à des perquisitions à l'intérieur du SPVM. D'abord, ça montre l'envergure de l'affaire. Et moi, je suis heureux du rapport. Je ne conteste pas le rapport, je conteste le remède pour y arriver. Et en ce sens, bien sûr, c'est spectaculaire de faire appel à Martin Prud'homme. Vous avez bien compris l'estime que je lui porte et que nous lui portons. D'accord? Mais Martin Prud'homme, sa place, c'est à la Sûreté du Québec, surtout dans le contexte actuel.

M. Croteau (Martin) : Mais je ne comprends pas pourquoi ça prenait un civil. Vous, vous avez dit : Ça prenait absolument un civil.

M. Bérubé : Ça prend quelqu'un qui n'est teinté d'aucune sensibilité policière ou de corps de police qui, disons-le, vu par beaucoup trop de monde au SPVM comme un corps de police concurrent, voir rival. Je pense que le terme «rival» est plus approprié pour ce qui est du SPVM. Les bleus et les verts, là, ce n'est pas des équipes sportives. C'est des appellations fréquentes dans, je dirais, le discours policier. Je parle avec assez de policiers depuis que je suis en poste en sécurité publique pour vous dire que ces enjeux-là sont réels et font partie des constats qu'on a là.

Alors, les qualités de M. Prud'homme, elles sont réelles, mais le message que ça envoie de déstabiliser la direction pour un an au profit du SPVM, l'intention est louable, mais c'est une mauvaise décision, et j'aurais préféré, comme ça a été le cas dans le passé... On se souvient de Guy Coulombe, entre autres, de nommer un civil... Ce n'est pas obligé d'être, en toutes circonstances, un policier puis, en toutes circonstances, les mêmes personnes.

M. Dion (Mathieu) : Quand on regarde le rapport, il est accablant...

M. Bérubé : Il est accablant, certainement. Évidemment, on a eu peu de temps, vous et moi, pour le regarder. Il l'est. Ça va très loin. Je vous laisse compléter votre question, excusez-moi.

M. Dion (Mathieu) : Denis Coderre, l'ancien maire, devait savoir certaines choses là-dedans. Pensez-vous qu'il l'a protégé, Philippe Pichet, pendant que...

M. Bérubé : Je pense que cette culture-là, M. Pichet paie évidemment très cher ce prix-là, mais je ne pense pas qu'elle ait démarré avec lui. Il y a eu des chefs de police successifs qui ont certainement vécu des enjeux de cette nature-là. La différence, c'est qu'on n'avait pas le rapport. Mais je suis convaincu que des échos importants... D'ailleurs, il y a des reportages journalistiques de tous les réseaux, de l'ensemble des médias qui ont fait écho.

La, je dirais que le point positif, c'est qu'on a le rapport. Ça, je suis heureux de ça et, quand le ministre l'a demandé à Me Bouchard, j'étais heureux de ça, et on va l'analyser de façon plus précise. Ça, c'est un acquis important, mais oui, c'est accablant. Donc, ça prend des mesures importantes, et c'est pour ça que je vous dis, selon moi, il aurait fallu un civil en attendant de nommer le prochain chef. Le problème que j'ai, c'est qu'il se peut que le prochain chef soit le chef qu'on vient de congédier par voie médiatique, de ce que je viens d'apprendre. Donc, il y a une instabilité à plusieurs égards. Si on n'aime plus M. Pichet, si on ne le veut plus, qu'on lui dise maintenant.

La Modératrice : Questions en anglais.

Mme Montgomery (Angelica) : Mr. Bérubé, you're talking about how the SQ had just recently raided the SPVM. Why do you think that is pertinent to what we're talking about?

M. Bérubé : Because there's this permanent rivalry between Sûreté du Québec and SPVM. And I do think that we need some neutral director for the SPVM, and it's not the good thing to do that, bringing the man in charge of the SQ — he has a lot of jobs to do — bringing him at the SPVM.

So, first, we have a weak direction at the SPVM. Now, we have a second one at the Sûreté du Québec. So I'm happy that we have a report, explosive report, but I'm pretty unhappy with the remedy.

Mme Montgomery (Angelica) : Mr. Prud'homme is also the son-in-law of Robert Lafrenière, who is running UPAC.

M. Bérubé : That's what I heard.

Mme Montgomery (Angelica) : Now, Mr. Prud'homme is running the SPVM. What do you think the impact of that would be?

M. Bérubé : Well, we don't really have this kind of… They're siblings. So they're in the same family. I already pointed this matter, but the important thing is I have a lot of respect for Mr. Prud'homme, and it's public, I told this a lot of times. But I love having Mr. Prud'homme at the head of the SQ. We need Mr. Prud'homme there.

The relationship between UPAC, SQ and the SPVM, it's another debate in Bill 107. This is the kind of debate we have right now. So this is why we need stability in the SQ and we need Martin Prud'homme to stay there, because we have some tough questions to ask about creating a new police corps called UPAC. So it's pretty surprising for me to have this kind of decision of the Minister. This was a leadership challenge for Martin Coiteux, and he failed, obviously.

Mme Montgomery (Angelica) :OK, but considering that the SQ has just recently raided the SPVM, considering that the former head of the SQ is now leading the SPVM, how is that investigation that is being held by the SQ, how is that going to maintain a sense of independence?

M. Bérubé : You're asking the good question, and the answer is in the question. The truth is that we have this rivalry between the Greens and the Blues, the policemen and the policewomen from the Sûreté du Québec and the SPVM. And it's not history, it's not a myth, it's reality right now, and when you assign someone like Mr. Prud'homme at the head — because he's going to be fully in charge for a year, in charge of the SPVM — you're bringing again this rivalry and this lack of independence. And this is why we created le Bureau des enquêtes indépendantes.

So this is why we asked for a civil, a neutral person to do the job. And it's pretty upsetting for us to be aware now that that was the kind of proposition that Mr. Coiteux put on the table at the Conseil des ministres, and he decided to say yes. And what I read in an article of Denis Lessard, some minutes ago, it seems that some colleagues of Mr. Coiteux are pretty surprised about this kind of proposition.

Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Coiteux was not very specific about the actual illegal stuff or whatever the police officers were doing, but, when he spoke about it, it sounded like an episode of 19-2, like, it sounded like a police show with all these police officers trying to cover-up what other police officers did. Even if Mr. Prud'homme was the man for the job, he was the perfect person…

M. Bérubé : He's a great guy.

Mme Fletcher (Raquel) : Yes. But even if...

M. Bérubé : Don't get me wrong.

Mme Fletcher (Raquel) : I understand what you're saying, but even if he was the right person to take over in the situation, would it be possible for anyone to clean up the SPVM within a reasonable time?

M. Bérubé : Is there anyone else beside Mr. Prud'homme and Mr. Lafrenière? I do think so. And it seems that the simple solution is to assign Mr. Prud'homme every single time we need someone. As he was working with different ministers; now, he was in charge of the SQ; now, he's in charge of the SPVM. He's like the permanent firefighter. So we need other people to take action and we lost an occasion to assign someone neutral at the head of the SPVM, at least for a year, before assigning… heading another person.

And about Mr. Pichet, it's hard for him. He heard on TV that he was fired and maybe he's going to be back later, but he doesn't know. If they don't love him anymore, just tell him. It's like in a relationship, so… This is what I'm pointing right now. It's hard for him, and he's paying for years, years of lack of ethics, and people watching in the other side of the room, where bad stuff's happening on the other side of the room.

So this is the kind of situation we have right now, and Mr. Coiteux failed his leadership test and have another challenge for him. UPAC is pretty much the same thing. We have reports, explosive reports, and we need to look what's inside to take good actions. If it's good for SPVM, it's good for UPAC as well. So when he's going to be in his car between Montréal and Québec City, tonight, ask him to have some thinking about that because we're going to be back for other questions. It's too important to quit.

Des voix : Merci.

(Fin à 16 h 31)

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