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Point de presse de M. Gaétan Barrette, ministre de la Santé et des Services sociaux

Version finale

Wednesday, December 13, 2017, 15 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quinze heures cinq minutes)

M. Barrette : Alors, mesdames et messieurs, bonjour. Bienvenue à ce point de presse. C'est un point de presse qui est certainement important pour les femmes du Québec puisque, comme vous vous le rappelez, en juillet dernier, j'avais annoncé, au nom de notre gouvernement, que ce qu'il est convenu d'appeler la pilule abortive allait être couverte par le système public de santé du Québec, et nous avions annoncé qu'il y avait quelques arrangements qui devaient être finalisés en termes de guide de pratique par les ordres professionnels concernés, notamment le Collège des médecins et l'Ordre des pharmaciens du Québec, et que nous allions terminer nos travaux d'ici la fin de l'automne.

Alors, aujourd'hui, nous sommes le 13 décembre et nous sommes donc en mesure, puisque les ordres professionnels ont terminé leurs travaux, de vous annoncer qu'à partir du 15 décembre prochain, donc à partir de vendredi, dans deux jours, le médicament Mifegymiso, qui est le nom commercial de la pilule abortive, sera donc disponible dans notre réseau et couvert par l'assurance maladie.

Aujourd'hui, il y a quelques minutes, le Collège des médecins du Québec, de concert avec l'Ordre des pharmaciens du Québec, a publié le guide de pratiques auquel doivent s'assujettir les médecins pour administrer ce médicament.

Et, pour résumer la situation, c'est très, très simple. On comprendra qu'une interruption volontaire de grossesse, il y a plusieurs façons de faire ça. Il y a la façon qu'on qualifie de chirurgicale, qui est le curetage, que les femmes connaissent, mais il y a maintenant une méthode pharmacologique qui est le médicament que nous annonçons aujourd'hui. Je tiens à insister sur un fait : ce n'est pas la pilule du lendemain. C'est quelque chose de différent en ce sens que ce médicament-là, qui est équivalent à un arrêt de grossesse volontaire chirurgical, sera utilisable dans les neuf premières semaines de grossesse, donc jusqu'à 63 jours, et il faut absolument bien retenir ça.

C'est un médicament qui sera administré après qu'il y aura eu un consentement de la part de la patiente, en ce sens qu'un médecin devrait être consulté pour qu'il y ait un conseil qui soit fait en bonne et due forme, un consentement en bonne et due forme, pour évaluer évidemment les possibilités, l'option pharmacologique versus l'option chirurgicale, mais aussi la garantie qu'il y aura une prise en charge de la part de l'équipe médicale du médecin, à savoir l'interdisciplinarité, le support psychologique, le cas échéant, mais surtout la possibilité d'avoir un corridor de services pour prendre en charge d'éventuelles complications. On sait que ce médicament-là a certaines contre-indications, ne serait-ce que des allergies, par exemple, ou certaines maladies sous-jacentes. Il doit donc y avoir une évaluation et un conseil qui est donné à la patiente avant d'aller de l'avant. Par contre, lorsque le médicament est pris, il peut y avoir un certain nombre de complications, notamment de saignements ou de douleur, et il doit y avoir un suivi qui doit être fait pour être certain que cet épisode-là thérapeutique se termine correctement.

Alors, pour simplement rappeler les grandes lignes de la démarche que les femmes du Québec devront franchir, c'est très simple, il faudra avoir une consultation médicale où la procédure, les risques, et les complications, et le consentement, seront connus de la patiente. Il devra y avoir obligatoirement une échographie, et ça, c'est incontournable et c'est pour des raisons purement médicales.

Je vous l'explique. Il faut s'assurer que la grossesse est dans une position anatomique appropriée, donc dans l'utérus et non dans les trompes. Ce n'est pas un examen... pardon, un traitement que l'on peut effectuer, prescrire, si c'est une grossesse ectopique. Alors, il est primordial d'avoir une échographie pour déterminer la position et l'âge de la grossesse. Donc, une grossesse intra-utérine de moins de 63 jours, donc de moins de neuf semaines, et un consentement éclairé.

À la suite de ça, soit le médecin va fournir le médicament à la patiente, et ces médecins-là seront des médecins en cabinet, particulièrement dans les cliniques de planning familial, soit la patiente quittera le bureau du médecin avec sa prescription, et le pharmacien, lorsqu'il la recevra, donnera les conseils d'usage, et des informations spécifiques dans le guide de pratique sont à être données à la patiente pour qu'elle note la prise de ces médicaments qui se prennent en deux phases et qu'il y ait un suivi dans les sept à 14 jours suivant l'administration du médicament.

Alors, voilà globalement comment la procédure va se faire. Alors, à la question : Est-ce que les pharmaciens sont actuellement prêts à recevoir ces prescriptions?, la réponse est oui. Aujourd'hui encore, nous avons consulté l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires. Ils sont prêts et ils n'ont aucun problème d'approvisionnement. Donc, à partir du 15 décembre, dans deux jours, le médicament sera disponible. Par la suite, évidemment, l'échographie et ce genre de tests là seront couverts par l'assurance maladie, et les choses suivront leur cours par la suite.

Donc, une bonne nouvelle. Tel qu'annoncé, nous avions promis que le médicament serait disponible et la procédure en place pour la fin de l'automne. Vous me direz qu'on est à une semaine de la fin de l'automne, mais nous aurons maintenu notre engagement sur ce plan-là, et je pense que c'est une excellente nouvelle pour les patientes du Québec. Alors, si vous me le permettez, nous allons passer à la période de questions.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour, M. Barrette. Alors, pourquoi un guide de pratique? Pourquoi c'était important de publier un guide de bonnes pratiques?

M. Barrette : C'est très important, parce que, quand on parle de pilule abortive, on parle d'un quasi-automatisme, sans douleur, sa saveur, sans complication possible. Je le répète, ce n'est pas la pilule du lendemain. La pilule du lendemain est un médicament qu'on prend le lendemain. Sur le plan purement médical, biologique, la grossesse, à son début, le lendemain d'une possible fécondation, il n'y a aucun risque de l'interrompre et le risque vient de la position du foetus lorsqu'il est fécondé. Alors, même si la fécondation est dans les trompes, la pilule du lendemain n'entraîne aucun risque.

Dans le cas de la pilule abortive, la grossesse est plus avancée. Étant plus avancée et conséquemment, à cause de sa position, la position anatomique, là, physique dans l'appareil génital de la femme, si la grossesse est ectopique et qu'on donne un médicament qui induit un arrêt de grossesse, on encourt la possibilité de risque hémorragique significatif.

Alors, l'échographie, là, ce n'est pas un caprice. C'est vraiment, vraiment de la prévention de complications sévères. On sait qu'une grossesse ectopique, si elle est très avancée, peut entraîner des saignements hémorragiques extrêmement importants qui peuvent même aller jusqu'au décès. Alors, on ne peut pas provoquer l'expulsion d'un matériel gestationnel dans une situation de grossesse ectopique. Il faut le savoir, d'où l'échographie.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce que, lors de la consultation avec la patiente, le médecin peut essayer de la dissuader?

M. Barrette : Non. Il ne peut pas faire ça. Il doit avoir une consultation avec la patiente pour l'informer des possibilités selon le choix de la personne. Je vais même aller plus loin parce que votre question est extrêmement pertinente. Il doit aussi s'assurer, le médecin, dans sa consultation, que la femme, que la patiente, ne subit pas de pression externe. Le conseil... le consentement éclairé, la consultation visent à déterminer l'âge de la grossesse, s'assurer que la personne prend une décision en pleine connaissance de cause, certainement jamais pour orienter son choix, mais aussi s'assurer que la femme ne subit pas de pression indue. Et il n'y a pas de meilleur lieu, évidemment, pour établir cette situation-là que dans l'intimité de la relation médecin-patient dans un cabinet de médecin. Très important, cet élément-là.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. le ministre. Est-ce que les médecins vont devoir suivre une formation pour pouvoir prescrire la pilule ou sinon est-ce que tous les médecins vont pouvoir la prescrire dès le 15?

M. Barrette : Alors, tous les médecins du Québec vont pouvoir le... Bien, tous les médecins qui ont une pratique où ça s'y prête, évidemment... Un radiologiste ne fait pas de consultation, évidemment, mais, même si le radiologiste le voulait, tous les médecins qui le prescriront doivent avoir une formation de base.

La formation est donnée soit par le fabricant du médicament, mais idéalement par les fédérations médicales, soit spécialistes, soit médecins de famille. Ces formations-là sont actuellement disponibles. Elles le sont depuis un bon bout de temps, et il est obligatoire pour les médecins, pour avoir le droit de le prescrire, qu'ils aient subi... pas subi, mais obtenu la formation nécessaire, tout comme il est tout à fait obligatoire, dans le guide de pratique du collège, de démontrer qu'à la consultation, les éléments dont on vient de parler il y a quelques instants sont consignés au dossier. Alors, oui, la formation est obligatoire.

M. Bellerose (Patrick) : Et on parle de quel type de formation? Est-ce que ça se fait en ligne en deux heures ou...

M. Barrette : C'est une formation en ligne qui ne prend pas énormément de temps, parce que, sur le plan médical, ce n'est pas quelque chose de complexe. Sur le plan médical, on est dans la médecine pure en ce sens qu'on doit évaluer les contre-indications, les allergies, telle ou telle maladie pour lesquelles on ne peut pas prescrire ce médicament-là. C'est vraiment la médecine de base, mais le médecin doit démontrer qu'il a acquis l'information nécessaire pour pratiquer ce geste-là, mais aussi avoir démontré, dans sa formation, la compréhension de l'importance de suivre un protocole, incluant un suivi, après avoir administré ou prescrit l'administration de ce médicament-là.   Donc, formation obligatoire pour tout le monde. La seule chose qui va varier, c'est que, si la patiente va dans une clinique de planning, dans les cliniques de planning, on fournit les médicaments, le gouvernement. Le médecin peut le donner. Lorsqu'on n'est pas dans une clinique de planning, ce sera une prescription qui sera à être remplie chez le pharmacien. Mais une femme ne peut pas aller chez le pharmacien pour demander, comme la pilule du lendemain, l'administration du médicament. Ça, c'est interdit.

Mme Cloutier (Patricia) : M. Barrette, si je ne me trompe pas, ce que vous annoncez, c'est un peu plus sévère que ce que prône Santé Canada, dans le sens qu'il y a deux semaines, il y a quelques semaines, ils disaient que ce ne serait pas nécessaire à la patiente de signer un formulaire de consentement. Vous, vous voulez vraiment qu'au Québec il y ait une consultation médicale et du consentement.

M. Barrette : Nous voulons une consultation médicale, le consentement... et là je vous renvoie aux directives du collège. De ce côté-là, j'attendais, moi, les directives du collège. Je n'impose aucune directive. Aujourd'hui, je ne fais que vous relayez ce que le Collège des médecins, de concert avec l'Ordre des pharmaciens, ont convenu.

Maintenant, évidemment, quand les ordres professionnels conviennent de ce genre de chose là, on nous les soumet. On a eu beaucoup de discussions ensemble là-dessus, entre autres sur ce sujet-là, et on a conclu, surtout les ordres professionnels, que ce serait la façon de faire.

Alors, ce sont les ordres qui, après de longues discussions, avec des groupes d'ailleurs de patientes, qui ont convenu que la façon de faire serait celle-là, mais ce n'est pas quelque chose que j'impose, là. On est vraiment dans la sécurité des femmes au Québec.

Mme Cloutier (Patricia) : Et, dites-moi, à combien vous évaluez que ce nouveau médicament là, qui va remplacer, si on veut, les avortements chirurgicaux, à quel pourcentage, là, vous estimez que les femmes vont plutôt choisir ça parce que... Expliquez-nous. Y a-tu des avantages, là, pour elles à le faire?

M. Barrette : Alors, écoutez... et c'est ça, le consentement éclairé. Quand je dis consentement éclairé, ce n'est peut-être pas le bon mot pour aujourd'hui, là. C'est la décision éclairée, disons ça comme ça. Je pense que c'est la meilleure manière de le dire, c'est la décision éclairée. Moi, je n'ai pas d'objectif plus un ou plus l'autre. Je rends disponible... le gouvernement rend disponible un médicament qui est déjà utilisé ailleurs dans le monde et qui est demandé, depuis des années, je pense, avec justesse, par les femmes du Québec.

Je ne porte aucun jugement, et il n'y aura pas d'analyse pour déterminer, s'il y a plus un ou plus l'autre, autre que statistique. Nous choisissons de donner un choix supplémentaire à la femme face à la décision qu'elle choisit de prendre en termes d'interruption volontaire de grossesse. Au Québec, l'IVG est un droit. Aujourd'hui, il y a une possibilité supplémentaire. Le gouvernement ne va ni légiférer ni orienter le choix des femmes du Québec.

Mme Cloutier (Patricia) : Et, si vous me permettez, normalement, quand il y a un avortement, ça se passe à l'hôpital, bon, il y a une équipe avec l'infirmière et tout ça. Là, la femme retourne chez elle. Finalement, quel genre de suivi... Est-ce que tout ça va se passer, là, à la maison, là, dans sa salle de bain? Comment on a évalué ça?

M. Barrette : Alors, il faut comprendre que, lorsqu'on est à neuf semaines de grossesse et moins, une interruption volontaire de grossesse équivaut à une menstruation à un autre moment. C'est à ça que ça équivaut sur le plan physique. Maintenant, il est excessivement important, très important, et ça fait partie du guide de pratiques du collège, qu'il y ait un suivi. La femme va peut-être, comme vous le dites, s'en aller chez elle. Oui, c'est vrai, mais elle s'en va chez elle avec un formulaire, des informations très claires sur les possibilités de douleur, de saignement, et ainsi de suite, ainsi que des conseils et des consignes s'il advenait, telle, telle chose.

Et le médecin, lui, et c'est dans le guide de pratiques, et je suis convaincu que le collège va être très sévère là-dessus, le médecin doit avoir l'assurance, la garantie de pouvoir prendre en charge les complications, s'il y en avait, dans le suivi. Alors, un médecin, là, qui aurait fait le cours, et qui prescrirait le médicament, et chez qui, chez ce médecin-là, il n'y aurait pas d'équipe interdisciplinaire, il n'y aurait pas de numéro de téléphone où appeler si ça ne va pas bien, il n'y aurait pas de corridor de services où appeler s'il y a une complication, bien, ce médecin-là, je pense qu'il serait fautif vis-à-vis les règles déontologiques du collège.

Parce que le guide de pratiques, il est très clair : voici ce que vous devez faire et offrir à la patiente dans ces circonstances-là. Et ce qu'il y a à offrir aussi, c'est un suivi, donc un point de chute où on peut appeler, un corridor de services s'il y a des complications. Ça peut se passer au cabinet du médecin, à la clinique de planning, mais sinon, il y a un corridor avec l'urgence, un corridor entendu avec le médecin. Bref, oui, la femme va retourner à la maison et prendre ses deux médicaments, parce qu'il y en a... c'est deux médicaments conjugués, ça, c'est vrai, mais elle a une procédure à suivre dans un environnement structuré qui va la prendre en charge s'il y avait des symptômes qui apparaissaient. On comprend que, si l'échographie qui est faite montre que la grossesse est à la bonne place, il n'y a pas de complication majeure, là, en termes de risque pour la vie de la personne, mais il peut y avoir des complications désagréables, à un niveau tel que ça nécessite une intervention comme telle.

M. Bellerose (Patrick) : M. le ministre, si je peux me permettre, juste une petite précision. Pourquoi on a tant tardé à mettre en place, en fait, à rendre disponible la pilule? Est-ce que c'est le travail des ordres qui a pris du temps?

M. Barrette : Bien, écoutez, ces choses-là prennent toujours un certain temps. C'est tout à fait normal parce qu'il y a toujours des objets de débat. Je vais vous en donner deux, un qui vient d'être évoqué, qui est : Est-ce qu'on s'en va à la maison? Est-ce qu'on va faire une échographie? Je vous ai expliqué les raisons pour lesquelles on peut faire l'un et on doit faire l'autre.

Je vais vous en donner une autre qui a été largement débattue dans les ordres professionnels et même dans la littérature scientifique : Est-ce que... parce qu'il est très important d'avoir la date de... l'âge de la grossesse. Pour savoir si le médicament a fonctionné, bien, il faut avoir la date de prise du médicament.

Alors, il y a eu un grand débat, à savoir : Est-ce qu'on oblige la personne à prendre le médicament devant un témoin? Alors, ça, ce n'est pas un débat qu'on a eu chez nous, au ministère de la Santé, c'est un débat qui a eu lieu chez les ordres. Il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de débats là-dessus, et finalement ils ont conclu que les femmes étaient suffisamment autonomes et responsables... Ce n'est pas une question de responsabilité, c'est un très mauvais terme. On n'avait pas besoin de leur imposer cette espèce d'examen là, là. C'est quasiment penser en partant, là, présumer que les femmes sont irresponsables, là. Je pense que c'est ça qui a été la conclusion.

Alors, ce débat-là, moi, je peux vous dire qu'au début, là, au mois de juillet, on s'en allait vers l'obligation de prendre le médicament devant témoin. Pourquoi? Parce que, si on fait un suivi 14 jours plus tard et qu'on n'a pas la date, est-ce qu'on est sûr que le médicament a eu le temps d'avoir son effet? Si la personne ne prend pas son médicament, prend son médicament deux jours avant la visite de suivi, bien, ça se peut qu'on fasse un mauvais diagnostic puis qu'on aille, par exemple, à un curetage inutile.

M. Bellerose (Patrick) : Justement, si la personne prend le médicament deux jours après la date limite, là, je ne sais pas, c'est 63 jours que vous avez dit, qu'est-ce qui arrive?

M. Barrette : D'abord, ça, c'est crucial, absolument crucial, c'est interdit. Alors, le 63 jours, pour ce qui est du médecin, le médecin va lui prescrire... pas prescrire, mais demander une échographie pour dater l'âge de la grossesse.

M. Bellerose (Patrick) : Mais si la personne part à la maison avec le médicament, le prend plusieurs heures plus tard...

M. Barrette : Attention, c'est plus précis que ça. Quand la prescription est faite ou le médicament donné dans une clinique de planning — si ce n'est pas une clinique de planning, la personne va à la pharmacie — quand la personne... si la personne va à la pharmacie, elle va arriver avec une prescription du médicament, mais avec, dans ça, la prescription elle-même, la date de la grossesse. Le pharmacien, lui, doit savoir si cette personne-là est au-delà de 63 jours ou non. Alors, dans les deux cas de figure, normalement, c'est impossible que la personne ait ce médicament-là au-delà de 63 jours. Alors, si c'est dans le cabinet... Oui?

M. Bellerose (Patrick) : Évidemment, mais si la personne rentre à la maison, ne prend pas le médicament tout de suite, attend pour une raison x, une semaine plus tard, est-ce qu'il y a des conséquences graves?

M. Barrette : Bien, c'est-à-dire que plus on attend, plus les risques hémorragiques sont grands, et, si ça, ça arrive, bien là, on va le voir. On va le voir, là, c'est... D'abord, physiquement, la personne va se plaindre de certains symptômes, et, à une échographie ultérieure, on va voir que l'avortement n'a pas eu lieu, la grossesse n'aura pas été interrompue. Mais on ne peut pas, parce qu'il y a un risque qui est beaucoup plus important d'hémorragie, administrer ce médicament-là au-delà de 63 jours.

Mme Cloutier (Patricia) : Si je peux me permettre une précision aussi, pourquoi on n'a pas choisi, pour accommoder, par exemple, des patientes qui sont en région très éloignée, que ça soit facilement disponible en pharmacie? Parce que, bon, il y a peut-être des gens qui vont devoir faire plusieurs kilomètres, là, pour aller voir un médecin, subir une échographie, ce genre de choses là.

M. Barrette : Bon. Alors, l'élément qui peut être un frein, c'est l'échographie. L'échographie, au Québec, elle est disponible sur tout le territoire du Québec. Je ne connais pas d'endroit où il n'y a pas d'échographie dans les hôpitaux du Québec, même les très petits hôpitaux. Il y a toujours de l'échographie. Et je vais être bien honnête avec vous, là, étant donné que c'est ma spécialité, de déterminer où est placée une grossesse, c'est probablement l'examen le plus simple à faire, là. Ce n'est pas difficile, faire ça. Alors, l'échographie, elle est disponible sur tout le territoire.

Là où ça pourrait être un enjeu, c'est si on avait exigé que le médicament ne se donne que par des gynécologues, par exemple. Ça, ça aurait été un frein substantiel, parce que des gynécologues, il n'y en a pas partout au Québec. Si on avait, par exemple, exigé... pas nous, le gouvernement, mais les ordres, mais on a eu cette discussion-là, si on avait exigé que ce ne soit que dans les cliniques de planning, oui, là, vous avez raison, il y aurait eu un problème.

Alors, aujourd'hui, comme on exige une formation qui est disponible par les deux fédérations, bien, il va y avoir des gens, sur tout le territoire du Québec, qui vont être aptes à faire l'évaluation, le suivi et prescrire le médicament. C'est la raison pour laquelle on ne le limite pas soit à une spécialité, soit à un type de clinique. Tout le monde peut le faire.

Alors, je vois peu de situations où il y aura un problème de cet ordre-là. Je ne vous dis pas que ça n'existera pas, là, mais on a maximisé les chances que la femme ait accès près de chez elle à l'évaluation, et à la prescription, et l'administration du médicament. Je peux vous dire tout de suite qu'il y a des... Si vous allez voir les organisations médicales, il y en a qui ne sont pas contentes, là. Il y en a qui auraient voulu que ce soit limité à eux autres. Nous, on a choisi, et les ordres professionnels étaient d'accord, à le rendre disponible à tout le monde.

Je peux vous dire qu'au mois de juillet, là, il y avait des pressions qui étaient faites pour que ça soit limité. Moi, j'ai pris là-dessus une position, vis-à-vis des ordres, là, qui était très claire, puis finalement les ordres ont été d'accord avec moi : c'est ouvert à tous les médecins qui ont fait la formation et qui peuvent assurer le suivi. Et j'insiste, c'est important de pouvoir assurer le suivi. Ça va? Merci. En anglais, il n'y en a pas? Merci. Bonne journée

(Fin à 15 h 27)

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