(Neuf heures trois minutes)
Le Modérateur
: Bonjour.
Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Alors, prendront la parole,
dans l'ordre, Antoine Côté, porte-parole de la CRAIES, Simon Telles, président
de l'Union étudiante du Québec, et Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec
solidaire.
On va prendre les questions sur le sujet dans
un premier temps. Ensuite, on pourra prendre les questions sur d'autres sujets,
mais on va faire partir nos invités. Merci.
M. Côté (Antoine) : Donc,
d'abord, au nom de la CRAIES, je tiens à remercier Gabriel Nadeau-Dubois,
député de Québec solidaire, pour son accueil aujourd'hui à l'Assemblée
nationale. Je veux le remercier pour son accueil, mais aussi pour son appui à
la cause des stagiaires en enseignement.
Lundi le 5 mars dernier, Gabriel était
présent avec nous lors d'une action qu'on a tenue devant les bureaux de la
ministre de l'Enseignement supérieur, Mme Hélène David, et on était, là,
près d'une centaine à demander à la ministre : Faut-il être médecin pour
que le budget réponde à nos besoins? On a soulevé cette question parce qu'à
l'approche du budget on n'a toujours pas d'engagement de la part de la
ministre. Et je tiens à poser une question encore aujourd'hui : Pourquoi
le gouvernement a-t-il de l'argent pour ses amis médecins, mais n'a pas
d'argent pour bien compenser les stagiaires en enseignement?
Lors de l'action du 5 mars, Gabriel est
venu parler avec nos militantes, nos militants, puis il a livré un discours
pour nous encourager à continuer à revendiquer, à déranger. Puis, je le disais
alors, je le répète : Oui, on va continuer parce que notre cause est juste
et importante. On va continuer parce qu'on voit bien qu'il y a de l'argent au
gouvernement et que, s'il y en a, bien, les profs de demain n'en reçoivent pas
par manque de volonté politique.
On va continuer surtout parce que les stagiaires
en enseignement ont besoin d'aide. Dans la quatrième année de stage, ils
doivent prendre en charge une salle de cours complète pendant 12 semaines,
parfois jusqu'à 18. Ils assument toutes les tâches d'un enseignant et doivent
répondre à leurs obligations universitaires. Ils doivent assumer des coûts
supplémentaires, les déplacements, etc. Et, dans sa forme actuelle, le stage
est trop exigeant pour qu'un étudiant ou une étudiante puisse à la fois bien
réussir et travailler pour subvenir à ses besoins.
Aujourd'hui, on est présents pour envoyer
un message clair. À l'approche du budget, il est temps que le gouvernement
démontre que la valorisation de la profession enseignante, ce n'est pas qu'un
slogan politique, mais c'est une vraie priorité. Après avoir tant aidé et
supporté les médecins, le gouvernement peut-il donner un peu d'air aux profs de
demain? Il y a quelques mois, Mme David s'était engagée publiquement à
réfléchir à la question, mais aujourd'hui, Mme David, on vous dit qu'on
pense qu'il est temps de nous livrer le fruit de vos réflexions. Merci.
M. Telles (Simon) : Merci.
Bonjour à tous et à toutes. J'aimerais d'abord prendre le temps de remercier
Québec solidaire pour leur appui dans le cadre de cette campagne qui vise, je
le rappelle, à vraiment valoriser et reconnaître le travail de nos futures
enseignantes et nos futurs enseignants. Merci aussi à tous nos stagiaires qui
ont pris le temps aujourd'hui de venir avec nous pour présenter cette
importante demande.
Alors, ça fait près de 10 ans
maintenant que les stagiaires en éducation revendiquent une compensation
financière de leur stage final. Ça, c'est 10 années passées à espérer des
meilleures conditions pour pouvoir, d'une part, sortir de la précarité
financière, mais aussi se consacrer pleinement à leurs tâches. Qu'est-ce que ça
va prendre de plus au gouvernement pour agir maintenant?
Justement, bien, le gouvernement, il
reconnaît une valeur aux stages dans le domaine privé en donnant des crédits
d'impôt aux entreprises pour qu'elles puissent embaucher des stagiaires, des
étudiantes, des étudiants. C'est donc une aberration de ne pas reconnaître le
travail qui est fait par nos stagiaires en enseignement simplement parce qu'ils
et elles oeuvrent dans le domaine public. C'est d'autant plus inacceptable
quand on sait que, dans le domaine public, c'est surtout des femmes qui sont
touchées, et donc ça ajoute encore plus à la problématique.
Maintenant, la bonne nouvelle, c'est que
la compensation financière des stages, bien, ça fait consensus auprès de toutes
les formations politiques de l'Assemblée nationale. Écoutez, même le congrès du
Parti libéral s'est prononcé en faveur de la mesure qu'on vous présente
aujourd'hui. Ça, ce n'est pas peu dire. On serait donc portés à croire qu'avec
l'unanimité des partis politiques, eh bien, la situation serait déjà réglée.
Malheureusement pas, sinon on ne serait pas ici devant vous aujourd'hui pour
vous en parler parce qu'au-delà des belles paroles au sujet de la valorisation
de la profession enseignante les actions concrètes, elles, se font toujours
attendre.
La ministre de l'Enseignement supérieur
nous a demandé de faire nos devoirs. Eh bien, on les a faits, Mme la ministre.
Ce qu'on demande, c'est une compensation financière avec une bourse de
576 $ par semaine pendant le stage final uniquement, ce qui équivaut à
l'échelle salariale de la fonction publique pour quatre années d'études en
université. C'est une mesure qui aiderait au total 3 900 stagiaires
et qui coûterait seulement 20 millions de dollars à l'État, ce qui
représente, pour vous donner une idée, moins de 0,1 % du budget total de
l'éducation au Québec.
Aujourd'hui, ce qu'on demande au
gouvernement, c'est très simple, c'est de ne pas se contenter d'une promesse
électorale, mais c'est de passer de la parole aux actes en compensant
directement le stage final en enseignement, et ce, dès le prochain budget.
Merci.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Antoine. Merci, Simon. Mais surtout je veux remercier les dizaines de
stagiaires en enseignement qui sont avec nous ce matin. Je suis très content de
leur présence.
Les gens derrière moi, ce sont les profs
de demain. C'est les gens qui, dans les prochaines années, vont s'occuper de
nos enfants, vont les élever, les socialiser, les éduquer. Il y a beaucoup de
ces gens-là, derrière moi, qui, déjà, dans des vraies classes, dans des vraies
écoles, avec des vrais enfants, font ce travail d'enseignement et ils le font
de manière bénévole. En fait, encore pire, ils le font à leurs frais parce
qu'ils doivent payer leurs frais de scolarité d'un côté et, en plus, travailler
à temps plein de manière bénévole. C'est une situation inacceptable. Les futurs
profs ne devraient pas être considérés comme du «cheap labor», ils devraient
être considérés comme la crème de la société québécoise.
Et ce matin je veux m'adresser plus
particulièrement au ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, qui, dans son
livre qu'il a publié récemment, parlait de l'importance de revaloriser la
profession enseignante. Il disait que les profs doivent devenir la nouvelle
élite du Québec. La question que j'ai pour lui ce matin, c'est : Est-ce
que c'est en exploitant les futurs profs qu'on va revaloriser leur profession?
Je pense que poser la question, c'est y répondre.
Dans ce livre, le ministre Proulx a de
très belles intentions, sauf que les belles intentions, ça ne paie pas le
loyer. Ce que les profs demandent depuis maintenant 10 ans, et ils ont
travaillé très fort pour obtenir un consensus au sein des partis à l'Assemblée
nationale, ce que les profs demandent, c'est une rémunération équitable pour le
travail qu'ils font chaque année dans nos écoles. Merci beaucoup.
Le
Modérateur
: On va passer à la période de questions sur le
sujet. On prendra les questions sur les autres sujets après. Merci. Micro à ma
gauche, Hugo Pilon-Larose, La Presse.
M. Pilon-Larose
(Hugo) : Ma question est pour Antoine et Simon. Qui a approché qui pour
le point de presse de ce matin? Est-ce que c'est vous qui avez approché Québec
solidaire ou c'est le contraire?
M. Telles
(Simon) : Je peux répondre. Bien, on est en discussion, en fait,
constante avec Québec solidaire, qui, depuis le début, nous a supportés dans
ces démarches-là. Et donc ça a été tout naturel, là, de faire une sortie avec
eux, d'autant plus qu'ils ont été présents à notre action lundi dernier. Donc,
c'est à ce moment-là qu'on en a discuté puis qu'on a convenu de faire le point
de presse aujourd'hui.
M. Pilon-Larose
(Hugo) : La CAQ et le PQ étaient également d'accord, il me semble, là,
avec cette mesure-là.
M. Telles
(Simon) : Effectivement.
M. Pilon-Larose
(Hugo) : Leur avez-vous parlé?
M. Telles
(Simon) : On n'a pas discuté avec eux depuis. Ceci dit, c'est
effectivement une mesure qui est appuyée par tous les partis politiques. Et on
est contents de voir, là, que c'est partagé par un bon nombre de membres de la
députation.
M. Pilon-Larose
(Hugo) : Vous deux, est-ce que la politique vous intéresse? Est-ce que
vous pourriez être candidats aux prochaines élections?
M. Telles
(Simon) : Non. On est vraiment là parce que la compensation du stage
en enseignement, c'est important, mais donc c'est pour ça qu'on est ici
aujourd'hui.
M. Bellerose
(Patrick) : Bonjour, M. Nadeau-Dubois. Est-ce que vous êtes en
train de proposer qu'on paie les étudiants pour étudier?
M. Nadeau-Dubois :
Non. Ce que les stagiaires en enseignement demandent, c'est qu'on les paie pour
le travail qu'ils font. Le stage final en enseignement, là, c'est une prise en
charge complète, à temps plein, d'une classe. Ça, ça veut dire que c'est des
profs qui en sont à leur quatrième année d'étude et, pendant 15 semaines,
ils enseignent, ils et elles enseignent, parce que ce sont en majorité des
femmes, à des vraies classes, dans des vraies écoles, à des vrais enfants
pendant 15 semaines à temps plein. Ce que les étudiants et étudiantes
demandent, et on appuie cette demande-là, c'est une compensation financière
pour ce travail-là.
Donc, non, ce
n'est pas une demande de salarier tous les étudiants du Québec. C'est de
prendre des gens qui travaillent et de les considérer comme des travailleurs,
travailleuses.
M. Bellerose
(Patrick) : Faitez-vous un parallèle avec les médecins qui sont en
résidence, par exemple?
M. Nadeau-Dubois :
Bien, le parallèle avec les médecins, il est surtout sur les priorités
politiques du gouvernement. Le gouvernement libéral vient de donner un chèque
gigantesque à une des catégories de personnes les plus favorisées au Québec. On
a ici des gens qui s'occupent de nos enfants, qui sont les profs de demain, et
ces gens-là, on leur demande de payer pour enseigner.
M. Bellerose
(Patrick) : Mais les étudiants en médecine qui font leur résidence
sont payés. C'est le parallèle que je...
M. Nadeau-Dubois :
Bien, à Québec solidaire, on appuie une politique d'encadrement puis de
compensation financière de tous les stagiaires. Évidemment, il n'y a pas de
solution mur à mur. Donc, ce n'est pas nécessairement par un mécanisme de
bourses, par exemple, qu'on pourrait rémunérer tous les stagiaires.
Aujourd'hui, on se penche spécifiquement sur la question des stages en
enseignement. Mais, oui, nous, dans notre plate-forme électorale, il y aura un
engagement sur l'encadrement puis la compensation financière de tous les stages
obligatoires au Québec.
M. Bellerose
(Patrick) : Dans quel autre domaine ça s'appliquerait, les stages
obligatoires comme ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
par exemple, en travail social, il y a énormément de stages, en techniques
d'éducation spécialisée, il y a énormément de stages qui sont souvent non
rémunérés, donc des gens qui travaillent à temps plein, dans des vrais milieux
de travail, et qui ne reçoivent aucune forme de compensation financière. Dans
d'autres domaines, les stages sont rémunérés. En droit, par exemple, c'est
souvent le cas. Et c'est très bien. Ce qu'il faut, c'est mettre fin à
l'inéquité actuelle qui fait en sorte que certains stages sont rémunérés et
d'autres ne le sont pas.
D'ailleurs, c'est assez intéressant de
remarquer que, souvent, ce sont dans les professions traditionnellement
féminines où les stages ne sont pas rémunérés, éducation, travail social, éducation
spécialisée, alors que, dans les domaines traditionnellement masculins, droit,
ingénierie, et compagnie, là, plus souvent qu'autrement, les stages sont
rémunérés.
Donc, je dirais, la ministre David, elle
est doublement concernée par l'enjeu des stages. Elle est concernée à titre de ministre
de l'Enseignement supérieur et à titre de ministre de la Condition féminine.
Les stagiaires en enseignement, dont on parle aujourd'hui, là, c'est à
84 % des femmes. Donc, il y a aussi un enjeu d'égalité hommes-femmes, et
voilà une raison de plus pour laquelle la ministre David, selon nous, n'a pas
le choix d'aller dans ce sens-là.
M. Bellerose (Patrick) :
Juste une dernière. Avez-vous chiffré l'engagement dont vous parlez, donc de
rémunérer tous les stages? Pas juste en éducation, mais tous les stages?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
je vais laisser les...
M. Côté (Antoine) : Tous
les stages, non, là, mais, juste en éducation, 23 millions.
M. Nadeau-Dubois : C'est
ça. Donc, autour de 20 millions de dollars pour la demande d'aujourd'hui,
qui est une bourse de compensation financière pour le stage final en éducation.
Ça représente 0,1 % des dépenses en éducation au Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Et l'engagement de QS pour tous les stages?
M. Nadeau-Dubois :
L'engagement de QS, ce n'est pas un engagement mur à mur, c'est un engagement
de principe. Notre engagement, c'est de mettre sur pied une politique nationale
des stages qui, d'abord, viendrait définir c'est quoi, un stage. En ce moment
au Québec, il n'y a pas de définition légale de ce qui est ou n'est pas un
stage. C'est un premier problème à régler. Un encadrement aussi réglementaire.
Par exemple, les stagiaires, à l'heure actuelle, ne sont pas concernés par la
Loi sur les normes du travail, alors que c'est des gens qui travaillent. Voilà
un autre problème à régler. Et, dans le cadre de cette politique-là, il faudra
penser à une manière de rémunérer les stagiaires de manière intelligente selon
leur milieu de stage. Comme, par exemple, les stagiaires en droit, ou en
ingénierie chez Bombardier, il n'est pas question que ce soit l'État qui paie
pour ça. Dans le cas des stages en enseignement, on veut passer par l'aide
financière aux études. Dans d'autres milieux de stage, ça pourrait être
d'autres mécanismes.
Donc, ce n'est pas possible, à l'heure
actuelle, de prendre un engagement mur à mur. Ce qu'on dit, c'est que notre
volonté, c'est d'encadrer la pratique des stages puis de s'assurer d'une forme
de compensation financière. Puis ça, ça va prendre un visage différent selon le
milieu de stage.
M. Bellerose (Patrick) :
Merci.
Le Modérateur
:
Patricia Cloutier, Le Soleil.
Mme Cloutier (Patricia) :
Oui. M. Nadeau-Dubois, quand vous dites que les étudiants font du
bénévolat dans les écoles, est-ce que c'est parce qu'on leur demande de faire
plus que leurs stages, de faire des tâches de remplacement, par exemple, pour
lesquelles ils ne sont pas payés, ou vous faites vraiment allusion aux stages?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
en fait, c'est bien pire que du bénévolat parce que les gens qui sont derrière
moi ce matin doivent payer leurs frais de scolarité, à peu près à
2 000 $ par session, donc, ils doivent payer pour une session dans laquelle
ils vont travailler sur un milieu de travail et avoir à peu près les mêmes
tâches qu'un enseignant ou une enseignante. Donc, c'est même pire que du
bénévolat. C'est un stage obligatoire de prise en charge complète non rémunéré.
Donc, c'est littéralement de l'exploitation.
Mme Cloutier (Patricia) :
Et, juste une précision, si jamais vous obtenez des sommes dans le budget,
admettons, là, dans les prochaines semaines, est-ce qu'il sera trop tard pour
le stage de cette année, est-ce que les gens derrière vous sont déjà en stage,
là, ou ça sera pour l'an prochain?
M. Telles (Simon) : Oui, effectivement.
Donc, la plupart des gens qui sont derrière nous sont déjà en stage. Maintenant,
sur le moment de l'entrée en vigueur, j'imagine, il faudrait en discuter puis
voir ce qui est possible, mais on souhaite que ce soit mis en vigueur le plus
rapidement possible pour compenser les étudiants et les étudiantes qui sont en
précarité en ce moment.
Mme Cloutier (Patricia) :
Merci.
Le Modérateur
: Est-ce
qu'il y a d'autres questions sur le sujet? On peut passer aux autres sujets.
Nos invités peuvent...
M. Telles (Simon) : Merci
beaucoup. Merci, tout le monde.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour. Encore l'administration américaine qui vient d'imposer une surtaxe sur
le papier couché, le papier journal. Il y a deux compagnies québécoises
exemptées, mais il y en a d'autres, là, qui vont subir cette pression-là :
risque de fermeture d'usines, pertes d'emploi encore.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est terriblement inquiétant, c'est terriblement inquiétant. C'est des
centaines de communautés, des milliers de travailleurs, travailleuses qui sont
menacés. Donc, c'est une très mauvaise nouvelle. C'est très inquiétant pour les
travailleurs, travailleuses de ces régions-là.
Ceci étant dit, je pense qu'encore une
fois ça impose une remise en question, une remise en question sur la manière
dont on a développé notre secteur forestier au Québec. On s'est beaucoup fié,
historiquement, sur l'exportation. L'heure est à la réflexion, là. Est-ce qu'il
n'est pas temps de penser à développer le marché intérieur en matière de bois
au Québec pour être moins dépendants du marché américain? Parce que ce que
cette crise-là dévoile, tout comme les dernières crises du bois d'oeuvre, c'est
qu'on est beaucoup trop dépendants du marché américain. Et il faut bien sûr
défendre, à court terme, les travailleurs, travailleuses puis les communautés
touchées, mais il faut, à moyen terme, réduire notre dépendance envers le
marché américain.
M. Laforest (Alain) :
Une précision : Comment?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
en utilisant plus de bois québécois au Québec, notamment dans le domaine de la
construction. La technologie a évolué dans les dernières années. C'est maintenant
possible d'utiliser le bois dans beaucoup plus de structures que c'était
possible avant. Donc, il faut travailler à valoriser cette ressource-là au Québec
pour diminuer notre dépendance envers le marché américain parce que, sinon, là,
on se ramasse dans la situation actuelle, dès que le président américain
éternue, bien, tout le Québec attrape le rhume.
M. Laforest (Alain) : Actuellement,
il commence à y avoir des fuites, là, sur le budget, entre autres. 1 milliard
donné aux familles, on va piger dans le Fond des générations. C'est une bonne orientation?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
prendre des fonds publics pour rembourser la dette de manière aussi massive que
ça, moi, je trouve que ça ressemble beaucoup aux promesses électorales
caquistes. Donc, de toute évidence, le gouvernement libéral reprend les
méthodes de la CAQ parce qu'il est en panique, parce qu'il descend dans les
sondages. Je pense que ce n'est pas dans ce sens-là que les Québécois veulent
aller.
Le Modérateur
: Hugo
Pilon-Larose, LaPresse.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Essentiellement,
ma question : Le Parti québécois a présenté ce matin sa volonté de faire
un projet pilote sur les autoroutes, là pour faire augmenter la vitesse à 115,
120. C'est une bonne idée?
M. Nadeau-Dubois : En
toute honnêteté, on n'a jamais réfléchi, là, à cette question-là. Il faudrait
que je vous revienne, là. Mais donc c'est difficile pour moi de vous répondre à
ce stade-ci sur cette idée-là dont vous venez de m'apprendre l'existence, là.
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) :
Oui, bonjour. Toujours à propos du budget, donc, l'idée d'utiliser les sommes
actuellement dans le Fonds des générations, par exemple, pour accroître l'offre
de services publics, est-ce que vous seriez favorable à ça ou vous pensez qu'il
faut vraiment utiliser ces sommes-là pour rembourser la dette, comme c'était
prévu?
M. Nadeau-Dubois : C'est
vraiment des vieilles recettes. C'est vraiment des vieilles recettes. C'est non
seulement les recettes de la CAQ, mais c'est les recettes d'une autre époque,
là.
Regardez les décisions qu'a prises le
gouvernement Trudeau, les décisions que prennent plein de gouvernements dans le
monde. Cette idée de réduire à tout prix la dette, peu importe les conséquences
sociales, c'est une vieille solution. On est rendus ailleurs, là. Le nouveau
consensus, c'est qu'il faut utiliser les fonds publics pour relancer l'économie
du Québec. Et donc moi, je trouve ça très surprenant de la part des libéraux
qu'ils se retournent vers les solutions de la CAQ, vers des vieilles recettes,
au lieu de se mettre au goût du jour puis les nouvelles propositions en matière
d'économie.
On n'est plus là, là. On n'est pus dans
les vieilles recettes de prendre des milliards de dollars pour rembourser la
dette, là. L'économie du Québec est en croissance, le ratio, le poids de la
dette sur l'économie diminue. Donc, il n'y a aucune raison de gaspiller des
fonds publics en réduisant massivement la dette.
M. Lavallée (Hugo) :
Mais ma question, c'était plutôt : Est-ce que vous seriez d'avis qu'il faut
utiliser les sommes présentement dans le Fonds des générations, qui,
initialement, étaient prévues en vue d'un remboursement de la dette, pour
financer des services publics? Est-ce que vous seriez d'accord avec ça?
M. Nadeau-Dubois : O.K.,
j'avais mal compris. O.K. Bien oui! D'abord, à Québec solidaire, on a toujours
été très critiques de l'existence même du Fonds des générations. Et nous, on
pense qu'il faut à tout le moins réduire les versements annuels au Fonds des
générations. L'argent qui y est peut rester là, c'est une chose, mais de
continuer, à chaque année, à mettre 1 milliard, 2 milliards,
2,5 milliards de dollars dans ce fonds-là, on pense que c'est une mauvaise
décision. Cet argent-là devrait servir à nos services publics, devrait servir à
du développement économique, pas à un projet chimérique de réduction de la
dette.
M. Lavallée (Hugo) : Il
y a une enquête de Radio-Canada qui nous apprend ce matin que le climat de
travail est malsain à l'Assemblée nationale. Plusieurs employés ont
démissionné, plusieurs autres employés sont en congé maladie. Étiez-vous au
courant de cette problématique-là? Qu'est-ce qu'il faudrait faire, selon vous?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je suis nouveau à l'Assemblée nationale. Je n'en avais jamais entendu parler.
Comme député, je trouve ça inquiétant et j'espère qu'il y aura des réflexions
et des actions de prises parce que, s'il y a bien un endroit qui devrait être
exemplaire en matière de climat de travail, en matière de respect des droits
des travailleurs et travailleuses, c'est bien l'Assemblée nationale du Québec,
l'endroit où on vote les lois du Québec.
M. Lavallée (Hugo) : Et
donc qui devrait agir? Le président? Le secrétaire général? Le BAN?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
je pense que tout le monde est concerné. Moi, je me suis senti concerné, comme
député ce matin, quand j'ai entendu le reportage. Et moi, je m'attends à ce
que, dans les prochains jours, il y ait des discussions. Que ce soit au Bureau
de l'Assemblée nationale, que ce soit au niveau de l'institution elle-même, là,
il faut réfléchir à ça. Ce n'est vraiment pas normal. Puis, en 2018, je pense
que l'Assemblée nationale doit montrer l'exemple en matière de climat de
travail.
M. Lavallée (Hugo) :
Merci.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour. Toujours sur le budget, avez-vous l'impression que le gouvernement
veut faire oublier les années d'austérité de début de mandat?
M. Nadeau-Dubois : C'est
clair. La recette qu'a appliquée le Parti libéral, c'est la recette classique :
on coupe en début de mandat en instaurant un climat de panique, et ensuite on s'est
constitué un magot puis on fait des baisses d'impôt, on réduit la dette. Il n'y
a rien de plus classique, de plus habituel et de plus usé comme manière de
faire de la politique. Mais moi, je suis sûr que le monde à la maison
reconnaissent le scénario que les libéraux sont en train de nous jouer.
M. Bellerose (Patrick) :
Vous dites qu'il faut utiliser l'argent qui va aller à la dette plutôt pour
relancer l'économie. Pourtant, l'économie du Québec va bien. Est-ce qu'il n'y a
pas un moment où il faut payer la dette?
M. Nadeau-Dubois : La
dette, là, si son poids relatif à l'économie, c'est-à-dire au PIB, reste
stable, ce n'est pas inquiétant. Tous les États du monde ont une dette. L'important,
c'est qu'elle soit sous contrôle. Et la dette du Québec, quand on la compare à
notre PIB, elle est tout à fait dans la moyenne des pays développés. Tout le
discours alarmiste au sujet de la dette, c'est un prétexte bien installé pour
justifier des politiques d'austérité, des politiques néolibérales. La dette au
Québec, elle n'est pas alarmante.
M. Bellerose (Patrick) :
Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 23)