(Quatorze heures trois minutes)
M. Barrette : Alors, bonjour, tout
le monde. Bienvenue à cette conférence de presse qui marque certainement un
point tournant dans l'évolution de notre réseau de la santé et des services
sociaux, certainement, principalement pour le personnel. Alors, j'ai, avec moi,
comme vous le voyez... je suis accompagné de deux personnes importantes :
Mme Nancy Bédard, qui est à ma droite, qui est présidente de la FIQ comme le
savez; et de son vice-président, M. Jérôme Rousseau pour cette annonce.
Alors, comme vous le savez, et on va faire
un peu d'histoire récente, en 2015, et je pense qu'il y a lieu de le répéter,
nous avons été le premier gouvernement à signer une convention collective avec
la FIQ et avec l'ensemble du secteur public, convention collective qui
prévoyait que, pour la première fois, on s'adresse comme gouvernement à la
question des ratios personnel-patients et particulièrement les ratios
infirmières-patients. Bref, on s'adresse pour la première fois, de façon
formelle, à la charge de travail du personnel.
Et je le répète, il a été dit à plusieurs
reprises par le personnel lui-même et leur représentant — je ne pense
pas, Mme Bédard, que je vais faire une révélation ici — que le
personnel fait face à une charge importante de travail, dans bien des cas, une
surcharge de travail. Et c'est vraiment l'intention du gouvernement de faire en
sorte qu'on corrige cette situation-là pour, certainement, abolir le temps
supplémentaire obligatoire; idéalement, abolir le temps supplémentaire, mais je
ne pense pas que ce soit nécessairement possible ni souhaité; mais
certainement, dans tous les cas de figure, d'améliorer les conditions de
travail de notre personnel qui, à tous les jours, est présent, donne des
services de grande qualité. C'est apprécié, il faut le souligner. Mais l'ayant
fait, ça ne signifie pas, au contraire, qu'on doive rester avec le statu quo.
On est à l'heure du changement, de la réévaluation de la charge de travail et de
l'organisation du travail, et c'est ce à quoi nous nous adressons depuis 2015.
Avec raison, on peut rappeler, Mme Bédard a
souhaité que nous accélérions les travaux. J'étais bien d'accord, et
maintenant, depuis bientôt presque deux mois, nous travaillons ensemble très
étroitement pour faire en sorte que ce que j'ai appelé... que nous avons appelé
les projets ratios se mettent en branle. Nous sommes donné des échéanciers, et
cette semaine était la période prévue qui devait conclure l'établissement, le
dessin, la mise en place de ces projets ratios. Vous vous rappellerez qu'il y a
quelques semaines, j'avais annoncé qu'au Québec il y aurait 16 projets ratios
qui allaient être dessinés conjointement par nos experts respectifs.
Je vous annonce aujourd'hui que nous avons
convenu ensemble qu'il y aurait 17 projets ratios et que les projets ratios qui
devaient s'adresser aux secteurs de la médecine, et de la chirurgie, et des
CHSLD allaient être un peu élargis pour s'assurer d'inclure le travail des
inhalothérapeutes, mais aussi le travail des professionnels en matière de soins
à domicile, parce qu'à domicile c'est un environnement différent, auquel on va
s'adresser, mais en plus, qu'on puisse avoir des projets ratios spécifiques aux
urgences, aux soins à domicile et particulièrement, également, en
établissements privés conventionnés. Donc, 17 projets ratios qui
essentiellement vont nous permettre de faire des analyses dans tous les
secteurs d'activité où sont impliqués nos professionnels. Et je le répète, ces
projets-là vont inclure les préposés aux bénéficiaires, parce qu'on parle
aussi, évidemment, du concept d'équipes de travail adaptées aux besoins des
patients.
Les projets ratios, qu'on le comprenne
bien, ce n'est pas une position gouvernementale, ce n'est pas une position
absolue, syndicale. En fait, c'est un exercice qui vise à faire en sorte qu'à
partir d'un point de départ convenu entre les parties, et c'est ce que nous
annonçons aujourd'hui, nous puissions, de façon empirique, objective, arriver
aux bons ratios personnel-patients.
Alors, au Québec, on a des structures
d'emploi et de formation qui peuvent, dans certains cas, différer de ce qui
existe ailleurs dans le monde. On va adapter ça.
Alors, on a un point de départ pour lequel
je vous donnerai une indication il y a quelques instants, qu'on va analyser le
plus objectivement possible au cours de ces projets ratios là. Non seulement
voulons-nous que ça soit objectif, mais nous allons même utiliser un outil
scientifiquement reconnu dans le monde des soins, qui s'appelle le SNCT, le S
signifiant Safe, Nursing Care Tool. Alors, Safe, c'est pour sécuritaire, et
sécuritaire, là, je me tourne vers Mme Bédard, je pense que c'est un mot qui
est important pour vous.
Mme Bédard (Nancy) :
Absolument.
M. Barrette : C'est un mot qui
est très important pour nous aussi parce que c'est important pour les patients.
Alors, il y a un outil, qui s'appelle le SNCT, qui est un outil d'évaluation objective
de l'organisation du travail, avec une finalité d'organisation, de dispensation
sécuritaire de soins. Et là-dessus nous, avec la FIQ, on est absolument sur la
même page.
Donc, un point de départ qui sera analysé objectivement,
à l'aide, évidemment, de nos paramètres qu'on a convenus ensemble, mais aussi à
l'aide d'un outil qui nous permet objectivement de faire certaines
appréciations.
Pour vous donner une indication du point
de départ, parce que le point de départ devait absolument être différent de
l'actuel, je vais vous donner l'exemple des ratios qui existent aujourd'hui
dans notre réseau, en CHSLD, et vous montrer où on part. Et à la fin, là, il y
aura une conclusion, qui pourrait même être à la hausse, à la hausse dans le
bon sens.
Alors, je vous donne les exemples
suivants. Aujourd'hui, les ratios infirmière-patients dans les CHSLD, de jour,
sont de 25 à 32 patients par infirmière; de soir, 50 à 64 patients par
infirmière; et de nuit, de 75 à 96 patients par infirmière. Et là on va
commencer nos premiers projets avec des ratios de 20 à 27 patients par
infirmière de jour; 25 à 32 patients par infirmière de soir; de 37 à 44
patients, moins de la moitié de patients, par infirmière de nuit. On part avec
ça et on va analyser, au fil du temps, ce qui est meilleur ou moins bon de la
façon la plus objective possible. Mais clairement, avec ces ratios de départ
là, vous voyez qu'on a eu ensemble la volonté, à la case départ, d'améliorer
les conditions de travail des infirmières.
Le déroulement des projets ratio va se
faire de façon séquentielle. On va commencer par trois projets. Nous avons
dessiné, au moment où on se parle, 13 projets que l'on fait de façon
séquentielle. Les trois premiers seront, à partir du 15 avril, dans une
unité de médecine à l'hôpital du Lakeshore dans le CIUSSS de
l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal; le 29 avril, dans une unité de chirurgie du
centre hospitalier de Trois-Rivières, à Trois-Rivières, au CHAUR; et en CHSLD,
à partir du 13 mai, au CHSLD de Bagotville.
Pourquoi séquentiellement? Parce qu'on a
convenu que, pour avoir les meilleurs résultats possibles, on a convenu ça
ensemble, il fallait en faire trois pour commencer, avoir un rodage, voir ce
qui marche, ce qui ne marche pas, adapter si nécessaire pour passer rapidement
aux autres vagues qui vont nous amener à déployer, d'ici cet été, nos 13 premiers
projets. Et on estime qu'à l'automne 2018, en septembre, on aura dessiné et mis
en place les quatre autres. Vous savez, c'est plus compliqué, là, de faire un
projet pour les inhalothérapeutes. C'est un petit peu plus spécifique, par
exemple, il y a des ajustements à faire.
Bref, on souhaite que ces projets-là se
terminent dans l'année 2018, mais, d'ici l'été, la quasi-totalité des projets
seront mis en place. Et je le répète, les faire de façon séquentielle, c'est un
choix que nous faisons pour s'assurer que nous faisons la bonne chose et qu'on
n'induise pas, nous, en allant trop vite, par exemple, des travers qui
pourraient être au désavantage du personnel ou des patients, je pense que c'est
la bonne façon de faire.
À la fin, évidemment, il y aura une
conclusion qui sera tirée, et ce sera certainement une volonté de notre gouvernement
de déployer, à la grandeur du réseau, les conclusions qui seront tirées de ces
projets-là. Je vais maintenant laisser la parole à Mme Bédard qui vous donnera
son appréciation de la situation.
Mme Bédard (Nancy) : M. le
ministre, je vous avais promis que, si nous avions une entente sur les ratios
sécuritaires, j'étais prête à l'annoncer avec vous. Il fallait une entente importante
pour les professionnels en soins et pour la population du Québec pour que nous
nous retrouvions ensemble. Bien, nous y voilà.
Avec cette entente, nous faisons un pas de
plus, un pas de plus vers la sécurité, la qualité des soins et des services
dans notre réseau de santé public. C'est un jour important pour la FIIQ et pour
nos professionnels en soins parce que c'est un pas concret enfin pour nous.
C'est parce que nous réglons... C'est parce qu'on ne réglera pas tous les
problèmes, ça, c'est clair, et il faut se le dire ici aujourd'hui, mais c'est
parce que nous mettons de l'avant une solution, la solution que nous avions
obtenue avec le gouvernement lors de la dernière négociation.
Les ratios, vous le savez, nous y
travaillons depuis un bon moment. La FIIQ en a fait sa priorité, en a fait sa
priorité pour les patients, pour ces patients et pour les professionnels en
soins. Nous sommes allés voir ce qui se faisait ailleurs dans le monde. Je
crois que vous nous avez entendus parler de nos ratios et ce qui se faisait
ailleurs, dans le monde, à plusieurs reprises. Nous avons même tenu un grand
symposium sur le sujet, il y a quelques années. On s'est rapidement rendu
compte que ce que nous voulions, c'étaient des soins de qualité pour le futur
et ceci allait passer par des ratios. Ce projet, c'est un projet d'avenir pour
le réseau de santé du Québec. L'annonce, aujourd'hui, pour nous, c'est
l'aboutissement de plusieurs mois de travail, c'est le début, enfin, de
l'implantation.
Nous aurons 17 projets ratios dans toutes
les régions du Québec, de la Gaspésie et de la Côte-Nord jusqu'à l'Outaouais.
On va les implanter, on va implanter des projets ratios. Et cette entente, pour
les professionnels en soins, c'est enfin l'espoir de régler la surcharge de
travail. C'est la solution la plus prometteuse réclamée par les professionnels
en soins partout au Québec et qui a fait ses preuves partout ailleurs. Certains
pays ont mis des années à implanter des ratios. Nous, nous avançons rapidement.
Ils seront implantés dès ce printemps.
Bien sûr, nous allons suivre pas à pas ces
projets et nous allons évaluer l'impact positif des ratios sur le personnel,
sur les soins et sur les patients. Notre volonté, vous le savez, c'est de
l'étendre partout dans le réseau. Notre objectif, M. le ministre le sait, c'est
de l'inscrire dans une loi. M. le ministre, je le redis, c'est un grand jour
pour les infirmières, les infirmières auxiliaires, les inhalothérapeutes du
Québec, et j'ai envie de dire à toutes les finissantes et à toutes celles qui
vont entrer dans le réseau de santé, le vent va changer, le cours de choses est
en train de changer. J'avais invité le ministre à le faire il y a plusieurs
mois, et c'est aujourd'hui que je crois que le vent peut changer dans notre
réseau. Merci beaucoup.
M. Barrette : Merci. Alors,
voilà, on va maintenant passer à la période de questions.
Mme Richer (Jocelyne) : Oui.
Bonjour, M. le ministre. J'aimerais savoir, supposons que l'expérience est
concluante, vous avez l'impression que ça prendrait combien de temps? En quelle
année vous pourrez déployer tous les nouveaux ratios dans tout le réseau?
M. Barrette : Alors, la
réponse, elle est relativement simple, mais aussi complexe, vous allez me
pardonner la bizarreté de la phrase : le plus vite possible. Mais le plus
vite possible, ça inclut aussi, essentiellement... puis je vais être un peu
plus clair, là. Je m'attends à ce que, lorsque nous aurons conclu ces
projets-là, je m'attends à ce qu'il y ait lieu à avoir une embauche qui soit
significative en volume. Conséquemment...
Mme Richer (Jocelyne) :
C'est-à-dire?
M. Barrette : Justement,
laissez... je vais terminer. Conséquemment, je m'attends à ce qu'il se passe
deux choses : un, qu'on déploie les ratios; deux, que les gens qui sont
actuellement disponibles dans le réseau prennent les postes qui seront offerts;
mais que trois, il y ait une nécessité de former plus de personnel. D'ailleurs,
avec Mme Bédard — Mme Bédard, je pense que vous pourriez corroborer
là-dessus — on a bien compris que cette affaire-là allait
probablement mener à une collaboration avec le ministère de l'Éducation,
probablement pour former plus de personnel, pour en venir à un plan d'embauche,
donc de formation et d'embauche, que l'on va souhaiter être le plus rapide
possible.
Comme Mme Bédard l'a dit il y a quelques
instants, et là-dessus, on est sur la même page, tout ne se règle pas en un
seul projet, là. Alors, il y aura, à mon avis, deux enjeux à la fin... bien, en
fait trois. Le déploiement, ça, je vous le dis, ça va se faire. Ensuite,
l'embauche, il faut construire les postes et les offrir correctement. Ça, c'est
un enjeu en soi, puis on y travaille actuellement. Et c'est très probable qu'on
ait à même à augmenter la formation pour amener la quantité supplémentaire de
personnel qui sera nécessaire pour staffer, passez-moi l'expression en anglais,
les nouveaux ratios qui vont être mis en place. Alors déjà, au moment où on se
parle, j'ai déjà pris contact avec ma collègue à l'Éducation pour prévoir cet
élément-là.
Mme Richer (Jocelyne) :
Vous n'avez pas de chiffres approximatifs en termes de milliers?
M. Barrette : C'est très
difficile aujourd'hui de vous donner un chiffre, même approximatif. On a des
fourchettes dans lesquelles on ne peut pas entrer aujourd'hui. Mais il y a une
chose qui est certaine, quand on regarde notre point de départ par rapport à
l'actuel, c'est difficile d'imaginer que ça n'amène pas à de l'embauche. Je ne
le vois pas.
Alors, maintenant, nous, on fait des
estimés qui sont dans une vaste fourchette, mais on parle de centaines de
personnes, peut-être même de milliers de personnes.
Mme Richer (Jocelyne) :
Vous savez à quel point c'est toujours difficile d'effectuer des changements
dans le réseau. Est-ce que vous craignez une résistance?
M. Barrette : Dans le
réseau?
Mme Richer (Jocelyne) :
Oui, oui, par rapport à ces changements-là.
M. Barrette : De la part
de qui?
Mme Richer (Jocelyne) : ...parce
qu'il y a un changement dans les pratiques. Est-ce que vous ne craignez pas ça?
M. Barrette : Les projets
ratios que l'on fait ne sont pas des projets pour changer la pratique
professionnelle du personnel, qui sont déjà très compétents, mais bien de les
mettre dans des conditions d'organisation de travail qui fassent en sorte qu'il
y ait une adéquation appropriée entre la charge, et la qualité, et la quantité
de services que le personnel peut donner.
Quand on parle de ratios, on parle
vraiment de volumes adaptés à la capacité professionnelle d'une infirmière qui
aujourd'hui, à bien des égards, ne peut pas exprimer son plein potentiel et,
parfois, est contaminée par des charges administratives et ainsi de suite. Le
projet ratio, par exemple, là, vise aussi à s'assurer que l'infirmière puisse
exprimer son plein potentiel professionnel. Alors, ça a certaines ramifications
qui vont au-delà et qui ont donc des conséquences, elles aussi, d'embauche.
Alors, c'est quelque chose de très positif.
Alors, à votre première question, quand
est-ce qu'on veut ça, bien, le plus vite possible, à la hauteur, évidemment, de
la capacité de formation, si ça doit passer par de la formation additionnelle.
Mais le message que j'envoie aujourd'hui à tout le monde, c'est que, là, on est
engagés sur une voie de laquelle on ne sortira pas. On va améliorer les
conditions. On comprend que cette amélioration-là passe par une organisation et
des ratios qui sont différents. On va arriver à destination. C'est un jour un d'un
changement qui va s'exercer pleinement.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Barrette. Justement, sur la question des réticences, quand on
parlait, par exemple, de mettre fin au temps supplémentaire obligatoire, il y
avait une réticence de la part des directions d'établissement. Est-ce qu'on ne
peut pas craindre qu'il y aurait une réticence à nouveau pour le projet pilote
de la part des directeurs?
M. Barrette : Moi, je
vous... Ah non! Non, non. Ça, d'abord, ça serait très malvenu de la part des
directions de résister à ça, là. Ça serait, pour moi, complètement
inacceptable. Alors, on m'affuble et me critique souvent d'avoir trop de
pouvoirs, bien là, il va être utilisé à bon escient. Alors, il n'y a personne
qui pourra résister à la mise en place de ces projets ratios là, certainement
pas à l'établissement des nouveaux ratios.
Maintenant, je ne peux pas mettre un ratio
en place, s'il n'y a pas du personnel pour prendre les postes. On se comprend,
ce n'est pas un jugement de valeur, c'est quelque chose de pratique. Mais, pour
ce qui est de l'exécution, le déroulement, la mise en place des projets ratios,
je peux vous dire que ce serait très malvenu de résister à ça, premièrement,
mais, en même temps, je vous dirais que j'imagine mal aujourd'hui une administration
qui ne serait pas contente de l'annonce d'aujourd'hui. Je pense que les
administrateurs du réseau veulent, comme tout le monde, améliorer les choses. Ils
sont bien conscients de la problématique. Je vois mal comment des administrations
pourraient recevoir ça négativement et résister à ces projets-là.
M. Bellerose (Patrick) : Pour
faire baisser les ratios de patients par infirmière, concrètement, est-ce que
ça signifie qu'on ajoute juste plus d'infirmières par patients ou si c'est
l'équipe-soins qui va aider à faire baisser les ratios?
M. Barrette : Alors, au Québec,
on parle d'équipe-soins. On ne peut pas faire abstraction de l'importance du
préposé, par exemple. Mais, vous savez, dans le monde infirmier, il y a
plusieurs catégories d'infirmières. On ne peut pas faire abstraction non plus
des infirmières auxiliaires. Et, chez les infirmières, il y a plusieurs
niveaux, en termes de qualification d'infirmière, et c'est l'ensemble de tout
ça qu'on va regarder. Quand on parle d'équipe de soins, bon, c'est sûr, c'est
des projets ratios infirmiers, mais auxquels se greffent aussi les autres
personnels qui sont impliqués dans l'équipe de soins.
Alors, évidemment, quand nous, on regarde
les projets ratios, on les met en fonction, ce n'est pas : Voici, il va y
avoir une personne par tant de patients. Ça va être une combinaison, mais il
faut aussi prévoir les cas de figure où il n'y aura pas les autres
professionnels. Une infirmière seule, on ne peut pas lui donner le même ratio
que si c'est une infirmière avec une auxiliaire et une préposée.
Alors, il y a des cas de figure qu'on doit
prendre en considération, qui sont dessinés comme tels dans les projets. Vous
savez, dans les trois dernières semaines, nos experts, les experts de la FIQ,
ils ont passé des heures là-dessus, puis simplement pour vous l'indiquer, je
pense que, dans la dernière semaine, il y a au moins trois, sinon quatre
journées qu'ils ont fini dans la nuit, à discuter précisément de ces cas de
figure là, qui sont multiples, et qu'il faut prévoir dans l'entente qu'on a
convenue, et qui sont effectivement prévus.
Alors, ces projets de ratio là sont
intéressants et importants parce que, justement, pour la première fois, on
s'adresse à l'entièreté du problème, l'entièreté étant le ratio équipe-patients,
mais aussi la construction de l'équipe en question. Ça, c'est la bonne
nouvelle.
M. Bellerose (Patrick) :
Merci.
M. Barrette : Il n'y a pas de
quoi.
Mme Porter (Isabelle) : Oui,
bonjour. Je me demandais comment on avait sélectionné les cinq endroits où
allaient se faire les projets. Est-ce que ce sont des endroits où ça va bien en
ce moment, où il y a des problèmes particuliers?
M. Barrette : Pas du tout.
Alors, les endroits ont été sélectionnés de façon conjointe, puis je vous
dirais, et là je ne veux pas mettre personne dans l'embarras, je vous dirais
principalement par Mme Bédard et son équipe, parce qu'il était impératif pour
moi que les endroits choisis soient satisfaisants pour la FIQ et le personnel
au complet. C'était impératif pour moi. La dernière chose que je voulais
entendre, c'est : On a choisi des endroits faciles, comme ça on détermine
des ratios qui sont inapplicables ou qui n'auront aucun effet ailleurs. Ça, c'est
la dernière chose que je voulais entendre.
Alors, j'ai essentiellement laissé… On a
fait des suggestions, mais on a laissé toute la latitude à Mme Bédard et à son
équipe pour faire des aménagements. Il y en a eus. Écoutez, les projets, là, ce
n'est pas juste une institution ou une installation. Quand je vous dis, là,
Lakeshore, par exemple, on va jusqu'à dire : Voici l'étage où ça va se
passer. Alors, dans chaque endroit, là, je ne les énumère pas, là, parce que
tout n'a pas été annoncé, là, mais, dans chaque endroit où on va annoncer ça,
on a déjà déterminé ça va se faire à tel étage, le deuxième nord. O.K., il n'y
en a pas de deuxième nord, là, ne cherchez pas ça, il n'y en a pas dans le
projet. Alors, le deuxième nord, c'est là qu'on va le faire, mais c'est là qu'on
va le faire parce que la situation s'y prête bien selon l'appréciation qui a
été donnée par Mme Bédard et son équipe.
Mme Porter (Isabelle) : Est-ce
que je peux peut-être vous dire…
Mme Bédard (Nancy) : Ce qui
est important pour nous dans l'ensemble de ces projets, c'est qu'on puisse regarder
les mêmes missions, mais parfois avec des profils différents pour faire en
sorte que, quand on va les avoir faits, l'ensemble, ils vont correspondre à la
majorité des médecines, des cas de figure, comme dit le ministre. Parce qu'il y
a une médecine dans un établissement, il n'y a pas nécessairement la même
hauteur de soins que dans un autre établissement.
Donc, le choix aussi s'est porté sur cet
éventail-là pour s'assurer qu'à la fin on allait pouvoir déployer l'ensemble
des projets dans l'ensemble des missions.
Mme Porter (Isabelle) : Puis,
en deuxième question, qu'est-ce qui nous assure qu'en fin de course, quand va
venir le temps d'évaluer les projets pilotes, vous ne soyez pas en désaccord,
en fait? On ne risque pas de se retrouver dans une situation où le gouvernement
et la FIQ tirent des conclusions différentes de ce qui s'est produit dans le
cadre des projets pilotes?
Mme Bédard (Nancy) : Dans
l'entente et la démarche qu'on a eues très tard hier soir, on s'est quand même
assurés que, pour la population puis les professionnels en soin, en bout de
piste, il y aurait un déploiement de ratio qui serait pour faire en sorte qu'il
y ait des soins de qualité et sécuritaires et qu'il pourrait vraiment y avoir
des équipes de soins qui correspondent aux besoins de la clientèle maintenant.
Donc, c'est très peu probable qu'on n'ait pas d'entente.
Cependant, quand on vous parlait de la
fourchette, ce que ça va nous permettre de tester, ces projets-là, c'est quelle
est la meilleure fourchette dans l'endroit donné, la fourchette de ratios.
Alors, c'est plus pour rétablir au final le meilleur… c'est ça, la meilleure
fourchette pour chaque endroit, parce qu'il y a comme... si on dit que, dans
une chirurgie, on pourrait avoir une fourchette de cinq à sept, bien, dépendamment
des chirurgies, peut-être qu'il y a des endroits, ça va être un pour cinq, peut-être
des endroits, ça va être un pour sept.
Donc, l'outil dont vous parlait le ministre
pour vraiment regarder l'acuité des patients va nous permettre d'établir au
final le vrai ratio pour ne plus jamais qu'il puisse être baissé. Donc, elle
est là, l'analyse du projet. Alors, il n'y a personne qui va y perdre au final.
C'est juste se laisser cet espace-là pour qu'on puisse convenir du meilleur
ratio dans la mission donnée à la fin. Mais la fourchette est établie, donc on
ne pourra plus jamais aller en bas ni en haut. Alors, ça donne la sécurité
actuelle au final.
Mme Porter (Isabelle) : O.K. Quoi
qu'il arrive, là, par exemple, si je reprends les exemples de tout à l'heure,
là, si on prend un ratio en CHSLD, là, de jour, ce serait nécessairement un
ratio entre 20 et 27. O.K.
M. Barrette : Oui, oui. À la
fin de l'exercice, il y a des ratios qui sont déterminés. Ce sont des ratios
qui deviennent... ils vont devenir des directives ministérielles, donc ils vont
être mis en application. Maintenant, pour ce qui est de la... quoi, c'est
correct, ça?
Mme Bédard (Nancy) : Oui,
très bien. Très bien.
M. Barrette : Vous voyez,
j'ai... Alors, mais pour revenir aussi au corps de votre question, c'est la
raison pour laquelle on ne s'obstinera pas vraiment à la fin... parce qu'on
peut avoir des opinions divergentes sur certaines situations. C'est juste
normal, c'est la vie. Dans le système de santé, on travaille avec des êtres
humains, on est des êtres humains, et, dans la vie, l'être humain n'est pas
toujours d'accord.
Par contre, on peut débattre, et moi, vous
connaissez ma maxime, je l'ai dite à plusieurs reprises : du débat naît
soit la vérité, soit un compromis raisonnable, ce qui est encore plus simple
lorsqu'on utilise un outil indépendant, neutre, qui est le SNCT. Ça, c'est une
grille d'analyse qui nous permet de valider certaines positions. On a convenu
qu'on allait utiliser cet outil-là. Alors, l'outil va potentiellement dire
quelque chose avec laquelle moi-même, je ne serai pas d'accord. Mais, à un
moment donné, il faut s'entendre sur quelque chose, et on s'est donné un moyen
neutre, en plus de nos opinions, de notre débat, pour en arriver à une
conclusion qui soit viable pour toutes les parties. Alors, moi, je suis,
comme Mme Bédard, très, très, très optimiste sur cet exercice-là.
M. Bovet (Sébastien) : Mme
Bédard, messieurs, bonjour. M. Barrette, depuis quand la baguette magique du
SNCT existe-t-elle et pourquoi n'a-t-elle pas été appliquée avant?
M. Barrette : C'est une bonne
question, puis je vais vous donner la réponse. Je ne connais pas la... ça fait
des années que le SNCT existe en Angleterre, c'est un outil qui est éprouvé. Ce
n'est pas la religion, mais c'est un outil qui est éprouvé, d'une part.
D'autre part, pourquoi ça n'a pas été
exercé avant, bien, écoutez, je sais qu'à la FIQ ils espéraient qu'un jour
j'arrive ministre de la Santé et que je signe une convention syndicale qui soit
dans cette direction-là... C'est une plaisanterie, M. Bovet.
M. Bovet (Sébastien) :
J'avais compris.
M. Barrette : Je ne peux pas
parler du passé, mais je peux vous dire qu'en 2015, hein, 2015, c'est un an et
demi après qu'on ait été élu, j'ai signé une convention collective avec
plaisir, qui incluait, pour la première fois de l'histoire du Québec,
l'intention claire du gouvernement de revoir cette situation-là au bénéfice de
tout le monde, le personnel et les patients. Quand j'ai signé cette convention
collective, Mme Bédard était vice-présidente de la FIQ à l'époque. Je n'ai
pas signé aveuglément un document, j'ai signé un document auquel je croyais. Et
aujourd'hui, on l'applique.
Alors, quand vous me demandez quand, dans
mon mandat à moi et dans ma vie publique, c'est à ce moment-là. La durée de vie
du SNCT, c'est des années.
M. Bovet (Sébastien) :
Alors… Allez-y, Mme Bédard.
Mme Bédard (Nancy) : Bien,
c'est parce que précisément sur votre question sur l'outil, là, l'outil vient
du UK effectivement, et il fallait la tester au Québec, et il fallait acheter
les droits, et il a été testé à l'hôpital Jewish à l'automne pour le donner,
là, aux gens qui l'ont testé. Et les droits et les accès pour pouvoir
dédouaner, qu'on appelle, l'outil au Québec, je crois qu'elle vient d'arriver.
Alors, honnêtement, on ne pouvait pas
utiliser cet outil-là, et un outil scientifique qui mesure les soins
infirmiers, il n'en existait pas au Québec encore.
M. Bovet (Sébastien) :
Je présume qu'en 2015 vous étiez tout sourire, comme vous l'êtes aujourd'hui,
lorsque vous avez signé la convention collective, convention collective qui
prévoyait justement de s'attaquer au ratio patients-infirmière. On se réveille
deux ans et demi plus tard avec des sit-in d'infirmières, rien n'a été fait. Qu'est-ce
qui nous garantit aujourd'hui que vos sourires seront gages de résultats?
M. Barrette : Bien,
alors, ça, je vais répondre très clairement à cette question-là. Quand on signe
une convention collective en décembre 2015, elle n'est pas en application avant
l'été 2016. Ce sont les règles qui existent dans notre régime. Et il est
faux de dire qu'il n'y a pas eu de travail de fait.
Je vous rappelle que la convention
prévoyait qu'on fasse ce que nous avons conclu de faire d'ici 2020. Alors, on
est exactement dans les délais. Dans les faits, on est… parce que cette
conversation-là, on l'a depuis un certain temps. Il y a des travaux qui ont été
faits, et on est exactement dans les délais. Peut-être que l'intensité de
l'exercice d'aujourd'hui est plus tôt que celle qui aurait été s'il n'y avait
pas eu l'intervention qui a été faite ce printemps, que je reconnais. Moi, je n'ai
pas de problème avec ça, on avait signé ça. On s'était engagé à faire ce que l'on
fait aujourd'hui. Mme Bédard, pour des raisons qui lui appartiennent, que
je ne critique pas, souhaitait que ça s'accélère. Je suis tout à fait d'accord
à l'accélérer, ce dont on parle aujourd'hui. Et ce qu'on annonce aujourd'hui, c'est
exactement ce qu'on avait signé dans la convention collective.
Alors, quand on regarde la séquence
temporelle du déroulement de tout ça, signature en 2015, application à
l'été 2016, début des discussions plus formelles et travaux en 2017.
Arrivons 2018. Regardez, c'est quelque chose qui devait se faire d'ici 2020. On
est en avance, et c'est très bien comme ça.
M. Bovet (Sébastien) :
Vous êtes de cet avis, Mme Bédard?
Mme Bédard (Nancy) : Je
dirais que j'aurais souhaité que ça aille plus vite avant, mais, bon... Alors,
j'ai eu la chance de rencontrer le ministre rapidement après les fêtes et les
choses se sont accélérées. Donc, aujourd'hui, on arrive avec un sourire parce
qu'on a réussi, mais on aurait pu le faire un peu avant, mais ça ne s'y est pas
prêté.
M. Dion (Mathieu) : Bonjour.
Mathieu Dion, Radio-Canada. Il n'y avait pas de ligne dans le budget pour des
projets pilotes, c'était bien évident. Avez-vous une idée de combien ça va
coûter, la mise en place de ces projets pilotes, maintenant, aujourd'hui?
M. Barrette : Alors, ça, la
mise en place des projets pilotes, ce n'est pas un problème en soi. Le budget
est là. C'est de l'ordre de millions de dollars, quelques millions de dollars.
Ça, ce n'est pas...
M. Dion (Mathieu) : En bas de
10, mettons?
M. Barrette : Bien là, c'est parce
que ça dépend des régions. C'est difficile à chiffrer parce que ça dépend des
régions, de l'ampleur et ainsi de suite.
Alors, il n'y a pas de ligne dans le
budget parce que la ligne que vous recherchez, c'est une ligne qui va découler
des conclusions des projets pilotes. Et je vais vous dire une chose, par
exemple, puis je vais le répéter, je l'ai dite précédemment cette semaine, le
5,3 % qu'il y a dans le budget actuellement, qui va dans le réseau, c'est
ça, la réalité, là. C'est 4,6 % pour l'ensemble de mon ministère, mais,
pour le réseau, c'est 5,3 %. Je peux vous dire aujourd'hui, comme je pense
l'avoir déjà fait, je vais le répéter, je l'ai dit en Chambre, j'ai fait les
représentations spécifiques auprès de mon collègue M. Leitão, des
représentations spécifiques pour s'assurer que ce qui est raisonnablement
prévisible, en termes de coût éventuel qui va découler des projets pilotes,
soit pourvu au budget, et c'est le cas.
Alors, la question suivante que vous allez
me poser, c'est combien que je pense que ça va coûter.
M. Dion (Mathieu) : Exactement.
C'est ça.
M. Barrette : Bon. Alors, ça,
ça va découler des projets ratios, mais j'estime aujourd'hui que le coût sera
au moins dans la centaine de millions de dollars et probablement dans des
centaines de millions de dollars. Je ne peux pas aller plus précisément parce
que, plus précisément, ça dépend des conclusions du projet. Mais il y a une
chose qui est certaine, c'est qu'actuellement le montant que ça coûtera est
prévu au budget.
M. Dion (Mathieu) : Donc, dans
des centaines de millions pour les 17 projets pilotes.
M. Barrette : Non, pas pour
les projets eux-mêmes.
M. Dion (Mathieu) : Oui, c'est
ça, pour l'ensemble.
M. Barrette : Lorsqu'on tirera
les conclusions et qu'on appliquera ces projets-là à l'ensemble du réseau, bien
là, ça va être une autre affaire, là. Les projets ratios, ce n'est pas quelque
chose de très dispendieux à faire. Il y a une complexité là-dedans, là, j'en ai
parlé, mais ce n'est pas là qui est le coût. Le coût est dans le déploiement.
Et, je le répète, j'ai fait des représentations formelles pour que... puis je
vais être plus précis, sans l'être trop. Le montant initial qu'on me proposait
était insuffisant. J'ai demandé à ce que mon montant soit augmenté pour prévoir
le déploiement à grande échelle des conclusions du projet ratio.
M. Dion (Mathieu) : O.K. Mais,
pour les projets pilotes, c'est quelques millions de dollars.
M. Barrette : Oui, oui. Ça, ce
n'est pas...
M. Dion (Mathieu) : J'ai une
autre petite question peut-être pour Mme Bédard. Où voyez-vous la prochaine
embûche? Je ne veux pas paraître négatif, mais où voyez-vous la prochaine embûche?
Parce qu'il y en a souvent. Et où serait-elle?
Mme Bédard (Nancy) : Dans le
moment où on est. Dans le moment où on est, parce qu'on va rentrer dans les établissements
dans les prochaines semaines puis on rentre quand même dans une période d'été.
Alors, la période de préimplantation, donc savoir comment on va faire les
choses, c'est... ça, ça m'apparaît que ça va bien aller. Cependant, pour l'implantation,
il y aura peut-être... on devra peut-être différer à quelques endroits parce
qu'on va peut-être arriver en juillet ou en août, quand on va avoir les
effectifs qui vont être en vacances.
Donc, dans les projets qu'on vous annonce
aujourd'hui, c'est plus dans la phase d'implantation, à cause du moment, qui
est l'été, où peut-être on va devoir différer, là, la finalité du début de
l'implantation à la fin de l'été puis au début. Alors, rapidement, à court
terme, c'est ce que je vois un peu comme embûche, mais c'est juste différer les
semaines, là, pour arriver à avoir la pleine implantation de nos projets en
septembre.
M. Barrette : Et si vous me
permettez, Mme Bédard, de compléter, je pense que vous voyez dans nos réponses
respectives, à moi et Mme Bédard, qu'on veut que les choses soient bien faites.
On veut qu'à la fin des conclusions, on soit d'accord dessus, là, qu'on arrive
à la fin puis qu'il n'y ait personne qui puisse dire : Ah! bien, parce que
vous l'avez fait pendant l'été, la conclusion n'est pas bonne et ainsi de
suite, là. On est exactement sur la même page. On veut que ça marche. On a pris
les trois dernières semaines et un peu plus, parce qu'on devait faire cette
annonce-là lundi, on la fait aujourd'hui. Alors, on veut que ça, ça soit bien
dessiné de part et d'autre, avec un accord commun, et que ça se mette en
application correctement pour que la conclusion soit viable.
Alors là, quand je dis qu'on est au
premier jour d'une nouvelle ère, là, vous voyez par nos réponses qu'on est
vraiment sur la même page et dans le même fuseau horaire.
M. Cormier (François) :
Bonjour, François Cormier, TVA.
M. Barrette : Bonjour.
M. Cormier (François) : Vous
nous avez donné une bonne idée de la fourchette qui diminue beaucoup.
Pouvez-vous nous donner un exemple du nombre d'infirmières de plus qui sera
requis, par exemple, au foyer de Bagotville, ou encore dans un établissement,
ou... Est-ce qu'on a une idée?
M. Barrette : Alors, oui, on a
des idées, mais je ne donne pas ce détail-là puis je ne pense pas que ce soit
le moment de donner ce détail-là, pour une raison bien simple : on a un
point de départ qu'on a convenu, analysons-le, et après, on fera des
projections correctement.
Une des choses qui, à mon avis, là, ça,
c'est mon avis personnel, je ne veux pas mettre des mots dans la bouche de Mme
Bédard et de M. Rousseau, je pense qu'on n'a pas... ça ne serait pas une
bonne chose de créer des attentes qui seraient contredites par l'expérience.
Là, je pense que le réseau a besoin de savoir qu'ensemble, là, on travaille
vraiment avec le même objectif, qu'on a la même vision des choses, qu'on veut
bien les faire et qu'à la fin il y a une amélioration.
Alors, de partir aujourd'hui puis de dire :
Sur tel étage dans lequel on va le faire, ça va donner tel résultat, puis on va
le transposer à la grandeur, je pense que ce n'est pas la bonne chose à faire.
La bonne chose à faire, à mon avis, c'est d'arriver devant vous aujourd'hui :
Regardez, on l'a bien dessiné, là, on s'entend sur le dessin du projet ratio,
on sait que ça va donner une amélioration, on a les éléments objectifs pour le
mettre en application, et le gouvernement, par ma voix, est clairement dans la
direction de mettre ça en application.
Aujourd'hui, là, il y a de la lumière
visible au bout du tunnel des professionnels de la santé dans le réseau. C'est
une bonne nouvelle, laissons-nous le temps de bien établir ces chiffres-là.
M. Cormier (François) :
Concernant le SNCT, il a souvent été question des exemples de la Californie, du
Queensland en Australie, de l'Irlande aussi. Est-ce que c'est ce même outil là
qui a été utilisé? Je croyais qu'ils avaient utilisé plutôt les données de l'Université
de la Pennsylvanie.
Mme Bédard (Nancy) : Non, ce
n'est pas cet outil-là. D'abord, il faut penser que la Californie, ils ont
décidé de le mettre dans une loi puis ils n'ont pas vraiment utilisé d'outils
scientifiques. Ils se sont basés sur des données probantes en Californie, et, à
un moment donné, le gouvernement a décidé : Voilà ce qu'on implante et ce
sera immuable au réseau, ils doivent le faire. Donc, chacun de ces endroits-là
se sont servis différemment, là, comme l'Australie et la Californie. C'est
surtout des données probantes qu'ils ont prises.
M. Cormier (François) : Merci
beaucoup.
M. Barrette : Et peut-être en
complément, là, juste pour vous mettre les choses en perspective, parce que c'est
important, vous savez, le Québec, et je pense que tout le monde est d'accord
là-dessus, dans bien des secteurs, ça a l'air de rien, mais on est en
avance. Mais il y a une chose qui est certaine, c'est qu'on n'a pas
nécessairement la même construction des types professionnels qui travaillent
sur le terrain.
Comme, par exemple, si vous comparez la
compétence d'un préposé ici à la compétence d'un préposé, par exemple, en
Angleterre ou en Australie, ce n'est pas la même chose. Ce n'est pas un
jugement de valeur, c'est juste que, quand on importe ou on tente d'importer
des ratios de l'extérieur, si on fait abstraction du substrat, là, qui sont les
différents types de personnel et leur formation, bien, ça peut boiter à la fin.
Alors, ça, c'est ça qui est le projet
ratio, là. Alors, nous, à la case départ, on dit : Oui, c'est le temps
d'améliorer les choses, oui, il y a des références à l'externe qu'on doit, par
contre, appliquer dans un environnement spécifique qui est celui du Québec, et
c'est ça qu'on va faire.
M. Chouinard (Tommy) : Oui,
bonjour. Tommy Chouinard, La Presse. M. Barrette, il y a à peu près
28 000 personnes en CHSLD, il me semble… 29 000?
M. Barrette : Non, il y a
40 000 personnes au Québec en CHSLD.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.,
donc vous incluez les plus…
M. Barrette : Vous parlez du
personnel ou vous parlez des résidents?
M. Chouinard (Tommy) : Des
résidents.
M. Barrette : Pardon?
M. Chouinard (Tommy) : Les
résidents.
M. Barrette : 40 000.
M. Chouinard (Tommy) : Est-ce
que vous comptez les privés conventionnés, c'est ça?
M. Barrette : J'inclus les
privés conventionnés.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.
Bien, si je fais une règle de trois, là, dans le fond, s'il y en a 40 000,
patients, qu'on met en milieu de la fourchette actuelle à 28, puis que je dis
que le nouveau ratio, si on met le milieu de la fourchette, on est rendus à 23,
bien là, je sais à peu près qu'il en manque au moins, mettons, 300, là,
infirmières, là?
M. Barrette : Alors, vous ne
pouvez pas nécessairement faire cette règle de trois là, mais, si vous la
faites, vous pouvez voir, à sa face même qu'à la fin ça risque de se terminer
en embauche, n'est-ce pas, et que l'embauche peut avoir comme conséquence de
conclure qu'il y a du monde de disponible sur le terrain, puis il va en falloir
plus, donc en former.
Alors, c'est pour ça que je disais dans
mon allocution que ce vers quoi on se dirige, c'est de l'organisation du
travail, oui, des nouveaux ratios, certainement une construction d'offre de
postes qui va être différente et très probablement, très probablement plus de
formation, donc un plan d'embauche et de formation. Alors, quand je dis, là, qu'on
entre dans une nouvelle ère, bien, c'est parce qu'une ère, ce n'est pas une fin
de semaine, là. Une nouvelle ère, ça veut dire qu'on prend une nouvelle
direction, qui a des enjeux, mais dans lesquels, à toutes fins utiles, on
s'engage, là.
M. Chouinard (Tommy) :
Bon, vous avez donné une idée du ratio, le nouveau ratio, la fourchette qui va
être testée, là, dans le cadre des projets pilotes, mais pour les CHSLD, qu'en
est-il? Pouvez-vous décrire ce qui en est côté médecine et chirurgie, l'avant
et après?
M. Barrette : Oui.
Regardez, peut-être qu'il n'y a pas lieu aujourd'hui d'entrer, là, dans tous
les schémas de ratios, mais il y a une baisse significative aussi… bien, une
hausse, là, ça dépend dans quel angle vous le prenez, mais il y a un changement
significatif dans les ratios en médecine et en chirurgie aussi.
M. Chouinard (Tommy) :
Mais là on disait 1-5, 1-7…
M. Barrette : Oui, mais
ce n'est pas le même… Ce n'est pas les mêmes niveaux évidemment parce que ce n'est
pas le même niveau de soins. Mais, là aussi, il y a des ratios sur lesquels on
a convenu de part et d'autre. On est d'accord sur le point de départ. Le processus
est similaire.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.
Est-ce que les 150 millions qu'on évoquait pour ce qui est de ce que vous
avez demandé pour 2018‑2019, pour l'embauche d'infirmières, c'est exact, ça?
M. Barrette : Ce n'est
pas une question d'être exact. Comme je l'ai dit il y a quelques instants, c'est
clair pour moi que je m'attends à ce que ce projet-là nous amène très probablement
dans une fourchette de centaine ou de centaines, au pluriel, millions de
dollars de dépenses supplémentaires qui, pour moi, sont des investissements
dans la qualité des soins.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Bonjour, M. le ministre. Jean-Frédéric Moreau du Soleil. Je me
demandais… En fait, sur la question du temps supplémentaire et, plus largement,
du temps supplémentaire obligatoire, vous avez dit qu'à terme, l'objectif, c'était
de l'abolir. Croyez-vous vraiment que c'est raisonnable?
M. Barrette : Avec les
nouveaux ratios? Certainement. Ça, je n'ai pas de doute. Le jour où on sera
rendu à la saine destination, je pense qu'il n'y en aura plus de temps
supplémentaire obligatoire. Puis je pense même qu'avant même ça, il n'y en aura
plus de temps supplémentaire obligatoire. Parce que là il y a un grand exercice
qui est en train de se faire, de révision de l'organisation du travail et de
l'offre de postes, qui est le premier geste à poser pour faire en sorte que le
personnel revienne, on va dire, dans le réseau avec le même enthousiasme qui, aujourd'hui,
est un peu disparu à cause des conditions que l'on connaît.
Donc, je pense qu'on va arriver plus tôt à
la disparition, à la quasi-disparition... parce que, vous savez, le temps
supplémentaire obligatoire, moi, je souhaite qu'il n'y en ait plus, mais je ne
peux pas faire abstraction du fait qu'il est toujours possible que, dans une situation
que l'on veut toujours d'exception, pas régulière, d'exception, que ce soit nécessaire.
Mais je souhaite que ces situations-là d'exception n'existent plus.
Maintenant, est-ce que je peux tout
prévoir? Non. Alors, le temps supplémentaire obligatoire devrait être utilisé
seulement extrêmement exceptionnellement. Est-ce que je peux prévoir que ces
exceptions-là n'arriveront jamais? Personne ne peut prévoir ça.
M. Moreau (Jean-Frédéric) : Peut-être
rapidement pour Mme Bédard. Après l'annonce du budget, vous l'aviez qualifié
d'électoraliste. Avec l'annonce d'aujourd'hui, on sait qu'il va y avoir
évidemment plusieurs millions d'investis dans le système, dans le réseau de la
santé. Diriez-vous la même chose en ce jour?
Mme Bédard (Nancy) : Ce que
j'ai envie de dire, c'est qu'aujourd'hui le dossier des ratios, c'est un
dossier qu'on travaille depuis des mois, qu'on avait fait une entente avec ce
gouvernement. Et, pour moi, l'importance, c'est le résultat pour la population
et pour les professionnels en soins. Donc, peu importe le moment, j'aurais aimé
qu'on puisse arriver à ça avant. Mais aujourd'hui, c'est un jour important, et,
peu importe le moment, le ministre m'assure qu'on a le budget et que le coût ne
sera pas une embûche au déploiement des projets ratios. Alors, c'est ça qui est
important aujourd'hui.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
madame. Bonjour, messieurs. Une question pratico-pratique, là. Vous faites 17
projets ratios, ça veut dire que vous allez devoir augmenter, dans les endroits
où vous le faites, le personnel infirmier, tout ça. Est-ce que vous avez ces
ressources-là en ce moment? Est-ce que vous avez déjà suffisamment de
ressources pour être capables de mettre sur pied ces projets ratios là?
M. Barrette : Alors, c'est
exactement ce que j'évoquais au début du point de presse. Alors, il y a deux
phases dans l'amélioration des conditions de travail. Il y a la meilleure
dotation de poste, c'est ce sur quoi on travaille actuellement. Il y a des gens
de disponibles actuellement, dans le réseau, qui veulent moins revenir à cause
des conditions qu'on veut améliorer aujourd'hui, là. On est le premier jour de
la nouvelle ère, puis, dans le premier jour, il y a aussi le message qu'on
envoie aux gens : On travaille pour vous autres puis on veut que ça
disparaisse. Alors, il y a ce pool-là d'offre de service qui n'est pas
exploité, ce n'est pas le bon mot, mais qui n'est pas exprimé à son
plein potentiel. Mais aussi il y a, sans aucun doute, puis je l'ai dit, je le
répète, il y aura sans aucun doute un enjeu de formation et d'embauche dans les
prochaines années.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
pour être plus clair, là, vous l'avez, le personnel pour lancer les projets ratios,
là, en ce moment.
M. Barrette : Absolument. Je
n'avais pas compris que c'était ça, la question. Je suis désolé. C'est vous qui
n'a pas été clair.
M. Lacroix (Louis) : Ah! ça
se peut.
La Modératrice
: Alors,
on va y aller en anglais.
Une voix
: ...
Mme Fletcher (Raquel) : Je
pense que oui. Good afternoon, Minister. Is the reason for the
rollout… so it's starting at the Lakeshore, and then, by fall, we'll have all
of these pilot projects in place. Is the reason for that that you still have to
hire more people and how can you be sure you'll meet your targets?
M. Barrette : Not at all. The sequence, the rollout sequence has been determined
bilaterally and mainly, I would say, from the FIQ itself. The selection of
hospitals into which we will be rolling out those projects has been determined,
put in place mainly by Mrs. Bédard and her team. And that's fine, because to
me, what was important was that the FIQ, Mrs. Bédard had to be comfortable with
the choices that were made.
Actually, we proposed a
number of sites into which the rollout would be occurring, and Ms. Bédard asked
me to move from one institution
to the other. I had absolutely no problem with that, because my goal is to make
sure that everybody is comfortable with the results. So the actual rollout is
about a choice of readiness, if you wish. It's not political, it's not whatever
you may think of, it's just practical in many, many ways. As I said, those first
13 projects will be rolled out between this summer. There might be difficulties
because it's summer time, but by the end of, let's say, September, all of the
17 projects will have been put in place and be operated.
Mme Fletcher (Raquel) : What would it take for you to be able to expand the pilot project
and make this the norm to have nurses to patient ratios across Québec?
M. Barrette : Well, that's exactly the target that we are aiming at. Those pilot
projects, in essence, they have the objective of determining, setting those
ratios that will be applied across the province. As Mrs. Bédard said very
clearly, we have together determined a number of case figures, figures that
will encompass not all the situations, but every reasonably possible situation that we see frequently in the network. Being so, at the end of the
process, we will have a set of rules, if you wish, that will have determined
the actual proper ratio that we can apply in any given situation. Once that is done, it becomes a rule from Government that those
ratios are to be applied in every specific situation that do occur across the network.
Mme Fletcher (Raquel) : So how long is that process, then?
M. Barrette : We're talking about months per project, not years. We're talking
about months. Some ratios… some projects will take less time, some might take
more time. We're not talking any projects that will last years, that doesn't
exist. So this is something that will be conducted this year and most probably
concluded this year. All right? Thank you. Oh! sorry.
Mme Johnson (Maya) : M. Barrette, yes, just a couple more questions.
Can you give us a rundown, as you did in French, of the current ratios
according to time of day and by how much it will be diminished?
M. Barrette :
Yes. OK. So, to give you an example of what already exists in long-term care
facility, in CHSLD, today on day time we have a ratio of 25 to 32 patients per
nurse, and we will start at 20 to 27 patients per nurse. On night shifts, not
night shifts but… yes, on night shifts, it's between 50 and 64 today, and we
will lower that down to 25 to 32 per nurse, and overnight, today, it's between
75 and 96 patients per nurse, and we will start, with those projects, between
37 and 44 per nurse.
So that's a very
significant reduction of workload for the nurses, and that will be applied in
all projects that we are rolling out. And at the end of the day, if that's the
end result that we conclude about, it will be implemented across the province,
in all CHSLD.
Mme Johnson (Maya) : And what kind of signal do you think this joint news conference
with Mrs. Bédard sends today?
M. Barrette :
Well, you know what, this is a discussion that we've had myself and Mrs.
Bédard's team. And to tell you the truth, the first numbers that we suggested,
the signal was not strong enough, and that's exactly what Mrs. Bédard told me :
the signal is not strong enough. We have to send at start a strong signal to the
nurses and assistant nurses in the province that we are really entering a
process by which there will be improvement.
So, to make sure that the
signal was strong enough, you see the numbers that we are proposing, it is a
very significant reduction in terms of ratio, and I think that this is exactly
what the personnel want to hear today.
Mme Johnson (Maya) : Thank you.
M. Barrette :
All right? You're welcome. Voilà.
(Fin à 14 h 53)