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Point de presse de M. Gaétan Barrette, ministre de la Santé et des Services sociaux

Version finale

Thursday, March 29, 2018, 14 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures trois minutes)

M. Barrette : Alors, bonjour, tout le monde. Bienvenue à cette conférence de presse qui marque certainement un point tournant dans l'évolution de notre réseau de la santé et des services sociaux, certainement, principalement pour le personnel. Alors, j'ai, avec moi, comme vous le voyez... je suis accompagné de deux personnes importantes : Mme Nancy Bédard, qui est à ma droite, qui est présidente de la FIQ comme le savez; et de son vice-président, M. Jérôme Rousseau pour cette annonce.

Alors, comme vous le savez, et on va faire un peu d'histoire récente, en 2015, et je pense qu'il y a lieu de le répéter, nous avons été le premier gouvernement à signer une convention collective avec la FIQ et avec l'ensemble du secteur public, convention collective qui prévoyait que, pour la première fois, on s'adresse comme gouvernement à la question des ratios personnel-patients et particulièrement les ratios infirmières-patients. Bref, on s'adresse pour la première fois, de façon formelle, à la charge de travail du personnel.

Et je le répète, il a été dit à plusieurs reprises par le personnel lui-même et leur représentant — je ne pense pas, Mme Bédard, que je vais faire une révélation ici — que le personnel fait face à une charge importante de travail, dans bien des cas, une surcharge de travail. Et c'est vraiment l'intention du gouvernement de faire en sorte qu'on corrige cette situation-là pour, certainement, abolir le temps supplémentaire obligatoire; idéalement, abolir le temps supplémentaire, mais je ne pense pas que ce soit nécessairement possible ni souhaité; mais certainement, dans tous les cas de figure, d'améliorer les conditions de travail de notre personnel qui, à tous les jours, est présent, donne des services de grande qualité. C'est apprécié, il faut le souligner. Mais l'ayant fait, ça ne signifie pas, au contraire, qu'on doive rester avec le statu quo. On est à l'heure du changement, de la réévaluation de la charge de travail et de l'organisation du travail, et c'est ce à quoi nous nous adressons depuis 2015.

Avec raison, on peut rappeler, Mme Bédard a souhaité que nous accélérions les travaux. J'étais bien d'accord, et maintenant, depuis bientôt presque deux mois, nous travaillons ensemble très étroitement pour faire en sorte que ce que j'ai appelé... que nous avons appelé les projets ratios se mettent en branle. Nous sommes donné des échéanciers, et cette semaine était la période prévue qui devait conclure l'établissement, le dessin, la mise en place de ces projets ratios. Vous vous rappellerez qu'il y a quelques semaines, j'avais annoncé qu'au Québec il y aurait 16 projets ratios qui allaient être dessinés conjointement par nos experts respectifs.

Je vous annonce aujourd'hui que nous avons convenu ensemble qu'il y aurait 17 projets ratios et que les projets ratios qui devaient s'adresser aux secteurs de la médecine, et de la chirurgie, et des CHSLD allaient être un peu élargis pour s'assurer d'inclure le travail des inhalothérapeutes, mais aussi le travail des professionnels en matière de soins à domicile, parce qu'à domicile c'est un environnement différent, auquel on va s'adresser, mais en plus, qu'on puisse avoir des projets ratios spécifiques aux urgences, aux soins à domicile et particulièrement, également, en établissements privés conventionnés. Donc, 17 projets ratios qui essentiellement vont nous permettre de faire des analyses dans tous les secteurs d'activité où sont impliqués nos professionnels. Et je le répète, ces projets-là vont inclure les préposés aux bénéficiaires, parce qu'on parle aussi, évidemment, du concept d'équipes de travail adaptées aux besoins des patients.

Les projets ratios, qu'on le comprenne bien, ce n'est pas une position gouvernementale, ce n'est pas une position absolue, syndicale. En fait, c'est un exercice qui vise à faire en sorte qu'à partir d'un point de départ convenu entre les parties, et c'est ce que nous annonçons aujourd'hui, nous puissions, de façon empirique, objective, arriver aux bons ratios personnel-patients.

Alors, au Québec, on a des structures d'emploi et de formation qui peuvent, dans certains cas, différer de ce qui existe ailleurs dans le monde. On va adapter ça.

Alors, on a un point de départ pour lequel je vous donnerai une indication il y a quelques instants, qu'on va analyser le plus objectivement possible au cours de ces projets ratios là. Non seulement voulons-nous que ça soit objectif, mais nous allons même utiliser un outil scientifiquement reconnu dans le monde des soins, qui s'appelle le SNCT, le S signifiant Safe, Nursing Care Tool. Alors, Safe, c'est pour sécuritaire, et sécuritaire, là, je me tourne vers Mme Bédard, je pense que c'est un mot qui est important pour vous.

Mme Bédard (Nancy) : Absolument.

M. Barrette : C'est un mot qui est très important pour nous aussi parce que c'est important pour les patients. Alors, il y a un outil, qui s'appelle le SNCT, qui est un outil d'évaluation objective de l'organisation du travail, avec une finalité d'organisation, de dispensation sécuritaire de soins. Et là-dessus nous, avec la FIQ, on est absolument sur la même page.

Donc, un point de départ qui sera analysé objectivement, à l'aide, évidemment, de nos paramètres qu'on a convenus ensemble, mais aussi à l'aide d'un outil qui nous permet objectivement de faire certaines appréciations.

Pour vous donner une indication du point de départ, parce que le point de départ devait absolument être différent de l'actuel, je vais vous donner l'exemple des ratios qui existent aujourd'hui dans notre réseau, en CHSLD, et vous montrer où on part. Et à la fin, là, il y aura une conclusion, qui pourrait même être à la hausse, à la hausse dans le bon sens.

Alors, je vous donne les exemples suivants. Aujourd'hui, les ratios infirmière-patients dans les CHSLD, de jour, sont de 25 à 32 patients par infirmière; de soir, 50 à 64 patients par infirmière; et de nuit, de 75 à 96 patients par infirmière. Et là on va commencer nos premiers projets avec des ratios de 20 à 27 patients par infirmière de jour; 25 à 32 patients par infirmière de soir; de 37 à 44 patients, moins de la moitié de patients, par infirmière de nuit. On part avec ça et on va analyser, au fil du temps, ce qui est meilleur ou moins bon de la façon la plus objective possible. Mais clairement, avec ces ratios de départ là, vous voyez qu'on a eu ensemble la volonté, à la case départ, d'améliorer les conditions de travail des infirmières.

Le déroulement des projets ratio va se faire de façon séquentielle. On va commencer par trois projets. Nous avons dessiné, au moment où on se parle, 13 projets que l'on fait de façon séquentielle. Les trois premiers seront, à partir du 15 avril, dans une unité de médecine à l'hôpital du Lakeshore dans le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal; le 29 avril, dans une unité de chirurgie du centre hospitalier de Trois-Rivières, à Trois-Rivières, au CHAUR; et en CHSLD, à partir du 13 mai, au CHSLD de Bagotville.

Pourquoi séquentiellement? Parce qu'on a convenu que, pour avoir les meilleurs résultats possibles, on a convenu ça ensemble, il fallait en faire trois pour commencer, avoir un rodage, voir ce qui marche, ce qui ne marche pas, adapter si nécessaire pour passer rapidement aux autres vagues qui vont nous amener à déployer, d'ici cet été, nos 13 premiers projets. Et on estime qu'à l'automne 2018, en septembre, on aura dessiné et mis en place les quatre autres. Vous savez, c'est plus compliqué, là, de faire un projet pour les inhalothérapeutes. C'est un petit peu plus spécifique, par exemple, il y a des ajustements à faire.

Bref, on souhaite que ces projets-là se terminent dans l'année 2018, mais, d'ici l'été, la quasi-totalité des projets seront mis en place. Et je le répète, les faire de façon séquentielle, c'est un choix que nous faisons pour s'assurer que nous faisons la bonne chose et qu'on n'induise pas, nous, en allant trop vite, par exemple, des travers qui pourraient être au désavantage du personnel ou des patients, je pense que c'est la bonne façon de faire.

À la fin, évidemment, il y aura une conclusion qui sera tirée, et ce sera certainement une volonté de notre gouvernement de déployer, à la grandeur du réseau, les conclusions qui seront tirées de ces projets-là. Je vais maintenant laisser la parole à Mme Bédard qui vous donnera son appréciation de la situation.

Mme Bédard (Nancy) : M. le ministre, je vous avais promis que, si nous avions une entente sur les ratios sécuritaires, j'étais prête à l'annoncer avec vous. Il fallait une entente importante pour les professionnels en soins et pour la population du Québec pour que nous nous retrouvions ensemble. Bien, nous y voilà.

Avec cette entente, nous faisons un pas de plus, un pas de plus vers la sécurité, la qualité des soins et des services dans notre réseau de santé public. C'est un jour important pour la FIIQ et pour nos professionnels en soins parce que c'est un pas concret enfin pour nous. C'est parce que nous réglons... C'est parce qu'on ne réglera pas tous les problèmes, ça, c'est clair, et il faut se le dire ici aujourd'hui, mais c'est parce que nous mettons de l'avant une solution, la solution que nous avions obtenue avec le gouvernement lors de la dernière négociation.

Les ratios, vous le savez, nous y travaillons depuis un bon moment. La FIIQ en a fait sa priorité, en a fait sa priorité pour les patients, pour ces patients et pour les professionnels en soins. Nous sommes allés voir ce qui se faisait ailleurs dans le monde. Je crois que vous nous avez entendus parler de nos ratios et ce qui se faisait ailleurs, dans le monde, à plusieurs reprises. Nous avons même tenu un grand symposium sur le sujet, il y a quelques années. On s'est rapidement rendu compte que ce que nous voulions, c'étaient des soins de qualité pour le futur et ceci allait passer par des ratios. Ce projet, c'est un projet d'avenir pour le réseau de santé du Québec. L'annonce, aujourd'hui, pour nous, c'est l'aboutissement de plusieurs mois de travail, c'est le début, enfin, de l'implantation.

Nous aurons 17 projets ratios dans toutes les régions du Québec, de la Gaspésie et de la Côte-Nord jusqu'à l'Outaouais. On va les implanter, on va implanter des projets ratios. Et cette entente, pour les professionnels en soins, c'est enfin l'espoir de régler la surcharge de travail. C'est la solution la plus prometteuse réclamée par les professionnels en soins partout au Québec et qui a fait ses preuves partout ailleurs. Certains pays ont mis des années à implanter des ratios. Nous, nous avançons rapidement. Ils seront implantés dès ce printemps.

Bien sûr, nous allons suivre pas à pas ces projets et nous allons évaluer l'impact positif des ratios sur le personnel, sur les soins et sur les patients. Notre volonté, vous le savez, c'est de l'étendre partout dans le réseau. Notre objectif, M. le ministre le sait, c'est de l'inscrire dans une loi. M. le ministre, je le redis, c'est un grand jour pour les infirmières, les infirmières auxiliaires, les inhalothérapeutes du Québec, et j'ai envie de dire à toutes les finissantes et à toutes celles qui vont entrer dans le réseau de santé, le vent va changer, le cours de choses est en train de changer. J'avais invité le ministre à le faire il y a plusieurs mois, et c'est aujourd'hui que je crois que le vent peut changer dans notre réseau. Merci beaucoup.

M. Barrette : Merci. Alors, voilà, on va maintenant passer à la période de questions.

Mme Richer (Jocelyne) : Oui. Bonjour, M. le ministre. J'aimerais savoir, supposons que l'expérience est concluante, vous avez l'impression que ça prendrait combien de temps? En quelle année vous pourrez déployer tous les nouveaux ratios dans tout le réseau?

M. Barrette : Alors, la réponse, elle est relativement simple, mais aussi complexe, vous allez me pardonner la bizarreté de la phrase : le plus vite possible. Mais le plus vite possible, ça inclut aussi, essentiellement... puis je vais être un peu plus clair, là. Je m'attends à ce que, lorsque nous aurons conclu ces projets-là, je m'attends à ce qu'il y ait lieu à avoir une embauche qui soit significative en volume. Conséquemment...

Mme Richer (Jocelyne) : C'est-à-dire?

M. Barrette : Justement, laissez... je vais terminer. Conséquemment, je m'attends à ce qu'il se passe deux choses : un, qu'on déploie les ratios; deux, que les gens qui sont actuellement disponibles dans le réseau prennent les postes qui seront offerts; mais que trois, il y ait une nécessité de former plus de personnel. D'ailleurs, avec Mme Bédard — Mme Bédard, je pense que vous pourriez corroborer là-dessus — on a bien compris que cette affaire-là allait probablement mener à une collaboration avec le ministère de l'Éducation, probablement pour former plus de personnel, pour en venir à un plan d'embauche, donc de formation et d'embauche, que l'on va souhaiter être le plus rapide possible.

Comme Mme Bédard l'a dit il y a quelques instants, et là-dessus, on est sur la même page, tout ne se règle pas en un seul projet, là. Alors, il y aura, à mon avis, deux enjeux à la fin... bien, en fait trois. Le déploiement, ça, je vous le dis, ça va se faire. Ensuite, l'embauche, il faut construire les postes et les offrir correctement. Ça, c'est un enjeu en soi, puis on y travaille actuellement. Et c'est très probable qu'on ait à même à augmenter la formation pour amener la quantité supplémentaire de personnel qui sera nécessaire pour staffer, passez-moi l'expression en anglais, les nouveaux ratios qui vont être mis en place. Alors déjà, au moment où on se parle, j'ai déjà pris contact avec ma collègue à l'Éducation pour prévoir cet élément-là.

Mme Richer (Jocelyne) : Vous n'avez pas de chiffres approximatifs en termes de milliers?

M. Barrette : C'est très difficile aujourd'hui de vous donner un chiffre, même approximatif. On a des fourchettes dans lesquelles on ne peut pas entrer aujourd'hui. Mais il y a une chose qui est certaine, quand on regarde notre point de départ par rapport à l'actuel, c'est difficile d'imaginer que ça n'amène pas à de l'embauche. Je ne le vois pas.

Alors, maintenant, nous, on fait des estimés qui sont dans une vaste fourchette, mais on parle de centaines de personnes, peut-être même de milliers de personnes.

Mme Richer (Jocelyne) : Vous savez à quel point c'est toujours difficile d'effectuer des changements dans le réseau. Est-ce que vous craignez une résistance?

M. Barrette : Dans le réseau?

Mme Richer (Jocelyne) : Oui, oui, par rapport à ces changements-là.

M. Barrette : De la part de qui?

Mme Richer (Jocelyne) : ...parce qu'il y a un changement dans les pratiques. Est-ce que vous ne craignez pas ça?

M. Barrette : Les projets ratios que l'on fait ne sont pas des projets pour changer la pratique professionnelle du personnel, qui sont déjà très compétents, mais bien de les mettre dans des conditions d'organisation de travail qui fassent en sorte qu'il y ait une adéquation appropriée entre la charge, et la qualité, et la quantité de services que le personnel peut donner.

Quand on parle de ratios, on parle vraiment de volumes adaptés à la capacité professionnelle d'une infirmière qui aujourd'hui, à bien des égards, ne peut pas exprimer son plein potentiel et, parfois, est contaminée par des charges administratives et ainsi de suite. Le projet ratio, par exemple, là, vise aussi à s'assurer que l'infirmière puisse exprimer son plein potentiel professionnel. Alors, ça a certaines ramifications qui vont au-delà et qui ont donc des conséquences, elles aussi, d'embauche. Alors, c'est quelque chose de très positif.   

Alors, à votre première question, quand est-ce qu'on veut ça, bien, le plus vite possible, à la hauteur, évidemment, de la capacité de formation, si ça doit passer par de la formation additionnelle. Mais le message que j'envoie aujourd'hui à tout le monde, c'est que, là, on est engagés sur une voie de laquelle on ne sortira pas. On va améliorer les conditions. On comprend que cette amélioration-là passe par une organisation et des ratios qui sont différents. On va arriver à destination. C'est un jour un d'un changement qui va s'exercer pleinement.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. Barrette. Justement, sur la question des réticences, quand on parlait, par exemple, de mettre fin au temps supplémentaire obligatoire, il y avait une réticence de la part des directions d'établissement. Est-ce qu'on ne peut pas craindre qu'il y aurait une réticence à nouveau pour le projet pilote de la part des directeurs?

M. Barrette : Moi, je vous... Ah non! Non, non. Ça, d'abord, ça serait très malvenu de la part des directions de résister à ça, là. Ça serait, pour moi, complètement inacceptable. Alors, on m'affuble et me critique souvent d'avoir trop de pouvoirs, bien là, il va être utilisé à bon escient. Alors, il n'y a personne qui pourra résister à la mise en place de ces projets ratios là, certainement pas à l'établissement des nouveaux ratios.

Maintenant, je ne peux pas mettre un ratio en place, s'il n'y a pas du personnel pour prendre les postes. On se comprend, ce n'est pas un jugement de valeur, c'est quelque chose de pratique. Mais, pour ce qui est de l'exécution, le déroulement, la mise en place des projets ratios, je peux vous dire que ce serait très malvenu de résister à ça, premièrement, mais, en même temps, je vous dirais que j'imagine mal aujourd'hui une administration qui ne serait pas contente de l'annonce d'aujourd'hui. Je pense que les administrateurs du réseau veulent, comme tout le monde, améliorer les choses. Ils sont bien conscients de la problématique. Je vois mal comment des administrations pourraient recevoir ça négativement et résister à ces projets-là.

M. Bellerose (Patrick) : Pour faire baisser les ratios de patients par infirmière, concrètement, est-ce que ça signifie qu'on ajoute juste plus d'infirmières par patients ou si c'est l'équipe-soins qui va aider à faire baisser les ratios?

M. Barrette : Alors, au Québec, on parle d'équipe-soins. On ne peut pas faire abstraction de l'importance du préposé, par exemple. Mais, vous savez, dans le monde infirmier, il y a plusieurs catégories d'infirmières. On ne peut pas faire abstraction non plus des infirmières auxiliaires. Et, chez les infirmières, il y a plusieurs niveaux, en termes de qualification d'infirmière, et c'est l'ensemble de tout ça qu'on va regarder. Quand on parle d'équipe de soins, bon, c'est sûr, c'est des projets ratios infirmiers, mais auxquels se greffent aussi les autres personnels qui sont impliqués dans l'équipe de soins.

Alors, évidemment, quand nous, on regarde les projets ratios, on les met en fonction, ce n'est pas : Voici, il va y avoir une personne par tant de patients. Ça va être une combinaison, mais il faut aussi prévoir les cas de figure où il n'y aura pas les autres professionnels. Une infirmière seule, on ne peut pas lui donner le même ratio que si c'est une infirmière avec une auxiliaire et une préposée.

Alors, il y a des cas de figure qu'on doit prendre en considération, qui sont dessinés comme tels dans les projets. Vous savez, dans les trois dernières semaines, nos experts, les experts de la FIQ, ils ont passé des heures là-dessus, puis simplement pour vous l'indiquer, je pense que, dans la dernière semaine, il y a au moins trois, sinon quatre journées qu'ils ont fini dans la nuit, à discuter précisément de ces cas de figure là, qui sont multiples, et qu'il faut prévoir dans l'entente qu'on a convenue, et qui sont effectivement prévus.

Alors, ces projets de ratio là sont intéressants et importants parce que, justement, pour la première fois, on s'adresse à l'entièreté du problème, l'entièreté étant le ratio équipe-patients, mais aussi la construction de l'équipe en question. Ça, c'est la bonne nouvelle.

M. Bellerose (Patrick) : Merci.

M. Barrette : Il n'y a pas de quoi.

Mme Porter (Isabelle) : Oui, bonjour. Je me demandais comment on avait sélectionné les cinq endroits où allaient se faire les projets. Est-ce que ce sont des endroits où ça va bien en ce moment, où il y a des problèmes particuliers?

M. Barrette : Pas du tout. Alors, les endroits ont été sélectionnés de façon conjointe, puis je vous dirais, et là je ne veux pas mettre personne dans l'embarras, je vous dirais principalement par Mme Bédard et son équipe, parce qu'il était impératif pour moi que les endroits choisis soient satisfaisants pour la FIQ et le personnel au complet. C'était impératif pour moi. La dernière chose que je voulais entendre, c'est : On a choisi des endroits faciles, comme ça on détermine des ratios qui sont inapplicables ou qui n'auront aucun effet ailleurs. Ça, c'est la dernière chose que je voulais entendre.

Alors, j'ai essentiellement laissé… On a fait des suggestions, mais on a laissé toute la latitude à Mme Bédard et à son équipe pour faire des aménagements. Il y en a eus. Écoutez, les projets, là, ce n'est pas juste une institution ou une installation. Quand je vous dis, là, Lakeshore, par exemple, on va jusqu'à dire : Voici l'étage où ça va se passer. Alors, dans chaque endroit, là, je ne les énumère pas, là, parce que tout n'a pas été annoncé, là, mais, dans chaque endroit où on va annoncer ça, on a déjà déterminé ça va se faire à tel étage, le deuxième nord. O.K., il n'y en a pas de deuxième nord, là, ne cherchez pas ça, il n'y en a pas dans le projet. Alors, le deuxième nord, c'est là qu'on va le faire, mais c'est là qu'on va le faire parce que la situation s'y prête bien selon l'appréciation qui a été donnée par Mme Bédard et son équipe.

Mme Porter (Isabelle) : Est-ce que je peux peut-être vous dire…

Mme Bédard (Nancy) : Ce qui est important pour nous dans l'ensemble de ces projets, c'est qu'on puisse regarder les mêmes missions, mais parfois avec des profils différents pour faire en sorte que, quand on va les avoir faits, l'ensemble, ils vont correspondre à la majorité des médecines, des cas de figure, comme dit le ministre. Parce qu'il y a une médecine dans un établissement, il n'y a pas nécessairement la même hauteur de soins que dans un autre établissement.

Donc, le choix aussi s'est porté sur cet éventail-là pour s'assurer qu'à la fin on allait pouvoir déployer l'ensemble des projets dans l'ensemble des missions.

Mme Porter (Isabelle) : Puis, en deuxième question, qu'est-ce qui nous assure qu'en fin de course, quand va venir le temps d'évaluer les projets pilotes, vous ne soyez pas en désaccord, en fait? On ne risque pas de se retrouver dans une situation où le gouvernement et la FIQ tirent des conclusions différentes de ce qui s'est produit dans le cadre des projets pilotes?

Mme Bédard (Nancy) : Dans l'entente et la démarche qu'on a eues très tard hier soir, on s'est quand même assurés que, pour la population puis les professionnels en soin, en bout de piste, il y aurait un déploiement de ratio qui serait pour faire en sorte qu'il y ait des soins de qualité et sécuritaires et qu'il pourrait vraiment y avoir des équipes de soins qui correspondent aux besoins de la clientèle maintenant. Donc, c'est très peu probable qu'on n'ait pas d'entente.

Cependant, quand on vous parlait de la fourchette, ce que ça va nous permettre de tester, ces projets-là, c'est quelle est la meilleure fourchette dans l'endroit donné, la fourchette de ratios. Alors, c'est plus pour rétablir au final le meilleur… c'est ça, la meilleure fourchette pour chaque endroit, parce qu'il y a comme... si on dit que, dans une chirurgie, on pourrait avoir une fourchette de cinq à sept, bien, dépendamment des chirurgies, peut-être qu'il y a des endroits, ça va être un pour cinq, peut-être des endroits, ça va être un pour sept.

Donc, l'outil dont vous parlait le ministre pour vraiment regarder l'acuité des patients va nous permettre d'établir au final le vrai ratio pour ne plus jamais qu'il puisse être baissé. Donc, elle est là, l'analyse du projet. Alors, il n'y a personne qui va y perdre au final. C'est juste se laisser cet espace-là pour qu'on puisse convenir du meilleur ratio dans la mission donnée à la fin. Mais la fourchette est établie, donc on ne pourra plus jamais aller en bas ni en haut. Alors, ça donne la sécurité actuelle au final.

Mme Porter (Isabelle) : O.K. Quoi qu'il arrive, là, par exemple, si je reprends les exemples de tout à l'heure, là, si on prend un ratio en CHSLD, là, de jour, ce serait nécessairement un ratio entre 20 et 27. O.K. 

M. Barrette : Oui, oui. À la fin de l'exercice, il y a des ratios qui sont déterminés. Ce sont des ratios qui deviennent... ils vont devenir des directives ministérielles, donc ils vont être mis en application. Maintenant, pour ce qui est de la... quoi, c'est correct, ça?

Mme Bédard (Nancy) : Oui, très bien. Très bien.

M. Barrette : Vous voyez, j'ai... Alors, mais pour revenir aussi au corps de votre question, c'est la raison pour laquelle on ne s'obstinera pas vraiment à la fin... parce qu'on peut avoir des opinions divergentes sur certaines situations. C'est juste normal, c'est la vie. Dans le système de santé, on travaille avec des êtres humains, on est des êtres humains, et, dans la vie, l'être humain n'est pas toujours d'accord.

Par contre, on peut débattre, et moi, vous connaissez ma maxime, je l'ai dite à plusieurs reprises : du débat naît soit la vérité, soit un compromis raisonnable, ce qui est encore plus simple lorsqu'on utilise un outil indépendant, neutre, qui est le SNCT. Ça, c'est une grille d'analyse qui nous permet de valider certaines positions. On a convenu qu'on allait utiliser cet outil-là. Alors, l'outil va potentiellement dire quelque chose avec laquelle moi-même, je ne serai pas d'accord. Mais, à un moment donné, il faut s'entendre sur quelque chose, et on s'est donné un moyen neutre, en plus de nos opinions, de notre débat, pour en arriver à une conclusion qui soit viable pour toutes les parties.    Alors, moi, je suis, comme Mme Bédard, très, très, très optimiste sur cet exercice-là.

M. Bovet (Sébastien) : Mme Bédard, messieurs, bonjour. M. Barrette, depuis quand la baguette magique du SNCT existe-t-elle et pourquoi n'a-t-elle pas été appliquée avant?

M. Barrette : C'est une bonne question, puis je vais vous donner la réponse. Je ne connais pas la... ça fait des années que le SNCT existe en Angleterre, c'est un outil qui est éprouvé. Ce n'est pas la religion, mais c'est un outil qui est éprouvé, d'une part.

D'autre part, pourquoi ça n'a pas été exercé avant, bien, écoutez, je sais qu'à la FIQ ils espéraient qu'un jour j'arrive ministre de la Santé et que je signe une convention syndicale qui soit dans cette direction-là... C'est une plaisanterie, M. Bovet.

M. Bovet (Sébastien) : J'avais compris.

M. Barrette : Je ne peux pas parler du passé, mais je peux vous dire qu'en 2015, hein, 2015, c'est un an et demi après qu'on ait été élu, j'ai signé une convention collective avec plaisir, qui incluait, pour la première fois de l'histoire du Québec, l'intention claire du gouvernement de revoir cette situation-là au bénéfice de tout le monde, le personnel et les patients. Quand j'ai signé cette convention collective, Mme Bédard était vice-présidente de la FIQ à l'époque. Je n'ai pas signé aveuglément un document, j'ai signé un document auquel je croyais. Et aujourd'hui, on l'applique.

Alors, quand vous me demandez quand, dans mon mandat à moi et dans ma vie publique, c'est à ce moment-là. La durée de vie du SNCT, c'est des années.

M. Bovet (Sébastien) : Alors… Allez-y, Mme Bédard.

Mme Bédard (Nancy) : Bien, c'est parce que précisément sur votre question sur l'outil, là, l'outil vient du UK effectivement, et il fallait la tester au Québec, et il fallait acheter les droits, et il a été testé à l'hôpital Jewish à l'automne pour le donner, là, aux gens qui l'ont testé. Et les droits et les accès pour pouvoir dédouaner, qu'on appelle, l'outil au Québec, je crois qu'elle vient d'arriver.

Alors, honnêtement, on ne pouvait pas utiliser cet outil-là, et un outil scientifique qui mesure les soins infirmiers, il n'en existait pas au Québec encore.

M. Bovet (Sébastien) : Je présume qu'en 2015 vous étiez tout sourire, comme vous l'êtes aujourd'hui, lorsque vous avez signé la convention collective, convention collective qui prévoyait justement de s'attaquer au ratio patients-infirmière. On se réveille deux ans et demi plus tard avec des sit-in d'infirmières, rien n'a été fait. Qu'est-ce qui nous garantit aujourd'hui que vos sourires seront gages de résultats?

M. Barrette : Bien, alors, ça, je vais répondre très clairement à cette question-là. Quand on signe une convention collective en décembre 2015, elle n'est pas en application avant l'été 2016. Ce sont les règles qui existent dans notre régime. Et il est faux de dire qu'il n'y a pas eu de travail de fait.

Je vous rappelle que la convention prévoyait qu'on fasse ce que nous avons conclu de faire d'ici 2020. Alors, on est exactement dans les délais. Dans les faits, on est… parce que cette conversation-là, on l'a depuis un certain temps. Il y a des travaux qui ont été faits, et on est exactement dans les délais. Peut-être que l'intensité de l'exercice d'aujourd'hui est plus tôt que celle qui aurait été s'il n'y avait pas eu l'intervention qui a été faite ce printemps, que je reconnais. Moi, je n'ai pas de problème avec ça, on avait signé ça. On s'était engagé à faire ce que l'on fait aujourd'hui. Mme Bédard, pour des raisons qui lui appartiennent, que je ne critique pas, souhaitait que ça s'accélère. Je suis tout à fait d'accord à l'accélérer, ce dont on parle aujourd'hui. Et ce qu'on annonce aujourd'hui, c'est exactement ce qu'on avait signé dans la convention collective.

Alors, quand on regarde la séquence temporelle du déroulement de tout ça, signature en 2015, application à l'été 2016, début des discussions plus formelles et travaux en 2017. Arrivons 2018. Regardez, c'est quelque chose qui devait se faire d'ici 2020. On est en avance, et c'est très bien comme ça.

M. Bovet (Sébastien) : Vous êtes de cet avis, Mme Bédard?

Mme Bédard (Nancy) : Je dirais que j'aurais souhaité que ça aille plus vite avant, mais, bon... Alors, j'ai eu la chance de rencontrer le ministre rapidement après les fêtes et les choses se sont accélérées. Donc, aujourd'hui, on arrive avec un sourire parce qu'on a réussi, mais on aurait pu le faire un peu avant, mais ça ne s'y est pas prêté.

M. Dion (Mathieu) : Bonjour. Mathieu Dion, Radio-Canada. Il n'y avait pas de ligne dans le budget pour des projets pilotes, c'était bien évident. Avez-vous une idée de combien ça va coûter, la mise en place de ces projets pilotes, maintenant, aujourd'hui?

M. Barrette : Alors, ça, la mise en place des projets pilotes, ce n'est pas un problème en soi. Le budget est là. C'est de l'ordre de millions de dollars, quelques millions de dollars. Ça, ce n'est pas...

M. Dion (Mathieu) : En bas de 10, mettons?

M. Barrette : Bien là, c'est parce que ça dépend des régions. C'est difficile à chiffrer parce que ça dépend des régions, de l'ampleur et ainsi de suite.

Alors, il n'y a pas de ligne dans le budget parce que la ligne que vous recherchez, c'est une ligne qui va découler des conclusions des projets pilotes. Et je vais vous dire une chose, par exemple, puis je vais le répéter, je l'ai dite précédemment cette semaine, le 5,3 % qu'il y a dans le budget actuellement, qui va dans le réseau, c'est ça, la réalité, là. C'est 4,6 % pour l'ensemble de mon ministère, mais, pour le réseau, c'est 5,3 %. Je peux vous dire aujourd'hui, comme je pense l'avoir déjà fait, je vais le répéter, je l'ai dit en Chambre, j'ai fait les représentations spécifiques auprès de mon collègue M. Leitão, des représentations spécifiques pour s'assurer que ce qui est raisonnablement prévisible, en termes de coût éventuel qui va découler des projets pilotes, soit pourvu au budget, et c'est le cas.

Alors, la question suivante que vous allez me poser, c'est combien que je pense que ça va coûter.

M. Dion (Mathieu) : Exactement. C'est ça.

M. Barrette : Bon. Alors, ça, ça va découler des projets ratios, mais j'estime aujourd'hui que le coût sera au moins dans la centaine de millions de dollars et probablement dans des centaines de millions de dollars. Je ne peux pas aller plus précisément parce que, plus précisément, ça dépend des conclusions du projet. Mais il y a une chose qui est certaine, c'est qu'actuellement le montant que ça coûtera est prévu au budget.

M. Dion (Mathieu) : Donc, dans des centaines de millions pour les 17 projets pilotes.

M. Barrette : Non, pas pour les projets eux-mêmes.

M. Dion (Mathieu) : Oui, c'est ça, pour l'ensemble.

M. Barrette : Lorsqu'on tirera les conclusions et qu'on appliquera ces projets-là à l'ensemble du réseau, bien là, ça va être une autre affaire, là. Les projets ratios, ce n'est pas quelque chose de très dispendieux à faire. Il y a une complexité là-dedans, là, j'en ai parlé, mais ce n'est pas là qui est le coût. Le coût est dans le déploiement. Et, je le répète, j'ai fait des représentations formelles pour que... puis je vais être plus précis, sans l'être trop. Le montant initial qu'on me proposait était insuffisant. J'ai demandé à ce que mon montant soit augmenté pour prévoir le déploiement à grande échelle des conclusions du projet ratio.

M. Dion (Mathieu) : O.K. Mais, pour les projets pilotes, c'est quelques millions de dollars.

M. Barrette : Oui, oui. Ça, ce n'est pas...

M. Dion (Mathieu) : J'ai une autre petite question peut-être pour Mme Bédard. Où voyez-vous la prochaine embûche? Je ne veux pas paraître négatif, mais où voyez-vous la prochaine embûche? Parce qu'il y en a souvent. Et où serait-elle?

Mme Bédard (Nancy) : Dans le moment où on est. Dans le moment où on est, parce qu'on va rentrer dans les établissements dans les prochaines semaines puis on rentre quand même dans une période d'été. Alors, la période de préimplantation, donc savoir comment on va faire les choses, c'est... ça, ça m'apparaît que ça va bien aller. Cependant, pour l'implantation, il y aura peut-être... on devra peut-être différer à quelques endroits parce qu'on va peut-être arriver en juillet ou en août, quand on va avoir les effectifs qui vont être en vacances.

Donc, dans les projets qu'on vous annonce aujourd'hui, c'est plus dans la phase d'implantation, à cause du moment, qui est l'été, où peut-être on va devoir différer, là, la finalité du début de l'implantation à la fin de l'été puis au début. Alors, rapidement, à court terme, c'est ce que je vois un peu comme embûche, mais c'est juste différer les semaines, là, pour arriver à avoir la pleine implantation de nos projets en septembre.

M. Barrette : Et si vous me permettez, Mme Bédard, de compléter, je pense que vous voyez dans nos réponses respectives, à moi et Mme Bédard, qu'on veut que les choses soient bien faites. On veut qu'à la fin des conclusions, on soit d'accord dessus, là, qu'on arrive à la fin puis qu'il n'y ait personne qui puisse dire : Ah! bien, parce que vous l'avez fait pendant l'été, la conclusion n'est pas bonne et ainsi de suite, là. On est exactement sur la même page. On veut que ça marche. On a pris les trois dernières semaines et un peu plus, parce qu'on devait faire cette annonce-là lundi, on la fait aujourd'hui. Alors, on veut que ça, ça soit bien dessiné de part et d'autre, avec un accord commun, et que ça se mette en application correctement pour que la conclusion soit viable.

Alors là, quand je dis qu'on est au premier jour d'une nouvelle ère, là, vous voyez par nos réponses qu'on est vraiment sur la même page et dans le même fuseau horaire.

M. Cormier (François) : Bonjour, François Cormier, TVA.

M. Barrette : Bonjour.

M. Cormier (François) : Vous nous avez donné une bonne idée de la fourchette qui diminue beaucoup. Pouvez-vous nous donner un exemple du nombre d'infirmières de plus qui sera requis, par exemple, au foyer de Bagotville, ou encore dans un établissement, ou... Est-ce qu'on a une idée?

M. Barrette : Alors, oui, on a des idées, mais je ne donne pas ce détail-là puis je ne pense pas que ce soit le moment de donner ce détail-là, pour une raison bien simple : on a un point de départ qu'on a convenu, analysons-le, et après, on fera des projections correctement.

Une des choses qui, à mon avis, là, ça, c'est mon avis personnel, je ne veux pas mettre des mots dans la bouche de Mme Bédard et de M. Rousseau, je pense qu'on n'a pas... ça ne serait pas une bonne chose de créer des attentes qui seraient contredites par l'expérience. Là, je pense que le réseau a besoin de savoir qu'ensemble, là, on travaille vraiment avec le même objectif, qu'on a la même vision des choses, qu'on veut bien les faire et qu'à la fin il y a une amélioration.

Alors, de partir aujourd'hui puis de dire : Sur tel étage dans lequel on va le faire, ça va donner tel résultat, puis on va le transposer à la grandeur, je pense que ce n'est pas la bonne chose à faire. La bonne chose à faire, à mon avis, c'est d'arriver devant vous aujourd'hui : Regardez, on l'a bien dessiné, là, on s'entend sur le dessin du projet ratio, on sait que ça va donner une amélioration, on a les éléments objectifs pour le mettre en application, et le gouvernement, par ma voix, est clairement dans la direction de mettre ça en application.

Aujourd'hui, là, il y a de la lumière visible au bout du tunnel des professionnels de la santé dans le réseau. C'est une bonne nouvelle, laissons-nous le temps de bien établir ces chiffres-là.

M. Cormier (François) : Concernant le SNCT, il a souvent été question des exemples de la Californie, du Queensland en Australie, de l'Irlande aussi. Est-ce que c'est ce même outil là qui a été utilisé? Je croyais qu'ils avaient utilisé plutôt les données de l'Université de la Pennsylvanie.

Mme Bédard (Nancy) : Non, ce n'est pas cet outil-là. D'abord, il faut penser que la Californie, ils ont décidé de le mettre dans une loi puis ils n'ont pas vraiment utilisé d'outils scientifiques. Ils se sont basés sur des données probantes en Californie, et, à un moment donné, le gouvernement a décidé : Voilà ce qu'on implante et ce sera immuable au réseau, ils doivent le faire. Donc, chacun de ces endroits-là se sont servis différemment, là, comme l'Australie et la Californie. C'est surtout des données probantes qu'ils ont prises.

M. Cormier (François) : Merci beaucoup.

M. Barrette : Et peut-être en complément, là, juste pour vous mettre les choses en perspective, parce que c'est important, vous savez, le Québec, et je pense que tout le monde est d'accord là-dessus, dans bien des secteurs, ça a l'air de rien, mais on est en avance. Mais il y a une chose qui est certaine, c'est qu'on n'a pas nécessairement la même construction des types professionnels qui travaillent sur le terrain.

Comme, par exemple, si vous comparez la compétence d'un préposé ici à la compétence d'un préposé, par exemple, en Angleterre ou en Australie, ce n'est pas la même chose. Ce n'est pas un jugement de valeur, c'est juste que, quand on importe ou on tente d'importer des ratios de l'extérieur, si on fait abstraction du substrat, là, qui sont les différents types de personnel et leur formation, bien, ça peut boiter à la fin.

Alors, ça, c'est ça qui est le projet ratio, là. Alors, nous, à la case départ, on dit : Oui, c'est le temps d'améliorer les choses, oui, il y a des références à l'externe qu'on doit, par contre, appliquer dans un environnement spécifique qui est celui du Québec, et c'est ça qu'on va faire.

M. Chouinard (Tommy) : Oui, bonjour. Tommy Chouinard, La Presse. M. Barrette, il y a à peu près 28 000 personnes en CHSLD, il me semble… 29 000?

M. Barrette : Non, il y a 40 000 personnes au Québec en CHSLD.

M. Chouinard (Tommy) : O.K., donc vous incluez les plus…

M. Barrette : Vous parlez du personnel ou vous parlez des résidents?

M. Chouinard (Tommy) : Des résidents.

M. Barrette : Pardon?

M. Chouinard (Tommy) : Les résidents.

M. Barrette : 40 000.

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce que vous comptez les privés conventionnés, c'est ça?

M. Barrette : J'inclus les privés conventionnés.

M. Chouinard (Tommy) : O.K. Bien, si je fais une règle de trois, là, dans le fond, s'il y en a 40 000, patients, qu'on met en milieu de la fourchette actuelle à 28, puis que je dis que le nouveau ratio, si on met le milieu de la fourchette, on est rendus à 23, bien là, je sais à peu près qu'il en manque au moins, mettons, 300, là, infirmières, là?

M. Barrette : Alors, vous ne pouvez pas nécessairement faire cette règle de trois là, mais, si vous la faites, vous pouvez voir, à sa face même qu'à la fin ça risque de se terminer en embauche, n'est-ce pas, et que l'embauche peut avoir comme conséquence de conclure qu'il y a du monde de disponible sur le terrain, puis il va en falloir plus, donc en former.

Alors, c'est pour ça que je disais dans mon allocution que ce vers quoi on se dirige, c'est de l'organisation du travail, oui, des nouveaux ratios, certainement une construction d'offre de postes qui va être différente et très probablement, très probablement plus de formation, donc un plan d'embauche et de formation. Alors, quand je dis, là, qu'on entre dans une nouvelle ère, bien, c'est parce qu'une ère, ce n'est pas une fin de semaine, là. Une nouvelle ère, ça veut dire qu'on prend une nouvelle direction, qui a des enjeux, mais dans lesquels, à toutes fins utiles, on s'engage, là.

M. Chouinard (Tommy) : Bon, vous avez donné une idée du ratio, le nouveau ratio, la fourchette qui va être testée, là, dans le cadre des projets pilotes, mais pour les CHSLD, qu'en est-il? Pouvez-vous décrire ce qui en est côté médecine et chirurgie, l'avant et après?

M. Barrette : Oui. Regardez, peut-être qu'il n'y a pas lieu aujourd'hui d'entrer, là, dans tous les schémas de ratios, mais il y a une baisse significative aussi… bien, une hausse, là, ça dépend dans quel angle vous le prenez, mais il y a un changement significatif dans les ratios en médecine et en chirurgie aussi.

M. Chouinard (Tommy) : Mais là on disait 1-5, 1-7…

M. Barrette : Oui, mais ce n'est pas le même… Ce n'est pas les mêmes niveaux évidemment parce que ce n'est pas le même niveau de soins. Mais, là aussi, il y a des ratios sur lesquels on a convenu de part et d'autre. On est d'accord sur le point de départ. Le processus est similaire.

M. Chouinard (Tommy) : O.K. Est-ce que les 150 millions qu'on évoquait pour ce qui est de ce que vous avez demandé pour 2018‑2019, pour l'embauche d'infirmières, c'est exact, ça?

M. Barrette : Ce n'est pas une question d'être exact. Comme je l'ai dit il y a quelques instants, c'est clair pour moi que je m'attends à ce que ce projet-là nous amène très probablement dans une fourchette de centaine ou de centaines, au pluriel, millions de dollars de dépenses supplémentaires qui, pour moi, sont des investissements dans la qualité des soins.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Bonjour, M. le ministre. Jean-Frédéric Moreau du Soleil. Je me demandais… En fait, sur la question du temps supplémentaire et, plus largement, du temps supplémentaire obligatoire, vous avez dit qu'à terme, l'objectif, c'était de l'abolir. Croyez-vous vraiment que c'est raisonnable?

M. Barrette : Avec les nouveaux ratios? Certainement. Ça, je n'ai pas de doute. Le jour où on sera rendu à la saine destination, je pense qu'il n'y en aura plus de temps supplémentaire obligatoire. Puis je pense même qu'avant même ça, il n'y en aura plus de temps supplémentaire obligatoire. Parce que là il y a un grand exercice qui est en train de se faire, de révision de l'organisation du travail et de l'offre de postes, qui est le premier geste à poser pour faire en sorte que le personnel revienne, on va dire, dans le réseau avec le même enthousiasme qui, aujourd'hui, est un peu disparu à cause des conditions que l'on connaît.

Donc, je pense qu'on va arriver plus tôt à la disparition, à la quasi-disparition... parce que, vous savez, le temps supplémentaire obligatoire, moi, je souhaite qu'il n'y en ait plus, mais je ne peux pas faire abstraction du fait qu'il est toujours possible que, dans une situation que l'on veut toujours d'exception, pas régulière, d'exception, que ce soit nécessaire. Mais je souhaite que ces situations-là d'exception n'existent plus.

Maintenant, est-ce que je peux tout prévoir? Non. Alors, le temps supplémentaire obligatoire devrait être utilisé seulement extrêmement exceptionnellement. Est-ce que je peux prévoir que ces exceptions-là n'arriveront jamais? Personne ne peut prévoir ça.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Peut-être rapidement pour Mme Bédard. Après l'annonce du budget, vous l'aviez qualifié d'électoraliste. Avec l'annonce d'aujourd'hui, on sait qu'il va y avoir évidemment plusieurs millions d'investis dans le système, dans le réseau de la santé. Diriez-vous la même chose en ce jour?

Mme Bédard (Nancy) : Ce que j'ai envie de dire, c'est qu'aujourd'hui le dossier des ratios, c'est un dossier qu'on travaille depuis des mois, qu'on avait fait une entente avec ce gouvernement. Et, pour moi, l'importance, c'est le résultat pour la population et pour les professionnels en soins. Donc, peu importe le moment, j'aurais aimé qu'on puisse arriver à ça avant. Mais aujourd'hui, c'est un jour important, et, peu importe le moment, le ministre m'assure qu'on a le budget et que le coût ne sera pas une embûche au déploiement des projets ratios. Alors, c'est ça qui est important aujourd'hui.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, madame. Bonjour, messieurs. Une question pratico-pratique, là. Vous faites 17 projets ratios, ça veut dire que vous allez devoir augmenter, dans les endroits où vous le faites, le personnel infirmier, tout ça. Est-ce que vous avez ces ressources-là en ce moment? Est-ce que vous avez déjà suffisamment de ressources pour être capables de mettre sur pied ces projets ratios là?

M. Barrette : Alors, c'est exactement ce que j'évoquais au début du point de presse. Alors, il y a deux phases dans l'amélioration des conditions de travail. Il y a la meilleure dotation de poste, c'est ce sur quoi on travaille actuellement. Il y a des gens de disponibles actuellement, dans le réseau, qui veulent moins revenir à cause des conditions qu'on veut améliorer aujourd'hui, là. On est le premier jour de la nouvelle ère, puis, dans le premier jour, il y a aussi le message qu'on envoie aux gens : On travaille pour vous autres puis on veut que ça disparaisse. Alors, il y a ce pool-là d'offre de service qui n'est pas exploité, ce n'est pas le bon mot, mais qui n'est pas exprimé à son plein potentiel. Mais aussi il y a, sans aucun doute, puis je l'ai dit, je le répète, il y aura sans aucun doute un enjeu de formation et d'embauche dans les prochaines années.

M. Lacroix (Louis) : Mais, pour être plus clair, là, vous l'avez, le personnel pour lancer les projets ratios, là, en ce moment.

M. Barrette : Absolument. Je n'avais pas compris que c'était ça, la question. Je suis désolé. C'est vous qui n'a pas été clair.

M. Lacroix (Louis) : Ah! ça se peut.

La Modératrice : Alors, on va y aller en anglais.

Une voix : ...

Mme Fletcher (Raquel) : Je pense que oui. Good afternoon, Minister. Is the reason for the rollout… so it's starting at the Lakeshore, and then, by fall, we'll have all of these pilot projects in place. Is the reason for that that you still have to hire more people and how can you be sure you'll meet your targets?

M. Barrette : Not at all. The sequence, the rollout sequence has been determined bilaterally and mainly, I would say, from the FIQ itself. The selection of hospitals into which we will be rolling out those projects has been determined, put in place mainly by Mrs. Bédard and her team. And that's fine, because to me, what was important was that the FIQ, Mrs. Bédard had to be comfortable with the choices that were made.

Actually, we proposed a number of sites into which the rollout would be occurring, and Ms. Bédard asked me to move from one institution to the other. I had absolutely no problem with that, because my goal is to make sure that everybody is comfortable with the results. So the actual rollout is about a choice of readiness, if you wish. It's not political, it's not whatever you may think of, it's just practical in many, many ways. As I said, those first 13 projects will be rolled out between this summer. There might be difficulties because it's summer time, but by the end of, let's say, September, all of the 17 projects will have been put in place and be operated.

Mme Fletcher (Raquel) : What would it take for you to be able to expand the pilot project and make this the norm to have nurses to patient ratios across Québec?

M. Barrette : Well, that's exactly the target that we are aiming at. Those pilot projects, in essence, they have the objective of determining, setting those ratios that will be applied across the province. As Mrs. Bédard said very clearly, we have together determined a number of case figures, figures that will encompass not all the situations, but every reasonably possible situation that we see frequently in the network. Being so, at the end of the process, we will have a set of rules, if you wish, that will have determined the actual proper ratio that we can apply in any given situation. Once that is done, it becomes a rule from Government that those ratios are to be applied in every specific situation that do occur across the network.

Mme Fletcher (Raquel) : So how long is that process, then?

M. Barrette : We're talking about months per project, not years. We're talking about months. Some ratios… some projects will take less time, some might take more time. We're not talking any projects that will last years, that doesn't exist. So this is something that will be conducted this year and most probably concluded this year. All right? Thank you. Oh! sorry.

Mme Johnson (Maya) : M. Barrette, yes, just a couple more questions. Can you give us a rundown, as you did in French, of the current ratios according to time of day and by how much it will be diminished?

M. Barrette : Yes. OK. So, to give you an example of what already exists in long-term care facility, in CHSLD, today on day time we have a ratio of 25 to 32 patients per nurse, and we will start at 20 to 27 patients per nurse. On night shifts, not night shifts but… yes, on night shifts, it's between 50 and 64 today, and we will lower that down to 25 to 32 per nurse, and overnight, today, it's between 75 and 96 patients per nurse, and we will start, with those projects, between 37 and 44 per nurse.

So that's a very significant reduction of workload for the nurses, and that will be applied in all projects that we are rolling out. And at the end of the day, if that's the end result that we conclude about, it will be implemented across the province, in all CHSLD.

Mme Johnson (Maya) : And what kind of signal do you think this joint news conference with Mrs. Bédard sends today?

M. Barrette : Well, you know what, this is a discussion that we've had myself and Mrs. Bédard's team. And to tell you the truth, the first numbers that we suggested, the signal was not strong enough, and that's exactly what Mrs. Bédard told me : the signal is not strong enough. We have to send at start a strong signal to the nurses and assistant nurses in the province that we are really entering a process by which there will be improvement.

So, to make sure that the signal was strong enough, you see the numbers that we are proposing, it is a very significant reduction in terms of ratio, and I think that this is exactly what the personnel want to hear today.

Mme Johnson (Maya) : Thank you.

M. Barrette : All right? You're welcome. Voilà.

(Fin à 14 h 53)

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