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Point de presse de Mme Kathleen Weil, ministre responsable de l’Accès à l’information et de la Réforme des institutions démocratiques, Mme Lise Thériault, ministre responsable de la Protection des consommateurs et de l’Habitation, M. Marc H. Plante, adjoint parlementaire du premier ministre pour les régions et M. Germain Chevarie, adjoint parlementaire du ministre de la Santé et des Services sociaux

Version finale

Wednesday, May 9, 2018, 13 h 55

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures cinquante-trois minutes)

Mme Weil : Bonjour, mesdames, messieurs. Alors, aujourd'hui, le Mouvement Démocratie nouvelle a fait connaître sa proposition de réforme de mode de scrutin. Cette proposition a été endossée par les chefs du Parti québécois, de la Coalition avenir Québec, de Québec solidaire et du Parti vert.

À première vue, la proposition dévoilée aujourd'hui affecterait de façon importante la stabilité des gouvernements successifs, la représentation des régions et l'imputabilité des députés envers la population. La carte électorale serait revue en profondeur : une carte électorale à 75 circonscriptions passerait assurément par l'abolition de comtés dans toutes les régions du Québec. Il s'agit d'un enjeu fondamental puisque les députés doivent pouvoir représenter leurs électeurs de façon efficace. Les circonscriptions seront donc beaucoup plus grandes, et les régions verront leur poids diminuer de façon importante.

Si on fait l'exercice d'une projection basée sur la carte électorale fédérale, qui compte un nombre de circonscriptions très proche de la proposition devant nous aujourd'hui, on remarque que la région de l'Abitibi-Témiscamingue passerait de trois à une ou deux circonscriptions; la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean passerait de cinq à deux ou trois circonscriptions; la Côte-Nord pourrait ne compter qu'une seule circonscription plutôt que deux; idem pour la Gaspésie, qui passerait de quatre circonscriptions à possiblement une seule. À Montréal, il y aurait abolition de neuf circonscriptions : on passerait de 27 à 18 comtés. Et la Mauricie, elle a déjà perdu un comté à la dernière refonte de la carte. Combien lui en restera-t-elle? Une circonscription? Deux circonscriptions? On n'a pas de réponse. Et c'est comme ça dans toutes les régions du Québec.

Cette proposition nous semble, à première vue, causer un préjudice profond envers les régions du Québec. Les oppositions doivent être claires et jouer franc-jeu avec les électeurs. Ils doivent aller sur le terrain, auprès des maires, des préfets, des citoyens et leur dire clairement si leur comté sera aboli.

En ce qui a trait aux députés de compensation, ils seront répartis sur une base suprarégionale dans ce que nous appelons huit super régions absolument immenses. Un député de compensation aurait, par exemple, pour territoire une région allant de Lévis jusqu'à Gaspé ou encore englobant Gatineau, l'Abitibi et le Nord-du-Québec. Les préoccupations sur la capacité de ce député de compensation de servir efficacement les citoyens d'une région aussi large sont évidentes.

Plusieurs questions se posent et sont présentement sans réponse. Quel est le rôle de ces députés régionaux vis-à-vis des députés de comté et des ministres régionaux? Quelle sera l'imputabilité de ces personnes face aux électeurs? À qui un électeur devra-t-il ou elle s'adresser s'il a un problème, s'il veut faire avancer un dossier? Comment ces députés pourront-ils représenter efficacement des régions aussi immenses?

Le rapport souligne aussi la possibilité d'augmenter le nombre de députés à l'Assemblée nationale au-delà de 125 députés. Il serait intéressant de savoir combien de députés seraient ajoutés exactement. On se souvient que le chef de la deuxième opposition s'est déjà prononcé contre l'idée d'augmenter le nombre de députés. A-t-il changé d'idée? La question se pose.

Je suis aujourd'hui avec plusieurs de nos députés représentant différentes régions, et nous sommes abasourdis par l'absence de considération pour la réalité d'un député sur le terrain dans nos régions. Ce que l'on constate aujourd'hui, c'est que seul notre parti va défendre toutes les régions du Québec. Nous sommes absolument convaincus que cette réforme ne fait aucunement consensus sur le terrain, chez les électeurs, et qu'elle diluera, de façon claire et nette, l'influence de toutes les régions du Québec.

Il y a eu de très nombreuses consultations au sujet de la réforme du mode de scrutin depuis les années 2000, et le consensus, c'est qu'il n'y a pas de consensus dans la population. Comme on dit souvent : Le diable est dans les détails. Les partis d'opposition ont le devoir de littéralement mettre cartes sur table et de donner tous les détails aux électeurs. On ne peut pas répondre «on verra» sur un enjeu aussi fondamental.

Alors, je conclus mes remarques préliminaires. Si vous avez des questions... Nous, on a beaucoup de questions, surtout, hein? On a beaucoup de questions, parce qu'honnêtement, je vous dirais : On a reçu le rapport. Bon, rapidement, on l'a parcouru à peine, mais tout de suite, tout de suite, je suis là avec des collègues, tout le monde se posait des questions. Mais qu'est-ce que ça veut dire? Et certains ont été là, lorsque ces débats ont eu lieu en 2002, 2003, 2004, 2005, notamment Lise Thériault, qui était là à ce moment-là. Et les questions sont les mêmes pour les députés, tous les députés.

C'est quoi le rôle de cette personne-là, au niveau suprarégional, par rapport à mon rôle de députée? Moi, je suis élue directement par la population. Mais quelles seront les régions qui seront éliminées?

M. Bovet (Sébastien) : Vous le prenez par un bout, mais on pourrait le prendre par l'autre bout, de dire qu'un parti qui a 10 %, 12 % des votes aux élections générales, devrait être représenté par 10 %, 12 % des députés à l'Assemblée nationale. N'y a-t-il pas, dans ce système actuel, une iniquité?

Mme Weil : Nous, on fait le commentaire de ce système-là, on l'a... on a tout regardé ça, hein? Il y a eu...

M. Bovet (Sébastien) : Le système actuel, lui?

Mme Weil : Le système actuel, c'est le système que connaissent les gens, c'est le système auquel les gens se sentent à l'aise. Donc, ce n'est pas nous qui mettons une réforme sur la table, c'est à ce groupe et surtout les partis d'opposition à répondre à ces questions. On s'en va en campagne électorale justement et, d'ailleurs, le timing est assez, comment dire, particulier.

Mme Thériault : Bien, moi, je me permettrais d'ajouter, M. Bovet, quand on est élu député, on est député de toute la circonscription, de tous les électeurs, peu importe leur formation politique. Un citoyen qui rentre dans mon bureau de comté, je ne lui demande jamais s'il a voté pour moi ou pour une autre formation politique. Toutes les associations politiques font partie de la vie des partis politiques et il y en a dans les comtés, et c'est aux formations politiques de tenir vivantes leurs propres associations dans les comtés respectifs lorsqu'on veut faire avancer les choses dans les débats, dans nos congrès, dans les conseils généraux. Mais à partir du moment où nous sommes élus comme députés, je donne le service à mes citoyens sans jamais leur demander s'ils ont voté pour moi ou non. Et je sers 44 000 électeurs de mon comté de la même façon.

M. Croteau (Martin) : Mais c'est quoi… Le système actuel maintient la représentativité des régions, que vous avez évoquée d'entrée de jeu, par un système d'exceptions qui fait en sorte que les circonscriptions en régions éloignées restent intactes même si leur poids ou leur population reste plus faible que les autres. Est-ce que c'est un système que vous considérez juste et équitable?

Mme Weil : Les comtés d'exception?

Une voix : Oui.

Mme Weil : Bien, écoutez, pour l'instant, on n'a pas de réponse par rapport à… D'ailleurs, il n'y a pas de réponse, par rapport à cette réforme qui est proposée, si ce système d'exceptions sera maintenu, mais, oui, on y croit. On y croit, pour avoir une représentation effective.

Mais là je suis vraiment ici aujourd'hui parce qu'on a beaucoup de questions, beaucoup de préoccupations. Et on s'en va en campagne électorale, hein? Donc, les gens pourraient se poser la question, mais… à chacun d'entre nous : C'est quoi, votre vision pour notre région? Donc, un député de... des trois formations devront dire : Bien, on est en Mauricie, là. Je ne peux pas vous dire s'il va rester quatre comtés, peut-être qu'il y en aura deux, je ne sais pas, je ne peux pas répondre à ça. Alors, c'est vraiment aux oppositions de répondre aux questions.

Pour l'instant, on a le système auquel les gens sont attachés, qu'on connaît, un système qui fait en sorte qu'il y a quand même diversité d'opinions, mais aussi des changements de gouvernement. On a eu des changements de gouvernements et on a eu des gouvernements stables. C'est un autre constat qui est fait par rapport à ce système, que ça produit des gouvernements moins stables. Les gens veulent des gouvernements stables. Ils veulent élire un gouvernement qui sera imputable et redevable envers les citoyens, et qui pourra donc faire ses engagements, et qui sera jugé par rapport à l'atteinte de ses engagements aux prochaines élections. Et c'est comme ça qu'on fonctionne. Donc, il y a une imputabilité très directe par rapport au système qu'on a.

Donc, quand on veut chambarder le système, il faut vraiment avoir cette conversation avec les électeurs, avec les citoyens. C'est ce qui s'est passé, donc, en 2004, 2005 et 2006, donc, des députés qui ont fait le tour des régions avec quelque chose d'un peu semblable, et, lorsque les individus, les électeurs se sont penchés sur la question, c'est là qu'ils ont dit, et les députés : Ah! bien non, ce n'est pas le système qu'on souhaiterait.

Donc, nous, ce qu'on dit, c'est : Mettez cartes sur table, répondez à ces questions et ayez, donc, la transparence d'avoir cette discussion dans les régions, avec les élus aussi, d'autres élus d'autres paliers, donc, les MRC, donc, les maires. Engagez-les dans cette discussion. Qu'est-ce que… C'est quoi, leur intérêt? Tout le monde travaille ensemble, et tout le monde travaille bien ensemble pour représenter les défis, les besoins de leurs régions, pour trouver des solutions à leurs défis. Donc, le système a une grande stabilité par rapport aux relations des uns et des autres. Et, comme ma collègue disait, Lise, chaque député représente tout le monde, hein? C'est toujours comme ça qu'on fonctionne. Très bonne réponse à ça.

Mme Thériault : Bien, moi, je vais même ajouter plus. Moi, je suis ministre régionale d'une région où il y a trois députés caquistes, quatre députés péquistes, zéro libéral. J'ai un attaché politique pour s'occuper de toute la région. Les députés jouent leur rôle sur le terrain. Je ne suis pas là pour me substituer aux députés. Ça fait que les gens, que ce soit leurs élus ou les citoyens, savent que s'il y a quelque chose, ils vont aller voir la députée de Joliette ou le député de Masson, ou de Terrebonne, ou peu importe leur comté. Ils vont aller rencontrer leur député.

Par contre, pour faire avancer les dossiers régionaux, les préfets, les élus travaillent avec moi. Et même les députés sur le terrain travaillent avec moi pour faire avancer les dossiers. Il n'y a aucune confusion des rôles. Et je parle à mes collègues au Conseil des ministres.

Si on a des députés suprarégionaux, quelles seront leurs responsabilités à eux, comparativement aux autres députés? Si on parle de députés de formations politiques différentes, sans nécessairement que ce soit un député suprarégional qui sera au pouvoir non plus, quel sera son rôle, lui, par rapport à l'interférence qu'on fait ou l'interaction qu'on a avec les différents ministres pour faire avancer les dossiers? Moi, je suis une ministre régionale. Bien je peux vous dire que dans la région de Lanaudière, les dossiers avancent bien, on règle beaucoup de choses. On a réglé l'inéquité au niveau du financement des CISSS, on a injecté 22 millions, ça fait partie de mon rôle de ministre régionale.

À partir du moment où on va parler d'un député avec un rôle supra, c'est quoi, son obligation, lui, d'être ici au Parlement? Quelle est son imputabilité? Qu'est-ce qu'il aura comme budget? On parle de régions qui sont énormes. Est-ce qu'il va avoir plus de ressources que moi? Moi, je vais avoir le double de population à desservir dans mon comté, quand on sait que c'est au niveau provincial qu'on a tous les cas de santé, d'écoles, toutes les questions plus près de gens, c'est nous qui les avons, pas le gouvernement fédéral. Donc eux, ils peuvent bien avoir une moyenne de 75 000, 80 000, 100 000 électeurs par comté. C'est très différent. Ils n'ont pas la quantité de dossiers qu'on a.

Là, nous, ça va être quoi nos responsabilités dans nos comtés par rapport aux députés supra? Personne n'est capable de répondre à ces questions-là.

M. Croteau (Martin) : C'est quoi, le risque?

Mme Thériault : Bien, c'est quoi, le risque? C'est qu'il y ait confusion des rôles, que... Même le service à la population, le service au citoyen, est-ce qu'il va venir voir moi, il va aller voir l'autre? L'autre qui a une hyper grande région, de Lévis jusqu'aux Îles-de-la-Madeleine, comment vous pensez que ça va coûter, en frais de déplacement, ça? Ça n'a pas de bon sens. Pensez-y, juste 30 secondes, au niveau des ressources qu'on va devoir mettre au niveau du bureau de député. Quand on parle de la Gaspésie puis des grandes régions, on parle très souvent de comtés qui ont entre 15 et 30, 40, 50 municipalités, à l'heure actuelle. Si on augmente, dans une carte, avec un 10 % d'écart seulement, ce qui est le cas de la CAQ, imaginez l'étendue des comtés, alors qu'on siège plus souvent ici qu'on est dans nos comtés. Je ne voudrais pas être une députée de région, je suis contente de rester à Montréal, moi.

Une voix : ...

Mme Thériault : Bien, honnêtement, je ne vois pas comment le député sera en mesure de faire le tour de ses associations, de travailler avec plus que 50 maires dans certaines réalités. Les Îles, il arrive quoi? Les Îles seront fusionnées avec la Gaspésie ou ils auront un comté de 10 000 électeurs, puis ils en ont 400 000?

Mme Weil : C'est des questions qu'on pose.

Mme Thériault : C'est plein de questions qu'il n'y a pas... personne n'est capable de répondre.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais pourquoi vous n'avez pas participé aux consultations du Mouvement Démocratie nouvelle, puisque vous vous intéressez au point de vue des citoyens? Ça aurait été une bonne occasion de l'entendre.

Mme Weil : Mais on a fait cet exercice.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais il y a 10 ans, 12 ans.

Mme Weil : Oui. C'est très récent, ça. C'est très récent. Pensez-vous que...

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Pourquoi ne pas le refaire, ça ne vous intéresserait pas?

Mme Weil : Pensez-vous que tous ceux qui ont vécu cette consultation voulaient y revenir? Non, parce qu'ils avaient tout fait : un avant-projet de loi, une consultation, ils sont allés dans toutes les régions, et, en bout de ligne, c'est exactement les genres de questions qu'on pose que se posaient les citoyens.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais, quand...

M. Moreau (Jean-Frédéric) : L'argumentaire que vous...

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Ce que vous avancez, en fait, est basé sur les observations que vous avez faites il y a 12 ans...

Mme Weil : Et des études, et etc.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Quelle crédibilité vous accordez à la démarche du Mouvement Démocratie nouvelle et à son rapport?

Mme Thériault : Bien, moi, je vais juste vous dire que le besoin du citoyen, il n'a pas changé, dans le comté. La personne qui va venir chez nous, elle a des besoins d'employabilité au même titre qu'elle en avait voilà 10 ans, qu'on a besoin des services de garderie...

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais comment vous faites pour savoir?

Mme Thériault : Parce qu'on parle à notre population, puis on est des députés terrain. On est là, on parle...

Mme Weil : Là, c'est des députés qui...

Mme Thériault : ...avec nos gens. On est là sur le terrain. Ce n'est pas juste la ministre régionale que vous avez devant vous, vous avez une députée qui a fait six campagnes électorales, qui a 44 000 de population. J'ai le comté sur l'île de Montréal où j'ai le plus d'aînés. Je connais ma circonscription comme le fond de ma poche. Je sais où elle commence, je sais où elle termine. Mais, honnêtement, je parle à mes concitoyens, il n'y a pas personne qui me parle de la réforme de la carte électorale. Au contraire, ils veulent nous voir plus souvent dans nos comtés, puis on est ici, on est au Parlement.

Mme Weil : Ils veulent savoir qui est responsable. Ils veulent savoir à qui s'adresser.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : ...vous accordez... Je repose ma question : Quelle crédibilité vous accordez au processus de Mouvement Démocratie nouvelle?

Mme Weil : Nous, ce n'est pas notre rôle d'accorder crédibilité ou non. On n'a pas participé. Le rapport vient d'être rendu public. On réagit donc comme ça, avec des questions, et les questions... vous devrez poser ces questions à ceux qui veulent changer notre système.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : ...question, respectueusement. En fait, l'argumentaire que vous avancez, on l'entend depuis des années...

Mme Weil : Mais quels seront les comtés qui seront éliminés?

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Non, mais... oui, O.K., mais l'argumentaire que vous avancez...

Mme Weil : Non, mais, c'est sérieux, ça.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : L'argumentaire que vous avancez, on l'entend depuis des années, O.K.?

Mme Weil : Oui. C'est ça.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Mais il n'y a pas juste la question de la représentation des régions. En fait, ce qui est sur la table, c'est une proposition pour justement améliorer la représentation des régions tout en assurant une meilleure proportionnalité au Parlement...

Mme Weil : Vous avez des députés, là, ça, c'est l'expérience...

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Oui, mais, ma question est la suivante, si vous permettez : Comment vous expliquez qu'une proposition comme celle qui est sur la table rejoigne les intérêts du Parti québécois, de la... bien, les intérêts... le bon sens supposé du Parti québécois, de la CAQ et de Québec solidaire, tandis que vous, de votre côté, ça semble être une fin de non-recevoir absolue?

Mme Thériault : Non, regardez, vous l'avez dit : Elle rejoint... la proposition qui est sur la table répond aux besoins des partis politiques, et non pas des citoyens sur le terrain, alors que nous, on travaille avec les citoyens.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : …c'est un mouvement de la société civile, quand même, qui a…

Mme Thériault : C'est un… Non, c'est un mouvement qui est aussi dans le fait de la représentation des partis politiques à l'Assemblée nationale, puis c'est comme ça qu'il faut le voir. Nous, on le regarde de l'autre côté. Est-ce que… Nous, ce qu'on regarde, c'est le travail de député pratico-terrain qu'on a à toutes les fins de semaine et à tous les jours, quand on est dans nos comtés, la réalité des gens qui viennent frapper à notre porte, qui ont besoin de services.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Mais ces députés-là ne partiront pas.

Mme Thériault : Non, bien, vous ne comprenez pas le travail. C'est justement, les comtés seront plus grands. Pensez-vous vraiment que le député va être en mesure de desservir un comté qui va des Îles-de-la-Madeleine jusqu'à Lévis?

Mme Weil : Ils vont être éliminés, premièrement. Il y en a qui disparaissent. Il y en a qui disparaissent.

Mme Thériault : Il va avoir un député pour tout faire ça.

M. Chevarie : Il y a une question, en plus, d'accessibilité aux députés, premièrement. Deuxième chose, il y a une question de connaître les enjeux, également, du territoire ou de la Gaspésie, si je prends, par exemple, l'exemple des Îles-de-la-Madeleine et de la région Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, et il y a une question d'occupation du territoire. Et je pense que, dans le système actuel, le Québec, avec le DGE, a la possibilité de s'adapter en fonction des années et de la population, aussi, qui grandit et des particularités. Et c'est pour ça qu'il y a une réforme de la carte électorale.

Alors, je pense qu'actuellement, dans le système actuel, au moins on connaît nos faiblesses et on est capables d'atténuer ces faiblesses-là. Mais, dans le nouveau système qui est proposé, il y a toute une zone, une phase d'incertitude qui est majeure pour la société québécoise.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Est-ce qu'il y a aussi l'enjeu de la proportionnalité pour représenter le choix des Québécois vu dans l'ensemble? Ça, est-ce que ça vous rejoint?

Mme Weil : Mais il y a un choix à tous les quatre ans, ils peuvent changer de gouvernement, basé sur ce que ce gouvernement a fait, c'est… l'imputabilité est là, et c'est comme ça que notre système fonctionne. Les gens sont satisfaits. Je vous dis que l'expérience qui a été vécue, c'est beaucoup, comment dire… nos opinions et les réactions que vous voyez aujourd'hui, c'est exactement les réactions qu'il y a eu en 2006, 2005. Donc, c'est des élus qui ont beaucoup d'expérience de terrain. Donc, ce n'est pas abstrait. Ce n'est pas… C'est vraiment le vécu d'un député qui parle de ses tripes et de son expérience de représentation des députés.

Donc, ce qui avait vraiment causé problème la dernière fois, puis on voit que le problème revient : C'est quoi le rôle, mon rôle comme députée? Il y a une confusion, et ce député suprarégional, qui n'est pas choisi par l'électeur directement, mais par le parti, à cause d'une… proportionnellement au vote. Alors, c'est ça qui crée…

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Oui, mais c'est parce qu'un député du Parti québécois ou un député de la CAQ fait le même travail que vous comme député. Pour il penserait différemment...

M. Plante : Oui, mais, écoutez, c'est le respect de l'intégrité des régions. Il faut faire attention. Nous, on respecte l'intégrité des régions. Puis je vais donner mon exemple : J'ai la circonscription de Maskinongé. Je couvre l'entièreté de la MRC de Maskinongé, c'est 17 municipalités depuis la réforme de la carte. Je couvre aussi tout l'ouest de la ville de Trois-Rivières et le secteur de Pointe-du-Lac, deux enjeux totalement différents, deux heures de distance entre chaque bout.

Si la proposition était appliquée, es-tu prêt de me garantir qu'on va avoir la fusion contiguë de ma circonscription ou si tu vas me dire que la Mauricie va se ramasser encore avec trois circonscriptions ou deux circonscriptions? Ça, c'est la question. Pour te dire qu'une région comme la Mauricie, c'est trois régions : tu as le nord de la Mauricie qui est La Tuque et les agglomérations autour, tu as le centre de la Mauricie qui est Shawinigan, Mékinac et ce qu'il y a autour, et tu as le sud de la Mauricie qui est la MRC de Maskinongé, la ville de Trois-Rivières et la MRC des Chenaux.

Trois réalités totalement différentes dans une grande région où ce que les enjeux sont très importants. Moi, je vais te dire : Dans mon bureau de circonscription, il passe à peu près 2 000 personnes par année, et je fais 550 activités par année. Si demain matin, tu doubles mon territoire ou tu triples le territoire, tout dépend, ça serait impossible, humainement impossible, premièrement. Deuxième des choses... puis je ne suis pas gêné, vous pouvez aller voir ma page Facebook, vous allez voir, j'en fais des activités, je ne suis pas gêné du tout, du tout.

Deuxièmement, je vais te conter quelque chose : En fin de semaine, j'avais des inondations. Dans les petites municipalités, là, le rôle du député est vraiment primordial, puis on doit prendre un rôle de coordination, d'aide et d'entraide des services publics. Donc, j'étais en communication à chaque jour avec les municipalités, la sécurité civile, la SQ, les ambulances pour assurer justement un meilleur service à la population. Demain matin, tu triples le territoire, je serais bien, bien mal placé pour pouvoir le faire.

Deuxième des choses, quel sera le rôle de ce député non élu sur une liste partisane représentant simplement une formation politique? Ça, c'est une question qu'ils doivent répondre, parce que va-t-il représenter les citoyens de Mauriciens ou bien va-t-il représenter sa formation politique? Et ça, ça m'inquiète. Parce que, moi, aujourd'hui, tu me demandes pourquoi je fais de la politique, je vais te répondre et l'ensemble de mes collègues vont te répondre la même chose : On le fait pour les citoyens de nos circonscriptions en premier. Et, oui, effectivement, on est membres du Parti libéral, puis on en est fiers. Mais le premier engagement, c'est envers nos citoyens de nos circonscriptions et, à chaque jour, on les défend avec coeur, passion.

Une voix : In English.

La Modératrice : Dernière question... Yes, exactly, yes.

Mme Bryan-Baynes (Elysia) : Yes. The opposition parties say that's their proposal will actually make the regions stronger, and historical minorities, like Anglophones, stronger under this system. I just want to get your reaction.

Mme Weil : When you ask Montrealers if they want to have less ridings in Montréal, you ask Anglo-Montrealers that. The answer is no. So it's always the same question, OK: Look to your left, look to your right, next election, if this came in, one of you is gone. You know, it's that worry that there is going to be fewer deputies to represent and to do the job that they have. It's an enormous job, an enormous job. And so to say that Anglophones somehow would be more favorable to this is quite the opposite, quite the opposite. In urban areas, but regional areas as well, what my colleagues have mentioned about the job that they have in the regions, they represent Anglophones as well and they know their communities, they know their communities and they know them well, they come and they talk to me about it, they're attached to each one of their communities. All of a sudden, if they are riding triples, it's impossible to do that job as well as you do it now.

The other big question is: What is the role of the one who's been elected actually by name, by face? We want you, you're the one we met on the campaign trail, you're the one who made these promises, we like you, we want you. Who's this other one? Who's this other one, or two, or three? They're somehow going to come to interfere. Who's actually accountable? And who made the promises? I'm the one with the electoral program; I don't know what this other party is doing here. Imagine the conflicts. But it's not for us to answer their… the questions that we're asking them, it's for them to answer the electors. And I find that the timing of this is particular, because we're going into an election. The last thing people want to know is that there's some kind of instability. And are we going to something new? People don't necessarily...

So, that's why we think they need to clear the air now, it's important: what is it that their intentions are, that they tell their electors, that they tell their mayors, that they tell their MRCs what is it that they're planning to do. So, we're here to ask the questions : Which ridings will be eliminated? And how do they propose to ensure that the accountability is there and that the government that's elected based on this new system is able to answer for its promises and be accountable.

Mme Bryan-Baynes (Elysia) : And traditionally, they said that it requires all parties to agree to any kind of major change to the electoral system, and they said clearly, just a short while ago, that they would do it on their own if they had enough seats to be able to do that. What...

Mme Weil : They'll be judged by the electors. We represent a lot of Quebeckers. The Liberal Party has always represented a lot of Quebeckers. So, let them go on the ground, tell the electors they want to eliminate your riding : Yes, we've got your riding, it's a target for us, we're eliminating it. Let them go answer those questions. That's what we're telling you.

Mme Bryan-Baynes (Elysia) : Do you think that they should stick to tradition and try to get everyone on board if they want to move forward?

Mme Weil : We don't, it's off for us. They're the ones who have come forward with the proposal. We went through this a few years ago. A major effort was made and went in all the regions, the «députés» went in all the regions. It was Benoît Pelletier who had this mandate for three, four years, and it ended up with the people saying : No, we like this system, we know it, we know who our «député» is, we're attached to him, we like the size or our riding. Sometimes, some of the ridings are big, and yes, it's a challenge, but it's the riding we know. So, before you start shaking things up, you'd better be clear about what your intentions are and tell us how you're going to shake it up, tell us what that map is going to look like.

Mme Bryan-Baynes (Elysia) : And if they go ahead without… if, you know, after, as you mentioned, after the election, they go ahead without all the parties involved, what do you think of that…

Mme Weil : Well, I think the electors will express themselves. I think people, I think Quebeckers will have to... their voices will have to be heard.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Mme Weil, rapidement, ce matin, on apprenait dans LaPresse que la GRC envisage le dépôt de nouvelles accusations criminelles contre SNC-Lavalin. Considérant que votre conjoint est l'ancien vice-président de SNC, est-ce que vous avez un commentaire à faire?

Mme Weil : Il a répondu très clairement à la question.

La Modératrice : Merci.

(Fin à 14 h 18)