(Neuf heures trente-trois minutes)
La Modératrice
:
Bonjour à toutes et à tous. Alors, M. Martin Ouellet, porte-parole du Parti
québécois en matière de transport et député de René-Lévesque est accompagné aujourd'hui
de Mme Lorraine Richard, porte-parole du Parti québécois en matière de développement
nordique et députée de Duplessis; Mme Marjorie Deschênes, qui est porte-parole pour
la Coalition Union 138; et de Mme Marilène Gill qui est députée de Manicouagan.
M. Ouellet, la parole est à vous.
M. Ouellet : Alors, bonjour, tout
le monde. On est ici réunis, moi, Martin Ouellet; Lorraine Richard, députée de Duplessis;
Mme Marilène Gill, députée de la circonscription de Côte-Nord qui couvre effectivement
tout notre immense territoire pour le gouvernement fédéral, mais je suis aussi accompagné
de Mme Marjorie Deschênes qui est la porte-parole de la coalition 138.
On vit un moment historique aujourd'hui,
un mouvement citoyen va venir déposer à l'Assemblée nationale une pétition
demandant que la Côte-Nord soit définitivement désenclavée. Désenclavée pour
deux choses : désenclavée pour l'apparition d'un pont sur la rivière
Saguenay, mais aussi désenclavée pour terminer les constructions et le reliage
de la route 138 qui va nous relier au Labrador.
Donc, nous, les élus, on a la possibilité
aujourd'hui d'avoir tout un mouvement citoyen qui vient porter ce message fort
ici, à l'Assemblée nationale. Alors, on est extrêmement fiers du travail qui a
été réalisé, et, sans plus tarder, je laisse la parole à la députée fédérale,
Mme Marilène Gill.
Mme Gill (Marilène) : Pour
poursuivre avec ce que disait mon collègue M. Ouellet, oui, journée historique
parce que c'est l'ensemble de la Côte-Nord qui s'entend pour le développement
de la route, le développement du pont. C'est un mouvement citoyen majeur parce
qu'il faut le noter, c'est 260 000 kilomètres de territoire. Ça veut
dire que les gens se sont mobilisés partout. Il y a des gens qui ont fait
beaucoup de route pour aller recueillir des signatures, et ça témoigne d'une
réelle volonté de désenclaver la Côte-Nord pour son développement, on le
répète, économique et social. Je vais céder la parole à Mme Deschênes.
Mme Deschênes (Marjorie) :
Merci. C'est une belle journée pour nous aujourd'hui, la coalition, parce que
c'est tout près de 19 000 signatures qu'on a recueillies sur tout le
territoire à l'est de Québec, en passant de Charlevoix à aller jusque dans la
Basse-Côte-Nord, pour la construction d'un pont et le désenclavement de notre
région de l'Est-du-Québec. 19 000 signatures, tout près de
19 000 signatures, pour nous, c'est quelque chose de très
significatif, puis on est vraiment fiers de ce travail-là.
Donc, aujourd'hui, la coalition dépose une
pétition frôlant 19 000 signatures, priant le gouvernement de
procéder à la construction d'un pont à l'embouchure de la rivière Saguenay et à
l'achèvement de la route 138 en Basse-Côte-Nord. Il est impératif pour
nous que le Québec remette les pendules à l'heure et fasse preuve de gros bon
sens.
Qui, en 2018, peut concevoir que l'unique
route nationale reliant le nord-est de la province au reste du Canada soit
interrompue par la présence de traversiers? Les traversiers ne répondent plus
aux besoins de la population. En plus d'aller totalement à l'encontre du développement
durable, ils affectent les utilisateurs de la route 138 à l'est de Québec
en les exposant à des dangers supplémentaires causés par le syndrome des
traversiers rendant complètement à bout de nerfs des résidents et des
commerçants incommodés par la pollution du bruit, prenant en otage des milliers
d'utilisateurs et visiteurs, pris, coincés dans des files d'attente
incessantes, privant de millions de bénéfices annuels les acteurs économiques
en place en raison de coûts de transport supérieurs à la compétition, bénéfices
qui ne peuvent être réinjectés dans l'amélioration continue qui nous rend
compétitifs, freinant considérablement tout nouveau développement économique en
raison de l'absence d'une route aux normes, accentuant les difficultés de recrutement
en raison de cet obstacle à franchir inexistant ailleurs au Québec.
Car, disons-le, qui souhaite venir
s'installer dans un endroit qui est constamment arrêté, où est-ce qu'il n'y a
pas de lien continu, où est-ce qu'on ne peut pas sortir comme on le veut chez
nous? De plus, la présence des traversiers met réellement en péril l'ensemble
de la biodiversité présente dans l'estuaire du fjord en fragilisant encore plus
la survie des bélugas, espèce en voie d'extinction. En effet, selon toutes les
recherches et observations effectuées pour connaître les raisons de la
diminution des troupeaux, il a été observé et écrit que les déplacements
constants, à toute heure du jour et de la nuit, des traversiers brouillent le
système d'écolocation rendant l'alimentation plus difficile et accroissant les
risques pour la mère de perdre son bébé.
Le Québec est capable de beaucoup mieux, et
la solution à ces situations inacceptables qui perdurent depuis beaucoup trop
longtemps passe par la construction d'un pont. Contrairement aux études
présentées dans le passé, il est tout à fait légitime de croire à la
construction d'un pont à l'embouchure du Saguenay à des coûts permettant aux
contribuables québécois d'inscrire au bilan des économies importantes à moyen
terme en s'inspirant de structures construites ailleurs dans le monde, où
est-ce que c'est possible de construire des ponts dans des endroits similaires
à celle du fjord sur le Saguenay.
La Coalition Union 138 propose et endosse
une décision axée sur la sécurité routière, le développement durable et
également le développement économique. La Coalition Union 138 ne peut que
soutenir, s'allier et défendre les résidents de la Basse-Côte-Nord qui, par
l'absence de routes, se retrouvent isolés, les rendant totalement dépendants
des intrants par voie maritime, moyen utilisé pour les desservir en vivres et
autre matériel nécessaire à leur bien-être. Les bateaux utilisés pour assurer
les approvisionnements et les compagnies aériennes qui offrent des vols dans
cette région sont à la merci des conditions climatiques, la glace et autres
facteurs naturels.
Comment pouvons-nous concevoir au Québec,
en 2018, vanter les beautés de notre province, ses richesses, ses paysages à
couper le souffle en vendant des images exceptionnelles des richesses de la
Basse-Côte-Nord, mais en laissant ses résidents complètement isolés du reste du
monde, en considérant qu'il arrive que des personnes malades doivent être
transportées en motoneige, l'hiver, pour avoir accès à des soins de santé, en
sachant que ceux qui s'offrent un billet d'avion ne savent pas à quel moment
ils pourront regagner leur domicile, que l'absence de lien routier prive des
gens à l'accès à des études supérieures? Comment pouvons-nous innover dans une
région du Québec où aucune route n'est présente? Difficile de croire que cette
réalité est bien présente au Québec et que cette route promise depuis longtemps
n'est toujours pas construite.
En déposant cette pétition, nous sommes
venus vous partager que nous souhaitons voir le Québec briller dans son
ensemble. Nous sommes tous essentiels aux défis qu'il nous incombe de relever.
Notre développement global passe essentiellement par les régions. Nous croyons
en un Québec qui fera de nous un leader reconnu en implantant une structure de
pont innovante et esthétique, engendrant des retombées économiques majeures,
qui reliera par un réseau routier l'est du Canada, permettant des avancées
majeures à notre développement, entre autres au niveau du tourisme, sécurisera
les utilisateurs de la route 138 et épargnera des vies.
Élevons-nous et soyons fiers de faire du
Québec un modèle de développement durable en construisant ce fameux pont à
l'embouchure du Saguenay et en reliant l'Est-du-Québec et du Canada au reste du
monde.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, Mme Richard.
Mme Richard : Bonjour. C'est
un plaisir ce matin d'être ici, entourée des gens de la Côte-Nord, des
citoyens, citoyennes; Marilène, députée au niveau fédéral; Martin, mon
collègue, qui va déposer une pétition, pétition signée par des gens de la
Côte-Nord qui veulent une mobilité dans le transport. Et ça passe par un pont
sur la rivière Saguenay. Ça passe également par le désenclavement de la
Basse-Côte-Nord.
Donc, oui au prolongement de la 138, oui à
un pont sur la rivière Saguenay. C'est le message que nous lançons ce matin au
gouvernement libéral. On sait qu'on est à la veille de l'élection
prochainement, le 1er octobre. Il y a des annonces qui seront faites, mais
pour nous, ce n'est pas juste des annonces, il faut que ce soit des projets
concrets. Merci.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Alain Laforest, micro de
droite.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour. Est-ce que le Parti québécois, s'il est au pouvoir, s'engage à
construire un pont sur le fjord?
M. Ouellet : Excellente
question, M. Laforest. Au Parti québécois, ce qu'on veut, c'est le bon pont,
au bon endroit, au bon coût.
Donc, ce qu'on a appris, c'est qu'il y
aura véritablement très prochainement l'annonce d'un bureau de projet, et notre
certitude qu'on voulait obtenir, c'est qu'il y ait des gens de la région qui
puissent travailler à alimenter le travail, notamment sur les impacts qu'aura la
construction du pont dans le cas de la communauté de Tadoussac, les impacts
aussi que ça aura sur les emplois. Alors, nous, au Parti québécois, à la sortie
des études, on veut connaître à quel endroit le pont va se construire, à quel
coût…
M. Laforest (Alain) : Vous
venez de le réclamer ce matin, là. Vous vous engagez à le construire ou non?
M. Ouellet : Bon pont,
bon projet, bon coût.
M. Laforest (Alain) :
Donc, ça ne veut pas dire qu'il va se construire.
M. Ouellet : Ce que je
pourrais vous dire, c'est que, si on veut qu'il se construise, il faut d'abord
que je connaisse ses coûts. La dernière fois qu'on nous l'a vendu…
M. Laforest (Alain) :
Mais vous le réclamez.
M. Ouellet : Oui, on le
réclame effectivement.
M. Laforest (Alain) : Ça
fait des années qu'on réclame ce pont-là…
M. Ouellet : Si vous me
dites, M. Laforest, on est favorable pour un pont…
M. Laforest (Alain) :
…et il n'y a pas de fond dans… où le traversier est. La seule place où on peut
le passer, c'est à la ligne électrique au bout du fjord. Il faut reconstruire
une route. Ça coûterait des milliards de dollars. Le Parti québécois
investirait combien?
M. Ouellet : Les
informations qu'on a présentement, c'est tout près de 300 millions pour
construire le pont.
M. Laforest (Alain) : À
quel endroit?
M. Ouellet : Au secteur
Les Boules, donc justement à l'endroit où vous faites mention, où est-ce qu'est
la ligne électrique. Un autre 200 millions pour effectivement faire les
approches et monter les structures. Et ce qui nous reste dans le fond, c'est
connecter et Baie-Sainte-Catherine et la partie Tadoussac pour le pont. On peut
évaluer effectivement ces coûts-là aux alentours de 300 à 400... disons,
mettons, 500 millions. Donc, on est dans un projet au-delà de… tout près
de 1 milliard.
Alors, si vous me dites si le Parti
québécois veut mettre, dans son Plan québécois des infrastructures, un pont sur
la rivière Saguenay, la réponse, M. Laforest, c'est oui.
M. Laforest (Alain) : À
quel prix?
M. Ouellet : Il n'y a
pas vraiment un véritable prix. Ce qu'on veut comprendre, nous, c'est quelle
sera la séquence qui sera pour être construit et on veut savoir aussi quel sera
le prix final.
Alors, si vous me dites : C'est un
pont à 2 milliards… C'est-u à 3 milliards? Ma prétention,
M. Laforest, honnêtement, c'est qu'on devrait se tourner autour du
milliard de dollars. Et nous, à ce coût-là, effectivement, c'est un bon coût à
la bonne place pour le bon projet. On est à l'aise avec ça.
M. Laforest (Alain) :
Mme Gill, est-ce que le gouvernement fédéral doit s'impliquer dans la
construction de ce pont-là, même si c'est une route provinciale?
Mme Gill (Marilène) : C'est
une route provinciale, mais, bon, on l'a fait pour la 500…
M. Laforest (Alain) : …approcher
en avant...
Mme Gill (Marilène) :
Vous ne m'entendez pas. Pour la 500 au Labrador, par exemple, donc c'est
certain que… Il n'y a pas de réseau routier national. Ça arrête à Sept-Îles.
Donc, bien évidemment que le gouvernement
fédéral doit mettre l'épaule à la roue. C'est la raison de ma présence, bien
sûr, pour la Côte-Nord, mais aussi pour faire la liaison avec le gouvernement
fédéral puis des élus d'autres provinces, hein? Le Labrador, Terre-Neuve, sont
très intéressés également à ce qu'il y ait un désenclavement de la Côte-Nord.
Il y a des gros projets présentement
là-bas. Il y a présentement, oui, bien sûr, le tunnel dont on a entendu parler,
mais il y a un énorme port qui se construit aussi à Terre-Neuve. Et eux veulent
être capables de livrer leurs marchandises sur le continent, ce qui fait que
c'est vraiment des intérêts pour l'ensemble de la Côte-Nord, mais même l'est du
Canada.
M. Laforest (Alain) : Dans un
autre dossier, êtes-vous confiante que Martine Ouellet va sauver le Bloc dans
l'état actuel des choses?
Mme Gill (Marilène) : Je ne
sais pas si c'est sauver le Bloc, là, je n'utiliserai pas ce terme-là, bien sûr.
Je suis une de celles qui continuent avec Mme Ouellet parce que je crois en l'article
1 du Bloc québécois. Je crois également en la démocratie, hein, parce qu'un parti
politique, ça a besoin d'une discipline interne, une démocratie certaine. Pour
moi, c'est ce que Mme Ouellet incarnait.
Il y a de la dissidence, ça va. Il y a des
discussions qui doivent avoir cours. J'espère que Mme Ouellet sera, bien sûr,
bien en selle le 3 juin prochain. Ça fait quatre fois... ça va être la
quatrième fois, en fait, que le Bloc québécois vote tant sur son article 1 ou à
la chefferie pour confirmer l'orientation indépendantiste du parti, donc, et
non pas juste une orientation qu'on dit militante, mais une orientation où on
souhaite faire la promotion de l'indépendance, parce que ne pas en parler, ce
n'est pas ça qui va faire qu'elle va exister. En marketing, je pense que tout
le monde m'appuierait là-dessus, ce qui fait en sorte que, oui, pour moi,
quatrième fois avec Mme Ouellet qui a déjà été, on dit...
M. Laforest (Alain) : M.
Lisée a dit...
La Modératrice
: Par
respect pour les gens présents, pour les groupes présents, on va garder ça...
M. Laforest (Alain) : Oui,
c'est ma petite dernière...
Mme Richard : Oui, Alain, si
tu permets, si tu veux une entrevue avec Marilène pour discuter différents
côtés, tu pourras le faire tantôt.
M. Laforest (Alain) : Ah! on
est dans un point de presse, là, Mme...
La Modératrice
: Par
respect pour les groupes présents, d'habitude, sur d'autres sujets...
M. Laforest (Alain) : Bien,
ça concerne le Parti québécois. M. Lisée a dit hier qu'il avait appuyé le
parti de Gilles Duceppe, lui.
Mme Gill (Marilène) : Bien, le
parti de Gilles Duceppe, c'est vrai qu'en 2015, quand je me suis présentée,
c'est M. Duceppe qui était chef. Donc, moi, je ne suis pas très frileuse pour
ce qui peut se passer à la période des questions à l'Assemblée nationale. Je
trouve ça un peu plus, disons, cocasse. Pour moi, ce n'est pas un désaveu de
Mme Ouellet. Mme Ouellet est maintenant la chef. Donc, peut-être, la prochaine
fois, il votera pour le Bloc québécois lorsque ce sera le parti de Mme Ouellet.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 47)