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Point de presse de M. Sébastien Proulx, ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, et Mme Hélène David, ministre responsable de l’Enseignement supérieur

Version finale

Tuesday, June 12, 2018, 12 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Douze heures vingt-deux minutes)

M. Proulx : Bien, alors, bonjour à toutes et à tous. Très heureux de vous retrouver ici, dans cette salle de conférence de presse, qu'on a l'habitude de faire seuls, les politiciens, entre nous, avec vous. Très heureux aujourd'hui d'être accompagné, alors, pour être bien sûr… Geneviève Simard, qui est avec nous, Gail Kelly, Anna Prchal et Émilie Cousineau, qui sont avec nous, des femmes très courageuses, on l'a dit plus tôt, vous les avez entendues, qui ont dénoncé, mais qui sont surtout sorties de l'ombre pour raconter leur histoire, une histoire difficile, si vous l'avez suivie.

Nous sommes dans un contexte où ces choses doivent être dites, où il y a de plus en plus de mouvements en ce sens qu'il faut saluer. Je suis ministre des Loisirs et des Sports, très préoccupé par ces questions de la sécurité, de l'environnement sain, des agressions possibles, de ce qu'il faut faire pour les contrer, de la violence, de ces agressions psychologiques aussi, de tous ces événements qui ne contribuent pas au plein développement des personnes, et qui n'assurent pas leur sécurité, et surtout l'épanouissement de leur plein potentiel.

Je suis accompagné bien sûr d'Hélène, que vous connaissez, qui est ministre de la Condition féminine, avec qui j'ai un plaisir fou à travailler dans nos champs respectifs d'éducation. Mais encore une fois, cette fois-ci, comme nous l'avons fait au moment de ton forum, Hélène, sur les agressions sexuelles, lorsqu'on a discuté de l'éducation à la sexualité dans les écoles, nous avons travaillé ensemble.

Ces femmes qui sont avec nous ont des demandes. Ils souhaitent que chacune des fédérations sportives au Québec et au Canada, également dans les autres provinces, aient des protocoles, des plans d'action pour prévenir, pour contrer, pour accompagner les athlètes qui se retrouveraient dans des situations comme les leurs. Ils souhaitent que le financement public soit conditionnel à ces protocoles qui existeront dans l'avenir et qui existent déjà, en passant, dans certaines fédérations, mais souhaitent qu'il y ait ce lien conditionnel entre l'existence, et l'application, et le financement public, souhaitent également qu'il y ait des analyses ou des études indépendantes faites pour s'assurer que tout est fait correctement. On a pris cet engagement au gouvernement. J'ai choisi et j'ai donné mandat au ministère de l'Éducation, des Loisirs et des Sports de procéder aux modifications des règles et modalités qui nous régissent avec les fédérations sportives au Québec pour que tout ça soit fait d'ici 2020.

Vous dire en terminant que nous avions déjà débuté certains travaux avant même la sortie de ces jeunes femmes derrière moi. Pourquoi? Parce que nous sommes déjà engagés dans cette question. Je soutiens un organisme, qui s'appelle Sport'Aide, qui est déjà présent, qui est naissant, qui est sous, je dirais, la responsabilité et d'autres de Guylaine Dumont, qui est une autre ex-athlète qui s'engage pour ces athlètes, pour s'assurer qu'ils aient toujours le respect dans la pratique de leur sport et qu'ils aient un environnement sécuritaire.

Je terminerai en saluant tous les élus de l'Assemblée nationale qui, aujourd'hui, ont adopté de manière unanime cette motion, qui ont soutenu, qui vous ont rencontrés, je pense. Leurs caucus respectifs également vous ont rencontrés aujourd'hui. Vous dire que nous sommes tous préoccupés. On pose des gestes importants, on pose des gestes au quotidien lorsqu'on est ministre ou député dans une assemblée nationale. Aujourd'hui, moi, c'est une journée dont je me souviendrai, parce que c'est un geste extrêmement important à poser pour les générations actuelles d'athlètes et pour les générations futures. Voilà en ce qui me concerne.

Mme David : Oui. Alors, merci, Sébastien, qui est toujours très sensible. Et c'est un honneur pour moi, mesdames, vraiment d'être avec vous aujourd'hui. C'est un grand honneur d'être ministre de la Condition féminine, de pouvoir une fois de plus, je dirais, être exposée, mais avec vous et à travers vous, à cet immense fléau que constituent les violences à caractère sexuel.

Ça fait plus de 18 mois maintenant que, dans un domaine ou dans un autre, que ça soit au Québec ou à travers la planète, il y a un mouvement de femmes, il y a un mouvement de femmes et d'hommes qui les appuient pour dire haut et fort que ce n'est plus acceptable. Ces femmes gardent le silence depuis tellement d'années. Il y a tellement de femmes qui gardent le silence depuis tellement d'années qu'on ne peut absolument pas rester insensible à ça. Et effectivement je salue, moi aussi, le courage de ces femmes, mais je salue aussi l'exemple qu'elles donnent à toutes les femmes de la planète, de dire : C'est assez, ce n'est pas acceptable. Et nous avons un devoir comme société d'agir, comme gouvernement d'agir, chacun dans nos domaines, pour dire : Nous ne voulons plus ça.

Mon collègue a rappelé le forum qu'on a tenu au mois de décembre, avec sept ministres, le premier ministre. Ce n'est que tous ensemble et toutes ensemble que nous pourrons contrer ce fléau et qu'il n'y ait plus un seul agresseur qui puisse, en toute impunité, poser des gestes, et une seule victime qui doivent se taire. Alors, vous êtes des exemples pour la société. Vous êtes des exemples pour toutes les femmes de la planète. Je vous remercie infiniment d'être ici avec nous.

Journaliste : M. Proulx…

La Modératrice : Attendez, je pense que les dames souhaitent parler un petit peu.

M. Proulx : Est-ce qu'une d'entre elles avait un petit mot à dire?

Une voix : On a chacune quelque chose à dire.

M. Proulx : Allez-y. Alors, dites-le, puis on répondra aux questions après. Allez-y, avancez-vous…

Mme Kelly (Gail) : Oui. Gail Kelly. Bonjour. Comme vous vous en doutez, ça a été vraiment une semaine, là, forte en émotions, cette dernière semaine, avec notre sortie publique et ce que nous demandions pour avoir un environnement sécuritaire et sans abus. J'avais des attentes, mais je dois avouer que la vitesse du gouvernement du Québec m'a impressionnée.

D'être ici devant vous aujourd'hui avec cette motion me rend tellement fière de ce qui a été accompli par nos gouvernements et les parlementaires depuis une semaine. Aujourd'hui, c'est un grand pas, ici, au Québec, pour que nos enfants puissent grandir dans un environnement sportif sécuritaire sans abus. En notre nom, leur nom, mes enfants, vos enfants, merci. Merci. Merci vraiment, de tout mon cœur.

Nous sommes 12 victimes, trois ici sont à mes côtés. Les huit autres sont tous ici, avec nous, en pensée et plus spécifiquement Amélie-Frédérique Gagnon, Allison Forsyth, Gillian McFetridge et Katie Betram. Vous êtes tous des femmes exceptionnelles, fortes, courageuses. Ensemble, nous formons une équipe unie, et, sans vous, je ne serais pas ici aujourd'hui. Merci d'être à mes côtés. Je vous en serai toujours reconnaissante. Merci.

Mme Cousineau (Émilie) : Émilie Cousineau. Donc, bonjour. J'aimerais prendre quelques instants pour remercier le gouvernement du Québec et tous les parlementaires d'avoir entendu notre voix et de s'être levés. Merci.

J'aimerais également profiter de cette occasion pour mentionner que chacune d'entre nous avons reçu plusieurs messages de la part d'autres victimes d'abus désirant en parler. Nous vous remercions de votre courage. Vous nous inspirez et motivez à poursuivre nos démarches. Nous espérons que notre histoire donne du courage à d'autres victimes de parler, de se lever. En tant que victime, je peux affirmer qu'il s'agit d'un processus libérateur. Cela me permet de poursuivre dans ma guérison. En fait, pour la première fois depuis trop longtemps, ma colère s'émousse.

Nous voulons donner le courage à chaque personne qui le désire de trouver sa voix. Aujourd'hui, nous venons de faire un grand pas, et je crois sincèrement que nous sommes sur la bonne voie. Merci du fond du cœur.

Mme Prchal (Anna) : Bonjour. Je m'appelle Anna Prchal. J'aimerais tout d'abord remercier le gouvernement du Québec de nous avoir invitées parmi vous tous aujourd'hui. Votre écoute vaut tellement cher dans nos cœurs.

Comme vous pouvez imaginer, la dernière semaine fut très éprouvante émotionnellement et, en même temps, tellement libérateur. Partager mon expérience avec le grand public m'a apporté énormément de force, et je chemine chaque jour vers la guérison. Être aux côtés de ces femmes extraordinaires, je me sens plus forte que jamais. L'immense vague de soutien que nous recevons à chaque jour depuis la dernière semaine, de tout près et de loin, nous a donné le momentum pour poursuivre ce mouvement et continuer la conversation. Et cela ne s'arrête pas là. Avec la volonté politique, il peut y avoir du changement concret, rapidement. J'espère de tout cœur que les autres provinces et le gouvernement fédéral suivront les traces du Québec pour rendre l'espace sain, sécuritaire et sans abus.

Thank you to the Government of Québec for hearing us, supporting us and taking the lead in making sport a safe, healthy and happy environment for our kids. People are ready and receptive for this change. The time is now. We cannot forget what has taken place and must not let it ever happen again. We are committed to seeing definitive action take place and will continue our efforts in order that the rest of the provinces and federal Government act without delay. Thank you very much. Merci.

Mme Simard (Geneviève) : Bonjour. Geneviève Simard. Tout d'abord, je tiens à remercier le gouvernement du Québec et tous les parlementaires pour votre accueil généreux. Aujourd'hui marque une journée très importante dans le sport parce qu'à partir de maintenant nos jeunes pourront exercer le sport de façon saine et sécuritaire. Ils seront en mesure de réaliser leurs rêves et leur plein potentiel.

J'aimerais prendre un moment afin de raconter une partie de mon histoire. Suite aux abus que j'ai subis, il est devenu très difficile pour moi de faire confiance aux gens, spécialement aux hommes. Mais le support que j'ai eu et continue de recevoir des gens de B2dix a changé ma vie. B2dix a su gagner ma confiance et, par leur approche... je ne serais pas ici sans eux. Ensemble, nous avons travaillé avec cœur pour que nos valeurs d'intégrité et de respect soient celles de notre engagement pour la cause, c'est-à-dire un environnement sportif sans abus. C'est une réelle inspiration pour moi d'être à leurs côtés et au côté des filles qui sont ici aujourd'hui afin de poursuivre ce que nous avons commencé pour un monde meilleur. J'en fais ma mission. Merci.

Mme Richer (Jocelyne) : M. Proulx, ça donne une fois de plus l'impression que ça prend des drames personnels pour que le gouvernement agisse et intervienne. Est-ce que votre gouvernement et les gouvernements précédents n'ont pas fermé les yeux pendant les années, fait preuve de laxisme envers les fédérations sportives pour protéger les jeunes athlètes?

M. Proulx : Bien, je vous dirais, moi, je ne peux pas vous parler de ce qui a été fait avant, je n'y étais pas, mais je peux vous parler pour ce qui est fait maintenant.

Moi, j'ai le privilège d'être ministre responsable des Loisirs et des Sports depuis 2016 et il s'est fait déjà pas mal de choses. Les gens vous le diraient, au ministère, nous travaillons sur plusieurs mesures d'encadrement aussi pour les lier aux formules de financement. J'ai parlé tout à l'heure quelques instants, et si je ne l'ai pas fait, je vais le faire, de l'organisme Sport'Aide qui est supporté par le gouvernement, qui a été mis en place par une ancienne athlète et d'autres, qui est un organisme que nous soutenons, qui est, au-delà d'une ligne téléphonique, un lieu, un espace pour pouvoir discuter de ce qui va, de ce qui ne va pas, de nos possibilités, de nos moyens pour se faire entendre, autant que nous soyons des athlètes ou que nous soyons des parents, parce qu'il y a aussi des choses à comprendre dans les relations athlète et entraîneur, par exemple, pour des exemples que vous connaissez.

Moi, je ne suis pas d'accord avec vous sur le fait qu'il ne se fait rien. Est-ce qu'on doit faire davantage? La réponse, c'est oui. Est-ce qu'on doit uniformiser les pratiques? La réponse, c'est oui. Est-ce que, dans l'ensemble du Canada et au fédéral, on devrait aussi uniformiser nos pratiques à cet égard? La réponse, c'est oui, parce qu'on a des athlètes, aujourd'hui, à protéger.

Une chose est, pour moi, certaine, c'est qu'il y a déjà des gestes qui ont été posés. Pour avoir ces discussions autant avec le ministère qu'avec des gens de Sports-Québec ou d'autres, il y a des mesures mises en place. La règle du deux personnes toujours avec un athlète, que ce soit un autre athlète ou un entraîneur, existe, par exemple, dans plusieurs fédérations. Il y a des mesures mises en place. Est-ce que tout est parfait? Non. Mais vous avez parlé de laxisme...

Mme Richer (Jocelyne) : Si tout ce qui devait être fait avait été fait, on ne serait pas ici aujourd'hui.

M. Proulx : Bien, très honnêtement et très respectueusement, il y aura beau avoir toutes les règles, il y aura toujours des agresseurs, il y aura toujours des criminels, il y aura toujours des drames. Il y aura moins de drames, possiblement moins d'agresseurs et moins de criminels, mais je ne pense pas qu'il y a une règle qui peut être mise en place et qui va nous donner le résultat zéro, bien respectueusement dit.

Maintenant, c'est à nous de les protéger. C'est à la société de protéger ces jeunes qui n'étaient pas en mesure, à ce moment-là, oui, de consentir ou non, d'intervenir différemment que ce qu'ils ont fait, être obligé, après plusieurs années, Hélène l'a dit et les athlètes l'ont dit également, être obligé, après plusieurs années, de sortir de l'ombre, de s'inscrire dans le processus judiciaire pour obtenir l'autorisation d'aller dans la lumière. Ce n'est pas simple et ce n'est pas tout le monde qui veut le faire.

Ce ne doit pas être compliqué si on veut dénoncer. Il faut que ce soit facile et c'est ce qu'Hélène a toujours porté, de saluer le travail qu'elle a fait à cet égard pour toutes ces questions reliées aux agressions. Il faut mettre en place des mesures qui font que les gens pourront, en toute confiance, agir, mais ce n'est pas vrai qu'on ne fait rien.

Mme Richer (Jocelyne) : Mme David, sur ce point-là, est-ce que la société a fait preuve de laxisme dans le passé, a trop longtemps fermé les yeux sur ces cas-là?

Mme David : Écoutez, la réponse, c'est oui. La réponse, c'est oui. Ça fait des décennies, et des décennies, et des décennies. Il n'y a pas un homme, il n'y a pas une femme ici qui va douter de ce que je dis. On ne peut pas douter que c'est un fléau mondial. Regardez dans toutes les sociétés, regardez ce qui se passe en Inde, regardez ce qui se passe partout, regardez ce qui se passe dans tous les viols dans les réfugiés, dans les Rohingyas, dans... partout.

Alors, que le corps de la femme soit un objet d'exploitation, un abus de pouvoir, ça fait des siècles que ça dure. Et le mouvement #metoo est en train de dire : Ça suffit! les femmes ne sont plus un objet d'exploitation. Nous, les femmes, ne nous soumettrons plus à ce rapport de pouvoir. C'est ça qui est en train de se passer.

Alors, est-ce qu'il faut agir? Certainement. Est-ce qu'il faut dénoncer? Certainement. Mais pourquoi ces femmes n'ont pas dénoncé depuis 20 ans? Parce que la société n'était pas prête, ni à entendre, ni à agir, ni à bouger. Maintenant, on est prêts à entendre, à bouger et à agir, enfin, avec des mouvements comme nous posons aujourd'hui. Mais ce n'est pas juste à nous à faire ça, c'est à l'ensemble de la société. Ça peut être dans différents milieux. Et on n'a plus le droit de rester les yeux fermés par rapport à ça. Alors, il faut le dire. Merci d'être ici et d'écouter tout ça.

M. Laforest (Alain) : Vous attendez quoi des fédérations canadiennes? C'est beau, les fédérations québécoises vont bouger, mais vous attendez quoi d'Ottawa, vous attendez quoi des autres provinces?

Mme David : En tout cas, moi, je peux vous répondre pour moi. On...

M. Laforest (Alain) : Ces jeunes filles là sont allées s'entraîner à Calgary. Dans d'autres provinces canadiennes, vous attendez quoi, là, pour le reste du pays?

Mme David : Je vais laisser mon collègue répondre, mais...

M. Laforest (Alain) : C'est beau de bouger au Québec, là, mais on fait quoi ailleurs?

Mme David : C'est déjà beau qu'on le fasse, nous autres, beaucoup au Québec, puis on va parler à nos vis-à-vis.

M. Laforest (Alain) : Oui, mais les athlètes professionnels vont s'entraîner à l'extérieur du Québec, souvent.

M. Proulx : Les démarches, et moi, j'appuie ce que dit Hélène à cet égard-là, les démarches qui sont faites par ces gens derrière moi et d'autres ont porté fruit au Québec. Alors, nous faisions des choses, nous allons faire davantage.

Maintenant, ils vont continuer leur travail de sensibilisation à l'égard des autres provinces qui, en passant, vont imposer aux fédérations ces obligations, et nous, on sera à leurs côtés pour sensibiliser également les autres provinces et le fédéral. Nous nous sommes entretenus avec elles tout à l'heure pour leur dire que nous-mêmes allons faire parvenir la démarche d'aujourd'hui au gouvernement fédéral, allons intervenir auprès de nos homologues en question pour les sensibiliser à cette question.

Ça ne doit pas être qu'une question québécoise. Hélène vient de le dire, c'est un enjeu qui nous dépasse et qui dépasse toutes les frontières. Cette nécessité de protéger des athlètes dans la pratique de leur sport n'est pas québécoise. Elle est universelle, et ça doit être fait à l'intérieur de nos propres juridictions.

Alors, nous, on va le faire à l'intérieur du Québec, on va sensibiliser les homologues fédéraux et des autres provinces, et je pense, je suis à peu près certain, qu'il y aura davantage d'athlètes pour dire que nous avons raison et qu'il faut, nous, les appuyer dans leurs démarches auprès des autres.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Il y a combien de fédérations sportives reconnues par le gouvernement du Québec et combien... quelle proportion d'entre elles se conforment déjà aux nouveaux critères que vous fixez aujourd'hui?

M. Proulx : Ah! écoutez, moi, bien, je n'ai pas… Il y a un peu plus d'une soixantaine de fédérations sportives au Québec. Je ne vais pas aujourd'hui faire la nomenclature de celles et ceux qui répondraient au test, si c'était un test que nous déposons aujourd'hui. Je peux vous dire, pour travailler de près ces dossiers-là depuis un certain temps déjà avec d'autres mesures, qu'il y a des choses qui sont en marche. Maintenant, il reste à ajouter pour uniformiser à la grandeur du Québec ce que je viens de vous dire. Alors, vous aurez ces informations en temps et lieu.

Et ce qu'il fallait prendre comme décision, premièrement, c'était de dire : Est-ce qu'on veut faire ce qui nous est demandé et ce qu'on nous pensons nécessaire de faire? La réponse, c'est oui. On va travailler de manière administrative. On va entrer en contact avec chacune de ces fédérations. Ils vont mettre sur la table les protocoles qu'ils ont, s'ils ont des protocoles, et clairement ils devront, dès les prochaines règles et modalités que nous serons en mesure de modifier, se retrouver dans l'obligation de les suivre, sinon, verront des pénalités ou le financement coupé.

M. Bélair-Cirino (Marco) : …2020, 2021?

M. Proulx : D'ici 2020, l'objectif étant d'agir d'ici 2020. Ces règles et modalités sont, je dirais, présentées au Conseil du trésor une fois par année. Le financement est annuel à l'égard des fédérations. Alors, dès la prochaine série de discussions ici, autant au sein du ministère que du Conseil du trésor, pour établir ces modalités, ce sera à l'agenda de nos rencontres.

M. Laforest (Alain) : Pourquoi c'est si long?

M. Proulx : Bien, ce n'est pas long, ça va prendre…

M. Laforest (Alain) : Bien, 2020, c'est deux ans, là.

M. Proulx : Non, j'ai dit d'ici 2020, parce que nous sommes actuellement en négociation pour les règles 2019, pour la prochaine année, si vous voulez. Nous sommes à terminer cette année, donc on est en train de travailler à modifier les autres.

Alors, moi, je veux m'assurer, et ça a été discuté avec les gens également qui sont d'accord avec nous, qu'il faut être capables de faire en sorte que, le plus rapidement possible, ce soit changé, l'objectif étant dès la prochaine année. Mais, quand je dis d'ici 2020, ça veut dire dans la prochaine année, mais au plus tard au début de l'année 2020 pour l'année financière 2020.

M. Chouinard (Tommy) : On ne fait pas seulement demander aux fédérations sportives, donc, d'adopter un programme de protection…

M. Proulx : On fait plus que ça.

M. Chouinard (Tommy) : …on dit : On rend conditionnelles les subventions à l'adoption d'un tel programme.

M. Proulx : Et on va ajouter une autre mesure.

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce que c'est parce qu'il y a quelque résistance que ce soit dans les fédérations sportives à se voir, si on veut, imposer un programme de protection qui soit uniforme?

M. Proulx : Non, écoutez, je n'ai pas d'information à l'égard que les fédérations sportives ne voudront pas embarquer dans ce processus, pas du tout. On ne le fait pas parce qu'ils ne veulent pas, on le fait parce que c'est nécessaire de mettre des mesures coercitives pour s'assurer que ça se fasse. Ça, c'est la première chose.

La deuxième, j'ajouterais à ce que vous venez de dire, M. Chouinard, on va également s'assurer qu'il y ait une reddition de comptes et qu'il y ait des gens extérieurs, donc, des, je dirais, analyses ou des superviseurs indépendants qui viendront s'assurer que le travail est bien fait et que le protocole est en place, que les mesures que nous souhaitons mettre de l'avant soient complétées et réalisées.

Alors, ça va ajouter à cette pression auprès des fédérations. Ça va nous assurer d'avoir un oeil extérieur aux fédérations elles-mêmes, et, dans ce contexte-là, on pourra s'assurer de mieux protéger nos athlètes.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que la présence de deux accompagnateurs est une condition sine qua non pour que le gouvernement reconnaisse la valeur du plan d'action pour prévenir les agressions?

M. Proulx : Il est trop tôt pour vous donner toutes les modalités fines de ce que nous ferons comme changements. Maintenant, vérification faite, et là je ne suis pas présent dans toutes ces fédérations et dans tous les événements nationaux et internationaux où il y a des déplacements, mais, de ce que j'entends, il y a déjà des mécanismes de protection, je dois dire, ou des façons de faire qui ont évolué avec le temps. Ces pratiques d'au moins deux accompagnateurs ou de toujours se retrouver au minimum trois dans un contexte où on est en présence de l'athlète, existent déjà pour plusieurs. Il y a déjà des gens, des fédérations, des comportements qui ont évolué.

Est-ce qu'on a fait suffisamment au fil du temps? Je le répète, pour uniformiser, mettre en place, les mesures les plus optimales de protection, la réponse, c'est non. Alors, on va s'assurer que pour ceux qui ne le font pas, ils puissent aller jusque là. Mais est-ce que ce sera une des mesures ou des modalités fines? Les discussions sont déjà engagées autant avec des athlètes, qu'avec le milieu des fédérations, qu'avec le ministère des Loisirs et Sports.

Mme Cloutier (Patricia) : Est-ce qu'on peut entendre une des athlètes là-dessus, à savoir sur les... je ne sais pas s'il y en a une qui serait à l'aise de répondre, là, sur qu'est-ce que ça prendrait, si on veut, là, pour que ce soit vraiment efficace. Est-ce que les deux accompagnateurs, d'être toujours trois, c'est une façon qu'il n'y ait pas d'abus?

Mme Simard (Geneviève) : On pense que qu'est-ce qui est vraiment important, c'est qu'il y ait une formation, donc un cours qu'on aimerait livrer en ligne pour tout le monde impliqué dans le sport, donc les athlètes, les bénévoles, les entraîneurs, même les gens du C.A. Donc, on a travaillé en écrivant notre plan de sécurité avec les gens du Centre canadien de la protection de l'enfance, à Winnipeg. Eux, ils font de la formation en ligne, il y a un cours qui existe déjà.

Nous, il faut juste le mettre de... tu sais, il faut le modifier pour que ça soit plus applicable au sport, mais il y a plein d'outils qui existent déjà, donc ce n'est pas... on ne réinvente pas la roue. Après ça, un officier indépendant qui s'assure que ces choses-là sont mises en place, ce serait important aussi. Donc, à l'extérieur de la fédération, ça fait aussi une voix qu'on peut dénoncer, si on a à dénoncer, puis c'est quelqu'un de neutre, puis il y a de la conformité aussi. Tu sais, c'est beau avoir un plan dans un tiroir, mais ça n'a pas de vie, ça. On veut que ça soit suivi, donc c'est pour ça qu'on pense que c'est important qu'il y ait un lien directement avec le financement, pour que ces formes-là, bien, toutes soient bien suivies, respectées, engagées.

Mme Cloutier (Patricia) : Donc, ça ne serait peut-être pas possible d'exiger qu'à l'avenir tous les athlètes aient toujours deux personnes avec eux ou avec elles, là, lors des voyages ou des compétitions ou d'être jamais seul à seul avec un entraîneur, par exemple?

Mme Simard (Geneviève) : Bien, si on avait ça en place, ça créerait un filet de sécurité, parce que, pour un prédateur, de faire ce qu'il veut faire, il cherche l'isolement de la personne. Donc, ça n'a pas besoin d'être nécessairement deux entraîneurs. Un entraîneur, un chaperon, une mère, une tante, peu importe, c'est juste s'assurer qu'il y ait tout le temps deux adultes en place avec un enfant, puis ça, c'est à tous les niveaux : dans les entraînements, les places de compétition puis dans les voyagements aussi.

Mme Cloutier (Patricia) : Est-ce que le gouvernement a vraiment dit oui à tout ce que vous aviez suggéré, par exemple, dans le protocole ou il y a des choses, là, il y a eu des négociations ou, en tout cas, des...

Mme Simard (Geneviève) : Bien, ça, je vais laisser le ministre en parler. Je n'ai pas fait partie de toutes les négociations, mais ça a été très positif.

M. Proulx : Bien, juste peut-être pour répondre à votre question précédente, est-ce qu'on pourrait, dans le cadre d'un protocole, exiger qu'il y ait plus d'une personne avec l'athlète?, la réponse, c'est oui. Si c'est la mesure à mettre de l'avant, elle fera partie... Est-ce qu'il peut y avoir des variations? Est-ce que ça peut être deux entraîneurs seulement? Est-ce qu'il faut que ce soit des adultes?

Alors, ces critères-là seront mis en place pour s'assurer qu'on respecte aussi la spécificité du sport, j'imagine, et la capacité de ceux et celles de le pratiquer, et ceux et celles... d'être les entraîneurs ou les accompagnateurs. Donc, il faut s'assurer que la poursuite puisse continuer. À terme, on veut plus d'athlètes au Québec, hein, puis on veut que le sport d'élite continue de se développer, parce qu'il y aura un plus grand bassin récréatif. C'est la spirale qui nous amène à avoir encore des meilleurs, c'est tant mieux. Alors, il faut juste mettre des conditions qui vont favoriser ce sport.

Sur les discussions que nous avons eues, très sincèrement, nous avons dit oui à l'ensemble des orientations qui ont été proposées. Est-ce que dans les modalités, là, est-ce qu'on va être capable de trouver tout ça? La réponse, c'est oui. Est-ce qu'on va rendre applicables ces orientations? La réponse, c'est oui. Mme Simard parle de gens indépendants, bien, on a des idées. J'ai des idées à mettre de l'avant. J'ai parlé tout à l'heure de différents organismes avec lesquels on travaille. Le ministère peut jouer un rôle également à l'égard de tout ça.

Donc, on va mettre toutes nos ressources au service de cet objectif de rendre la pratique de nos sports plus sécuritaire.

Journaliste : What difference does that make in your life today with this action plan that will be put in place? What difference would that make?

Mme Simard (Geneviève) : Well, it insures us that what has happened to us before will not happen again, because there will be things in place that will make it really difficult for an abuser to do what he does. And by having that safety plan in place, well, there will be education for kids that now are in sport that can get educated on the topic.

So, if they ever find themselves in a situation that's not ideal, red flags will pop. They'll have someone to go talk to, someone neutral, hopefully not part of the federation, but someone that will be there to listen to them. And there needs to be compliance. And we feel, in amateur sports in Canada, so much of it, in the budget, is funding from the Government. We feel like if it's… if we add one more criteria for funding and it's to have a certified safety plan, then we feel that this is how we're going to make it much safer for our kids and our future athletes.

Journaliste : You feel relieved?

Mme Simard (Geneviève) : Absolutely, super relieved. I mean, it was always a big goal of ours to make… to have something positive come out of what happened to us, and, with what happened this week, we're really, really happy and completely delighted. I mean, they heard us, they responded fast, and now we're trying to create that same noise federally. But, I mean, I'm really proud that the Québec Government stepped up, and they were the first ones to do the right thing. I mean, it's admirable.

Mme Fletcher (Raquel) : The rollout of it seems like it's going to take a couple of years for it to be in place across the board.

Mme Simard (Geneviève) : Well, so latest in 2020, but we're going to start doing now what needs to be done in order to put it in motion. It's just a fiscal year, it's a budget. I mean, it takes a while, but we're going to get going right now and we're going to… we have a sort of a deadline, 2020. It's really hot in here.

Des voix : Ha, ha, ha!

Mme Fletcher (Raquel) : So you're not disappointed at all that…

Mme Simard (Geneviève) : No, I feel like this things take time, and they responded quickly, and the outcome is really positive. So, I mean, we were aware that this takes time and we want to do it right, so let's do it right, take the time that it needs, and then, when it's in place and it can be complied with, we'll have an abuse free sport environment.

Des voix : Merci.

(Fin à 12 h 50)

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