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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin

Version finale

Wednesday, June 13, 2018, 12 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Douze heures quarante-sept minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Québec solidaire est très fier d'avoir déposé aujourd'hui une pétition de plus de 15 200 noms, une pétition qui formule une demande très simple, qui demande une réforme urgente du système de consigne au Québec, notamment en ce qui a trait au recyclage du verre. Je suis entouré aujourd'hui de trois représentants syndicaux qui mènent cette bataille-là depuis longtemps.

Le problème du recyclage du verre, il est connu, il est largement documenté. Ça fait plusieurs ministres de l'Environnement qui reconnaissent le problème, qui reconnaissent la nécessité qu'on procède à une réforme du système de consigne, mais malheureusement les gestes se font toujours attendre. Il faut savoir, c'est 218 millions de bouteilles de vin et de spiritueux qui sont vendues chaque année, mais il y a seulement 14 % du verre placé au recyclage qui est réellement recyclé. Ça, c'est du verre qui est perdu et qui pourrait être réutilisé.

Il y a un consensus social, au Québec, sur cette question-là, un sondage récent qui a démontré que c'est 92 % des Québécois et des Québécoises qui souhaitent une modernisation du système de consigne et 91 % des Québécois et des Québécoises qui souhaitent qu'on élargisse la consigne aux bouteilles de vin. Donc, il y a un consensus social, les gens reconnaissent le problème, reconnaissent qu'il faut des solutions. Malheureusement, le gouvernement libéral traîne de la patte et n'a toujours pas agi.

Alors, je vais laisser la place aux représentants syndicaux, qui vont, disons, renchérir sur les nécessités d'une telle réforme.

M. Patry (Pierre) : Bonjour. Je suis Pierre Patry, trésorier de la CSN. Ça me fait extrêmement plaisir d'être ici aujourd'hui et d'avoir contribué, avec nos amis des autres organisations syndicales, à la signature des pétitions qui démontrent qu'effectivement il y a un large consensus au Québec pour qu'il y ait consigne des bouteilles de vin et des bouteilles de spiritueux, comme ça se fait dans presque toutes les provinces canadiennes, donc c'est possible de le faire.

Nous, on en appelle aussi à un débat plus large sur toute la question du recyclage au Québec. On l'a vu dernièrement dans les reportages, une grande partie est expédiée en Chine. La Chine ne veut plus de ce produit-là, et on a de la misère à développer notre marché local, compte tenu qu'il y a un problème de qualité dans les matières qu'on a, lié notamment au fait qu'il y a des bouteilles qui viennent souiller le reste des matières recyclables.

Donc, on pense qu'on a un dossier qui pourrait faire en sorte qu'on développe un marché local qui développe l'emploi et qui se fait dans le respect de l'environnement. Et nous, on appelle à un débat large de la part de toutes les composantes de la société, c'est quoi, la responsabilité des entreprises, des organisations et, évidemment, de l'État si on veut faire en sorte de rencontrer nos obligations comme société à l'effet d'avoir un environnement qui soit sain et de diminuer l'émission de gaz à effet de serre.

M. Lemieux (Dominic) : Alors, bonjour. Dominic Lemieux, je suis adjoint au directeur québécois du Syndicat des métallos. Première question : Pourquoi les syndicats s'intéressent à ça? Bien, c'est sûr que la question de l'environnement... Souvent, les syndicats ont été des acteurs importants de changements de la société québécoise. Encore une fois, on le prouve aujourd'hui.

Je viens, aujourd'hui, représenter les travailleurs d'Owens-Illinois, près de 400 emplois de qualité, à Montréal, où est-ce qu'on est obligés d'importer du verre recyclé. Il n'y a aucun verre recyclé qui provient du Québec. On nous dit qu'on pourrait utiliser jusqu'à 500 tonnes par semaine de verre recyclé qui proviendrait du Québec, mais malgré ça le gouvernement s'entête quand même à ne pas vouloir imposer une consigne à la société d'État qui appartient au gouvernement. Donc, nous, ce qu'on demande, c'est de consolider 400 bons emplois, de favoriser la consigne, comme ça on ne serait pas obligés d'importer notre verre, au Québec.

Vous savez, on nous dit, là : C'est environ entre 50 % et 80 %... plus de 80 % des contenants de verre qui sont achetés à la SAQ qui sont enfouis. Pour faire une histoire... Bien facilement, chaque personne qui va acheter 12 bouteilles de vin, si on vous demandait de creuser un trou chez vous puis de mettre six à huit bouteilles de vin enfouies chez vous, personne ne voudrait faire ça, au Québec, mais c'est exactement ce qu'on fait. On prend environ entre 150 millions, 180 millions de bouteilles, annuellement, puis on enfouit ça au Québec, on creuse un trou, on met ça dans le trou. C'est inacceptable, au Québec, rendu en 2018, d'autant plus qu'on est seulement deux provinces canadiennes.

Donc, ce qu'on demande, c'est vraiment au gouvernement québécois de mettre ses culottes, d'imposer à la SAQ qu'ils puissent avoir une consigne. Ça va être bon pour tout le monde. Merci.

M. Latour (Joel) : Bonjour. Joel Latour, président des syndicats des centres de distribution Montréal et Québec.

Pour renchérir, dans le fond, dans la même veine que mes collègues, nous, c'est assez simple, les travailleurs de la SAQ sont prêts à emboîter le pas dans cet enjeu environnemental là. Et notre grand réseau de distribution, qui est déjà bien implanté, je pense qu'on pourrait saisir la balle au bond pour s'en servir pour récupérer, justement, les bouteilles de verre qui pourraient être rapportées dans nos succursales partout à travers la province. Donc, je saisis l'occasion pour maintenir cet enjeu-là envers notre gouvernement, qui se doit de prendre les mesures nécessaires pour instaurer une consigne le plus rapidement possible. Merci beaucoup.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Quels sont les opposants à votre idée? Je veux dire, si ça ne se fait pas, c'est qu'il y a quelqu'un quelque part qui ne doit pas être pour.

M. Patry (Pierre) : Bien, moi, je dirais, pour l'instant, le principal opposant, c'est le gouvernement du Québec.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Oui, mais qui reçoit de la pression de qui, de la SAQ, des épiceries?

M. Patry (Pierre) : Bien, la SAQ, probablement les gens qui font l'enfouissement également. Bon, il y a aussi des groupes peut-être dans le recyclage qui sont moins favorables, moins favorables à ça, parce qu'il faut savoir que le financement, là, dans les entreprises de recyclage, c'est au poids. Donc, s'il y a de la consigne qui se fait, par exemple, à la SAQ, ça peut faire en sorte de diminuer le financement de cette consigne-là. C'est pour ça que nous, on appelle à un débat large parce que, finalement, il y a des intérêts strictement corporatistes, on n'agit pas en fonction du bien commun, et ça peut interpeler le rôle de l'État, puis qu'on trouve des solutions qui fassent en sorte qu'on favorise la consigne, mais qu'en même temps on puisse développer également des matières recyclées de qualité et développer l'emploi, développer l'emploi au Québec.

Donc, je pense que la pétition est un pas dans la bonne direction pour dire au gouvernement qu'il y a une forme de consensus au Québec sur cette question-là et qu'on est capables d'agir, là.

M. Lemieux (Dominic) : Donc, pour vous dire, juste revenir un petit peu en arrière, là, voilà à peu près 18 mois, on avait fait une première activité, les métallos seuls, de sensibilisation, où est-ce qu'on avait passé des tracts en avant d'une vingtaine de SAQ au Québec. Puis c'est la clientèle elle-même qui nous disait : Pourquoi vous ne faites pas une pétition? Pourquoi vous ne demandez pas au gouvernement de changer les choses? Puis c'est là qu'on est allés voir la CSN, qu'on est allés voir le SCFP, à savoir : Est-ce que c'est possible à faire? La CSN, le SCFP représentent les travailleurs de la SAQ, ils nous ont dit : C'est totalement faisable. Donc, c'est là qu'on a commencé nos deux vagues de signatures, puis, je vous dirais, au-delà de 90 % de la clientèle puis de la population étaient en faveur.

Donc, on relance un peu la question au gouvernement puis on vous invite à lui lancer la question. À la veille d'une campagne électorale, on voit les sondages ce matin : 92 % de la population est en faveur d'une consigne, au-delà de 90 %. Bien, qu'est-ce que le gouvernement attend si tout le monde est en faveur? Nous ce qu'on demande, c'est vraiment au gouvernement d'agir pour les générations futures, pour des emplois de qualité aussi. C'est vraiment important pour nous.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : M. Nadeau-Dubois, avez-vous l'impression que le gouvernement se laisse influencer par les lobbys? Si oui, lesquels?

M. Nadeau-Dubois : Oui, pour répondre à votre question, je vais citer David Heurtel, qui était ministre de l'Environnement à l'époque, lors de l'étude des crédits 2017. Ma collègue Manon Massé l'avait questionné puis lui avait posé cette question-là : M. le ministre, qu'est-ce qui bloque? Puis sa réponse avait été la suivante, je le cite : «...il faut faire quelque chose [...] en matière de gestion de l'environnement, et il y a beaucoup trop de ces contenants-là qui se retrouvent dans les sites d'enfouissement, [mais] on fait face [...] à des entreprises qui... à des multinationales importantes qui, elles, font valoir, avec des lobbys très importants, leurs positions, mais le fait est... c'est qu'on voit de l'évolution.»

Donc ça, c'est le ministre de l'Environnement, en 2017, qui... Donc, ce n'est pas Amir Khadir qui parle de multinationales importantes qui font valoir leurs positions avec des lobbys très importants, là, c'est David Heurtel, alors ministre de l'Environnement. Ce n'est quand même pas rien.

L'année précédente, en 2016, encore une fois, M. Heurtel, ministre de l'Environnement : «On travaille très activement sur le dossier. Quand on est rendus à 60 % de nos bouteilles de vin qui se retrouvent dans des sites d'enfouissement et des pourcentages, au niveau des contenants en plastique, qui sont alentour de 40 % qui se retrouvent également dans les sites d'enfouissement, c'est un échec, ce n'est pas bon, ce n'est pas ce qu'on peut souhaiter avoir comme résultats en 2016. Quand on se dit engagés dans la lutte contre les changements climatiques, qu'on se dit, justement, dans une gestion moderne des matières résiduelles, ce n'est pas satisfaisant.»

Donc, en 2016 et en 2017, on a le ministre libéral de l'Environnement qui reconnaît qu'il y a un problème, qui reconnaît que c'est urgent d'agir et, en 2017, donc l'an dernier, qui dit carrément qu'il y a des pressions de lobbys.

Alors, pour répondre à votre question, oui, je pense qu'il y a certains intérêts qui tentent de freiner cette réforme-là, et c'est dommage, parce que le consensus social, il est là, il est fort, puis c'est du gros bon sens. Les clients, les consommateurs sont prêts à faire le geste. Les travailleurs, travailleuses dans ce secteur-là le demandent. Tout ce qui manque, c'est un peu de volonté politique.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce que ça se peut que la SAQ craigne... Parce que, quand il y a une consigne, le prix des bouteilles augmente, je ne sais pas, moi, de 0,20 $, 0,30 $. Est-ce que la SAQ fait partie de ceux qui sont contre cette consigne?

M. Lemieux (Dominic) : Juste vous ramener, là, déjà la SAQ finance en grande partie le recyclage, puis la SAQ — je vous invite, là... — voilà trois semaines, a dit que c'était faisable. Elle-même est sortie en disant que ce serait faisable, puis ce ne serait pas une contrainte exagérée pour eux. Donc, quand vous parlez de consensus, il y a un consensus : tout le monde, la population, même la SAQ elle-même l'a dit, voilà trois semaines, que pour elle, là, c'était faisable de le faire. Donc, on demande vraiment : Où est-ce que ça bloque? La population le veut, la SAQ, elle, a dit : On est rendus en 2018, on est prêts à aller de l'avant. Où est-ce que ça bloque, c'est au gouvernement libéral.

M. Patry (Pierre) : ...un petit ajout. C'est fait dans huit provinces au Canada, donc c'est possible. Puis, pour la bière, on le fait depuis bon nombre d'années avec des entreprises privées, puis c'est un succès. Ça crée de l'emploi, première des choses, et c'est bon pour l'environnement, donc je pense qu'il y a une combinaison là.

Quand on adopte, là, des objectifs, comme le gouvernement du Québec s'est donné, de réduire les gaz à effet de serre de 37,5 % d'ici 2030 — objectif, d'ailleurs, auquel on adhère comme organisation, comme organisation syndicale — il faut poser les gestes qui sont conséquents, et la consigne des bouteilles va dans ce sens-là.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : M. Nadeau-Dubois, rapidement, sur un autre sujet, sur le Mondial. Est-ce que ça serait une bonne chose que Montréal reçoive des matchs ou...

Des voix : ...

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Ça ne sera pas très long. Oui, donc, pour le Mondial, est-ce que c'est une bonne chose que Montréal reçoive des matchs, ou est-ce qu'il y a un risque qu'encore une fois les fonds publics soient dilapidés dans des mesures de sécurité exagérées?

M. Nadeau-Dubois : Oui, bien, encore une fois, tout est dans la manière. C'est-à-dire que des événements sportifs majeurs comme ceux-là, c'est une bonne nouvelle. C'est une bonne nouvelle pour les amateurs, c'est une bonne nouvelle aussi pour les jeunes qui pratiquent ces sports-là. La question reste toujours celle de l'utilisation des fonds publics. Et nous, on va suivre ça très étroitement pour s'assurer que les fonds publics soient bien dépensés et qu'au nom des retombées économiques on ne vienne pas remplir les poches de certains commanditaires, ça fait qu'on va être très attentifs. Moi, je ne vous dirai pas aujourd'hui : C'est une mauvaise chose. A priori, c'est une bonne nouvelle, mais attention à l'utilisation des fonds publics.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Parce qu'on parle d'une organisation qui est milliardaire, où il y a déjà eu certaines questions d'éthique aussi, là.

M. Nadeau-Dubois : Oui, il y a énormément de questions qui vont se poser. On ne sait même pas encore si Montréal aura des matchs, donc on va attendre avant de pointer du doigt quiconque. Mais l'utilisation des fonds publics, dans ce genre d'événement là, c'est souvent problématique. Il y a eu des histoires d'horreur ou, en tout cas — des histoires d'horreur! — des dérapages dans certains pays, donc on va être très attentifs à ça parce qu'il n'est pas question que des fonds publics servent à enrichir des commanditaires privés, dans le cas de la FIFA comme dans le cas d'autres événements sportifs majeurs, comme la formule E récemment, par exemple.

(Fin à 12 h 59)

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