(Quinze heures cinquante-deux minutes)
M.
Arcand
:
Merci. Alors, bonjour à tous. Nous sortons évidemment de cette cérémonie d'assermentation,
qui est une cérémonie... même pour des députés qui ont quelques années d'expérience,
c'est toujours une cérémonie extrêmement émouvante, et je suis très heureux
aujourd'hui d'être accompagné par l'équipe des nouveaux députés que nous avons.
C'est 25 % de nouveaux députés que nous avons à l'Assemblée nationale, et
donc c'est un grand plaisir d'être ici aujourd'hui, et vous avez vu, je pense,
aujourd'hui...
D'abord, premièrement, je tiens à souligner
le fait que plusieurs ex-députés étaient présents aujourd'hui, des députés qui
ont été défaits, et c'est donc une indication que, pour nous, le combat est
loin d'être terminé et notre objectif très ferme, c'est de revenir encore plus
forts au cours des prochaines années.
Il y a, chez nos ex-députés, comme vous
avez pu le voir également chez nos militants, une motivation qui est très
grande, et je suis certain que nous allons travailler dans la bonne direction
dans l'avenir, et je suis certain également que notre formation politique, qui
sera, je le dis encore, l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, sera
évidemment capable de pouvoir talonner le gouvernement là où c'est nécessaire.
Alors, essentiellement, c'est les quelques
mots que j'avais à dire aujourd'hui, mais je pense que les... Je dirais que le
Parti libéral, dans son ensemble, vous avez vu tous les gens qui étaient ici
aujourd'hui, nous n'avons pas dit notre dernier mot et nous allons travailler
avec l'ensemble des régions du Québec pour pouvoir véhiculer, encore une fois,
ce que l'on considère être nos valeurs principales.
Voilà. Merci. Alors, s'il y a des
questions.
Mme Richer (Jocelyne) :
Bonjour, M. Arcand. Jocelyne Richer, La Presse canadienne.
Sur la question des signes religieux par
les employés de l'État, est-ce que vous allez être prêt à faire certains accommodements,
faire preuve de plus de souplesse ou si vous voulez maintenir la ligne dure sur
ce sujet-là?
M.
Arcand
:
Bien, c'est-à-dire, écoutez, on a passé un projet de loi... je crois que
c'est au mois de juin qu'on a passé le projet de loi. Donc, pour nous, ça fait
partie des valeurs que nous avons au sein de notre formation politique.
Évidemment, je ne suis pas en train de vous
dire aujourd'hui que nous allons nécessairement rejeter tout, sauf qu'on va
regarder de quelle façon le projet de loi va être présenté. Mais il y a une
chose qui est certaine, c'est qu'il n'y aura aucun compromis sur les valeurs
fondamentales de notre formation politique.
Mme Richer (Jocelyne) :
Est-ce que Bouchard-Taylor, ce serait acceptable aujourd'hui?
M.
Arcand
:
Écoutez, vous le savez, même... D'abord, premièrement, vous savez que même M.
Taylor avait des objections dans certains domaines. Donc, nous, on a adopté
80 % à peu près du rapport Bouchard-Taylor. Il y avait des éléments qui ne
faisaient pas notre affaire. On en a discuté depuis nombre d'années. Au cours
des quatre ans de mandat, ça a pris beaucoup de temps de discussions et qui a
abouti au projet de loi qui est devenu la loi n° 62, et, pour moi, je ne
comprends pas encore pourquoi la CAQ considère que c'est une priorité au Québec
actuellement.
Pour moi, la priorité numéro un au
Québec, c'est la pénurie de main-d'oeuvre, et je souhaite que le gouvernement
travaille là-dessus plutôt que sur des éléments qui suscitent beaucoup plus la
division qu'autre chose.
La Modératrice
: Merci.
Donc, je passe le micro à Hugo.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Justement, vous dites que le Parti libéral doit reconnecter avec l'électorat
francophone au cours des prochaines années. Il y a un travail de réflexion qui
est à faire. Il y a un parti politique qui a gagné les élections, la Coalition
avenir Québec, qui, elle, proposait des mesures plus restrictives par rapport
au port de signes religieux.
Alors, pour vous, est-ce que le compromis
Bouchard-Taylor, c'est le pas vers l'électorat francophone que vous êtes prêt à
faire?
M.
Arcand
:
Bien, je vous répondrais de la même façon. Bouchard-Taylor, nous avons accepté
un grand nombre de recommandations, une majorité, d'ailleurs, des recommandations
Bouchard-Taylor, mais on ne peut pas accepter toutes les recommandations de Bouchard-Taylor.
Et je le dis, j'ai eu l'occasion de participer à plusieurs discussions lorsque
j'étais au Conseil des ministres, et ce que l'on a adopté au niveau de la loi
n° 62 était le plus loin où légalement, à notre avis, on pouvait aller,
c'est-à-dire la clause à visage découvert. C'était le plus loin.
Il est clair que d'autres compromis qui
sont faits à ce niveau-là vont nous entraîner vers, encore une fois, des
problèmes juridiques, de la division au Québec, et ce n'est pas ce qu'on veut.
M. Pilon-Larose (Hugo) : On
vous pose la question notamment, entre autres, parce que celui qui a dirigé
votre dernière campagne du Parti libéral, M. Taillefer, semblait dire tantôt
qu'il fallait le faire le pas, là, vers le compromis Bouchard-Taylor, empêcher
les personnes en autorité de porter des signes religieux.
Est-ce que votre parti se retrouve divisé
sur ce front-là, en ce moment?
M.
Arcand
:
Bien, d'abord, premièrement, M. Taillefer a terminé son mandat. Il était
responsable de la campagne. Il parle maintenant comme citoyen, et c'est tout à
fait son droit de s'exprimer comme bon lui semble.
La Modératrice
: Merci,
Hugo. Donc, je passe au micro de droite.
M. Lavallée (Hugo) : À
l'autre Hugo. Bonjour. Hugo Lavallée, Radio-Canada.
Vous venez de répondre sur le fond, mais
sur la forme, pour un parti qui dit vouloir être à l'écoute, se réinventer,
reconstruire le parti, de tout de suite rejeter comme ça le bien-fondé de ce
débat-là sur les signes religieux, de dire : Non, non, il n'y aura pas de
compromis, pas d'ouverture, ce n'est pas un peu contradictoire, alors même que,
du même souffle, vous ajoutez qu'il faut s'ouvrir aux Québécois, reconstruire
le lien?
M.
Arcand
: C'est-à-dire,
vous savez, on n'est pas toujours dans des moments où il faut reprendre, année,
après année, après année, des débats. On a discuté, depuis au moins 10 ans, du
rapport Bouchard-Taylor. On est, au Québec, dans une société qui est complexe.
C'est un débat qui est complexe. Nous avons passé des heures et des heures en commission
parlementaire sur ces questions-là. Le gouvernement précédent a donc adopté le projet
de loi n° 62, et, pour nous, c'est là où on veut aller actuellement. Si la
CAQ dépose quelque chose, nous allons l'étudier, mais je tiens à réitérer les
valeurs fondamentales qui guident notre parti actuellement.
M. Lavallée (Hugo) : Dans
votre allocution, tout à l'heure, vous avez dit, en anglais, à ceux qui sont
inquiets du résultat : Nous serons là pour veiller au respect des droits,
nous sommes tous Québécois, et vous n'avez pas dit la même chose en français.
Pourquoi avoir choisi de dire spécifiquement
ça en anglais dans votre discours?
M.
Arcand
: Écoutez,
parce qu'il y a beaucoup de craintes actuellement dans les milieux anglophones,
il y a des craintes, parce que, vous savez, les gens ne connaissent pas beaucoup
la Coalition avenir Québec. Il y a eu différentes contradictions, à la fois en
français et en anglais, qui ont été dites, et donc je tiens à rassurer les gens
et certaines de nos communautés que nous allons être là pour défendre leurs
droits. Essentiellement, il ne faut pas voir derrière ça autre chose que ça.
M. Lavallée (Hugo) : ...ce
n'est pas une forme aussi de contradiction, dans le sens où, en français, vous
plaidez beaucoup pour l'ouverture puis, en anglais, vous avez un message
peut-être plus conservateur, en fait?
M.
Arcand
:
Oui, mais, écoutez, en français, j'ai parlé aussi du fait qu'il fallait parler
français au Québec. J'ai parlé de ça dans mon discours...
M. Lavallée (Hugo) : ...
M.
Arcand
:
Pardon?
M. Lavallée (Hugo) :
Justement, vous l'avez dit en français qu'il fallait parler français.
M.
Arcand
:
Oui, oui. Bien oui, mais, écoutez, je ne peux pas faire un discours à la fois
bilingue avec traduction simultanée en même temps. Alors, on a choisi
évidemment les éléments qui touchent l'ensemble de la population. Dans certains
cas, en anglais, c'est pour certaines communautés, mais je pourrais répéter les
mêmes mots en français de la même façon.
La Modératrice
: Merci.
Donc, Charles.
M. Lecavalier (Charles) : Bonjour.
Est-ce que vous présumez que les minorités parlent juste en anglais?
M.
Arcand
:
Pardon?
M. Lecavalier (Charles) : Bien,
c'est parce que je ne comprends pas pourquoi vous avez... Vous dites que vous
avez fait ce discours-là en anglais parce qu'il y a des minorités qui sont
inquiètes. Les anglophones sont inquiets, mais il y a des minorités aussi qui
parlent français.
M.
Arcand
:
Oui, il y a des minorités qui sont inquiètes aussi de la CAQ, des minorités qui
parlent français et qui sont inquiètes actuellement de ce qui se passe. Et
surtout, moi, pour avoir discuté avec quelques personnes… ne comprennent pas actuellement
pourquoi le gouvernement de la CAQ semble vouloir ouvrir à nouveau la question
de la neutralité religieuse et ces éléments-là qui sont discutés depuis nombre
d'années et avec lesquels il y a déjà eu un projet de loi qui a été adopté à l'Assemblée
nationale.
M. Lecavalier (Charles) : M. Couillard
parlait de discrimination vestimentaire. Est-ce que vous êtes prêt à reprendre…
M.
Arcand
:
Écoutez, je n'emploierai pas les mêmes mots. Moi, je dis simplement que notre…
Journaliste
: …
M.
Arcand
:
Bien, je ne veux pas… Vous savez, je dirais essentiellement que, sur ces
questions-là, nos points de vue sont très clairs comme parti politique, comme
caucus, à ce stade-ci. Alors, essentiellement, c'est ce que j'ai à dire.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour. Marco Bélair-Cirino du Devoir. Une précision, donc, juste
pour être clair. La position de votre formation politique, pour l'instant, sur
le port des signes religieux, c'est celle qui est dans le programme ou vous allez
convenir ensemble d'une nouvelle position en vue du débat qui va être suscité
par…
M.
Arcand
:
Non. Ce que je dis, essentiellement, il y a une loi qui a été présentée. Tout
ce que je peux faire, à ce stade-ci, c'est de dire : Lorsqu'ils voudront déposer
un projet de loi, nous allons le regarder, mais nous ne ferons aucun compromis
sur nos valeurs fondamentales.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous évoquez depuis tantôt, là, le projet de loi n° 62, qui a été adopté
par l'Assemblée nationale, mais qui est maintenant devant les tribunaux, dont
la disposition sur l'obligation de recevoir ou de donner un service public à
visage découvert a été suspendue, l'application.
Qu'est-ce que doit faire le nouveau
gouvernement pour assurer que cette disposition-là soit ressuscitée? Est-ce
qu'on doit utiliser la clause dérogatoire à la Constitution?
M.
Arcand
:
Bien, premièrement, on devrait, dans un premier temps, laisser les tribunaux se
prononcer, d'abord et avant tout. Alors, la question, elle est simple, et moi,
encore une fois, je le dis et je le répète, je ne comprends pas pourquoi la
Coalition avenir Québec considère que c'est une priorité pour les Québécois
actuellement. La priorité, et de loin, que j'ai entendue tout au cours de la
campagne et que mes collègues ont entendue au cours de la campagne, c'est
évidemment la pénurie d'emplois actuellement. Et le manque de main-d'oeuvre,
c'est véritablement très problématique au moment où on se parle.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais le nouveau gouvernement ne peut pas trouver des solutions à la pénurie de
main-d'oeuvre tout en légiférant sur le port des signes religieux? Vous, vous
avez légiféré sur le visage découvert tout en menant d'autres actions. Ce n'est
pas possible de faire les deux?
M.
Arcand
:
Oui, ils peuvent faire les deux. Moi, ce que je dis, c'est que ce n'est pas… à
notre avis, en tout cas, ce n'est pas un élément qui nous apparaît prioritaire
à ce stade-ci.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Quel est l'impact de la reconnaissance du Parti québécois et de Québec
solidaire comme groupes parlementaires sur votre formation politique?
M.
Arcand
:
Écoutez, nous allons discuter de cette question-là. Vous savez, on est des
démocrates, de façon importante, alors nous... je pourrai tout simplement vous
dire qu'on n'a pas l'intention de jouer au chat et à la souris dans ce
dossier-là. Nous comprenons très bien que nous avons des responsabilités. Nous
voulons que ce Parlement-là fonctionne. Alors, on verra quelles sont exactement
les demandes précises. C'est sûr qu'on ne cédera pas beaucoup de terrain de ce
côté-là, mais en même temps, nous avons, par le passé, été présents lorsque
l'ADQ, à l'époque, voulait avoir un certain droit de parole. Alors, nous allons
certainement être ouverts à des discussions si les partis d'opposition veulent
être sérieux avec nous.
M. Robitaille (Antoine) :
Oui, Antoine Robitaille, Journal de Montréal. Vous avez répété à plusieurs
occasions que vous êtes l'opposition officielle. Je ne sais pas qui en doute,
là, mais en tout cas, il semble que c'est évident...
M.
Arcand
:
Bien, disons qu'il y a des gens qui...
M. Robitaille (Antoine) : Il
semble que vous avez été piqué par Québec solidaire qui a dit : Nous
sommes l'opposition officielle.
M.
Arcand
: Tout
à fait, parce que, encore une fois, les gens ont tendance, évidemment, à dire :
Bien, la CAQ ou le Parti libéral, c'est la même chose. Regardez les positions
en environnement, regardez les positions en matière d'immigration, regardez les
positions en matière économique, même, où la CAQ veut aller piger dans la
Caisse de dépôt, veut aller piger un peu partout. Je pense qu'il y a des
différences assez majeures entre nous deux. Et quand on a 16 % du vote, bien,
on ne prétend pas qu'on est l'opposition officielle quand le parti à côté en a
24 %, presque 25 %. C'est ça, mon point.
M. Robitaille (Antoine) :
...pas une grande ouverture de votre part pour les demandes de Québec
solidaire, alors.
M.
Arcand
: Je
l'ai dit, nous étions au pouvoir pendant beaucoup d'années et, à chaque fois
que les demandes étaient raisonnables et réalistes, on était ouverts. Et nous
allons donc continuer de l'être, à condition cependant qu'il y ait ce que
j'appelle un fair-play partout.
M. Robitaille (Antoine) :
Vous avez, dans votre discours, souligné la présence de M. Ciccone et de M.
Barrette. Est-ce qu'on s'attend à une opposition officielle de fiers-à-bras?
M.
Arcand
: Je
pense que vous avez vu dans ce moment-là certains aspects du discours pour
faire sourire un peu les gens, parce que je dois vous dire que M. Ciccone,
entre autres, est quelqu'un qui est très sympathique au sein de notre caucus,
de même que l'ensemble des députés ici présents. Alors, je pense que c'est...
voyez-le comme un sourire pendant le discours.
Mme Lévesque (Catherine) :
Bonjour. Catherine Lévesque, Huffpost Québec. Vous avez dit qu'il y
avait une autre rencontre dans quelques semaines pour faire le point, une
espèce d'autre post-mortem. Qu'est-ce que vous espérez faire? C'est quoi, le
but de cette rencontre, finalement?
M.
Arcand
:
Bien, il y aura des rencontres au cours des prochaines semaines là-dessus. Je
vous dirais que les rencontres vont porter évidemment sur deux éléments. Le
premier élément, évidemment, c'est les questions de nature technique, parce
qu'on a travaillé avec des nouveaux outils pendant la dernière campagne, d'une
part. D'autre part, on veut voir de quelle façon on va travailler de façon, je
dirais, encore plus importante entre le parti et l'opposition officielle.
Quand on est au gouvernement, on a tellement
de dossiers qu'on a moins le temps de s'occuper du parti, et là j'ai eu
l'occasion, moi, hier, de rencontrer le président du parti, et on va être
évidemment en mode collaboration, bien sûr, parce que je pense qu'il y a du
travail à faire, évidemment, dans plusieurs régions du Québec.
Mme Lévesque (Catherine) :
Donc, on ne parle pas d'une remise en question totale, là. C'est juste…
M.
Arcand
:
D'une remise en question du parti?
Mme Lévesque (Catherine) : Du
parti. Je veux dire, la reconstruction, vous avez parlé de ça souvent. Est-ce
que ça va commencer à ce moment-là?
M.
Arcand
:
Bien, on va remettre en question un certain nombre de choses. On va discuter de
quelle façon on peut être meilleur, de quelle façon on peut mieux comprendre la
population du Québec, clairement. Alors, je pense qu'il faut travailler dans ce
sens-là.
Mme Lévesque (Catherine) :
Juste une autre question. Vous avez dit qu'Alexandre Taillefer s'exprimait à
titre de simple citoyen. Est-ce qu'il faut comprendre qu'il est persona non
grata au sein du Parti libéral?
M.
Arcand
:
Non, pas du tout. M. Taillefer n'est pas persona non grata. Je vous dis
simplement que notre formation politique, le caucus a une opinion. Il a le droit
d'avoir, vous savez, l'opinion qu'il veut sur cette question-là. M. Taillefer
parle en son nom personnel, ne parle pas au nom de notre formation politique.
Mme Lévesque (Catherine) :
…comme militant ou comme… Pourrait-il avoir un autre rôle?
M.
Arcand
:
Comme militant, il peut venir… Vous savez, nous sommes un parti démocratique.
Alors, s'il veut venir comme militant, il est toujours le bienvenu.
La Modératrice
: Je
prends une dernière question en français.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à tous. Marie-Michèle Sioui du Devoir.
M. Arcand, plusieurs personnes dans votre parti ont parlé de la nécessité de
devenir plus nationaliste. Il y a le tiers de votre caucus qui a choisi de
prêter serment en français et en anglais aujourd'hui.
Pouvez-vous m'expliquer si c'est une
décision nationaliste et en quoi c'en est une?
M.
Arcand
:
C'est-à-dire, c'est une décision d'abord de respect pour les gens qui sont dans
les différents comtés. Vous savez, parfois, on parle beaucoup des gens qui, au
Québec, sont craintifs et on peut comprendre dans une certaine mesure, parfois,
une certaine crainte parce qu'on est toujours traditionnellement au Québec
entourés de beaucoup d'anglophones un peu partout. Il y a toujours cette
crainte-là qui existe. Mais, vous savez, les communautés anglophones et même
des communautés allophones s'inquiètent parfois d'un certain nombre de choses
au Québec.
Alors, je pense qu'il faut simplement
souligner, à ce moment-ci, qu'il faut voir ce qui a été fait aujourd'hui comme
étant une forme de respect pour les communautés. On sait cependant très bien
que la langue qui sera parlée 99 % du temps à l'Assemblée nationale, ce
sera le français. On sait tout ça. Il n'est pas question de remettre en
question la qualité du français, les éléments qui composent la loi 101, les
efforts qui ont été faits par le passé, mais je pense que c'est normal d'être
respectueux des différentes communautés qui existent au Québec.
Mme Sioui (Marie-Michèle) :
Vous avez souligné le fait que votre caucus est maintenant majoritairement
féminin. Si vous me permettez, j'aurais une question pour Mme Rizqi,
Mme Robitaille et Mme Maccarone.
M.
Arcand
:
Absolument.
Mme Sioui (Marie-Michèle) :
Maintenant qu'on commence une nouvelle législature, est-ce que vous êtes
prêtes, mesdames, à saluer le courage des femmes qui ont dénoncé
MM. Sklavounos, Paradis et St-Denis?
Mme Rizqy : Évidemment, toute
personne qui dénonce un acte aussi important mérite toujours notre soutien,
puis évidemment il y a aussi des tribunes pour les dénoncer. Et j'espère que
ces femmes qui ont dénoncé vont pouvoir poursuivre leur processus de
dénonciation jusqu'à la fin.
Mme Sioui (Marie-Michèle) :
Comment vous expliquez le fait que vos collègues, comme Mme Vallée,
Mme St-Pierre, Mme David n'aient jamais voulu reconnaître ou souligner le
courage de ces femmes-là, qu'elles aient toujours refusé de répondre aux questions
là-dessus?
Mme Rizqy : Je ne peux pas m'exprimer
en leurs noms, mais je peux répondre en mon nom à moi, personnel. Si jamais,
durant mon mandat, une femme dénonce ou un homme dénonce, moi, évidemment, à
titre de députée, notre rôle, c'est toujours d'aider ces gens-là à aller au
bout de leur processus. Mais je pense que notre parti a quand même réagi assez
rapidement en mettant M. Sklavounos à l'extérieur du caucus.
Mme Sioui (Marie-Michèle) :
Donc, vous, vous seriez prête à briser la ligne de parti, par exemple, pour
afficher votre solidarité avec une femme qui dénonce ou pour condamner les
gestes qui sont reprochés à un de vos collègues?
Mme Rizqy : Bien, moi, je n'ai
pas entendu de ligne de parti lorsqu'il faut que ce soit une personne qui
dénonce. Personnellement, il n'y a pas de ligne de parti lorsqu'une personne
dénonce. Écoutez, à l'heure où est-ce qu'on est, si on n'est pas en mesure de
supporter les victimes, qui va le faire?
M.
Arcand
:
Peut-être juste compléter ce que... encore une fois, le parti... si ma mémoire
est bonne, M. Sklavounos a siégé comme indépendant; M. St-Denis a
siégé comme indépendant; et M. Paradis, à l'époque où il y avait eu des
accusations, n'était plus membre, quelques jours plus tard, du Conseil des
ministres.
Alors, je pense qu'il faut aussi
reconnaître que nous n'avons pas été un parti politique ou un gouvernement qui
a toléré ces situations-là.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous tous. Patrice Bergeron, La Presse canadienne.
Bonjour, M. Arcand.
Vous avez dit, dans votre discours... vous
avez rendu un vibrant hommage à votre prédécesseur, M. Couillard, et vous
avez dit aussi que l'avenir allait lui donner raison. Pourquoi vous trouvez que
c'était important de souligner cette phrase-là?
M.
Arcand
:
Bien, l'avenir... D'abord, il est clair que ce que j'appelle, dans un premier
temps, les marges de manoeuvre retrouvées, c'est quelque chose de très
important, n'est-ce pas? Deuxièmement, les gens se sont attardés beaucoup à
certaines choses, mais il y a des lois très importantes qui ont été faites par
notre gouvernement.
Alors, quand on va regarder la période où
M. Couillard a été premier ministre du Québec, je pense qu'on verra qu'il
y a eu quand même beaucoup de progrès, à la fois sur le plan environnemental, à
la fois sur des dossiers économiques, à la fois sur la protection des régions,
à la fois au niveau de l'aide qu'on a faite pour sortir beaucoup de gens de la
pauvreté, les plans qui étaient devant nous. Et donc il y a énormément
d'efforts qui ont été faits, et c'est en ce sens-là que je dis que l'avenir va
lui donner raison.
M. Bergeron (Patrice) : Les
électeurs ont-ils jugé trop durement, momentanément?
M.
Arcand
:
Vous savez, les électeurs sont souverains. Alors, on dit toujours : Les
électeurs, c'est... La décision est là, et c'est une décision que l'on
respecte. Quoi qu'il arrive, je n'ai pas à juger la décision des électeurs. Je
la vois, je l'accepte, et on va travailler pour reconquérir nos électeurs.
La Modératrice
: Merci.
Donc, maintenant, on passe à la période de questions en anglais. Est-ce que, Mme Senay, vous avez des questions?
Mme Senay
(Cathy) : Mr. Arcand, religious signs,
how far are you ready to go with the Liberal Party regarding the
Bouchard-Taylor's report and what Mr. Taillefer just said before the ceremony?
M.
Arcand
: Again, I think that it has been said
again and again and I fully agree with the fact that the Liberal Party has an
important set of values and among those values is the fact that we need to
protect minorities. We also… among those values, there's an element of freedom
that is quite important as well.
So, we have passed a law,
Bill 62, that was adopted by the National Assembly, and, of course, we think
that it is as far as we can go, as far as the Bouchard-Taylor report is. We
have adopted 80% of the Bouchard-Taylor report, at least, but it's not because
there is a report that we need or we are under the obligation of adopting 100%
of that report. And let me remind you that Mr. Taylor, on a certain amount
of recommendations, in the end, was not in agreement with Mr. Bouchard, as
well.
Mme Senay (Cathy) : You said that you were worried for… you said that you spoke to
English-speaking people saying : For those who are worried about the
election result… in your speech. Did you understand why Anglophones did not go
and vote on October 1st?
M.
Arcand
: This is something
that I will discuss with the party, obviously, in the coming weeks. Let me tell
you that of course, in 2014, there were fears of the Charter of Values from the
Parti québécois in those years,
and so there was certainly this that created a reaction on the part of many
constituents.
This year, a lot of
people were not really aware of where the CAQ stands for. So, during the
election, maybe people were not necessarily worried, because we didn't discuss,
for the first time, the question of referendum and independence. But now that
they are there and they start to open those kinds of debates about the
Bouchard-Taylor report, people start to worry. I think that the biggest
challenge that we feel right now is the lack of manpower in the province. This
is the main priority, this is what the CAQ should worry about, not about the
rest, as far as I'm concerned.
La Modératrice
:Thank you. Philip.
M. Authier (Philip)
:
Good afternoon. The CAQ also… Last week, Simon Jolin-Barrette was saying that they might be open to
discussing the idea of dropping the symbols requirement for teachers. He says :
We can discuss this, and I believe what they're trying to do is perhaps solicit
the support of the PQ and QS. But you're saying you're not going down this
path. If I understand clearly, your position is Bill 62.
M.
Arcand
: Well, I'm not going
to tell you that it's a no. I didn't see the kind of law that they want to come
up with. So, of course, I'm not going to say to you today : It's a no, no
go, no matter what. But one thing is for sure, there is no compromise on our
values, on the values of the Québec Liberal Party. So we'll see what kind of motion they make, what
kind of law that they want to come up with, and then we'll take a formal
position. But one thing is for sure, there will be no compromise on our values.
M. Authier (Philip)
:
Do you think the CAQ is stirring up social
tensions?
M.
Arcand
: Well, I think
that… I'm not going to say that right now, but I think I'm worried, on one
hand. And the second thing I would say is that these are not the right
priorities for Québec. The
priority of Québec right now is
to work on the lack of manpower. I think there's a labor shortage right now in
the province of Québec. This is
the main priority and all political parties should work to find solutions to
that. Thank you.
Mme Fletcher (Raquel) :I just want to follow up on what Phil said,
because, if we exclude teachers from the religious symbols, then we're talking
about public employees who wear uniforms. I am just wondering if you could
elaborate a little bit on the Liberal stance of how you feel about
accommodating religious symbols as part of a uniform.
M.
Arcand
: Well, again,
what you have in Bill 62 is what we believe and this is something that we have
discussed for many years. And again we will see what the Government has to propose, and we'll decide
on what we do after that.
Of course, I cannot,
right now, see exactly in what direction the current government is going. In fact, they have changed their minds a few times since
last week. So, since they have changed their minds a few times, of course, we are
going to wait and see exactly where they're going right now.
Mme Fletcher
(Raquel) : And on crucifixes in courthouses,
do you believe that the crucifixes or crosses should be taken down in
courtrooms?
M.
Arcand
: Well, you mean
the... Are talking about the crucifix at the National
Assembly?
Mme Fletcher
(Raquel) : No, in... Dans les salles de cour. It was
an issue that came up last week as well.
M.
Arcand
: Well, this is
something that we're going to discuss. In the case of the National Assembly, we had a clear position
on that. Again, it's a question
of how do see that. Is it something that is historical, patrimonial or it is
really a religious symbol? I think this is something that we eventually will
discuss in the caucus.
Mme Fletcher
(Raquel) : But there are places where you and
the CAQ agree, that there are maybe points of compromise.
M.
Arcand
: Certainly not a
lot, and again the CAQ have been constantly changing their position, probably
depending on the polls that they might have. So we're not going to work on that
basis. We're going to work on our set of values. OK.
La Modératrice
: Merci.
M.
Arcand
:
Thank you. Merci.
(Fin à 16 h 20)