(Quatorze heures trente minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour, tout
le monde. Heureuse d'être revenue dans l'enceinte de l'Assemblée nationale,
comme vous voyez, avec pas mal plus de monde que le dernier point de presse que
j'ai fait, ici même, au Parlement, et je vous garantis que j'aime beaucoup ça.
On a fait beaucoup de choses à trois députés
pendant 10 ans, un, deux, trois. Imaginez-vous ce qu'on va faire à 10. Et
notre caucus a été assermenté un peu plus tôt aujourd'hui en après-midi, et on
est donc prêts, à partir de maintenant, à se mettre au travail.
On a de nombreux projets pour cette 42e
législature. J'en nomme deux qui sont au coeur des priorités solidaires. La
première, c'est la réforme démocratique. C'est essentiel, essentiel. Nous
allons nous assurer que M. Legault se souviendra qu'il a pris un engagement
solennel, avec d'autres partis, devant le peuple québécois, pour nous assurer
que 2018 soit la dernière fois qu'on soit dans un mode de scrutin uninominal à
un tour. Et l'engagement que nous avons pris, c'est d'avoir un mode de scrutin
mixte, proportionnel, à répartition régionale. Ça, c'est l'entente, c'est le
deal qu'on a fait, et vous pouvez compter sur moi que je vais m'assurer que M.
Legault n'oublie pas ce deal-là.
Vous l'avez... vous le savez déjà, en
fait, nous allons aussi, durant cette législature, je dirais, tenter de
réformer un peu plus largement aussi les institutions démocratiques, notamment
en présentant un projet de loi pour en finir avec les serments à la reine. C'est
un rituel un peu archaïque et surtout, pour nous, antidémocratique. Alors, il
n'y a pas, pour Québec solidaire, d'enjeu. Le serment au peuple québécois, c'est
l'engagement que doivent prendre les parlementaires lorsqu'ils sont élus à
l'Assemblée nationale.
Le deuxième grand sujet, et vous vous en
doutez certainement, qui est un sujet d'importance capitale, qui va être au
coeur de l'ensemble de notre travail parlementaire, c'est la lutte aux
changements climatiques. Nous allons, encore là, fermement, fermement et sans
relâche, rappeler à M. Legault l'importance d'agir pour lutter contre les
changements climatiques et l'importance aussi de réfléchir pour s'adapter aux
changements climatiques dont les impacts sont déjà en présence.
Alors, le nouveau premier ministre doit
s'engager à changer de cap, parce que, durant la dernière élection, il n'en a
pas parlé. Il n'y avait rien dans son cadre financier ou presque. Alors donc,
les solidaires, on va être là, on va lui rappeler, on va lui rappeler que les
hydrocarbures, Anticosti ou n'importe où sur le territoire québécois, doivent
rester dans le sol. C'est la science qui le dit et la science s'est prononcée à
plusieurs reprises dans les dernières semaines.
Alors, je prendrais des questions.
M. Cormier (François) :
Bonjour. François Cormier, TVA.
M. Arcand a déclaré, la semaine
dernière, qu'il ne vous ménagerait pas, qu'il avait bien l'intention de
rappeler à la CAQ tout ce qu'elle avait promis, mais il n'a pas nommé le PQ. Il
a dit qu'il avait bien l'intention de montrer à quel point vos promesses et vos
engagements étaient irréalisables.
Est-ce que vous avez un peu peur que la
partie ne soit pas la même pour les quatre prochaines années et que les partis
de l'opposition vont beaucoup plus s'attaquer à vous qu'ils ne l'ont fait au
cours des quatre dernières années?
Mme Massé : Bien,
écoutez, pour nous, ça sera toujours une occasion d'expliquer. Si
M. Arcand n'a pas encore compris que nos propositions sont réalistes, que
la population en veut des projets qu'on a mis de l'avant notamment durant cette
campagne électorale là, bien, ça nous donnera l'occasion de lui expliquer.
Est-ce que nous aurons la vie plus
difficile? En tout cas, on sera définitivement plus de monde pour parer à
toutes les attaques. Mais j'aimerais rappeler à M. Arcand qu'actuellement
le gouvernement majoritaire, ce n'est pas Québec solidaire.
M. Cormier (François) : Le
serment d'allégeance à la reine était-il si gênant qu'il fallait le faire en
privé?
Mme Massé : Bien,
écoutez, vous savez, pour nous, il y a un anachronisme, hein? Quand je parlais
d'assez archaïque, c'est... je pense que Québec solidaire, comme parti
indépendantiste, comme plusieurs autres partis indépendantistes d'ailleurs, en
échangeant entre nous, en discutant avec le secrétariat général, on a trouvé
une façon de pouvoir siéger, parce que c'est fondamental, tout en se respectant,
nous. Pour nous, c'était important. C'est le chemin qu'on a pris, et je pense que
les gens l'ont bien apprécié, parce que, entre vous et moi, le serment à la reine,
là, il n'y a pas grand chaumière qui parle de ça actuellement au Québec.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Bonjour. Hugo Pilon-Larose de LaPresse. Si je
comprends bien, Mme Massé, vous êtes aujourd'hui donc chef parlementaire
de Québec solidaire. Donc, c'est vous la cheffe, là.
Mme Massé : Ça me
rappelle vaguement quelque chose, ça. Je suis la cheffe parlementaire, effectivement,
et Gabriel est le leader parlementaire. Mais je suis co-porte-parole, avec
Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Est-ce que vous serez cheffe parlementaire tout au long des quatre prochaines
années? Comment ça fonctionne?
Mme Massé : Bien,
écoutez, nous, vous le savez, on vous l'a déjà dit, nous, on retourne devant
nos membres revalider notre mandat — c'est le bon mot,
hein? — à tous les deux ans. Alors, si les membres décident que je
suis encore une bonne co-porte-parole, je pense bien que je vais revenir. Puis,
comme dans à peu près tous les partis, s'ils ne trouvent pas que je suis une
bonne co-porte-parole, bien, ils vont me montrer la porte. Alors, moi, c'est
une autre étape, ça.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Qu'est-ce que vous pensez de tout ce qui se dit présentement, le débat sur la
laïcité, le port de signes religieux. Le crucifix, est-ce qu'on l'enlève?
Est-ce que vous trouvez que les positions défendues par la CAQ en ce moment
sont absurdes?
Mme Massé : Bien, tu sais, je
l'ai dit dans mon speech, hein, dans mon introduction, actuellement, là, il y a
une urgence qui s'appelle l'urgence climatique. Je ne comprends pas qu'on n'a
pas entendu M. Legault parler de ça au lendemain de l'élection.
Ceci étant dit, j'ai parfois l'impression
qu'il fait diversion avec ces sujets-là et ces thèmes-là que nous,
personnellement, on aurait aimé voir réglés il y a très longtemps de cela,
parce que ça attaque, ça atteint des gens. Ça fait mal à du monde. Ce sont des
débats qui sont divisifs, et, vous le savez bien, à Québec solidaire, on a plus
pour au contraire faire que ce soit ensemble qu'on affronte la lutte aux
changements climatiques.
M. Pilon-Larose (Hugo) : En
terminant, j'aimerais préciser votre position sur le port de signes religieux.
Si je comprends bien, la position de Québec solidaire, vous, vous êtes d'accord
avec Bouchard-Taylor. Donc, un policier en service ne devrait pas porter de
signe religieux. Donc, la jeune étudiante, par exemple, qu'on a vue dans les
médias récemment, c'est elle le deadline, là? Après elle, il n'y en a plus?
Mme Massé : En fait, nous, on
a toujours vu, depuis Bouchard-Taylor, ça fait presque 10 ans maintenant,
un compromis, là, un compromis parce qu'il y a des différences d'opinions sur
ces questions-là partout au Québec. Alors, cette ligne de compromis là, et
j'insiste vraiment sur le mot compromis, nous apparaissait ce vers quoi on
pouvait rassembler le Québec. Et je me souviens, moi, au lendemain de la tuerie
ici, à la mosquée, à Québec, tous les partis étaient pas mal enlignés vers
Bouchard-Taylor.
Alors, c'est un peu avec tristesse qu'on
se retrouve encore, plus de 10 ans plus tard, à se promener par rapport à
ça. Donc, Québec solidaire pense encore aujourd'hui que le compromis, c'est
celui-là.
M. Dion (Mathieu) : Mathieu
Dion de Radio-Canada. Doit-on en comprendre que vous n'allez pas aller au front
sur ce sujet-là de la laïcité de l'État, pour défendre la laïcité de l'État?
Mme Massé : Je vous ai dit que
nous, où on trouvait qu'il y avait vraiment une urgence, là, parce que le
Secrétaire général des Nations unies, parce que le GIEC... encore un rapport la
semaine prochaine, nous, là, ça, on va travailler très, très fort pour que ce
soit au coeur. Parce que, si M. Legault est sérieux par rapport à la laïcité,
là, comment se fait-il qu'il ne veut pas retirer le crucifix à l'Assemblée
nationale? Comment se fait-il qu'il ne veut pas arrêter le financement des
écoles privées, notamment, confessionnelles? S'il est sérieux, là, il va
arrêter de regarder vers les gens et il va regarder vers les institutions.
M. Dion (Mathieu) : On a
appris que le Parti québécois, finalement, a plus de députés à l'Assemblée
nationale, donc sera le véritable deuxième parti d'opposition, considérant les
pourcentages. Les libéraux étaient insultés que vous clamiez que vous étiez la
véritable opposition officielle. Avez-vous poussé sur le piton un peu trop en
disant que vous étiez la véritable opposition officielle ici, à l'Assemblée
nationale?
Mme Massé : Non, pas du tout.
Je pense qu'on assume puis je pense que la population est aussi derrière nous
par rapport à ça. D'une part, lorsqu'on regarde la CAQ, ce qu'ils mettent de
l'avant, c'est clair qu'on est une opposition très féroce. Prenons seulement
sur la question des changements climatiques, mais plus que ça, c'est-à-dire que
les deux autres partis vont... Ils ont tout un travail à faire actuellement,
qui est tourné beaucoup plus vers l'intérieur, alors que nous, on est en
développement, on est là. Il y a un mouvement qui est là, et c'est dans ce
sens-là qu'on va complètement assumer notre rôle qui nous a été donné par la
population.
M. Dion (Mathieu) : Donc,
opposition féroce, pas l'opposition officielle.
Mme Massé : Pas l'opposition?
M. Dion (Mathieu) :
Officielle, comme vous le prétendiez au lendemain de l'élection. Vous l'avez
dit, là, c'est pour ça, là.
Mme Massé : Bien oui, parce
qu'ici le terme «opposition officielle», ça a une résonance. Mais le mot «officielle»,
dans la vie, il veut dire autre chose, là. C'est qui... Que M. Arcand ne
vienne pas me dire qu'il va être l'opposition officielle de la CAQ, là. Ça a
été bonnet blanc, blanc bonnet pendant quatre ans, pendant la campagne longue,
tout le long de la campagne. Alors, tout d'un coup, il va se retrouver une
opposition... M. Arcand était d'accord avec l'exploitation des
hydrocarbures. Ça va changer? Voyons donc!
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, Mme Massé. Patrick Bellerose, Journal de Québec. Félicitations
à tous pour votre élection.
Mme Massé, à titre de chef
parlementaire, est-ce qu'on pourrait vous voir vous promener en limousine avec
un garde du corps?
Mme Massé : Bien, écoutez,
actuellement, nous, on n'a même pas commencé les discussions avec l'Assemblée
nationale. On souhaite, bien sûr, avoir les moyens de faire notre job, hein? La
limousine, ce n'est pas la priorité, honnêtement, entre toi puis moi, là. La
priorité, c'est d'avoir les ressources. Ça fait des années que Québec solidaire
fait des miracles avec des pinottes, fait des miracles avec des ressources
humaines extrêmement limitées. Nous, on est 10 députés et on veut avoir
les mêmes moyens que les autres députés pour faire notre travail. C'est ça,
notre priorité.
M. Bellerose (Patrick) : Sur
le principe, est-ce que Manon Massé, qui a été travailleuse communautaire...
Mme Massé : Écoutez, on aura
le temps de s'en reparler.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, vous n'êtes pas fermée à l'idée de...
Mme Massé : Bien,
c'est-à-dire, c'est des discussions que nous devons avoir avec... On arrive,
là.
M. Bellerose (Patrick) : Une
dernière question, si vous permettez. Craignez-vous que le fait d'avoir fait
élire 10 députés, qui voudront se faire réélire dans quatre ans, change la
vie de parti à Québec solidaire, qu'on devienne un peu plus, justement,
électoraliste?
Mme Massé : Québec solidaire a
toujours, depuis 12 ans, mis de l'avant sa cohérence. Notre vision de société,
elle est claire, on l'a répétée année après année, élection après élection. Je
pense que ça va se poursuivre.
Et c'est sûr, par contre, là où je
partage... c'est sûr qu'actuellement il y a un bond significatif. Alors, nous, actuellement,
là, on a beaucoup de discussions à faire... comment on va fonctionner, quelles
méthodes on se donne. On a toujours été différents, alors c'est évident qu'on
va continuer à l'être. Ça fait que, dans ce sens-là, ce sera à vous d'en juger
dans quatre ans, mais moi, je ne suis pas inquiète.
Journaliste
: Bonjour. Félicitations
à tout le monde, Mme Massé également.
Sur le serment à la reine, vous dites que
vous voulez déposer un projet de loi pour ne plus prêter serment à la reine. Mais
est-ce qu'il ne faudrait pas, à ce moment-là, en fait, une modification à la
Constitution canadienne? Parce que toutes les provinces le font, tous les gouvernements,
les élus sont obligés de le faire.
Mme Massé : Oui. Bien, c'est
sûr, hein, je veux dire, la Constitution canadienne, qu'on n'a pas signée,
hein... on se rappelle, on n'est toujours pas dedans, nous autres, là.
Ceci étant dit, vous connaissez les aspirations
de Québec solidaire. Pour nous, c'est par le... le moment ultime, c'est par
l'indépendance du Québec où on va régler ça, mais entre-temps... et on vous
présentera un projet de loi. On verra, rendus à ce moment-là comment nous, on
entrevoit, bien, libérer les parlementaires de... tout le monde le fait
quasiment avec le sourire en coin. Alors, ce qui est important, c'est notre
engagement au peuple québécois et c'est ce qu'on a fait devant vous
aujourd'hui.
Journaliste
: ...légalement,
vous pourriez le faire, que ça pourrait être... de façon légale, au Canada, ça
pourrait se faire?
Mme Massé : On le pense et on
va voir ça avec vous dans les prochaines semaines.
Journaliste
: Sur la
légalisation de la marijuana, quel est votre sentiment aujourd'hui, là? Ça
devient légal, c'est devenu légal depuis les petites heures ce matin, là.
Quel est votre sentiment par rapport à ça?
Est-ce que vous avez des craintes?
Mme Massé : Bien, Québec
solidaire était très heureux que la légalisation arrive. On a eu quelques critiques
sur le projet de loi et etc., mais, pour nous, pour des questions de santé publique,
on l'a dit, on l'a répété, des questions de santé publique, il était grandement
temps de retirer ça des mains du crime organisé.
Bien sûr, on ne pense pas qu'il y a une
baguette magique, là, que tout va rouler sur l'or... pas sur l'or, mais va bien
rouler dans les prochains trois, quatre, cinq jours, peut-être même... ça va
prendre un temps d'adaptation, mais je pense que les choses importantes sont en
place et j'implore le gouvernement de la Coalition avenir Québec de ne pas
recriminaliser... en fait, de ne pas faire en sorte de défaire ce qu'on vient
de réussir à faire au nom d'une vision de santé publique et de sécurité
publique.
Journaliste
: Pour
vous, est-ce que le 21 ans que veut faire adopter rapidement, là, le
gouvernement de la CAQ ainsi que le resserrement, si on veut, des endroits au
Québec où on pourrait consommer, là, est-ce que pour vous... ça n'aura pas
votre appui, si je comprends bien ça.
Mme Massé : Ah! c'est clair. C'est
clair, on l'a déjà dit, on l'a dit en commission parlementaire, on l'a répété à
plusieurs reprises. Et d'ailleurs c'est pour ça que j'invite M. Legault à
réfléchir. Est-ce qu'il est en train... en fait, aujourd'hui, là, à partir
d'aujourd'hui, là, les gens de 18 ans et plus, au Québec, peuvent aller
s'acheter du cannabis contrôlé par l'État. La qualité, bon... tout ce qu'on
s'est dit en commission parlementaire. Et dans, quoi, un mois et demi, deux
mois, trois mois, ces gens-là, tout d'un coup, devront retourner dans le crime
organisé pour s'approvisionner? Moi, je pense qu'il y a là-dedans quelque chose
qui ne fonctionne pas. Qu'il garde en tête que c'est une question de santé
publique, et, au nom de la santé publique, il faut prendre soin de nos gens.
Journaliste
: Juste une
petite dernière sur les signes religieux, parce que je voudrais avoir une
précision, Mme Massé, sur... Bon, vous dites que, pour vous, Bouchard-Taylor
semble être un compromis acceptable, là. Il arrive quoi aux fonctionnaires, par
exemple, qui décideraient tout de même de défier une éventuelle loi qui leur
interdirait de porter des signes religieux?
Mme Massé : Bien, écoutez, on
va commencer par l'attendre, cette loi-là, hein? Si M. Legault dit qu'il va en
déposer une, j'imagine qu'il va le faire, mais c'est sûr qu'entre-temps, nous,
on va faire des représentations auprès du gouvernement pour essayer de voir
avec lui l'importance des... l'impact des gestes qui pourraient être posés dans
un projet de loi. Et pour nous, il y a un compromis. Il n'y a pas d'unanimité
sur ce dossier-là. Il faut donc trouver cette voie de passage, et c'est ce que
Bouchard-Taylor avait réussi.
Journaliste
:
...éventuel congédiement auquel faisait référence la CAQ il y a deux semaines,
là, des récalcitrants, est-ce que c'est quelque chose d'acceptable, ça?
Mme Massé : Bien, c'est clair
que ce n'est pas acceptable que quelqu'un qui a été engagé dans un cadre demain
matin se fait montrer la porte pour des raisons... mais, en même temps, il est
revenu en disant : Mais non, on pourrait protéger les droits acquis, etc.
Nous, ce qu'on dit, c'est : là, il y
a un chemin vers lequel il s'en va, et ce qu'on souhaite depuis très longtemps,
c'est d'effectivement pouvoir tourner la page sur ce dossier-là. Et la façon de
le faire la plus consensuelle ou la plus... qui est l'expression du compromis
le plus favorable, si je pouvais dire, c'est la position de Bouchard-Taylor. Mais
on va attendre le projet de loi. On verra.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour, Marco Bélair-Cirino du Devoir. Vous avez dit dans ce dossier-là,
sur le port des signes religieux, il n'y a pas d'unanimité, ni même, certains
diront, au sein de Québec solidaire. Allez-vous permettre le vote libre de vos
députés sur cette question-là et sur d'autres questions jugées peut-être même
d'ordre moral, éthique, qui seront débattues ici, à l'Assemblée nationale?
Mme Massé : Oui. Bien, honnêtement,
je vous le redis, là, nous, on commence, hein? Notre caucus, là, on s'est réuni
une fois depuis l'élection, c'est notre deuxième fois où on se voit physiquement.
On va avancer, on va cheminer, mais, ceci étant dit, je pense qu'en matière
de... Ce que vous évoquez, c'est quelque chose de l'ordre de la ligne de parti.
En cette matière, pour nous, les députés, ils ont l'intelligence d'avoir un
regard critique sur l'ensemble des choses, pas seulement moral, sur l'ensemble
des sujets.
Alors, les débats de fond se feront en
caucus, et on verra. Mais, en même temps, je suis en train de dire ça puis je
m'excuse, mes amis, mais on n'en a pas vraiment parlé. Ça fait que, voyez-vous,
on vous reviendra avec ça dans les prochaines semaines.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous savez, les mots ont un poids, une signification. Quelle est la valeur du
serment d'allégeance à la reine que vous avez prêté à l'abri des caméras?
Est-ce que, sincèrement, vous avez totale allégeance à la reine Elizabeth II?
Mme Massé : Devinez, devinez.
Alors, je réitère, pour nous, c'est archaïque, mais l'Assemblée nationale... Et
le secrétaire général a été clair : Vous ne le faites pas, vous ne siégez
pas. Puis nous, là, les gens nous ont élus pour siéger, les gens nous ont même
élus pour changer les choses. Alors, dans ce sens-là, collectivement, on s'est
dit : O.K., et, en discutant avec le secrétaire général, bien, on a trouvé
cette façon-là de faire et qui nous convenait très bien, parce que, pour nous,
le fondamental, c'est le serment d'allégeance au peuple québécois.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Une dernière question. Vous êtes une grande démocrate, Mme Massé. L'Assemblée
nationale a fait élire une opposition officielle qui compte aujourd'hui 29
élus. Si ces 29 élus là s'opposent à la réforme du mode de scrutin, donc au
changement des règles démocratiques, est-ce que la réforme peut aller tout de
même de l'avant, selon vous?
Mme Massé : Bien, c'est sûr,
la CAQ est... 74?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...majorité simple, selon vous, qui est nécessaire pour changer le mode de
scrutin?
Mme Massé : Bien, prenez le 74,
additionnez... Et là je parle de sièges, vous ne pouvez pas me parler de
pourcentages. Dans le mode de scrutin actuel, le pourcentage, ça ne vaut rien.
C'est les sièges qui comptent, puis si on additionne les sièges des partis qui
se sont déjà engagés, c'est-à-dire la Coalition avenir Québec, le Parti
québécois et Québec solidaire — le Parti vert n'a malheureusement pas
fait élire personne cette fois-là — bien, ça représente quand même
une sacrée majorité.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais l'Assemblée nationale nomme, par exemple, aux deux tiers des membres de
l'Assemblée nationale la Vérificatrice générale, le Vérificateur général et un
certain nombre de personnes désignées par l'Assemblée nationale. Donc, pour
changer le mode de scrutin, est-ce qu'il faut également au moins le deux tiers?
Mme Massé : Écoutez, moi, je
ne veux pas aller dans ces détails-là, parce que c'est des détails avec
lesquels, avec les autres partis, on ne s'est pas entendus. Ce sur quoi on
s'est entendus : 2018, c'est la dernière fois, et je pense que là-dessus
M. Legault devra respecter sa parole.
Journaliste
: Ça prend
un référendum?
Mme Massé : C'était-u une
question?
Journaliste
: Oui, c'est
une question.
Le Modérateur
: On va
prendre les questions au micro, s'il vous plaît.
Journaliste
: Ma
question était : Est-ce qu'il faudrait soumettre une réforme du mode de
scrutin à un référendum?
Le Modérateur
: Une
question et une sous-question, s'il vous plaît.
Mme Massé : Je réitère que ça
va prendre un projet de loi, et, dans ce projet de loi là, on verra tout ça. Et
il y a différentes façons de pouvoir fonctionner, puis on en a vu, là, on en a
vu des dizaines avec le Mouvement Démocratie nouvelle, avec lequel on a
travaillé durant les deux dernières années pour arriver à ce consensus entre
les quatre partis, dont je vous ai parlé, et la question du référendum n'a
jamais été amenée. Et, dans ce sens-là, on pourra voir c'est quoi que le projet
de loi nous réserve.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous. Patrice Bergeron, LaPresse canadienne. Félicitations
pour votre prestation de serment.
Vous avez dit tout à l'heure que vous avez
fait bouger les choses à l'Assemblée nationale. J'aimerais ça que vous puissiez
nous énumérer ou, pour le bénéfice des spectateurs, énumérer les réalisations
des quatre dernières années de QS en Chambre, sur quoi vous avez fait reculer
le gouvernement, les amendements que vous avez pu apporter, par exemple.
Mme Massé : Bien, vous pouvez
aller voir notre bilan. Il comportait plusieurs éléments, je vous dirais. Mais,
par exemple, quand Québec solidaire a décidé de présenter un projet de loi sur
le commerce électronique, on ne savait même pas que le… il me semble, là, je ne
voudrais pas le dire dans le désordre… au niveau du Canada, la saga Netflix
était-u déjà…
M. Nadeau-Dubois : C'était
pendant la saga…
Mme Massé : C'était pendant la
saga Netflix qui se passait avec le gouvernement canadien. Nous, on est
arrivés… ça faisait déjà plusieurs mois qu'on travaillait dessus, on est
arrivés avec un projet de loi en disant : Bien, regardez, si vous voulez
récupérer vraiment… si, vraiment, vous voulez le faire, voilà comment le faire.
Et d'ailleurs Marwah Rizqy, qui vient d'être élue pour les libéraux, à ce
moment-là, était à côté de nous avec Peter Simons et le responsable des
commerçants…
M. Nadeau-Dubois : Du commerce
de détail.
Mme Massé : …de commerce de
détail, le président de l'association de commerce de détail, pour dire :
Voilà une façon, un, d'aller récupérer l'ensemble des taxes qui nous sont dues
comme peuple et, deux, de permettre aux commerçants qui, eux autres, ont cette
responsabilité-là, pignon sur rue, de pouvoir se débarrasser de l'injustice
fiscale qu'ils sont victimes. Alors, ça, c'est un exemple.
Je pense qu'un autre exemple que je
porterais à votre attention, c'est lorsque, voyons… au niveau des personnes
trans. Lorsque, rapidement, on a voulu avancer ce dossier-là, Québec solidaire
a été celui qui a ouvert des voies de passage pour faire en sorte que, oui,
rapidement, on règle la question des règlements, mais, plus que ça, qu'on
rouvre la question pour les enfants, quoiqu'il nous reste du travail à faire
encore.
Voyez-vous, je suis tellement dans
l'avenir que le passé des quatre dernières années, c'est dans...
M. Nadeau-Dubois : Le projet
de loi de Françoise...
Mme Massé : Le projet de loi
de Françoise… C'était-u dans la dernière législature? Parce que...
M. Nadeau-Dubois : …
Mme Massé : Oui, c'est ça,
donc, concernant les aînés, les locataires aînés. Non, moi, je pense que Québec
solidaire a démontré, depuis 10 ans, d'ailleurs... Pharma-Québec, tu sais, ça a
l'air fou, là, mais on perd encore 3,5 milliards, parce que les gouvernements
ne veulent pas avoir le courage politique de mettre au pas les grandes pharmaceutiques.
Mais, quand M. Barrette a fait une petite réformette au niveau du prix des
médicaments, bien, encore là, il s'est inspiré d'une idée de Québec solidaire,
sauf qu'il n'a pas le courage politique de Québec solidaire, donc il s'est
arrêté en bon chemin.
M. Bergeron (Patrice) :
J'aimerais vous entendre aussi sur les changements climatiques. Je sais que ça
vous préoccupe. Vous avez vu ce matin, certainement, en manchettes des journaux
que M. Legault pense à retourner, donc, forer sur l'île d'Anticosti.
Vous l'avez évoqué, tout à l'heure, mais
de quelle façon votre parti pourrait-il faire obstruction à ce mouvement-là?
Et, par ailleurs, vous savez aussi — je glisserais ça dans la
question — vous savez aussi que M. Couillard a fait beaucoup de
diplomatie climatique, dans les dernières années. Il est allé à plusieurs COP,
COP21, etc.
Est-ce que M. Legault devrait aller à la
prochaine, qui est la COP24, qui est à Katowice, en Pologne? Est-ce qu'il
devrait représenter le Québec et ainsi marquer le coup, par exemple?
Mme Massé : En fait, j'espère
qu'il va y aller, j'espère qu'il va m'inviter aussi, hein? J'étais là avec
monsieur... à la 21, à la COP21 avec M. Couillard et, bref... Mais je pense que
votre question la plus importante, c'est : Quel rôle Québec solidaire va
jouer pour éveiller la conscience de M. Couillard et de son équipe en matière
de l'urgence d'agir au niveau des changements climatiques?
Je pense que nous, on va faire notre
travail comme on le fait depuis toujours. On a déjà des projets de loi qu'on a
déposés qui vont dans un sens en matière des hydrocarbures. On va essayer de
faire l'éducation populaire nécessaire pour qu'ils saisissent bien que le GIEC,
hein, le groupe d'experts international en changements climatiques, bien là, ce
n'est pas Québec solidaire, eux autres, là, c'est des experts mondiaux.
Alors donc, on va faire ce travail-là, et
aussi, ce que Québec solidaire sait très bien faire, on va être aussi aux côtés
de la société civile, des citoyens et citoyennes, bref, du mouvement populaire
qui, depuis des années, au Québec, dit non aux hydrocarbures.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à tous. Marie-Michèle Sioui du Devoir.
Juste une question pour satisfaire ma curiosité. Est-ce que la mise en scène à
laquelle on a eu droit au salon rouge était signée Catherine Dorion?
Mme Massé : Non, mais c'est
une maudite bonne idée pour la prochaine, par exemple. Bien... Oui, voilà.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Vous avez parlé, dans votre discours, de l'ère
des «fake news». Quand votre collègue M. Nadeau-Dubois est arrivé en politique,
il a parlé de la trahison des élites.
Pourquoi vous utilisez le vocabulaire de
Donald Trump dans vos présentations?
Mme Massé : Bien là, vous
m'apprenez, hein? Je veux dire, les mots n'appartiennent pas à Donald Trump,
quand même. Nous, je pense qu'on vous a démontré, depuis l'arrivée d'Amir Khadir
au Parlement, qu'on est un parti qui ne fait pas les affaires comme les autres,
et c'est ça que j'exprime à travers ça, puis on va continuer à le faire d'ailleurs.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Est-ce que vous reconnaissez quand même que vous
utilisez certains mots ou certaines stratégies, comme s'en prendre aux élites politiques,
qui sont propres au président Trump?
Mme Massé : Écoutez, je
vous laisse faire vos analyses, là, mais moi, je ne viens pas de l'élite et,
quand je parle de l'élite, bien, quand je parle des privilèges, exemple Bombardier,
pour vous rappeler des exemples de la dernière année, je suis en train non pas
d'utiliser un langage d'un tel ou d'un tel, je suis en train de dire ce que je
vois. Alors, vous ferez vos analyses.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Vous avez décidé de prêter serment à l'abri du
regard des caméras parce que c'est désagréable. Est-ce qu'on doit s'attendre à
ce Québec solidaire prenne des décisions dans le noir quand les décisions sont
désagréables?
Mme Massé : Je pense que
ce qu'on a fait aujourd'hui, c'est surtout de vous annoncer qu'il y aura un
projet de loi pour plus jamais que ça ne se repasse. On n'est pas les premiers,
vous le savez comme moi. Le Parti québécois a été pris comme indépendantiste
avec ça. Ils ont déjà d'ailleurs, semble-t-il, fait un serment en privé aussi.
Je pense que c'est plus... honnêtement, c'est
dire : Regarde, dans la démocratie... en 2018, là, l'allégeance à la reine
Elizabeth II, là, ce n'est pas sérieux, là. On est le Parlement du Québec,
ce n'est pas sérieux. Alors, nous, c'est comme ça, mais, par contre, si on ne
le faisait pas, on ne pouvait pas siéger. Ça fait qu'on a trouvé quelque chose.
On a délibéré entre nous puis on a trouvé quelque chose qui satisfaisait et l'Assemblée
nationale dans le devoir de... tu sais, Michel Bonsaint, il doit répondre
de ça, lui, et on a tous signé le livre comme quoi nous sommes députés.
Donc, on a fait ce qu'on avait à faire,
mais on a surtout rappelé à la population du Québec que Québec solidaire, pour
nous, c'est important, la population puis qu'ils peuvent compter sur nous.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Une dernière petite chose, la CAQ a dit hier qu'elle
espérait un changement de ton à l'Assemblée nationale. Un de ses députés a
donné l'exemple d'un projet de loi qui pourrait être présenté par tous les
partis conjointement. Est-ce que, vous, vous seriez à l'aise de déposer un
projet de loi conjointement avec la CAQ?
Mme Massé : Bien, si c'est
dans l'intérêt soit de la lutte aux changements climatiques ou de nos concitoyens
et concitoyennes, l'ensemble de la population du Québec, moi, je n'ai pas
d'inconfort. Souvent, nous, on a proposé ça, mais on nous a dit que ce n'était
pas possible. Alors, on ne l'a pas fait.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, tout le monde. Martin Croteau de LaPresse.
Mme Massé, serez-vous fidèle et porterez-vous vraie allégeance à Sa
Majesté la Reine?
Mme Massé : Bien là, vous
essayez de me faire répéter le serment devant la caméra. Ce que je peux juste
vous dire, c'est que nous, collectivement, on a joué le jeu, parce que c'est un
jeu, un gros jeu, là, il faut dire, ce serment-là. Et d'ailleurs c'est
tellement un gros jeu que, dans les années 80, on a rajouté le deuxième
serment, le serment au peuple québécois. Bien, ce n'est pas pour rien qu'on a
rajouté le serment au peuple québécois parce que c'est vraiment au peuple que
nous avons fait notre allégeance.
M. Croteau (Martin) : ...le
serment sans y croire, finalement.
Mme Massé : On a joué le jeu.
M. Croteau (Martin) : Bien,
expliquez-nous votre état d'esprit. Vous avez prêté un serment auquel vous ne
croyez pas?
Mme Massé : Écoutez, on l'a
fait dans le privé, là, M. Croteau. Vous savez comme moi, si on avait voulu le
faire en public, on l'aurait fait en public. On s'est entendu entre nous que
ça, il fallait passer par là, puis on a trouvé ce chemin-là pour le faire.
M. Croteau (Martin) : Quelle
est la valeur de ce serment et quelle est la valeur d'un serment de député
solidaire, finalement? C'est un peu ça la question.
Mme Massé : Vous irez demander
à M. Bonsaint si on est des vrais députés. Si c'est ça que vous voulez savoir,
vous irez lui demander.
M. Croteau (Martin) : J'avaisune question sur un autre sujet, si vous permettez. Quelle collaboration
entrevoyez-vous avec le gouvernement Legault sur la question climatique?
Mme Massé : Bien, c'est sûr
que M. Legault et son équipe n'auront pas le choix, je pense, de travailler
soit par projet de loi, par règlement, à répondre à l'urgence climatique. Nous,
on est très ouvert à travailler avec lui, mais pas pour permettre
l'exploitation du gaz de schiste, pas pour permettre l'exploitation pétrolière,
parce que ça, là, ce n'est pas souhaitable ni pour le Québec ni pour la planète
entière.
Alors donc, je réitère, et ça a toujours
été ça, notre «drive» à Québec solidaire, dans la mesure où ça prend soin du
monde ou ça prend soin de la planète, on va être complètement avec la CAQ.
M. Croteau (Martin) : M. Legault
a semblé ouvert ou, en tout cas, réceptif à discuter d'idées de vous,
nommément. Comment vous accueillez ça? Qu'est-ce que ça vous fait?
Mme Massé : On va discuter, ça
va me faire plaisir. Et d'ailleurs ça tombe bien, parce que moi aussi, j'ai
envie de discuter avec lui. Je pense que c'est la façon que Québec solidaire a toujours
travaillé, toujours travaillé. Je ne pense pas que ça va changer.
Et, par exemple, un autre projet de loi,
vous donner un autre exemple, là, un autre projet de loi qui a été annoncé
plusieurs fois, c'est le droit de prescription en matière d'agression sexuelle.
Moi, j'étais complètement d'accord avec Simon Jolin-Barrette là-dessus. Ça
serait le fun que ce projet de loi là revienne rapidement parce que c'est la
vie de nos concitoyennes principalement et de plusieurs de nos concitoyens qui
est en cause.
Donc, dans ce sens-là, n'importe quand,
travailler en collaboration, mais c'est sûr que si c'est pour diminuer nos
services publics, si c'est pour aller à l'encontre de faire le changement de
cap nécessaire en matière de changement climatique et etc., c'est évident que
là on ne sera pas… on va jouer notre rôle d''opposition.
Le Modérateur
: On va
prendre une dernière question en français.
M. David (Michel) : Oui.
Bonjour, Mme Massé. Peut-être deux. Michel David, Le Devoir.
Est-ce que le départ de Jean-François Lisée rend le PQ plus fréquentable?
Mme Massé : Écoutez, je
pense que, si vous vous rappelez la dernière législature, on a travaillé
régulièrement avec le Parti québécois. Ce n'est pas une personne, ce n'est pas…
Et c'est vrai par rapport à la CAQ, je viens de vous le dire, mais c'est vrai
par rapport à l'ensemble des parlementaires, je pense que nos députés ont démontré
en campagne électorale que nous, on avance. On avance d'un bon pas. On vient de
faire un saut, un pas important collectivement, Québec solidaire. Et tous les
parlementaires, peu importe du parti duquel ils soient, on va cheminer s'ils
vont dans le sens de…
M. David (Michel) :
…mais vous aurez compris que je ne pensais pas tellement aux travaux parlementaires,
là, qu'aux négociations... pas sur alliance électorale, là, je comprends que le
mode de scrutin pourra régler une bonne partie de ces problèmes-là, mais
surtout sur la feuille de route, la convergence. Est-ce que vous êtes ouverte
à, disons, de nouvelles discussions?
Mme Massé : Bien,
écoutez, on vous l'a dit par le passé, la société civile a pris en main des
choses. D'ailleurs, j'ai déjà des rencontres de prévues avant les fêtes avec la
société civile. C'est évident que, comment faire avancer le dossier de la
constituante pour faire en sorte que le peuple québécois retrouve l'ensemble de
ses moyens… pas retrouve, trouve l'ensemble de ses moyens pour faire tout ce qu'on
a à faire, dont lutter contre les changements climatiques, on va être «all in»
là-dessus, c'est sûr.
Mme Lévesque (Catherine) :
Bonjour. Catherine Lévesque du HuffPost Québec. Félicitations à vous
tous. Juste revenir sur ce que ma collègue Marie-Michèle disait plus tôt. À
quelle «fake news» faisiez-vous référence lors de votre discours?
Mme Massé : À quelle?
Mme Lévesque (Catherine) :
Quelle «fake news»?
Mme Massé : «Fake news»?
Non, on disait dans cette ère de «fake news». Ce n'était pas une «fake news» en
particulier, mais quand même dans…
Mme Lévesque (Catherine) :
…plusieurs au Québec? Il y a plusieurs «fake news» au Québec?
Mme Massé : On parle d'une
ère, là. Moi, je pourrais reprendre mon discours, là. Ce que ça disait, c'est :
On est dans une ère dans laquelle la «fake news», ça fait pesant et présent. Et
donc, nous, on ne veut pas passer par là. Je ne pointais pas du doigt rien ni
personne, là. Ce n'est pas contre vous. Ce n'est pas contre vous, là.
Tu sais, disons que, mettons, il y a des
Facebook... tu sais, vraiment, pour vous en libérer, là, tu sais, des Facebook
puis des Twitter. Il y a toutes sortes d'affaires. Non, mais c'était ça. C'est
dans cette ère-là que nous sommes.
Mme Lévesque (Catherine) :
D'accord. La CAQ a fait élire un député qui doute des changements climatiques.
Je voulais savoir : Est-ce que vous allez leur en tenir rigueur, à la CAQ?
Mme Massé : Si on va le…
Mme Lévesque (Catherine) :
Leur en tenir rigueur du fait qu'ils on fait élire au moins un député qui doute
des changements climatiques.
Mme Massé : Bien, c'est-à-dire
que, là, M. Legault fera son travail, parce que, pour moi, c'est d'une
évidence. Que quelqu'un en 2018 qui est climatosceptique, ce n'est pas
quelqu'un qui prend soin du monde ni de la planète. Alors, ça, ça appartient à
M. Legault.
Mme Lévesque (Catherine) :
Donc, vous n'allez pas soutenir ça. Puis finalement, est-ce que vous êtes sur
un «high» aujourd'hui?
Mme Massé : Pas mal, puis on a
hâte d'aller voir le monde pour aller... parce que c'est un moment important,
hein? Ça fait que...
Une voix
: ...
Mme Massé : Tu as joué avec ma
naïveté. Alors, bien, on est... non. Mais oui, on est sur ce «high»
d'adrénaline que nous porte la fierté d'arriver à 10 à l'Assemblée nationale.
Le Modérateur
: On va
prendre des questions en anglais.
Mme Massé : Oh! en anglais.
Juste un instant. Hi! Je n'ai pas dit «bonjour», j'ai dit «hi».
Mme Fletcher
(Raquel) : Good afternoon. Raquel Fletcher
from Global News. About the oath that pledges Allegiance to the Queen, you did
that behind closed doors because you were embarrassed about saying it in public
or because you wanted to protest in your own way? What were the reasons behind
that?
Mme Massé : I
mean, technically, to be able to get here, inside the Parliament, you have to
make this oath. So the choice that we made together, it's OK because, for us,
the real oath, it's to the people of Québec, it's not to the Queen. So we
decided today to do it in private and the «secrétaire général» was OK with
that. So we did it like this.
Mme Fletcher (Raquel) : What do you have against the Queen?
Mme Massé :
What we do have…
Mme Fletcher (Raquel) : What do you have against the Queen?
Mme Massé :
Oh! it's not about the Queen, it's about the monarchy. I mean, you know we are
an independentist party and, for us, it's very archaic, it's very old, archaic,
to continue the oath to the Allegiance to the Queen because, the most
important, we are here, in the Québec Parliament, so it's to the people that is
very important. I know it's hard for me to make some, you know, very… «des
petites distinctions», but I think you understand well.
Mme Fletcher (Raquel) : That's OK. Do you see yourselves as the rabble rousers of the
National Assembly?
Mme Massé :
The rabble...
Mme Fletcher (Raquel) : The troublemakers?
Mme Massé : Fouteurs de trouble? J'ai eu une bonne traduction. Fouteurs de
trouble. Let's say that we will be if it's necessary. I mean, you know, Québec solidaire is here, in the Parliament,
to change things, not to just keep it going as it goes for a while. We want to
change it, and sometimes it needs to… rattle? To «être fouteurs de trouble».
Mme Fletcher (Raquel) : One question, if Cathy allows me. How much will your views on
sovereignty… you mention that you're an independentist party, you campaigned
the whole campaign on fighting climate change. I know you mentioned that in
your speech today, but I think we'll see that it's going to be a little bit
overshadowed by the fact that you didn't pledge allegiance to the Queen in
public. So how much will your views on sovereignty determine what your
priorities are, this mandate?
Mme Massé : I just want you to remember that, in the last campaign, it was one
of our themes, one central theme, and for us, it's not : we are
independentists only that time or that time. It's very important for us to be coherent
with this part of our program. But you know what? I think, between the oath to
the Queen and the climate change, the population want us to talk about climate
change, and that's what we did.
Mme Senay (Cathy) : Mrs. Massé, the CAQ government spent lots of time, since October
1st, speaking about religious signs, so following, as they say, the
Bouchard-Taylor's recommendations, but including teachers, not actual teachers,
future ones, and then not retrieving the crucifix from the National Assembly, in the blue room, and not the crucifix in courts.
What's your take on this?
Mme Massé : I
think we have to be clear. «La laïcité», it's the institution who needs to be «laïque»,
and this is not possible if you are a real… because I don't know le mot «laïque»
in English.
Des voix
:
Secular.
Mme Massé : Secular,
OK. So, if you're very serious in the secular way, why you want to keep the
Maurice Duplessis crucifix in the National Assembly?
Why do you want to continue to give public money to private schools who are not
secular?
Une voix
: ...
Mme Massé : Good? And so, when you ask me : What are you going to do?, what
we want, just as I tell, for us, I think it's a compromise. It's a compromise.
So a compromise means that everyone needs to put water in their wine. Is that
an English expression? Good. So we'll see. There is no «projet de loi», there is no bill...
Mme Senay (Cathy) : ...include the teachers, I guess, in the...
Mme Massé : For us, this is not in the Bouchard-Taylor
compromise. This is not there.
Mme Senay (Cathy) :
So that, it goes too far. One other thing, you want to... You said to the
MNA's, future MNA's in the «salon rouge» : Be yourself, stay with your own
principles, respect them. So are you going to say to MNA's for every bill that
it can be like a free vote or are you going to have a party line?
Mme Massé : I
mean, we already have a common vision. We come from Québec solidaire and we
have a social project to offer to people. Of course, in our caucus, «on va
discuter», and, as I told a little bit earlier, we haven't had this kind of
discussion yet. We have to discuss it.
Mme Johnson (Maya) : Good afternoon. Maya Johnson, CTV News.
Mme Massé :
Good afternoon.
Mme Johnson (Maya) : Just going back to the oath to the Queen, if you say it behind
closed doors but you don't truly believe in it, then doesn't that raise
questions about your legitimacy as an MNA, if you have to take those oaths in
order to officially represent the people of Quebec?
Mme Massé : I mean, for us, if I understand well, Maya, for us, the most important point was to be in front of our people,
because this kind of assembly or «rassemblement», it's for our people. I mean,
their parents, their friends came all around Québec to have this moment with
them, and, for us, it's not necessary. It was very important to make the oath
to the people of Québec, but for the other part, very not necessary. So that's
why we did it before and in front of our friends, our families, we say :
You can be sure that we will be there for the population.
Mme Johnson (Maya) : So you don't think it detracts from your legitimacy as an elected
official.
Mme Massé : It's a what?
Mme Johnson (Maya) : You don't think that it takes away from being legitimate as an
elected official because it's a part of the tradition?
Mme Massé : I mean, it's… No, no, absolutely not, absolutely not. Did Mme
Marois was not legitimate to be... Because I think this is the government who have been…
Une voix
: …
Mme Massé : No? OK. So I say
nothing.
Mme Johnson (Maya) : Would you describe your swearing-in ceremony as a reflection of who
you are as a party? It was obviously very different from the two others that
we've seen this week. So you're thinking outside the box. Is that how you will
be as a party as the National Assembly, taking a different approach?
Mme Massé : I think Québec solidaire is different, always been different and will be different forever.
I hope so. And for me today to take this moment… You know, it's a very big step
that we've made in the last campaign. Three MNAs, and now 10, and for me it was
very important to tell to my buddies, my colleagues, sorry, that…I saw Stephanie eyes, you know, like
this — and it was very important for me to
get the sense of : We are a team, and that's why I take the time to name
everyone and to say a little word. Maybe the day we will be 74, I won't be able
to do that.
Mme Johnson (Maya) : One final question. You've said that you can position yourselves as
the Official Opposition because the Liberals and the PQ are in reconstruction,
but Pierre Arcand has said repeatedly since he's become interim leader :
Make no mistake about it, we, the Liberals, are the Official Opposition.
What do you say to that?
Do you think that the Liberals will be an effective official opposition? I
mean, they're challenging you directly.
Mme Massé :
Of course, the Liberal Party got the title. He got 30 something, 39… 29 now — yes,
you're right — MNAs. So he's the real... you know, the real… he's the
Official Opposition. But, at the same time, just look at the last four years,
on the budget, on the «hydrocarbures», on the climate change. The PLQ and the
CAQ, a lot of times, vote the same way.
So
how could he tell us today that he will be the real Opposition. You know, to be
a real opposition, it's not
only a title that we have here, in the National
Assembly. It's what you do, it's what you bring as ideas,
it's what you support as a «projet de société», and I think that the CAQ and
the PLQ, the same.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
Mme Massé : Merci.
(Fin à 15 h 19)