To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin

Version finale

Thursday, November 8, 2018, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures huit minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Québec solidaire souhaite réagir, ce matin, à la nouvelle du jour, hein, ce qu'on a appris dans les journaux, que Bombardier allait mettre à pied, allait abolir 2 500 emplois au Québec, des bons emplois.

Je ne sais pas trop par où commencer. J'ai envie de dire : C'est la suite du désastre libéral, hein? Le désastre libéral, dans le cas de Bombardier, se poursuit. Nouveau chapitre de cette triste histoire. Et le pire, c'est que cette fois-ci on a un nouveau gouvernement au pouvoir mais un nouveau gouvernement qui partage la même vision de l'économie et qui donc ne pourra rien faire, puisqu'il a, pas plus tard qu'hier, applaudi le gouvernement libéral dans sa gestion de l'affaire Bombardier.

La vérité, c'est que le gouvernement de la CAQ, ce n'est pas un gouvernement de l'économie, c'est un gouvernement des actionnaires. Et le ministre de l'Économie actuel, on l'a vu hier dans ses commentaires, ce n'est pas un ministre de l'Économie, c'est le ministre des actionnaires. C'est la même vision de l'économie à la CAQ et chez les libéraux. C'est la même vision du développement économique. M. Couillard avait habitude de parler de sa vision de l'économie comme de l'économie des dirigeants. Dans le cas de la CAQ,

c'est l'économie des actionnaires, mais le résultat, c'est le même. Le résultat, c'est le même, c'est des travailleurs, travailleuses abandonnés par une entreprise qui s'est engraissée largement avec des fonds publics dans les dernières années.

Je vous rappelle qu'en 2017 les cinq plus hauts dirigeants de Bombardier se sont octroyé ensemble 40 millions de dollars en salaires. 40 millions de dollars pour cinq hommes à la tête de Bombardier, ça, c'est une augmentation de 12 % par rapport à l'année précédente. On annonce aujourd'hui qu'on va couper 2 500 emplois et qu'on va économiser comme ça 250 millions de dollars. Bref, juste les augmentations de salaire des cinq personnes à la tête de Bombardier, c'est 20 % des économies... ou à peu près 20 % des économies qu'on prétend faire aujourd'hui en coupant 2 500 emplois. De toute évidence, la direction de Bombardier, ça ne les dérange pas de s'en mettre plein les poches en s'abreuvant avec des fonds publics, pendant que, de l'autre main, ils mettent à pied des milliers de Québécois et Québécoises, à la veille de Noël en plus.

Ce dont on a besoin, au Québec, pour que des situations comme ça cessent de se produire, ce n'est pas juste d'un changement de gouvernement, c'est un changement de modèle économique, c'est un changement de vision économique. Aujourd'hui, c'est Bombardier; plus tôt cette semaine, c'était RONA. On apprend aujourd'hui que le milliardaire Guy Laliberté a eu des subventions publiques pour développer son nouveau projet. Dans tous ces cas-là, c'est la même situation, c'est la même logique qui est à l'oeuvre, là, puis cette logique-là, c'est celle où des gens extrêmement riches vont chercher des fonds publics pour développer leurs projets et ensuite abandonnent les travailleurs et travailleuses en s'en mettant plein les poches.

Les gens se font avoir, à la fois les travailleurs, travailleuses puis les contribuables, et c'est ce modèle économique là qu'il faut remettre en question. Il ne suffit pas de changer de gouvernement ou de changer de ministre. Il faut changer le modèle, il faut changer de vision, il faut changer de culture économique. Garrocher des fonds publics pour soi-disant aider les fleurons québécois, là, regardons où ça nous mène, là, ça nous mène à des pertes d'emploi, ça nous mène à une économie fragilisée. Et c'est ce modèle-là qu'il faut revoir. Au lieu de changer de gouvernement, il faut changer de modèle puis changer de culture économique au Québec.

M. Dion (Mathieu) : Si on ne veut pas avoir de... garrocher de l'argent encore, comment on vient sauver les emplois, dans le fond, qui sont perdus aujourd'hui?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est-à-dire, la question qu'on doit se poser aujourd'hui... Je pense qu'il y en a deux. D'abord, c'est : Que peut-on faire pour aider, ici et maintenant, là, les employés qui vont perdre leurs emplois? Et ça, c'est la responsabilité du gouvernement Legault, qui doit faire quelque chose pour venir en aide aux travailleurs, travailleuses. La deuxième question, c'est : Qu'est-ce qu'on fait pour que ça arrête de se reproduire? Et, à cette question-là...

Journaliste : ...

M. Nadeau-Dubois : Bien, la solution, c'est demander des garanties quand on met de l'argent public. On ne peut pas donner toujours plus, toujours plus de fonds publics à des entreprises comme Bombardier, sans

rien demander en retour. Je veux dire, quand on finance des groupes communautaires, là, on leur donne des subventions de 500 piastres puis on leur demande 10 pages de reddition de comptes. Puis on investit des centaines de millions de dollars, année après année, dans une multinationale, puis ça, c'est «no strings attached». Je veux dire, c'est incohérent, c'est irrespectueux des contribuables dont c'est l'argent qu'on investit, et ça ne fonctionne pas, même sur le plan du développement économique puis de la sauvegarde des emplois. Donc, ce qu'il faut faire, c'est demander des garanties.

M. Chouinard (Tommy) : ...qu'il aurait dû y avoir, pour Bombardier...

M. Nadeau-Dubois : Bien, je vous donne un exemple, il y en a beaucoup, là. Il y a des garanties de maintien d'emplois, il y a des garanties de ne pas délocaliser certaines activités. Mais, à Québec solidaire, lors de la dernière campagne électorale, on a fait une proposition aussi sur la question de la rémunération des dirigeants. Quand on investit des centaines de millions de dollars et, dans le cas de Bombardier, des milliards de dollars dans une entreprise privée, on est en droit, collectivement, de demander à ce que les dirigeants de ces entreprises-là se donnent des rémunérations respectueuses de la population. Et 40 millions de dollars pour cinq gars à la tête de Bombardier, en 2017, ce n'est pas respectueux de la population quand on fait des affaires sur le dos des fonds publics.

M. Chouinard (Tommy) : Dans le cas de la CSeries, il y avait une garantie de maintien d'emploi, en tout cas, jusqu'en 2041, des 2 500 emplois, je pense à Mirabel. Ça fait que, donc, ça, c'était une garantie qu'il y avait dans ça. Donc là, à ce moment-là, quand on a, bon, garroché des fonds publics, trouvez-vous qu'on avait une bonne garantie?

M. Nadeau-Dubois : Moi, ce que je sais, c'est que, depuis, on a donné le projet de la CSeries à une multinationale étrangère, et que ces avions-là vont en grande partie être construits en Alabama. Donc, non, ce n'était pas suffisant. Ce n'est pas non plus suffisant sur le plan de la rémunération des dirigeants. C'est ce modèle-là qu'il faut remettre en compte, le modèle sur lequel des soi-disant fleurons du Québec inc. se présentent devant les gouvernements, montrent leurs muscles et disent : Donnez-nous de l'argent sinon on s'en va. On leur donne de l'argent, puis ils s'en vont pareil.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que tu n'as pas une responsabilité dans ces cas-là?

M. Nadeau-Dubois : Dans le cas de Bombardier, il y a un débat largement à faire, au Québec, parce que c'est des gouvernements québécois qui ont beaucoup investi. Puis, oui, le gouvernement libéral a aussi un rôle, mais le dernier chapitre du scandale, là, puis du désastre, là, il s'est écrit au Québec.

M. Laforest (Alain) : Mais, l'industrie aéronautique, il doit y avoir un développement à se faire. Le gouvernement du Québec a investi dans la CSeries, la ministre de… l'ex-ministre Dominique Anglade défend l'investissement, ce matin, en disant : Jusqu'en 2041, l'investissement dans la CSeries, il est protégé, les emplois sont protégés, on coupe ailleurs. Elle, elle dit : On coupe ailleurs, on ne coupe pas dans la CSeries. Ottawa doit faire quoi, et le gouvernement Legault doit faire quoi pour garder ces emplois-là?

M. Nadeau-Dubois : Je le disais, là, ce matin, il y a deux questions qui se posent. D'abord : Ici et maintenant, qu'est-ce qu'on fait pour accompagner les travailleurs, travailleuses qui ont perdu leurs emplois? Le gouvernement a un rôle à jouer pour accompagner ces gens-là. C'est 2 500 emplois, là, c'est énorme. Et il y a une question à moyen-long terme : Comment on fait pour éviter que ça se reproduise? Parce que, faire des programmes d'urgence, il faut le faire, là, mais c'est une solution à court terme. La logique globale du système, elle continue, là. Pas plus tôt, cette semaine, c'était RONA. Puis il va y en avoir un autre, la semaine prochaine, là, puis un autre la semaine d'après, si on ne change pas ce modèle où il y a des soi-disant fleurons du Québec inc. qui viennent faire du chantage devant les gouvernements, puis on leur donne de l'argent à peu près sans compter, on demande peu ou pas de garanties et après on s'étonne qu'on se soit fait avoir.

M. Bergeron (Patrice) : Qu'est-ce que le gouvernement du Québec devrait faire, donc, pour les 2 500 licenciés? Est-ce qu'il devrait y avoir des programmes d'aide qui devraient être mis sur pied? Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir... Des fois, le gouvernement met en place une cellule de crise. Qu'est-ce que vous voyez comme plan qui pourrait convenir pour aider ces gens-là?

M. Nadeau-Dubois : Il faut accompagner ces gens-là. Il faut penser à des programmes de recyclage, également, ou de formation pour que ces gens-là se trouvent des emplois. Peut-être que ça se passera bien, puis on le souhaite que ça se passe bien pour ces gens-là. Mais, s'il y a des gens qui ont plus de difficultés à se retrouver des emplois, le gouvernement a une responsabilité. Pourquoi? Parce que, si on avait demandé des participations, là, à chaque fois qu'on investit dans Bombardier, là, le gouvernement du Québec, aujourd'hui, serait actionnaire majoritaire ou à peu près de cette entreprise-là. Donc, oui, on a des responsabilités comme gouvernement d'accompagner ces gens-là qui se retrouvent sur le trottoir.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce qu'on doit donner ou non de l'argent à des entreprises comme...

M. Nadeau-Dubois : Il faut, mais bien sûr. Le gouvernement du Québec a un rôle à jouer dans le développement économique. C'est vrai pour la Caisse de dépôt et placement, c'est vrai pour Investissement Québec. L'État a un rôle à jouer dans la planification puis l'orientation du développement économique. Donc, oui, et ça veut dire notamment donner de l'argent ou prêter de l'argent à certaines entreprises. Il faut le faire intelligemment, en demandant des garanties. Et Bombardier, c'est l'exemple parfait où, par volonté de bien paraître devant la crème de la crème du Québec inc., on donne, on donne, on donne et on ne demande rien en retour.

Je le répète, là, quand on donne des subventions de 2 000 $ à un groupe communautaire, là, c'est des pages, et des pages, et des pages de reddition de comptes pour savoir combien de crayons à la mine on a achetés, pour être sûr que les fonds publics soient bien dépensés. Quand il est le temps d'être sur le dos des organismes communautaires, des fonctionnaires ou des organismes publics, là, la CAQ et les libéraux, c'est les champions de la reddition de comptes. Quand c'est le temps de donner à des multinationales, c'est des cadeaux «no strings attached», puis après on s'étonne qu'on se fait avoir.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Le problème, c'est que Bombardier est peut-être trop grosse. Est-ce que ce ne serait pas mieux d'avoir, au Québec, plusieurs petits joueurs?

M. Nadeau-Dubois : Vous lancez, disons, une réflexion plus large, mais elle est pertinente, cette question-là. Le modèle de développement économique des dernières années, selon la CAQ et les libéraux, il est très simple. On donne énormément d'argent à très peu d'entreprises, sous prétexte que ce sont des grands fleurons qui vont démarquer le Québec. Pendant ce temps-là, il y a toutes sortes de formes d'entrepreneuriat, plus local, plus démocratique, qu'on n'aide pas ou qu'on aide peu. Alors, oui, et c'est exactement ce que je veux dire, quand je dis qu'il faut revoir le modèle de développement économique, hein, la culture de développement économique.

Est-ce que ce qu'on veut, c'est donner énormément d'argent à peu d'entreprises sous prétexte que c'est des fleurons? Ou est-ce qu'on veut aider les entrepreneurs, souvent des jeunes entrepreneurs, partout au Québec, qui ont plein de projets de développement plus régional, plus local, avec des emplois de qualité, souvent dans des perspectives de développement durable? Il faut choisir. Et je pense que, oui, cette réflexion-là, elle est pertinente. Et, quand on voit ce qui arrive avec RONA, Bombardier, puis Guy Laliberté ce matin, c'est tous des exemples qu'il faut changer de vision. Et il n'y a personne qui va nous faire croire que les caquistes portent une vision différente de l'économie de celle des libéraux.

Une voix : Merci.

M. Nadeau-Dubois : Merci à vous autres.

(Fin à 11 h 19)

Participants


Document(s) Related