(Treize heures quarante-neuf minutes)
M. Marissal : Bien, alors,
bonjour. Merci d'être là. Ce qu'on a vu aujourd'hui dans la mise à jour
économique du gouvernement, c'est malheureusement la confirmation de ce qu'on
savait : Ce gouvernement-là n'a pas de plan dans la lutte aux changements
climatiques. Non seulement il n'a pas de plan, mais il ne sait pas par quel
bout le prendre.
Alors, après nous avoir dit pendant
quelques jours la semaine dernière qu'il n'avait pas trouvé le plan des
libéraux, on avait compris qu'il n'en avait pas lui-même. Maintenant, il nous
dit que finalement il y en avait, un plan du gouvernement libéral, et puis
qu'il semble s'en contenter, même si, de toute évidence, ce plan est inadéquat.
Et le gouvernement nous dit, par ailleurs, et c'est là que ça devient
complètement absurde, qu'on n'atteindra même pas les cibles de réduction de GES
dans l'ancien plan ou le pas de plan du gouvernement libéral. On a de la misère
à les suivre là-dedans. Ce qu'on voit là-dedans, c'est que le gouvernement
Legault ne sait pas par quel bout prendre ça.
Alors, il nous arrive avec une seule
mesure, en fait, qui n'est même pas une de ses mesures, c'est une mesure qui
existait déjà, c'est-à-dire le prolongement de l'achat de véhicules électriques
pour trois mois encore. Très bien, nous sommes pour les véhicules électriques,
mais ce n'est pas la panacée, ce n'est pas la solution universelle. Il y avait
une occasion là-dedans d'aller beaucoup plus loin, de donner un grand coup
d'envoi et de dire notamment aux entreprises, parce qu'on aide beaucoup les
entreprises encore une fois au Québec, de leur dire : On va vous aider,
oui, on va vous aider financièrement, d'accord, mais ça prend aussi un plan de
transition écologique, un plan de transition, de formation de la main-d'oeuvre
vers les nouvelles technologies vertes. De ça, il n'y a strictement rien
là-dedans.
Pourtant il y a une immense différence, il
y a une contradiction flagrante entre le diagnostic et le remède, c'est-à-dire
que le diagnostic, le gouvernement nous dit : Il y a crise, il y a menace
à l'humanité, puis le remède, c'est trois fois rien, sinon la reconduction d'un
programme, d'un seul programme pour trois mois.
Alors, voici une belle occasion ratée, parce
qu'il y avait de l'argent, et on a de l'argent au Québec. Le gouvernement a
fait le choix, plutôt que d'investir dans la dette climatique, qui est hors de
contrôle, a décidé d'investir davantage et de régler davantage la dette
financière qui, elle, est totalement sous contrôle au Québec.
Je vais prendre vos questions.
La Modératrice
:
François Cormier.
M. Cormier (François) :
Bonjour. François Cormier, TVA.
M. Marissal : Bonjour.
M. Cormier (François) : Je
sais que votre parti avait dit que les quatre priorités, c'étaient l'environnement,
l'environnement, l'environnement et la lutte aux changements climatiques, mais
vous ne parlez pas des familles. Les mesures sont suffisantes quant à ce qu'on
donne pour les familles, le 500 $, le 1 000 $ ainsi que les
tarifs de garde?
M. Marissal : Bien, je n'en ai
pas parlé dans mon introduction, parce que, pour nous, réellement, la priorité
des priorités, là, la crise, là, c'est la crise des changements climatiques. Ça
n'empêche pas qu'on se préoccupe aussi des familles. La preuve, c'est que la
crise des changements climatiques va finir par toucher tout le monde, y compris
les familles.
Si vous prenez plus spécifiquement la
question de l'aide aux familles, il me semble qu'il y a une différence entre ce
que M. Legault proposait et promettait dans sa campagne, notamment pour les
frais de garde, et ce qu'il y a aujourd'hui, parce que, jusqu'à preuve du
contraire et pour la prochaine année, les contribuables, les familles qui ont
des enfants en garderie, ou en CPE subventionné, ou en service de garde
subventionné ne paieront pas moins cher. Au contraire, ils vont continuer de
payer un peu plus cher parce qu'il y aura indexation. Et on avait compris
pendant la campagne électorale que le gouvernement... la CAQ, en fait, à
l'époque, qui est devenue le gouvernement, voulait abolir la contribution
additionnelle. Or, pour le moment, tout ce qu'on fait, c'est qu'on gèle cette
contribution. Il y a une différence entre geler quelque chose qui existe et
l'abolir.
M. Cormier (François) :
Concernant l'environnement et la lutte aux changements climatiques, est-ce que vraiment
il fallait que ça se fasse dans la mise à jour économique? Est-ce que vraiment
il fallait que les mesures soient là, ou le plan ne peut pas venir ultérieurement,
dans une annonce dans les prochains mois?
M. Marissal : Il y avait une
belle occasion avec ça, qui est comme la première pierre de l'édifice caquiste,
là. Il y avait là une sacrée belle occasion de dire : J'ai pris note, je
constate, je sais qu'il y a crise, et voici, nous irons dans telle direction.
Au lieu de ça, on nous dit que la grande, grande majorité des surplus ira à
l'accélération du remboursement de la dette. Là, je parle de la dette
financière et non pas de la dette climatique.
Non, nous n'étions pas obligés de tout
avoir dans le plus fin détail là-dedans, mais c'était l'occasion parfaite... Ce
gouvernement vient d'arriver, ce gouvernement dit : Oui, il y a crise
climatique. C'était l'occasion parfaite de dire : Non seulement j'en
prends acte, mais je vous dis qu'on ira dans telle ou telle direction. Encore
une fois, on n'a rien contre les autos électriques, mais il n'y a pas une
Tesla, il n'y a pas une Bolt sur la route du Québec, une Bolt de plus ou une
Tesla de plus qui va mettre un bus de plus sur les routes, ou un tramway, ou un
train de plus sur les rails du Québec. On est encore dans l'auto solo, et on
est en dans un programme, de toute façon, pour trois mois. C'est largement
insuffisant, c'est même presque risible comme solution.
La Modératrice
:
Véronique Prince, Radio-Canada.
Mme Prince (Véronique) :
Bonjour. Qu'est-ce que vous pensez des mesures pour les aînés? Est-ce que vous
trouvez que c'est suffisant?
M. Marissal : Bien, suffisant,
probablement pas parce qu'il y a des aînés qui sont en situation de très, très
grande pauvreté, qui auront besoin de plus. Et je crois avoir entendu M.
Legault au moins reconnaître qu'il y a des aînés en situation de très grande
précarité au Québec. 200 $, jusqu'à 400 $ par couple de personnes
âgées, est-ce que ce sera suffisant pour sortir ces gens-là de leur extrême
pauvreté? Non, bien sûr, mais soyons bons joueurs, là, il y a un premier geste
qui a été posé là. Mais moi, je pourrais dire à M. Legault, par exemple, que
dans ma circonscription, dans Rosemont, là, il y a énormément de personnes
âgées seules et pauvres. Et j'irais même plus loin, il y a énormément de
personnes âgées femmes et pauvres.
Dans mon porte-à-porte, quand je rencontre
les gens dans les HLM, des fois, neuf portes sur 10, c'est une femme âgée
pauvre. Ces gens-là, il faut les sortir de l'isolement, il faut les sortir de
la précarité, il faut leur redonner une dignité, parce qu'évidemment tout ça
cause des problèmes de santé, des problèmes d'isolement, des problèmes de santé
mentale et toutes sortes d'autres problèmes qui sont inhumains pour la personne
qui les vit puis, on va se le dire, qui coûtent aussi très cher à la société.
Alors, voilà un bon petit pas dans la bonne direction.
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce qu'on n'est pas un peu impatients, finalement, puisqu'il y a un budget
qui est prévu au printemps et qu'on nous dit que la plupart des mesures vont
être là-dedans?
M. Marissal : Oui, quant aux
changements climatiques, j'ai bien hâte de voir, parce que, pour le moment, le
constat qui est fait là-dedans, c'est que ce gouvernement-là ne sait pas du
tout par quel bout commencer. Il n'en a pas de plan, il ne le sait pas.
Quant au reste, Mme Prince, peut-être que
l'impatience des Québécois et des Québécoises est proportionnelle à l'orgie de
promesses et d'engagements qui ont été pris par ce gouvernement-là,
gouvernement qui aujourd'hu, se rend compte qu'il ne peut pas tout livrer.
Parce que, même s'il y a beaucoup d'argent, il y a beaucoup de surplus en ce
moment, il y a eu beaucoup, beaucoup de promesses, et en ce moment je pense
qu'on s'attendait et que les familles québécoises même étaient en droit de
s'attendre à plus et à plus vite.
Il y aura un budget. On va donner l'occasion
au gouvernement de déposer ce budget, mais pour l'ensemble et en particulier
pour la priorité des priorités, c'est-à-dire la lutte aux changements
climatiques, c'est très décevant. C'est très décevant parce que voici comme une
carte, un peu comme une carte, un itinéraire, une espèce de Google politique,
Google Maps politique, on dit : On va aller là puis on va passer par là.
Il y aura peut-être quelques petits détours, mais grosso modo on veut s'en
aller là. Pour le moment, il n'y a rien du tout là-dedans.
La Modératrice
: Merci.
Hugo Pilon-Larose, LaPresse.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Je
poursuis sur la lancée de ma collègue. Si j'ai à résumer, dans le fond, ce que
tous les partis d'opposition... vous avez dit aujourd'hui à la mise à jour
économique, on a entendu le PQ dire : Tout ça pour ça; les libéraux, dire :
Un rendez-vous manqué; maintenant à vous de dire : Une belle occasion
ratée.
Est-ce que vraiment les gens à la maison,
les contribuables, qui, s'ils s'intéressent à la question, ont écouté les
travaux aujourd'hui, avaient de si grandes attentes pour une simple mise à jour
économique?
M. Marissal : Bien, de un, je
ne parlerai pas pour les autres partis de l'opposition qui se sont vraisemblablement
déjà prononcés. Je vais me prononcer pour ma formation politique qui a mené,
tambour battant, la campagne pour une lutte réelle contre les changements
climatiques et je pense que cette campagne, elle a résonné dans la population.
Je pense que les Québécois et les Québécoises sont en droit et s'attendent à
des vrais changements là-dedans. Et même le gouvernement, en fin de campagne,
s'est mis à paniquer, en disant : Wo! je n'ai pas de plan, qu'est-ce que
je fais avec ça? Ils se sont mis à consulter toutes sortes de monde pour essayer
d'avoir des idées sur comment... espèce de bricoler un programme environnemental
qu'il n'avait pas. Puis la semaine dernière ils avoué ici, en Chambre, qu'ils
n'en ont pas de plan. Alors, le résultat, il est là. Effectivement, il n'y en a
pas de plan.
Alors, nous, on fait le pari,
effectivement, que les citoyens, les citoyennes au Québec, ils ont suivi la
campagne et suivent l'actualité. Ils ont entendu parler du GIEC, ils voient
bien les canicules comme celle de l'été dernier. Les feux de forêt, les
dérèglements climatiques, tout le monde est à même de les voir. Alors, je pense
qu'on s'attend à ce que notre gouvernement ici fasse quelque chose.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Alors, soyons concrets. Il y a la COP24 qui s'ouvre ces jours-ci, en même
temps. Qu'est-ce qu'on aurait dû voir, une mesure que vous auriez aimé voir,
dans un plan de lutte aux changements climatiques, qui aurait pu s'inscrire
dans le cadre d'une mise à jour économique? Une chose.
M. Marissal : Bien, d'abord,
un leitmotiv en faveur du transport collectif et pas les plans qui existent
déjà, qui sont parfois, comme la ligne bleue à Montréal, des plans qui datent
d'il y a 35 ans, là. On n'est pas tout à fait dans l'audace, là, on est
dans les vieux plans qu'on fait juste recycler d'année en année, d'élection en
élection. Un réel plan pour le transport collectif.
Nous, par exemple, on proposait, pendant
la dernière campagne électorale, de couper de moitié les tarifs de transport
collectif et d'établir des services de transport interurbain pour que les
Québécois ne soient pas toujours obligés, à la fin, de dire : Bien, je
vais prendre mon auto. Ça ne me tente pas, il ne fait pas beau, je suis tout
seul, ce n'est pas le meilleur moyen, je ne peux même pas travailler... le plus
souvent dans mon auto, je suis voiture solo, donc je pollue davantage que si
j'étais en transport collectif. Mais on ne blâme pas les Québécois, là. Souvent,
c'est le seul choix qu'ils ont. Puis même dans des villes comme Québec ou même
Montréal, souvent, dépendant où vous vivez, le seul choix que vous avez parfois
pour arriver à l'heure à votre rendez-vous, là, chez le médecin ou chez le
dentiste, c'est de prendre votre char. Vous n'avez pas le choix.
Alors, là-dedans, il n'y a pas de position
ferme en faveur d'un réel plan de transport collectif. Et ce n'est que ça, là.
On aurait pu parler d'autres choses aussi. Tant qu'à aider les entreprises, et
on les aide beaucoup, on aurait pu réellement leur dire : On va vous
aider, on va continuer, mais les emplois, dorénavant, ils devront être verts.
Parce qu'il y a une transition à faire aussi pour la main-d'oeuvre au Québec,
ça ne se fera pas tout seul.
La Modératrice
: Cathy
Senay.
Mme Senay (Cathy) : Hi. Good afternoon. Mr. Marissal, there is this new financial assistance
for seniors with lower income. It's about $200 per year.
So, per month, it's about $16; per week, it's $4. It's about the cost of a
coffee. Is it something that senior might be insulted with because the needs
are way higher than this, you think?
M. Marissal : Well, I don't know if they should feel insulted by this but clearly
it's not enough. Let's put it clearly, it's not enough. It's a first step
towards the good direction, I think. There is something in this position from
the Government that says :
OK, we know there is a problem
but obviously we have to do more about this. $16 a month, you said. Well, I
think you have the answer to your question right there.
Mme Senay (Cathy) : Because you said in French that you know about the financial
distress of seniors, you meet seniors almost every week perhaps in your own
constituency that do have financial… they need help a way more probably than $200 per year?
M. Marissal : Ah! you bet. They need more than that. So actually is it just the first step in this first step of the Government and we'll see more in the
incoming budget? I hope so, and
we do hope so.
What I said in French
about my riding is, and it's not exclusively in my riding, it's all over the
place in Québec, all over riding in Québec, so many people are living alone,
poor and isolated, and this problem is even more accurate with women. They are
poor, old, sick and isolated. So, if it's a first step towards a good
direction, fine, but we have to do more.
Mme Senay (Cathy) : Cars electrification, well, they want to extend… They are going to
extend the program, which is a good thing, but, I mean,
how much more you wanted to see there?
M. Marissal :
I mean, this program for electric cars, we are talking about maybe 3,000 more
electric cars during the next three months, which I doubt quite frankly. I
doubt we are going to reach that point. Well, an electric car, as good as it
is, doesn't replace a bus, or a train, or a tramway. We need more collective
transit and solo car is not the solution. That's not the way to go. We're not
against electric cars, don't get me wrong. That's a good thing. If we could all
have electric cars in Québec, it will be a good thing but it's not the only
solution. It's just one tiny part of the solution.
Mme Senay (Cathy) : Last question about the expectations that Opposition parties may
have with this economic update. What do you think people will get out of this
economic update, citizens?
M. Marissal :
Well, you know, my kids are too old to be in day-care,
but, if they were still in day-care, I would probably note that what we see
today is not exactly what has been promised in the campaign. We were talking
about the abolition of extra fees
and now we're talking about a freeze on extra fees. In my pocket, it doesn't
make a difference. I will pay more in 2019, all the same.
Mme Senay (Cathy) : False promise, in a sense, or like…
M. Marissal : Incomplete.
Mme Senay (Cathy) :Thank you.
M. Marissal :Thank you.
(Fin à 14 h 4)