(Douze heures vingt-trois minutes)
M.
Arcand
:
Merci infiniment. Évidemment, notre caucus se poursuit aujourd'hui et va se
terminer en fin de journée. Nous avons eu, depuis hier, des discussions
extrêmement intéressantes avec les collègues. Vous avez devant vous un chef et
une équipe, également, motivés pour la rentrée parlementaire. Il y a eu des
rencontres avec les gens de notre formation politique, de notre parti, et il
est clair que, pour nous, la récréation a sonné pour le gouvernement. M. Legault
et son équipe doivent commencer à poser des gestes concrets, pas juste déposer
des projets de loi.
Je vous rappelle que la Coalition avenir
Québec dispose d'un surplus de 4 milliards de dollars, et on se demande ce
qu'ils attendent pour agir. Comment se fait-il que, pour les soins à domicile,
ils ne soient pas capables, par exemple, de débloquer rapidement les 200 millions
de dollars additionnels qu'ils ont promis en campagne électorale? Il semble y
avoir dans ce gouvernement une lenteur pour passer à l'action, comme si on
devait attendre le dépôt du budget à la fin du mois de mars. Ils jouissent
pourtant d'une situation économique extraordinaire. Je me pose donc de
sérieuses questions. Mon équipe est prête à pousser le gouvernement à l'action
et à soulever, bien sûr, ses incohérences.
Il n'y a pas juste à l'Assemblée nationale également
que l'équipe libérale sera présente, mais également dans toutes les régions du Québec.
Pour notre parti, c'est également une priorité. Les députés libéraux vont aller
partout au Québec à la rencontre des citoyens pour bien comprendre leurs préoccupations
et ainsi jouer pleinement le rôle d'opposition officielle.
Nous allons défendre les citoyens de
toutes les régions du Québec et, en fait, nous sommes certains, et les citoyens
de toutes les régions du Québec doivent être certains, que, par ces tournées,
par cette approche que nous aurons, nous allons poser les questions parce que
nous croyons que le gouvernement, de la façon dont il gère actuellement,
pourrait se retrouver... il pourrait se retrouver dans les régions un déclin
des économies régionales.
La période de questions, c'est donc une période
de questions dans laquelle nous allons poser ces questions non seulement pour
le citoyen de Montréal, mais également pour le citoyen ou la citoyenne de Sept-Îles,
du Lac-Saint-Jean ou encore de la région de Sherbrooke. L'économie sera
omniprésente dans nos interventions. Nous croyons que notre formation politique
a une expérience en cette matière et est à juste titre reconnue comme le parti
de l'économie.
Le premier ministre aime prononcer le mot «économie»,
mais jusqu'à présent il n'a pas posé les gestes très importants en la matière.
On n'a qu'à citer, par exemple, le cas de sa visite à Davos, où il a tenté de
faire passer de vieilles nouvelles pour des exclusivités. C'est donc important
de souligner, encore une fois, qu'il doit avoir cette préoccupation.
Concernant, par exemple, le manque de main-d'oeuvre
dans les régions, je vous rappelle que j'avais lancé, à la fin novembre, une question
au premier ministre, je lui avais demandé de tenir un forum sur la question de
pénurie de main-d'oeuvre. Il n'a pas donné suite à cette proposition. Pourtant,
les milieux n'ont pas le choix maintenant de s'organiser.
Le maire Labeaume, par exemple, et les
gens d'affaires de Québec tiennent un forum sur ce sujet, qui aura lieu le
28 février prochain, et nous allons certainement nous y intéresser de près
parce que, si le gouvernement ne trouve pas de solution, bien, au moins, les
gens de la société civile vont être en mesure de pouvoir poser des diagnostics.
Et, encore une fois, je peux vous affirmer que nous ferons également des
propositions en ce sens au gouvernement.
Alors, à défaut d'avoir un gouvernement
qui s'en préoccupe, les gens d'affaires se mobilisent. Pendant plus de quatre
ans, le premier ministre nous a attaqués, nous a critiqués. J'imagine qu'il
avait des solutions à proposer. Force est d'avouer qu'il n'y en a pas. Le
caucus libéral sera en mode solution. Nous aurons des propositions à lui
soumettre. Nous avons l'intention d'être une opposition qui va travailler pour
que la population du Québec soit gagnante.
Maintenant, on sait que, pour l'instant,
les énergies du gouvernement de M. Legault sont concentrées sur un projet
de loi sur les signes religieux. Lorsqu'il y a eu le caucus présessionnel de
leur formation politique, on a vu que c'est le sujet qui a retenu l'attention.
En fait, je n'ai pas entendu de proposition sur l'économie. Ce que j'ai
entendu, c'est que, dans ce débat sur la laïcité, la position de la CAQ laisse
place à beaucoup d'improvisation actuellement. Concernant la position, par
exemple, sur les droits acquis, il va falloir attendre le dépôt du projet de
loi pour espérer y voir clair.
Mais, à la lumière des informations qui
circulent dans les médias concernant les intentions du gouvernement en matière
de laïcité, nous avons abordé la question au caucus hier. Je tiens d'ailleurs à
saluer le travail qui a été effectué par Mme Hélène David en la matière.
Elle a mené des consultations auprès de différents groupes. Elle a soumis les
propos recueillis à ses collègues. Nous avons consulté des militants, des
experts, toutes sortes de personnalités et nous avons donc mené une réflexion
en profondeur. Ça nous a permis d'arriver à un consensus sur la question au
sein de notre formation politique.
Le Parti libéral du Québec, c'est le parti
des libertés individuelles. La liberté de religion est enchâssée dans la Charte
des droits et libertés de la personne, et jamais nous n'allons endosser la
position de la CAQ, qui souhaite interdire le port des signes religieux chez
les employés en position d'autorité.
Nous nous questionnons également sur la
manière dont le gouvernement va réussir à faire appliquer cette interdiction. Y
aura-t-il deux poids, deux mesures entre les écoles publiques, les écoles
privées, entre les employés fédéraux et les employés de l'État québécois, entre
les juges provinciaux et les juges fédéraux? Bref, le gouvernement devra
préciser ses intentions et surtout, surtout, expliquer la manière dont ce sera
appliqué. M. Legault est en droite ligne pour créer au Québec, actuellement,
de nombreuses divisions.
Et j'invite, donc, Mme David à vous
adresser quelques mots pour vous expliquer plus en détail notre position.
Mme David : Merci
beaucoup. Merci, Pierre. Alors, tel qu'il vous l'a dit, on a eu des discussions
très intéressantes, des discussions importantes, des discussions constructives
à la lumière des informations que nous avons de la CAQ pour son
futur — je dis bien toujours futur — projet de loi. Et la
question... les questions que ça pose ont été étudiées, je peux vous le dire,
avec le plus grand sérieux, la plus grande profondeur.
Moi-même, j'ai revu, avec des collègues,
d'ailleurs, qui ont vraiment voulu très aimablement m'accompagner, apporter
leur soutien, l'ensemble du dossier, j'ai fait de très nombreuses rencontres, j'ai
rencontré, oui, les commissions politiques des communautés culturelles de notre
parti, c'était important, elles représentent l'ensemble des régions, elles
représentent l'ensemble des communautés culturelles, et le consensus est très
clair. Le consensus qui ressort de nos discussions, c'est qu'on va respecter
les principes qui sont au centre de notre histoire. Les principes, comme l'a
dit M. Arcand, c'est notre position sur les signes religieux, qui, donc,
vous ne serez pas surpris, demeure la même.
Nous sommes, nous avons toujours été le
parti qui a à coeur les libertés individuelles, et jamais nous n'endosserons de
gestes qui empêcheraient des citoyens d'occuper un emploi sur la base de leurs
orientations religieuses, l'emploi pour lequel ils ont été formés et ont
investi toute leur passion.
Cela dit, le gouvernement de la CAQ aura,
dans les prochaines semaines, à expliquer les différentes incohérences de sa
position. Nous en avons d'ailleurs découvert une nouvelle, cette
semaine — tous les jours amènent son lot de paradoxes et
d'incohérences — alors que le premier ministre a affirmé que
l'interdiction de signes religieux s'appliquerait pour les enseignants des
établissements publics, mais pas des écoles privées. Deux poids, deux mesures,
deux sortes d'enseignants.
François Legault et Simon Jolin-Barrette
doivent prendre conscience qu'ils s'apprêtent à renier les droits les plus
fondamentaux des Québécois. Ils doivent faire preuve de rigueur, de sensibilité
et de cohérence. Merci.
La Modératrice
: Donc,
merci beaucoup. On va passer... Oh! M. Chouinard, je vous sens impatient
de poser une question, donc on va commencer avec vous.
M. Chouinard (Tommy) :
Oui. Bonjour. M. Arcand, d'abord dites-moi, très clairement, donc,
l'option d'adopter la recommandation Bouchard-Taylor, donc, seulement les
agents coercitifs... les agents dotés d'un pouvoir de coercition, donc
l'interdiction des signes religieux dans leur cas, ça, c'est clairement écarté
par le caucus?
M.
Arcand
:
Oui, exactement.
M. Chouinard (Tommy) :
C'est ça, le consensus?
M.
Arcand
:
Oui, oui.
M. Chouinard (Tommy) :
Et de maintenir la position visage découvert, là, pour résumer.
M.
Arcand
:
Exactement.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.
Hier, vous nous disiez : Attendez-vous surtout pas à ce qu'il y ait une
position formelle, à la fin de notre caucus, sur cette question, on va trancher
seulement au moment du dépôt du projet de loi. Qu'est-ce qui vous amène aujourd'hui,
finalement, à nous présenter une position formelle?
M.
Arcand
:
Bien, c'est-à-dire que, premièrement, quand on a eu des discussions sur ces
questions-là, d'abord, la discussion s'est faite de façon très sereine. D'abord,
jeudi soir, hier soir, la position nous a paru assez limpide et assez claire,
de la part de l'ensemble des députés. Et en plus nous étions, à ce moment-là,
dans la fameuse discussion, la fameuse déclaration de M. Legault sur
l'islamophobie, et ainsi de suite. Alors, je pense qu'on a jugé bon aujourd'hui
de dire : Écoutez, voici un parti politique ici, au Québec, qui est un
parti politique qui croit aux libertés fondamentales, libertés individuelles,
ça fait partie des valeurs du parti libéral. Il pourrait attendre le dépôt du
projet de loi, mais je pense que maintenant, de la façon dont M. Jolin-Barrette
s'est exprimé, les propos du premier ministre, on pense qu'on peut faire
connaître notre position de façon très claire.
M. Chouinard (Tommy) :
Donc, les propos du premier ministre vous poussent à présenter une position
rapidement. Est-ce que je dois comprendre que c'est les arguments qui...
M.
Arcand
:
Bien, ce n'est pas tellement la position du premier ministre, c'est surtout la
discussion qu'on a eue, au sein des députés, qui était passablement limpide
là-dessus.
M. Chouinard (Tommy) :
Et tout le monde s'est rallié.
M.
Arcand
:
Tout le monde s'est rallié.
Le Modérateur
: Merci.
Donc, on va passer au micro de droite. Catherine.
Mme Lévesque (Catherine) :
Bonjour. Catherine Lévesque, HuffPost Québec. Bonjour, M. Arcand,
Mme David. Vous avez dit que le caucus libéral sera en mode solution.
Doit-on comprendre que vous allez être une opposition plus collaborative plutôt
que combative?
M.
Arcand
:
C'est-à-dire qu'on a les deux. Je pense que, quand on est dans un parti de
l'opposition, il faut faire les deux. Il faut être à la fois réaliste, on
comprend très bien que la population a élu le gouvernement de la Coalition
avenir Québec, et nous n'allons pas nous opposer pour le plaisir de nous
opposer. Nous allons nous opposer lorsqu'on voit qu'il y a vraiment des enjeux
majeurs, lorsque le gouvernement, à notre avis, erre dans certains dossiers. Et
nous allons apporter, nous, avec l'expérience qu'il y a à travers... avec les
députés que nous avons ici, nous avons des députés d'expérience, beaucoup
d'anciens ministres, je pense qu'on est en mesure d'apporter des solutions très
importantes à l'ensemble du Québec.
Mme David : Si je peux
rajouter deux exemples qui récemment ont fait l'objet d'actualités, le tribunal
spécialisé en violences à caractère sexuel, je pense qu'on en a fait la
démonstration, et je suis la première heureuse de tout ça, qu'on peut
travailler ensemble, qu'on peut travailler à construire une nouvelle approche. Et
avec les forces de chacune des quatre députées qui sont présentes dans les
quatre partis, je pense qu'on donne là aussi aux concitoyens et concitoyennes
du Québec la preuve qu'on peut tous et toutes travailler ensemble. Et c'est à
notre grand plaisir, mais, je pense, aussi au plus grand soulagement, et
plaisir, et surprise, même, des Québécois et des Québécoises.
Mme Lévesque (Catherine) :
Absolument. Je veux revenir aussi sur cette fameuse lettre qui n'en était pas
une, si je comprends bien, parce que plusieurs collègues, dont moi, n'étions
pas là hier, j'aimerais savoir qu'est-ce qui a dérangé particulièrement le
caucus. Est-ce que c'est le fait que ce soit une nouvelle députée qui ait amené
ce sujet-là? Ou c'est cette proposition d'excuse, tout simplement? Puis est-ce
que vous craignez que ça dissuade peut-être certaines personnes de faire des
propositions du genre pour renouveler le parti?
M.
Arcand
:
Bien, je pense que l'élément, dans ça... je pense qu'on a un peu exagéré
l'importance. Les gens ont le droit de s'exprimer, d'exprimer des positions.
Les militants le font. Moi, j'essaie d'avoir un parti politique qui est le plus
ouvert possible, dans lequel les gens s'expriment. Alors, il y a des gens qui
ont des opinions qui ne sont pas nécessairement, finalement, partagées par
l'ensemble, mais c'est correct. On a eu des discussions, et je peux vous dire
que... c'est parfait. Puis il y aura d'autres débats à l'interne, ne vous
inquiétez pas. On a souvent reproché à notre formation politique de ne pas
avoir suffisamment de débats à l'interne, alors là, maintenant qu'on en a sur
certaines questions, bien, j'espère qu'on ne se le fera pas reprocher.
La Modératrice
: Merci.
Donc, M. Lacroix.
M. Lacroix (Louis) : M. Arcand,
Mme David. Est-ce que vous allez permettre le vote libre sur le projet de
loi sur la laïcité? Est-ce que les députés du Parti libéral vont être libres de
voter selon leur conscience ou encore est-ce que vous allez imposer la ligne de
parti?
M.
Arcand
:
Bien, en général, c'est la ligne de parti qui doit prévaloir. Je ne vois pas,
dans ce cas-là... On ne parle pas d'un cas... qui n'est pas comparable, par
exemple, à l'aide médicale à mourir, dans lequel on avait eu ça. Mais
normalement, c'est la ligne de parti qui doit prévaloir.
M. Lacroix (Louis) : Et,
si je comprends bien, pour vous, la meilleure solution, c'est encore la loi
n° 62, là? Pour vous, c'est encore ça ou si vous pensez que la loi
n° 62 aurait dû être faite autrement, à la lumière de vos réflexions?
M.
Arcand
:
Hélène, peut-être?
Mme David : Bien,
écoutez, la loi n° 62, d'abord, il y a des choses qu'on... On ne sait pas complètement
ce qui va arriver avec les articles qui sont encore sous procédure judiciaire.
Alors, pour l'instant, il y a eu le guide qui a été déposé au mois de juin, le
guide pour aider sur les accommodements, entre autres, là, les demandes
d'accommodement. Et pour le reste, bien, attendons de voir le destin juridique
des articles qui sont soumis. Alors, on ne peut pas tellement aller plus loin
que ça pour l'instant, mais c'est clair que ce projet de loi là instituait
l'obligation de recevoir et de donner des services à visage découvert, pour les
trois raisons que vous connaissez.
M. Lacroix (Louis) :
Donc, vous continuez à être derrière cette loi-là...
Mme David : Ça continue,
certainement que ça continue...
M. Lacroix (Louis) :
Vous ne la désavouez pas, autrement dit, cette loi-là?
Mme David : Non. Non, ce
n'est pas désavouer, c'est juste qu'il y a un autre projet de loi, là, qui
arrive, avec un autre gouvernement, sur lequel nous aurons forcément à nous
pencher et sur lequel, pour ce qu'on en sait pour l'instant, ça fluctue un
petit peu, des fois, au gré des journées. C'est plus compliqué que ça en a
l'air, je crois que le gouvernement se rend compte de ça, et c'est un dossier
tellement important qu'il fallait s'y pencher très sérieusement, rapidement.
M.
Arcand
:
Moi, il y a deux choses que j'aimerais peut-être ajouter à ça. La première, c'est
que je ne crois pas que cette loi-là, en tout cas jusqu'ici, ait provoqué de
chaos social comme tel, dans un premier temps...
M. Lacroix (Louis) : Elle
a été suspendue, il faut dire, là.
M.
Arcand
:
Oui, je comprends, mais en tout cas il n'y a pas d'enjeu depuis quelque temps.
Puis, deuxièmement, Mme David nous le faisait encore remarquer au caucus,
parce qu'elle a pris le temps de lire tout ce qui se faisait en la matière, et,
encore une fois, on oublie que, même dans le rapport Bouchard-Taylor, dans les
différents rapports qui ont suivi, on constate qu'il n'y a pas d'urgence à
légiférer sur cette question, il n'y avait pas d'urgence comme telle, et donc
que le problème n'est pas urgent. Alors qu'on vient de légiférer, au Québec,
sur une loi qui sera sûrement testée par les tribunaux, on se pose encore une
fois la question : Où est l'urgence? Nous croyons qu'il y a des problèmes
pas mal plus urgents que ça au Québec.
M. Lacroix (Louis) : Et
juste une dernière question. Qu'est-ce que vous pensez du fait que le Parti
québécois propose à la CAQ de faire une alliance avec eux sur cette
question-là? Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M.
Arcand
:
À chaque parti ses valeurs. Nous, nos valeurs, ce sont des valeurs de liberté.
Le Parti libéral a toujours été le parti des libertés, et on va se comporter de
cette façon-là, et quelle que soit la religion. Il n'y a pas juste la religion
musulmane dont on parle. Que ce soit pour la religion juive, pour les
catholiques, pour les protestants, pour toutes les religions, je pense que...
et pour les emplois des gens, nous avons jugé qu'il était fondamental d'avoir
la liberté.
La Modératrice
: Merci.
Donc, Mme Martin.
Mme Martin (Andrée) :
Oui. Andrée Martin, de TVA. Ce matin, M. Arcand, vous disiez, bon, que vous
n'étiez pas nécessairement en faveur d'une journée contre l'islamophobie. Mais,
dites-moi, quel est votre point de vue? Êtes-vous encore en accord avec une
commission sur le racisme systémique?
M.
Arcand
:
Ce n'est pas à l'ordre du jour.
Mme Martin (Andrée) :
Pouvez-vous développer?
M.
Arcand
:
Ce n'est pas pour moi un élément qui est à l'ordre du jour, actuellement.
Mme Martin (Andrée) : Mais
vous avez déjà été en faveur d'une telle commission?
M.
Arcand
:
Bien, il y a eu des discussions sous l'ancien gouvernement, à l'époque, puis
finalement on a décidé de ne pas en faire.
Mme Martin (Andrée) :
Merci.
La Modératrice
: Merci.
Donc, on passe à M. Lavallée.
M. Lavallée (Hugo) : Oui.
Bonjour. Concernant, donc, ce projet de loi à venir sur la laïcité, je
comprends que vous n'allez pas l'appuyer, c'est très clair. Est-ce qu'on doit
comprendre que vous allez aussi sortir l'artillerie lourde pour le combattre,
un peu comme ce qu'avait fait à l'époque le Parti libéral dans l'opposition
face à la charte des valeurs du gouvernement Marois? M. Couillard avait
déclaré : Il va falloir me passer sur le corps, on va faire de
l'obstruction. Bon. Est-ce que vous êtes dans ce genre de stratégie?
M.
Arcand
:
Il y aura des discussions avec M. Proulx, qui est notre leader
parlementaire. On n'a pas élaboré, actuellement, une stratégie particulière,
mais il est clair qu'on fera valoir notre point de vue, certainement, et on
verra comment aussi le gouvernement va se comporter.
M. Lavallée (Hugo) : En
ce qui concerne la proposition de présenter des excuses aux Québécois, Mme Rizqy,
hier, a admis publiquement avoir été à l'origine de cette idée-là, et elle nous
a présenté la chose en nous disant : Bien, moi, je suis une femme qui
réfléchit, qui fait preuve d'initiative, qui présente des idées. Vous-même,
vous dites vouloir être à la tête d'un parti libéral ouvert. Comment se fait-il,
alors, que la simple émission d'une idée ait suscité une enquête interne, comme
vous l'avez dit hier, un caucus spécial en début de semaine? Est-ce que ce n'est
pas un peu beaucoup pour ce que Mme Rizqy nous dit être une simple proposition?
M.
Arcand
:
Oui, en effet, c'était beaucoup, puis, encore une fois, le tout est rentré dans
l'ordre très rapidement. Parce qu'encore une fois les députés ont le droit
d'exprimer leurs positions. Évidemment, les positions qui sont exprimées
doivent être toujours discutées au caucus, mais on va continuer à aller dans
cette direction-là, et moi, j'invite les députés à exprimer clairement leurs
positions à l'intérieur du caucus, et, par la suite, on se rallie aux positions
qui sont là.
M. Lavallée (Hugo) :
Mais là où je voulais en venir, c'est : Pourquoi un tel tollé, si c'est
une simple...
M.
Arcand
:
Bien, écoutez, ça a fait beaucoup jaser, et je ne sais pas pourquoi exactement,
mais il y a eu des discussions. Alors, moi, j'ai jugé bon, comme chef de
parti... Parce que, vous savez, notre rôle, toujours... les députés sont à plusieurs
endroits, à un moment donné; nous n'étions pas au parlement à ce moment-là. J'ai
jugé bon de réunir, de faire un appel téléphonique aux députés, une conférence
téléphonique, de les réunir pour leur dire : Voici ma position. Parce
qu'entre vous et moi, c'est une position nuancée qu'on doit avoir dans ça. La
question était : Est-ce qu'on doit présenter des excuses? La réponse, c'est
non. Est-ce qu'on doit dire qu'on a été parfaits? Je pense que la réponse est
claire que ce n'est pas ça.
M. Lavallée (Hugo) :
Dernière question. Vous dites vouloir aller à la rencontre des gens en région,
reconnecter avec les gens des régions. Pourtant, contrairement aux autres
partis, vous avez choisi de faire votre caucus ici, sans quitter l'Assemblée
nationale, alors qu'il est de coutume d'aller en région. La CAQ le fait, le
Parti québécois aussi. Pourquoi ne pas vouloir quitter...
M.
Arcand
:
Bien, d'abord, premièrement, vous savez qu'on aura, éventuellement, un conseil
général de notre formation politique qui va se faire probablement, si ma
mémoire est bonne, à Drummondville, donc c'est pas mal en région. On a
également des réunions de présidents d'associations de comté qui vont se faire
à Trois-Rivières, il y aura certainement d'autres caucus qui doivent se faire.
Pour plusieurs, c'était pratique d'être ici, à Québec, mais on n'exclut pas, évidemment,
d'aller bien sûr dans toutes les régions du Québec.
M. Lavallée (Hugo) :
Merci.
La Modératrice
: Merci.
Donc, Mme Cloutier.
Mme Cloutier (Patricia) :
Bonjour. J'aimerais savoir, tout à l'heure, le cabinet du premier ministre
François Legault a nuancé ses propos de la veille sur l'islamophobie en disant
que, bon, c'est qu'il n'y avait pas de courant islamophobe au Québec. Est-ce
que, selon vous, c'est suffisant?
M.
Arcand
:
Écoutez, je pense qu'il reconnaît, hein, qu'il s'est trompé, il a corrigé le
tir de cette façon-là. Alors, moi, je ne veux pas en faire une lutte à finir.
Moi, je lui ai demandé de s'excuser; je trouve que c'est passablement ça, là,
c'est pas mal une excuse. Alors, il a corrigé le tir, et moi, je suis satisfait
de ça.
Mme Cloutier (Patricia) :
Merci.
La Modératrice
: Merci.
M. Gagnon.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour à vous deux. Vous dites, donc : Essentiellement, notre position
reste la même. Mais, juste pour que ce soit clair, donc, ça veut dire non à Bouchard-Taylor,
et vous restez, donc, sur le visage découvert dans les services publics. C'est
ça?
Mme David : Exactement, parce
que c'est une atteinte assez frontale aux droits et libertés. Et, quand on
regarde, d'ailleurs, les courts sondages, ça aussi, ça a été un peu compliqué. Ils
ont appelé différents ministères, et les réponses, c'étaient : On n'a même
pas de cas, on n'a même pas de cas à vous proposer, dans les cas des juges, ça
a été clair, la juge en chef s'est exprimée, et dans les cas des policiers. Et
donc, il reste les enseignants, les enseignantes, devrait-on dire, beaucoup.
Alors, c'est une atteinte directe à un droit et une liberté qui est la liberté
de religion.
Et pourquoi celle-là plus que plein
d'autres libertés? On a gagné tellement de beaux combats, depuis des décennies,
sur les libertés, les libertés d'orientation sexuelle, les libertés de genre,
les libertés de race, les libertés de sexe, l'accès à l'égalité hommes-femmes.
Alors, tout à coup, on cible cette religion, on cible la religion comme une des
libertés fondamentales et puis on s'attaque directement à cette liberté-là. Ça
cause un très, très, très sérieux problème, sans compter que ça va être
infiniment triste pour la division que ça va encore une fois provoquer au
Québec.
M. Gagnon (Marc-André) :
M. Arcand, j'aimerais revenir sur la question de l'islamophobie. Bien,
d'abord, M. Legault, là, ne s'est toujours pas rétracté, là. Au mieux, son
entourage a apporté une nuance en disant que ce qu'il voulait dire, c'est qu'il
n'y a pas de courant islamophobe au Québec. Mais, bon, comme il ne se rétracte
pas publiquement sur ce qu'il a dit hier, est-ce que vous estimez que ses
propos sont de nature à attiser l'intolérance au Québec?
M.
Arcand
:
Bien, écoutez, il est clair qu'actuellement, quand je regarde tout ce qui a été
dit au cours des dernières semaines, en particulier... Puis, je ne sais pas,
j'écoutais, hier encore, l'histoire, là, de cet employé qui a été congédié par
le ministre ou... enfin, c'est un peu nébuleux, cette histoire-là. Je ne sais
pas dans quelle direction ce gouvernement doit aller, mais c'est un
gouvernement qui est pour le moins bizarre, qui semble porter, je dirais, d'une
façon générale, sur un manque de tolérance. Alors, il va falloir qu'il soit
prudent. On ne gère pas le Québec comme une entreprise. Un gouvernement, ce
n'est pas une entreprise, on ne le fait pas de la même façon et on doit être
très prudent. Et nous, comme formation politique, on pense qu'on ne doit pas
jouer sur les questions fondamentales de liberté de la façon dont le
gouvernement semble avoir comme approche.
M. Gagnon (Marc-André) :
C'est une belle longue réponse, mais vous ne répondez pas à la question
directement. Est-ce que les propos de M. Legault sont de nature à attiser
l'intolérance?
M.
Arcand
:
Écoutez, je n'ai pas les termes qui seraient employés, mais c'est sûr que c'est
des propos qui créent des divisions.
La Modératrice
: Merci.
Donc, on passe à la période de questions en anglais. Mme
Johnson.
Mme Johnson (Maya) : Yes. Mr. Arcand, you said earlier, in French, that you interpreted
what M. Legault said in his statement as an apology, but his staff actually
made it clear that it was not an apology. I was specifically told this is not
an apology, it is a clarification of the comments, there's no apology, there's
no retraction. What do you make of that?
M.
Arcand
: Yes. Well, I think he has his own
pride. As far as I'm concerned, I consider that quite an apology and I think
the perception out there is that he made an apology.
Mme Johnson (Maya) : So, you feel that his clarification is an acknowledgement that what
he said was wrong?
M.
Arcand
: Exactly.
Mme Johnson (Maya) : So, what happened yesterday? Is that what pushed your caucus to
come to the conclusion... to come to a consensus on the religious symbols
issue?
M.
Arcand
: Well, I think that, yesterday, what
happened is that there were statements made by Mr. Legault, and also the fact
that our caucus had a very lengthy discussion, a discussion that was quite
fruitful for us. And, since our position was very clear, we thought that it
would be... You know, I knew that the journalists were going to ask us
questions about it. At first, we said : Well, we are going to wait until
the law is being tabled. But, since our position was very clear on this
particular issue, we decided that it's much better to say it right now.
Mme Johnson (Maya) : So, there's two very different positions, here, philosophically.
What you're saying is that the bill that the CAQ is planning to table will
create divisions in Québec society. What we keep hearing from the CAQ, from
Simon Jolin-Barrette, throughout the caucus in Gatineau, is that what they're
proposing will actually finally bring an end to the
debate because there will be clear rules in place that will satisfy Quebeckers who are looking for
«encadrement», if you will. So, why do you say that it won't end the debate and
that it will create division?
M.
Arcand
: Well, I don't
think it will end the debate, and maybe Mme David, who has studied most of
those cases, can also give a good answer on that... Because I personally feel
it won't end the debate.
Mme David : Yes. That kind of debate is a very important one in a society
because both people on either sides are so convinced in their position, and we have
to listen to both, you know, parties, and say : OK,
you're so strongly against or you're so strongly for; is there the perfect
answer? There's no perfect answer. And it's a never-ending thinking about this
question of immigration.
Because it's about that,
we could say, about inclusion. It's a question of society, and questions of
society are never-ending questions. And I hope so because nothing will stop the
fact that people will think about what do we do to live together. And we think,
at the Liberal Party, that the way to have this attack on civil religious
rights is not the right way to be inclusive. The right way to be inclusive is
to talk to each other, to have this discussion about what it is about,
immigration, about the new societies all over the world, not only in Québec.
So, we need that kind of discussion, very human discussion, normal discussion.
People can be scared,
people can be very inclusive, others say : No, I don't recognize my Québec.
But my Québec is perhaps different from the Québec of Pierre Arcand and from
your Québec. We have to have this very global discussion. It's not about
attacking the religious questions with, you know, a teacher : No, you
cannot teach if you have this kind of religious sign; yes, you can if you don't
have. Or you will be in an office, you studied four years in university to
become a secretary, to become... What it's about? It's not inclusive at all,
and it's not about talking to each other. We need a more humanistic approach,
and that's the approach I really feel that is very important for our society.
But we will have this discussion for the decades because we have that for many,
many decades ago.
Mme Johnson (Maya) : Just one final question on a different topic. What do you make of
the fact that the CAQ has decided to keep the original location proposed by the
former Liberal Government for the Vaudreuil-Soulanges Hospital?
M.
Arcand
: Well, it's
interesting to see that, finally, some of the decisions we have made were the
right ones. I realize that, in the case of Vaudreuil-Soulanges, I think that
the CAQ realized that, you know,
it was not a decision by the Liberal Government based on nothing. There was a large consensus inside the region to make sure that that was the proper place to do
it. I mean, the Chamber of commerce, the mayors, everybody has been consulted
before we decided to do that. And I think la CAQ, out of the blue, decided that :
No, maybe it's going to be elsewhere, finally, to realize very quickly that
they will have to do it, and they will have to do it where we have decided that
it was the best place to do it.
Mme Johnson (Maya) : So, you consider that another example of improvisation?
M.
Arcand
: Well, I think
that, in terms of management... I think that they need to address some of these
lacks — if you
understand.
Mme
Johnson (Maya) : OK. Merci.
La Modératrice
: Mme
Fletcher.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good afternoon. Just one quick
clarification. Would you accept the grandfather clause? Because that was the
debate, at the CAQ caucus, to let people, who are already working wearing
religious signs, continue working? If they weren't going to lose their jobs,
would that be something that you would accept?
Mme David : As I said, it's the right way to discuss about that issue, because,
first, we don't have the law. They still don't know what to do themselves,
within the CAQ, about this issue. Simon Jolin-Barrette said he would like this grandfather — could we say grandmother issue?, I don't know, it's... anyway — clause. And the caucus is
really, you know... I think
there's a fracture, or they don't agree with each other.
But we're not there because
we don't want teachers to have this limitation : You won't teach if you
want to wear your hijab, or your cross, or your kippah. We don't want this discussion because it's so sad and against
every liberties of religion. So, we don't want to discuss about is there, you know, a clause of... to keep their job.
We don't want them to don't have anymore the type of employment they used to
have and they'd studied for, you know?
Do we have enough in the
Québec system now? Do you really think there's enough and plenty of teachers in
the Québec schools now? No. They are craving for new teachers, they're craving
for new students everywhere in Québec. I saw an article, few days ago, in the «réseau
Université du Québec», they are missing so many students, in the education programs, and we are saying : No, you won't teach
anymore, you'll go in an office and you cannot see any child in front of you
with your hijab because you could influence them. That's what we are saying,
now, with this proposition, and
I think it's the complete opposite of our position, that is we need more
teachers, we need the kids to be exposed to every kind of people, people who
can be from every cultural community, every color, every gender identity — but, you know, gender identity,
it's not supposed to be visible, it depends. But will we'll stop kids to see
all diversities on Earth? Come on! It's not the way to raise our kids in Québec.
M.
Arcand
: And, at a time
where Québec is doing so well,
right now, in the Canadian Federation, I don't think it's the time to really start a witch hunt the way
it seems that it's going right now.
Mme Fletcher (Raquel) : On Wednesday, Mr. Legault's response to that was that he feels like
this bill that they're going to table is a great comprise because, if they
don't do anything, if there is no rules, if there is no framework, then, that
allows a place for racists and extremists to then push to have religious signs
banned everywhere in Québec.
So, he says he's trying to kind of find a happy medium to keep racists at bay.
Does he have an argument there?
M.
Arcand
: Well, no, I
don't think so. I think this great compromise, as you say, continues to deny
rights to a lot of people.
Mme David : And this is supposed to be about «coercitive» authority or about
authority at all? Can you explain me what is authority? I used to be a
psychologist for so many years and to teach what it's about, inside the head.
Authority is not only outside, it's much more inside, the way you think about
everything and the way you were raised, the social construct you have. But it's
not... we cannot see that, but we all have memory of different teachers who had
their own authority. It's not because they had a hijab on, or a kippah, or a
cross, it's because they had their own ideas about what it is to teach a child,
to have the discipline in the class. What it is really about, authority? What
does that mean? I would like to have a very simple question. There is no easy simple question about... what it is about, authority. You have so many textbooks in
universities about what is the
parental authority, what is the beginning of that, what's the end of that, what
does a child need. Come on! It's a very difficult
question and a very simple answer.
Mme Fletcher (Raquel) : Thank you.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
M.
Arcand
:
Thank you. Merci.
(Fin à 13 heures)