(Onze heures vingt-six minutes)
Mme
Hivon
:
Bonjour. Alors, je suis très heureuse aujourd'hui d'avoir présenté le projet de
loi n° 193, une loi établissant un bouclier de protection budgétaire des
services à l'éducation, à l'enfance et à la protection de la jeunesse. Ce projet
de loi là, il est fort important, et on espère vraiment que le gouvernement va
saisir l'occasion et qu'il va l'appeler pour envoyer un message fort sur la
priorité que l'on souhaite donner au Québec à l'éducation, à l'éducation pour
nos élèves, pour nos professeurs, et aussi au financement de ce domaine-là qui
est prioritaire.
Donc, ce projet de loi là, il est tout
simple. Ce qu'il vient prévoir, c'est qu'on ne pourra pas réduire les budgets
en éducation, en petite enfance et en protection de la jeunesse, qu'il va y
avoir, donc, une protection législative, donc une protection dans une loi, un
bouclier de protection budgétaire pour s'assurer qu'année après année, malgré
les aléas économiques et les difficultés que l'on pourrait vivre, ces budgets
seront protégés, parce que c'est conséquent avec le fait de faire de
l'éducation, de la petite enfance et de la protection de la jeunesse une réelle
priorité collective.
Alors, c'est vraiment ce qui est au coeur de
ce projet de loi. Et, si un gouvernement décidait, parce qu'il est en mauvaise
posture économique et financière, de reculer par rapport à un tel engagement,
le projet de loi viendrait, d'une part, l'empêcher, sauf dans la mesure où ce
serait dit clairement, avec un plan de redressement déposé au même moment, pour
expliquer sur quelle période et de quelle manière on va ramener, une fois la
crise passée, les budgets au même niveau et au niveau des besoins, donc, en
matière d'éducation, d'enfance de protection de la jeunesse.
Donc, c'est un projet de loi qui est très
significatif. Et il est d'autant plus significatif que cette semaine on voit à
quel point il y a des inquiétudes dans le réseau de l'éducation, dans le milieu
de l'éducation, au Québec. Il y a des inquiétudes parce que, d'une part, on a
commencé à étudier le projet de loi sur la taxation scolaire, un projet de loi
qui vient faire en sorte qu'on va priver le réseau scolaire de
900 millions de revenus autonomes, donc 900 millions qui est perçu en
ce moment par le réseau scolaire à travers la taxe scolaire, et on n'a toujours
pas de garantie législative dans la loi, dans le projet de loi n° 3 qui
est déposé, qui commence à être débattu, qu'il va y avoir une protection, qu'il
va y avoir une compensation par l'État de ces budgets-là auprès du réseau
scolaire. Évidemment, le gouvernement nous dit qu'il va le faire. Il dit qu'il
va s'engager à le faire. Mais pourquoi, s'il est prêt à s'engager à le faire et
que cet engagement est sincère, résiste-t-il à cette idée très porteuse de se
doter d'une loi de protection budgétaire, de se doter vraiment d'un engagement
législatif, ce qui va faire en sorte que ça va rassurer tout le milieu?
Donc, d'une part, on a cet enjeu très
pressant à l'heure actuelle, où le milieu est venu nous dire, groupe après
groupe, à quel point il avait des inquiétudes avec ce projet de loi parce qu'on
le prive de 900 millions de revenus autonomes et qu'il n'y a aucune
garantie législative de compensation. Donc, d'une part, une urgence de le faire
en lien avec l'actualité et ce qui se débat en ce moment, mais aussi, plus
largement, une urgence de le faire pour être conséquent quand on dit que
l'éducation est la réelle priorité au Québec. Si l'éducation est la réelle
priorité au Québec et que le gouvernement nous dit qu'il ne baissera pas les
budgets en éducation, pourquoi résiste-t-il, comme il a semblé vouloir le faire
ce matin, en refusant notre main tendue lors de la période des questions?
Pourquoi résiste-t-il à l'idée d'appeler ce projet de loi, donc, bouclier de
protection budgétaire? Pourquoi résiste-t-il si, comme il le prétend, il va
investir des sommes importantes et qu'il va investir pour les besoins qui sont
criants dans le domaine de l'éducation?
Donc, aujourd'hui, on lui demande
vraiment, formellement, comme je viens de le faire à la période des questions, de
saisir notre main tendue et d'appeler rapidement ce projet de loi qui est très
porteur et qui est très conséquent avec la priorité, au Québec, que l'on veut
donner à l'éducation. Et c'est d'autant plus important de le faire parce que
les inquiétudes, en ce moment, elles sont grandes parce que, malgré les beaux
discours et malgré les belles intentions qui sont énoncés par le gouvernement,
par son ministre de l'Éducation, le premier geste qui est posé dans une loi qui
touche l'éducation, c'est de priver le réseau de 900 millions de dollars
plutôt que de dire...
On a de la marge de manoeuvre, de toute
évidence, au gouvernement. On a de la marge de manoeuvre puisqu'on prétend qu'on
va venir compenser ce 900 millions là. Mais pourquoi ce geste-là? Pourquoi
décider qu'il va y avoir un 900 millions d'argent neuf pour compenser des
baisses de taxe plutôt que de dire : On va utiliser notre marge de
manoeuvre pour répondre aux besoins urgents pour nos élèves, pour les soutenir
adéquatement avec des spécialistes qui vont pouvoir répondre à leurs besoins, pour
soutenir nos enseignants — on est dans la Semaine des enseignants
cette semaine — pour les soutenir aussi en ayant des spécialistes qui
vont pouvoir s'occuper beaucoup mieux des élèves qui sont en difficulté, aussi
pour, évidemment, s'assurer que nos écoles soient saines, qu'elles soient en
bon état?
Donc, les besoins, autant pour nos élèves,
pour nos enseignants, pour nos écoles, ils sont énormes, ils sont criants.
Alors, pourquoi refuser puisque le gouvernement nous dit qu'on ne devrait pas
s'inquiéter? Pourquoi refuser un geste qui serait simple, qui serait de
s'engager formellement, législativement, à ne pas reculer en matière
d'éducation et à toujours protéger les budgets?
Et avec ce qu'on vient de
vivre — je vais terminer avec ça — dans les dernières
années, c'est évident qu'on ne peut plus se permettre de jouer au yoyo, de
jouer à la loto avec les enfants, selon qu'ils arrivent à l'école ou qu'ils
font leur parcours scolaire dans une période qui est bonne économiquement ou
une période où on décide de mettre de l'avant de l'austérité et faire en sorte
que les services qui ne sont pas donnés vont pouvoir avoir un impact sur toute
la vie de nos élèves, de nos enfants. C'est quelque chose qui est inadmissible.
On a vécu, dans les dernières années, des choses inadmissibles qui ne peuvent
pas se reproduire au Québec. C'est pourquoi le projet de loi que nous déposons
aujourd'hui est aussi important et que nous demandons formellement au ministre
de l'Éducation, au ministre des Finances ainsi qu'au premier ministre de
vraiment s'en saisir, de l'appeler, pour que nous puissions vraiment faire, en
toute cohérence, de l'éducation une priorité au Québec.
Donc, avant de voir s'il y a des
questions, je voulais simplement dire un mot sur les accidents tragiques... donc
les deux décès qui sont survenus hier sur la route 158 dans Lanaudière,
qui est une route de ma circonscription, un accident qui s'est produit à
nouveau dans la circonscription de Joliette.
Alors, la route 158, c'est la route
la plus meurtrière au Québec, une des routes les plus dangereuses. Pourquoi?
Pour toutes sortes de raisons, mais notamment parce qu'il y a eu une hausse de
la circulation, au cours des dernières années, effarante sur cette route-là. C'est
une route où le dépassement est très, très difficile. Et autant, avant Noël, on
a vécu une tragédie avec deux jeunes femmes qui sont décédées, autant, hier, on
vient de revivre une autre de ces tragédies avec un couple qui est décédé.
C'est un enjeu sur lequel je travaille
depuis des années, la sécurité de cette route-là, les travaux qui doivent être
faits de manière urgente sur cette route 158. Alors, aujourd'hui, j'interpelle
formellement le ministre des Transports. J'interpelle M. Bonnardel, comme je
l'ai fait avant Noël, en lui parlant, en le rencontrant, en lui remettant une
lettre également pour lui faire part de l'urgence d'agir dans le dossier de la
158. On ne peut plus attendre qu'il y ait d'autres morts, qu'il y ait d'autres
accidents. Ce dossier-là, la réfection de cette route-là... Des mesures fortes
et solides de sécurité doivent être implantées à très, très brève échéance. Alors,
je l'interpelle à nouveau aujourd'hui comme je l'ai fait tantôt en arrivant à l'Assemblée
nationale. M. Bonnardel, vous devez agir dans le dossier de la 158. C'est
la sécurité des citoyens de Lanaudière qui est en cause, c'est la sécurité et
la santé des gens de notre coin de pays. Alors, je compte sur vous pour agir
très rapidement. Merci.
Le Modérateur
: Merci beaucoup.
Mme
Hivon
:
Merci.
(Fin à 11 h 35)